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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
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Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
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d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
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! Institut"François"Gény"(EA"7301"Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"des"Sciences"(Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"de"Droit"Sciences"économiques"et"gestion"de"Nancy"(Université"
de"Lorraine)"
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! Bibliothèque!médiathèque"de"Nancy"
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"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��INSTALLATION SOLENNELLE
DE
L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
PROCÈS-VERBAL
des cérémonies du 7 décembre 1854.
k'
t
Le rétablissement d'une partie du haut enseignement que comprenait l'ancienne Université lorraine, dû à la volonté de Sa Majesté
Impériale, à. l'initiative de S. E. le. Ministre de l'Instruction publique et des Cultes et aux votes des trois grands corps de l'Etat était
pour les départements de la Meurthe, ·de la •MëU.se, · des Vosges et
de la Moselle, qui aujourd'hui constituent la nouvelle Académie, un
fait trop important pour qu'il ne fût point dignement solennisé.
M. Faye, membre de l'lnstitut"-Recteur de
de Nancy,
voulant associer à l'installation des Facultés et de l'Ecole de médecine tous les hommes qui, par leurs fonctions ou par leUrs travaux
�-ôou par leurs sentiments, sont unis dans pensêe commune de
soutenir et d'accroître la gloire de la France à l'àide de tous les
dévouements, avait
de nombreuses invitations pour la
messe du Saint-Esprit, célébrée à l'église cathédrale, et pour la
séance tenue, immédiatement après', dans le gmnd salon de l'hôtel
de ville.
-t En conséquence d'invitations spéciales, les hauts fonctionnaires
ct les membres des conseils du département ct de la ville se réunissaient à dix heures et demie du matin, dans les salles de la
mairie, à l'administi•ation académique, aux professeurs des Facultés
et de l'Ecole de médecine, et se rendaient à onze heures à la cathédrale, pour entendre la messe du Saint-Esprit, dite par M. Delalle
l'un des grands vicaires, et à laquelle assistait, pontificalement, sa
Grandeur Monseigneur l'Evêque de Nancy et de Toul, premier
Aumônier de sa Majesté Impériale, entouré d'un nombreux clergé .
.Rien n'avait été omis par M. l'abbé Gridel, curé de NotreDame, pour donner de l'éclat à cette imposante cérémonie, à laquelle les masses chorales de l'école normale étaient venues apporter
leur important et puissant concours.
A droite, dans la grande nef, les membres des divers corps
constitues ont trouvé place, tandis qu'à gauche se trouvait M. Faye,
en costume de membre de l'Institut, accompagné des quatre inspecteurs de son académie, également en costume, et des inspecteurs
honoraires, suivis des secrétaires de l'administration. Venaient ensuite, revêtus de la robe universitaire, le Doyen et les professeurs
de la Faculté des Sciences, le Doyen eUes professeurs de la Faculté
des Lettres, le Directeur, les professeurs et les divers fonctionnaires
de l'École de médecine. Un grand nombre de membres appartenant à divers professorats de Nancy assistaient , également en
costume, à la cérémonie, et l'on remarquait M. le Directeur et
MM. les Professeurs de l'École impériale forestière, M. le Proviseur
et 1\IM. les Professeurs du Lycée. Le public formait une ceinture
compacte autour des corps officiels.
Après la messe du Saint-Esprit, la bénédiction papale a été
donnée par S. G. Monseigneur l'Évêque de Nancy et de Toul, et
un Te Deum a terminé la cérémonie religieuse.
la
�-
7-
a
A midi la séance d'installation de l' enseignementsupérieutf eu
lieu dans le grand salon de l'hôtel d.e ville, seulloGal suffisant pour
contenir les invités d'élite, et choisi, aussi, pour placer, en quelque
sorte, sous les auspices du Conseil de la ville de Nuney, l'enseignement supérieur qui doit sa dotation au vote si libéral des conseillers
municipaux.
Aux premiers rangs se trouvaient Monseigneur le. premier Au·mônier
S. M. 1., M. Albert Lenglé, préfet de la Meurthe et
M. leprince de Beauvau, président du Conseil général, suivis des
membres de ce conseil, M. le baron Buquet, député au Corps législatif et maire de Nancy, M. le baron Viard et M. A. Drouot, députés
au Corps législatif, MM. Paul Collenot, Ültenheimer et Bernard,
adjoints au maire et accompagnés des membres du Conseil municipal, M. le lieutenant général comte de Goyon, aide-de-camp de
S. M. l'Empereur, M. le premier Président Quenoble et
Jes
Présidents de la Cour, M. Lezaud, procureur général et MM. les
membres de son parquet, M. Poillouë de Saint-Mars, général
commandant la subdivision militaire, M. Akermann, recèveur général des finances; tous ces hauts fonctionnaires étaient én cos-·
turnes officiels et derrière eux étaient les membres de la cour,
ceux des tribunaux, du parquet, du barreau, les chefs de toutes les
administrations et les citoyens qui, dans toutes les occasions où
. l'honneur de Nancy est intéressé, accourent pour prendre leur part
du bien à réaliser. Les honneurs de la 'séance étaient faits par trois
professeurs désignés pm· chacun des trois corps d'instruction supérieure. Sur une estrade se trouvaient les fonctionnaires de l'Académie et les professeurs dont l'installation allait avoir lieu.
1. M. le Recteur a ouvert la séance et a donné la parole à M. Heurion, secrétaire de l'Académie, qui lu les divers décrets constituant la Faculté des Sciences, la Faculté des Lettres et réorganisant
• l'È:cole de médecine et de pharmacie, et les arrêtés ministériels contenant les nominations aux chaires créées et désignant les Doyens
des Facultés, le Directeur de l'École de médecine et le secrétaire
agent comptable près des Facultés.
1\1. le Recteur a ensuite prononcé une allocution qui a été suivie
de discours lus par M. Godron, Doyen de la Faculté des Sciences,
�- 8
par M. llenoit, Doyen de la Faculté des Lettres et par M. Edmond
Directeur de l'École. de médecine et de pharmacie. La
séance a été terminée par la proclamation faite par M. V. Parisot,
·secrétaire de l'École, des prix et-des mentions honorables accordés
aux Élèves et des résultats des concours qui ont eu pour but d'assur·er les divers services de l'École de médecine .
.La séance a été levée à deux heures.
�DÉCRETS
ET
ARRÊTÉS MINISTÉRIELS,
RELATIFS A t'ORGANISATION DES
FACULTÉS ET DE L'ÉCOLE PRf:PARATOIRE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE.
FACULTÉ DES SCIENCES.
DÊCRET.
NAPOLÉON, PAR LA GIIACE DE
EMPEREUR DES FRANÇAIS,
DIEU JlT
LA VOLONTE NATIONALE,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire
au département de
l'Instruction publique et des Cultes.
Vu le décret du 9 mars 1852 ;
Vu l'article 2 et l'article 6 du décret du 22 août 1854, sur l'organisation des Académies ;
·
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
ARTICLE PREMIER.
Sont nommés à la Faculté des Sciences de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de' mathématiques pures et appliquées, M. FAn, membre
de l'Institut, recteur de l'Académie de Nancy;
�10 Professeur de physique, M. SEGUIN, docteur. ès'-sciences, professeur
de physique au L:ycée de Caen ;
Professeur de chimie, M. NICKLÈS, docteur ès-sciences;
Professeur d'histoire naturelle, M. GoDRON, docteur ès-sciences, àncien recteur de l'Académie départementale du Doubs.
2.
ARTICLE
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction
publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 29 novembre 1854.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
au
Le Ministre Secrétaire d'État
département de l'Instruction
publique et des Cultes.
Signé: H.
FoRTOUt.
Pour extrait :
Le chef du Secrétariat"
Signé:
CnARLES FonTOUL.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÊTÉ.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852;
Vu le décret du 22 août 1854, sur l'organisation des Académies;
Vu le décret du 29 novembre 1854;
AmttTE;
ARTICLE PREl\UER.
M. GoDRON , ancien recteur, professeur d'histoire naturelle à la
Faculté des Sciences de Nancy, est nommé 'Doyen de ladite Faéulté.
�. ARTICLE 2.
' .M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 30 novembre 1854.
Signé.: H. Fonrout.
Pour extrait:
Le chef du Secrétariat,
Signé: CHARLES FoRTOUL.
FACULTÊ DES LETTRES.
DÉCRET.
NAPOLÉON, ru LA GRACE DE Dnm
EMPEREUR DES FRANÇAIS.
ET
LA voLoN'r:t'i NATIONALE,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
l'Instruction publique et des Cultes ;
Vu le décret du 9 mars 1852;
Vu l'article 2 et l'article 6,du décret du 22 août 18o4, sur l'organisation des Académies;
Avons décrété et décrétons ce qui suit
ARTICLE PREMIER.
Sont nommés :
A la Faculté des Lettres de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de philosophie, 1\L LEvtQUE, docteur ès-lettres, ancien
membre de l'École d'Athènes, chargé de la chaire de philosophie à la
Faculté des Lettres de Besançon ;·
Professeur de littérature ancienne, M. Em. BuRNOUF, docteur èslettres, ancien membre de l'École d'Athènes, professeur de logique au
Lycée Impérial de :foulouse ;
Professeur de littérature française, M. Ch. BENOIT, docteur ès-lèttres,
�-
12 •..:...
ancien· membre de l'É()ole d'Athènes, agrégé de la·· Faculté des Lettres
de Paris, maître de conférences à l'École normale supérieure;
Professeur d'histoire,M. LAcnmx, docteur ès-lettres, ancien membre
de l'École d'Athènes, ancien proviseui· du Lycée Impérial de Nantes.
ARTICLE.
2.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instructiôn
publique et des Culte.s est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 10 octobre 1.854.
Signé: NAPOLÉON.
Par .l'Empereur:
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l' /nstructim'll
publique et des
Signé: H.
FoRTOUL.
Pour extrait :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÈTÉS.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes;
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852;
Vu l'article 2 et l'article 9 du décret du 22 août t8o4, sur l'organisation des Académies ;
AutTE:
ARTICLE PREMIER.
M. MJlziÈli.Es, docteur ès-lettres, ancien membre de l'École d'Athènes, .
professeur de rhétorique au Lycée Impérial de Toulouse, est chargé de
la chairtr de littérature étrangère, à la Faculté des Lettres de Nancy
(Faculté nouvelle).
�-
15
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le iO octobre !854.
Signe: H.
FoRTouL.
Pour amplialion :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du decret du 9 mars i8o2 ;
Vu l'article 2 du décret du 22 août !854, sur l'organisation des
Académies;
Vu le décret du f.O octobre !8o4;
ARRtTJ!:
ARTICLI! PREMIER.
M. Cn. BEN()IT, professeur·· de littérature française à la Faculté des
Lettres de Nancy, est nommé Doyen de ladite Faculté.
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le iO octobre !854.
Signé: H.
FoRTOUL.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétan'at,
Signé: P.
CoLLIN•
�f4
-
PRÉPARATOIRE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE.
DÉCRET..
NAPOLÉON,
PAR
u
GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ NATIOl'UJ,E,
EMPEREUR DES FRANÇAIS,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
l'Instruction publique et des Cultes ;
Vu les ordonnances des 13 octobre 1840,12 mars et 18avril1841;
Vu l'ordonnance du 17 octobre 1843, qui constitue l'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy ;
Vu la délibération du Conseil impérial de l'instruction publique, en
date du 11 juillet 181>4 ;
Vu les décrets du !3 aoîtt et 10 octobre !854, qui ont réorganisé les
Écoles préparatoires de médecine et de pharmacie de Lyon et de Bordeaux;
Vu le décretdu 29 novembre !854 qui organise le personnel de la
Faculté des Sciences de Nancy;
A vons décrété et décrétons
qui suit :
ARTICLE PREMIER.
L'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy est
réorganisée de la manière suivante :
L'enseignement comprendra :
1o Anatomie et Physiologie;
2• Pathologie externe et Médecine opératoire ;
3• Clinique externe;
4° Pathologie interne ;
5° Clinique intenie;
'6• Accouchements1 maladies des feinmes et des enfants;
7° Matière médicale et Thérapeutique;
8° Pharmacie et notions de Toxicologie.
Ces chaires sont confiées à huit professeurs titulaires.
ARTICLE 2.
Le nombre des pr.ofesseurs adjoints de ladite école est fixé à trois qui
5eront attachés :
A la chaire de clinique externe;
�Hi
A la chaire de clinique interne ;
A la chaire d'anatomie et physiologie.
ARTICLE
3.
Le nombre des professeurs suppléants est de quatre, qui seront attachés :
Aux chaires de médecine proprement dite ;
Aux chaires de chirurgie et d'accouchements ;
A la chaire d'anatomie et physiologie ;
Aux chairfls de matière médicale, thérapeutique, pharmacie
et toxicologie.
ARTICLE
4.
Il est également attaché à l'École préparatoire de médecine et de
pharmacie de Nancy :
Un chef des travaux anatomiques;
Un prosecteur ;
Un préparateur de pharmacie et toxicologie.
ARTICLE
5.
Il ne sera pourvu définitivement aux diverses fonctions instituées par
le présent décret, qu'au fur et à mesure que la ville de Nancy aura
assuré, par un vote du Conseil municipal, les fonds nécessaires.
ARTICLE
6.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 6 décembre 1854.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur !
Le Ministre Sec1·étaire d'État au département de l'Instruction
publique et des Cultes,
Signé : H. Foarout.
Pour ampliation :
Le chèf du Secrétariat,
Signé : CHARLES FoRTOUL.
�-
1.6
..,....,
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. ET DES CULTES.
ARRtTÉS.·
Le Ministre Secrétaire d'État au département de
et des Cultes,
publique
Vu l'ordonnance du l3 octobre !840 relative aux Éooles prép:tratoires
de Médecine et de Pharmacie ;
Vu le décret impérial, èn date de ce jour, qui réorganise l'Éoole préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
AnntTE:
Sont nommés à l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de
Nancy,
Professeurs titulaires des chaires suivantes, savoir :
Anatomie et Physiologie.
M. Léon PAJnsoT;
Clinique externe.
M. Edmond SIMONIN.
Cliniqueinterne.
M. Victor PARISOT.
Accouchements, maladies des femmes et des
enfants.
M. Rouss11L.
Matière· médicale et Thérapeutique.
M. LAURENS.
M. BLONDLOT.
Pharmacie et notions de Toxicologie.
ARTICLE 2.
Sont nommés professeurs adjoints chargés des cours suivants, savoir:
Pathologie externe et Médecine opératoire.
M. BËCHET •
. Pathologie interne.
M. DEMANGE.
ARTICLE 3.
Sont nommés :
Professeur suppléant.
Chef des travaux anatomiques.
M. GuNDJEA.N.
M. PoiNcnn.
ARTICJ..ll 4.
M. Edmond StMONIN, professeur de clinique externe, est nommé Directeur de l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
�17
A,ll.TICLE
5.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de i'exécution du
présent arrêté.
Paris, le 6 décembre !854.
Signé : H. FoRTouL.
Pour ampliation ;
Le chef du Secrétariat,
Signé : CiiARLEs FontouL.
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction publique
et des Cultes.
,:"
ARTICLE
M. Victor PARisoT, professeur de Clinique interne, à l'École
ratoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy, est nommé Officier de .
t'Instruction publique.
ARTICLE 2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Faità Paris, le 6 décembre 1854.
Sz"gné: H.
FmtTOUL.
Ponr ampliation :
Le elie{ du Secrétariat,
Signé :
CHARI.JlS FOitTOUL.
SECRÉTAIRE AGENT cmtPTABLE.
Le Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'Instruction publique
et
Cultes,
Vu le décret du 22 août !804, sur le régime des établissements d'enseignement supérieur ;
Vu l'arrêté du 24 août 1854 ;·
�t8
ARJJ.tlTE:
.A.RTICLE l'Jil!MIER.
Sont nommés secrétaires agents comptables près les nouvelles Fa'"
cultés des Sciences et des Lettres des Académies dénommées
savoir:
Académie de Nancy.- M; GENGEMBRE, ancien secrétaire de l'Académie départementale de Seine-et-Marne (fonction nouvelle).
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 3:1 octobre 1804.
Signé: H. Fon·rouL.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
�DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
l'!foNSt:IGNIWR,
MESSIEURS,
Il y a moins d'tm siècle, Nancy possédait presque· toutes les
institutions nécessaires à la vie des capitales : comme tant d'au;..
tres centres de ces nationalités diverses, dont l'heureuse fusion
a constitué la France actuelle, Nancy a perdu d'un seul coup,
par la révolution, ces précieux élémeqts · de sa grandeur. Le
gouvernement lui .rend aujol1rd'hu1 tout ce qui peut assurer à
une gt·ande ville, centre d'une g•·ande province, la prépondé..;
rance otl même la souveraineté locale dans l'ordre de l'enseignement.
Naguère le rectorat de Nancy était restreint au seul département de la Meurthe: il corn prend aujourd'hui la Lorraine entière.
Naguère Nancy ne possédait aucune juridiction universitaire, et
pour que titres ou diplômes de toute espèce y fussent conférés, il
fallait que des commissions formées au loin y vinssent siéger en
étrangères, et rendre passagérewent leurs atTêts. Aujourd'hui le
gouvernement réorganise l'excellente Ecole de médecine que vous
possédiez; il lui confère de nouveaux privilèges, et ilne tiendra
qu'à vous, désormais, de la maintenir au rang des premières Ecoles
de l'Empit·e ; bien plus, il érige à Nancy une Faculté des sciences
et une Faculté des lettres: c'est presque dire une Université.
�-
_:
Quelle est la signification de ces actes réparateurs? Y verrez•
vous un simple revirt)ment des choses d'ici-bas, lesquelles semblent procéder par oscillations successives, allant toujours, en
apparence du moins et pour l'observateur superficiel, d'un excès
à l'autre, de la faute à la réparation, et quelquefois outrant tout,
même la réparation ?
Non,
il y a là un sens plus profond. D'ailleurs cet
acte n'est point un fait isolé dans le pays; il se rattache à tm ensemble de réformes dont il nous faut rechercher la valeur et la
portée, afin de pouvoir mesurer, nous, l'étendue des devoirs,
vous, Messieurs, celle de la reconnaissance.
La révolution est close aujourd'hui, de par la volonté trois
fois exprimée de la nation entière. Son œuvre exigeait, vous Je
savez, la plus vaste concentration qui ait jamais été tentée. Toutes
les forces vives du pays se portèrent vers un seul point, de même
que, dans l'homme, à l'instant suprême du péril et d'tm grand
effort, le sang reflue au cœur ou remonte au cerveau. L'erreur,
diso_ns plutôt le malheur des quarante dernières années, c'est
d'avoir voulu maintenir cette tension de tous les ressorts, cette
concentration anormale de toutes les ressources, cet appel dan- .
geretix vers une même ville de toutes les énergies, de toutes les
ambitions. Aussi devait•on croire que la révolution durait toujours,
suivant un mot célébre que citait récemment, dans une autre
€
nceinte (1), un orateur dont la parole élevée a laissé une vive impression dans nos esprits : mais, au fond, elle ne durait ql!e
parce qu'on en maintenait obstinément la forme et l'effrayante
organisation. Qu'en est-il résulté, Messieurs ? Ces forces, réunies
pour une œuvre depuis longtemps achevée, out fonctionné dans
le vide, et, comme pour ·avoh· quelque chose à faire, deux fois
les rouages de l'énorme machine ont broyé le mécanicien. De
même encore, dans l'homme donlje pal'lais tout à l'heure, si le
sang, qui afflue vers le
en quadrupler un instant
la puissance, reste-là, l'organisme tombe bientôt foudroyé par
l'apoplexiè.
(t) Séance de rentrée de la Cour Impériale de Nancy.
�-
21
Tout au contraire, Messieurs, le Pouvoir normal que la France
s'est enfin donné, et cette fois en pleine connaissance de cause,
le Pouvoir veut rendre à son tour à la
en pleine liberté de
nation sa vie régulière et son développement normal. Il ne réagit
point aveuglément contre le passé ; il ne décentralise pointjusqu'au morcellement; il se garde bien d'amoindrir Paris, cette tête
et ce cœur de la France; - mais il reconnait que le temps est
venu où les éléments originaux de la nation doivent se développer
désormais suivant leurs aptitudes caractéristiques, et où chaque
province doit au moins retrouver sur son propre sol les sources
si longtemps taries de sa vie intellectuelle.
Aussi, quand les délégués de vos principales villes allèrent plaider auprès de l'Empereur et de son Ministre la cause de la Lorraine, il leur a suffi, pour réussir, de montrer que cette noble
province a en France, elle aussi, plus que tout autre peut-être,
son esprit et son caractère particuliers, ses tendances propres
trop longtemps annihilées, son rôle à part, sa mission, si j'ose
m'exprimer ainsi; il leur a suffi enfin d'invoquer son droit historique que la révolution avait suspendu, mais non pas abrogé.
L'Empereur a fait droit à vos demandes, 1\'lessieurs; désormais
la Lorraine a une place et un rôle dans la vaste réorganisation de
l'enseignement public,. par laquelle un .Ministre éminent a. su,
dans sa sphère d'activité, traduire en faits et en institutions celte
pensée généreuse de notre Empereur, de faire produire à la
France toutes les grandes choses dont elle porte le germe, afin
de lui rendre dans le monde le rang qui lui appartient. '
C'est à vous maintenant, Messieurs, d'appuyer cette œuvre
réparatrice, disons mieux, cette œuvre d'avenir. C'est à vous de
faire comprendre à vos concitoyens la valeur pratique des institutions nouvelles, et de guider vers nos chaires cette jeunesse
lorraine qui sait si bien s'ouvrir toutes les .carrières à force de
travail et d'intelligence, mais que l'on condamnait à émigrer, en
quelque sorte, pour compléter son éducation et conquérir les grades ou les diplômes dont l'Etat fait sa première garantie. Alors
se
vous verrez un esprit public plein de séve et
tituer peu à peu au milieu de vous, for!J)ant son caractère moral
sur celui de la province,
cesser d'être éminemment français;
�alors tout ce
y a de noble, d'élevé, de vrai
dès
tions restées jusqu'ici individuelles, trouvera son écho au sein
d'une jeunesse généreuse et inte11igente, initiée sur son propre
sol, sous vos regards et votre tutelle, aux plus féconds enseignements des Lettres et des Sciences·. Plaise à Dieu que le foyer de
cette puissance intellectuelle exerce son attraction par delà nos
frontières, et qù·e vôtre Nancy, point de croisement de grandes
voies de communication, placé près des limites de la France et
offrant cependant un type si français, devienne, comme autrefois,
le rendez-vous de la jeunesse allemande, désireuse de connaitre
le génie de notre pays et de s'en assimiler les ressources.
pour hien faire connaître la portée des institutions nouvelles, il ne suffit pas d'indiquer simplement, comme j'ai voulu
le fait·e, la pensée générale qui a· présidé à leur création. Il faut
encore exposer en détail leur but commun et surtout leurs moyens
d'action si variés, depuis l'enseignement qui imprime à l'intelligence un caractère d'humaine noblesse, jusqu,à celui qui enrichit
le pays d'une pépinière d'ingénieurs et rend la science, comme le
voulait Bacon, productrice d'utilité publique; depuis l'influence
des leçons et des conférences, jusqu'à l'autorité des arrêts que les
Facultés rertdent lorsque l'E!at les constitue en tribunal et leur
confère le droit d'ouvrir ou de .fermer les plus belles carrières.
je laisse ce soin aux interprètes naturels des deux Facultés
ct de l'Ecole de
aux hommes distingués que le choix
du Ministre a si heureusement placés à leur tête. Je ne revendique·
pour !eRecteur, que le privilège de remercier ici, au nom du Ministre, de l'Instruction pub1ique, la Municipalité de Nancy dont
le zèle ct le patriotisme éclairé ont si hien secondé les. vues dù
Gouvernement; je voudrais que la France entière sût par ma voix
ql1'aucun sacrifice ne lui parait trop lourd torsqu'il s'agit de doter
]es Facultés nouvelles d'une mallière digne de la Lorraine qui
les accueille avec tant ·d'empressement, et de l'Empereur qui les
a si gracieusement octroyées.
�DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. GODRON, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
lUoNSIEUR
LE R.r;:crEuR,
MONSEIGNEUR,
MESSIEURS,
Si l'histoire des peuples est instructive; si leur$ institutions·
religieuses et civiles méritent une étude sérieuse; si enfin, les
actes par lesquels ils ont marqué leur existence, fournissent des
enseignements utiles, il en est de même des corps savants, et
leurs annales ne sant pas moins dignes d'intérêt. C'est que les
corps savants laissent également après eux des traces de leur
passage; leurs conquêtes, plus pacifiques, il est vrai, que celles
des peuples, n'en sont pas moins glorieuses, et, dans l'atmosphère
calme où ils se meuvent, ils exercent sur la civilisation une influence incontestable. Leur passé est de nature à nous éclairer et à
guider dans leur marche les institutions nouvelles, qui sont
lé es à recueillir et à étendre leur. héritage.
L'histoire des anciennes Universités serait éminemment propre
à nous donnel' ces enseignements, et je voudrais qu'il me fût
permis de tracer ici le tableau de }eur organisation, de suivre
avec vous les diverses phases qu'elles ont parcourues, d'énumérer
les découvertes précieuses dont elles ont successivement enrichi
les diverses branches des connaissances humaines, d'étudier enfin
leur action sur la marche de l'esprit humain et sur le développement de nos. institutions sociales.
�-
24 -
Mais celte tâche serait trop vaste, ét.c'est pQur moi une nécessité de me restreindre dans des limi.tes plus étroites. Je me
terai de vous rappeler, d'une manière générale, comment les
anciennes Universités ont préparé, peu à peu, les tendances qui
dominent dans nos sociétés modernes, et donné la première impulsion au mouvement scientifique qui nous entraîne et qui forme
le caractère le plus saillant de l'époque actuelle.
Au douzième siècle, les derniers représentants de la science
antique avaient disparu depuis longtemps de la chrétienté, et
c'est chez les Arabes que nous en retrouvons la tradition pendant
une longue période. Mais les croisades eurent pour effet de nous
initier aux connaissances que possédait encore l'Asie; un immensè
besoin de savoir se manifesta dans toute l'Europe
et
détermina l'époque de la renaissance des lettres. Des écoles
publiques de haut enseignement furent ouvertes et donnèrent
naissance aux premières Universités, qui, à partir du commencement du
siècle, reçurent une organisation régulière et.
travaillèrent 'avec ardeur à populariser la culture .des Sciences
et des Lettres. Mais, dès l'origine, elles épuisèrent leur activilé
sur les questions les plus ardues de ]a scolastique, et prirent une
part active aux luttes ardentes qui divisaient alors les écoles.
D'une autre part, la science proprement dite ne sut pas, tout
d'abord} se dégager de l'ornière que lui. avait tracée le moyen
àge; c'est en vain que Roger Bacon cherchait à faire revivre la
méthode de l'observation et de l'expérimentation ; l'alchimie et
Pastrologîe avaient pris la place de tout autre connaissance, et
la Science, détournée de sa véritable voie, n'eut plus pour objet
que la folle recherche de la pierre philosophale et des
humaines au sein des astres.
Aussi les découvertes' peu nombreuses, que nous offre ce(te
première période de l'existence des Universités, furent-elles
plutôt l'effet du hasard, que le fruit de recherches entreprises
d'une manière rationnelle, et , par conséquent, scientifique.
Toutefois les exercices scolastiques et les immenses travaux des
alchimistes ne furent pas complètement inutiles : en aiguisant les
esprits, en les habituant à de pénibles recherches, ils les façonnèrent à des études plus sérieuses et surtout mieux dirigées.
�H faut néanmoins remonte1· au X VI• siècle pour retrouvér la
science dans sa véritable ac'ceplion et pour constater des progrès,
en réalité dignes d'elle, Favorisée, du reste, dans, son développement par l'invention encore récente de l'imprimerie, elle arrive
plus sûrement à la connaissance de vérités nouvelles, et ses efforts sont bientôt couronnés par des découvertes importantes, qui
laissent bien loin en arrière l'antiquité païenne et bouleversent
les systèmes qui, jusque là, semblaient définitivement établis;
Je ne m'arrêterai pas à vous présenter l'historique des acquisitions successives, dont la science s'est enrichie dans le cours
des trois derniers siècles, et qui ont créé, dans nos sociétés
actuelles, une situation spéciale et des besoins noùveaux. Il
me suffit de déduire, de ce rapide exposé, cette conclusion
que, pour s'être lancée dans des recherches incertaines, sans
guide el sans méthode, la science s'est égarée dans une route
aventureuse, et ses immenses travaux n'ont abouti qu'à des résulta!s presque stériles.l\Iais du jour où un enseignement rationnel,
lui faisant abandonner les systèmes à priori et les recherches ,
empiriques, l'a replacée sur la voie de l'observation, elle a marché,
d'un pas ferme et assuré, à des conquêtes de plus en plus rapides.
Il faut donc distinguer, dans le rôle qu'ont joué en Europe les
anciennes Universités, deux périodes distinctes, l'une peu profitable pourla science, l'autre féconde en grandes découvertes.
L'ancienne Université lorraine, établie d'abord à Pont·à-1\lousson,
puis transférée à Nancy, eut l'avantage de naître dès les premiers
temps dè la seconde période ; aussi, elle évita l'écueil dans lequel
étaient tombées ses sœurs aînées. Créée en 1!'>72, en vertu d'une
plan que
bulle du Pape Grégoire XIII, et organisée sur le
les plus célèbres Universités de. l'époque, elle donna, presque
dès l'origine, un enseignement complet .. Vous savez tous,
cMessieurs, que richement dotée par le duc Charles III, son fon·
dateur, et pourvue de privilèges étendus, elle justifia par son en·
saignement la sollicitude toute paternelle, dont les anciens souverains de la Lorraine ne cessèrent de l'entourer .. Non-seulement
elle propagea dans le pays, pendant plus de deux siècles, le goût
de l'étude, mais c'est elle qui forma,
grande partie du moins,
cette pléiade de théologiens éminents, de jurisconsultes illustres,
�26
de littérateurs distingués et de savants médecins 'lui furent une
des gloires de notre ancienne province.
Il y a soixante-deux ans, Nancy était encore. un foyer d'enseignement supérieur des plus actifs, lorsqu'un décret de l'Assemblée
nationale, du 18 août 1792, vint tarir momentanément en France
les sources des hautes études, et y arrêter un instant la marche
progressive du mouvement scientifique.
Le décret réparateur du 17 mars 1808, qui fonda l'Université
impériale, substitua aux anciennes Universités, qui avaient vécu,
pour ainsi. dire, dans l'isolement les unes des autres, un système
d'enseignement supérieur se rattachant à. une même pensée et a
une direction unique. Comme tout ce qui sortait du génie de
l'Empereur, les Facultés qui furent alors créées reçurent une
organisation forte et durable, et continuèrent avec distinction le
rôle si utile des anciens c01·ps enseignants.
Mais les préoccupations politiques de l'époque, la lutte gigantesque et sans cesse renaissante, que la France soutenait avec
énergie contre l'Europe liguée contre elle, la pénurie enfin de
professeurs gistingués qu'avait dispersés la révolution, ne permirent pas alors de reconstituer tous les anciens centres d'études,
et Nancy fut ainsi privé de cet enseignement supérieur, qui, florissant en Lorraine pendant de longues années, semblait avoir
acquis définitivement dans ses murs le droit de bourgeoisie.
Je me trompe, Messieurs; l'enseignement supérieur n'y périt
pas tout entier. Vous savez tous que quelques-uns de nos concitoyens, sans autre ressource que leur zèle infatigable, entreprirent
de continuer à Nancy l'œuvre de l'ancienne Faculté de médecine
et du Collége·t:oyal de chirurgie. Ils OUVl'Îl'ent, dès les premières
années de ce siècle, des cours où un grand nombre de jeunes
gens vinrent acquérir }es connaissances, qui leur
d'exercer avec succès Part de
et dans nos communes rurales, et à la suite des armées. Telle est l'origine de l'Ecole de
médecine que possède encore Nancy, et tels sont les résultats qui
· ont marqué ses débuts, alors qu'elle n'était encore revêtue d'aucun
caractère officiel. Reconnue depuis par l'Etat sous le nom d'Ecole
secondaire, puis d'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, elle a continué jusqu'aujourd'hui à marcher résolumen!
�27
vers le bnt qu'elle s'était proposé. Je voudrais pouvoir, l\'Iessieurs,
vous exposer les servicés qu'die a rendus; mais celte tâche serait
pour moi bien délicate. Je ne puis oublier que c'est comme
professeur â celte école, que j'ai fait mes premières armes dans
l'instruction publique, et que, pendant seize années, j'ai été as.,.
socié â ses travaux. Qu'il me soit permis, toutefois, de fait·e
observer, qu'en conservant dans notre ville les anciennes traditions d'enseignement et en contribuant, pour sa part, à y entretenir l'activité scientifique, elle forme le lien naturel qui unit
l'ancienne Université lorraine aux Facultés que nous inaugurons
aujourd'hui.
Il était réservé au Gouvernement de l'Empereur Napoléon III
de complêter l'œuvre de l'immortel fondateur de l'Université
impériale, en rétablissant dans quelqnes-ùries de nos provinces,
depuis longtemps deshéritées, ces anciens centres d'instruction,
qui avaient lem· raison d'être, parce qu'ils donnaient satisfaction à
des intérêts de l'ordre le plus élevé. Les révolutions peuvent bien
renverser une institution, mais elles ne suppriment pas du même
coup le sentiment du passé, les traditions locales , les besoins
intellectuels d'une province.
Aussi, lliessieurs, vous avez tous applaudi à la penséebienveillante, qu'a manifestée le chef de l'Etat, de reconstituer à Nancy
des écoles de haut enseignement, et le Conseil municipal, dispensateur intelligent des revenus de la cité, n'a pas hésité à lui imposer des sacrifices considérables pour doter nos Facultés de
toutes les ressources matérielles que nécessite leur organisation.
Mais la sollicitude du Gouvernement ne s'est pas bornée- à la
création de quelques établissements nouveaux. La même pensée,
d'où émanent les modifications si importantes et si fécondes qû'a
subi le plan d'études de nos lycées, s'est étendue également'àl'enseignemènt supérieur, auquel elle donne une vie nouvelle en le
complétant et en l'appropriant aux exigences impérieuses de
notre époque.
Il me reste à indiquer, :1\fessieurs, les circonstances qui ont nécessité une réforme dans l'enseignement des Facultés des Sciences,
et à faire connaître le caractère que doit avoir désormàis cet
enseignement.
�28 Les Sciences avaient déjà pris, en. 1808, une extension telle
que l'ancienne Faculte des arls ne pouvait plus embrasset· les
connaissances si variées qui, dans les anciennes. Universi(és,.
avaient fait l'objet de ses études. Chargée à la fois de l'enseignement des Lettres et des Sciences, comme pour marquer l'lllliance
intime qui doit exister entre
elle ne suffisait plus à cette
tâche laborieuse, et elle dut être. scindée en deux Facultés nouvelles : le trivium, pour parler l'ancien langage scolastique, devinL
le domaine de la Faculté des Lettres,Je quadrivium, l'apanage
de la Faculté des Sciences.
Mais, depuis cette époque, le mouvement scientifique s'est accéléré de plus en plus ; des découvertes importantes viennent,
presque chaque année, frapper d'étonnement notre intelligence et
agrandir le champ déjà si vaste des connaissances acquises. Vindustrie, en s'appuyant de plus en plus sur la science, a suivi d'un
pas non moins rapide, l'impulsion qui lui est communiquée ; elle
a pris, à son tour, des développements inouïs, et qui tendent sans
cesse à s'accroitre. De nos jours, l'enseignement scientifique
pratique est devenu indispensable; il peut seul soutenir les progrès de l'industrie et féconder son activité. Et cependant, si l'on .
excepte quelques établissements spéciaux, ouverts seulement à
un petit nombre de jeunes gens, la France était jusqu'ici privée,
ou à peu près,. d'un enseignement qu'elle enviait aux nations
voisines. Les Facultés des Sciences n'ont plus aujourd'hui pour
but exclusif de développer/ parmi leurs auditeurs des connaissances purement théoriques, mais encore d'enseigner avec soin
les applications de ces connaissances aux diverses industries, qui
dominent dans chacune des nouvelles provinces académiques;
eUes ont, en un mot,,pour mission, non plus seulement de formet·
des hommes instruits, mais en outre de donner au pays des
citoyens utiles.
Aussi, Messieurs, dans les cours que nous allons ouvrir, les
théories purement spéculatives n'excluront pas les questions
vraiment pratiques. Les collections scientifiques
en physique, en .chimie, en histoire naturelle, en modèles de
machines, etc., dont le Conseil municipal a doté notre Faculté des
Sciences, collections qui viennent déjà de s'accroître d'un riche
"
�herbier dû à la générosité d'un de nos compatriotes (1), 'p.ermettront de placer constamment, sous les yeux desjeunes gens qui
·suivront nos leçons, les différents objets d'étude; des expériences
nombreuses viendront à chaque instant étayer les théories et
confirmer ces lois admirables, auxquelles_ obéissent tontes les
forces naturelles:
dont la connaissance offre non-seulement
l'immense avantage de lier dans notre esprit les faits épars, et de
les fixer dans la mémoire, mais encore de servir de guide dans
la recherche de vérités nouvelles.
dans les sciences d'observation, il ne suffit pas, pour se
les assimiler, de suivre les leçons d'un professeur; d'examiner
rapidement les objets qu'il fait passer sous les yeux de ses auditeurs; d'assister aux expériences sur lesquelles il s'appuie dans
ses démonstrations, il faut encore que ses élèves mettent euxmêmes la main à l'œuvre, s'habituent à manier les instruments, à
diriger une opération, à faire enfin toutes les recherches scientifiques, qui peuvent conduire à des résultats utiles. C'est ainsi seulement que la Faculté des Sciences pourra produire tous les
avantages qu'on est en droit d'attendre de son enseignement.
Désormais les collections, les laboratoires ne seront plus des
sanctuaires
et soustraits aux regards de tous ceux
qui désirent être initiés à la connaissance de l'arsenal de la science
et à la pratique des méthodes d'expérimentation. Des salles de
travail pour la chimie, pour la physique, pour l'histoire naturelle
ne tarderont pas à être organisées, et seront ouvertes aux jeunes
gens, qu'anime la noble ambition d'aller au-delà des études théoriques et d'acquérir l'habitude des manipulations.
Ce n'est pas seulement dans ses collections, dans ses laborataires,
que la Faculté ira chercher ses moyens- d'enseignement ; il est des
objets qu'il faut voir et étudier dans les lieux mêmes qui leur ont
été assignés dans l'harmonie générale de la création. La géologie,
par exemple, ne s'étudie pas complétem.ent dans lés livres et dàns
les musées ; ceux-là seuls possèdent réellement cette science et
(1) M.
membre du Conseil général de la Meurthe et Président de la
Société centralè d'agriculture de Nancy.
�-
50
peuvent utiliser .leurs connaissances dans ceUé branche si importante de l'histoire naturelle, qui sont aptès à reconnaître une roche
en place et à distinguer sûrement les unes des autres les diverses
formations qui constituent l'écorce solide de notre globe ; mais
l'exploration du terrain lui-même permet seul d'arriver à ce degré
d'instruction. L'étude du gisement des minéraux soulève la même ,
observation. Les mœurs, les habitudes, les tr\).vaux de certains
animaux utiles à l'homme ou qui lui sont au contraire nuisibles,
soit directement, soit par l'action: destructive qu'ils exercent sur
les substances indispensables à l'économie domestique, et sur les
matières premières qui alimentent l'industrie, ne peuvent être
étudiés d'une manière fructueuse que dans les localités où ces
animaùx habitent. Nous en dirons tout autant. de l'étude de la géographie botanique, de celle des relations que présente la végétation
avec la nature minéralogique et les influences
du sol, de
celle enfin de l'économie forestière, et des procédés en usage dans
la science par excellence, je veux parler de l'agriculture. Ici l'enseignement en plein air, au milieu de nos campagnes, peut seul
· atteindre le but et nécessitera des excursions qui seront dirigées
dans ce sens et qui auront lieu pendant le semestre d'été.
La Faculté des Sciences, étant spécialement chârgée de donner
à son enseignement une direction qui soit en rapport avec les
dustries principales du pays, non-seulement ne faillira pas à cette
tâche, mais elle espère pouvoir terminer les travaux de chaque
année classique parla visite de quelques établissements industriels,
où les élèves de la !!'acuité se livreront à l'étude des machines et
des procédés de fabrication. Ces excursions leur offriront également l'avantage de pouvoir étendre leurs études d'histoire naturelle au-delà des limites du territoire de Nancy.
L'enseignement de, la Faculté n'aura pas seulement pour effet
de. répandre autour d'elle des connaissances utiles ; mais le législateur lui a conféré le pouvoir de sanctionner par un certificat
d'aptitude.Ie travail de ceux de ses élèves qui seront reconnus
suffisamment instruits pour se livrer à la pratique d'une industrie
spéciale, dont elle peut ainsi leur faciJ.iter l'accès.
Enfin les Facultés des Sciences, chargées de conférer des grades
qui, jusqu'ici, n'étaient exigés que pour l'étude de la médecine
�31
ou pour l'admission dans les fonctions de l'enseignement, viennent
d'acquérir une importance nouvelle par l'effet d'un récent. décret,
rendant ob1igatoire le diplôme de bachelier ès sciences, pour les
jeunes gens qui se destinent, soit à l'Ecole polytechnique ou à
l'Ecole militaire de Saint-Cyr, soit à l'Ecole forestière et à différentes administrations publiques. Les Facultés des Sciences fortuent donc aujourd'hui une véritable magistrature, qui a pour ·
mission d'ouvrir l'entrée de !outes les carrières scientifiques, et
même la carrière des armes spéciales aux candidats qui se recommandent par leur aptitude et par des études sérieuses.
Telles sont, Messieurs, la voie dans laquelle doit entrer à
l'avenir l'enseignement des Facultés des Sciences et l'étendue nouvelle donnée à leur juridiction.
Tous ces détails, que nous venons de vous exposer, noùs inspirent une réflexion, qui sans doute a déjà surgi dans votre esprit :
c'est qu'on ne peut trop admirer la sollicitude du Gouvernement
de l'Empereur qui, au milieu des graves préoccupations qui
l'assiègent de toute part, vient de doter d'utiles réformes les
établissements de tous ordres, depuis les asiles de l'enfance
jusqu'aux écoles de haut eùseignement, et s'impose la noble
tâche de faire des élèves de ces établissements, une génération
mâle et forte sous la double influence des Lettres et des Sciences.
Ce sera là un des bienfaits les plus féconds que nous devrons â
la haute sagesse et. au génie du Prince qui a rétabli au dedans
et qui soutient aujourd'hui glorieusement au dehors les principes
d'ordre et de justice qui font la force des nations et qui président aux destinées des Sociétés humaines.
��DISCO'URS
PRO::S:ONCÉ PAR
M. CIL BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
l\'IONSIEUll LE RECTEUR,
MoNSEIGNEun,
1\'IESSIEURS,
Aujourd'hui que l'inauguration de nos Facultés réunit autour
de nous, en cette enceinte, l'élite de la cité, ma première pensée,
et la vôtre, Messieurs> est une pensée de reconnaissance envers
le Gouvernement de l'Empereur, qui est entré avec une bienveil·
lance si généreuse dans nos désirs et nos espérances, et qui a
voulu que Nallcy retrouvât enfin son Université. Grâces aussi
soient rendue!! en ce jour aux hommes dévoués, qui par leurs
· nobles démarches ont provoqué ce bienfait, et à vous, 1\'Iaglstrats
··de la ville, que l'Etat a trouvés si zélés à seconder ses desseins,
si généreux à doter notre institution de :tout ce qui peut eu assurer
le succès.
La faveur qui enhmre cet établissement dès. son début ne
m'étonne pas, ])lessieurs. Nanèy se souvient de ce qu'elle était
autrefois, .et de ce qu'elle se doit à elle-même. Déchue de son rang
de capitale sou.veraine ·depuis son annexion à la France, elle a
songé enfin à reprendre, à défaut de sa couronne à jamais perdue,
qùelques-unes du moins de ces nobles institutions, fondées par
ses princes,
elle se glorifiait autrefois, et dont la révolution
l'avait dépouillée. Elle se rappelle de quel éclat a brillé surtout
.5
�-54-pendant deux siècles l'Université fondée à Pont-a-1\Iousson par
le Duc Charles III, et transportée dans nos murs en 1768. Si en
1808, lorsqu'un Gouvernement réparateur restaurait l'enseignement et dotait de Facultés les principales villes de France, Nancy .·
ne fut pas d'abord comprise dans le partage, aujourd'hui du moins
elle n'a pas failli à ses droits, et dans la répartition nouvelle qui
allait être faite de ces grandes institutions académiques, des voix
citoyennes se sont élevées pour revendiquer les titres de la bité.
Votre cause était bonne, Messieurs, et le Gouvernement de l'Empereur trop éclairé et trop équitable, pour n'en pas reconnaître la
justice. Un ministre toujours ardent à seconder l'essor des esprits, .
partout où il se manifeste, a cru dans l'avenir de Nancy : il a
choisi notre ville, pour en faire un de ses nouveaux foyers d'enseignement qu'il voulait élever au cœur de la province. J'aime
à penser, que dans sa confiance il ne s'est pas trompé. Non, ce.
n'est pas en vain qu'une ville a longtemps été une capitale, et le
centre d'une vie nationale et énergique. Alors mêmé qu'elle a
perdu sa vie politique, elle garde pourtant toujours quelque chose
de son royal esprit d'autrefois. Ne dirait-on pas, que jusque dans
ses efforts pour se créer dans le commerce et l'industrie, cette
royauté des temps modernes, une autre destinée, urie fortune
nouvelle, elle retient encore ses traditions d'élégance et de goût,
elle demeure plus libérale : son industrie touche aux arts ; eUe Sê
livre aux affaires, sans s'y absorber: elle continue à .aimer les
choses de l'esprit; et quand la for lune vient la doter de quelque
institution généreuse, elle s'en empare naturellement, elle y entre
comme chez elle ; elle se retrouve.
Je n'en veux pour témoin,
que l'empressement, avec
lequel ont toujours été accueillies dans cette ville toutes les fondations propres à répandre les lumières et à rendre les hommes
meilleurs. Edification de l'intelligence ou du cœur, science ou
charité à mettre en commun, quelle grande idée vous a trouvés
indifférents'! quel bien à faire n'a pas excité votre sympathie'!
Que de fois, en vous voyant réunis en si grand nombre, partout
où l'on vous entretenait des intérêts de l'intelligence, me suis-je
senti ému et fier d'appartenir à une ville où toute parole généw
reuse trouvait tant d'échos ? Dès-lors, je souhaitais au fond du
�-
53 -
cœur, que Nancy devînf un jour, dans nos-'provinëes de l'.Est,. un
de
centres d'enseignement
où, mieux qu'àilleurs, .
ce semble, la jeunesse appelée aux fonctions}ibérales devait
ver, pour s'y préparer, Je recueillement si nécessaire aux fortes
ètudes, et aujoUrd'hui si rare.
. Voilâ ces vœux maintenant en partie accomplis. Nancy est dotée
à la fois de deux: Facu1tés. Je sais, Messieurs, que vos. désirs
vont encore au-delà. Vous aimez â espérer que dans l'avenir
une autre Ecole encore viendra prêter son appui à notre Faculté
des Lettres.
aujourd'hui, ne songeons. qù'à mériter par le
concours de nos efforts, que le Ministre . complète son bienfait;
et sacbons apprécier déjà les avantages de. l'institution actuellè.
Tout à l'heure, mon honorable col1ègue vous a laissé entrevoir
quelle impulsion nouvelle la Faculté des Sciences était. appelée à
donner aux études scientifiques en ce pays. Quel doit être .à son
tour le rôle de la Faculté des Lettres 'l quelle influence est-elle
appelée à exercer sur les études littéraires'! Il estsans doute plus
d'une personne parmi vous qui attend à ce sujet quelques expli":
cations.
Les Facultés, ainsi qu'on vous le disait tout à l'heu.re, sont ins...
tituées dans un double but. En même temps qu'elles .sont un. foyer
d'enseignement librement accessible à tous 7 elles ont mission de.
dispenser de la part de l'Etat les grades universitaires, et d,ouvrir
ainsi l'entrée des
Dès lundi prochain, commen. cera ici une session d'examen pour le baccalauréat ès lettres.
Vos fils, Messieurs, ne. seront plus obligés d'aller au loin se pré..,
senter à èes épreuves nécessaires. Mais ici même, sous vos yeux,
ils trouveront à la fois, et toutes les ressources, pour aider à leur
travail, et le titre qui en doit être le p1·ix. Ils apprendront à connaître de plus près ces examens, qui couronnent leurs études du
lycée, ou leur ouvrent la carrière de l'enseignement; ils
mieux, que désormais nulle préparation artificielle et hâtée. ne
saurait suppléer à des études régulières et sérieuses, et qu'il n'y a,
qu'un gage assuré du suecès, le travail. L'Etat, en reconnaissant
le droit sacré des familles dans l'équcationt en laissant toute liberté
aux méthodes, et en ouvrant l'enseignement à 1a concurrence,
n'a pas oublié pour cela, qu'il est responsable devant 1e pays du
�-
36 -
progrès ou de la décadence des lettres, qui sont une des plus
glorieuses parts de notre héritage national; et c'est nous, qu'il
a chargés d'y veiller, en environnant nos examens de garanties
sérieuses, et en maintenant par là le niveau des éludes à une hauteur digne de la Françe. ])lais en même temps que notre Faculté
sera pour vous, jeunes gens; comme une magistrature chargée de
vous dispenser les grades avec une prudence impartiale, vous
trouverez aussi en nous des maîtres dévoués, pour vous guider de
nos conseils, encourager vos efforts d'une voix amie, les récompenser avec bonheur; et dans nos cours, des ressources nouvelles,
pour vous préparer aux épreuves.
Car une Faculté des Lettres est en mêm,e temps destinée à
compléter l'éducation littéraire commencée da:ns les lycées. Pour
cela, elle ouvre libéralement ses cours, non pas seulement aux
hommes qui se destinent particulièrement à l'enseignement; et
prennent des inscriptions pour la Licence et le Doctorat, mais
encore, et sans distinction, à la jeunesse d'elite, qui. pense, qu'à
quelque profession que la fortune l'appelle, il est bon.d'y appor•
ter un esprit cultivé el mûri par l'étude. J'espère que la jeunesse
de cette ville saura profiter de cet avantage. L'étude des lettres,
en effet, pour être plus désintéressée que les autres études dans
son objet, n'en est pas moins utile; si elle ne conduit pas directement
comme les autres à telle ou telle carrière spéciale, elle prépare
à toutes, ou plutbt, elle prépare à la vie ; et ainsi que l'a dit
l'Empereur Napoléon I•r,atandis que les autres connaissances n'intéressent qu'un côté dé l'esprit humain, les lettres sont l'esprit
humain lui-même».
Cependant toutes ces vérités, qui autrefois auraient passé pour
des lieux communs, ont presque l'air aujourd'hui de paradoxes,
tant est grand le changement, qui, depuis quelques années,. s'est
opéré à cet égard dans notre pays. Ne nous le dissimulons pas,
Messieurs, le culte des léUres, qui avait fait si longtemps notre
gloire, s'est affaibli parmi nous; et un autre esprit n'a que trop
souvent prévalu, esprit positif, qui né mesure les choses qu'aux
avantages matériels qu'on en .peut immédjatement recueillir. Cet
de nos écoles; il
esprit du temps a pénétré jusque dans
saisit notre jeunesse au début même de la vie, pour étouffer dans
�37
-
Jeur germe ces nobles sentiments, ces amours de l'idéal, .ces :enthousiasmes de l'art et de la vertu, ces saintes chimères, si l'on
veut, qui siéent si bien à cet âge. Si l'on trouve encore quelque
part la passion désintéressée des lettres si commune en France
autrefois, ce n'est plus guères parmi nos jeunes générations. Nos
collégiens même se hâtent trop d'être à cet égard des hommes de
leur temps, et de calculer avec une maturité précoce ce que leur
rapportera chacun de leurs efforts; ils sont trop impatients, pour se
résigner à ces études deslettres, dont ils ne peuvent sentir encore la
lointaine efficacité. Ils sont pressés d'entrer dans la vie, et prennent
pour arriver plus vite le chemin de traverse; ils effleurent les études;
ils retiennent de chacune le moins possible, tout juste ce qu'il en
faut, pour l'escompter au plus tôt en diplôme; et ils se lancent
dans la carrière avec ce mince bagage. Heureux encore, lorsque
plus tard ils s'aperçoivent de cetteinsuffisance deleurinstruction,
et qu'ils ont le loisir et le courage d'y revenir.
Une autre circonstance a contribué encore à diminuer parmi
nous le goùt des lettres, en entraînant ailleurs la curiosité des .
hommes ; c'est le génie des sdences modernes, ce sont les merveilleuses conquêtes de l'industrie sur la nature. L'épopée de
notre siècle est l'histoire de la machine à vapeur, et la poésie est
aujourd'hui dans nos chemins de fer plus vites que la tempête,
dans l'électricité plus vite que la pensée. Loin de moi, Messieurs, de
médire de ces merveilles de la science moderne. Comment pourrais·
je en avoir la pensée, devant une telle assemblée, et devant l'homme
éminent, qui nous préside et donn_e ici tant d'éclat à l'enseignement
des sciences ? Bien loin d'en médire, je remercie Dieu, au contraire, de m:avoir fait assister à ces grands spectacles que l'industrie de notre temps a offerts à nos regards; mais c'est surtout,
pat·ce que j'attends de ces conquêtes de la science sur le monde
matériel, qu'en facilitant le travail de l'homme, et en ajoutant
à son bien-être, elles serviront en même temps à l'affranchissement
de son âme jusqu'alors courbée vers la terre avec son corps par
les servitudes d'un labeur sans repos. Qu'avec la richesse, l'homme
devienne donc plus libre, mais pour devenir en même temps plus
éclairé et
Que le loisir profite au développement de son
âme ; et que le fils affranchi de la terre apprenne à regarder
�58 davantage le ciel. Sursum corda. L'homme ne vit pas seulement de
pain; Si les inventions de l'industrie ne servaient qu'à accroître
en nous la soif des jouissances, et si le progrès moral d'un peuple
ne répondait pas à ses progrès matériels, prenons garde que ce
goût du bien-être ne nous devienne fatal. Il y a uri équilibre difficile à maintenir entre les choses d11 corps et les intérêts de la
pensée. Notre époque a entrevu quel chaos peut se .faire en certains esprits, quand la conscience morale venant à s'obscurcir,
l'homme, enivré de sa victoire sur la nature, a osé presque se proclamer Dieu dans son orgueil, se livrer aux plus honteuses.chimères, et sanctifier tous ses appétits. Rêves insensés ! dont le bon
sens public a fait vite justice; mais qui. n'étaient après tout que
l'exagération même des tendances matérialistes, auxquelles, tous,
nous avons plus ou moins cédé.
Aussi, Messieurs, est-ce avec une juste sollicitude, que le Gou..
vernement de l'Empereur, tout en élevant et en réglant l'enseignement des sciences, s'est si vivement préoccupé· de ranimer et
de fortifier les études littéraires parmi nous. Noble et. salutaire
pensée. Car, après la Religion, cette maitresse souveraine de
toutes les vertus, est-il rien de plus propre encore que le goût
des lettres, pour entretenir en nous la vie morale ? Philosophie,
histoire, littérature conspirent à l'envi, pour nous dérober aux
mesquines et égoïstes préoccupations de la vie journalière, élever
nos âmes vers la contemplation de vérités éternelles, et nous faire
vivre dans un commerce assidu avec les grands cœurs et les 1 plus
belles intelligences dont l'humanité s'honore. Car, qu'est-ce donc,
après tout, que ces penseurs, ces écrivains, ces poëtes, dont nous
venons vous entretenir, sinon les fils prédestinés du génie, lesquels, après s'être élevés plus on moins vers les régions divines
de l'idéal, nous en ont laissé dans leurs œuvres une splendide
image? Dans leur fréquèntation,
s'éclaire, le cœur s'épure,
l'âme s'aguerrit et sefortifie. Non, ce n'est pas impunément qu'on
vit avec ces grands hommes du· passé; ils nous associent à leurs
pensées, ils font battre nos cœurs aux sentiments dont ils furent
émus ; leur âme devient la nôtre :leur souffle généreux a passé
dans notre sein : nous vivons de leur vie, nous voudrions mourir
leur mort; et quand nous les quittons pour redevenir nous-mêmes,
�-
59 -
nous nous sentons longtemps encore agrandis par leur contact,
plus forts, plus dévoués, plus· amoureux de vérité' et de vertu.
L'écho, que leur noble parole a éveillé en notre âme, continue.enLaissons les aveugles traiter d'illusions ces raviscore à
nous, Messieurs,
sements de l'art, qu'ils n'ontjamais
qui avons éprouvé plus d'une fois les vives et d<mces jouissances
de ce commerce avec les grands esprits d'autrefois, reserrons err
de plus en plus les liens. Aimons à venir auprès d'eux oublier
par intervalles les médiocrités de la vie, à nous reposer dans ce
monde plus beau de la pensée, que nous poursuivons de nos
rêves, à nous retremper enfin, et à nous désaltérer à ces ·sources
vives de la poésie, qui semblent descendre du ciel. Puisse noh'e
Faculté devenir à vos yeux comme un asile sacré des lettres,
où vous prendrez plaisir à goûter dans le re.cueillement ces divines émotions de l;art. Certes,· les grandes œuvres de l'esprit
humain, dont noliS venons vous entretenir, peuvent trouver ail•
leurs de plus brillants interprètes, mais nulle part de plus passion ès admirateurs de tout ce qui est grand, beau et bon.
Notre Faculté comptera cinq chaires. D-I. le Ministre, dans sa
bienveillance particulière pour notre ville, a voulu que dès le
débull' enseignement littéraire y fût complet; et aux chaires de
Philosophie, d'Histoire, de LiUérature ancienne et de Littérature
française, il a daigné adjoindre une chaire pour l'enseignement de
la Littérature étrangère.
Quelques mots d'explication, Messieurs, sur chacun de ces
cours.
Si la
de l'Etat a cru devoir borner dans nos Lycées
l'enseignement de la Philosophie, qui, pour de trop jeunes esprits,
n'y avaitpas été toujours sans péril, c'était pour rendre à cette
science sa place véritable dans l'enseignementaupérieur. Ici viendront librement tous ceux qui s'intéressent aux choses de l'âme
et aux grands problèmes de la nature de rhomme et de sa destinée. Avec quel charme et quelle autorité de parole M. Lévêque
savait traiter ces .hautes questions, c'est ce que déjà vous avait
appris la renommée qui l'avait précédé en cette ville. Mais;
avant que ce maître, dont notre Faculté naissante était justement
fière, ait pu faire entendre parmi nous .Sun éloquente voix, la
�-
40
Sorbonne, qui nous l'enviait, nous l'a ravi. Nous ne. doutons pas,
du moins, qu'en son absence, 1\l.le Ministre ne lui donne un suppléant digne de lui, et qui sache par sa sagesse, non moins que pa1·
son talent, conquérir à cette chaire, ainsi que l'aurait fait M. Lévêque, l'influence salutaire qui lui appartient. Car , ,si la Philosophie excite de justes ombrages, quand, trop vaine de ses forces,
elle prétend résoudre les questions suprêmes qui dépassent la
raison, et où la voix d'un Dieu pouvait seule nous révéler ce qu'il
fallait croire, elle mérite au contraire d'obtenir tou le autorité auprès des hommes et de seconder les enseignements .même de la
Religion, lorsque, se tenant dans son légitime domaine, eUe
éclaire·des lumières naturelles de la raison tant de questions si
intéressantes déjà dans le problème de notre destinée, et nous apprend à relever nos yeux vers les éternelles vérités. - Laraison
et la foi, ainsi que le disait récemment à l'Académiefrançaise une
voix bien plus autorisée que la mienne, la raison et la foi descendent
également du Ciel; elles sontl'une ét l'autre filles de Dieu, sœurs, et
ne sauraient se contredire. A chacune sa sphère légitime : {)U plutôt,
qu'elles se prêtent l'une l'autœ un mutuel appui. La Religion,
en effet, pourrait-elle perdre de son autorité,. parce qu'elle se sera
trouvée d'accord avec une saine philosophie? N'est-ce pas, au contraire, pour nous, une force de plus, que de sentir la conformité de
]a doctrine chrétienne avec la nature humaine? En marquant .donc
à la Philosophie ses limites en face de la Foi, ne craignons pas de
lui accorder ses droits. A l'âge où les passions obscurcissent si sou;.
vent la conscience morale, que tout se réunisse, Philosophie et
Religion, pour affermir lesjeunes. gens dans le bien : que toutes ,
les voix s'élèvent pour les instruire, les exhorter, les défendre
contre les sophismes de la corruption. Assez et trop longtemps
l'Ecole et l'Eglise ont été séparées par un antagonisme funeste.
Il est temps qu'elles se donnent la main pourle salut du monde.
L'Histoire, Messieurs, est surtout la science de notre siècle.
Quelques maîtres de génie nous ont appris à retrouver, à force
d'impartialité et d'érudition, la vérité du passé. Replacés dans
l'horizon de leur temps, les événements d'autrefois nous ont apparu avec une physionomie nouvelle. Le génie des divers peuples,
le sens de leurs institutions, l'esprit des faits s'est manifesté de plus
�-U
en plus ; on a mieux connu, mieux compris le secret des siècles
écouÏés. L'histoire a dù prendre donc aujourd'hui une grande
place dans nos études. Déjà depuis longtemps cet enseignement a
été organisé dans nos Lycées sur de larges bases. Mais là èncorê,
il faut bien que le maitre. se proportionne· à l'âge de ses élèves.
C'est ici que cet enseignement iloit s'achever, en reprenant devant
des esprits préparés déjà, et déjà mûris par la réflexion et par la
vie, cette étude du passé, mais, pour pénétrer .plus avant dàns la
pensée intime· des événements, en suivre l'enchaînement mystérieux, et apprécier les circonstances qui ont influé sur la marche
de la civilisation: Le professeur, cette année, en vous rappelant à
l'histoire de Rome, s'attachera surtout à y étudier les révolutions
d'opinions, les luttes des partis, la transformation des mœurs publiques et du caractère national, qui ont entraîné la ruine de la
République et préparé l'étal:ilissement de T'Empire. Ne dédaignons
pas, Messieurs, cette histoire de Rome, parce qu'elle a ètonné et
charmé notre enfance. Ne nous plaignons pas que les Grecs et les
Romains continuent à régner dans nos écoles et nous détournent ·
de l'histoire de notre pays. Ç'a été le privilége de ces peuples prédestinés, de n'avoit· pas vécu seulement pour eux-mêmes, mais
pour le genre humain, et de rester à jamais l'enseignement du
monde. Ils sont nos vrais ancêtres dans la civilisation>' et leur histoire est déjà notre histoire nationale.
Nos·autres chaires appartiennent à l'enseignement des Lettres
proprement dit. L'une est consacrée aux Lettres antiques, grecques et latines, l'autre aux Let!res françaises, et la troisième à la
Littérature étrang·ère, Les deux premières s'appellent mutuellement. S'il est une nation mo deme, en effet, qui ait particulière-'
ment revendiqué l'héritage de l'antiquité classique, et qui ait justifié de sa prétention par l'éclat avec lequel elle en a repris la
grande tradition, c'est la France. A nous l'honneur d'avoir continué la Grèce et Rome, et d'avoir eu, commê la Grèce et Rome,.
une littératurè qui n'appartient pas seulement â uotre nation, mais
au monde entier. Là sont nos origines, nos modèles , nos inspirations; et nous cesserions de comprendre les œuvres de notre
littérature nationale, si nous laissions se rompre la chaîne de la
tradition
�_.; 42 """"'""'
Cette. année, Je. professeur de· Lettres ancienne•, remontant
jusqu'au berceau de la Poésie helléniqùe, dont il recherchera les
mystérieux rapports avec la Poésie sacrée dé l'Inde, s'arrêtera
SJirtout aux immortelles épopées d'Homère. Puis, de là, suivant
le libre et naturel développemenl de l'art en cette terre aimée des
Muses, il étudiera les religieuses origines du.drame en Attique et
ses. grandes productions. C'est à ce jeune maitre, Messieurs, qu'il
appartient surtout, entre nous tous, de montrer combien aujour-.
d'hui encore le séjour de la Grèce peut féconder l'étude de ses
antiques monuments. Car c'est en.Grèce qu'a commencé ce con··
cert d'études communes et d'amitié entre nous toùs, .que le Ministre, par une faveur spéciale·, a daigné réunir ici de nouveau,
comme en une autre Athènes, pour nous associer en un commun
enseignement. Mais M. Burnonf a prolongé plus que nous tous
son séjour dans cette patrie des arts, commentant avec les lieux
les œuvres des poëles, et apprenant ài mieux saisir la secrète harmonie du génie d'un peuple et de ses productions avec la nature
du pays où il a vécu. Ses leçons, partagées entre .des expositions
entièrement littéraires. et l'interprétation.· des textes mêmes ·des
auteurs anciens, s'adresseront, non pas seulement â ceux qui viennent se préparer ici â I'enseignemént; mais .à tous ceux encore .
dont la studieuse jeunesse
éprise pour tous ces doctes et ai"
mab1es génies de. l'antiquité, qui sont en possession depuis tant
de siècles d'instruire et d'enchanter la terre. Ils apprendront ici à
goüter davantage, dans son heureuse et puissante originalité, cet
esprit Grec, qui d'instinct a trouvé le beau dans tous les genres,
et laissé aux arts d'inimitables modèles. Rome apparaitra à son
tour, s'appropriant comme une conquête la civilisation de la Grèce,
]a transformant selon son fort et orgueiUeux génie, la portant avec
ses armes jusqu'aux extrémités du monde, et laissant partout une
empreinte si puissante de sa pensée que toute notre vie moderne
en est encore pleine.
La chaire de Littérature française ne .fera presquê que continuer
cet enseignement. Car,
la Renaissance surtout, notre Littérature. s'est développée sous la double inspiration de Ja pensée
chrétienne et de l'art antique, qu'elle est parvenue à réconcilier
dans une incomparable harmonie. C'est au glorieux siècle de
�..._ 45 Louis .XIV principalement què je. m'arrêterai, en toute occasion,
avec plus de :complaisànce. Rien n'égale encore,
effet, dans
l'histoire du monde, cet· admirable concert de grandes œuvres et
de beaux génies. Il faut y revenir avec ardeur. Car, peut-être, le
culte s'en était-il un peuatfaibli parmi nous;' àtfadis et gâtés par la
lecture malsaine des œuvres contemporaines, peut-être ne goutionsnous plus assez ces forts et sévéres ouvrages qui font tantd'honneur
à Ja'nature humaine. Retournons à. ces maîtres de la vie; réapprenons à les comprendre, â les sentir, à les aimer. Pour moi,j'en
sens si vivement le besoin que, dès cette année même, oû le Moyen
Age doit faire
principal de mon enseignement, j'ai voulu
néanmoins réserver déjà une place à des lectures et à des études
choisies dans les œuvres du grand siècle. J'y consacrerai parti cu ..
fièrement ma conférence dn mardi. Le samèdi
aura lieù
la leçon d'Histoire littéraire, dans laquelle je me propose de vous
exposer cette année le développement des Lettres françaises depuis la fin du XI• siècle jusqu'à la Renaissance. Car aujourd'hui,
Messieurs, grâce à de doctes recherches, lé 1\'loyen Age nous est ·
rendu. Relégué longtemps dans les ténèbres de la barbarie par les
injustes dédains du XVIe siècle, éclipsé par les splendeurs du
insulté et méconnu par le XVIII•, il a reparu, â notre époque impartiale, dans toute sa grandeur. Dans cette poussière du passé,
sous des formes et â travers une langlie qui étonnent d'abord notre_
goût classique, on a retrouvé toute une littérature, toute une civilisation, avec ses livres de science, dlhistoh·e, d'art et de poésie;
on a reconnu que le siècle de saint Louis avait étè pour le Moyen
Age ce qu'est le siècle de Louis XIV pour les temps modernes;
Aussi, désormais, n'est-il plus possible de faire l'histoire des
let!res françaises, sans remonter au moins à l'époque des Croisades et de Philippe-Auguste.
·
La chaire de Littérature étrangère complète cet enseignement
de notre Faculté : complément désormais indispensable.· Car, le
temps n'est plus, où la France, trop fière de son génie, affectait
d'ignorer et de dédaigner tout ce qui se faisait à l'étranger, où
Voltaire traitait Shakspeare de sauvage ivre, et souhaitait aux
Allemands plus d'esprit et moins de consonnes. Il était plus corn;.
mode pour notre vanité de mépl'iser, que de èonnaî.tre. Mais au-
�44 jourd'hui, que les barrières des peuples se soni abaissées, et
qu'au delà de notre horizon, de nouveaux mondes de la pensée
se sont ouverts pour nous, nous avons appris, après un premier
étonnement, à mieux juger un génie autre que le nôtre, et à go:ûter
avec une sympathique admiration les œuvres étrangères dans leur.
originalité. L'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, où le succès de nos
armes nous a tour à tour entraînés, nous avaient montré leurs
richesses littéraires : et cette conquête du moins nous devait demeurer. Car, si les armes reprennent souvent ce qui a été pris
par les armes, les conquêtes de la pensée n'out point de retour.
Depuis 1815, eu etret, les littératures des divers pays de
rope occidentale ne forment plus qu'une seule littérature, mais
où c'est toujours l'ambition et l'orgueil de la France de garder le
premier rang. Désormais donc, l'étude des langues et des littératures f:trangères devait tenir une large place dans
ment public. Et je ne doute pas que le jeune maître, à qui celte
chaire a été confiée, et qui y débute sous les auspices d'un nom "'
illustré déjà par son père, d'ans ce genre d'études,· n'assure ici
un succès dùrable à cet enseignement si varié et si curieux.
M. Mézières commencera celte année sa revue des littératures
étrangères par l'Italie, en s'attachant à l'histoire de la poésie ita...:
Henne, depuis la renaissance jusqu'à la fin du XVIII• siècle, et
en marquant surtout l'influence, qu'ont exercée sur son brillant
développement les lettres et les arts retrouvés de l'antiquité. La
Littérature italienne avait droit au premier hommage du jeune
, professeur. A son retour de Grèce, l'Italie a longtemps arrêté
M. Mézières: c'est la patrie de prédilection de se.s études. La
poésie italienne, d'ailleurs, est la première dont la France ait,
subi l'influence. Car c'est l'Italie qui, dans le réveil des arts au
XV• siècle, a devancé tous les peuples de l'Europe, en les éblouissant de ses splendeurs.
Tel est, Messieurs, dans son ensemble l'enseignement que
notre Faculté offrira â la jeunesse de ce pays? Puisse-t-il ne point
rester au-dessous de votre attente, et justifier par son succès les
espérances que vous avez fondées là-dessus, et l'empressement
gÇnéreux.
nos Magistrats municipaux à solliciter cette institution du Gouvernement, et à la doter d'une façon si libérale.
�Nous nous mettons du moins à l'Œuvre avec ardeur; mais nous
vous demandons, à tous en même temps, votrè bienve.illante coopé·
ration. L'Etat et la ville ont fondé l'établissement; mais c'est à
nous maintenant à fonder l'enseignèment, à nous tous, auditèurs
et maîtres. Car cette tâche est en commun, et nous nous devons
un mutuel et assidu concours. Pour nous, vous nous trouverez
toujours prêts à multiplier nos efforts, pour seconder les études
d'une jeunesse laborieuse; mais nous aimons aussi à compter sur
elle. Qu'une Université ici ne soit pas une vaine parure. pour la
vanité d'une ville, mais une institution efficace, qui porte de
vrais fruits. Quant à moi, j'ai foi dans notre avenir. Aussi, dés que
nos Facultés de Nancy ont été décrétées, n'ai-je pas hési(é à
rompre des liens anciens et chers, qui m'attachaient à l'Ecole
normale et à la Faculté de Paris, pour venir m'associer à cette
œuvre patriotique. Enfant de Nancy, élève de son Lycée, il m'est
doux, après hien des années, de rentrer au milieu de vous; et ce
n'est pas sans émotion que je me retrouve dans cette salle, où je
venais, écolier, recueillir mes premières couronnes, et devant les
hommes qui ont guidé mes premiers pas dans la vie, et m'ont ·
toujours suivi au loin de leur pieuse sollicitude. L'accueil qui
m'attendait ici a dépassé en-core mon espérance, et profondément
touché mon cœur. Mon vœu est accompli, de venir poursuivre
désormais ma carrière aux lieux où elle a commencé. J'ai reçu
ici les premières semences d'instruction ; aujourd'hui, que la maw
turité est venue pour moi, je voudrais, dans ma reconnaissance,
'\'OUS rapporter une plus ample moisson; mais telle quelle, je suis
heureux du moins de vous consacrer désormais, Messieurs, toutes
mes études et toute mon ardeur.
��+-
DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. EDMOND SIMONIN, DIRECTEUR DE L'ÉCOLE
DE MÉDECINE ET .DE PHARMACIE.
MoNSIEUR LE
REcTEua,
MONSEIGNEUR,
1\IEssmuns,
L'usage veut que, lors des séances consacrées uniquement à
l'instruction !supérieure, les Directeurs des Ecoles de médecine et
de pharmacie résument les faits intéressants qui appartiennent à
l'ordre _de la médecine. Mais avant de faire cette courte exposition, j'ai un devoir à remplir. Je dois adresser à M. Faye,
Recteur de l'Académie de Nancy, l'expression de la reconnaissance de l'Ecole pour le bien que sa haute position lui a permis
d'y réaliser, lui offrir l'assurance des sentiments de gratitude
des professeurs, pour la bienveillance qu'il a témoignée à chacun
d'eux, et le remercier personnellement d'avoir bien ,·oulu continuer avec le Directeur de l'Ecole, les rapports auxquels, depuis
plusieurs années, la bonté de MM. Caresme, Guillemin et Percin
l'avait habitué.
Après les deux discours qui ont marqué si nettement un point
·de départ dans le professorat de plusieurs parties du haut enseignement, je dois à mon tour indiquer, comme faits principaux,
les modifications 'générales qui viennent d'agrandir et d'élever
�48
la mission de toutes les Ecoles de médecine, et .faire conn ait re
surtout la transformation spéciale de l'Ecole de Nancy, rendue
possible par la création de la Faculté des Sciences de notre Académie. Après l'exposition de ces faits importants qu'une heureuse
coïncidence permet de solenniser dans cette réunion qui a pour
but d'inaugurer un nouvel avenir dans toutes les branches de l'enseignement supérieur,je devrai encore vous signaler les résultats
les plus sérieux et les plus récents de l'enseignement médical qui,
sous des titres divers, et avec des fortunes diverses, subsiste
depuis plusieurs siècles dans notre contrée.
Toutes les Ecoles de médecine et de pharmacie vont prendre
une importance et une vie nouvelle, par suite des prescriptions
du décret du 22 août dernier qui transporte, des jurys médicaux,
à ces établissements Je di'Oit de délivrer les certificats d'aptitude
pour les professions d'officier de santé et de pharmacien de
conde classe, pour celles de sage-femme et d'herboriste du second degré. La loi du 10 mars 1805 avait établi les jurys des
départements sous la pression d'impérieuses nécessités sociales ;
mais leur raison d'être ne pouvait se légitimer, après .quarante
années, en face de l'heureux développement donné à l'enseignement médical, par la création de ces annexes des Facultés de
médecine et des Ecoles supérieures de pharmacie, qui, connues,
dès 1806, sous le nom d'Ecoles secondaires de médecine, re.;
çurent, en 1840, le titre d'Ecoles préparatoires, dénomination
qui ne peut subsister longtemps encore, puisqu'elle ne se trouve
pas en harmonie avec les réformes radicales opérées par le
récent décret.
Dans une lettre (1}, à laquelle j'ai déjà emprunté plusieurs expressions, Son Excellence le Ministre de l'Instruction publique
et des Cultes,
de la manière suivante, l'institution des
anciens jurys. «Non-seulement cette institulion"tdevenait inutile,
mais elle créait une position singulière et fâcheuse à nos Ecoles
qui, chargées de l'enseignement médical et pharmaceutique, se
trouvaient privées du droit de vérifier l'aptitude de ceux qui aspirent à pratiquer la médecine et la pharmacie. Il appartenait à
ces écoles de maintenir et d'élever par l'enseignement le niveau
des connaissances médicales ; de répandre et de sanctionner lés
�49
meilleures méthodes, les plus saines doctrines, les .Pratiques les
plus sùres, et il ne leur appartenait pas de juger si ceux aux mains
de qui doit être remisela santé publique possèdent des connaissances offrant des garanties suffisantes.
Les nouveHes dispositions du décret font' cesser cette situation
anormale. Elles restituent aux Ecoles préparatoires une miss.ion
pour laquelle elles sont si compétentes, et ces dispositions ne
peuvent que profiler à l'art médical lui-même. En rattachant
cessairement la direction des épreuves pour la délivrauce des
grades à la direétiou de l'enseignement, elles impriment à ces
épreuves un caràctère d'unité qui les rendra plus sérieuses et
Iem· donnera plus de valeur. ,
ltlessieurs, je me hâte de le proclamer, ce décret, qui
donne une entière satisfaction à la logique, avait déjà reçu dans
noJre département une grande partie de son exécution. Depuis
longtemps le hon. sens général amenait à des études réelles,
sérieuses et publiques les candidats qui, aux termes de la loi dé
1.805, eussent pu motiver sur des certificats illusoires de pratique
leur comparution devant les examinateurs. Quant aux. membres
des jurys, ils étaient
choisis par l'autodté supérieure dans
le sein de l'Ecole de médecine; ils furent, pendànt bien des
années, nos maîtres avant que nous devinssions leurs èollègues, .
et la préoccupation constante qui les dirigeait, ainsi que les mem. bres qtti leur étaient adjoints, n'avait pour but que le bien public.
Aussi, à la veille de leur succëder, n'avons-nous qu'un seul
désir, c'.est celui de les imiter.
Au moment où les Ecoles de médecine et de pharmacie sont
investies du droit de conférer des grades définitifs, l'Ecolê de·
Nancy twuve, dans l'établissement de nos Facultés, un nouveau
moyen de sucèès pour les études et, peut--être aus.si, un nouvel
espoir pour l'avenir.
.
Cette récente création des Facultés donne une satisfaction, déjà,
hien vive, à.des désirs constants et que la tradition d'un passé
glorieux sèmble légitimer, de voir renaître, tout entière, notre
ancienne Univel!Sité, avec les modifications que doivent lui apporter, à la fois, et la tolérance, qui de nos jours élève si haut
dans l'estime publique les convictions religieuses, et les transfor-
4
�tiO
mations opérées dans l'étude des le Ures, dans celle ·du droit et
surtout,dans les travaux scientifiques.
Ne peut-on pas dire, aussi, pour justifier ces désirs, que dans
toute grande nation les diverses contrées, bien que réunies par les
liens puissants d'affection et d'unité complète de vue, diffèrent,
sous le rapport intellectuel et moral, comme sous le rapport physique,· et que des aptitudes diverses des populations résultent,
nécessairement, des goùts et des besoins différents ?
Oserai-je, devant un grand nombre d'auditeurs intéressés, ten·
te.r l'application de cette vérité à notre sol natal? Permettez-moi
de l'essayer, car si l'amour de l'impartiaLité et l'habitude des re-·
cherches qui appartient au professorat médical peuvent empêcher les illusions de l'orgueil, lorsque l'on tente de suivre le
précepte antique de se connaitre soi-même, à plus forte raison,
peut-on espérer de se préserver de l'erreur lorsque, au point de
vue physiologique et psychologique, l'on veut rechercher les traits
qui caractérisent l'esprit ou le génie propre à toute forte nation,
ou à l'une des parties importantes de son territoire.
L'esprit, dans les contrées qui furent la Lorraine, diffère, réel·
lement, du génie spécial aux: régions qui nous entourent, et il ne
faut pas être un observateur bien atténtif pour se convaincre
qu'il constitue une forme particulière de l'intelligence, placée,
comme transition, entre les formes que l'on rencontre au midi, et
celles qui dominent dans les contrées du nord. Cet esprit impropre, en général, à produire les brillantes et rapides .étincelles de
la pensée, qui, trop souvent, trompent l'OI·eille, comme l'œil du
voyageur est égaré par les lueurs fugitives, émanées des terrains
sans consistance, parfois pernicieux: et que la culture fait disparaître de jour en jour; ne se berce point, non plus, dans les rêveries qui semblent les produits de cerveaux souffrants, quand
elles ne sont point régularisées par une intelligence supérieure et
ramenées par elle à la réalité que le sens humain général a re·
connue. Identifié avec les sentiments les p1us vifs du cœur, mais
dont l'expression est toujours maintenue en de sages et fermes
limites, dirigé, sans cesse, par le mâle sentiment du devoir et de
la moralité, cet esprit me paraît, parmi les nombreuses définitions,
mériter celle de raison enjouée qu'a formulée M. Ampère.
�.N'est-ce point ce tempéràment particulier de l'esprit, dont la
ftoideur apparente donne la certitude de la sûreté et de la durée
des rapports sociaux, qui est l'origine d'une· certaine défiance, à
J'occasion de succès trop subits,. et de cette aspiration constante.
vers ce qui est vérité,. vers ce qui est hien et. vers ce qui est
beau, .à laquelle nous devons rapporter la naissance de toutes les.
associations littéraires, scientifiques, et artistiques,. et de ces
saignements nombreux et divers qui, dans nos contrées, ont établi
un trait d'union entre le passé éloigné de plus d'un
·
et un avènir devenu, en ce moment même, en partie, le présent.
N'est-ce point cette forme spéciale de Vintelligence qui a motivé.
cette aHianc.e heureuse, et toujours subsistante entre les esprits distingués, pour repousser la tendance contagieuse à se priver des
plaisirs de l'esprit et à remplacer ces nob1es, pures et saines jouissauces par des plaisirs plus sensuels, par le confortable sans distinction et par le luxe inintelligent. Doit-on s'étonner du désir ardent de
voir se rouvrir un sanctuaire des lettres dans un pays où chacun
connait les vers de Gilbert, dans une contrée où des élèves de
Itlichel Ange doivent à leur ciseau une immense renommée, et
qui fut la patrie de ce gt·and paysagiste, dont le nolll a été changé,
par le monde entier, en celui du Lorrain. Doit-on être surpris de
la noble ambition d'ajouter de nouvelles
scientifiques
aux travaux sérieux et utiles qui rappellent bmt de noms de
savants dont ]a liste ouverte, depuis bientôt frois siècles, par le
nom de Charles Le Pois se termine, aujourd?hui, par celui de.
M. Alexandre de
Pour ne point sortir de l'objet de cette,
cérémonie, destinée aux lettres et aux sciences;,je n'évoquerai
point les souvenirs qui, parmi nous, s'attachent, aussi, a.ux études
théologiques, ct aux études du
illustrées, de nos jours, par
des noms prononcés dans une solennité toute récente et qui
vibrent encore à nos oreilles charmées (2).
L'Ecole de médecine, vous le savez, Messieurs, s'est associée,
constamment, aux efforts que je viens de rappeler et dans ces der.,.
nières années elle a, volontairement, ajouté à ses travaux une
partie de l'enseignement d'une Faculté des Sciences dont elle
cherchait, ainsi, à préparer la venue.
Mais nous devons l'avouer, dans celte lutte de toutes les corn ..
�o2
;p·agnies et de lous les èorps savants, pout con$erver intacles de
recommandables traditions locales, pour satis-faire aux périlleuses
exigences du moment, tout en se préoccupant des succès futurs,
les travailleurs ressemblaient à une troupe peu nombreuse, se
tenant constamment sur la défensive, réparant; sans cesse, des
brèches incessamment reproduites, changeant d'armes et de but,
et se portant, sans relâche, d'un point à un autre pour ne céder
nullè. part. Désormais les conditions du· combat seront changées;
grâce à l'arrivée de puissants auxiliaires dont noils saluons la
venue avec bonheur, et avec l'espérance que l'affection· se joindra, bientôt, à l'estime et à Ia sympathie qu'ils ont déjà inspirée;
Tandis que l'une de nos Facnltés aidera lès littérateurs à sur..:.
monter les obstacles dans la route qu'ils ont déjà suivie, l'autre
affermira le drapeau de la science que l'Ecole de médecine a
.atboré et qui a couvert ses récents succès.
L'initiation d'une nombreuse jeunesse àux secrets des d·écouvertes scientifiques n'est pas Punique service que la Faculté est·.
appelée à rendre parmi nous. Le décret du 6 décembre f 854
qu'il ne faut pas séparer du décret du
aoitt, en réorganisant l'Ecole de médecine détermine entre elle et la F acuité une
fusion tellement intime que les deux enseignements, n'offriront
plus, en !J.Uelque sorte, à nos élèves qu'un seul· et vaste pro·
gramme d'études, au lieu de deux programmes ordinairement
séparés. Le doyen de la Faculté des Sciences a, tout à l'heure,
des- faits dont je ne dois plus répéter les détails; mais je
ne puis passer sous silence les conséquences sérieuses d'une
transformation qui, sanctionnée depuis hier par l'Empereur, a
placé l'Ecole de Nancy dans les conditions·heureuses, et enc-ore
exceptionnelles, où se trouvent, depuis peu; les Écoles de Lyon
et de Bordeaux. Cette transformation permettra le développement
de plusieurs de nos cours et la création de sources nouveUes. d'instruction pratique, par suite de la cession d'une partie de l'enseignementscientifique faite aux professeurs de la Faculté devenus,
ainsi, de nouveaux collaborateurs de l'E11ole de médecine, au
moment où Je décret qui a été lu tout à l'heuœ assure la valeur
et la continuité de ses travaux, en lui donnant le droit de porter
de dix à quinze le nombre de ses professt'urs (5).
�-
!)5
de nos cours ne subiront aucune modification.
Cinq cliniques seront ouvertes aux éléves cette année, comme
pendant les années précédentes, et huit autres cours seront destinés à l'anatomie théorique et pratique et à la physiologie, à la
pathologie chirurgicale et à la médecine opératoire, à la pathologie interne et aux accouchements. Les nouveaux résultats
décrétés en faveur des éléves seront dus à la transformation im.médiate de la chaire d'histoire naturelle et de matiére
et à celle de la chaire de chimie.
Dégagé d'une partie de ses devoirs, autrefois trop nombreux,
le professeur de matiére niédicale et de thérapeutique pourra
donner à son nouvel enseignement le développement et l'impor,tance que réclame un cours dans lequel le professeur, en faisant
connaître tous les produits qui sont convertis en remèdes, doit
développer l'intelligence de ses auditeurs, par des appréciations
de haute pratique, et par des considérations philosophiques, et
leur prouver que si la puissance du médecin peut être très-efficace dans la cure de certaines maladies, cette puissance a,
fois, des limites infranchissables, qu'elle doit être invoquée plus
rarement qu'on ne le croit, et, toujours, pour favoriser l'action
des lois qui régissent l'économie humaine, au même degré que les
lois qui président à l'ordre de l'Univers. Un de nos collègues, qui
s'est acquis une haute considération dans le cours de chimie,
devra à la modification de cé cours, transformé en chaire de toxicologie et de pharmacie, de pouvoir initier les élèves à ces études
sévères qui élèvent la médecine à la hauteur d'un tribunal sans
appel et qui, lors de débats solennels, font passer dans l'esprit
des jurés la conviction qu'elles ont inspirée à la conscience des
magistrats. Cette transformation de l'enseignement crée aussi un
cours nouveau de pharmacie, en faveur d'une catégorie nombreuse
d'élèves que le décret du 22 éloùt appelle, pendant plusieurs
années, dans les Ecoles de médecine, afin de faire participer,
désormais, tous les éléves en pharmacie, sans exception, aux
bienfaits de l'enseignement supérieur.
En remettant plusieurs parties de l'instruction scientifique aux
professeurs de la Faculté, l'Ecole ressent la satisfaction de voir
cet enseignement assuré, ct mis à l'abri de toute éventualité
�-
-
fâcheuse, parla libéralité de l'Etat répondant, ainsi, heureusement
au bien réalisé par le conseil municipal, et dont l'Ecolè de médecine aime a exprimer sa vive reconnaissance.
Si nos élèves ne peuvent guère concevoir l'espérance de s'occuper tous de l'objet du cours du, savant membre de l'Institut
qui nous préside aujourd'hui, ils devront tous assister, àssidûment, aux leçons de chimie, aux répétitions et aux manipulations qui doivent les faire fructifier; tous devront suivre Jes
herborisations et le cours d'histoire naturelle, que nous voyons,
avec plaisir, professé de nouveau par notre ancien Directeur,
et beaucoup d'entre eux iront chercher aux démonstrations de
' physique le complément de l'instruction déjà
dans les
lycées.
Beaucoup aussi, faime à le penser, puiseront, dans les divers
cours de la faculté des Lettres, une connaissance plus approfondie de l'histoire et des œuvres de l'antiquité et des temps modernes, aborderont sérieusement l'étude importante de la philosophie h·op négligée, et pourront, ainsi, perfectionner en eux, au
profit de leur existence entière, ce sentiment divin et poétique
de l'idéal qui empêche l'humanité de s'abaisser à la seule satisfaction de ses intérêts matériels, et qui, dans la littérature et
dans les sciences, comme dans les arts, élèv.e l'homme vers
Dieu, principe unique· et but unique de ses efforts.
Aujourd'hui, je ne vous retracerai pas les faits scolaires de
!1année qui vient de s'écouler. La proclamation des prix,. des
.mentions honorables et des résultats de plusieurs concours vous
prouvera que
les éleves ont mérité les récompenses .attribuées à l'assiduité et au travail, et j'ai hâte de vous signaler des
faits plus intéressants, parce qu'ils se rapportent aux services que
rEcole et ses élèves ont eu le bonheur de rendre à notre contrêe.
Lorsque les cit·constances politiques dans lesquelles le pays est
si noblement engagé, motivèrent le départ pour nos armées d'un
grand nombre de chirurgiens, dix de nos élèves furent chargés
par l'Intendance de remplacer nos confrères dans les hôpitaux
militaires. Mais c'est à l'occasion d'un malheur public que je dois,
surtout, vous signalerle dévouement que le .choléra a fait éclater
pàrmi nos élèves, au profit des malheureux. malades.
�Lorsque le fléau asiatique vint étendre ses ravages snr un grand
nombre de communes de notre département et des. déparlemélits
voisins, le personnel médical ne put suffire, pour porterpartout, et
au même instant, les secours qui étaient réclamés par des populations livrées à l'anxiété la plus vive.lli. le Préfet de la Meurthe et
les hauts fonctionnaires de la fi'Ioselle et de la Meuse, firent appel
à l'humanité des élèves de l'Ecolè de Nancy et leur confiance ne
fut pas trompée. Dans une seule matinée, presque tous les élèves,
dont le temps d'études offrait une garantie suffisante d'instruction,
se firent inscrire et je dus, à regret, éloigner de cette liste honorable les élèves, qui, trop nouveau-venus, n'avaient généreusement consulté que leur zèle. II fallait, en effet, présenter à la
confiance des populations, non-seulement des hommes capables
de formuler un bon avis, mais ayant en eux la puissance suffisante pour le faiJ·e exécuter sur le champ, et pour se créer,
scientifiquement, les protecteurs de plusieurs milliers de malades
qui, habituellement, reçoivent des soins de personnes très-honorables, mais étrangères à l'art médical, on qui sont dirigés par
tous ceux qui ont intérêt à profiter des erreurs de· jugement que ·
nous voyons se succéder sans relâche, sur tous les degrés de
l'échelle sociale, sans exception, comme paur prouver à l'homme
si vain de son intelligence, que cette intelligence n'arri\'e que
bien rarement à être complète. MM. les élèves, avant leur
missions, avaient étudié dans les cliniques tous les éléments connus de la question du choléra; ils partaient munis
d'instructions écrites, et, à leur départ, ils recevaient de plus
d'une bouche amie, les conseils qui pouvaient leur rendre moins
dangereux les divers écueils qui devaient, nécessairement, se
présenter, au début de leur pratique et au milieu de circonstances aussi exceptionnelles. 1\lais, du jour au lendemain, quelle
transformation devait s'opérer chez ces jeunes praticiens ! que de
nouvelles et rudes habitudes à contracter, sur le champ, dans
des localités ignorantes de tout bien-être, pauvres et d'autant
plus éprouvées ! que de fatigues du jour succédant, sans transition aucune, à la'vie calme des études! que de nuits consacrées.
aux nombreux actes du devoir, et au lieu de ce devoir sans
combat, et offrant un vif intérêt sans causer de fatigues, tel que
�les cliniques régulières des hôpitaux en offrent l'exewple journalier, que de discussions banales à subir, que de préjugés surprenants à surmonter, que de volontés inintelligentes à vaincre,
dans la seule vue de produire le bien ! Puis,- quel tris le spectacle
que celui d'assister, sans retraite possible, aux morts qui marquaient chaque heure ; et au milieu de ces efforts, soutenus non
pendant quelques jours, mais pendant plusieurs semaines, mais
pendant plus d'un mois, que d'illusions tombées à la lumière qui
venait, brusquement, 'éclairer les parties les plus cachées et les
moins nobles. du cœur humain ; que d'angoisses aussi, que de
chagrin, quand , après l'emploi des moyens qui paraissaient
avoir décidé les premiers succès, survenaient les revers qui révélaient 1'intensité de la cause du mal! Sans doute,
les élèves, vous que votre récente pratique vient de rapprocher
plus intimement encore de vos maîtres, par ce grave enseignement des faits sérieux que vous avez souvent dirigés, mais qui,
plus souvent, vous ont démontré l'impuissance de l'homme en
face des grands fléaux qu'il n'a pas eu la volonté ou la puissance d'éviter; sans nul doute, en écoutant les conseils que nous
formulions, d'une manière si positive, à votre départ, vous étiez
loin de supposer l'étendue de votre dévouement et quel serait le
poids de vos fatigues d'esprit et de vos fatigues physiques.
Aujourd'hui, vous comprenez combien vos professeurs devaient
vous suivre d'un œil inquiet et interroger tous vos actes pour
savoir si, à côté de votre science acquise, se trouveraient les
qualités du caractère qui devaient la rendre féconde, et le 'ressort
de l'âme qui permet de dominer les situations; pour savoir éga ..
lement si votre organisation physique aurait la trempe suf.fisanle
pour résister aux fatigues que plusieurs années de noviciat ne
font point toujours surmonter.
A mon premier appel, vos familles vous avaient envoyés, sans
hésitation, des extrémités de départements voisins, souvent même
sans connaître les localités qui devaient être le théâtre de vos
généreux efforts. Plusieurs. d'entre vous partaient, bien plus
souffrants que certains malades dont ils allaient relever le moral,
et quelques autres, forcés, au milieu de leur mission, de s'avouer
vaincus par la maladie, quittaient, après quelques heures ou
�n7
après quelques jours, leur lit de malade et retom:naienLàleur
poste si honorable, mais si périlleux. Vous ne doutez pas, aujourd'hui, de la secrète anxiété que nous éprouvions, en nous demandant, tout bas, si tous vous reviendriez de cette véritable campagne,
où par ces sentiments du devoir qui, en ce moment, unissent,
d'une extrémité de l'Europe à l'autre, tous ·les cœurs français, et
par des efforts moins brillants mais tout aussi patriotiques, vous
alliez vous associet· aux héroïques faits d'armes et aux nobles
actions de la chirurgie militaire de notre armée d'Orient.
Grâce à Dieu, votre dévouement n'a point coûté de larmes,
et cependant le succès de vingt-sept missions officielles a été
aussi complet que la nature grave et exceptionnelle des choses
permettait de l'espérer (4).
Je ne puis, Messieurs les élèves, citer ici vos noms, car j'ai
trop à dire à votre louange. Vous connaissez déjà la haute opinion que vos actes ont inspirée à vos professeurs; mais vous
ignorez encore combien votre tact, votre intelligence, votre dévouement, et je dois ajouter votre courage et votre- désintéressement, ont été appréciés des populations auxquelles vous avez, si
rapidement, apporté confiance, espoir et secours. De toutes parts,
des expressions de vive reconnaissance me sont parvenues. Les
administrateurs de tous ordres ont signalé combien votre présence au milieu de leurs administrés, laisserait de longs et honorables souvenirs. De hauts fonctionnaires se sont fait un devoir,
je cite ici leurs termes, de m'adresser des remercîments et de me
faire connaître leur entière satisfaction de vos bons services. Les
administrateurs de nos hôpitaux se sont associés à ces démonstrations, et M. le Préfet de la Meurthe s'est plu, dans un rapport
général, à exprimer tous les sentiments que votre dévouement a
fait naître en lui.
Le Gouvernement, je n'en doute point, ne laissera pas ces services sans récompenses, et, déjà, des propositions ont été transmises à S. Exc. le Ministre de l'instruction publique et à S. Exc.
le lUinistre de l'agriculture et du commerce. 1\:lais, Messieurs les
élèves, ce serait abaisser le carac(ère de votre mission, pendi}nt
l'épidémie du choléra, que de chercher à l'apprécier par une
énumération de récompenses officielles. Vous a vez. trouvé, dans
�-
;ss
votre conscience, la vraie récompense dè l'honnête homme, de
l'homme de bien, et la seule qui, dans cette carrière où vous .êtes
entrés déjà avec honneur, doit être l'unique mobile de tous vos
actes.
�NOTES.
(1) Lettre, en date du !i octobre 18!i4, de Son Excellence le Ministre de l'Instruction publiquè et des Cultes, à 1\1. Bérard, Inspecteur général de l'ordre de la
médecine.
(2) De l'influence des étndes théoriques sur l'application des lois et la pratique des
affaires. Discours prononcé, le 5 novembre 18114, à l'audience de rentrée de la Cour
impériale de Nancy, par l\1. Saudbreuil, avocat général.
(5) Voici l'indication des diverses formes de l'enseignement médical qui ont succédé à la chute des Universités provinciales frappées, comme tous les corps enscignants, par le décret rendu, le 18 août 1792, par l'Assemblée nationale.
1re FORME. Enseignement libre. Professorat volontaire. Traitement des professeurs constitué par les élèves. Diversité extrême dans les matières enseignées sans
contrôle. Plus tard certificats de scolarité admis par le gouvernement, non-seulement pour ces associations enseignantes, mais aussi pour l'enseignement donné par
tout docteur eu médecine. Ledécretdu22 août, 18!i4 a seul aboli les certificats de scolarité particulière que tout candidat au titre d'officier de santé pouvait utiliser devant
les jurys dont la mission est terminée depuis la fin de septembre 18!i4. L'enseignement libre s'éleva, à Nancy, presque immédiatement après la chute de la Faculté de
medecine, du collége de médecine et du collége de chirurgie.
,
2• FORME. Ecole secondai1·ede médecine. Professeurs choisis par le Ministre de
l'Instruction publique. Traitement des professeurs reposant encore sur le produit
des inscriptions dont la date et le nombre sont déterminés. Budget des cours assuré
par un vote de 1,000 fr., formulé par le Conseil municipal de la ville ou siége l'é-
�cole, ou par le Conseil général du département, ou par la Commission des hôpitaux
civils. Temps de scolarité ayant la valeur des deux tiers dn temps réel, mais obligation pour les élèves passant dans les facultés de donner une seconde fois les sommes déjà versées par eux aux écoles secondaires. En :185/î, l'Etat abolit ces doubles
frais de scolarité et depuis il a tenu compte à l'élève de toute somme versée.
gnement libre d'Amiens fut transformé le premier en 1806 ; celui de Nancy fut modifié Je dernier et ne prit rang dans l'Université qu'en 1822.
5• FORME. Ecoles préparatoires de médecine et de phctrmacie, Le chiffre des professeurs des écoles secondaires transformées en écoles préparatoires, à partir de 18t.O,
est porté de 6 à 10, non compris des attachés. Le traitement des professeurs est .assuré. Le budget ne peut s'abaisser au-dessous d'un minimum de 15,000 fr. Les
deux premières années d'études ont la valeur du temps passé dans les Facultés. L'école de Nancy est transformée l'avant-dernière, en 1845. Reims vient après. Orléans succombe. Quelques écoles préparatoires sont créées directement. En 18155,
il ne restait plus à transformer aucune des i8 écoles secondaires primitives; il
existait alors 21 écoles préparatoires.
Le décret du 22 août18rl& confère aux écoles préparatoires le droit de réceplion
des officiers de s.anté, des pharmaciens de deuxième classe, ùes
et
des herboristes du deuxième degré.
4'
La création des 16 centres littéraires et sdentifiques permet la création d'un type nouveau. Fusion de l'enseignement de la Faculté des sciences avec
l'enseignement medical, au profit des élèves. N01nbre des professeurs porté dans
l'Ecole de médecine de lO à Hi, plus les attachés. Budget élevé de 15,000 à 17,000
fr. Développement de l'enseignement médical. L'Ecole de Lyon reçoit la nouvelle
organisation le 15 août; Bordeaux, le 10 octobre et Nancy le 6 décembre 18lî4.
(4)
des missions confiées, en 18154, dans trois départements, aux élèves
de l'École de médecine, à l'occasion de l'épidémie du choléra, et dans les hôpitaux
8
militaires de la u division.
1°
MISSIO:-IS DONNÉES l'ENDANT LE CHOLÉI\A,
Voici par ordre alphabétique l'indication des localités où les élè1·es ont été envoyés
et celle du nom de ces élèves.
Département de la lfleurthe.
1\fl\J.
Allain-aux· Bœufs ....•..... ·.•.•.••••.•.•••.•.•• Bloch.
"Barbonville •••••..•••.••••.•.••••••••••••.•.• Bernard.
Blénoll-lcs-Toul .•••••••••••..••••••..••••.•••• Pommier.
�61
Bouzanville •.•.•.••••••.•.•. ; •.•.•...•. • •.•.•.
Champenoux. • . . . . • • . • . • . . . . . • . • • • • • • . . . • . • . •
Crépey ..•.••••.•.•.•.........•..•••..•.••.••
Choloy et Domgermain ...••......••••..•.•._. . . .
Fécocourt ••••.••••..•. ; ...•.•.•.•••........•
l\Jl\1.
Thiébaull.
Arnould.
Saiotin.
Douillat.
Kuhn.
Foug •• • . • · • .. · • · ..• · . · .• · .. · • · • · • ...•..••..
Freuard .• · •.....•..•..•.• · .•............. , ••
Germonville •••.••..• · .•.••••••••.••.•.••..•••
Gondreville. . • • . . • . . . . . • • • . . • . . • . • • . . . • • • • • • .
Lenoncourt •••. ·• • • . • • . . • • . . • • • . • . • . . • • • • • . •
Morey ..•..•.......•....••...•..•.•.•••.•.••
Ochey. • • . • . . . . • • . . . . • • . . . . • . . . . • . • . . . • . • • . •
Pulney. • • • . • • . . • • • • • . . • • • • . . • . . • • • • . • • . . • . .
Saizerais. • • . • . • • . • . . • . • . • . . . • . . . . . . . • • • • • • . •
Saint-Firmin ••••..••...•••..•..•...•.• ;.·; ...•
Vaudeville ••••••.•..•••••.•••.•.•.••.•.••.•••
Velaine-sous-Amance ..••....•.........••.•.•..•
Xirocourt. • • • . • • . . . • . • • . . . . . • . . . • • . . • • . . • . . .
Durand.
Chrétien.
llfinct.
Arnould.
Il.oùinol.
Chaudron •.
Tincelin.
Navarre.
Joyeux.
Pommier.
Arnould.
Il.ousselot.
Ilemelot.
Manson.
a conservé, pendant
A Nancy,
les vacances, six eleves de serVIce.. . • . . . . . . . . • • . . . Thiery.
\
,
Bouchon.
\ Bernard.
j
Départeme11t de la JJleuse.
Bar-le-Duc ...•..••..........•......••...•.•. Vasseur.
( Kuhn (Philippe).
Commercy. • • • . . • . . . • • . . . . . . • • . . • . • . • . • . . • . • Lepage.
Dépnrlemcnt de la !floselle.
Aumetz .••....•.•.•.•••......••.••....•..•.. Magot.
Ars-sur-Moselle. . . . • • . • • • . • . . • . . • . • • . • . . • . . • . . Christophe.
Dans les Vosges el dans la Haule·Marne, tr()ÎS élèvrs IPlumerel.
ont apporté égalcm_ent leur concours,
avoir reçu de
mission spéciale .•••••.•.•••....•..•••.•••.•••• (Bailly.
�62
2•
FONCTIONS CONFIÉES DANS-LA
l$e
DIVISION MILITAIRE.
1\IM.
Hô pilai militaire de Nancy. , • . . . • • • • • • • • • • • • . • • • • Pirou x.
.
.
.
• a
Fonctions d' ai'd e-maJor pres 1 garmson de Marsa1. • • • •
Th<
magot.
1\forel.
Tbiébault.
Hôpital militaire de 1\lelz. • • . . • • • • • . • • .. • • • • • • • • • • Margot.
Parant.
Chriotophe.
Hôpital militaire de Sarreguemines •••••••••••.••••• Vasseur.
Hôpital militaire de Thionville .• ,................. Saintin.
�PROCLAMATION
DES
PRIX ET MENTIONS HONORABLES
ET
DES RÉSULTATS DES CONCOURS.
Les professeurs de l'Ecole, réunis en conseille 1er et le 25 octobre 1854, ont décerné, dans l'ordre suivant, les récompenses .
annuelles.
·
PRIX ET MENTIONS HONORABLES.
1° ÉLÈVES EN MÉDEGINE.
PREl\HÈRE ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix unique.
M. FoRGEOT (Alfred), de Vignory
ANNÉE D'ÉTUDES.
Pt·ix.
J.\11. BAILLY (Jules), de Bleurville (Vosges).
JJ!ention honorable.
M. BRoCARD (Valentin), de Rogéville (Meurthe).
TROISIÈME ANNÉE D'ÉTUDES •.
!J!ention honorable.
M. DOUILLAT (Henry), de ]l[ailJy (1\{arne) •.
).
�.
.
PRIX SPÉCIAL POUR LA RÉDACTION. DES OBSERVATIONS.
}!. DoUILLAT (Henry).
JJ1enliom; honorables.
(Henry), de Bulgnéville (Vosges).
BLoCH (Emmanuel), de .Melzenvisse {1\'foselle).
2" ÉLÈVES EN PHARMACIE .
.Mention honorable.
BnÉJARD
(Alexandre), de Tanconville (1\'Ieurthe ).
RÉSULTAT DES CONCOURS.
Le concours pour la place de préparateur-aide du cours d'anatomie a eu lieu le 10 novembre 18!>4.
M. BoucHoN (Nicolas), de Nancy, a été nommé pJéparateuraide.
Le concours pour la place d'aide du cours de médecine opératoire et de dèligation chirurgicale a eu lieu le 14 novembre
18!>4.
M. CHRÉTIEN (François), de Lunéville, a été nommé aide de ces
cours.
4.-
Le concours pour la place de préparateur-aide de toxicologie
et de pharmacie, et pour la place de préparateur-aide de matière
médicale a eu lieu le 21 novembre 1854.
M •. CAsTEL, de Nancy, a été nommé préparateur-aide de toxicologie et de pharmflcie.
M. LEMERCIER, d'Epernay, a été nommé préparateur-aide du
cours de matière médicale.
�
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Title
A name given to the resource
1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Description
An account of the resource
<p>SOMMAIRE</p>
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
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519d3c71ee6a004aacf70de86ebfca29
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
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constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
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relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
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"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��DÉCRETS
ET
ARRÊTÉS MINISTÉRIELS,
RELATIFS A t'ORGANISATION DES
FACULTÉS ET DE L'ÉCOLE PRf:PARATOIRE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE.
FACULTÉ DES SCIENCES.
DÊCRET.
NAPOLÉON, PAR LA GIIACE DE
EMPEREUR DES FRANÇAIS,
DIEU JlT
LA VOLONTE NATIONALE,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire
au département de
l'Instruction publique et des Cultes.
Vu le décret du 9 mars 1852 ;
Vu l'article 2 et l'article 6 du décret du 22 août 1854, sur l'organisation des Académies ;
·
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
ARTICLE PREMIER.
Sont nommés à la Faculté des Sciences de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de' mathématiques pures et appliquées, M. FAn, membre
de l'Institut, recteur de l'Académie de Nancy;
�10 Professeur de physique, M. SEGUIN, docteur. ès'-sciences, professeur
de physique au L:ycée de Caen ;
Professeur de chimie, M. NICKLÈS, docteur ès-sciences;
Professeur d'histoire naturelle, M. GoDRON, docteur ès-sciences, àncien recteur de l'Académie départementale du Doubs.
2.
ARTICLE
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction
publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 29 novembre 1854.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
au
Le Ministre Secrétaire d'État
département de l'Instruction
publique et des Cultes.
Signé: H.
FoRTOUt.
Pour extrait :
Le chef du Secrétariat"
Signé:
CnARLES FonTOUL.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÊTÉ.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852;
Vu le décret du 22 août 1854, sur l'organisation des Académies;
Vu le décret du 29 novembre 1854;
AmttTE;
ARTICLE PREl\UER.
M. GoDRON , ancien recteur, professeur d'histoire naturelle à la
Faculté des Sciences de Nancy, est nommé 'Doyen de ladite Faéulté.
�. ARTICLE 2.
' .M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 30 novembre 1854.
Signé.: H. Fonrout.
Pour extrait:
Le chef du Secrétariat,
Signé: CHARLES FoRTOUL.
FACULTÊ DES LETTRES.
DÉCRET.
NAPOLÉON, ru LA GRACE DE Dnm
EMPEREUR DES FRANÇAIS.
ET
LA voLoN'r:t'i NATIONALE,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
l'Instruction publique et des Cultes ;
Vu le décret du 9 mars 1852;
Vu l'article 2 et l'article 6,du décret du 22 août 18o4, sur l'organisation des Académies;
Avons décrété et décrétons ce qui suit
ARTICLE PREMIER.
Sont nommés :
A la Faculté des Lettres de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de philosophie, 1\L LEvtQUE, docteur ès-lettres, ancien
membre de l'École d'Athènes, chargé de la chaire de philosophie à la
Faculté des Lettres de Besançon ;·
Professeur de littérature ancienne, M. Em. BuRNOUF, docteur èslettres, ancien membre de l'École d'Athènes, professeur de logique au
Lycée Impérial de :foulouse ;
Professeur de littérature française, M. Ch. BENOIT, docteur ès-lèttres,
�-
12 •..:...
ancien· membre de l'É()ole d'Athènes, agrégé de la·· Faculté des Lettres
de Paris, maître de conférences à l'École normale supérieure;
Professeur d'histoire,M. LAcnmx, docteur ès-lettres, ancien membre
de l'École d'Athènes, ancien proviseui· du Lycée Impérial de Nantes.
ARTICLE.
2.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instructiôn
publique et des Culte.s est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 10 octobre 1.854.
Signé: NAPOLÉON.
Par .l'Empereur:
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l' /nstructim'll
publique et des
Signé: H.
FoRTOUL.
Pour extrait :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÈTÉS.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes;
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852;
Vu l'article 2 et l'article 9 du décret du 22 août t8o4, sur l'organisation des Académies ;
AutTE:
ARTICLE PREMIER.
M. MJlziÈli.Es, docteur ès-lettres, ancien membre de l'École d'Athènes, .
professeur de rhétorique au Lycée Impérial de Toulouse, est chargé de
la chairtr de littérature étrangère, à la Faculté des Lettres de Nancy
(Faculté nouvelle).
�-
15
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le iO octobre !854.
Signe: H.
FoRTouL.
Pour amplialion :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du decret du 9 mars i8o2 ;
Vu l'article 2 du décret du 22 août !854, sur l'organisation des
Académies;
Vu le décret du f.O octobre !8o4;
ARRtTJ!:
ARTICLI! PREMIER.
M. Cn. BEN()IT, professeur·· de littérature française à la Faculté des
Lettres de Nancy, est nommé Doyen de ladite Faculté.
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le iO octobre !854.
Signé: H.
FoRTOUL.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétan'at,
Signé: P.
CoLLIN•
�f4
-
PRÉPARATOIRE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE.
DÉCRET..
NAPOLÉON,
PAR
u
GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ NATIOl'UJ,E,
EMPEREUR DES FRANÇAIS,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
l'Instruction publique et des Cultes ;
Vu les ordonnances des 13 octobre 1840,12 mars et 18avril1841;
Vu l'ordonnance du 17 octobre 1843, qui constitue l'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy ;
Vu la délibération du Conseil impérial de l'instruction publique, en
date du 11 juillet 181>4 ;
Vu les décrets du !3 aoîtt et 10 octobre !854, qui ont réorganisé les
Écoles préparatoires de médecine et de pharmacie de Lyon et de Bordeaux;
Vu le décretdu 29 novembre !854 qui organise le personnel de la
Faculté des Sciences de Nancy;
A vons décrété et décrétons
qui suit :
ARTICLE PREMIER.
L'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy est
réorganisée de la manière suivante :
L'enseignement comprendra :
1o Anatomie et Physiologie;
2• Pathologie externe et Médecine opératoire ;
3• Clinique externe;
4° Pathologie interne ;
5° Clinique intenie;
'6• Accouchements1 maladies des feinmes et des enfants;
7° Matière médicale et Thérapeutique;
8° Pharmacie et notions de Toxicologie.
Ces chaires sont confiées à huit professeurs titulaires.
ARTICLE 2.
Le nombre des pr.ofesseurs adjoints de ladite école est fixé à trois qui
5eront attachés :
A la chaire de clinique externe;
�Hi
A la chaire de clinique interne ;
A la chaire d'anatomie et physiologie.
ARTICLE
3.
Le nombre des professeurs suppléants est de quatre, qui seront attachés :
Aux chaires de médecine proprement dite ;
Aux chaires de chirurgie et d'accouchements ;
A la chaire d'anatomie et physiologie ;
Aux chairfls de matière médicale, thérapeutique, pharmacie
et toxicologie.
ARTICLE
4.
Il est également attaché à l'École préparatoire de médecine et de
pharmacie de Nancy :
Un chef des travaux anatomiques;
Un prosecteur ;
Un préparateur de pharmacie et toxicologie.
ARTICLE
5.
Il ne sera pourvu définitivement aux diverses fonctions instituées par
le présent décret, qu'au fur et à mesure que la ville de Nancy aura
assuré, par un vote du Conseil municipal, les fonds nécessaires.
ARTICLE
6.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 6 décembre 1854.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur !
Le Ministre Sec1·étaire d'État au département de l'Instruction
publique et des Cultes,
Signé : H. Foarout.
Pour ampliation :
Le chèf du Secrétariat,
Signé : CHARLES FoRTOUL.
�-
1.6
..,....,
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. ET DES CULTES.
ARRtTÉS.·
Le Ministre Secrétaire d'État au département de
et des Cultes,
publique
Vu l'ordonnance du l3 octobre !840 relative aux Éooles prép:tratoires
de Médecine et de Pharmacie ;
Vu le décret impérial, èn date de ce jour, qui réorganise l'Éoole préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
AnntTE:
Sont nommés à l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de
Nancy,
Professeurs titulaires des chaires suivantes, savoir :
Anatomie et Physiologie.
M. Léon PAJnsoT;
Clinique externe.
M. Edmond SIMONIN.
Cliniqueinterne.
M. Victor PARISOT.
Accouchements, maladies des femmes et des
enfants.
M. Rouss11L.
Matière· médicale et Thérapeutique.
M. LAURENS.
M. BLONDLOT.
Pharmacie et notions de Toxicologie.
ARTICLE 2.
Sont nommés professeurs adjoints chargés des cours suivants, savoir:
Pathologie externe et Médecine opératoire.
M. BËCHET •
. Pathologie interne.
M. DEMANGE.
ARTICLE 3.
Sont nommés :
Professeur suppléant.
Chef des travaux anatomiques.
M. GuNDJEA.N.
M. PoiNcnn.
ARTICJ..ll 4.
M. Edmond StMONIN, professeur de clinique externe, est nommé Directeur de l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
�17
A,ll.TICLE
5.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de i'exécution du
présent arrêté.
Paris, le 6 décembre !854.
Signé : H. FoRTouL.
Pour ampliation ;
Le chef du Secrétariat,
Signé : CiiARLEs FontouL.
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction publique
et des Cultes.
,:"
ARTICLE
M. Victor PARisoT, professeur de Clinique interne, à l'École
ratoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy, est nommé Officier de .
t'Instruction publique.
ARTICLE 2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Faità Paris, le 6 décembre 1854.
Sz"gné: H.
FmtTOUL.
Ponr ampliation :
Le elie{ du Secrétariat,
Signé :
CHARI.JlS FOitTOUL.
SECRÉTAIRE AGENT cmtPTABLE.
Le Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'Instruction publique
et
Cultes,
Vu le décret du 22 août !804, sur le régime des établissements d'enseignement supérieur ;
Vu l'arrêté du 24 août 1854 ;·
�t8
ARJJ.tlTE:
.A.RTICLE l'Jil!MIER.
Sont nommés secrétaires agents comptables près les nouvelles Fa'"
cultés des Sciences et des Lettres des Académies dénommées
savoir:
Académie de Nancy.- M; GENGEMBRE, ancien secrétaire de l'Académie départementale de Seine-et-Marne (fonction nouvelle).
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 3:1 octobre 1804.
Signé: H. Fon·rouL.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
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Language
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fr
Type
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publication en série imprimée
Coverage
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
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c13095116d3f09e94bb6c90fa6e461f7
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constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
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!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
l'!foNSt:IGNIWR,
MESSIEURS,
Il y a moins d'tm siècle, Nancy possédait presque· toutes les
institutions nécessaires à la vie des capitales : comme tant d'au;..
tres centres de ces nationalités diverses, dont l'heureuse fusion
a constitué la France actuelle, Nancy a perdu d'un seul coup,
par la révolution, ces précieux élémeqts · de sa grandeur. Le
gouvernement lui .rend aujol1rd'hu1 tout ce qui peut assurer à
une gt·ande ville, centre d'une g•·ande province, la prépondé..;
rance otl même la souveraineté locale dans l'ordre de l'enseignement.
Naguère le rectorat de Nancy était restreint au seul département de la Meurthe: il corn prend aujourd'hui la Lorraine entière.
Naguère Nancy ne possédait aucune juridiction universitaire, et
pour que titres ou diplômes de toute espèce y fussent conférés, il
fallait que des commissions formées au loin y vinssent siéger en
étrangères, et rendre passagérewent leurs atTêts. Aujourd'hui le
gouvernement réorganise l'excellente Ecole de médecine que vous
possédiez; il lui confère de nouveaux privilèges, et ilne tiendra
qu'à vous, désormais, de la maintenir au rang des premières Ecoles
de l'Empit·e ; bien plus, il érige à Nancy une Faculté des sciences
et une Faculté des lettres: c'est presque dire une Université.
�-
_:
Quelle est la signification de ces actes réparateurs? Y verrez•
vous un simple revirt)ment des choses d'ici-bas, lesquelles semblent procéder par oscillations successives, allant toujours, en
apparence du moins et pour l'observateur superficiel, d'un excès
à l'autre, de la faute à la réparation, et quelquefois outrant tout,
même la réparation ?
Non,
il y a là un sens plus profond. D'ailleurs cet
acte n'est point un fait isolé dans le pays; il se rattache à tm ensemble de réformes dont il nous faut rechercher la valeur et la
portée, afin de pouvoir mesurer, nous, l'étendue des devoirs,
vous, Messieurs, celle de la reconnaissance.
La révolution est close aujourd'hui, de par la volonté trois
fois exprimée de la nation entière. Son œuvre exigeait, vous Je
savez, la plus vaste concentration qui ait jamais été tentée. Toutes
les forces vives du pays se portèrent vers un seul point, de même
que, dans l'homme, à l'instant suprême du péril et d'tm grand
effort, le sang reflue au cœur ou remonte au cerveau. L'erreur,
diso_ns plutôt le malheur des quarante dernières années, c'est
d'avoir voulu maintenir cette tension de tous les ressorts, cette
concentration anormale de toutes les ressources, cet appel dan- .
geretix vers une même ville de toutes les énergies, de toutes les
ambitions. Aussi devait•on croire que la révolution durait toujours,
suivant un mot célébre que citait récemment, dans une autre
€
nceinte (1), un orateur dont la parole élevée a laissé une vive impression dans nos esprits : mais, au fond, elle ne durait ql!e
parce qu'on en maintenait obstinément la forme et l'effrayante
organisation. Qu'en est-il résulté, Messieurs ? Ces forces, réunies
pour une œuvre depuis longtemps achevée, out fonctionné dans
le vide, et, comme pour ·avoh· quelque chose à faire, deux fois
les rouages de l'énorme machine ont broyé le mécanicien. De
même encore, dans l'homme donlje pal'lais tout à l'heure, si le
sang, qui afflue vers le
en quadrupler un instant
la puissance, reste-là, l'organisme tombe bientôt foudroyé par
l'apoplexiè.
(t) Séance de rentrée de la Cour Impériale de Nancy.
�-
21
Tout au contraire, Messieurs, le Pouvoir normal que la France
s'est enfin donné, et cette fois en pleine connaissance de cause,
le Pouvoir veut rendre à son tour à la
en pleine liberté de
nation sa vie régulière et son développement normal. Il ne réagit
point aveuglément contre le passé ; il ne décentralise pointjusqu'au morcellement; il se garde bien d'amoindrir Paris, cette tête
et ce cœur de la France; - mais il reconnait que le temps est
venu où les éléments originaux de la nation doivent se développer
désormais suivant leurs aptitudes caractéristiques, et où chaque
province doit au moins retrouver sur son propre sol les sources
si longtemps taries de sa vie intellectuelle.
Aussi, quand les délégués de vos principales villes allèrent plaider auprès de l'Empereur et de son Ministre la cause de la Lorraine, il leur a suffi, pour réussir, de montrer que cette noble
province a en France, elle aussi, plus que tout autre peut-être,
son esprit et son caractère particuliers, ses tendances propres
trop longtemps annihilées, son rôle à part, sa mission, si j'ose
m'exprimer ainsi; il leur a suffi enfin d'invoquer son droit historique que la révolution avait suspendu, mais non pas abrogé.
L'Empereur a fait droit à vos demandes, 1\'lessieurs; désormais
la Lorraine a une place et un rôle dans la vaste réorganisation de
l'enseignement public,. par laquelle un .Ministre éminent a. su,
dans sa sphère d'activité, traduire en faits et en institutions celte
pensée généreuse de notre Empereur, de faire produire à la
France toutes les grandes choses dont elle porte le germe, afin
de lui rendre dans le monde le rang qui lui appartient. '
C'est à vous maintenant, Messieurs, d'appuyer cette œuvre
réparatrice, disons mieux, cette œuvre d'avenir. C'est à vous de
faire comprendre à vos concitoyens la valeur pratique des institutions nouvelles, et de guider vers nos chaires cette jeunesse
lorraine qui sait si bien s'ouvrir toutes les .carrières à force de
travail et d'intelligence, mais que l'on condamnait à émigrer, en
quelque sorte, pour compléter son éducation et conquérir les grades ou les diplômes dont l'Etat fait sa première garantie. Alors
se
vous verrez un esprit public plein de séve et
tituer peu à peu au milieu de vous, for!J)ant son caractère moral
sur celui de la province,
cesser d'être éminemment français;
�alors tout ce
y a de noble, d'élevé, de vrai
dès
tions restées jusqu'ici individuelles, trouvera son écho au sein
d'une jeunesse généreuse et inte11igente, initiée sur son propre
sol, sous vos regards et votre tutelle, aux plus féconds enseignements des Lettres et des Sciences·. Plaise à Dieu que le foyer de
cette puissance intellectuelle exerce son attraction par delà nos
frontières, et qù·e vôtre Nancy, point de croisement de grandes
voies de communication, placé près des limites de la France et
offrant cependant un type si français, devienne, comme autrefois,
le rendez-vous de la jeunesse allemande, désireuse de connaitre
le génie de notre pays et de s'en assimiler les ressources.
pour hien faire connaître la portée des institutions nouvelles, il ne suffit pas d'indiquer simplement, comme j'ai voulu
le fait·e, la pensée générale qui a· présidé à leur création. Il faut
encore exposer en détail leur but commun et surtout leurs moyens
d'action si variés, depuis l'enseignement qui imprime à l'intelligence un caractère d'humaine noblesse, jusqu,à celui qui enrichit
le pays d'une pépinière d'ingénieurs et rend la science, comme le
voulait Bacon, productrice d'utilité publique; depuis l'influence
des leçons et des conférences, jusqu'à l'autorité des arrêts que les
Facultés rertdent lorsque l'E!at les constitue en tribunal et leur
confère le droit d'ouvrir ou de .fermer les plus belles carrières.
je laisse ce soin aux interprètes naturels des deux Facultés
ct de l'Ecole de
aux hommes distingués que le choix
du Ministre a si heureusement placés à leur tête. Je ne revendique·
pour !eRecteur, que le privilège de remercier ici, au nom du Ministre, de l'Instruction pub1ique, la Municipalité de Nancy dont
le zèle ct le patriotisme éclairé ont si hien secondé les. vues dù
Gouvernement; je voudrais que la France entière sût par ma voix
ql1'aucun sacrifice ne lui parait trop lourd torsqu'il s'agit de doter
]es Facultés nouvelles d'une mallière digne de la Lorraine qui
les accueille avec tant ·d'empressement, et de l'Empereur qui les
a si gracieusement octroyées.
�
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A name given to the resource
1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
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Title
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Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy
Subject
The topic of the resource
Discours du Recteur
Creator
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FAYE, Hervé
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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publication en série imprimée
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
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91738aa2f7b1628812e375aff4945b86
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
"
Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
"
Ce" fichier" numérisé" est" le" fruit" d’un" travail" collaboratif" coordonné" par" le" Laboratoire"
d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
! Direction"de"la"Documentation"et"de"l’Edition"(Université"de"Lorraine)"
! Institut"François"Gény"(EA"7301"Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"des"Sciences"(Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"de"Droit"Sciences"économiques"et"gestion"de"Nancy"(Université"
de"Lorraine)"
! Maison"des"sciences"de"l’homme"Lorraine"(Université"de"Lorraine)"
! Bibliothèque!médiathèque"de"Nancy"
"
Cet"ouvrage"numérique"est"proposé"gratuitement"en"l’état."Sa"réutilisation,"sa"reproduction"
et"sa"rediffusion"sont"régies"par"la"Licence"Ouverte"/"Open"Licence"élaborée"par"la"mission"
Etalab" au" nom" du" gouvernement" français" (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence!
ouverte!open!licence!5899923.html)."
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Le"choix"a"été"fait"de"mettre"à"la"disposition"des"chercheurs"et"du"grand"public"l’intégralité"
des" volumes" conservés" pour" la" période" 1854!1939." Toutefois," les" volumes" les" plus" récents"
n’étant" pas" encore" tombés" dans" le" domaine" public," les" responsables" de" ce" site" web"
s’engagent"à"retirer"tout"document"faisant"l’objet"d’une"réclamation"d’un"auteur"ou"d’un"de"
ses"ayant!droits."
"
"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. GODRON, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
lUoNSIEUR
LE R.r;:crEuR,
MONSEIGNEUR,
MESSIEURS,
Si l'histoire des peuples est instructive; si leur$ institutions·
religieuses et civiles méritent une étude sérieuse; si enfin, les
actes par lesquels ils ont marqué leur existence, fournissent des
enseignements utiles, il en est de même des corps savants, et
leurs annales ne sant pas moins dignes d'intérêt. C'est que les
corps savants laissent également après eux des traces de leur
passage; leurs conquêtes, plus pacifiques, il est vrai, que celles
des peuples, n'en sont pas moins glorieuses, et, dans l'atmosphère
calme où ils se meuvent, ils exercent sur la civilisation une influence incontestable. Leur passé est de nature à nous éclairer et à
guider dans leur marche les institutions nouvelles, qui sont
lé es à recueillir et à étendre leur. héritage.
L'histoire des anciennes Universités serait éminemment propre
à nous donnel' ces enseignements, et je voudrais qu'il me fût
permis de tracer ici le tableau de }eur organisation, de suivre
avec vous les diverses phases qu'elles ont parcourues, d'énumérer
les découvertes précieuses dont elles ont successivement enrichi
les diverses branches des connaissances humaines, d'étudier enfin
leur action sur la marche de l'esprit humain et sur le développement de nos. institutions sociales.
�-
24 -
Mais celte tâche serait trop vaste, ét.c'est pQur moi une nécessité de me restreindre dans des limi.tes plus étroites. Je me
terai de vous rappeler, d'une manière générale, comment les
anciennes Universités ont préparé, peu à peu, les tendances qui
dominent dans nos sociétés modernes, et donné la première impulsion au mouvement scientifique qui nous entraîne et qui forme
le caractère le plus saillant de l'époque actuelle.
Au douzième siècle, les derniers représentants de la science
antique avaient disparu depuis longtemps de la chrétienté, et
c'est chez les Arabes que nous en retrouvons la tradition pendant
une longue période. Mais les croisades eurent pour effet de nous
initier aux connaissances que possédait encore l'Asie; un immensè
besoin de savoir se manifesta dans toute l'Europe
et
détermina l'époque de la renaissance des lettres. Des écoles
publiques de haut enseignement furent ouvertes et donnèrent
naissance aux premières Universités, qui, à partir du commencement du
siècle, reçurent une organisation régulière et.
travaillèrent 'avec ardeur à populariser la culture .des Sciences
et des Lettres. Mais, dès l'origine, elles épuisèrent leur activilé
sur les questions les plus ardues de ]a scolastique, et prirent une
part active aux luttes ardentes qui divisaient alors les écoles.
D'une autre part, la science proprement dite ne sut pas, tout
d'abord} se dégager de l'ornière que lui. avait tracée le moyen
àge; c'est en vain que Roger Bacon cherchait à faire revivre la
méthode de l'observation et de l'expérimentation ; l'alchimie et
Pastrologîe avaient pris la place de tout autre connaissance, et
la Science, détournée de sa véritable voie, n'eut plus pour objet
que la folle recherche de la pierre philosophale et des
humaines au sein des astres.
Aussi les découvertes' peu nombreuses, que nous offre ce(te
première période de l'existence des Universités, furent-elles
plutôt l'effet du hasard, que le fruit de recherches entreprises
d'une manière rationnelle, et , par conséquent, scientifique.
Toutefois les exercices scolastiques et les immenses travaux des
alchimistes ne furent pas complètement inutiles : en aiguisant les
esprits, en les habituant à de pénibles recherches, ils les façonnèrent à des études plus sérieuses et surtout mieux dirigées.
�H faut néanmoins remonte1· au X VI• siècle pour retrouvér la
science dans sa véritable ac'ceplion et pour constater des progrès,
en réalité dignes d'elle, Favorisée, du reste, dans, son développement par l'invention encore récente de l'imprimerie, elle arrive
plus sûrement à la connaissance de vérités nouvelles, et ses efforts sont bientôt couronnés par des découvertes importantes, qui
laissent bien loin en arrière l'antiquité païenne et bouleversent
les systèmes qui, jusque là, semblaient définitivement établis;
Je ne m'arrêterai pas à vous présenter l'historique des acquisitions successives, dont la science s'est enrichie dans le cours
des trois derniers siècles, et qui ont créé, dans nos sociétés
actuelles, une situation spéciale et des besoins noùveaux. Il
me suffit de déduire, de ce rapide exposé, cette conclusion
que, pour s'être lancée dans des recherches incertaines, sans
guide el sans méthode, la science s'est égarée dans une route
aventureuse, et ses immenses travaux n'ont abouti qu'à des résulta!s presque stériles.l\Iais du jour où un enseignement rationnel,
lui faisant abandonner les systèmes à priori et les recherches ,
empiriques, l'a replacée sur la voie de l'observation, elle a marché,
d'un pas ferme et assuré, à des conquêtes de plus en plus rapides.
Il faut donc distinguer, dans le rôle qu'ont joué en Europe les
anciennes Universités, deux périodes distinctes, l'une peu profitable pourla science, l'autre féconde en grandes découvertes.
L'ancienne Université lorraine, établie d'abord à Pont·à-1\lousson,
puis transférée à Nancy, eut l'avantage de naître dès les premiers
temps dè la seconde période ; aussi, elle évita l'écueil dans lequel
étaient tombées ses sœurs aînées. Créée en 1!'>72, en vertu d'une
plan que
bulle du Pape Grégoire XIII, et organisée sur le
les plus célèbres Universités de. l'époque, elle donna, presque
dès l'origine, un enseignement complet .. Vous savez tous,
cMessieurs, que richement dotée par le duc Charles III, son fon·
dateur, et pourvue de privilèges étendus, elle justifia par son en·
saignement la sollicitude toute paternelle, dont les anciens souverains de la Lorraine ne cessèrent de l'entourer .. Non-seulement
elle propagea dans le pays, pendant plus de deux siècles, le goût
de l'étude, mais c'est elle qui forma,
grande partie du moins,
cette pléiade de théologiens éminents, de jurisconsultes illustres,
�26
de littérateurs distingués et de savants médecins 'lui furent une
des gloires de notre ancienne province.
Il y a soixante-deux ans, Nancy était encore. un foyer d'enseignement supérieur des plus actifs, lorsqu'un décret de l'Assemblée
nationale, du 18 août 1792, vint tarir momentanément en France
les sources des hautes études, et y arrêter un instant la marche
progressive du mouvement scientifique.
Le décret réparateur du 17 mars 1808, qui fonda l'Université
impériale, substitua aux anciennes Universités, qui avaient vécu,
pour ainsi. dire, dans l'isolement les unes des autres, un système
d'enseignement supérieur se rattachant à. une même pensée et a
une direction unique. Comme tout ce qui sortait du génie de
l'Empereur, les Facultés qui furent alors créées reçurent une
organisation forte et durable, et continuèrent avec distinction le
rôle si utile des anciens c01·ps enseignants.
Mais les préoccupations politiques de l'époque, la lutte gigantesque et sans cesse renaissante, que la France soutenait avec
énergie contre l'Europe liguée contre elle, la pénurie enfin de
professeurs gistingués qu'avait dispersés la révolution, ne permirent pas alors de reconstituer tous les anciens centres d'études,
et Nancy fut ainsi privé de cet enseignement supérieur, qui, florissant en Lorraine pendant de longues années, semblait avoir
acquis définitivement dans ses murs le droit de bourgeoisie.
Je me trompe, Messieurs; l'enseignement supérieur n'y périt
pas tout entier. Vous savez tous que quelques-uns de nos concitoyens, sans autre ressource que leur zèle infatigable, entreprirent
de continuer à Nancy l'œuvre de l'ancienne Faculté de médecine
et du Collége·t:oyal de chirurgie. Ils OUVl'Îl'ent, dès les premières
années de ce siècle, des cours où un grand nombre de jeunes
gens vinrent acquérir }es connaissances, qui leur
d'exercer avec succès Part de
et dans nos communes rurales, et à la suite des armées. Telle est l'origine de l'Ecole de
médecine que possède encore Nancy, et tels sont les résultats qui
· ont marqué ses débuts, alors qu'elle n'était encore revêtue d'aucun
caractère officiel. Reconnue depuis par l'Etat sous le nom d'Ecole
secondaire, puis d'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, elle a continué jusqu'aujourd'hui à marcher résolumen!
�27
vers le bnt qu'elle s'était proposé. Je voudrais pouvoir, l\'Iessieurs,
vous exposer les servicés qu'die a rendus; mais celte tâche serait
pour moi bien délicate. Je ne puis oublier que c'est comme
professeur â celte école, que j'ai fait mes premières armes dans
l'instruction publique, et que, pendant seize années, j'ai été as.,.
socié â ses travaux. Qu'il me soit permis, toutefois, de fait·e
observer, qu'en conservant dans notre ville les anciennes traditions d'enseignement et en contribuant, pour sa part, à y entretenir l'activité scientifique, elle forme le lien naturel qui unit
l'ancienne Université lorraine aux Facultés que nous inaugurons
aujourd'hui.
Il était réservé au Gouvernement de l'Empereur Napoléon III
de complêter l'œuvre de l'immortel fondateur de l'Université
impériale, en rétablissant dans quelqnes-ùries de nos provinces,
depuis longtemps deshéritées, ces anciens centres d'instruction,
qui avaient lem· raison d'être, parce qu'ils donnaient satisfaction à
des intérêts de l'ordre le plus élevé. Les révolutions peuvent bien
renverser une institution, mais elles ne suppriment pas du même
coup le sentiment du passé, les traditions locales , les besoins
intellectuels d'une province.
Aussi, lliessieurs, vous avez tous applaudi à la penséebienveillante, qu'a manifestée le chef de l'Etat, de reconstituer à Nancy
des écoles de haut enseignement, et le Conseil municipal, dispensateur intelligent des revenus de la cité, n'a pas hésité à lui imposer des sacrifices considérables pour doter nos Facultés de
toutes les ressources matérielles que nécessite leur organisation.
Mais la sollicitude du Gouvernement ne s'est pas bornée- à la
création de quelques établissements nouveaux. La même pensée,
d'où émanent les modifications si importantes et si fécondes qû'a
subi le plan d'études de nos lycées, s'est étendue également'àl'enseignemènt supérieur, auquel elle donne une vie nouvelle en le
complétant et en l'appropriant aux exigences impérieuses de
notre époque.
Il me reste à indiquer, :1\fessieurs, les circonstances qui ont nécessité une réforme dans l'enseignement des Facultés des Sciences,
et à faire connaître le caractère que doit avoir désormàis cet
enseignement.
�28 Les Sciences avaient déjà pris, en. 1808, une extension telle
que l'ancienne Faculte des arls ne pouvait plus embrasset· les
connaissances si variées qui, dans les anciennes. Universi(és,.
avaient fait l'objet de ses études. Chargée à la fois de l'enseignement des Lettres et des Sciences, comme pour marquer l'lllliance
intime qui doit exister entre
elle ne suffisait plus à cette
tâche laborieuse, et elle dut être. scindée en deux Facultés nouvelles : le trivium, pour parler l'ancien langage scolastique, devinL
le domaine de la Faculté des Lettres,Je quadrivium, l'apanage
de la Faculté des Sciences.
Mais, depuis cette époque, le mouvement scientifique s'est accéléré de plus en plus ; des découvertes importantes viennent,
presque chaque année, frapper d'étonnement notre intelligence et
agrandir le champ déjà si vaste des connaissances acquises. Vindustrie, en s'appuyant de plus en plus sur la science, a suivi d'un
pas non moins rapide, l'impulsion qui lui est communiquée ; elle
a pris, à son tour, des développements inouïs, et qui tendent sans
cesse à s'accroitre. De nos jours, l'enseignement scientifique
pratique est devenu indispensable; il peut seul soutenir les progrès de l'industrie et féconder son activité. Et cependant, si l'on .
excepte quelques établissements spéciaux, ouverts seulement à
un petit nombre de jeunes gens, la France était jusqu'ici privée,
ou à peu près,. d'un enseignement qu'elle enviait aux nations
voisines. Les Facultés des Sciences n'ont plus aujourd'hui pour
but exclusif de développer/ parmi leurs auditeurs des connaissances purement théoriques, mais encore d'enseigner avec soin
les applications de ces connaissances aux diverses industries, qui
dominent dans chacune des nouvelles provinces académiques;
eUes ont, en un mot,,pour mission, non plus seulement de formet·
des hommes instruits, mais en outre de donner au pays des
citoyens utiles.
Aussi, Messieurs, dans les cours que nous allons ouvrir, les
théories purement spéculatives n'excluront pas les questions
vraiment pratiques. Les collections scientifiques
en physique, en .chimie, en histoire naturelle, en modèles de
machines, etc., dont le Conseil municipal a doté notre Faculté des
Sciences, collections qui viennent déjà de s'accroître d'un riche
"
�herbier dû à la générosité d'un de nos compatriotes (1), 'p.ermettront de placer constamment, sous les yeux desjeunes gens qui
·suivront nos leçons, les différents objets d'étude; des expériences
nombreuses viendront à chaque instant étayer les théories et
confirmer ces lois admirables, auxquelles_ obéissent tontes les
forces naturelles:
dont la connaissance offre non-seulement
l'immense avantage de lier dans notre esprit les faits épars, et de
les fixer dans la mémoire, mais encore de servir de guide dans
la recherche de vérités nouvelles.
dans les sciences d'observation, il ne suffit pas, pour se
les assimiler, de suivre les leçons d'un professeur; d'examiner
rapidement les objets qu'il fait passer sous les yeux de ses auditeurs; d'assister aux expériences sur lesquelles il s'appuie dans
ses démonstrations, il faut encore que ses élèves mettent euxmêmes la main à l'œuvre, s'habituent à manier les instruments, à
diriger une opération, à faire enfin toutes les recherches scientifiques, qui peuvent conduire à des résultats utiles. C'est ainsi seulement que la Faculté des Sciences pourra produire tous les
avantages qu'on est en droit d'attendre de son enseignement.
Désormais les collections, les laboratoires ne seront plus des
sanctuaires
et soustraits aux regards de tous ceux
qui désirent être initiés à la connaissance de l'arsenal de la science
et à la pratique des méthodes d'expérimentation. Des salles de
travail pour la chimie, pour la physique, pour l'histoire naturelle
ne tarderont pas à être organisées, et seront ouvertes aux jeunes
gens, qu'anime la noble ambition d'aller au-delà des études théoriques et d'acquérir l'habitude des manipulations.
Ce n'est pas seulement dans ses collections, dans ses laborataires,
que la Faculté ira chercher ses moyens- d'enseignement ; il est des
objets qu'il faut voir et étudier dans les lieux mêmes qui leur ont
été assignés dans l'harmonie générale de la création. La géologie,
par exemple, ne s'étudie pas complétem.ent dans lés livres et dàns
les musées ; ceux-là seuls possèdent réellement cette science et
(1) M.
membre du Conseil général de la Meurthe et Président de la
Société centralè d'agriculture de Nancy.
�-
50
peuvent utiliser .leurs connaissances dans ceUé branche si importante de l'histoire naturelle, qui sont aptès à reconnaître une roche
en place et à distinguer sûrement les unes des autres les diverses
formations qui constituent l'écorce solide de notre globe ; mais
l'exploration du terrain lui-même permet seul d'arriver à ce degré
d'instruction. L'étude du gisement des minéraux soulève la même ,
observation. Les mœurs, les habitudes, les tr\).vaux de certains
animaux utiles à l'homme ou qui lui sont au contraire nuisibles,
soit directement, soit par l'action: destructive qu'ils exercent sur
les substances indispensables à l'économie domestique, et sur les
matières premières qui alimentent l'industrie, ne peuvent être
étudiés d'une manière fructueuse que dans les localités où ces
animaùx habitent. Nous en dirons tout autant. de l'étude de la géographie botanique, de celle des relations que présente la végétation
avec la nature minéralogique et les influences
du sol, de
celle enfin de l'économie forestière, et des procédés en usage dans
la science par excellence, je veux parler de l'agriculture. Ici l'enseignement en plein air, au milieu de nos campagnes, peut seul
· atteindre le but et nécessitera des excursions qui seront dirigées
dans ce sens et qui auront lieu pendant le semestre d'été.
La Faculté des Sciences, étant spécialement chârgée de donner
à son enseignement une direction qui soit en rapport avec les
dustries principales du pays, non-seulement ne faillira pas à cette
tâche, mais elle espère pouvoir terminer les travaux de chaque
année classique parla visite de quelques établissements industriels,
où les élèves de la !!'acuité se livreront à l'étude des machines et
des procédés de fabrication. Ces excursions leur offriront également l'avantage de pouvoir étendre leurs études d'histoire naturelle au-delà des limites du territoire de Nancy.
L'enseignement de, la Faculté n'aura pas seulement pour effet
de. répandre autour d'elle des connaissances utiles ; mais le législateur lui a conféré le pouvoir de sanctionner par un certificat
d'aptitude.Ie travail de ceux de ses élèves qui seront reconnus
suffisamment instruits pour se livrer à la pratique d'une industrie
spéciale, dont elle peut ainsi leur faciJ.iter l'accès.
Enfin les Facultés des Sciences, chargées de conférer des grades
qui, jusqu'ici, n'étaient exigés que pour l'étude de la médecine
�31
ou pour l'admission dans les fonctions de l'enseignement, viennent
d'acquérir une importance nouvelle par l'effet d'un récent. décret,
rendant ob1igatoire le diplôme de bachelier ès sciences, pour les
jeunes gens qui se destinent, soit à l'Ecole polytechnique ou à
l'Ecole militaire de Saint-Cyr, soit à l'Ecole forestière et à différentes administrations publiques. Les Facultés des Sciences fortuent donc aujourd'hui une véritable magistrature, qui a pour ·
mission d'ouvrir l'entrée de !outes les carrières scientifiques, et
même la carrière des armes spéciales aux candidats qui se recommandent par leur aptitude et par des études sérieuses.
Telles sont, Messieurs, la voie dans laquelle doit entrer à
l'avenir l'enseignement des Facultés des Sciences et l'étendue nouvelle donnée à leur juridiction.
Tous ces détails, que nous venons de vous exposer, noùs inspirent une réflexion, qui sans doute a déjà surgi dans votre esprit :
c'est qu'on ne peut trop admirer la sollicitude du Gouvernement
de l'Empereur qui, au milieu des graves préoccupations qui
l'assiègent de toute part, vient de doter d'utiles réformes les
établissements de tous ordres, depuis les asiles de l'enfance
jusqu'aux écoles de haut eùseignement, et s'impose la noble
tâche de faire des élèves de ces établissements, une génération
mâle et forte sous la double influence des Lettres et des Sciences.
Ce sera là un des bienfaits les plus féconds que nous devrons â
la haute sagesse et. au génie du Prince qui a rétabli au dedans
et qui soutient aujourd'hui glorieusement au dehors les principes
d'ordre et de justice qui font la force des nations et qui président aux destinées des Sociétés humaines.
�
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<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
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Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences
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Discours du Doyen de la Faculté des sciences
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!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��DISCO'URS
PRO::S:ONCÉ PAR
M. CIL BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
l\'IONSIEUll LE RECTEUR,
MoNSEIGNEun,
1\'IESSIEURS,
Aujourd'hui que l'inauguration de nos Facultés réunit autour
de nous, en cette enceinte, l'élite de la cité, ma première pensée,
et la vôtre, Messieurs> est une pensée de reconnaissance envers
le Gouvernement de l'Empereur, qui est entré avec une bienveil·
lance si généreuse dans nos désirs et nos espérances, et qui a
voulu que Nallcy retrouvât enfin son Université. Grâces aussi
soient rendue!! en ce jour aux hommes dévoués, qui par leurs
· nobles démarches ont provoqué ce bienfait, et à vous, 1\'Iaglstrats
··de la ville, que l'Etat a trouvés si zélés à seconder ses desseins,
si généreux à doter notre institution de :tout ce qui peut eu assurer
le succès.
La faveur qui enhmre cet établissement dès. son début ne
m'étonne pas, ])lessieurs. Nanèy se souvient de ce qu'elle était
autrefois, .et de ce qu'elle se doit à elle-même. Déchue de son rang
de capitale sou.veraine ·depuis son annexion à la France, elle a
songé enfin à reprendre, à défaut de sa couronne à jamais perdue,
qùelques-unes du moins de ces nobles institutions, fondées par
ses princes,
elle se glorifiait autrefois, et dont la révolution
l'avait dépouillée. Elle se rappelle de quel éclat a brillé surtout
.5
�-54-pendant deux siècles l'Université fondée à Pont-a-1\Iousson par
le Duc Charles III, et transportée dans nos murs en 1768. Si en
1808, lorsqu'un Gouvernement réparateur restaurait l'enseignement et dotait de Facultés les principales villes de France, Nancy .·
ne fut pas d'abord comprise dans le partage, aujourd'hui du moins
elle n'a pas failli à ses droits, et dans la répartition nouvelle qui
allait être faite de ces grandes institutions académiques, des voix
citoyennes se sont élevées pour revendiquer les titres de la bité.
Votre cause était bonne, Messieurs, et le Gouvernement de l'Empereur trop éclairé et trop équitable, pour n'en pas reconnaître la
justice. Un ministre toujours ardent à seconder l'essor des esprits, .
partout où il se manifeste, a cru dans l'avenir de Nancy : il a
choisi notre ville, pour en faire un de ses nouveaux foyers d'enseignement qu'il voulait élever au cœur de la province. J'aime
à penser, que dans sa confiance il ne s'est pas trompé. Non, ce.
n'est pas en vain qu'une ville a longtemps été une capitale, et le
centre d'une vie nationale et énergique. Alors mêmé qu'elle a
perdu sa vie politique, elle garde pourtant toujours quelque chose
de son royal esprit d'autrefois. Ne dirait-on pas, que jusque dans
ses efforts pour se créer dans le commerce et l'industrie, cette
royauté des temps modernes, une autre destinée, urie fortune
nouvelle, elle retient encore ses traditions d'élégance et de goût,
elle demeure plus libérale : son industrie touche aux arts ; eUe Sê
livre aux affaires, sans s'y absorber: elle continue à .aimer les
choses de l'esprit; et quand la for lune vient la doter de quelque
institution généreuse, elle s'en empare naturellement, elle y entre
comme chez elle ; elle se retrouve.
Je n'en veux pour témoin,
que l'empressement, avec
lequel ont toujours été accueillies dans cette ville toutes les fondations propres à répandre les lumières et à rendre les hommes
meilleurs. Edification de l'intelligence ou du cœur, science ou
charité à mettre en commun, quelle grande idée vous a trouvés
indifférents'! quel bien à faire n'a pas excité votre sympathie'!
Que de fois, en vous voyant réunis en si grand nombre, partout
où l'on vous entretenait des intérêts de l'intelligence, me suis-je
senti ému et fier d'appartenir à une ville où toute parole généw
reuse trouvait tant d'échos ? Dès-lors, je souhaitais au fond du
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cœur, que Nancy devînf un jour, dans nos-'provinëes de l'.Est,. un
de
centres d'enseignement
où, mieux qu'àilleurs, .
ce semble, la jeunesse appelée aux fonctions}ibérales devait
ver, pour s'y préparer, Je recueillement si nécessaire aux fortes
ètudes, et aujoUrd'hui si rare.
. Voilâ ces vœux maintenant en partie accomplis. Nancy est dotée
à la fois de deux: Facu1tés. Je sais, Messieurs, que vos. désirs
vont encore au-delà. Vous aimez â espérer que dans l'avenir
une autre Ecole encore viendra prêter son appui à notre Faculté
des Lettres.
aujourd'hui, ne songeons. qù'à mériter par le
concours de nos efforts, que le Ministre . complète son bienfait;
et sacbons apprécier déjà les avantages de. l'institution actuellè.
Tout à l'heure, mon honorable col1ègue vous a laissé entrevoir
quelle impulsion nouvelle la Faculté des Sciences était. appelée à
donner aux études scientifiques en ce pays. Quel doit être .à son
tour le rôle de la Faculté des Lettres 'l quelle influence est-elle
appelée à exercer sur les études littéraires'! Il estsans doute plus
d'une personne parmi vous qui attend à ce sujet quelques expli":
cations.
Les Facultés, ainsi qu'on vous le disait tout à l'heu.re, sont ins...
tituées dans un double but. En même temps qu'elles .sont un. foyer
d'enseignement librement accessible à tous 7 elles ont mission de.
dispenser de la part de l'Etat les grades universitaires, et d,ouvrir
ainsi l'entrée des
Dès lundi prochain, commen. cera ici une session d'examen pour le baccalauréat ès lettres.
Vos fils, Messieurs, ne. seront plus obligés d'aller au loin se pré..,
senter à èes épreuves nécessaires. Mais ici même, sous vos yeux,
ils trouveront à la fois, et toutes les ressources, pour aider à leur
travail, et le titre qui en doit être le p1·ix. Ils apprendront à connaître de plus près ces examens, qui couronnent leurs études du
lycée, ou leur ouvrent la carrière de l'enseignement; ils
mieux, que désormais nulle préparation artificielle et hâtée. ne
saurait suppléer à des études régulières et sérieuses, et qu'il n'y a,
qu'un gage assuré du suecès, le travail. L'Etat, en reconnaissant
le droit sacré des familles dans l'équcationt en laissant toute liberté
aux méthodes, et en ouvrant l'enseignement à 1a concurrence,
n'a pas oublié pour cela, qu'il est responsable devant 1e pays du
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progrès ou de la décadence des lettres, qui sont une des plus
glorieuses parts de notre héritage national; et c'est nous, qu'il
a chargés d'y veiller, en environnant nos examens de garanties
sérieuses, et en maintenant par là le niveau des éludes à une hauteur digne de la Françe. ])lais en même temps que notre Faculté
sera pour vous, jeunes gens; comme une magistrature chargée de
vous dispenser les grades avec une prudence impartiale, vous
trouverez aussi en nous des maîtres dévoués, pour vous guider de
nos conseils, encourager vos efforts d'une voix amie, les récompenser avec bonheur; et dans nos cours, des ressources nouvelles,
pour vous préparer aux épreuves.
Car une Faculté des Lettres est en mêm,e temps destinée à
compléter l'éducation littéraire commencée da:ns les lycées. Pour
cela, elle ouvre libéralement ses cours, non pas seulement aux
hommes qui se destinent particulièrement à l'enseignement; et
prennent des inscriptions pour la Licence et le Doctorat, mais
encore, et sans distinction, à la jeunesse d'elite, qui. pense, qu'à
quelque profession que la fortune l'appelle, il est bon.d'y appor•
ter un esprit cultivé el mûri par l'étude. J'espère que la jeunesse
de cette ville saura profiter de cet avantage. L'étude des lettres,
en effet, pour être plus désintéressée que les autres études dans
son objet, n'en est pas moins utile; si elle ne conduit pas directement
comme les autres à telle ou telle carrière spéciale, elle prépare
à toutes, ou plutbt, elle prépare à la vie ; et ainsi que l'a dit
l'Empereur Napoléon I•r,atandis que les autres connaissances n'intéressent qu'un côté dé l'esprit humain, les lettres sont l'esprit
humain lui-même».
Cependant toutes ces vérités, qui autrefois auraient passé pour
des lieux communs, ont presque l'air aujourd'hui de paradoxes,
tant est grand le changement, qui, depuis quelques années,. s'est
opéré à cet égard dans notre pays. Ne nous le dissimulons pas,
Messieurs, le culte des léUres, qui avait fait si longtemps notre
gloire, s'est affaibli parmi nous; et un autre esprit n'a que trop
souvent prévalu, esprit positif, qui né mesure les choses qu'aux
avantages matériels qu'on en .peut immédjatement recueillir. Cet
de nos écoles; il
esprit du temps a pénétré jusque dans
saisit notre jeunesse au début même de la vie, pour étouffer dans
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Jeur germe ces nobles sentiments, ces amours de l'idéal, .ces :enthousiasmes de l'art et de la vertu, ces saintes chimères, si l'on
veut, qui siéent si bien à cet âge. Si l'on trouve encore quelque
part la passion désintéressée des lettres si commune en France
autrefois, ce n'est plus guères parmi nos jeunes générations. Nos
collégiens même se hâtent trop d'être à cet égard des hommes de
leur temps, et de calculer avec une maturité précoce ce que leur
rapportera chacun de leurs efforts; ils sont trop impatients, pour se
résigner à ces études deslettres, dont ils ne peuvent sentir encore la
lointaine efficacité. Ils sont pressés d'entrer dans la vie, et prennent
pour arriver plus vite le chemin de traverse; ils effleurent les études;
ils retiennent de chacune le moins possible, tout juste ce qu'il en
faut, pour l'escompter au plus tôt en diplôme; et ils se lancent
dans la carrière avec ce mince bagage. Heureux encore, lorsque
plus tard ils s'aperçoivent de cetteinsuffisance deleurinstruction,
et qu'ils ont le loisir et le courage d'y revenir.
Une autre circonstance a contribué encore à diminuer parmi
nous le goùt des lettres, en entraînant ailleurs la curiosité des .
hommes ; c'est le génie des sdences modernes, ce sont les merveilleuses conquêtes de l'industrie sur la nature. L'épopée de
notre siècle est l'histoire de la machine à vapeur, et la poésie est
aujourd'hui dans nos chemins de fer plus vites que la tempête,
dans l'électricité plus vite que la pensée. Loin de moi, Messieurs, de
médire de ces merveilles de la science moderne. Comment pourrais·
je en avoir la pensée, devant une telle assemblée, et devant l'homme
éminent, qui nous préside et donn_e ici tant d'éclat à l'enseignement
des sciences ? Bien loin d'en médire, je remercie Dieu, au contraire, de m:avoir fait assister à ces grands spectacles que l'industrie de notre temps a offerts à nos regards; mais c'est surtout,
pat·ce que j'attends de ces conquêtes de la science sur le monde
matériel, qu'en facilitant le travail de l'homme, et en ajoutant
à son bien-être, elles serviront en même temps à l'affranchissement
de son âme jusqu'alors courbée vers la terre avec son corps par
les servitudes d'un labeur sans repos. Qu'avec la richesse, l'homme
devienne donc plus libre, mais pour devenir en même temps plus
éclairé et
Que le loisir profite au développement de son
âme ; et que le fils affranchi de la terre apprenne à regarder
�58 davantage le ciel. Sursum corda. L'homme ne vit pas seulement de
pain; Si les inventions de l'industrie ne servaient qu'à accroître
en nous la soif des jouissances, et si le progrès moral d'un peuple
ne répondait pas à ses progrès matériels, prenons garde que ce
goût du bien-être ne nous devienne fatal. Il y a uri équilibre difficile à maintenir entre les choses d11 corps et les intérêts de la
pensée. Notre époque a entrevu quel chaos peut se .faire en certains esprits, quand la conscience morale venant à s'obscurcir,
l'homme, enivré de sa victoire sur la nature, a osé presque se proclamer Dieu dans son orgueil, se livrer aux plus honteuses.chimères, et sanctifier tous ses appétits. Rêves insensés ! dont le bon
sens public a fait vite justice; mais qui. n'étaient après tout que
l'exagération même des tendances matérialistes, auxquelles, tous,
nous avons plus ou moins cédé.
Aussi, Messieurs, est-ce avec une juste sollicitude, que le Gou..
vernement de l'Empereur, tout en élevant et en réglant l'enseignement des sciences, s'est si vivement préoccupé· de ranimer et
de fortifier les études littéraires parmi nous. Noble et. salutaire
pensée. Car, après la Religion, cette maitresse souveraine de
toutes les vertus, est-il rien de plus propre encore que le goût
des lettres, pour entretenir en nous la vie morale ? Philosophie,
histoire, littérature conspirent à l'envi, pour nous dérober aux
mesquines et égoïstes préoccupations de la vie journalière, élever
nos âmes vers la contemplation de vérités éternelles, et nous faire
vivre dans un commerce assidu avec les grands cœurs et les 1 plus
belles intelligences dont l'humanité s'honore. Car, qu'est-ce donc,
après tout, que ces penseurs, ces écrivains, ces poëtes, dont nous
venons vous entretenir, sinon les fils prédestinés du génie, lesquels, après s'être élevés plus on moins vers les régions divines
de l'idéal, nous en ont laissé dans leurs œuvres une splendide
image? Dans leur fréquèntation,
s'éclaire, le cœur s'épure,
l'âme s'aguerrit et sefortifie. Non, ce n'est pas impunément qu'on
vit avec ces grands hommes du· passé; ils nous associent à leurs
pensées, ils font battre nos cœurs aux sentiments dont ils furent
émus ; leur âme devient la nôtre :leur souffle généreux a passé
dans notre sein : nous vivons de leur vie, nous voudrions mourir
leur mort; et quand nous les quittons pour redevenir nous-mêmes,
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nous nous sentons longtemps encore agrandis par leur contact,
plus forts, plus dévoués, plus· amoureux de vérité' et de vertu.
L'écho, que leur noble parole a éveillé en notre âme, continue.enLaissons les aveugles traiter d'illusions ces raviscore à
nous, Messieurs,
sements de l'art, qu'ils n'ontjamais
qui avons éprouvé plus d'une fois les vives et d<mces jouissances
de ce commerce avec les grands esprits d'autrefois, reserrons err
de plus en plus les liens. Aimons à venir auprès d'eux oublier
par intervalles les médiocrités de la vie, à nous reposer dans ce
monde plus beau de la pensée, que nous poursuivons de nos
rêves, à nous retremper enfin, et à nous désaltérer à ces ·sources
vives de la poésie, qui semblent descendre du ciel. Puisse noh'e
Faculté devenir à vos yeux comme un asile sacré des lettres,
où vous prendrez plaisir à goûter dans le re.cueillement ces divines émotions de l;art. Certes,· les grandes œuvres de l'esprit
humain, dont noliS venons vous entretenir, peuvent trouver ail•
leurs de plus brillants interprètes, mais nulle part de plus passion ès admirateurs de tout ce qui est grand, beau et bon.
Notre Faculté comptera cinq chaires. D-I. le Ministre, dans sa
bienveillance particulière pour notre ville, a voulu que dès le
débull' enseignement littéraire y fût complet; et aux chaires de
Philosophie, d'Histoire, de LiUérature ancienne et de Littérature
française, il a daigné adjoindre une chaire pour l'enseignement de
la Littérature étrangère.
Quelques mots d'explication, Messieurs, sur chacun de ces
cours.
Si la
de l'Etat a cru devoir borner dans nos Lycées
l'enseignement de la Philosophie, qui, pour de trop jeunes esprits,
n'y avaitpas été toujours sans péril, c'était pour rendre à cette
science sa place véritable dans l'enseignementaupérieur. Ici viendront librement tous ceux qui s'intéressent aux choses de l'âme
et aux grands problèmes de la nature de rhomme et de sa destinée. Avec quel charme et quelle autorité de parole M. Lévêque
savait traiter ces .hautes questions, c'est ce que déjà vous avait
appris la renommée qui l'avait précédé en cette ville. Mais;
avant que ce maître, dont notre Faculté naissante était justement
fière, ait pu faire entendre parmi nous .Sun éloquente voix, la
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Sorbonne, qui nous l'enviait, nous l'a ravi. Nous ne. doutons pas,
du moins, qu'en son absence, 1\l.le Ministre ne lui donne un suppléant digne de lui, et qui sache par sa sagesse, non moins que pa1·
son talent, conquérir à cette chaire, ainsi que l'aurait fait M. Lévêque, l'influence salutaire qui lui appartient. Car , ,si la Philosophie excite de justes ombrages, quand, trop vaine de ses forces,
elle prétend résoudre les questions suprêmes qui dépassent la
raison, et où la voix d'un Dieu pouvait seule nous révéler ce qu'il
fallait croire, elle mérite au contraire d'obtenir tou le autorité auprès des hommes et de seconder les enseignements .même de la
Religion, lorsque, se tenant dans son légitime domaine, eUe
éclaire·des lumières naturelles de la raison tant de questions si
intéressantes déjà dans le problème de notre destinée, et nous apprend à relever nos yeux vers les éternelles vérités. - Laraison
et la foi, ainsi que le disait récemment à l'Académiefrançaise une
voix bien plus autorisée que la mienne, la raison et la foi descendent
également du Ciel; elles sontl'une ét l'autre filles de Dieu, sœurs, et
ne sauraient se contredire. A chacune sa sphère légitime : {)U plutôt,
qu'elles se prêtent l'une l'autœ un mutuel appui. La Religion,
en effet, pourrait-elle perdre de son autorité,. parce qu'elle se sera
trouvée d'accord avec une saine philosophie? N'est-ce pas, au contraire, pour nous, une force de plus, que de sentir la conformité de
]a doctrine chrétienne avec la nature humaine? En marquant .donc
à la Philosophie ses limites en face de la Foi, ne craignons pas de
lui accorder ses droits. A l'âge où les passions obscurcissent si sou;.
vent la conscience morale, que tout se réunisse, Philosophie et
Religion, pour affermir lesjeunes. gens dans le bien : que toutes ,
les voix s'élèvent pour les instruire, les exhorter, les défendre
contre les sophismes de la corruption. Assez et trop longtemps
l'Ecole et l'Eglise ont été séparées par un antagonisme funeste.
Il est temps qu'elles se donnent la main pourle salut du monde.
L'Histoire, Messieurs, est surtout la science de notre siècle.
Quelques maîtres de génie nous ont appris à retrouver, à force
d'impartialité et d'érudition, la vérité du passé. Replacés dans
l'horizon de leur temps, les événements d'autrefois nous ont apparu avec une physionomie nouvelle. Le génie des divers peuples,
le sens de leurs institutions, l'esprit des faits s'est manifesté de plus
�-U
en plus ; on a mieux connu, mieux compris le secret des siècles
écouÏés. L'histoire a dù prendre donc aujourd'hui une grande
place dans nos études. Déjà depuis longtemps cet enseignement a
été organisé dans nos Lycées sur de larges bases. Mais là èncorê,
il faut bien que le maitre. se proportionne· à l'âge de ses élèves.
C'est ici que cet enseignement iloit s'achever, en reprenant devant
des esprits préparés déjà, et déjà mûris par la réflexion et par la
vie, cette étude du passé, mais, pour pénétrer .plus avant dàns la
pensée intime· des événements, en suivre l'enchaînement mystérieux, et apprécier les circonstances qui ont influé sur la marche
de la civilisation: Le professeur, cette année, en vous rappelant à
l'histoire de Rome, s'attachera surtout à y étudier les révolutions
d'opinions, les luttes des partis, la transformation des mœurs publiques et du caractère national, qui ont entraîné la ruine de la
République et préparé l'étal:ilissement de T'Empire. Ne dédaignons
pas, Messieurs, cette histoire de Rome, parce qu'elle a ètonné et
charmé notre enfance. Ne nous plaignons pas que les Grecs et les
Romains continuent à régner dans nos écoles et nous détournent ·
de l'histoire de notre pays. Ç'a été le privilége de ces peuples prédestinés, de n'avoit· pas vécu seulement pour eux-mêmes, mais
pour le genre humain, et de rester à jamais l'enseignement du
monde. Ils sont nos vrais ancêtres dans la civilisation>' et leur histoire est déjà notre histoire nationale.
Nos·autres chaires appartiennent à l'enseignement des Lettres
proprement dit. L'une est consacrée aux Lettres antiques, grecques et latines, l'autre aux Let!res françaises, et la troisième à la
Littérature étrang·ère, Les deux premières s'appellent mutuellement. S'il est une nation mo deme, en effet, qui ait particulière-'
ment revendiqué l'héritage de l'antiquité classique, et qui ait justifié de sa prétention par l'éclat avec lequel elle en a repris la
grande tradition, c'est la France. A nous l'honneur d'avoir continué la Grèce et Rome, et d'avoir eu, commê la Grèce et Rome,.
une littératurè qui n'appartient pas seulement â uotre nation, mais
au monde entier. Là sont nos origines, nos modèles , nos inspirations; et nous cesserions de comprendre les œuvres de notre
littérature nationale, si nous laissions se rompre la chaîne de la
tradition
�_.; 42 """"'""'
Cette. année, Je. professeur de· Lettres ancienne•, remontant
jusqu'au berceau de la Poésie helléniqùe, dont il recherchera les
mystérieux rapports avec la Poésie sacrée dé l'Inde, s'arrêtera
SJirtout aux immortelles épopées d'Homère. Puis, de là, suivant
le libre et naturel développemenl de l'art en cette terre aimée des
Muses, il étudiera les religieuses origines du.drame en Attique et
ses. grandes productions. C'est à ce jeune maitre, Messieurs, qu'il
appartient surtout, entre nous tous, de montrer combien aujour-.
d'hui encore le séjour de la Grèce peut féconder l'étude de ses
antiques monuments. Car c'est en.Grèce qu'a commencé ce con··
cert d'études communes et d'amitié entre nous toùs, .que le Ministre, par une faveur spéciale·, a daigné réunir ici de nouveau,
comme en une autre Athènes, pour nous associer en un commun
enseignement. Mais M. Burnonf a prolongé plus que nous tous
son séjour dans cette patrie des arts, commentant avec les lieux
les œuvres des poëles, et apprenant ài mieux saisir la secrète harmonie du génie d'un peuple et de ses productions avec la nature
du pays où il a vécu. Ses leçons, partagées entre .des expositions
entièrement littéraires. et l'interprétation.· des textes mêmes ·des
auteurs anciens, s'adresseront, non pas seulement â ceux qui viennent se préparer ici â I'enseignemént; mais .à tous ceux encore .
dont la studieuse jeunesse
éprise pour tous ces doctes et ai"
mab1es génies de. l'antiquité, qui sont en possession depuis tant
de siècles d'instruire et d'enchanter la terre. Ils apprendront ici à
goüter davantage, dans son heureuse et puissante originalité, cet
esprit Grec, qui d'instinct a trouvé le beau dans tous les genres,
et laissé aux arts d'inimitables modèles. Rome apparaitra à son
tour, s'appropriant comme une conquête la civilisation de la Grèce,
]a transformant selon son fort et orgueiUeux génie, la portant avec
ses armes jusqu'aux extrémités du monde, et laissant partout une
empreinte si puissante de sa pensée que toute notre vie moderne
en est encore pleine.
La chaire de Littérature française ne .fera presquê que continuer
cet enseignement. Car,
la Renaissance surtout, notre Littérature. s'est développée sous la double inspiration de Ja pensée
chrétienne et de l'art antique, qu'elle est parvenue à réconcilier
dans une incomparable harmonie. C'est au glorieux siècle de
�..._ 45 Louis .XIV principalement què je. m'arrêterai, en toute occasion,
avec plus de :complaisànce. Rien n'égale encore,
effet, dans
l'histoire du monde, cet· admirable concert de grandes œuvres et
de beaux génies. Il faut y revenir avec ardeur. Car, peut-être, le
culte s'en était-il un peuatfaibli parmi nous;' àtfadis et gâtés par la
lecture malsaine des œuvres contemporaines, peut-être ne goutionsnous plus assez ces forts et sévéres ouvrages qui font tantd'honneur
à Ja'nature humaine. Retournons à. ces maîtres de la vie; réapprenons à les comprendre, â les sentir, à les aimer. Pour moi,j'en
sens si vivement le besoin que, dès cette année même, oû le Moyen
Age doit faire
principal de mon enseignement, j'ai voulu
néanmoins réserver déjà une place à des lectures et à des études
choisies dans les œuvres du grand siècle. J'y consacrerai parti cu ..
fièrement ma conférence dn mardi. Le samèdi
aura lieù
la leçon d'Histoire littéraire, dans laquelle je me propose de vous
exposer cette année le développement des Lettres françaises depuis la fin du XI• siècle jusqu'à la Renaissance. Car aujourd'hui,
Messieurs, grâce à de doctes recherches, lé 1\'loyen Age nous est ·
rendu. Relégué longtemps dans les ténèbres de la barbarie par les
injustes dédains du XVIe siècle, éclipsé par les splendeurs du
insulté et méconnu par le XVIII•, il a reparu, â notre époque impartiale, dans toute sa grandeur. Dans cette poussière du passé,
sous des formes et â travers une langlie qui étonnent d'abord notre_
goût classique, on a retrouvé toute une littérature, toute une civilisation, avec ses livres de science, dlhistoh·e, d'art et de poésie;
on a reconnu que le siècle de saint Louis avait étè pour le Moyen
Age ce qu'est le siècle de Louis XIV pour les temps modernes;
Aussi, désormais, n'est-il plus possible de faire l'histoire des
let!res françaises, sans remonter au moins à l'époque des Croisades et de Philippe-Auguste.
·
La chaire de Littérature étrangère complète cet enseignement
de notre Faculté : complément désormais indispensable.· Car, le
temps n'est plus, où la France, trop fière de son génie, affectait
d'ignorer et de dédaigner tout ce qui se faisait à l'étranger, où
Voltaire traitait Shakspeare de sauvage ivre, et souhaitait aux
Allemands plus d'esprit et moins de consonnes. Il était plus corn;.
mode pour notre vanité de mépl'iser, que de èonnaî.tre. Mais au-
�44 jourd'hui, que les barrières des peuples se soni abaissées, et
qu'au delà de notre horizon, de nouveaux mondes de la pensée
se sont ouverts pour nous, nous avons appris, après un premier
étonnement, à mieux juger un génie autre que le nôtre, et à go:ûter
avec une sympathique admiration les œuvres étrangères dans leur.
originalité. L'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, où le succès de nos
armes nous a tour à tour entraînés, nous avaient montré leurs
richesses littéraires : et cette conquête du moins nous devait demeurer. Car, si les armes reprennent souvent ce qui a été pris
par les armes, les conquêtes de la pensée n'out point de retour.
Depuis 1815, eu etret, les littératures des divers pays de
rope occidentale ne forment plus qu'une seule littérature, mais
où c'est toujours l'ambition et l'orgueil de la France de garder le
premier rang. Désormais donc, l'étude des langues et des littératures f:trangères devait tenir une large place dans
ment public. Et je ne doute pas que le jeune maître, à qui celte
chaire a été confiée, et qui y débute sous les auspices d'un nom "'
illustré déjà par son père, d'ans ce genre d'études,· n'assure ici
un succès dùrable à cet enseignement si varié et si curieux.
M. Mézières commencera celte année sa revue des littératures
étrangères par l'Italie, en s'attachant à l'histoire de la poésie ita...:
Henne, depuis la renaissance jusqu'à la fin du XVIII• siècle, et
en marquant surtout l'influence, qu'ont exercée sur son brillant
développement les lettres et les arts retrouvés de l'antiquité. La
Littérature italienne avait droit au premier hommage du jeune
, professeur. A son retour de Grèce, l'Italie a longtemps arrêté
M. Mézières: c'est la patrie de prédilection de se.s études. La
poésie italienne, d'ailleurs, est la première dont la France ait,
subi l'influence. Car c'est l'Italie qui, dans le réveil des arts au
XV• siècle, a devancé tous les peuples de l'Europe, en les éblouissant de ses splendeurs.
Tel est, Messieurs, dans son ensemble l'enseignement que
notre Faculté offrira â la jeunesse de ce pays? Puisse-t-il ne point
rester au-dessous de votre attente, et justifier par son succès les
espérances que vous avez fondées là-dessus, et l'empressement
gÇnéreux.
nos Magistrats municipaux à solliciter cette institution du Gouvernement, et à la doter d'une façon si libérale.
�Nous nous mettons du moins à l'Œuvre avec ardeur; mais nous
vous demandons, à tous en même temps, votrè bienve.illante coopé·
ration. L'Etat et la ville ont fondé l'établissement; mais c'est à
nous maintenant à fonder l'enseignèment, à nous tous, auditèurs
et maîtres. Car cette tâche est en commun, et nous nous devons
un mutuel et assidu concours. Pour nous, vous nous trouverez
toujours prêts à multiplier nos efforts, pour seconder les études
d'une jeunesse laborieuse; mais nous aimons aussi à compter sur
elle. Qu'une Université ici ne soit pas une vaine parure. pour la
vanité d'une ville, mais une institution efficace, qui porte de
vrais fruits. Quant à moi, j'ai foi dans notre avenir. Aussi, dés que
nos Facultés de Nancy ont été décrétées, n'ai-je pas hési(é à
rompre des liens anciens et chers, qui m'attachaient à l'Ecole
normale et à la Faculté de Paris, pour venir m'associer à cette
œuvre patriotique. Enfant de Nancy, élève de son Lycée, il m'est
doux, après hien des années, de rentrer au milieu de vous; et ce
n'est pas sans émotion que je me retrouve dans cette salle, où je
venais, écolier, recueillir mes premières couronnes, et devant les
hommes qui ont guidé mes premiers pas dans la vie, et m'ont ·
toujours suivi au loin de leur pieuse sollicitude. L'accueil qui
m'attendait ici a dépassé en-core mon espérance, et profondément
touché mon cœur. Mon vœu est accompli, de venir poursuivre
désormais ma carrière aux lieux où elle a commencé. J'ai reçu
ici les premières semences d'instruction ; aujourd'hui, que la maw
turité est venue pour moi, je voudrais, dans ma reconnaissance,
'\'OUS rapporter une plus ample moisson; mais telle quelle, je suis
heureux du moins de vous consacrer désormais, Messieurs, toutes
mes études et toute mon ardeur.
�
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A name given to the resource
1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
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Title
A name given to the resource
Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Discours du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
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Language
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
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6cbe088d9612e7a37d54dc8faae02707
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
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Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
"
Ce" fichier" numérisé" est" le" fruit" d’un" travail" collaboratif" coordonné" par" le" Laboratoire"
d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
! Direction"de"la"Documentation"et"de"l’Edition"(Université"de"Lorraine)"
! Institut"François"Gény"(EA"7301"Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"des"Sciences"(Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"de"Droit"Sciences"économiques"et"gestion"de"Nancy"(Université"
de"Lorraine)"
! Maison"des"sciences"de"l’homme"Lorraine"(Université"de"Lorraine)"
! Bibliothèque!médiathèque"de"Nancy"
"
Cet"ouvrage"numérique"est"proposé"gratuitement"en"l’état."Sa"réutilisation,"sa"reproduction"
et"sa"rediffusion"sont"régies"par"la"Licence"Ouverte"/"Open"Licence"élaborée"par"la"mission"
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"
"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��+-
DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. EDMOND SIMONIN, DIRECTEUR DE L'ÉCOLE
DE MÉDECINE ET .DE PHARMACIE.
MoNSIEUR LE
REcTEua,
MONSEIGNEUR,
1\IEssmuns,
L'usage veut que, lors des séances consacrées uniquement à
l'instruction !supérieure, les Directeurs des Ecoles de médecine et
de pharmacie résument les faits intéressants qui appartiennent à
l'ordre _de la médecine. Mais avant de faire cette courte exposition, j'ai un devoir à remplir. Je dois adresser à M. Faye,
Recteur de l'Académie de Nancy, l'expression de la reconnaissance de l'Ecole pour le bien que sa haute position lui a permis
d'y réaliser, lui offrir l'assurance des sentiments de gratitude
des professeurs, pour la bienveillance qu'il a témoignée à chacun
d'eux, et le remercier personnellement d'avoir bien ,·oulu continuer avec le Directeur de l'Ecole, les rapports auxquels, depuis
plusieurs années, la bonté de MM. Caresme, Guillemin et Percin
l'avait habitué.
Après les deux discours qui ont marqué si nettement un point
·de départ dans le professorat de plusieurs parties du haut enseignement, je dois à mon tour indiquer, comme faits principaux,
les modifications 'générales qui viennent d'agrandir et d'élever
�48
la mission de toutes les Ecoles de médecine, et .faire conn ait re
surtout la transformation spéciale de l'Ecole de Nancy, rendue
possible par la création de la Faculté des Sciences de notre Académie. Après l'exposition de ces faits importants qu'une heureuse
coïncidence permet de solenniser dans cette réunion qui a pour
but d'inaugurer un nouvel avenir dans toutes les branches de l'enseignement supérieur,je devrai encore vous signaler les résultats
les plus sérieux et les plus récents de l'enseignement médical qui,
sous des titres divers, et avec des fortunes diverses, subsiste
depuis plusieurs siècles dans notre contrée.
Toutes les Ecoles de médecine et de pharmacie vont prendre
une importance et une vie nouvelle, par suite des prescriptions
du décret du 22 août dernier qui transporte, des jurys médicaux,
à ces établissements Je di'Oit de délivrer les certificats d'aptitude
pour les professions d'officier de santé et de pharmacien de
conde classe, pour celles de sage-femme et d'herboriste du second degré. La loi du 10 mars 1805 avait établi les jurys des
départements sous la pression d'impérieuses nécessités sociales ;
mais leur raison d'être ne pouvait se légitimer, après .quarante
années, en face de l'heureux développement donné à l'enseignement médical, par la création de ces annexes des Facultés de
médecine et des Ecoles supérieures de pharmacie, qui, connues,
dès 1806, sous le nom d'Ecoles secondaires de médecine, re.;
çurent, en 1840, le titre d'Ecoles préparatoires, dénomination
qui ne peut subsister longtemps encore, puisqu'elle ne se trouve
pas en harmonie avec les réformes radicales opérées par le
récent décret.
Dans une lettre (1}, à laquelle j'ai déjà emprunté plusieurs expressions, Son Excellence le Ministre de l'Instruction publique
et des Cultes,
de la manière suivante, l'institution des
anciens jurys. «Non-seulement cette institulion"tdevenait inutile,
mais elle créait une position singulière et fâcheuse à nos Ecoles
qui, chargées de l'enseignement médical et pharmaceutique, se
trouvaient privées du droit de vérifier l'aptitude de ceux qui aspirent à pratiquer la médecine et la pharmacie. Il appartenait à
ces écoles de maintenir et d'élever par l'enseignement le niveau
des connaissances médicales ; de répandre et de sanctionner lés
�49
meilleures méthodes, les plus saines doctrines, les .Pratiques les
plus sùres, et il ne leur appartenait pas de juger si ceux aux mains
de qui doit être remisela santé publique possèdent des connaissances offrant des garanties suffisantes.
Les nouveHes dispositions du décret font' cesser cette situation
anormale. Elles restituent aux Ecoles préparatoires une miss.ion
pour laquelle elles sont si compétentes, et ces dispositions ne
peuvent que profiler à l'art médical lui-même. En rattachant
cessairement la direction des épreuves pour la délivrauce des
grades à la direétiou de l'enseignement, elles impriment à ces
épreuves un caràctère d'unité qui les rendra plus sérieuses et
Iem· donnera plus de valeur. ,
ltlessieurs, je me hâte de le proclamer, ce décret, qui
donne une entière satisfaction à la logique, avait déjà reçu dans
noJre département une grande partie de son exécution. Depuis
longtemps le hon. sens général amenait à des études réelles,
sérieuses et publiques les candidats qui, aux termes de la loi dé
1.805, eussent pu motiver sur des certificats illusoires de pratique
leur comparution devant les examinateurs. Quant aux. membres
des jurys, ils étaient
choisis par l'autodté supérieure dans
le sein de l'Ecole de médecine; ils furent, pendànt bien des
années, nos maîtres avant que nous devinssions leurs èollègues, .
et la préoccupation constante qui les dirigeait, ainsi que les mem. bres qtti leur étaient adjoints, n'avait pour but que le bien public.
Aussi, à la veille de leur succëder, n'avons-nous qu'un seul
désir, c'.est celui de les imiter.
Au moment où les Ecoles de médecine et de pharmacie sont
investies du droit de conférer des grades définitifs, l'Ecolê de·
Nancy twuve, dans l'établissement de nos Facultés, un nouveau
moyen de sucèès pour les études et, peut--être aus.si, un nouvel
espoir pour l'avenir.
.
Cette récente création des Facultés donne une satisfaction, déjà,
hien vive, à.des désirs constants et que la tradition d'un passé
glorieux sèmble légitimer, de voir renaître, tout entière, notre
ancienne Univel!Sité, avec les modifications que doivent lui apporter, à la fois, et la tolérance, qui de nos jours élève si haut
dans l'estime publique les convictions religieuses, et les transfor-
4
�tiO
mations opérées dans l'étude des le Ures, dans celle ·du droit et
surtout,dans les travaux scientifiques.
Ne peut-on pas dire, aussi, pour justifier ces désirs, que dans
toute grande nation les diverses contrées, bien que réunies par les
liens puissants d'affection et d'unité complète de vue, diffèrent,
sous le rapport intellectuel et moral, comme sous le rapport physique,· et que des aptitudes diverses des populations résultent,
nécessairement, des goùts et des besoins différents ?
Oserai-je, devant un grand nombre d'auditeurs intéressés, ten·
te.r l'application de cette vérité à notre sol natal? Permettez-moi
de l'essayer, car si l'amour de l'impartiaLité et l'habitude des re-·
cherches qui appartient au professorat médical peuvent empêcher les illusions de l'orgueil, lorsque l'on tente de suivre le
précepte antique de se connaitre soi-même, à plus forte raison,
peut-on espérer de se préserver de l'erreur lorsque, au point de
vue physiologique et psychologique, l'on veut rechercher les traits
qui caractérisent l'esprit ou le génie propre à toute forte nation,
ou à l'une des parties importantes de son territoire.
L'esprit, dans les contrées qui furent la Lorraine, diffère, réel·
lement, du génie spécial aux: régions qui nous entourent, et il ne
faut pas être un observateur bien atténtif pour se convaincre
qu'il constitue une forme particulière de l'intelligence, placée,
comme transition, entre les formes que l'on rencontre au midi, et
celles qui dominent dans les contrées du nord. Cet esprit impropre, en général, à produire les brillantes et rapides .étincelles de
la pensée, qui, trop souvent, trompent l'OI·eille, comme l'œil du
voyageur est égaré par les lueurs fugitives, émanées des terrains
sans consistance, parfois pernicieux: et que la culture fait disparaître de jour en jour; ne se berce point, non plus, dans les rêveries qui semblent les produits de cerveaux souffrants, quand
elles ne sont point régularisées par une intelligence supérieure et
ramenées par elle à la réalité que le sens humain général a re·
connue. Identifié avec les sentiments les p1us vifs du cœur, mais
dont l'expression est toujours maintenue en de sages et fermes
limites, dirigé, sans cesse, par le mâle sentiment du devoir et de
la moralité, cet esprit me paraît, parmi les nombreuses définitions,
mériter celle de raison enjouée qu'a formulée M. Ampère.
�.N'est-ce point ce tempéràment particulier de l'esprit, dont la
ftoideur apparente donne la certitude de la sûreté et de la durée
des rapports sociaux, qui est l'origine d'une· certaine défiance, à
J'occasion de succès trop subits,. et de cette aspiration constante.
vers ce qui est vérité,. vers ce qui est hien et. vers ce qui est
beau, .à laquelle nous devons rapporter la naissance de toutes les.
associations littéraires, scientifiques, et artistiques,. et de ces
saignements nombreux et divers qui, dans nos contrées, ont établi
un trait d'union entre le passé éloigné de plus d'un
·
et un avènir devenu, en ce moment même, en partie, le présent.
N'est-ce point cette forme spéciale de Vintelligence qui a motivé.
cette aHianc.e heureuse, et toujours subsistante entre les esprits distingués, pour repousser la tendance contagieuse à se priver des
plaisirs de l'esprit et à remplacer ces nob1es, pures et saines jouissauces par des plaisirs plus sensuels, par le confortable sans distinction et par le luxe inintelligent. Doit-on s'étonner du désir ardent de
voir se rouvrir un sanctuaire des lettres dans un pays où chacun
connait les vers de Gilbert, dans une contrée où des élèves de
Itlichel Ange doivent à leur ciseau une immense renommée, et
qui fut la patrie de ce gt·and paysagiste, dont le nolll a été changé,
par le monde entier, en celui du Lorrain. Doit-on être surpris de
la noble ambition d'ajouter de nouvelles
scientifiques
aux travaux sérieux et utiles qui rappellent bmt de noms de
savants dont ]a liste ouverte, depuis bientôt frois siècles, par le
nom de Charles Le Pois se termine, aujourd?hui, par celui de.
M. Alexandre de
Pour ne point sortir de l'objet de cette,
cérémonie, destinée aux lettres et aux sciences;,je n'évoquerai
point les souvenirs qui, parmi nous, s'attachent, aussi, a.ux études
théologiques, ct aux études du
illustrées, de nos jours, par
des noms prononcés dans une solennité toute récente et qui
vibrent encore à nos oreilles charmées (2).
L'Ecole de médecine, vous le savez, Messieurs, s'est associée,
constamment, aux efforts que je viens de rappeler et dans ces der.,.
nières années elle a, volontairement, ajouté à ses travaux une
partie de l'enseignement d'une Faculté des Sciences dont elle
cherchait, ainsi, à préparer la venue.
Mais nous devons l'avouer, dans celte lutte de toutes les corn ..
�o2
;p·agnies et de lous les èorps savants, pout con$erver intacles de
recommandables traditions locales, pour satis-faire aux périlleuses
exigences du moment, tout en se préoccupant des succès futurs,
les travailleurs ressemblaient à une troupe peu nombreuse, se
tenant constamment sur la défensive, réparant; sans cesse, des
brèches incessamment reproduites, changeant d'armes et de but,
et se portant, sans relâche, d'un point à un autre pour ne céder
nullè. part. Désormais les conditions du· combat seront changées;
grâce à l'arrivée de puissants auxiliaires dont noils saluons la
venue avec bonheur, et avec l'espérance que l'affection· se joindra, bientôt, à l'estime et à Ia sympathie qu'ils ont déjà inspirée;
Tandis que l'une de nos Facnltés aidera lès littérateurs à sur..:.
monter les obstacles dans la route qu'ils ont déjà suivie, l'autre
affermira le drapeau de la science que l'Ecole de médecine a
.atboré et qui a couvert ses récents succès.
L'initiation d'une nombreuse jeunesse àux secrets des d·écouvertes scientifiques n'est pas Punique service que la Faculté est·.
appelée à rendre parmi nous. Le décret du 6 décembre f 854
qu'il ne faut pas séparer du décret du
aoitt, en réorganisant l'Ecole de médecine détermine entre elle et la F acuité une
fusion tellement intime que les deux enseignements, n'offriront
plus, en !J.Uelque sorte, à nos élèves qu'un seul· et vaste pro·
gramme d'études, au lieu de deux programmes ordinairement
séparés. Le doyen de la Faculté des Sciences a, tout à l'heure,
des- faits dont je ne dois plus répéter les détails; mais je
ne puis passer sous silence les conséquences sérieuses d'une
transformation qui, sanctionnée depuis hier par l'Empereur, a
placé l'Ecole de Nancy dans les conditions·heureuses, et enc-ore
exceptionnelles, où se trouvent, depuis peu; les Écoles de Lyon
et de Bordeaux. Cette transformation permettra le développement
de plusieurs de nos cours et la création de sources nouveUes. d'instruction pratique, par suite de la cession d'une partie de l'enseignementscientifique faite aux professeurs de la Faculté devenus,
ainsi, de nouveaux collaborateurs de l'E11ole de médecine, au
moment où Je décret qui a été lu tout à l'heuœ assure la valeur
et la continuité de ses travaux, en lui donnant le droit de porter
de dix à quinze le nombre de ses professt'urs (5).
�-
!)5
de nos cours ne subiront aucune modification.
Cinq cliniques seront ouvertes aux éléves cette année, comme
pendant les années précédentes, et huit autres cours seront destinés à l'anatomie théorique et pratique et à la physiologie, à la
pathologie chirurgicale et à la médecine opératoire, à la pathologie interne et aux accouchements. Les nouveaux résultats
décrétés en faveur des éléves seront dus à la transformation im.médiate de la chaire d'histoire naturelle et de matiére
et à celle de la chaire de chimie.
Dégagé d'une partie de ses devoirs, autrefois trop nombreux,
le professeur de matiére niédicale et de thérapeutique pourra
donner à son nouvel enseignement le développement et l'impor,tance que réclame un cours dans lequel le professeur, en faisant
connaître tous les produits qui sont convertis en remèdes, doit
développer l'intelligence de ses auditeurs, par des appréciations
de haute pratique, et par des considérations philosophiques, et
leur prouver que si la puissance du médecin peut être très-efficace dans la cure de certaines maladies, cette puissance a,
fois, des limites infranchissables, qu'elle doit être invoquée plus
rarement qu'on ne le croit, et, toujours, pour favoriser l'action
des lois qui régissent l'économie humaine, au même degré que les
lois qui président à l'ordre de l'Univers. Un de nos collègues, qui
s'est acquis une haute considération dans le cours de chimie,
devra à la modification de cé cours, transformé en chaire de toxicologie et de pharmacie, de pouvoir initier les élèves à ces études
sévères qui élèvent la médecine à la hauteur d'un tribunal sans
appel et qui, lors de débats solennels, font passer dans l'esprit
des jurés la conviction qu'elles ont inspirée à la conscience des
magistrats. Cette transformation de l'enseignement crée aussi un
cours nouveau de pharmacie, en faveur d'une catégorie nombreuse
d'élèves que le décret du 22 éloùt appelle, pendant plusieurs
années, dans les Ecoles de médecine, afin de faire participer,
désormais, tous les éléves en pharmacie, sans exception, aux
bienfaits de l'enseignement supérieur.
En remettant plusieurs parties de l'instruction scientifique aux
professeurs de la Faculté, l'Ecole ressent la satisfaction de voir
cet enseignement assuré, ct mis à l'abri de toute éventualité
�-
-
fâcheuse, parla libéralité de l'Etat répondant, ainsi, heureusement
au bien réalisé par le conseil municipal, et dont l'Ecolè de médecine aime a exprimer sa vive reconnaissance.
Si nos élèves ne peuvent guère concevoir l'espérance de s'occuper tous de l'objet du cours du, savant membre de l'Institut
qui nous préside aujourd'hui, ils devront tous assister, àssidûment, aux leçons de chimie, aux répétitions et aux manipulations qui doivent les faire fructifier; tous devront suivre Jes
herborisations et le cours d'histoire naturelle, que nous voyons,
avec plaisir, professé de nouveau par notre ancien Directeur,
et beaucoup d'entre eux iront chercher aux démonstrations de
' physique le complément de l'instruction déjà
dans les
lycées.
Beaucoup aussi, faime à le penser, puiseront, dans les divers
cours de la faculté des Lettres, une connaissance plus approfondie de l'histoire et des œuvres de l'antiquité et des temps modernes, aborderont sérieusement l'étude importante de la philosophie h·op négligée, et pourront, ainsi, perfectionner en eux, au
profit de leur existence entière, ce sentiment divin et poétique
de l'idéal qui empêche l'humanité de s'abaisser à la seule satisfaction de ses intérêts matériels, et qui, dans la littérature et
dans les sciences, comme dans les arts, élèv.e l'homme vers
Dieu, principe unique· et but unique de ses efforts.
Aujourd'hui, je ne vous retracerai pas les faits scolaires de
!1année qui vient de s'écouler. La proclamation des prix,. des
.mentions honorables et des résultats de plusieurs concours vous
prouvera que
les éleves ont mérité les récompenses .attribuées à l'assiduité et au travail, et j'ai hâte de vous signaler des
faits plus intéressants, parce qu'ils se rapportent aux services que
rEcole et ses élèves ont eu le bonheur de rendre à notre contrêe.
Lorsque les cit·constances politiques dans lesquelles le pays est
si noblement engagé, motivèrent le départ pour nos armées d'un
grand nombre de chirurgiens, dix de nos élèves furent chargés
par l'Intendance de remplacer nos confrères dans les hôpitaux
militaires. Mais c'est à l'occasion d'un malheur public que je dois,
surtout, vous signalerle dévouement que le .choléra a fait éclater
pàrmi nos élèves, au profit des malheureux. malades.
�Lorsque le fléau asiatique vint étendre ses ravages snr un grand
nombre de communes de notre département et des. déparlemélits
voisins, le personnel médical ne put suffire, pour porterpartout, et
au même instant, les secours qui étaient réclamés par des populations livrées à l'anxiété la plus vive.lli. le Préfet de la Meurthe et
les hauts fonctionnaires de la fi'Ioselle et de la Meuse, firent appel
à l'humanité des élèves de l'Ecolè de Nancy et leur confiance ne
fut pas trompée. Dans une seule matinée, presque tous les élèves,
dont le temps d'études offrait une garantie suffisante d'instruction,
se firent inscrire et je dus, à regret, éloigner de cette liste honorable les élèves, qui, trop nouveau-venus, n'avaient généreusement consulté que leur zèle. II fallait, en effet, présenter à la
confiance des populations, non-seulement des hommes capables
de formuler un bon avis, mais ayant en eux la puissance suffisante pour le faiJ·e exécuter sur le champ, et pour se créer,
scientifiquement, les protecteurs de plusieurs milliers de malades
qui, habituellement, reçoivent des soins de personnes très-honorables, mais étrangères à l'art médical, on qui sont dirigés par
tous ceux qui ont intérêt à profiter des erreurs de· jugement que ·
nous voyons se succéder sans relâche, sur tous les degrés de
l'échelle sociale, sans exception, comme paur prouver à l'homme
si vain de son intelligence, que cette intelligence n'arri\'e que
bien rarement à être complète. MM. les élèves, avant leur
missions, avaient étudié dans les cliniques tous les éléments connus de la question du choléra; ils partaient munis
d'instructions écrites, et, à leur départ, ils recevaient de plus
d'une bouche amie, les conseils qui pouvaient leur rendre moins
dangereux les divers écueils qui devaient, nécessairement, se
présenter, au début de leur pratique et au milieu de circonstances aussi exceptionnelles. 1\lais, du jour au lendemain, quelle
transformation devait s'opérer chez ces jeunes praticiens ! que de
nouvelles et rudes habitudes à contracter, sur le champ, dans
des localités ignorantes de tout bien-être, pauvres et d'autant
plus éprouvées ! que de fatigues du jour succédant, sans transition aucune, à la'vie calme des études! que de nuits consacrées.
aux nombreux actes du devoir, et au lieu de ce devoir sans
combat, et offrant un vif intérêt sans causer de fatigues, tel que
�les cliniques régulières des hôpitaux en offrent l'exewple journalier, que de discussions banales à subir, que de préjugés surprenants à surmonter, que de volontés inintelligentes à vaincre,
dans la seule vue de produire le bien ! Puis,- quel tris le spectacle
que celui d'assister, sans retraite possible, aux morts qui marquaient chaque heure ; et au milieu de ces efforts, soutenus non
pendant quelques jours, mais pendant plusieurs semaines, mais
pendant plus d'un mois, que d'illusions tombées à la lumière qui
venait, brusquement, 'éclairer les parties les plus cachées et les
moins nobles. du cœur humain ; que d'angoisses aussi, que de
chagrin, quand , après l'emploi des moyens qui paraissaient
avoir décidé les premiers succès, survenaient les revers qui révélaient 1'intensité de la cause du mal! Sans doute,
les élèves, vous que votre récente pratique vient de rapprocher
plus intimement encore de vos maîtres, par ce grave enseignement des faits sérieux que vous avez souvent dirigés, mais qui,
plus souvent, vous ont démontré l'impuissance de l'homme en
face des grands fléaux qu'il n'a pas eu la volonté ou la puissance d'éviter; sans nul doute, en écoutant les conseils que nous
formulions, d'une manière si positive, à votre départ, vous étiez
loin de supposer l'étendue de votre dévouement et quel serait le
poids de vos fatigues d'esprit et de vos fatigues physiques.
Aujourd'hui, vous comprenez combien vos professeurs devaient
vous suivre d'un œil inquiet et interroger tous vos actes pour
savoir si, à côté de votre science acquise, se trouveraient les
qualités du caractère qui devaient la rendre féconde, et le 'ressort
de l'âme qui permet de dominer les situations; pour savoir éga ..
lement si votre organisation physique aurait la trempe suf.fisanle
pour résister aux fatigues que plusieurs années de noviciat ne
font point toujours surmonter.
A mon premier appel, vos familles vous avaient envoyés, sans
hésitation, des extrémités de départements voisins, souvent même
sans connaître les localités qui devaient être le théâtre de vos
généreux efforts. Plusieurs. d'entre vous partaient, bien plus
souffrants que certains malades dont ils allaient relever le moral,
et quelques autres, forcés, au milieu de leur mission, de s'avouer
vaincus par la maladie, quittaient, après quelques heures ou
�n7
après quelques jours, leur lit de malade et retom:naienLàleur
poste si honorable, mais si périlleux. Vous ne doutez pas, aujourd'hui, de la secrète anxiété que nous éprouvions, en nous demandant, tout bas, si tous vous reviendriez de cette véritable campagne,
où par ces sentiments du devoir qui, en ce moment, unissent,
d'une extrémité de l'Europe à l'autre, tous ·les cœurs français, et
par des efforts moins brillants mais tout aussi patriotiques, vous
alliez vous associet· aux héroïques faits d'armes et aux nobles
actions de la chirurgie militaire de notre armée d'Orient.
Grâce à Dieu, votre dévouement n'a point coûté de larmes,
et cependant le succès de vingt-sept missions officielles a été
aussi complet que la nature grave et exceptionnelle des choses
permettait de l'espérer (4).
Je ne puis, Messieurs les élèves, citer ici vos noms, car j'ai
trop à dire à votre louange. Vous connaissez déjà la haute opinion que vos actes ont inspirée à vos professeurs; mais vous
ignorez encore combien votre tact, votre intelligence, votre dévouement, et je dois ajouter votre courage et votre- désintéressement, ont été appréciés des populations auxquelles vous avez, si
rapidement, apporté confiance, espoir et secours. De toutes parts,
des expressions de vive reconnaissance me sont parvenues. Les
administrateurs de tous ordres ont signalé combien votre présence au milieu de leurs administrés, laisserait de longs et honorables souvenirs. De hauts fonctionnaires se sont fait un devoir,
je cite ici leurs termes, de m'adresser des remercîments et de me
faire connaître leur entière satisfaction de vos bons services. Les
administrateurs de nos hôpitaux se sont associés à ces démonstrations, et M. le Préfet de la Meurthe s'est plu, dans un rapport
général, à exprimer tous les sentiments que votre dévouement a
fait naître en lui.
Le Gouvernement, je n'en doute point, ne laissera pas ces services sans récompenses, et, déjà, des propositions ont été transmises à S. Exc. le Ministre de l'instruction publique et à S. Exc.
le lUinistre de l'agriculture et du commerce. 1\:lais, Messieurs les
élèves, ce serait abaisser le carac(ère de votre mission, pendi}nt
l'épidémie du choléra, que de chercher à l'apprécier par une
énumération de récompenses officielles. Vous a vez. trouvé, dans
�-
;ss
votre conscience, la vraie récompense dè l'honnête homme, de
l'homme de bien, et la seule qui, dans cette carrière où vous .êtes
entrés déjà avec honneur, doit être l'unique mobile de tous vos
actes.
�NOTES.
(1) Lettre, en date du !i octobre 18!i4, de Son Excellence le Ministre de l'Instruction publiquè et des Cultes, à 1\1. Bérard, Inspecteur général de l'ordre de la
médecine.
(2) De l'influence des étndes théoriques sur l'application des lois et la pratique des
affaires. Discours prononcé, le 5 novembre 18114, à l'audience de rentrée de la Cour
impériale de Nancy, par l\1. Saudbreuil, avocat général.
(5) Voici l'indication des diverses formes de l'enseignement médical qui ont succédé à la chute des Universités provinciales frappées, comme tous les corps enscignants, par le décret rendu, le 18 août 1792, par l'Assemblée nationale.
1re FORME. Enseignement libre. Professorat volontaire. Traitement des professeurs constitué par les élèves. Diversité extrême dans les matières enseignées sans
contrôle. Plus tard certificats de scolarité admis par le gouvernement, non-seulement pour ces associations enseignantes, mais aussi pour l'enseignement donné par
tout docteur eu médecine. Ledécretdu22 août, 18!i4 a seul aboli les certificats de scolarité particulière que tout candidat au titre d'officier de santé pouvait utiliser devant
les jurys dont la mission est terminée depuis la fin de septembre 18!i4. L'enseignement libre s'éleva, à Nancy, presque immédiatement après la chute de la Faculté de
medecine, du collége de médecine et du collége de chirurgie.
,
2• FORME. Ecole secondai1·ede médecine. Professeurs choisis par le Ministre de
l'Instruction publique. Traitement des professeurs reposant encore sur le produit
des inscriptions dont la date et le nombre sont déterminés. Budget des cours assuré
par un vote de 1,000 fr., formulé par le Conseil municipal de la ville ou siége l'é-
�cole, ou par le Conseil général du département, ou par la Commission des hôpitaux
civils. Temps de scolarité ayant la valeur des deux tiers dn temps réel, mais obligation pour les élèves passant dans les facultés de donner une seconde fois les sommes déjà versées par eux aux écoles secondaires. En :185/î, l'Etat abolit ces doubles
frais de scolarité et depuis il a tenu compte à l'élève de toute somme versée.
gnement libre d'Amiens fut transformé le premier en 1806 ; celui de Nancy fut modifié Je dernier et ne prit rang dans l'Université qu'en 1822.
5• FORME. Ecoles préparatoires de médecine et de phctrmacie, Le chiffre des professeurs des écoles secondaires transformées en écoles préparatoires, à partir de 18t.O,
est porté de 6 à 10, non compris des attachés. Le traitement des professeurs est .assuré. Le budget ne peut s'abaisser au-dessous d'un minimum de 15,000 fr. Les
deux premières années d'études ont la valeur du temps passé dans les Facultés. L'école de Nancy est transformée l'avant-dernière, en 1845. Reims vient après. Orléans succombe. Quelques écoles préparatoires sont créées directement. En 18155,
il ne restait plus à transformer aucune des i8 écoles secondaires primitives; il
existait alors 21 écoles préparatoires.
Le décret du 22 août18rl& confère aux écoles préparatoires le droit de réceplion
des officiers de s.anté, des pharmaciens de deuxième classe, ùes
et
des herboristes du deuxième degré.
4'
La création des 16 centres littéraires et sdentifiques permet la création d'un type nouveau. Fusion de l'enseignement de la Faculté des sciences avec
l'enseignement medical, au profit des élèves. N01nbre des professeurs porté dans
l'Ecole de médecine de lO à Hi, plus les attachés. Budget élevé de 15,000 à 17,000
fr. Développement de l'enseignement médical. L'Ecole de Lyon reçoit la nouvelle
organisation le 15 août; Bordeaux, le 10 octobre et Nancy le 6 décembre 18lî4.
(4)
des missions confiées, en 18154, dans trois départements, aux élèves
de l'École de médecine, à l'occasion de l'épidémie du choléra, et dans les hôpitaux
8
militaires de la u division.
1°
MISSIO:-IS DONNÉES l'ENDANT LE CHOLÉI\A,
Voici par ordre alphabétique l'indication des localités où les élè1·es ont été envoyés
et celle du nom de ces élèves.
Département de la lfleurthe.
1\fl\J.
Allain-aux· Bœufs ....•..... ·.•.•.••••.•.•••.•.•• Bloch.
"Barbonville •••••..•••.••••.•.••••••••••••.•.• Bernard.
Blénoll-lcs-Toul .•••••••••••..••••••..••••.•••• Pommier.
�61
Bouzanville •.•.•.••••••.•.•. ; •.•.•...•. • •.•.•.
Champenoux. • . . . . • • . • . • . . . . . • . • • • • • • . . . • . • . •
Crépey ..•.••••.•.•.•.........•..•••..•.••.••
Choloy et Domgermain ...••......••••..•.•._. . . .
Fécocourt ••••.••••..•. ; ...•.•.•.•••........•
l\Jl\1.
Thiébaull.
Arnould.
Saiotin.
Douillat.
Kuhn.
Foug •• • . • · • .. · • · ..• · . · .• · .. · • · • · • ...•..••..
Freuard .• · •.....•..•..•.• · .•............. , ••
Germonville •••.••..• · .•.••••••••.••.•.••..•••
Gondreville. . • • . . • . . . . . • • • . . • . . • . • • . . . • • • • • • .
Lenoncourt •••. ·• • • . • • . . • • . . • • • . • . • . . • • • • • . •
Morey ..•..•.......•....••...•..•.•.•••.•.••
Ochey. • • . • . . . . • • . . . . • • . . . . • . . . . • . • . . . • . • • . •
Pulney. • • • . • • . . • • • • • . . • • • • . . • . . • • • • . • • . . • . .
Saizerais. • • . • . • • . • . . • . • . • . . . • . . . . . . . • • • • • • . •
Saint-Firmin ••••..••...•••..•..•...•.• ;.·; ...•
Vaudeville ••••••.•..•••••.•••.•.•.••.•.••.•••
Velaine-sous-Amance ..••....•.........••.•.•..•
Xirocourt. • • • . • • . . . • . • • . . . . . • . . . • • . . • • . . • . . .
Durand.
Chrétien.
llfinct.
Arnould.
Il.oùinol.
Chaudron •.
Tincelin.
Navarre.
Joyeux.
Pommier.
Arnould.
Il.ousselot.
Ilemelot.
Manson.
a conservé, pendant
A Nancy,
les vacances, six eleves de serVIce.. . • . . . . . . . . • • . . . Thiery.
\
,
Bouchon.
\ Bernard.
j
Départeme11t de la JJleuse.
Bar-le-Duc ...•..••..........•......••...•.•. Vasseur.
( Kuhn (Philippe).
Commercy. • • • . . • . . . • • . . . . . . • • . . • . • . • . • . . • . • Lepage.
Dépnrlemcnt de la !floselle.
Aumetz .••....•.•.•.•••......••.••....•..•.. Magot.
Ars-sur-Moselle. . . . • • . • • • . • . . • . . • . • • . • . . • . . • . . Christophe.
Dans les Vosges el dans la Haule·Marne, tr()ÎS élèvrs IPlumerel.
ont apporté égalcm_ent leur concours,
avoir reçu de
mission spéciale .•••••.•.•••....•..•••.•••.•••• (Bailly.
�62
2•
FONCTIONS CONFIÉES DANS-LA
l$e
DIVISION MILITAIRE.
1\IM.
Hô pilai militaire de Nancy. , • . . . • • • • • • • • • • • • . • • • • Pirou x.
.
.
.
• a
Fonctions d' ai'd e-maJor pres 1 garmson de Marsa1. • • • •
Th<
magot.
1\forel.
Tbiébault.
Hôpital militaire de 1\lelz. • • . . • • • • • . • • .. • • • • • • • • • • Margot.
Parant.
Chriotophe.
Hôpital militaire de Sarreguemines •••••••••••.••••• Vasseur.
Hôpital militaire de Thionville .• ,................. Saintin.
�
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Title
A name given to the resource
1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie
Subject
The topic of the resource
Discours du Directeur de l'École de médecine et de pharmacie
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
SIMONIN, Edmond
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Fichier placé sous licence Etalab (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence- ouverte-open-licence-5899923.html)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/dcd7c7544a0445f4a71b7dee3b176e40.pdf
76bf145f1849891ffa6f9ebd6a33ef50
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Text
Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
"
Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
"
Ce" fichier" numérisé" est" le" fruit" d’un" travail" collaboratif" coordonné" par" le" Laboratoire"
d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
! Direction"de"la"Documentation"et"de"l’Edition"(Université"de"Lorraine)"
! Institut"François"Gény"(EA"7301"Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"des"Sciences"(Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"de"Droit"Sciences"économiques"et"gestion"de"Nancy"(Université"
de"Lorraine)"
! Maison"des"sciences"de"l’homme"Lorraine"(Université"de"Lorraine)"
! Bibliothèque!médiathèque"de"Nancy"
"
Cet"ouvrage"numérique"est"proposé"gratuitement"en"l’état."Sa"réutilisation,"sa"reproduction"
et"sa"rediffusion"sont"régies"par"la"Licence"Ouverte"/"Open"Licence"élaborée"par"la"mission"
Etalab" au" nom" du" gouvernement" français" (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence!
ouverte!open!licence!5899923.html)."
"
Le"choix"a"été"fait"de"mettre"à"la"disposition"des"chercheurs"et"du"grand"public"l’intégralité"
des" volumes" conservés" pour" la" période" 1854!1939." Toutefois," les" volumes" les" plus" récents"
n’étant" pas" encore" tombés" dans" le" domaine" public," les" responsables" de" ce" site" web"
s’engagent"à"retirer"tout"document"faisant"l’objet"d’une"réclamation"d’un"auteur"ou"d’un"de"
ses"ayant!droits."
"
"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��PROCLAMATION
DES
PRIX ET MENTIONS HONORABLES
ET
DES RÉSULTATS DES CONCOURS.
Les professeurs de l'Ecole, réunis en conseille 1er et le 25 octobre 1854, ont décerné, dans l'ordre suivant, les récompenses .
annuelles.
·
PRIX ET MENTIONS HONORABLES.
1° ÉLÈVES EN MÉDEGINE.
PREl\HÈRE ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix unique.
M. FoRGEOT (Alfred), de Vignory
ANNÉE D'ÉTUDES.
Pt·ix.
J.\11. BAILLY (Jules), de Bleurville (Vosges).
JJ!ention honorable.
M. BRoCARD (Valentin), de Rogéville (Meurthe).
TROISIÈME ANNÉE D'ÉTUDES •.
!J!ention honorable.
M. DOUILLAT (Henry), de ]l[ailJy (1\{arne) •.
).
�.
.
PRIX SPÉCIAL POUR LA RÉDACTION. DES OBSERVATIONS.
}!. DoUILLAT (Henry).
JJ1enliom; honorables.
(Henry), de Bulgnéville (Vosges).
BLoCH (Emmanuel), de .Melzenvisse {1\'foselle).
2" ÉLÈVES EN PHARMACIE .
.Mention honorable.
BnÉJARD
(Alexandre), de Tanconville (1\'Ieurthe ).
RÉSULTAT DES CONCOURS.
Le concours pour la place de préparateur-aide du cours d'anatomie a eu lieu le 10 novembre 18!>4.
M. BoucHoN (Nicolas), de Nancy, a été nommé pJéparateuraide.
Le concours pour la place d'aide du cours de médecine opératoire et de dèligation chirurgicale a eu lieu le 14 novembre
18!>4.
M. CHRÉTIEN (François), de Lunéville, a été nommé aide de ces
cours.
4.-
Le concours pour la place de préparateur-aide de toxicologie
et de pharmacie, et pour la place de préparateur-aide de matière
médicale a eu lieu le 21 novembre 1854.
M •. CAsTEL, de Nancy, a été nommé préparateur-aide de toxicologie et de pharmflcie.
M. LEMERCIER, d'Epernay, a été nommé préparateur-aide du
cours de matière médicale.
�
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1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
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A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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A name given to the resource
Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
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Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
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Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
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Language
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
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25d3f666a19c7872621f551f837121f0
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�UNIVERSITÉ BfPÉRIALE.
ACADÉl\IIE nE NANCY.
SOLENNELLE DE
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
>:T IlE
L'ÉCOLE DE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY
!\ANCY,
GRDIBl.OT ET Vc RAYBOIS, nti'RUIF.URS-Lllll\AIHiiS DR
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, ·12a.
tstm.
DR :'i.\:';CY,
��PROCÈS-VERBAL
DE LA SÉANCE.
.
.
La Séance solennelle de rcnll·éc de la Faculté des Sciences, de
la Faculté des Lettres ct de l'Ecole de :\Iédecine ct de Pharmacie
de Nancy, a cu lieu le H:i noYernbrc 18!'>!), à midi, dans le gt·and
salon de l'Hôtel de ville.
La séance a été présidée pm· M. Faye, Membre de l'Institut et ,
llecteur de l'Académie de Nancy. Ont pt·is place au bm·cau MM. le
Pt·ince de Beauvau, Sénatem·; Lezaud, Procureur général; Garnier, Président de chamln·c à la Com· impériale; l'abbé Bureaux;
les Inspecteurs de l'Académie, les Doyens des Facultés et le Directeur de l'Ecole de Médecine, tous Membres du èonscil académique.
i\IM. les Professeurs des Facultés et de l'Ecole de Médecine, le
Provtscur ct les autres fonctionnaires du Lycée impérial de Nancy,
ont pris place après le Conseil académique.
Des places spéciales avaient été réservées aux différentes Autot·ités
de la ville ainsi qu'au Conseil municipal.,
�:._6-•
M. 1e Recteur a ouvert la Séance par une.allocution et a donné
successivement la pat·ole à l\1. le Doyen de la Faculté des Sciences,
à :M. le Doyen de la Faculté des Lettres et à rtf. le Directeur de
l'Ecole de Médecine ct de Pharmacie, pow· la lcctuPe _de leurs
Rapports.
1\I. le Professeur Secrétaire de l'Ecole de Médecine a proclamé
ensuite les prix décernés à MM. les Elèves en médecine.
La Séance a été levée à 2 hem·es. Elle avait été précédée d'une
messe du Saint-Esprit qui a été célébrée en l'église cathédrale.
�DISCOURS
PRO:IOi\'Ct l'AR
.M. LE RECTEUR DE
DE
Les institutions vivaces ont, comll}e les individus, leurs pé- ·
riodes de croissance juvénile et de maturité puissante. Elles
vivent, elles croissent tant qu'elles ont du bien à faire, et c'est
dans le sentiment profond de cette vérité qu'une bouche auguste
prononçait nagucre des paroles qui ont ému et rassuré la France.
Quant aux institutions sans but, sans raison d'être, nées d'un
caprice passager qui bientôt se refroidit et se détourne, elles no
se développent pas, elles ne savent point grandir.
Il y a lâ, lUcssieure, une règle sùre pour juger une institution
nouvelle. CeHe institution possède-t-elle un germe de vie, estelle réellement appelée à faire le Lien? elle ira croissant des son
début. Que les· progrès soient Jenls ou rapides, peu importe, mais
il faut qu'il y ait progrès.
Cette règle, ce criterium, je vous propose de l'appliquer aux
.Facultés que nous inaugurions ici même l'an passé. Je les
mandais alors à votre sollicitude ; vous les avez accueillies chaleureusement, et aujourd'hui elles viennent, par l'organe de leurs
dignes doyens, avec leur sœur aînée l'Ecole de médecine, rendre
publiquement compte des travaux que ,·ous avez si bien- encouragés.
�-
8
Voyons donc, J.Uessieurs, d'un œil froid, en écartant l'éblouisJ
scment d'un premier succès dû à votre intelligent patriotisme
autant qu'au talent élevé de nos jeunes professeurs, voyons, disje, le côlé matél'iel et prosaïque de la question. Quels seniccs
les Facultés ont-elles rendus à Nancy, à la Lorraine? Peuventelles en rendre de plus grands, et s'y préparent-elles en redoublant d'efforts, en élargissant le cercle de leur action?
Des services rendus, me dira-t-on peut-être, est-il déj'à temps
en parler ? Ouif car les Faèultés ont commencé déjâ 'â faire de
Nancy la capitale universitaire de la Lorraine. C'est vers Nancy
que se tournent maintenant les regards de la jeunesse, car c'est là
qu'elle trouvera ses juges. C'est à Nancy que vos Facultés ont
appelé cette année, de tous les points de votre belle et grande
province, ces nouveaux pèlerins de la science qui viennent par
centaines recevoir ici la récompense de leurs travaux. Tout à
l'heure
les doyens vous diront que plus de trois cents candidats des collèges de la 1Ueuse 1 de la lUoselle, de la IUeul'the et des
Vosges se sont présentés celte année aux epreuves du baccalau•
réat. Jusqu'à présent Nancy n'y a pas gagné d'argent, mais il y
gagne de l'importance. Aujourd'hui que les chemins de fer ont
créé au profit de Paris une centralisation d'espèce nouvelle, plus
.irrésistible que jamais, une grande ville doit s'applaudir de posséder des institutions capables de lulter contre le courant et même
de créer des courants nouveaux dont elle reste le centre.
pour notre ambition comme pour nos devoirs, servir
une seule ville, dans toute une province, ne serait pas assez. Les
Facultés servent aussi la Lorraine. Là leur action, pour être moinîl
directe, n'est pas moins réelle ct profonde. Je puis bien le dire,
moi qui chaque jour en constate les effets. Il n'est peut-être pas
ùe collége, dans celle Académie, qui n'ait ressenti cette influence.
Partout les collèges vont réorganiser des branches entières de
leur enseignement, afin de les mettre en harmonie avec le nôtre
et de nous préparer des étudiants sérieux. Partout les jcmws
professeurs se sont émus de voir des :Facultés si près d'eux. Ils
se sont mis en relation avec elles afin d'obtenir des conseils ou
une direction pour leurs travaux. A chaque session, des candidals
à la licence sc sont présentés cette année, toul comme les jeunes
cr
�il
élèves dont je viens de parler. La conquête de ce grade, en effel,
c'est l'avenir d'un professeur; disons plus, c'est la meilleure garantie des familles, et je pourrais vous citer plus d'une ville lorraine qui ne veulent plus admettre de simples bacheliers dans
certaines chaires de leurs collèges. A Dieu ne plaise, je me hâte
do le dire, que je partage celte tendance trop absolue. Parmi les
régents les mieux éprouvés, je vois bien des hommes de mérite
qui, pour avoir négligé de se munir à temps de cc litre, n'en soutiennent pas moins dignement 'le fardeau de leurs pénibles fonctions • .tUais si les vétérans du professorat ont conquis le droit de
se soustraire à l'épreuve, le même privilège ne saurait être concédé
sans regret aux nouveaux venus.
Ainsi, l\Iess-ieurs, dans le court intervalle d'un an, l'influence
salutaire de nos Facultés s'est fait sentir sur la province entière.
L'an prochain, nous aurons, j'espère, des résultats plus saillants
encore à vous signaler. En fait d'écoles primaires, la Lorraine
était depuis longll'ntps au premier rang des provinces françaises ;
elle s'y placera bientôt en fait d'instruction secondaire, ct c'est
surtout aux }?acuités de Nancy qu'elle devra cc nouveau progrès.
Le l\linistre l'avait bien prévu : si d'une part il propose aux pmfesseurs de nos collèges, comme un modèle parfois désespérant,
l'admirable personnel de nos lycées de lUetz ou de Nancy, d'autre
part il leur fournil le moyen d'aspirer à celte perfection, en instituant au milieu d'eux un cenlre.de haut enseignement, source de
progrès toujours ouverte à qui veut y puiser.
C'est à vous, lUessieurs, de juger si je me suis trop pressé de
parler de services.
Abordons le second point et voyons ensemble si les
peuvent encore plus, ou si elles se résignent à.creuser simplement
le sillon qu'elles viennent de tracer.
Je diviserai ma réponse en deux parts : l'une pour l'Ecole de
droit que celte province a si longtemps réclamée; J'autre pour
l'Ecole nouvelle que nous inaugurons aujourd'hui, et dont .lUlU. les
doyens vont bientôt vous entretenir.
!Ucssieurs, celle province a eu beau invoquer son droit el la
foi des traités, elle a échoué jusqu'ici. La Restauration qui lui
avait enlevé les Facultés données par l'Empereur, n'a pu lui ac-
�ro
corder l'Ecole de droit deux fois demandée par la ville de Nancy.
Le Gouvemement de Juillet n'a rien donné.
enfin la série
des échecs s'épuise el celle des réparations commence.
reur, qui peut beaucoup pour les provinces, dote la Lorraine
d'un centre de haut enseignement et crée à Nancy deux :Facultés.
:Maintenant que ce grand pas est fait, il est aussi facile de comprendre l'insuccës des réclamations antérieures que de se rendre
compte de nos espérances actuelles. Pour cela, il n'est pas nécessaire de fail·c la critique du passè; il suffit de pénétrer dans la
pensée du Gouvernement, pensée féconde dont la réalisation sera
l'honneur du réfopmatcm· de l'Université.
«Il est lemps, disait l'an passé le lUinislrc à ses rcctcu1·s, de
}> lutter contre le préjugé funeste qui tendrait à priver les provin:» ces de toute vie intellectuelle ct â faire refluer vers le cœur de
» l'empire, au risque d'en atrophie1· les membres, l'énergie vitale
:» de la nation .....
pour que les hautes études portent lous
::. leurs fruits, il faut qu'elles reçoivent une direction ferme el
:> uniforme, il faut que les hautes écoles forment un corps forte·
ment uni et qu'elles se prêtent un appui mutuel. La théologie,
, le droit, la médecine, les hautes spéculations mathématiques cl
» physiques, les grandes applications des sciences, comme les rel> ·cherches approfondies de la philosophie, de l'histoire et de la
> littérature gagneront à se connailre et à se pénétrer mutuel, Jement. >>
•
Et ailleurs, non plus J'an passé, mais le mois dernier, celle même
:
idée, toujours dirigeante, revient sous la plume du
<o: L'isolement est mortel aux établissements d'enseignement supé}> rie_ur.
tous nos acles ont-ils tendu à les rapprocher, à les
> unir, a les pénétrc1· en quelque sorte les uns pa1· les autres.
>> Les Facultés de théologie et de droit
su1· les Facultés
., des lettres; les Facultés de médecine ct les Ecoles préparatoires
» s'appuient sur les Facultés des sciences ..... » Je m'anête, lUessieurs, j'en ai lu assez pour vous éclail·e1' et vous faire sentir avec
quel tact l'adminish·ation municipale de cette ville s'est associée à
celte pensée mére des succès que vous attendez. C'est qu'en effet
les deux I<acultés des lettres ct des sciences forment les bases de
l'édifice universitaire. Quiconque veut construire commence par
�H
les fondations. Concéder tout d'abord une Faculté de droit, c'eftt ét..;
commencer par le faite et bâtir entre ciel et terre. Ayons confiance
dans l'avenir, lUessieurs; le plus difficile est fait, car les premières
assises sont posées. II nous sera donné, sans doute, de voir achever et couronner l'édifice. Vous n'êtes pas seuls à le désirer; au
succès de votre cause, le Pouvoir lui-même mc semble intéressé,
car il ne faut pas que, sur votre immense frontière, nos voisins
puissent se dire : toute province qui s'annexe à la France est fatalement absorbée dans le rayonnement parisien, à moins qu'elle
ne garde obstinément son idiome ou qu'elle ne lutte contre la
fusion. Oui,
une province comme la vôtt·e a tout à
gagner avec un gouvernement qui sait si bien comprendre, à l'extérieur, le respect des droits de tous, à l'intérieur, les vrais intérêts du pays, et qui, pour protéger les uns ou satisfaire les autres,
possède la liberté d'action sans laquelle les grandes entreprises
restent à l'état de rêves impuissants.
Parlons maintenant de l'enseignement nouveau des sciences
appliquées. Il ne s'agit de rien moins que de créer nous-mêmes à
Nancy, avec les seules ressources de notre organisation provisoire,
une troisième
une }'acuité de l'industrie. Ici je dois
donner quelques explications, car je tiens avant tout à bien faire
comprendre le but
la nature de l'œuvre à laquelle les deux
Facultés se vouent de concert.
L'Université a pu mériter son nom à une époque où les carriél·es libérales comptaient seules pour quelque chose, lorsque les
savants professaient un noble dédain pour ce qui est simplement
utile, lorsque la pratique des arts encore peu avancée repoussait à
son tour la théorie, et méconnaissait les set·vices qu'elle en tire
aujourd'hui. L'Université s'était modelée sur la société; elle enseignait les classes supérieures. Qu'eùt-ellc appris aux classes industrieuses? Peu à peu les choses ont changé: les sciences se sont
l'approchées de la pratique, tantùt pout· la guider, tantùt pour en
recevoir
el de celte union de plus en plus intime il
est résulté, d'une part, une industrie colossale qui soutient sur ses
larges assises les nations modernes; d'autre part, tin immense corps
de doctrines, intermédiaire obligé entre la théorie el la pratique,
ce que l'on nomme aujourd'hui la science de l'ingénieur.
�12
L'Université qui doit embrasser toutes les sciences, pourraitelle donc négliger celle-la?
Il y a plus, la société elle-même s'est transformée sous cette
double influence dont je ne recherche ici ni l'origine, ni la raison
providentielle. Les directeurs de travaux, les agents de l'exploitation industrielle, depuis l'ouvrier instruit jusqu'â l'ingénieur,
jusqu'aux chefs de nos grandes compagnies, constituent désormais
une classe puissante, et, pourquoi ne pas le dire, la plus puissante
de toutes. A elle appartient l'avenir, car rien ne limite son essor.
C'est par elle que la France est enfin devenue ce qu'elle est aujourd'hui, une démocratie laborieuse, ou plutôt, grâces en soient
rendues au Prince qui a su comprendre son époque, une démocratie hiérarchisée.
L'Université qui doit appeler dans son sein toutes les classes,
pounait-elle donc négliger celle-lâ? L'Université offre aux professions libérales des colléges par centaines, et des Facultés; elle
a des milliers d'écoles primaires pour les enfants des villes el des
campagnes; ne doit-elle rien â ces mille carrières de l'industrie
qui, pour n'être pas libérales dans l'ancien sens de ce mot, n'en
exigent pas moins l'emploi continuel de l'intelligence la plus développée?
La réponse ne saurait être douteuse; les faits parlent trop
haut de nos jours. C'est parce que cet enseignement est né en
}'rance, où depuis soixante ans les écoles des ponts et chaussées,
des mines, des constructions navales, du génie militaire, de l'artillerie, l'école polytechnique enfin le distribuent chaque année â une
j cunesse d'élite qui le répand â son tour; c'est parce que nos armées
industrielles et gueniéres sont savantes que la France est
aujourd'hui la plus forte des nations. Partout on trouve des braves,
partout on compte des généraux expérimentés et dévoués, mais
où trouverait-on, bors de France, cette masse irrésistible d'hommes
instruits dont le développement intellectuel assure la vigueur morale, maîtresse de ce monde.
bien, IUessicurs, l'enseignement des sciences appliquées a
pour but de généraliser ces bienfaits jusqu'ici concentrés dans les
hautes écoles. Nos nouveaux cours seront publics; le lUinistrc
• nous a donné l'ordre d'en ouvrir les portes à lout venant. Nous
�'1:5
avec lui qu'ils conti'Îbueront à développer la pr.osp{!rité
de celle province où tous les éléments se trouvent rassemblés,
richesses agricoles, métallurgiques, manufacturières, capitaux et
hommes supérieurs et bras intelligents. En plaçant ici cet
enseignement nouveau, le
en marque assez le caractère.
Nancy n'est point une ville industrielle; s'il s'agissait d'une école
d'arts et métiers, peut-être faudrait-il aller ailleurs. Mais nous
n'avons point la prétention de former et de lancer dans le monde,
armés de toutes pièces, des constructeurs, des mécaniciens, des
appareilleurs,
chefs d'atelier; ce que nous nous proposons,
c'est d'offrir à la jeunesse labofieuse cc fonds commun que la
science moderne met au service de l'industrie, ces théories imml\diatement applicables aux travaux de lous les jours, ces exercice..;
pratiques qui, sans être déjà l'art ou le métier, offrent cependant
quiconque ressent l'ambition d'être,
une initiation nécessaire
dans sa spécialité, à la hauteur de son époque et de ses rivaux.
Le champ que je viens de circonscrire est encore si vaste, que
Je personnel actuel des Facultés ne suffirait pas pour en explorer
toutes les régions, quand hien même nous aurions dés aujourd'hui ·
les collaborateurs que le
nous adjoindra sans doute l'année prochaine. Afin de combler des lacunes, j'ai dû faire appel
au zéle et au dé-vouement des habitants de Nancy. Je suis heureux
de pouvoir dire qu,e cel appel a été entendu. Avec un désintéressement au-dessus de toul éloge,
1\lorey, L. Parisot,
ont bien voulu se charger de repr!
senter parmi nous l'architecture,
l'hygiène ella science du _dessin. Je les remercie publiquement au
nom de S. Exc. 1\1. le !Uinist1·e de l'Instruction publique, qui m'a
chargé de leur exprimer sa vive gratitude.
Actuellement,
vous pouvez vous faire une idée
nette de nos projets : fonder une Université complète où toutes
les c.onnaissanccs humaines seront vulgarisées, où toutes les classes
de la soc.iélé trouveront l'aliment qui leur convient; appeler à nous
la jeunesse d'une grande province; établir des relations intellectuelles avec nos voisins, qui savent notre langue, qui ont adopté
nos lois, qui se souviennent peul-Nre d'avoir été l<'rançais; peupler Nancy d'étudiants et de familles nouvelles; animer ses rues
ct ses places royales; emichir, si nous le pouvons, crlle noble
�H
ville digne de tant d'intérêt, el propager jusqu'aux confins de la
Lorraine c Je mouvement intellectuel dont nos grandes provinces
:1> universitaires ont été si longtemps privées.
Seraient-ce là de pures rêveries?' Non, le présent est pour vous
le gage de l'avenir. L'an dernier, vous aviez trois Facultés, en
comptant sous ce titre votre École de médecine dont Nancy est
justement fière et que Paris sait si bien apprécier. Un an à peine
se passe, ct voi.ci déjà qu'une quatrième Faculté se fonde avec le
concours de lous. Dans un an peut-être, je ne sais, mais je l'espère, une cinquième École viendra couronnel l'edifice. Ainsi
l'institution nouvelle montre qu'elle renferme un germe de vie,
car elle se développe déjà. Elle vivra donc, elle grandira comme
tant d'autres créations d'un règne où la France a enfin trouvé la
solution de ses crises, la revanche de ses désastres, la conscience
de sa force et la garantie de son avenir.
�RAPPORT
l\1.
DOYEN DE LA
l\loNsiEliR
DES SCIENCES.
LE RECTErn,
l\IEssmuns,
La l'acuité des sciences venait à peine d'être constituée, ses
laboratoires étaient en construction, ses collections n'existaient
encore qu'en germe, qu'elle a ouvert ses cours immédiatement
après sa séance d'installation. Il y avait peut-être quelque témérité à inaugurer notre enseignement, sans être entourés de tous
nos moyens d'action, de ces objets d'études qui parlent aux yeux
et qui fécondent la leçon du maitre, en lui permettant à chaque
pas d'appuyer la théorie par l'observation directe des phénomènes.
l\lais nous n'avions pas trop préjugé de l'indulgence du public
Nancéien; nous connaissions son impatience de voir rouvrir,
après tant d'années de suspension, ces cours publics qui firent la
réputa! ion de notre ancienne Université lorraine. Dès lors nous
ne pouvions pas hésiter â suivre l'impulsion qui nous était communiquée et â donne1· satisfaction aux désirs si légitimes de la
population.
Ce qui nous manquait â notre début, en objets matériels
seignement, nous l'avons dû, en partie du moins, à l'initiative de
notre Ecole de médecine ct du Lycée impérial de Nancy, qui onl
mis spontanément à notre disposition leurs collections scicn-
�îG
tiliques, cl. nous ont ainsi procuré les moyens de donner quelqnt>
intérèt à nos premieres leçons, quelque vie à notre enseignement.
Je suis heureux de pouvoir exprimer ici nos 'sentiments de
gratitude envers les habiles administrateurs de ces deux établissements, qui ont si bien compris que toutes les écoles sont sœurs,
qu'elles s'appuient les unes sur les autres et sc complètent mutuellement, enfin, qu'elles doivent rester unies par des liens étroits
de confraternité.
C'est, grâce à ces ohjets, qui nous ont été confiés avec tant
bienveillance, qu'il nous a été possible d'ouvrir sans délai trois de
nos cours. Si nous débutions dans des conditions, sous certains
rapports moins favorables que celles dont jouissent les Facultés
complétement organisées, les encouragements ne nous ont pas fait
défaut. Vous savez tous, avec quelle assiduité les cours ont été
suivis, non-seulement au début, mais pendant l'année entière.
l\1. le professeur de mathématiques pures et appliquées a consacré enliérement le semestre d'hiver, et de plus une leçon par
semaine du semestre d'été, à l'étude de l'astronomie physique.
1\lais, afin de ne pas négliger les candidats à la licence ès sciences
mathématiques, il a dû, dans le second semestre, traiter une fois
par semaine, les principales questions d'astronomie mathématique
du programme de la licence, telles que la transformation des
coordonnées sphériques, la théorie des réfractions, celle de la
parallaxe et celle de l'aberration. Ce cours a été terminé par l'étude de la figure mathématique du globe terrestre.
Quant à l'astronomie physique, ses principales applications à la
mesure du lemps et à la chronologie, à la géographie et à la navigation, ont été traitées avec détails; enfin, les points principaux
de théorie de ta ·June ont été également exposés. !Ualheureusement, ce cours si important n'a pu être complété, le temps néces·
saire a manqué, et le professeur n'a pu s'occuper ni de la théorie
des planètes. et des comètes, ni des merveilles de. !'-astronomie
sidérale. Sans aucun doute, le complément de ce cours réunirait
encore, dans une ville comme Nancy, cet auditoire d'élite, qui a
donné à 1\1. le professeur d'astronomie tant de marques de sympathie. 1\lais les candidats aux grades universitaires réclament de
�17 pendant la prochaine année scolaire, deux cours de mathématiques pures et appliquées, qui doivent les conduire au but
qu'ils se proposent d'atteindre.
lU. le professeur de pbysi<pJe a d'abord exposé les lois de la
pesanteur ct de l'hydrostatique, ainsi que leurs applications prin. cipalcs. l\I. Séguin se proposait d'entreprendre l'étude du
rique, lorsque cc jeune et savant professeur, que des liefls de
famille attiraient si légitimement ailleurs, nous a été enlevé. Le
cours, toutefois, n'a (l'iS été interrompu:
le professeur
JlU({UC} les sciences physiques sont' aussi familières que Jes scienCCS chimiques; en a été chargé, jusqu'à l'arrivée de
Chaulard.
l.'étude des dilatations el des changements d'état des corps a été
l'objet des premières leçons de notre nou,·eau professeur. Un su. Jet plus yastc, sinon plus important, a fourni une ample matière
au cours du semestre d'étô, je veux parler de l'électricité, qui,
de toutes les parties de la physique, est la plus susceptible de recevoir des développcml!nls vMiés ct étendus, tant par les théories
ingimieuses qui s'y l'apportent, que par les entreprises industrielles, qui récemment y ont puisé des ressources jusqu'alors in con.
nues. Suivant l'ordre chronologique des découvertes, 1\1. le professeur Chautard a d'abord exposé les phénomènes de l'êlectricit(i
S'ta tique; il s'est o.ccupé ensuite de l'analyse des expériences de
et de Volta, et
la description de l'admimble instru·
ment qui a préludé aux grandes conquêtes de l'électricité moderne. L'exposition des lois qui régissent les courants électriques,
la production des courants sons l'influence de la chaleur ct dl:'s
actions chimiques ont été le sujet de leçons pleines d'intérêt, dans
lesquelles toul en montrant le rang de la science dans l'échelle
des connaissances humaines, lU. le professeur de physique en a
fait ressortir l'utilité pratique, en pénétrant avec cllç dans le détail des ateliers, où le
de l'homme prend chaque jo!lr un
nouvel essor.
li. le professeur d'histoire naturelle a inauguré son
ment par l'étude d'une des questions les plus importantes que
puisse se proposer le naturaliste, soit qu'on la considère exclusivement dans ses rapports matériels avec les êtres vivan·ts, soit
qu'on l'envisage à un point de vue plus élevé, dans ses relations
2
�·18 avec les doclt·inrs philosophiqlles et religieuses : nous voulons
parler de la question si controversée de nos jours de la permanence des espècf's, et de la production des races. Après avoir
etabli que les espèces sauvages n'éprouvent aucun
ment important sous l'influence des climats les plus divers, ni par l'action .
des autres agents extérieurs, il en a conclu que les espèces sauvage1 sont fixes ct sont restées telles depuis l'origine des èlres.
Les races, soit animales, soit végétales, sont le résultat de l'acti(')n de l'homme. C'est en plaçant les animaux et les plantes dans
des conditions d'Pxistence hien rliflërentes de celles que leur offre
l'élal de nature, qu'il leur a donné naissanctl. Il peut même les
modifier à son gré, en les soumettant à des conditions nouvelles
et à des croisements rationnels. Celte étude l'a conduit naturellement à parler des races humaines, ct s'appuyant sur· tous les
faits observés chrz les animaux ct chez les plantes, il a conclu
des principes qu'il venait d'èlablir l'unité. de l'espèce humaine.
Passant ensuite à l'étude des différents 'ordt·cs de lUammifères,
il a étudié leur organisation, les modifications qu'elle éprouve
dans la shic qu'embrasse cette grande classe du règne animal,
modifications toujours en rapport avec les fonctions, les mœurs,
les ttabitudes de ces êtres. Il a insisté sur tous les faits qui· sont de
nature à jeter quelque lumière sm· certaines pat·ties de l'anatomiê
et de la physiologie humaines. Il a fixé enfin l'attention de son
auditoire sm· les animaux utiles à l'homme, soit comme auxiliaires,
soit par les produits utiles qu'ils fournissent à l'économie domestique, à la médecine, à l'industrie et aux arts, et sm· celles· dont il
pourrait faire utilement la conquête en les soumetlant à la donlesticité.
Pendant le senH'slre d'été, il a exposé les principes d'organographie et de physiologie végétales, et, tout en faisant connailre
des plantes, le .mècanisme de leurs fonetions, il
s'est surtout attaché à établir par un grand nombre de faits ces lois
admirables qui régissent les végétaux et qui font de la botanique
une véritable science au même titre que toutes les autres.
Des berborisatinns ont eu lieu, une fois par semaine pendant
l't!té,
le temps l'a fH'rmis. Ces promenades scientifiques
ont fourni ainsi :til professeur l'occasion de joindre à ses cours
théoriques, l'l'nseigncmcnt pratiqoo de la botanique.
�Le -cours de chimie csl le seul dont l'ouvcrlure ait dû être 1·etardée. Malgré toul l'empressement qu'a monlré
municipale pour l'installation provisoire de la }'acuité, ùans un h;cal
qui n'était en aucune façon approprié à sa destination nouvelle,' il
n'a pas été possible d'être prêt sur tous les points; on ne crée pas
instantanément un laboratoire de chimie, avec les innombrables
détails qu'il émbrasse. Privé de l'avantage d'inaugurer son enseignement en même lemps que ses collègues, lU. le professeur
Nicklès, mu par le désir de se rendre ulile·et de donner ca ni cre à
son incessante activité, a employé le semestre d'hiver à des conférences sur la chimie, faites. dans le laboratoire de
de médecine, en faveur des élèves de cet élnblissemenl..
Le cours de chimie de la Faculté a commencé avec le semestre
d'été. Après avoir fait connaître les forces qui président aux phé• nomènes chimiques, el exposé Ies principes de la nomenclature,
JU. le professeur a fait l'histoire complète des métalloïdes et de
leurs principales combinaisons. Il a cherché pa1· de udmbreuses
expériences·, parmi lesquelles nous signalerons la solidification de
raci.de carbonique, qui, pour la pt'emiére fois, était obtenue à
:Nancy, à vérifier el à rendre évidentes à tous les yeux les principales propriétés des corps, objets de ses leçons.
i\leltre la
à ooté
la théorie, montrer que le moindre
fait scientifique
avoir son utilité, telle est l'idée que
le
pl'ofesseur de chimie
efl'orcé deréaliser. Le concours obli:
geant de quelques chefs d'établissements industriels de Nancy lui
a été fort util(.', et les visites qui ont été faites à l'usine à gaz et a
la raffinerie de salpêtre, ont donné aux .étudiants un premier
aperçu des opér:i'!lons chimiques exécutées en grand dans un but
économique.
lU. Nicklès a Œnsacré. ses demiéres le(}ons à l'étude do quelques
•
questions posées par le programme de la licence, et qui ne sont pas
développées dans les traités de chimie. Après avoir exposé les principes généraux de la
il a examiné les rapports qui
existent entre la forrnc ct la eumpvsition, et s'est attaché à prècism·les conditions dans lesquelles 1:1 forme ebange lorsque la com.
position vien"t elle-mèmc à se modifier, en opposition avec les circonstances clans leSIJUelles la forme resle
bien que la
�20
composition ail cessé d'èlrc idcnli!JIIe· Il a traité ensuite des
tlifications moléculaires que la matière peùt éprouver, el qui, sous
!es noms de dimorphisme, d'isomérie, de polymérie, d'allotropie,
etc., constituent autant d'etals ·particuliers, autant de corps nou''caux, qu'avec une somme déterminée d'éléments, la nature ct
souvent la science savent produire, sans rien changer dans·Ja proportion de ces éléments ou dans leur nombre, mais en modifiant
leur mdùc de
par conséquent lem· forme.
Tellcs.sonl lrs matières qui ont été l'objet des le11ons, t>cndant
l'année scolaire qui vient de
1\HI. les professeurs n'ont
pas perdu de vue le but mulli{Jle que. se propose l'enseignement
des Jfacullés des sciences. Leur mission n'est pas seulement de
propager d'une manière générale dans le pays le goût des hautes
études scientifiques, de fCcondet· et de développer aulom· d'elles
ces germes de
qui prennent ll<'lissance dans les établissemcl)ls d'instruction secondaire et qui ne sont que le premier
degré d'études plus sérieuses
plus profondes.· Ellt>s doivent
ùonner un autre enseignement, indispensable aux jeunes gens,
qui sc destinent à la earriéi·e de l'instruction publique, puisqu'il
doit leur ouvrir l'abord des trois ordres de licence ès sciences. Les
· élèves des écoles de médecine réorganisées, comme l'a été celle de
Nancy, conformément au déeret du 22 août 1854,
aussi
d'cHes les
qui leut· étaient données autrefois dans
deux cours spéciaux ùe thimie el d'histoire naturelle, aujourd'hui
supprimùs dans ces écoles. l'HM. les professeurs ont dît dès·lors
diriger leur t•nseigncmenl, de manière it être utile à la fois à ces
trois
d'auditeurs.
!\tais là ne se borne pas le rôle que doit
à l'avcnit· la
des sciences de Nancy. Elle est appelée encore à étendre
son action, en inaugurant, dans quelques. jours, un cnseilfrwment
nouveau, eclui des sciences appliquées, qui est destiné à combler
une lacune lrès-imporlanlc dans noire systéme d'iustruc!ion publique.
secondaires de nos lycées el de nos coll(!ges ont en
jusqu'ici principalement pour objet une instruction générale bien
propre à développer l'intelligeuce, 11 l'ormet· le cœur des jeunes
gens, à produire en eux des l1abitudcs de travail, à les initier enfin
.
'
'*
�21
;i toutes les eonnaissanr.es
et scientifiques qui forment la
hase d'une bonne éducation. (:es éludes sont de plus la prépamtion
indispensable aux carrières libérales, dont chacune nécessite un
enst>ignement nouveau. Elles ne sont pas rion plus inutiles pour
les carrières industrielles, qu'embrassrnt de uos jours un si grand
nombre de jeunes gens. Mais cciiPs-ei, pour Nre parcourues avec
succè•, exigt'nl aussi des études plus eomplèlcs el surtout plus
spiciales. Aujourd'hui que l'industrie a pris parmi nous des développements inouïs, qu'une noble el puissante émulation entraîne
dans celle voie les peuples civilisés cl enfante toutes les merveilles
· qu'{•talc en ce mnrnenl
universelle, celui-là seul peul
entrl'r avt•c
dans celle nnuvelle art\ne, ouverte à l'intelligt'nce t!P l'homme cl y luller avec avantage, qui appelle à son aide
des
scienliliques sérieuses, el qui se laisse guide1· par elles.
Ct> !le v ritt\ a élé si bien sentie, chez quelques- uns des peuples
qui nous avoisinent, que, depuis longtemps ils possèdeul des écoles
qui donnent lt>s
sciPntifiqucs pratiques ;\ un gram!
nombre de jeunes gens. Si la France n'est pas
jusqu'ici
franchement dans la mt;me voie; si cel cnst>igrH'rlH'Hln'y a jamais
organist\ d'tme manière assez large, si ce n'est dans deux t!lablissemcnls privi(,>giés, l'utilité de ces ()coll.'s noll\'t•lles a
néanmoins comprise. Des ten_lalivt>s ont étt'• failcs tlnns nos lycées d
sont encore suivies dans 1Juelques-u11s. J)cs éeo!Ps sup{rieures, où
l'on enseigne
des sciences aux enf;:nts qui sc tlestint•nt
au commerec et à l'induslrit>, soul annex}es ù ((JUS les colli•gt·s
fOmrnunaux du ressort académique el comptt•nl une population
d'ôlt\vt>s presql!e t!gale à celle qui vient y li1irc des études clas!'iqucs. CPs l!colcs, excellentes comme préparation à l'ensPignernenl supérieur des sciences appliquées, ne peuvent pas seull's
donner des résultats complt•ts. Le matériel scientifique n'y est pas
suffisant, pour permcltrc d'aborder avec fruit les applications pratiques; les élèves y sont
trop jeunes pom· qu'il soit
possil.Jie
leur donner les connaissanc•!s qui dépassent le niveau.
élémentaire. Ces éludes manquent en outre' d'un stimulant indispensahle, de la perspective d'un contrôle sérieux, d'un cxamPn
final à subir publiquement el d'un dipl(!me ;i conquérir.
I.e gouvernement de l'Empereur, qui comprrnd ci bien les ten-
�-
22 --
da nees elles besoins de notre époque; qui s'ingénie·, avec tan( de
sollicitude, à donner satisfaction à tous les inli.rêts, auxquels sont
attachées la gloire et la prospérité de la }'rance, n'a pas hésité a
décider l'institution, dans nos grands centres de population,
d'écoles nouvelles fortement or·gauisées, où les jeunes geus qui
renoncent aux carrieres libérales, aujourd'hui si encombrées, et
crBbrass1mt les carrières industrielles et commerciales, viendront
puiser, non loin du toit paternel, ct soustraits ainsi aux
de la capitale, des connaissances scientifiques indispensables pour
les parcourir avec succés et pour
avec honneur notre industrie nationale, dans cette lulle si pacifique et si ardente, qui est ·
engagée entre tous les peuples jal
d'y maintenir leùrsupéi'Ïorité.
De lâ l'o-rigine et la nécessité des écoles de sciences appliquées 1
créées par décret du 22 aot'tt f
et qui déjà fQnctionnent
lièrement sm· divers points de l'empire.
A Nancy cet enseignement nouveau a été confié aux professeurs
de nos deux Faculté5, aidés du concours de 1\liU.
architecte de la ville,
Parisot, professeur à l'Ecole de médecine,
ctlUélin, professeur des tmvaux graphiques au lycée impérial de
Nancy, qui ont bien voulu se dévouer à cette œuvre. J>our en faire
ressortir toute l'importance, il nous suffira d'indiquer les matières
de cet enseignement nouveau. Des
complémentail·es a ceux
déjà professés :i la .l!'aculle des sciences, comprendront la· géométrie
descriptil'f', la mécanique, les arts graphiques, J'archilecture,
l'hygiène, enfin la physique, la chimie et l'histoire naturelle, envi·
sagées principalement dans leurs applications à l'économie dornes·
tique, à l'inrlustrie et aux arts. Des cours spéciaux de littérature
française, d'histoire de France, de géographie commerciale et
dustrielle, ct les cours ordinaires de la Faculté des JeUres, permetlront aux étudiants de notre nouvelle éwlc de compléter leurs
études liUéraires.
Des conférences, des manipulatio.Ps, des excursions scientifiques,
. dirigées pa1· les professeurs eux-mêmes, secondés de préparateurs
instruits, babitucmnt.les élèves au maniement des instruments, à
la pratique des opératrtins, aux études d'observation ct â toutes
les recherches
utiles. La visite d'un certain nombre
de manufactures, sous la direction .d'un proft•sscur, leur fournira
�-
25
des notions pratiques sur les principales industr-ies du pays. Ces
exercices établil·ont entre les professeurs d les élèves de fréquentes ct avantageuses relations, qui offriront aux maîtres l'occasion,
non-seulement de fortifier leur enseignt!ment par des explications
nouvelles, par des interrogations répétées, mais encore lem· pcrmellront de stimuler le zèle des uns ct d'encourager le travail des
autres.
Après dtmx années, les études failt'S près de la Faculté,
vrout, :i la suite d'un examen public, une sanction solennelle, si
l'insti·uction dés éltives
jugée suffisante. ,Ils recevront alors le
certificat de capacité pour les sciences appliquées, recommandation
puissante près des grandes compagnies induslrielllls et des propriétaires de nos manufactures, qui trouveront dans celle piéee
officielle des garanties d'intelligence, d'habitude de travail et la
preuve de connaissances acquises. Ce certificat de capacité, comme
l'exprime avec tant de raison, dans un document récent, Je savant
membre de l'Institut, auquel est confiée l'administration de notre
Académie, deviendra pour eux, dans l'ordre des professionsindustrielles, l'équivalent du baccalaméal en matière de professions
libérales.
1\Iais les Facultés ne sont pas seulement appelées à répandre
autour· d'elles les bienfaits do l'enseignement supérieur; on est
droit d'attendre plus encore du zélc do lems membres. Le professorat, qu'ils ont conquis par des travaux sérieux, no doit pas
en marquer le terme. Pourvus au sein d'une t'acuité des èlémcnis
d'études nécessaires et des appareils indispensables aux recherches d'observation, leur entrée dans la carrière de l'enseignement
supérieur ouvre à leur activité un champ plus vaste qu'il s'agit
d'exploiter au profit de la science • .!\lais il n'a pas été
possible aux professeurs de notre Faculté de trouver, a.u milieu
des embarras d'une organisation' nouvollè, Je calme et le temps
indispensables pour de nombt·eux travaux. Toutefois, l'année qui
vient de s'écouler n'a pas été entièrement stérile snus ce rapport.
l\1. le professeur Nicklés, qui continue, dans le Journal de
pharmacie et de chimie, la revue des tra\aux chimi(tues puuliés
à l'étranger, et dans le R.ecucil scientifirpw l<> plus important ùes
�-
24
•
Etats-Unis d'Amérique, la revue du mouverilent scientifique fran·
çais, a produit en outre quelques travaux originaux. Tels sont :
i 0 un mémoire sur l'isomorphisme des combinaisons homologues,
dans lequel il complète ses anciennes observations sur Je même
sujet; 2° de nouvelles recherches sur l'aimantation, travail où il
résout par la voie de l'expérience un point théorique dt·puis longtemps en litige; 5° enfin, il a publié, dans le Bulletin de la société
d'encouragement de Pads, une nole sur les perfectionnements
nouveaux dont sont susceptibles les élect!o-aimants circulaires et
trifurqués, appareils de son invention, qui ont pris, un rang distingué dans l'arsenal scientifique, el qui sont vraisemblablement
destinés à entrer bientôt dans le domaine des
pratiques.
lU. le professeur d'histoire naturelle a mis au jour le cinquième
volume de la nouvelle Flore de France, qu'il publie avec la collaboration de l\1. le professeur Grenier, de la :Faculté des sciences
de Besançon. Ccl ouvrage, fruit de dix années de travaux, sera
prochainement complété par un sixième volume.
Les Facultés des sciences ont encore une autre mission trèsimportante à remplir·, la collation des grades de bacheli<'r, de licencié cl de docteur ès sciences. IJes deux derniers n'ont pas été
conférés cette annee par la
des sciences de Nancy. Il ne
me reste dès lors qu'à vous exposer les résultats des examens pour
le baccalauréat ès sciences el à exprimer· les impressions qu'ont
fait naître en nous ces épreuves universitaires, relativement au
degré d'instruction dont les candidats ont fait preuve, ('t aux
tllodes de préparation qu'ils emploient.
Trois sessions d'examens ont en lieu depuis la fondation de la
:Fâcullé. Elles ont présenté le nombre assez considérable de 215
candidats. Parmi eux, H8 ont été ajournés, el 9ï ont été définitivement admis : 84 âvec la mention
bien; 10 avec la
mention bien el 5 seulement ont été jugés dignes du grade avec
la nole très-bien. Il est facile de juger par cet exposé statistique,
que, si l'on excepte un petit nombre d'élcves qui ont fait preuve
de connaissances solides et étendues, le plus grand nombre de
ceux qui ont obtenu Je diplôme, n'ont atteint que bien juste la
limite d'instruction nécessaire pour ne pas échouer. II résulte
�ègalemenl des épreuves subies, cl surtout des ,··prcu,·es
les plus probantes de toutes, qu'un certain nombre de candidats
se IJrésentenl à l'examen, sans avoir terminé leurs études classi1111es. L'impatience des jeunes gens, à
tm peu plus tôl
à la discipline du collége, explique cette tendance fâcheuse, qui
porte une partie d'entre eux â abandonner le cours de leurs études,
précisément alors qu'elles deviendraient pour eux le plus fructueuses, el cela dans l'espoir, presque toujours déçu, d'atteindre
Je but désiré au moyen d'une préparation purement artificielle, ù
laquelle sc prête hien peu aujourd'hui la nature des épreuves.
La Faculté ëroit être restée dans de justes limites relativement
à ses appréciations; elle n'a montré ni une sévérité décourageanlt',
ni une indulgence regrettable-; mais eloie croit rendre un véritable
service aux candidats, qui abordent l'examen sans préparation
suffisante, en ajournant pour eux la déli\Tance d'un diplôme qui
doit être la récompense d'une instruction péniblement acquise.
Jaloux de réparer un premier échec, la plupart de ces
malheureux pa1· trop de précipitation, comprennent enfin qu'un
travail assidu peul seul les conduire au résultat
ambitionnent; de nouveaux efforts non-seulement leur permellcnt d'y
arriver, mais ce
de connaissancl's, qui
n'eussent jamais meublé leur intelligence, qui les aideront à parcourir avec distinction la carriëre qu'ils doivent embrasser, c'est
aux justes el paternelles exigences de la l•'acultë qu'ils en seront
redev:;hiPs.
��llAPPORT
DE
M. CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTE DES LETTHES.
.i\loNSIEUR LE llECTEUII,
JU ESSJ RL'IIS 1
Voilà un an que nous nous présentions pour la première fois
devant vous, pour inaugurer, ou plutôt renouveler en celle ville
un enseignement, que jadis elle avait possédé, et qu'elle réclamait
comme
héritage. Nous arrivions ici heureux et confiants. La
persévérance, avec laquelle la noble cité avait revendiqué sa
Faculté, nous témoignait assez qu'elle était une de ces villes, rares
aujourd'hui, où la religion des arts comptait encore de nombreux
fidel cs. La vive sympathie, qui éclata il au toUl' de nous, encourageait
encore toutes nos espérances. Je savais, du reste, quel concours
je pouvais attendre de ces jeunes maUres, que la •Grèce avait déjà
réunis jadis avec moi dans une communauté d'études et d'amitié,
et que le lUinistre daignait réunir ici de nouveau dans une œuvre
commune, pour faire de ceUe Faculté, entre toutes, comme une colonie Athénienne. Dans de telles conditions, la tâche devenait bien
facile, et le succès de notre institution naissante semblait assuré.
L'événement, 1\lessieurs, n'a pas trompé notre attente; ct c'est
une douce tâche pour moi, de venir vous rendre compte du résultat de notre première année. Je commence par en remercier,
aYec nos autorités municipales, le chef de celle académie, dans
�28
lequel nous avons trouvé un appui si cordial, el un zèle si vif polir
lout ce qui pouvait contribuer au succès de notre cnsèignement.
Grâces aussi soient rendues à l'élite de notre population, si cmpressée à suivre nos cours. l\lagistrals éminrnls, ou maîtres de
noire barreau, jaloux de lt'•moigner 'flinsi aux le lires qui les ont
formés leur pieuse gratitude, et d'instruire pa1· cet·exemplc lt>s
jeunes gens qui les doivent suivre dans la cat'l'ière; membres du
clergé, pmfesseurs, médecins ; ou encore, hommes de loisir, heureux de retremper cl d'entretenir ici les souvenirs de lem slutlieuse jeunesse, nous avons vu se presser autour de nos chaires
tout ce que celle ville compte de personnes distinguées. Les jeunes
gens aussi y sont venus, mais pas encore en assez grand nombre,
ni avec assez d'assitluilé. C'est :1 eux erpendanl que ees cours
sont surtout
tUais il semble que les uns ne soient pas
assez avancés dans l'élude des lellres, pour en sen! ir le prix; ct
11ue d'autres, apnl pris l'habilude de n'étudier qu'en n1e d'un
diplôme, jugent inulile toul ce qui ne conduit pas directement :\
un examen. Cependant il en resle du moins plusieurs parmi eux,
qui croient encore à la vertu des lettres, et ne consentent point a
mesurer la valeur des choses, selon le profit seulement, ou les
jouissances qu'ils en retireront.
lUuis surtout, nous nous félicitons d'avoir admis les femmes à nos
cours.
en effel, qu'on leur donne aujonrd'hui, les
prépam souvent, tout aussi hien que les hommes, à cel enseignement supérieur; et leur naiure les rend plus propres au culle désintéressé el aux pures jouissances des m·ls. Aujourd'hui mêmr,
que la destinée de l'homme le met de plus en plus aux prises avec
la vic positive .eJ. les intérêts matériels, ne semble-t-il pas que cc
soit la vocation particulière de la femme, de veiller au trésor des
intérNs mot·aux, d'entretenir dans Je monde to'utes les
traditions, les .enthousiasmes sacrés, de conserver enfin tout ce qui
fait la poésie de la vie, et de relever par intervalles le front de
l'homme courbé su1· les choses de la terre vers les choses du ciel?
Ne son l-ee pas les femmes déja, qui, le 1 plus souvent, gardent :\
notre foyer la tradition de la foi el la pratique religieuse? A ell!'s
aussi d'.r entretenir le goùl de la
et de l'art. 'fant qu'elles
se montreront ainsi jalouses de eultin•r leur espril et leur âme, ne
�2!)
. désespérons point de l'avenir, et ne craignons point d'être
par les. instincts du matérialisme. Car cc sont les femmes qui
font l'esprit des g-t)nérations; c'est sm· leur giron que les hommes
se fùrment.
France surtout, leur influence sur les mœurs publiques t\clate de la f;u;on la plus sensible aux diverses époques
de notre histoire. Au moyen
ce sont les femmes qui adoucissent la brutalité de la vic guerrière, ct la font tournet· en générosité chevaleresque; ce sont elles plus lard, qui, du milieu <les
mœurs violentes el conompues du xv1• siècle, font sortir la socia,;
ct polie du xvn•. Aujourd'hui encore notre siècle semble
rcrnellre en leurs mains le dépôt sacré de ses croyances murales cl
de ses sentiments les plus généreux. Aussi sommes-nous heureux
de les voir, avec cc noble instin_ct de leur rôle, sc presser à nos
leçons, et de leur en témoigner bautemcnf notre reconnaissance.
Sans abaisset· pour cela notre enseignement, nous avons cherché
:\ l'accommoder cependant à ccl auditoire formé d'éléments si divers; et tandis que nous réservions pour un pc til nombre d'adeptes
les questions
les recherches de la science, les étudl'S d
les discussions des textes, dont nous faisions l'objet de nos conlërences particulières, nous écartions de nos grandes leçons, professi)CS devant un public plus
l'appareil hérissé de
!;érudition, pour nous attacher de préférence aux considérations
morales qui ressortaient de nos études. Nous cherchions sm·tout ù
faire comprendre el aimer tout cu qu'ont pensé, senti ou fait avant
nous les grandes àme;, fJUi onllaissé un long ·souvenit· parmi les
hommes; à nous associer par une ardente sympathie à leurs actions
ou aux œ'ltvres de leur génie; et jamais nous ne nous laissions ravir à cet enthousiasme des belles choses, à. l'admiration d'une
grande pensée ou d'une héroïque vertu, sans rencontrer dans
lous les cœurs un genéreux écho qui nous répondait.
Quelques mots, :\Iessicnrs, sut· chacun de nos cours.
Philosophie.- lU. Lévèque, nommé pmfesscu.t· de la chaire de
philosophie, nous était enlevé, vous le savez, avant d'avoir pu
même faire entendre sa voix au milieu 'de nous. I•at·is nous eu viait
son lal!'nl; ct c'est sur cc grand thèàlre,qu'il soutient aujourd'hui
avec éclat l'honneur de notre .Faculté. Mais le :\linistn•, dans sa
�-
30
prédilection particulière pour notre ·ville, ne pouvait le remplacer
plus dignement, qu'en nous envoyant lU. Lemoinc, dont le mérite
a été si bien apprécié ici. Esprit aussi sagace que sût· el mesuré, il
a étudié cette année les rapports si mystérieux et si complexes dn
physique et du moral dans la nature de l'homme, et louché en
passant à tous ces merveilleux problèmes, que ce sujet a offerts a
l'ardente curiosité de notre temps. Son excellent ouvrage sur les
Phénomènes du sommeil, couronné par l'Académie des sciences
morales ct politiques, le préparait parfaitement à ces délicates
•
1'echerches. Tout·es ces questions qui tiennent à la fois de la psychologie et de la physiologie, et qui peuvent se résumer Ioules en
un problème unique: l'union elle commerce de l'âme ct du corps,
ont été éclairées de toute la lumière que l'esprit humain peut apporter au milieu de ces mystères. ·si, en effet, le comment de celle
union nous échappe, à jamais dérobé à notre curiosi lé par la
divine Providenc:-, le fait lui·même ct sa raison nous sont presque
toujours faciles à découvrir; parce que les desseins de Dieu sur
l'homme ne sont pas mystérieux comme ses voies, cl que nous
avions besoin, pour gouverner en harmonie les deux substances
qui composent notre nature, de connahre la destinée de chacune,
et leurs relations habituelles. Toul le monde a pu apprécier, dans
ces délicates questions, avec quelle discrète sagesse le jeune pro:..
fesseur a su démêler et déterminer nettement, au milieu des phé- ·
nomènes les plus complexes, l'influence réciproque que l'Ame et le
corps exercent l'un sur l'autre. En réfutant sans cesse le matérialisme
qui soumet l'esprit à l'action toute-puissante des organes, il a
stgnalé aussi les efl·em·s de. ce spiritualisme excessif, qui, tout au
contraire, rabaisse outre mesure le corps organisé, prétend le réduire à n'être plus qu'un instrument docile de la volonté, ou
mème n'y voit plus qu'noe prison incommode, dont l'âme doit
s'efforcer sans cesse de se dégager contre le vœu manifeste de la
nature.
Le règlement•de nos études exige que le professeur prenne la
matière de ses leçons de deuxième année dans la l\Iorale ·ou la
Théodicée. l\1. Lemoine a êhoisi, pour sujet du cours qui va s'ouvrir, le Devoir ou l'Obligation morale. Après avoir recherché
'luelles sont les conditions de toute :\loralc, démontré l'existence
�;)1
du Libre-arbilre, qui en est le fondement, ct étudié sa nature, il
examinera successivement les divers systemes de morale, qui altèrent l'idée du devoir, soit en laissant dans l'ombre les obligations
des hommes, pour exalter leurs droits, soit que confondant l'idée du
bien avec celle du bonbc!ur, ils nous proposent celui-ci comme le
but unique de nos désirs et de nos actions. Il terminera ce cours
par une étude des principaux devoirs; dans lesquels se décompose
J'obligation du bien. Nous verrons rétablies enfin dans leur jour
véritable toutes ces questions de la morale sociale et particulière,
qui ont été si obscurcies de notre temps par les folles utopies des
rêveurs. Nul ne saurait avec plus d'autorité que J\1. Lemoine, revendiquei· ici les droits du bon sens, de la vérité et de la justice,
el rendre à la destinée de l'homme son vrai sens, en lui rendant
ses imm orteil es esperances.
Histoire. - lU. Lacroix a inauguré son elljj:)ignement l'an dernier, en vous presentant un tableau géncral de l'histoire romaine,
<iepuis les obscures origines de la cité de Romulus, jusqu'au momen!, où elle devient la capitale du monde ancien, c'est-à-dire,
jusqu'à l'établissement du gouvernement imperial. Aprës avoir
sui\'i d'abord celte nation prédestinée dans les patientes conquêtes,
par lesquelles elle assujettissait à sa politique toutes les belliqueuses populations de l'Italie, il nous l'a montrée bientôt s'élançant au-delü des mers avec une aveugle mais irrésistible foi dans
·sa destinée; et aussi rapide que le vol de l'aigle, étendant sa domination des Pyrénées au Caucase, et des Balkans a l'Atlas; embrassant ainsi, en moins de deux siècles, toul ce vaste bassin de la
1\léditerranée, qui est resté depuis le centre du monde civilise. En
nulme Lemps qu'il retraçait ces guerres gigantesques, le professeur
étudiait les mœurs et
caractère du peuple Romain, les ressorts
de sa constitution politique el le developpement de sa vic sociale.
Il nous montrait surtout (spectacle instructif pour nous) les révolutions intérieures produites par l'altération des mœurs antiques,
l'abaissement des courages, l'ambition ardente des uns, chez les
a.utres, la soif effrénée des jouissances. Nous avons vu ainsi la
société romaine se désorganiser au milieu des factions; les citoyens
armés contre les citoyens, l'Ha lie contre Rome, les provinces contre
�i>2
la dté, les esc! a ves contre lous; ct après la plus ot·agcusc anat·chic,
cc peuple épuisé renoncer à sa vieille liberté, pour se reposer :\
l'abri du pouvoir impérial. Le souvenir des troubles politiqut!S;
dont nous avons été témoins, animait ces scènes de l'histoire an·
cicnne (J'un in!érèl·nouve:w. i\Iais le professeur, en en faisant res·
sortir les graves enseignements, nous montrai Lia supériorité qu'ont
les nations modemes, filles dit Christianisme, sut· la Rome pa yenne
pour résister aux décadences ; il semble en effet que les nations
modernes partidpenl des deslinée_s immortelles du
qui est 1\\me de notre civilisation. Cette année, le Professeur, nous
transportant sur un autre théàtt·c, en pleine histoire modernt>, nous
racontera les découvertes ct les établissements des Européens en
Asie depuis le xv• siècle. Jusqu'alors l'Asie était dememéPpeuples de l'Occident un monde à part, enseveli dans unB mystérieuse obscurité. Mais voilà qu'au début des lemps modernes, les
barriércs
\'OÏe!' sont ouvertes, les Européens entreprennent en Orient cc que jadis nome a fait en Occident; ct p:u:
la navigation, la gu cne, la science, le commct·ce, la religion, enta·
mrnt de toutes parts ce ,·ieux monde immobile, qui finira pat·cèdet·
à leurs efforts el subir leur ascendant : transformation infaillibh•,
que verra J'a,·enir, el donl le lemps est marqué dans les desseins
Ùè
qui a réglé les irrésistibles progrès de la civilisation. Le
I>rofesseur déveluppc1·a
phases de celte grande histoire, si mal
connue ct si intéressante; il nous montrera d'abord les
une poignée d'hommes héroïques jusqu'à
s'ouvrant la \'Oie
dt>s ludes par dela le cap des Tempêtes, ct se créant un empire
maritime .de quatre· mille lil•ucs de cMes, depuis la Guinée jusctu'à
1\larao. Puis nous verrons bientôt les Ilollandais, à forc·e d'industrie, de patience el de ténacité, dérober aux Portugais les bénéfices du commerce de l'Asie. Rien tôt cn(\n, l'émulation gagnant
nussi les autres peuples, la }'rance cl l'Angictcrre s'élanceront à
leur tour dans la voie des entreprises commerciales, ct y prendront
le premier rang, qu'elles ne tarderont pas à sc disputer les armes
à la main, sur loülcs les mers ct sm· tous les continents, dans les
grandl!s guerres du X\'111° cl du x1x• siécle. Au milieu de ces rivalilL>t;
d'intérêts et de ces luttes lointaines, le professeur reposera par
ler\'alles notre esprit sur le tableau des mœurs ct des institutions
�_,..
i)i)
rclil)>ieuses et S(}Ciales de ces vieilles contrées de l'Asie, dont nos
.
aventuriers Européens nous ont ouvt>rt l'accès : il nous fera connaltre surtout l'Inde, la Chine, le Japon, cl Ioules les grandes
nations de l'Orient, avant qu'elles ne· soient transformées par la
civilisation Occidentale. li retracera en mètne temps les travaux
apostoliques des héroïques missionnaires, envoyés à la conquête
spirituelle de ces races idolàfres, et nous
-combien la
France pE'ul aussi s'enorgueillir de ces armées de la foi, si ardentes
à aller au loin fonder les colonies du royaume de Dieu. Ce simple
sommaire vous fait entrevoir, lUessieurs, tout l'intérêt de ce cours.
Lt!S
qui se développeront sous vos y<'ux, sont encore
aujourd'hui en voie d'accomplissement; el peut-êll·e que l'histoire
du passé pourra vous faire présager plus
ici les secrets
de l'avenir.
•
LiÙératureancicnne. -Nuire jeune savant Professeur a corn·
menré son cours l'an dernier, t>n nous transportant au cœur de la
Grèce héroïqut•, qu'il connail si bien, et en nous rendant le vieil
Uomère dans toute la fraîcheur et l'édat de ses peintures. C'était
plaisir de lui voir retrouver par intervalles dans la Grèce moderne
la Grèce des anciens jours, ou
avec celle ér·udition cur:Pn,;e l'l inspirée, qui est comme un héritage de sa famille, se jeter
parfois vers l'lndt•, en interroger les li nes sacrés ou les poëmes
hérpïqucs, el comparer le Ramayana avec l'lliade. - Dans ses
études sur Pindare et sur la tragédie Grecque, même curiosité
originale et piquante; on croyait lire pour la première fois ces
de la lU use antiquP, ainsi interprétés;
ont apparu, Eschyle, dans la grandeur mystérieuse de son drame
sacerdotal ou guerrier,
ave-c sa tragédie sereine et harmonieuse, où l'homme se montre dans Ioule •Ja mélancolique
grandeur de
destinée, Euripide enfin, le poële de la passion et
des larmes. Tous les artistes contemporains ont été appelés par
Bu rn ouf à illustrer ses leçons; Phidias a commenté
el Lysippe, Euripide. Celte année, le
va passer à l'étud'L..._.
de la prose Grecque. Il s'atiache1·a d'abord aux ouvrages
riques. L'histoire épique d'HérodotP, Je tableau si dramati<f'te'âr1!l . >, ·· ·
fois el si. profondément
que 'fhucydides (ri'Qus: a
·'
\ .,
:<,.,'
3
�-
;)4
laissé de la guerre du Peloponèse, les romanesques récits de
Xénophon seront l'objet de plusieurs leçons. 11 traitera ensuite de
)'éloquence Athénienne, dont Périclès le premier fait un art rival de
)a poésie; el après avoir montré en quoi les travaux dcs rhéteurs
ont servi aux progrès de cet art oratoire, il arrivera enlîn à nous
retracer la lulle immot·lellc de Dèmoslhénes contre Philippe ct
contre Eschin-e, et à étudier les
tl'éloqt;ence que nous
en avons conservés.
s'atlachant 3:ux écrits des philosophes,
r.onsidérés,surtout comme écrivains ét comme artistes, il y cherchera
l'expression suprême du génie de la (;rècc. Platon dominera entre
tous, Platon qui a lrailt! de la métaphJsique en poële; ct a esquissé
cu artiste inspiré la théorie des arts. Ce cours ne peut manque•· de
ramenet• autour de la chaire du jeune professeur, cet auditoire
nombreux, qoi, grâce à ses spirituelles leçons, a pris tout d'abord
un si vifintérêt à la charmante jeunesse de)a Grèce.
Littà·ature française. Nous avons, en une première année,
esquissé Je tableau de notre lilléralure au moyen àgc; et nous
avons vu qu'à celle époque Mjà la :France n'était pas seulement
la première dans les entreprises guerrières, mais qu'elle marchait
à la tète du mouvement intellectuel, ct menait le chœur des nations dans les voies de la civilisation modèrne. Du xt• au x me siôclc,
l'essor généreux de l'esprit national, qui enfanta les Croisades,
enllamma en même temps l'imagination poétique : épopées, poésies lyriques, fabliaux éclatent à l'envi. Dans le même temps I'Univer;;ité de }laris devient le centre des lumières ; Abélard ct saint
Thomas s'y distinguent enll·e lous. Mais celle splendeur de la
}'rance ne tarda pas à s'obscurcir et à s'éteindre au milieu des
disputes des écoles, et sous les ruines .accumulées i!u XIV" et du
xve siècles; époque néfaste, où l'on dirait que la patrie toute entit!re va périr. Nous nous sommes arrêtés à ces temps de sombre
décadence.
cette fin d'un monde sera l'aurore d'un monde
nouveau. De ces ruines du moyen âge, le monde moderne va
sortÎI·. Nous touchons à la renaissance. C'est ici qllc nous reprendrons, celte année, l'histoire de l'esprit français. Après l'avoir vu
reparaître avec une vigueur nouvelle sous Charles YH et Louis xi,
DOUS apprécierons J'influence, qu'ont exercée SUl' SOn développe-
�... l'
i),)
-
ment, les arts el la littérature de l'Italie soudain otwerle à notre
curiosité par les armes victorieuses de CLârlcs nu cl de Louis
xu, les chefs-d'œuvre de l'antiquité remis en lumière par une
éru<lition passionnée, el surtout la réforme prolcstanlc, qui rompt •.
Je scf'an de .la langue sacrée, livre les disputes de la théologie au
vulgaire, et provoque les libres f('Cbcrches de la philosophie.
Tant de causes réunies ont remué l'esprit humain dans ses profùndcurs. La Franc-e sm·toul t'n sera longuement agifét>, cette
nation centrale, destinée â senir de lien entre Ioules les races,
et à réconcilier lant d'éléments opposés. Ce sera d'abord une
crise tumul!ucuse, où l'on dirait que la patrie va perdre les traditions de son génie*' national, de sa langue littéraire -et de sa foi.
])lais, après avoir été comme
par l'antiquité, ct troublée par les systèmes des novateurs, nous la verrons retrouver
peu à peu son
s'assimiler avec une puissante fécondité ces
éléments divers dépos:;s !'nr son sol par la tempête; ct
enHn sous Henri IV et Richelieu, et comme rentrant en posses8ion
d'elle-mènw, réunir en un harmonieux concert, avec la•lraùition
,.Ju·étienne, l'héritage retrouvé de la civilisation ani iquc, pour enfanter fe siècle merveilleux de Louis xtv.
Littérature étrangère. lU. lUézièrés a inaugur<\ celte chaire,
en nous faisant le tableau des destinées de la
Italienne depuis Dante jusqu'à la fin du x nu• siècle. Il elevait commencer par
l'Italie, puisque c'est dans celte patrie prédestinée des arts, (jiiC
le moyen :\ge a produit dans la poésie son œuvre la plus parfaile,
ct que la renaissance a jeté sa plus vive splendeur. Après Dante,
Pétrarque, Le 'fasse, l'Arioste ont été tour :i tour l'objet d'une
-élude particulière. Le professeur se plaisait à s'arnîlcr sur cetlc
incomparable de r!talie, pour esquissrr t>nsuitc en traits
plus r:tpides la décadence qui a succédé si vile à lant d'éclat. Cette année, il va quitter cc pays des arts et du soleil, pour étudier
snus les brumes du nord une autre poésie, âpre comme le climat,
<'l :nélancolique comme le ciel où elle est ;u!e. C'est au fond de
l'Angleterre même et de
que 1\i. Mézières a voulu relire
les ouvrages dont il nons doit pm·lE>r. Dt'•jà pour le gnidct· dans
ers études
il trotf'rait 11!1 maitre cxeellent dans son père,
�;)()
qui a publié sur l'histoire de la littérature anglaise un livre juste·
tilent estimé. Les pi·emiers développements de la poésie en Angleterre ne l'anêteront pas longtemps. Il a bâte d'arrivrr au grand
!'iècle d'Elisabeth ct de Jacques I, et en particulitw au théâtre de
ShakspParP 1 qu'il faut admirer davantage, ù mesure qu'on Je comprend mieux. De là, il suivra les !etires anglaises dans l1•ur tramformation étjuivoque el leur lente décadénce, au milieu de laquelle
l'œuvre de l\lillon apparaît solitaire, sans· précédents, sans influence. Car la splendeur de la littérature anglaise au temps de la
reine Anne ne sera qu'un pâle n•flet de noire lilléralure française
au x vue siècle. C'est le génie dassique qui irendra possession
l'Angleterre ; el Dryden, Pope, Thomson, Gray el Addison ne
seront que des disciples plus ou moins ingénieux de Boileau.
Nous srrons fiers de voir, lUessieurs, l'ascendant que prend alors
l'esprit de la
sur toute )'_Europe, ct le triomphe des lelln's
françaises nous consolera des revrrs de nos armrs. En revanche
au x \·me sièdr, c'est la France qui resst•nlira l'influence de l'esprit
pbilosoJfhique qui souffle de l'autre côté de la i\lanche. Car telle
est l'histoire de toutes les litlét·atures modern!'s. Originales d'abord_ dans leur essor solitaire, elles ne lardent pas, en dépit des
frontières, à subir l'action de l'esprit françai,., et à réagir sur lui
à leur tom·, pour ne plus former qu'une littérature unique, européenne, dont la France demeure le principal foyer, absorbant,
transformant les productions diverses d<'s autn•s peup!Ps selon son
génit>, el lt>s imposant ensuite au mondP, romme s'il fallait que
toute prnsée eùt ·passé par sa bouchr, pour être arceplée du genre
humain.
Quelque sommaire, llessieurs, que soit crl exposé des Cours
qui ont été professés l'an dt>rnier dans notre Facultè, el des sujets
que nous nous proposons de trailt'r celte année, cria suffit pour
vous faire connaltre l'espril qui nous anime lous. 'Nous nous at'lacbons de prMérence (ainsi que je le disais plus baul) au côlè
moral des ètudes littéraires; en nous appuyant, autant que nous
le pouvons, sur une érudition solide el scrupuleuse, nous épargnons le plus souvent d'épineuses controverses à un public français,
qui n'a pas la docle patience d{• l'Ailemagn(', pour arrêter surtout
ses regards, sur les spectarles de l'his'l"oirr, d'où Con peut 'rirrr de
�57
grands enseignements, ou sur les œuvres artistiques et littéraires,
qui élèvent l'âme cl fortifient le cœur. A nos yeux, en effet, l'endes lellres doit être une surie d'entretien avec ces
"énies pri
fl qui il a été donné entre lous, d'entrevoir et
b
•
,.
J'exprimer dans leur beauté idéale les sentiments el les pensées,
qui funl comme la plus pure
de la nalure.humaine. Dans
ce noble commerce, l'âme s'élève au dessus des mesquines pensées de la vie joumalière, elle aime à respirer l'air plus pur de.
ce monde idéal, auquel nous aspirons, el qui n'existe nulle part
la terre, bien qu'il semble que nous en gardions l'image gravée
Jans nos
comme si uous l'avions vue quelque part; elle
plail à y retrouver lPs marques de sa divine origine, à se con-
SI\
templer, à se reconnailre dans sa beauté première;
u'en redescend jamais, qu'agrandie el meilleure. Voil<i, 1\lessieurs, comme
nous entendons l'étude des lettres. Est-ce ainsi que vous comprenPz
vous-nH\mes leur mission P La vive
qui accueille nos
paroles, nous le témoigne assez hanlernrnl. - Nous sommes assurés
de
de la sorte aux inlPntions du Gouvememenl de l'Empereur, qui, en multipliant les Ji'acùllés des lellrcs,
et l'Il donnaul à leur euseignement une impulsion nouvelle, a
montré, qu'il n'était pas moins jaloux des intérêts moraux, que
d1; la prospérité matérielle dè la pat• ie. L'Empereur veut que les
lettres et les arts concourent avec la religion à élever nos âmes,
l'l à balancer cet e>prit trop exclusif ù'industi"Ïalisme, qui menace
d'absorber notre siècle. Aussi, voyez; toute cité qui semble mieux
disposée par sou caractère libéral a seconder ces vues généreuses,
peut compter sur la faveur particulière de l'Etat. Quelle ville,
à ce titre a étè traitée avec plus de prédilection que la
nùlre? el ces bienfaits, nous le savons, sont le gage de bieufails
nouveaux.
La bienveillance toute spéciale, dont la :Faculté des lellres u';t
cessé d'ètre l'objet de la part du Ministre de l'Înstruction publique,
nous a encouragés nous-mémes à beaucoup attendre, à beauco11p
demander. Un de nos rêves serait de voi1· se former, auprès de
notre Faculté, une collection d'objets d'art el d'archéologie, antiques moulés, médailles, dessins, gravures, dont nous nous st•rvirions dans nos let:ons, comme font nos collégurs de la Faculté
�38
des sciences avec leurs collections d'histoire naturelle. En maintes
circonstances, ce commentaire des yeux manque à nos explica·
lions : car tous les arts se tiennent, comme toutes les
sont
sœurs; et souvent un bas-relief moulé de l'antique serait l'interprétation la plus éloquente de Pindare et de Sophocle. - Nous
savons que la tentative est nouvelle; mais est-elle d'une exécution
si difficile? Les
de l'Etal regorgent_ de richesses non em.;.
ployées : il faut que ces trésors sortent enfin des tombeaux, où ils
sont ensevelis, pour servir à l'enseignement; il faut que ces objets,
jusqu'à présent muets, qui ont tant de choses à nous apprendre,
trouvent enfin une voix pour nous parler. C'est autour de nos
chaires que ces collections doivent être placées. Le lUinistre de
I'Instructiop publique a daigné prendre notre désit· en considération. Quand viendra l'heure de l'accomplir? nous ne savons. !\lais
nous nous reposons avec confiance sur la bonne volonté d'un lUinistre, qui nous a déjà donné tant de mat·qucs d'intérêt, et qui
lui· même, comme professeur ct écl'ivaiu, a montré avec tant d'é·
clat, combien _la litlét·ature peut s'éclairer du rapprochement des
autres arts.
Assez, 1Uessieurs, sur ce point. L'enseignement, vous le savez,
n'est qu'une partie de notre tâche. Nous sommes chargés en outre
de maintenir le niveau des études classiques par des examens, qui
en sont le couronnement.
Aucun candidat ne s'est présenté encore devant nous aux épreuves ùu Doctorat : mais nous savons que plusieurs préparent des
tilèscs sur d'importants sujets.
l . a Faculté a tenu une session pour la Licence èsJettres, à la fin
tle juillet. Onze candidats s'y sont présentés, appartenant pour la
plupart aux lycées et collèges de cette ·Académie. 'frois d'entre
eu;;. ont étô admis. Nous aurions pu souhaiter chez eux des conJlaissanccs littéraires ,Plus étendues, plus d'art dans la composition,
plus d'aisance à écrire en latin. l\Iais l'ensemble de leurs épreuves
à montré, avec une préparation consciencieuse, une vocation vraie
au professorat; et la J.t'aculté a été heureuse de les recommander,
avec une entière confiance, à toul l'intérêt du chef do celle Académie. Elle souhaite que Jeur succés encourage à se présenter,
en plus gt·and nombre encore, à cet examen, les maîtres répéti.:.
�39
teurs de nos lycéPs. Le l\Iinislre, qui s'occupe, avec la plus vive
sollicitude, d'élever et d'honorer leur position, et de leur ouvrii·
les voies à un avancement assuré, leur a, dans ce but, imposé
Jlobligation d'obtenir ce grade de licencié dans un temps déterminé;
et déjà aup_aravant, pour leut• en faciliter l'accès, il avait organise
dans les lycées, des conférences préparatoires. Voilà que récemment encore il a invité les professeurs des Facul!és à se charger
de cet enseignement spécial. Nous souhaitons, quant à nous, que
les jeunes maîtres, que cette mesure inléresse le plus, l'accueillent
avec la même ardeur flue nous, ct en sachent profiter. Ils nous
trouveront tous également disposés à les seconder de tout nolro
cœur dans les labeurs de la p.réparation, comme au jour de l'épreuve. illais nous ne pouvons rien sans eux, et il faut que
leur bonne volonté vienne en aide à la nôtre.
J'arrive enfin au Baccalauréat ès-le lires. Cent un candidats. sc
sont présentés à cet examen, dans les trois sessions qui ont eu lieu
en décembre, avril ct août : 54 ont été admis, et 47 ajournés.
Parmi ces derniers; le plus grand nombre a échoué dans les compositions; car, quatorze seulemcnl, de ceux que nous avions admis aux épreuves orales, y ont succombé. Les heureux ont été en
proportion plus grande à la session d'août, qu'aux a.ulres époques
de l'année. C'est qu'aussi à cc moment nos colléges nous envoient
l'élite de leurs élèves, tandis <Ju'aux autz·cs sessions, ce sont le plus
souvent des vaincus, qui viennent de nouveau tenter la fortune.
Faut-il ajouter cependant, .Messieurs, que, même dans cette session
meilleuf!C, nous avons été 'généralement surpi'Îs de la médiocrité
des compositions P peu d'imagination et d'esprit, peu de réflexion
même ou de sentiment, surtout quand il s'agissait d'en avoir en
latin. Il faut que cette partie de l'examen, de beaucoup la plus
importante, se relève. Voilà en effet l'épreuve ,·éritable à nos
yeux. On peut, à l'examen oral, réparer des études manquées
par une préparation artificie1le de quelques·mois ; la composition
latine ou française prouve seule, avec la version, une vraie éducation classique. Que les élèves de nos collèges renoncent donc
désormais au manuel, pour ne plus songer qu'à suivre leurs classes avec profit, qu'ils étudient par goût et cul'iosité, pour la joie
· ùe savoir, ct non pour satisfaire au programme, ct en vue des
�40
fourches caudines du baccalauréat; qu'ils ne craignent pas de se
laisser ravir 'dans leurs lecturés aux charmes de la poésie, aux
entraînements de l'éloquence, aux granùs problèmes agités par la
philosophie; qu'ils apprennent à écrire dans le commerce assidu
des grands modèles ; qu'ils oublieill l'examen : c'est le meilleur
moyen de préparer; qu'ils songent à orner leur esprit, au lieu de
charger leur mémoire : qu'ils lisent les quelques chefs-d'œuvre
proposés â leur étude, au lieu d'en apprendre par cœur de stériles
analyses, qu'ils ont oubliées le lendemain ; el que nos classes
d'humanités, où l'intdligence devrait grandir librement dans le
noble commerce des lettres, ne ressemblent plus à des manufactures, où l'on dresse mécaniquement des esprits pour l'examen. Il
ne dépendra pas de
que le baccalauréat, qui a été souvent
études, n'en redevienne la sanction véritable.
le fléau des
Nm•s voulons chaque année en relever le niveau, à mesure que se
relevera le niveau de l'éducation classique. Nous sommes sûrs de
répondre ainsi, par une sévérité discrète cl mrsurt\e, aux vues du
sage
qui, en imposant désormais le ba cc a lauréat ès lettres
â un nombre plus reslrei nt de carrières, et en l'environnant d'épreuves plus sérieuses, a voulu en écarter les aventuriers, el en
faire la solide-garantie de consciencieuses études. Nous ne doutons
pas non plus de l'assentiment de tous les professeurs de nos eolléges, qui protestent, au nom du culte désintéressé des lettres,contre
les tendances de leurs élèves, f'l qui sont humiliés d'avoir à rivaliser dans leurs classes avec les manuels.
Pardonnez-moi, Messieurs, ce long exposé. l\Iais nous tommes
11ouveaux encore; et nous avons besoin de faire connallre el nos
travaux, et l'esprit qui nous anime. -Voilà le fruit de notre pte·
llliôrc année. Si le résultat nous laisse encore beaucoup à désirer,
nous sommes du moins des ouvriers aussi patients que zélés; et
nous ne doutons pas que l'œuvre commencée ne s'améliore avec le
temps. Nous savons combien nous pouvons compter, d'ailleurs,
pour seconder nos l'fforts, sur votre bienveillant appui, sur la sollicitude de toutes les autorités de cette ville, sur le concours des
maUres de nos lycées et de nos collèges. Nous profiterons nousmêmes de notre expérience parmi vous, pour rendre notre enseignement aussi salutaire que nous le pourrons:\ la jeunesse de ce
p<iys.
.
�-
41
C'est ainsi qu'alljourd'bui, que le Gouvernement, pour. accommoder de plus en plus l'instruction publique aux besoins du siècle,
institùe en certaines villes une École des sciences appliquées;
er, toujours soucieux du rôle que les lettres doivent conserver
4Jans toute éducation libérale el vraiment française, a fait à la littérature et à l'histoire une grande place dans le programme, nous
et moi, la coopéraavons accepté avec empressement, l\1.
tion, que l\1. le RPrleur a bien voulu nous offrir dans celle œuv1·e
8
nouvelle. - Dans l"un de ces cours, les jeunes gens qui viendront
ici se préparer aux carrières industrielles, apprendront les principes généraux de l'art d'écrire, ils seront exercés à la composition,
ct par une élude raisonnée de quelques- uns de nos chefs-d'œuvre
littéraires, ils pourront apprécier ce que les maitres de la pensée
leur réservent de nobles distractions pour les heure;; de loisir, de
ressources généreuses pour les jours d'épreuve. Au cours d'histoire, ils verront se dérouler sous leurs yeux tout le passé de la
patrie. Ils apprendront que toul ne dale pas chez nous de la révolution française. La vieille J<'rance leur sera
dans sa
grandeur. Ils puiseront à ce cours le goùt e,l le respect du passé;
ils comprendront mieux leur temps, en le rattachant aux temps
qui onl précédé. Taudis qu'ils s'instruiront ailleurs dans les sciences positives en vue de professions spéciales, ils ''iendront compléter près de nous l'éducation de l'homme et du citoyen, auquel la
pairie doit confier un jour ses ihlét·êls moraux, aussi bien que les
destinées de son industrie.
C'est ainsi, 1\'lessieurs, que dans ces cours nouveaux vous nous
retrouverez, comme partout ailleurs, pénétrés de la même pensée,
à savoir que les lettres doivent servir avant tout à l'éducation
morale des hommes. Raffermir, au lendemain de nos révolutions,
les doctrines qui sont l'appui de l'ordre social, défendre les âmes
incertaines contre de décevantes utopies, restaurer toutes les nobles traditions de la France, proclamer sans cesse avec tous lt's
beaux génies, qui s'en sont fait les intet·prètes,
principes de la
morale chrétienne, exciter tous les nobles enthousiasmes et les
ù cc
de matérialisme
généreux instincts, pour les
qui dessèche les âmes, préparer les courages aux grandes actions
par l'habitude dt•s grands sentiments <•1
grandes pensées, en-
�42
tretenit· çnfin parmi nous ce culte des arts, qui est avec la gloit·e
militaire le plus noble héritage de notre génie national, tellè
:\ nos yeux, la mission de ceux qui ont l'honneur de parler â la
jeunesse, et qui comprennent la vertu des JeUres. Une telle mission, d'ailleurs, est toujours aussi facile que douce â remplir dans
notre terre de }'rance, celle patrie du bon sens, des arts, et de
l'héroïsme. Car si parfois l'esprit de la France a l'air de s'égarer â
la
de quelque chimère généreuse, ou de s'engom·dir et
de s'affaisser dans le bien-être, ne craignez tien, cet esprit immortel va bientôt se réveiller, se retrouver avec toute son antique
vertu. J'en prends à témoin ces vaillants, que la guene a trouvés
tout prêts pour ces gigantesquès batailles et ces assauts glorieux,
dont le récent souveuit· fait palpiter nos poitrines, el qui dés le
premier jour se sont montrés dignes de leurs pères vieillis dans
les combats. C'est à nous, 1\Iessieurs, les ouvriers pacifiques de la
pensée, à montrer que la France conserve toujours le trésor intact
de ses traditions religieuses, mor·ales et littéraires, comme nos
soldats lui gardent au jour du péril sa vieille renommée de vaillance et d'honneur.
�1
-{-
UAPPORT
IlE
St\IONIN DIRECTJmR DE L'ËCOLE
DE
ET DE PII.\lt.\L\CIE.
l\IoNSIEUll u: RECŒln,
l\lEssnn:ns,
Les règlements qui nous régissent, aujourd'hui, m'imposent l'obligation de vous faire connallre quelques-uns des faits qui se rapportent à la dernière année scolaire, et de réclamer votre allen lion
pour des acles sérieux dont l'austérité va contraster, d'une manière
bien tranchée, avec l'élégant rapport que vous venez d'entendre.
En écoulant ce que je yais avoir l'honneur de vous dire, vous
penserez comme moi que nous accomplissons ensemble un devoir.
Je ne puis tirer du compte rendu lu en Conseil
il y a
quelques jours, qu'un certain nombre de considérations, les autres
ne pouvant faire l'objet d'yne éommunicalion publique.
Les acles qui sc rattacbeut à toul établissement d'instruction
supérieure doivent être envisagés sous trois points de vue différents. JJirection générale, Enseignement, Finances, telles sont
les trois faces de la question prenant chacune un aspect spécial,
selon que les deux autres se modifient. Ainsi, pour parvenir sûrement au but qui doit nécessairement être alleint, sous le rapport
de l'instruction, faut-il modifier profondément certaines prévisions
�-
,u-
d'un budget, qui, à son tour, ne pou vaut se transformer· que jusqu 'a
un certain point, détermint>, en grande partit>, el limite la valeur
des moyens de l'instruction proprement dite.
Quant à la direction dont certaines formes doivent être immuables sous Je rappor·t de la discipline, en altribuarlt a ce mot
le sens le plus moral
le plus élevé, elle varie encore, suivant
que des législations successives viennent élargir les horizons et
révéler les voies nouvelles ou les élèves doivent s'engager.
li n'est peul-être pas d'établissement qui ail présenté comme
l'École de médecine de Nancy, dans un laps de temps très- court,
conséquences les plus nombreuses et les plus variées de la
théorie que je viens de formuler.
L'École de Nancy, déjà plusieurs fois modifiée comme école se-·
1:ondaire, de 1822 à 1815, a dû, comme école préparatoire, chercher dans plusieurs sens le bien que la législation du 13 octobre
t 840 l'avait chargée de réaliser. Le mouvement intellectuel qui,
en améliorant tout .ce <JUi touchait aux intérêts de
appelait
par cela même de nouvelles !fansformati.ons officielles, peut, lUessieurs, être traduit par un chiffre, et l'œuvre de tous vous sera
démontrée, en vous faisant connaître que sur les 59 asS\!mblées
que j'ai eu l'honneur de
comme Directeur de l'.Ecole,
34 fois l'étude des professeurs réunis en Conseil a porté sur les
moyens d'agrandir el de perfectionner l'enseignement cl d'en assurer les résultats.
L'Ecole ayant foi dans une honorable destinée, ne s'est point
restreinte à vivre d'année en année; elle esl entrée l'l'Sulu ment, el
:\ la fois, dans la voie de Lous les progrès. C'est après avoir réalisé,·-;
heureusement, presque toutes les modifications con<_;ues que l'Ecole
s'est vue organisée, de nouveau, par le décret impérial du 6 décembre dernier. Une grande partie des ubstacles a donc été vaincue et, aujourd'hui,· 1\lessienrs, l'Ecole jouissant d'un budget
agrandi par la bienveillance si connue de l'administration municipale, ayant un enseignement récemment défini, doit, pour le
moment, songer moins â conquérir de l'espace qu'a fertiliser l'espace conquis.
Avant de parler des résultais de l'année scolaire 1854-55, je
vais lract:>r rapidement les tr·aits qui caractérisent â Nancy la direction et l'enseignclllent.
�-
h.!)
I.e prrmîer problème qui devait être po::é· au sein de
•!tait de définir le but d'une Ecole préparatoire de médecine et de
pharmacie. Ce but a rté, â Nancy, ainsi compris: une Eco'e préparatoire doit avoir une physionomie bien distincte de celle d'une
]<'acuité-. Si, comme dans une Faculté; l'on doit veiller à maintenir
une exacte discipline, à élever sans cesse lt! niveau des études et à
bien gérer les fonds d'un budget, l'on doit, de plus, !endre à dévdopper les avantagrs .inhérents à un centre intellectuel régional.
,\ Nancy, les traits caractéristiques de l'Ecole paraissent être
l'union
des profPsseurs; l'unité remarquable de leurs vues;
les rapports incessants officiels ct de bienveillance entre la direction de l'école et les familles, entre les pr·ofesseurs ct
i·lèves, et
le.s services de tous genres qui sont rendus à ces derniers.
Déjà, dans l'une des quatre dcmières séam·ps de rentrée, j'ni
tracé les devoirs que la direction de l'Ecole avait à rcmplil· pour
ath•indre le but final : la sécurité des familles, sous le lr·iple rapJlOrl moral, physiquü el intellectuel ; il n'est point utile de répéter
ce qui a été publié à ce sujet, et, je me conh•nterai de dire qué la
tradition (\tablie a été suivie avec un soin tel qu'anjour·d'hui, il n'y
a pas à
de Nancy un seul élève dont rlle ait à rougir, el
que h•s mauvais élèves rn ont été éloignés ou l'ont quittée volontain•mcnt.
Vous avez vu. pl!Jsieurs foi>:, l\lessieurs, se dérouler devant vous
le tableau des cours de l'Ecole, vous avez saisi la coordination
de toutes les parties de l'enseignement et les vues générales IJUÎ
président à chacune d'elles, ct vous savez aussi que le 'nombre des
cours a été n'glé Îl y a moin.s d'une année. Pour reconnaitre la haute
bienveillance qui a déterminé le décret impérial du 6 décembre
185-i, l'Ecole n'a pas cm pouvoir mieux faire que de s'appliquer
à en tire1·, immédiatement, les conséquences sérieuses. II s'agissait,
en premier lieu, de modifier l'enseignement de la manièt:e la plus
avantageuse qu'il était possible pour les élèves, mais une grande
difficulté se présentait toul d'abord. Les ordonnances du t 3 octobt·e
1840 el du 12 mars 1841 se li'Ouvaicnl, rle fait, modifiées par la
fusion de l'enseignement de l'Ecole avec celui de la Faculté des
scit>nces, par la suppression de quelques cours et par l'introduction
d'études nouvelles dans l'Ecole, par le décret cité. II n'y avait donc
�4(j
plus de
à meUre en pratique, mais hien un règlement
à constituer. Yoici les bases d'après lesquelles il a semblé que l'on
dût agir. Concilier toutes les exigences des programmes de l'Ecole
et de la Faculté des sciences, de telle manière que les deux enseignements n'offt·isscnt plus, en quelque sorte, aux
qu'un
seul el vaste programme; demander à chacun de l\1:\1. les Pro·
fesseurs une parf de travaux équivalente à celle que leur assignait
l'ancien règlement, el tenir compte des droits des élèves en pharmacie, afin que cette catégorie d'élèves, nombreuse aujourd'hui,
pût, pendant les trois semestres d'études rendtis obligatoires par
le décret du 22 aoùt 1854, suivre les divers cours auxquels ils
doivent 1\{re astreints. En l'absence d'un règlement, le sentiment
profond du devoir a fait accepter aux professeurs de l'Ecole une
part égale <'t parfois supérieure à celle qui leur avait été assignée
en vertu du règlt>ment de 184·0, déja interprèté par eux à l'avantage des élèves. Le nouvel ordre établi a exigé de plusieurs
fcsseurs des sacrifices qui ont tHé faits complètement, et, en étudiant
noire programme d'études, il semble que les professeurs n'aient
pas d'autres devoirs a remplir que ceux quïleur sont a!ll'ibués par
leurs titres à l'Ecole de médecine.
Dans la nouvelle combinaison des études, il n'a plus· été possible
de conserver lt•s divisions établies antérieurement. Plusieurs cours,
autrefois semestriels, ont dù dcveni1· annuels, et plusieurs ne peuvent plus, aujo!ll·d'hui, durer an-delà d'une heui·e afin qtie .lotis
puissent èlre classés. Toutefois, les cours de clinique ct les travaux
:matomiques durent deux heures, comme par le passé, el le cours
d'anatomie a conservé la dun\e d'une
ct dêmie. De ce programme il résulte que les élèves n'ayant plus le même nombre de
leçons, par semestre, doivent être astreints à suivre pendant plusieurs semestres, et même pendant plusieurs années, des cours
qui ne peuvent êlre complets qn'à celle condition.
considérations relatives à l'enseignement ct qui ont déjà été
rPnrlues publiques, sont aujourd'hui, sous forme de programmt>,
les Inspecteurs
soumises à l'examen du Congcil formé par
générànx, et pour en parler de nouveau, je dois attendre Je résultat de leur éltide. Je crois ne devoit•, émettre à ce sujet que
l'affirmation d'un classement mûrement disruté des cours de l'Ecole
�-
47 -
el de ceux de la Facullé des sciences, pour permettre aux élèves
de recueillir, complétemcnl, le fl'llit des divers enseignements.
!/exercice de la médecine étant l'une des professions qui exige
Je plus de travail, il a paru extrêmement important à l'Ecole de
faire retirer aux élèves tout le fruit possible de l'enseignement
qu'elle dispense. JŒc a donc cherché à maintenir la tradition du
travail constant qui distingue les établissements d'instruction secondaire, et que les hautes Ecoles de l'Etat ont toutes imposée à
l'élite de la jeunesse française. L'obligation de l'ordre ct de l'assiduité, la nlicessilé de prouver l'attention due au professeur, l'utilité
de savoir si la parole du maître a été comprise el hien interprétée
1iar l'élève, enfin, le désir tic diriger chaque intelligence d'après
les moyens qui lui sont propres, ont paru à l'Ecole les indications
véritables de son action disciplinaire intél'Ïeure, et, à la fois, les
moyens d'aider, amicalement, chaque éléve à atteindre le but
noraùle d'être sérieusement utile à ses semblables.
A côté de l'appel journalier se trouve l'interrogation dont les
avantages ont été signalés plus haut. Je n'hésite p:1s à le dire, une·
préparatoire qui croirait élever son enseignement en offrant
des cours de
sans ce contrôle immédiat, abandonnerait
tous les avantages de sa situation sans en atteindre aucun autre,
et, aux yeux de l'Ecole entière, l'intenogation est pour les professeurs el pour les élèves d'une utilité extrême.
A l'occasion de la discipline universitaire, je dois vous faire
que les professeurs n'ont point reculé devant
connaître,
la J:Ontrainte imposée par la série des moyens nécessaires pour
échapper à l'écueil d'agir trop tardivement. Afin d'épargner aux
élèves l'applicat.ion de mesmes sévères, l'Ecole a cherché à se
rendre compte, de semaine en semaine, de tous les faits qui se
rapportent aux études, ct
a pu, souvent, éviter les radiations
d'inscription, en ramenant dans la bonne voie les élèves, soit par
un avis officieux, soit par un avis rendu public, soit par une réprimande.
Apres avoir assuré l'assiduité, les résultats ùe l'étude onl été
également constatés d'une manière incessante. L'Ecole en rendant
officiels les détails journaliers dans lesquels entrent les professcul's, lenr a donné encore une autre utilité, en vue de la corres-
�48
pontlanco avec les
ct des récompenses à décerner. A
l'expi.ration de chaque trimestre, chacun des professeurs signale
tous les faits qui se rapportent aux élèves, et l'appréciation est
•·ésumée pa•· un chiffre qui varie de 0 à 1 O. Un registre
r·cçoitles chiffres obtenus par chacun des étudiants, dans les cours
qu'il doit suivre, et à la fin du semestre d'hiver et à la fin du
semestre d'été, ces chiffres totalisés sont d'excellentes bases pour
un classement annuel. L'examen de fin tl'annér, et le concours
ecrit qui le précède sont, également, côtés de o à f o. J\Iais afin
de donner à ccs èpreuvt•s une valeur importante
les résultats
de l'appréciation générale, lrs chiffres obtenus sont multiplit\s par
5. C'est la totalité drs points qui se\'t de base à la présentation
faite au Conseil de l'Ecole, en \'Ue des mentions honorables cl des
prix qui, annuellement, sont accordés par Son Excellence :\1. le
Mini:itre de l'Instruction publique.
Abordons maintenant,
l'éÎude des résultats. Comme
par le passt>, nous avons reçu les élèves qui t•ntraicnt dans la carrière medic;de,
pour la premiere fois, l'Ecole a délivré dt•s
certificats d'ar..titude profrssionnPile et des diplômes. Voici les faits
principaux de l'annee qui vient de s'écouler.
· Ll's n•gistres de l'Ecole ont reçu les inscriptions règulières de
62 èlèv!'s, Nous n'avons plus,
à vous entretenir des au-.
diteurs bénévoles qui, en grand nombre, se sont rendus des cours
de I'EI'ole à crux de la Faculté des sciences. Les elè:v.es inscrits sc
sont divisés en élèves l'Il médecine et en élèves en phà1·macie. Les
premiers se sont trouvés au nombre de cinquante, les seconds au
nombre de douze. Ce dt•rnitH' chiffre qui, an premier coup
parait peu élevé rst cependant relativement considérable. Avant le
décret du 22 aoùt t S.H, le nombre des élèves en pharmacie était
bien moindre en effet. Parfois l'Ecole n'en comptait aucun, et ra-rement ces élèves se subdivisaient-ils en élèves de première et de
seconde année. L'obligation pour cette catégorie d'étudiants de
suivre les cours de l'Ecole a amené tons ceux qui ne devaient pas
profiter des mPsures transitoires établies conformément à l'esprit
-du décret organique .
. Le chiffre des élèves par année d'études a été le suivant : tr•
année, 23 élèves en médecine et G
rn pharmacie ; 2• année,
�-
4!)
t 1 ·èléves
médecine el 6 élèves en pharmacie; 3" et 4" années
réunies, t 6 élèves en médecine. Des 62 élèves, t 0 étaient bacheliers ës lettres, et t 4 bacheliers ès sciences. Enfin ils se subdivisaient,
encore, suivant le but définitif a atteindre; 46 aspiraient au doctoral, quatre au titre d'officier de santé, six au grade de phar·
macien de 1re classe, et 6 â celui de pharmacien du 2e degré.
En général, l'assiduité aux cours a été convenable, ruais un certain nombre d'exercices, facultatifs il est vrai, n'ont pas été suivis
au gré de l'Ecole. Nous voulons parler des répétitions d'anato.mie,
du cours de mathématiques, des manipulations de chimie et des
herborisations. Cette année le cours de mathématiques n'aura plus
lieu, puisque les élëves, par suite de la circulaire du 25 décembre
18M·, doivent entrer â l'Ecole avec une instruction secondaire plus
complète que relie qu'ils avaient acquise autrefois; mais PEcule
désire voir, pendant l'année qui vient de s·ùuvrir, plus d'empressement â profiter des sources si fécondes d'instruction pratique dont
il ''ient d'ètrc question; el que S. Ex. lU. le i\linistre de l'Instruction.
publique a voulu rendre plus accessibles aux élëvès en médecine, .
('n abaissant, en leur faveur, de t!iO à 60 fr. les frais relatifs aux
manipulations de chimie, qui sont a l'enseignement chimique ce
<JUC les travaux anatomiques sont aux leçons d'anatomie.
Je ne puis mieux faire pour donner l'idée de l'assiduité des
Eléves que de compulser le dossier des peines disciplinaires encourues par eux, en 1854.. 55. Trente-sept fois le directeur de I'Ef'ole a dti adresst;r l'avis officieux dont il a été question, vingt-trois
fois l'avis a été rendu officirl, trpjze fois la
a été prononcée, et six fois le Conseil de
a opéré la radiation d'une
inscription.
C'e·st au moyen des notes de l'examen de fin d'année, qu'il fàut
également donner connaissance du travail et de ses résultats.
concours écrit institué par l'Ecole, la veille de l'examen oral, et destiné à permettre aux Eléves de prouver leur instruction sans êtl·c
troublés par l'émotion de l'examen, n'a pas été abordé par un assez
grand nombre d'Elèves. Aussi l'Ecole a cru devoir, pour la seconde
année d'études, ne point accorder de prix aux Elèves qui, par
leur absence, avaient rendu l'épreuve prt>sque illusoire. Le pen
d'importance du concours de deuxième année a été d'autant plus
4
�regretté, que celui des Elèves de la première année d'études :1
donné l'occasion de constater des résultats fort remarquables du
travail.
notes de l'examen oral ont été données par lés jurys
ainsi qu'il suit : la note très-satisfait n'a point été donnée; douze
Elèves ont obtenu la mention bien sati.çfait; vingt-deux ont
satisfait <i l'examen; douze n'ont mérité que la note médiocrement satisfait, ct trois élèves ont été ajournés. Un certain nombre
(l'Eièves ne se trouvaient point dans les conditions de l'examen
. annl!el ou étaient légitimement empêchés. Le 5 et le 5 de cc
mois, ces derniers
'ont subi l'examen réglementaire. II
faut ajouter quelques détails relatifs à l'absence de la note trèssatisfait. L'Ecole a pour la première fois employé, po1n· hls examens de fin d'année, un mode très-rigoureux d'appréciation.
Chacun des trois juges traduit son opinion par un chiffre, les trois
chiffres réunis forment un total qui indique la note exacte. Ce
mode qui donne à chaque examinateur une grande indépendance,
a fourni des résultats très-précis, el plusieurs fois l'absence d'un
seul point a
un obstacle à ce que le jury conférât le trèssatisfalt. Il est regrettable que, dans les Facultés et dans les
Ecoles préparatoires, l'absence d'uniformité dans les notes et dans
la manière de les formuler, empêche que la même note ail la
même valeur lorsqu'il s'agit de preuves à fournir pour interpréter
le mérite des Elèves.
Ce ·serait ici le lieu de placer les observations de l'Ecole, sur la
circulaire en date du 7 août dernier, si nous n'avions l'assurance
d'en voir annuler les fâcheuses conséquences pour l'Ecole.
Je ne puis passer sous silence, lUessieurs, le résultat tout
spécial de quelques parties de l'enseignement. Soixante-quatre
cadavres ont été livrés à l'Ecole pendant l'biver dernier, par les
hopitaux civils de Nancy et par l'asile de 1\'laréville. Quarante-six sujets ont été utilisés par les Elèves, et quatorze fois des
injections anatomiques ont été pratiquées pour donner à leur tmvail une plus grande valeur.
Les Elèves ont assisté, à la maison départementale de @ecours,
à quinze accouchements. Ce nombre n'exprime pas complétement
l'importance de la clinique obstétricale, car pendant une autre
année d'études, le chiffre des accouchements, vus ou pr.atiqués par
les Elèvcs, a été double de celui de l'année t
�'frenle-neuf observations ont été rédigées dans les hôpitaux par
les Elèves, soit dans la clinique chirurgicale, soit dans la clinique
médic,ale, et ont été l'objet de discussions et d'un examen sérieux
qui a permis à l'Ecole
un prix pour les observations de
chirurgie ct un prix pour les observations de médecine. Celle
dernière source d'instruction sera ouverte plus largement aux
Elè''es, lorsque le futur règlement des hôpitaux civils aura
l'approbation officielle. L'Ecole aura alors des internes, et nous
devrons l'une des plus sérieuses améliorations à M. le Préfet de
la i\Ieurthe dont la bienveillance s'est révélée, d'une manière si
marquée, lors des récompenses mif!istérielles accot·dées, pat· son
intermediaire, aux Elévcs qui ont reudu des services, pendant Jo
choléra de 1854, et dont les noms vont tout à l'beure être cités.
J'arrive enfin, 1\lessieurs, â la session de septembre dernier. A
l'occasion de la réception des officiers de santé, jll constate avec
une vive satisfaction, que pas un Elève de l'Ecole ne s'est présenté.
Notre inslitution, pendant les dernières annees, avait su 1Hevet·
l'ambition des Elèvcs vers le doctorat. Suivant les professeurs de
Naucy, les officiers de santé ont une grande utilité, mais ils doivent constituer l'exception. Il est de mon devoir de signaler ce
fait remarquable de l'absence de candidats de Nancy, afin de faire
comprendre que les modifications constatées, dans un avenir plus
ou moins éloigné, seront les conséquences des réglemenls cl non
!e résullat de la tradition du corps enseignant de l'Académie ·do
Nancy.
Des six candid<•ls au titre d'officier de santé, l'un a été ajoumé
après le premier examen. Des cinq autres, trois avaient déjà un
diplôme des lt'acultés de Paris et de Uontpellier. Ces cinq candidais ont été •
reçus, l'un avec la note satisfait, les quatre autres
avec la note médiocrement satisfait.
Les candidats au titre de pharmacien de deuxième classe se sont
trouvés inscrits au nombre de cinq; quatre ont été J'eçus :. l'un
aYec la nole très-salis/ait, deux autres avec la nole satisfait et le
dernier avec la nole médiocrement satisfait. Ce sont les Elèvcs
de l'Ecole qui Ônt obtenu les meilleU'I'es notes dans le classement
de ces deruiers candidats. Un herboriste a été
et quarantedeux sages-femmes out été admises. Uu grand nombre d'entœ
�ellrs passaient l'examen dans le but Je changt•r de résidcnct•.
L'Ecole a vu avec surprise ct tristesse la ·faiblesse gcnérale des
officiers ùe santé, el elle proclamL>, hautement, sa volonté Je ne
tenir aucun compte des diplômes antérieurs, présentés par les
candidats des divers ordres, lors de la session Je 1856.
L'Ecole, en remettant à la Faculté des sciences deux branches
de son enseignement, a dû modifier la nature de certaines dépenses pour ses colfections, cl chercher à accroilre ses sources
d'instruction dans de nouvelles voies. Les autodsations officielles
n'étant point encore accordées, le moment n'est pas venu de vous
parler des efforts de l'Ecole dans le sens dont il vient d'être
question.
L'an passé j'indiquais les set'Vices rendus par les éleves en méclccine nlol'!i chargés de 27 missions officielles pendant le choléra.
Celte année un autre genre de services, doit, 1\II'ssieurs, vous être
signalé. En cc moment, douze élèves, détachés de l'Ecole, sont
cmployi·s dans les hôpitaux de la 5• di vision militaire.
Pour terminer, l\Iessieurs, celle revue de l'année 1854-1855, je
r1'ai plus que quelques mols à ajouter.
L'Ecole, en avril 1855, a ouvert le cours de toxicologie prescrit
par le décret du 6 décembt·e t 854. Elle a, le 6 de novembre, ouvert
également le cours lie pharmacie, et pour assurer l'enseignement
tout spécial qui vient d'être cité, ainsi que celui de la matière médicale, elle a présenté à la nomination de S. Ex. M. le Ministre de
l'Instruction publique, la candidature de lU. Delcominéte,
den de tr• classe, ancien interne distingué des hôpitaux de Paris,
el qui, par arrêté, en date du 25 juin 1855, a été compris dans le
cadre des professeurs suppléants.
Le savant membre de l'Institut qui dirige I'Acadéfnie de Nancy,
a compté avec rais<m sur le concours de l'Ecole, lors de la création
lie l'enseignement des sciences appliquées, el l\1. Léon Parisot a
accepté de professer l'hygiène dans cette institution, annexe de
l'cnséignement supérieur.
Je ne puis, l\Iessieurs les élèves, quitter celle tribune, sans
échanger avec vous quclqueii,pensées. Vous entrez maintenant dans
el la fatale préocnos écoles avec le titre de bachelirr és
cupation de cc grade à acquérit· ne viendra plus vous détoumer ùc
�J'élude. Désormais, donc, l'Ecole dena compter sur des
in·
cessants de votre part.
Vous allez entendre proclamer le nom des éléves, qui, déjà plus
avancés dans la carrière, ont pu, sous le rapport du travail, vous
donner une précieuse émulation; vous allez, également, entendre
citer, bien honorablement, vos camarades qui ont mérité des récompenses du ministère pour leur remarquable dévouement pendant l'épidémie de t854.
Que ces exemples animent votre courage, l\lessieurs les élè\'es,
souvenez-vous toujours de la voie que vos professeurs ont mission
de vous indiquer ct qui peul se définir par ces trois mols : savoir,
;èle cl abnégation.
�DES
l\HXISTÉRIELLES, DES PRIX :111:\'ISTÉUIEI,S, DES
l\IENTIO.i\:S IION:OHADLES ET DES UÉSL'LTATS DES COXCOUUS.
1° Décompenses ministérielles.
Par arrêté en date du t•• février 18ü5, S. Ex. 1\I. le Ministre .de l'agriculture, dPs travaux publics et du commerce a décerné une médaille en
argent, comme récompense de dévouement pendant le choléra de
dans les départements de la
de la Meuse et de la Moselle, à
l\E\1. les Élèves en médecine dont les noms suivent :
AmsouLD (Alfred) de Nancy (Meurthe);
13Locu (Emmanuel) de l\fetzcrwisse (i\Iosellc);
CHRÉTIE:i (François) de Lunéville (:\fcurthe);
(Oscar) de Heims (Marne);
Jonux (Jules) de l\lirccourt (Vosges);
MAGOT (Gustave) de Marsal (Meurthe);
.i\hNEL (Camille) de Foug (l\Icurthc);
PoluuEn (Charles) de Lamarche (Vosges);
SAINTI:-1 (Jean-Baptiste) de Loisey (Meuse).
2o I•rix accot•dt!S par S. Ex. JI. le Ministre
publittne, et lllention!i
ÉLÈVES EN MÉDECINE.
PltElHÈRE A.:S.:'IÉE n't'l'UllES.
Prix.
M.
GA:slEZ
(Emile) d'Attigny (Vosges).
l'Instruction •
�Jl1ent ion honorable.
JI. BocnREIFF (Camille) 1le Nancy (Meurthe).
2• ANXf:E D'ÉTUDES.
11lentions honorables.
l\1. FoRGEOT (Alfred) d'Anneville (Hante-Marne).
l\1. ScnoELLHAmmn (Edouard) de l\liltelwihr (Haut-Hhin).
3" ANNfm D'ÉTI.:DF.S.
Pri.r.
M. llnocAUD (Valentin) de
(Meurthe) .
.Mention honorable.
l\1. CnnÉTIEX (François) de Lunéville (Meurthe).
PJUX SJ>ÉCIA t'X l'OUR L.1 RÉDACTION DES OBSERVJ TIOXS CMNIQDES.
1°. CLINIQUE CIURURGICALE.
Prix.
M. LEGL'lDRE (Emile) de Xiuy-Circomt (:\Iosclle).
ion lwnm·able.
M. FonGF.OT (Alfred) d'Anneville (Haute-Marne).
2° CLINIQUE MÉDICALE.
JI/entions lwnorables.
l\1. CuntTIE:'i (François) de Lunéville (Meurthe).
M. Scnor.LLIIAJnŒR (Edouard) de :.\littclwihr (liant-Rhin).
ÉLÈVES EN PHARMACIE.
Prix unique.
M. VuLLEMIN (Charles) de Bourmont (Haute-l\Iarne),
année.
de 1'e
11fention !wnorable.
l\J. RÉGULATO (Chades) de Sarreguemines (Moselle), élève ùe 1'"
année.
�-
ti(i
3° RËSULTATS DES CONCOURS.
A la suite du concours qui a eu lieu, le 9 novembre
pom·
deux places de préparateur,-aide du cours d'anatomie, ont été nommés :
1•r préparateur-aide, l\I. BouRREIFF (Camille) de Nancy (Meurthe).
2• préparateur-aide, M. PAT11 (Jules) de La Nctz (:.\'leurthc).
)(
A la suite du concours qui a eu lieu, le 10 novembre f 851:i, pour une
place de, préparateur-aide du cours de pharmacie et de toxicologie,
M. GRANDEAU (Louts) de Pont-à-Mousson (Meurthe), a été nommé
préparateur-aide.
A la !:Uitc du concours qui a eu lieu, le i2
18all, pour une
place d'aide des cours de mkdccine opératoire cl de déligation,
l\I. llROCARD(Valentin) de Rogéville (Meurthe), a été nommé aide de
ces cours.
��
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Title
A name given to the resource
1855 - Séance solennelle de rentrée des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1855
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-verbal de la séance, p. 5-6</li>
<li>Discours prononcé par M. Le recteur de l’Académie de Nancy, p. 7-14</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 15-25</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 27-42</li>
<li>Rapport de M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 43-53</li>
<li>Proclamation des récompenses ministérielles, des prix ministériels, des mentions honorables et des résultats des concours, p. 54-56</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Séance solennelle de rentrée des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1855
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Description
An account of the resource
<p>SOMMAIRE</p>
<ol><li>Procès-verbal de la séance, p. 5-6</li>
<li>Discours prononcé par M. Le recteur de l’Académie de Nancy, p. 7-14</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 15-25</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 27-42</li>
<li>Rapport de M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 43-53</li>
<li>Proclamation des récompenses ministérielles, des prix ministériels, des mentions honorables et des résultats des concours, p. 54-56</li>
</ol>
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
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Format
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Language
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/8f016bd3c93f67893470882d6f2f98e0.pdf
e508c3e9dbf55ec74c6cbde43bb6cf02
PDF Text
Text
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��PROCÈS-VERBAL
DE LA SÉANCE.
.
.
La Séance solennelle de rcnll·éc de la Faculté des Sciences, de
la Faculté des Lettres ct de l'Ecole de :\Iédecine ct de Pharmacie
de Nancy, a cu lieu le H:i noYernbrc 18!'>!), à midi, dans le gt·and
salon de l'Hôtel de ville.
La séance a été présidée pm· M. Faye, Membre de l'Institut et ,
llecteur de l'Académie de Nancy. Ont pt·is place au bm·cau MM. le
Pt·ince de Beauvau, Sénatem·; Lezaud, Procureur général; Garnier, Président de chamln·c à la Com· impériale; l'abbé Bureaux;
les Inspecteurs de l'Académie, les Doyens des Facultés et le Directeur de l'Ecole de Médecine, tous Membres du èonscil académique.
i\IM. les Professeurs des Facultés et de l'Ecole de Médecine, le
Provtscur ct les autres fonctionnaires du Lycée impérial de Nancy,
ont pris place après le Conseil académique.
Des places spéciales avaient été réservées aux différentes Autot·ités
de la ville ainsi qu'au Conseil municipal.,
�:._6-•
M. 1e Recteur a ouvert la Séance par une.allocution et a donné
successivement la pat·ole à l\1. le Doyen de la Faculté des Sciences,
à :M. le Doyen de la Faculté des Lettres et à rtf. le Directeur de
l'Ecole de Médecine ct de Pharmacie, pow· la lcctuPe _de leurs
Rapports.
1\I. le Professeur Secrétaire de l'Ecole de Médecine a proclamé
ensuite les prix décernés à MM. les Elèves en médecine.
La Séance a été levée à 2 hem·es. Elle avait été précédée d'une
messe du Saint-Esprit qui a été célébrée en l'église cathédrale.
�
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Title
A name given to the resource
1855 - Séance solennelle de rentrée des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1855
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-verbal de la séance, p. 5-6</li>
<li>Discours prononcé par M. Le recteur de l’Académie de Nancy, p. 7-14</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 15-25</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 27-42</li>
<li>Rapport de M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 43-53</li>
<li>Proclamation des récompenses ministérielles, des prix ministériels, des mentions honorables et des résultats des concours, p. 54-56</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Procès-Verbal de la séance
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fichier placé sous licence Etalab (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence- ouverte-open-licence-5899923.html)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/9567007ad33f3cf6a48f55946dfe4d62.pdf
8df4e5cd7a87eeb64b69b768b196cd3c
PDF Text
Text
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��DISCOURS
PRO:IOi\'Ct l'AR
.M. LE RECTEUR DE
DE
Les institutions vivaces ont, comll}e les individus, leurs pé- ·
riodes de croissance juvénile et de maturité puissante. Elles
vivent, elles croissent tant qu'elles ont du bien à faire, et c'est
dans le sentiment profond de cette vérité qu'une bouche auguste
prononçait nagucre des paroles qui ont ému et rassuré la France.
Quant aux institutions sans but, sans raison d'être, nées d'un
caprice passager qui bientôt se refroidit et se détourne, elles no
se développent pas, elles ne savent point grandir.
Il y a lâ, lUcssieure, une règle sùre pour juger une institution
nouvelle. CeHe institution possède-t-elle un germe de vie, estelle réellement appelée à faire le Lien? elle ira croissant des son
début. Que les· progrès soient Jenls ou rapides, peu importe, mais
il faut qu'il y ait progrès.
Cette règle, ce criterium, je vous propose de l'appliquer aux
.Facultés que nous inaugurions ici même l'an passé. Je les
mandais alors à votre sollicitude ; vous les avez accueillies chaleureusement, et aujourd'hui elles viennent, par l'organe de leurs
dignes doyens, avec leur sœur aînée l'Ecole de médecine, rendre
publiquement compte des travaux que ,·ous avez si bien- encouragés.
�-
8
Voyons donc, J.Uessieurs, d'un œil froid, en écartant l'éblouisJ
scment d'un premier succès dû à votre intelligent patriotisme
autant qu'au talent élevé de nos jeunes professeurs, voyons, disje, le côlé matél'iel et prosaïque de la question. Quels seniccs
les Facultés ont-elles rendus à Nancy, à la Lorraine? Peuventelles en rendre de plus grands, et s'y préparent-elles en redoublant d'efforts, en élargissant le cercle de leur action?
Des services rendus, me dira-t-on peut-être, est-il déj'à temps
en parler ? Ouif car les Faèultés ont commencé déjâ 'â faire de
Nancy la capitale universitaire de la Lorraine. C'est vers Nancy
que se tournent maintenant les regards de la jeunesse, car c'est là
qu'elle trouvera ses juges. C'est à Nancy que vos Facultés ont
appelé cette année, de tous les points de votre belle et grande
province, ces nouveaux pèlerins de la science qui viennent par
centaines recevoir ici la récompense de leurs travaux. Tout à
l'heure
les doyens vous diront que plus de trois cents candidats des collèges de la 1Ueuse 1 de la lUoselle, de la IUeul'the et des
Vosges se sont présentés celte année aux epreuves du baccalau•
réat. Jusqu'à présent Nancy n'y a pas gagné d'argent, mais il y
gagne de l'importance. Aujourd'hui que les chemins de fer ont
créé au profit de Paris une centralisation d'espèce nouvelle, plus
.irrésistible que jamais, une grande ville doit s'applaudir de posséder des institutions capables de lulter contre le courant et même
de créer des courants nouveaux dont elle reste le centre.
pour notre ambition comme pour nos devoirs, servir
une seule ville, dans toute une province, ne serait pas assez. Les
Facultés servent aussi la Lorraine. Là leur action, pour être moinîl
directe, n'est pas moins réelle ct profonde. Je puis bien le dire,
moi qui chaque jour en constate les effets. Il n'est peut-être pas
ùe collége, dans celle Académie, qui n'ait ressenti cette influence.
Partout les collèges vont réorganiser des branches entières de
leur enseignement, afin de les mettre en harmonie avec le nôtre
et de nous préparer des étudiants sérieux. Partout les jcmws
professeurs se sont émus de voir des :Facultés si près d'eux. Ils
se sont mis en relation avec elles afin d'obtenir des conseils ou
une direction pour leurs travaux. A chaque session, des candidals
à la licence sc sont présentés cette année, toul comme les jeunes
cr
�il
élèves dont je viens de parler. La conquête de ce grade, en effel,
c'est l'avenir d'un professeur; disons plus, c'est la meilleure garantie des familles, et je pourrais vous citer plus d'une ville lorraine qui ne veulent plus admettre de simples bacheliers dans
certaines chaires de leurs collèges. A Dieu ne plaise, je me hâte
do le dire, que je partage celte tendance trop absolue. Parmi les
régents les mieux éprouvés, je vois bien des hommes de mérite
qui, pour avoir négligé de se munir à temps de cc litre, n'en soutiennent pas moins dignement 'le fardeau de leurs pénibles fonctions • .tUais si les vétérans du professorat ont conquis le droit de
se soustraire à l'épreuve, le même privilège ne saurait être concédé
sans regret aux nouveaux venus.
Ainsi, l\Iess-ieurs, dans le court intervalle d'un an, l'influence
salutaire de nos Facultés s'est fait sentir sur la province entière.
L'an prochain, nous aurons, j'espère, des résultats plus saillants
encore à vous signaler. En fait d'écoles primaires, la Lorraine
était depuis longll'ntps au premier rang des provinces françaises ;
elle s'y placera bientôt en fait d'instruction secondaire, ct c'est
surtout aux }?acuités de Nancy qu'elle devra cc nouveau progrès.
Le l\linistre l'avait bien prévu : si d'une part il propose aux pmfesseurs de nos collèges, comme un modèle parfois désespérant,
l'admirable personnel de nos lycées de lUetz ou de Nancy, d'autre
part il leur fournil le moyen d'aspirer à celte perfection, en instituant au milieu d'eux un cenlre.de haut enseignement, source de
progrès toujours ouverte à qui veut y puiser.
C'est à vous, lUessieurs, de juger si je me suis trop pressé de
parler de services.
Abordons le second point et voyons ensemble si les
peuvent encore plus, ou si elles se résignent à.creuser simplement
le sillon qu'elles viennent de tracer.
Je diviserai ma réponse en deux parts : l'une pour l'Ecole de
droit que celte province a si longtemps réclamée; J'autre pour
l'Ecole nouvelle que nous inaugurons aujourd'hui, et dont .lUlU. les
doyens vont bientôt vous entretenir.
!Ucssieurs, celle province a eu beau invoquer son droit el la
foi des traités, elle a échoué jusqu'ici. La Restauration qui lui
avait enlevé les Facultés données par l'Empereur, n'a pu lui ac-
�ro
corder l'Ecole de droit deux fois demandée par la ville de Nancy.
Le Gouvemement de Juillet n'a rien donné.
enfin la série
des échecs s'épuise el celle des réparations commence.
reur, qui peut beaucoup pour les provinces, dote la Lorraine
d'un centre de haut enseignement et crée à Nancy deux :Facultés.
:Maintenant que ce grand pas est fait, il est aussi facile de comprendre l'insuccës des réclamations antérieures que de se rendre
compte de nos espérances actuelles. Pour cela, il n'est pas nécessaire de fail·c la critique du passè; il suffit de pénétrer dans la
pensée du Gouvernement, pensée féconde dont la réalisation sera
l'honneur du réfopmatcm· de l'Université.
«Il est lemps, disait l'an passé le lUinislrc à ses rcctcu1·s, de
}> lutter contre le préjugé funeste qui tendrait à priver les provin:» ces de toute vie intellectuelle ct â faire refluer vers le cœur de
» l'empire, au risque d'en atrophie1· les membres, l'énergie vitale
:» de la nation .....
pour que les hautes études portent lous
::. leurs fruits, il faut qu'elles reçoivent une direction ferme el
:> uniforme, il faut que les hautes écoles forment un corps forte·
ment uni et qu'elles se prêtent un appui mutuel. La théologie,
, le droit, la médecine, les hautes spéculations mathématiques cl
» physiques, les grandes applications des sciences, comme les rel> ·cherches approfondies de la philosophie, de l'histoire et de la
> littérature gagneront à se connailre et à se pénétrer mutuel, Jement. >>
•
Et ailleurs, non plus J'an passé, mais le mois dernier, celle même
:
idée, toujours dirigeante, revient sous la plume du
<o: L'isolement est mortel aux établissements d'enseignement supé}> rie_ur.
tous nos acles ont-ils tendu à les rapprocher, à les
> unir, a les pénétrc1· en quelque sorte les uns pa1· les autres.
>> Les Facultés de théologie et de droit
su1· les Facultés
., des lettres; les Facultés de médecine ct les Ecoles préparatoires
» s'appuient sur les Facultés des sciences ..... » Je m'anête, lUessieurs, j'en ai lu assez pour vous éclail·e1' et vous faire sentir avec
quel tact l'adminish·ation municipale de cette ville s'est associée à
celte pensée mére des succès que vous attendez. C'est qu'en effet
les deux I<acultés des lettres ct des sciences forment les bases de
l'édifice universitaire. Quiconque veut construire commence par
�H
les fondations. Concéder tout d'abord une Faculté de droit, c'eftt ét..;
commencer par le faite et bâtir entre ciel et terre. Ayons confiance
dans l'avenir, lUessieurs; le plus difficile est fait, car les premières
assises sont posées. II nous sera donné, sans doute, de voir achever et couronner l'édifice. Vous n'êtes pas seuls à le désirer; au
succès de votre cause, le Pouvoir lui-même mc semble intéressé,
car il ne faut pas que, sur votre immense frontière, nos voisins
puissent se dire : toute province qui s'annexe à la France est fatalement absorbée dans le rayonnement parisien, à moins qu'elle
ne garde obstinément son idiome ou qu'elle ne lutte contre la
fusion. Oui,
une province comme la vôtt·e a tout à
gagner avec un gouvernement qui sait si bien comprendre, à l'extérieur, le respect des droits de tous, à l'intérieur, les vrais intérêts du pays, et qui, pour protéger les uns ou satisfaire les autres,
possède la liberté d'action sans laquelle les grandes entreprises
restent à l'état de rêves impuissants.
Parlons maintenant de l'enseignement nouveau des sciences
appliquées. Il ne s'agit de rien moins que de créer nous-mêmes à
Nancy, avec les seules ressources de notre organisation provisoire,
une troisième
une }'acuité de l'industrie. Ici je dois
donner quelques explications, car je tiens avant tout à bien faire
comprendre le but
la nature de l'œuvre à laquelle les deux
Facultés se vouent de concert.
L'Université a pu mériter son nom à une époque où les carriél·es libérales comptaient seules pour quelque chose, lorsque les
savants professaient un noble dédain pour ce qui est simplement
utile, lorsque la pratique des arts encore peu avancée repoussait à
son tour la théorie, et méconnaissait les set·vices qu'elle en tire
aujourd'hui. L'Université s'était modelée sur la société; elle enseignait les classes supérieures. Qu'eùt-ellc appris aux classes industrieuses? Peu à peu les choses ont changé: les sciences se sont
l'approchées de la pratique, tantùt pout· la guider, tantùt pour en
recevoir
el de celte union de plus en plus intime il
est résulté, d'une part, une industrie colossale qui soutient sur ses
larges assises les nations modernes; d'autre part, tin immense corps
de doctrines, intermédiaire obligé entre la théorie el la pratique,
ce que l'on nomme aujourd'hui la science de l'ingénieur.
�12
L'Université qui doit embrasser toutes les sciences, pourraitelle donc négliger celle-la?
Il y a plus, la société elle-même s'est transformée sous cette
double influence dont je ne recherche ici ni l'origine, ni la raison
providentielle. Les directeurs de travaux, les agents de l'exploitation industrielle, depuis l'ouvrier instruit jusqu'â l'ingénieur,
jusqu'aux chefs de nos grandes compagnies, constituent désormais
une classe puissante, et, pourquoi ne pas le dire, la plus puissante
de toutes. A elle appartient l'avenir, car rien ne limite son essor.
C'est par elle que la France est enfin devenue ce qu'elle est aujourd'hui, une démocratie laborieuse, ou plutôt, grâces en soient
rendues au Prince qui a su comprendre son époque, une démocratie hiérarchisée.
L'Université qui doit appeler dans son sein toutes les classes,
pounait-elle donc négliger celle-lâ? L'Université offre aux professions libérales des colléges par centaines, et des Facultés; elle
a des milliers d'écoles primaires pour les enfants des villes el des
campagnes; ne doit-elle rien â ces mille carrières de l'industrie
qui, pour n'être pas libérales dans l'ancien sens de ce mot, n'en
exigent pas moins l'emploi continuel de l'intelligence la plus développée?
La réponse ne saurait être douteuse; les faits parlent trop
haut de nos jours. C'est parce que cet enseignement est né en
}'rance, où depuis soixante ans les écoles des ponts et chaussées,
des mines, des constructions navales, du génie militaire, de l'artillerie, l'école polytechnique enfin le distribuent chaque année â une
j cunesse d'élite qui le répand â son tour; c'est parce que nos armées
industrielles et gueniéres sont savantes que la France est
aujourd'hui la plus forte des nations. Partout on trouve des braves,
partout on compte des généraux expérimentés et dévoués, mais
où trouverait-on, bors de France, cette masse irrésistible d'hommes
instruits dont le développement intellectuel assure la vigueur morale, maîtresse de ce monde.
bien, IUessicurs, l'enseignement des sciences appliquées a
pour but de généraliser ces bienfaits jusqu'ici concentrés dans les
hautes écoles. Nos nouveaux cours seront publics; le lUinistrc
• nous a donné l'ordre d'en ouvrir les portes à lout venant. Nous
�'1:5
avec lui qu'ils conti'Îbueront à développer la pr.osp{!rité
de celle province où tous les éléments se trouvent rassemblés,
richesses agricoles, métallurgiques, manufacturières, capitaux et
hommes supérieurs et bras intelligents. En plaçant ici cet
enseignement nouveau, le
en marque assez le caractère.
Nancy n'est point une ville industrielle; s'il s'agissait d'une école
d'arts et métiers, peut-être faudrait-il aller ailleurs. Mais nous
n'avons point la prétention de former et de lancer dans le monde,
armés de toutes pièces, des constructeurs, des mécaniciens, des
appareilleurs,
chefs d'atelier; ce que nous nous proposons,
c'est d'offrir à la jeunesse labofieuse cc fonds commun que la
science moderne met au service de l'industrie, ces théories imml\diatement applicables aux travaux de lous les jours, ces exercice..;
pratiques qui, sans être déjà l'art ou le métier, offrent cependant
quiconque ressent l'ambition d'être,
une initiation nécessaire
dans sa spécialité, à la hauteur de son époque et de ses rivaux.
Le champ que je viens de circonscrire est encore si vaste, que
Je personnel actuel des Facultés ne suffirait pas pour en explorer
toutes les régions, quand hien même nous aurions dés aujourd'hui ·
les collaborateurs que le
nous adjoindra sans doute l'année prochaine. Afin de combler des lacunes, j'ai dû faire appel
au zéle et au dé-vouement des habitants de Nancy. Je suis heureux
de pouvoir dire qu,e cel appel a été entendu. Avec un désintéressement au-dessus de toul éloge,
1\lorey, L. Parisot,
ont bien voulu se charger de repr!
senter parmi nous l'architecture,
l'hygiène ella science du _dessin. Je les remercie publiquement au
nom de S. Exc. 1\1. le !Uinist1·e de l'Instruction publique, qui m'a
chargé de leur exprimer sa vive gratitude.
Actuellement,
vous pouvez vous faire une idée
nette de nos projets : fonder une Université complète où toutes
les c.onnaissanccs humaines seront vulgarisées, où toutes les classes
de la soc.iélé trouveront l'aliment qui leur convient; appeler à nous
la jeunesse d'une grande province; établir des relations intellectuelles avec nos voisins, qui savent notre langue, qui ont adopté
nos lois, qui se souviennent peul-Nre d'avoir été l<'rançais; peupler Nancy d'étudiants et de familles nouvelles; animer ses rues
ct ses places royales; emichir, si nous le pouvons, crlle noble
�H
ville digne de tant d'intérêt, el propager jusqu'aux confins de la
Lorraine c Je mouvement intellectuel dont nos grandes provinces
:1> universitaires ont été si longtemps privées.
Seraient-ce là de pures rêveries?' Non, le présent est pour vous
le gage de l'avenir. L'an dernier, vous aviez trois Facultés, en
comptant sous ce titre votre École de médecine dont Nancy est
justement fière et que Paris sait si bien apprécier. Un an à peine
se passe, ct voi.ci déjà qu'une quatrième Faculté se fonde avec le
concours de lous. Dans un an peut-être, je ne sais, mais je l'espère, une cinquième École viendra couronnel l'edifice. Ainsi
l'institution nouvelle montre qu'elle renferme un germe de vie,
car elle se développe déjà. Elle vivra donc, elle grandira comme
tant d'autres créations d'un règne où la France a enfin trouvé la
solution de ses crises, la revanche de ses désastres, la conscience
de sa force et la garantie de son avenir.
�
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1855 - Séance solennelle de rentrée des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1855
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-verbal de la séance, p. 5-6</li>
<li>Discours prononcé par M. Le recteur de l’Académie de Nancy, p. 7-14</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 15-25</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 27-42</li>
<li>Rapport de M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 43-53</li>
<li>Proclamation des récompenses ministérielles, des prix ministériels, des mentions honorables et des résultats des concours, p. 54-56</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
Discours prononcé par M. Le Recteur de l'Académie de Nancy
Subject
The topic of the resource
Discours du Recteur
Creator
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FAYE, Hervé
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
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Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
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-
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06c3e84bc36116c585a577522f590064
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Text
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�UNIVERSITÉ BfPÉRIALE.
ACADÉl\IIE nE NANCY.
SOLENNELLE DE
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
>:T IlE
L'ÉCOLE DE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY
!\ANCY,
GRDIBl.OT ET Vc RAYBOIS, nti'RUIF.URS-Lllll\AIHiiS DR
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, ·12a.
tstm.
DR :'i.\:';CY,
��RAPPORT
l\1.
DOYEN DE LA
l\loNsiEliR
DES SCIENCES.
LE RECTErn,
l\IEssmuns,
La l'acuité des sciences venait à peine d'être constituée, ses
laboratoires étaient en construction, ses collections n'existaient
encore qu'en germe, qu'elle a ouvert ses cours immédiatement
après sa séance d'installation. Il y avait peut-être quelque témérité à inaugurer notre enseignement, sans être entourés de tous
nos moyens d'action, de ces objets d'études qui parlent aux yeux
et qui fécondent la leçon du maitre, en lui permettant à chaque
pas d'appuyer la théorie par l'observation directe des phénomènes.
l\lais nous n'avions pas trop préjugé de l'indulgence du public
Nancéien; nous connaissions son impatience de voir rouvrir,
après tant d'années de suspension, ces cours publics qui firent la
réputa! ion de notre ancienne Université lorraine. Dès lors nous
ne pouvions pas hésiter â suivre l'impulsion qui nous était communiquée et â donne1· satisfaction aux désirs si légitimes de la
population.
Ce qui nous manquait â notre début, en objets matériels
seignement, nous l'avons dû, en partie du moins, à l'initiative de
notre Ecole de médecine ct du Lycée impérial de Nancy, qui onl
mis spontanément à notre disposition leurs collections scicn-
�îG
tiliques, cl. nous ont ainsi procuré les moyens de donner quelqnt>
intérèt à nos premieres leçons, quelque vie à notre enseignement.
Je suis heureux de pouvoir exprimer ici nos 'sentiments de
gratitude envers les habiles administrateurs de ces deux établissements, qui ont si bien compris que toutes les écoles sont sœurs,
qu'elles s'appuient les unes sur les autres et sc complètent mutuellement, enfin, qu'elles doivent rester unies par des liens étroits
de confraternité.
C'est, grâce à ces ohjets, qui nous ont été confiés avec tant
bienveillance, qu'il nous a été possible d'ouvrir sans délai trois de
nos cours. Si nous débutions dans des conditions, sous certains
rapports moins favorables que celles dont jouissent les Facultés
complétement organisées, les encouragements ne nous ont pas fait
défaut. Vous savez tous, avec quelle assiduité les cours ont été
suivis, non-seulement au début, mais pendant l'année entière.
l\1. le professeur de mathématiques pures et appliquées a consacré enliérement le semestre d'hiver, et de plus une leçon par
semaine du semestre d'été, à l'étude de l'astronomie physique.
1\lais, afin de ne pas négliger les candidats à la licence ès sciences
mathématiques, il a dû, dans le second semestre, traiter une fois
par semaine, les principales questions d'astronomie mathématique
du programme de la licence, telles que la transformation des
coordonnées sphériques, la théorie des réfractions, celle de la
parallaxe et celle de l'aberration. Ce cours a été terminé par l'étude de la figure mathématique du globe terrestre.
Quant à l'astronomie physique, ses principales applications à la
mesure du lemps et à la chronologie, à la géographie et à la navigation, ont été traitées avec détails; enfin, les points principaux
de théorie de ta ·June ont été également exposés. !Ualheureusement, ce cours si important n'a pu être complété, le temps néces·
saire a manqué, et le professeur n'a pu s'occuper ni de la théorie
des planètes. et des comètes, ni des merveilles de. !'-astronomie
sidérale. Sans aucun doute, le complément de ce cours réunirait
encore, dans une ville comme Nancy, cet auditoire d'élite, qui a
donné à 1\1. le professeur d'astronomie tant de marques de sympathie. 1\lais les candidats aux grades universitaires réclament de
�17 pendant la prochaine année scolaire, deux cours de mathématiques pures et appliquées, qui doivent les conduire au but
qu'ils se proposent d'atteindre.
lU. le professeur de pbysi<pJe a d'abord exposé les lois de la
pesanteur ct de l'hydrostatique, ainsi que leurs applications prin. cipalcs. l\I. Séguin se proposait d'entreprendre l'étude du
rique, lorsque cc jeune et savant professeur, que des liefls de
famille attiraient si légitimement ailleurs, nous a été enlevé. Le
cours, toutefois, n'a (l'iS été interrompu:
le professeur
JlU({UC} les sciences physiques sont' aussi familières que Jes scienCCS chimiques; en a été chargé, jusqu'à l'arrivée de
Chaulard.
l.'étude des dilatations el des changements d'état des corps a été
l'objet des premières leçons de notre nou,·eau professeur. Un su. Jet plus yastc, sinon plus important, a fourni une ample matière
au cours du semestre d'étô, je veux parler de l'électricité, qui,
de toutes les parties de la physique, est la plus susceptible de recevoir des développcml!nls vMiés ct étendus, tant par les théories
ingimieuses qui s'y l'apportent, que par les entreprises industrielles, qui récemment y ont puisé des ressources jusqu'alors in con.
nues. Suivant l'ordre chronologique des découvertes, 1\1. le professeur Chautard a d'abord exposé les phénomènes de l'êlectricit(i
S'ta tique; il s'est o.ccupé ensuite de l'analyse des expériences de
et de Volta, et
la description de l'admimble instru·
ment qui a préludé aux grandes conquêtes de l'électricité moderne. L'exposition des lois qui régissent les courants électriques,
la production des courants sons l'influence de la chaleur ct dl:'s
actions chimiques ont été le sujet de leçons pleines d'intérêt, dans
lesquelles toul en montrant le rang de la science dans l'échelle
des connaissances humaines, lU. le professeur de physique en a
fait ressortir l'utilité pratique, en pénétrant avec cllç dans le détail des ateliers, où le
de l'homme prend chaque jo!lr un
nouvel essor.
li. le professeur d'histoire naturelle a inauguré son
ment par l'étude d'une des questions les plus importantes que
puisse se proposer le naturaliste, soit qu'on la considère exclusivement dans ses rapports matériels avec les êtres vivan·ts, soit
qu'on l'envisage à un point de vue plus élevé, dans ses relations
2
�·18 avec les doclt·inrs philosophiqlles et religieuses : nous voulons
parler de la question si controversée de nos jours de la permanence des espècf's, et de la production des races. Après avoir
etabli que les espèces sauvages n'éprouvent aucun
ment important sous l'influence des climats les plus divers, ni par l'action .
des autres agents extérieurs, il en a conclu que les espèces sauvage1 sont fixes ct sont restées telles depuis l'origine des èlres.
Les races, soit animales, soit végétales, sont le résultat de l'acti(')n de l'homme. C'est en plaçant les animaux et les plantes dans
des conditions d'Pxistence hien rliflërentes de celles que leur offre
l'élal de nature, qu'il leur a donné naissanctl. Il peut même les
modifier à son gré, en les soumettant à des conditions nouvelles
et à des croisements rationnels. Celte étude l'a conduit naturellement à parler des races humaines, ct s'appuyant sur· tous les
faits observés chrz les animaux ct chez les plantes, il a conclu
des principes qu'il venait d'èlablir l'unité. de l'espèce humaine.
Passant ensuite à l'étude des différents 'ordt·cs de lUammifères,
il a étudié leur organisation, les modifications qu'elle éprouve
dans la shic qu'embrasse cette grande classe du règne animal,
modifications toujours en rapport avec les fonctions, les mœurs,
les ttabitudes de ces êtres. Il a insisté sur tous les faits qui· sont de
nature à jeter quelque lumière sm· certaines pat·ties de l'anatomiê
et de la physiologie humaines. Il a fixé enfin l'attention de son
auditoire sm· les animaux utiles à l'homme, soit comme auxiliaires,
soit par les produits utiles qu'ils fournissent à l'économie domestique, à la médecine, à l'industrie et aux arts, et sm· celles· dont il
pourrait faire utilement la conquête en les soumetlant à la donlesticité.
Pendant le senH'slre d'été, il a exposé les principes d'organographie et de physiologie végétales, et, tout en faisant connailre
des plantes, le .mècanisme de leurs fonetions, il
s'est surtout attaché à établir par un grand nombre de faits ces lois
admirables qui régissent les végétaux et qui font de la botanique
une véritable science au même titre que toutes les autres.
Des berborisatinns ont eu lieu, une fois par semaine pendant
l't!té,
le temps l'a fH'rmis. Ces promenades scientifiques
ont fourni ainsi :til professeur l'occasion de joindre à ses cours
théoriques, l'l'nseigncmcnt pratiqoo de la botanique.
�Le -cours de chimie csl le seul dont l'ouvcrlure ait dû être 1·etardée. Malgré toul l'empressement qu'a monlré
municipale pour l'installation provisoire de la }'acuité, ùans un h;cal
qui n'était en aucune façon approprié à sa destination nouvelle,' il
n'a pas été possible d'être prêt sur tous les points; on ne crée pas
instantanément un laboratoire de chimie, avec les innombrables
détails qu'il émbrasse. Privé de l'avantage d'inaugurer son enseignement en même lemps que ses collègues, lU. le professeur
Nicklès, mu par le désir de se rendre ulile·et de donner ca ni cre à
son incessante activité, a employé le semestre d'hiver à des conférences sur la chimie, faites. dans le laboratoire de
de médecine, en faveur des élèves de cet élnblissemenl..
Le cours de chimie de la Faculté a commencé avec le semestre
d'été. Après avoir fait connaître les forces qui président aux phé• nomènes chimiques, el exposé Ies principes de la nomenclature,
JU. le professeur a fait l'histoire complète des métalloïdes et de
leurs principales combinaisons. Il a cherché pa1· de udmbreuses
expériences·, parmi lesquelles nous signalerons la solidification de
raci.de carbonique, qui, pour la pt'emiére fois, était obtenue à
:Nancy, à vérifier el à rendre évidentes à tous les yeux les principales propriétés des corps, objets de ses leçons.
i\leltre la
à ooté
la théorie, montrer que le moindre
fait scientifique
avoir son utilité, telle est l'idée que
le
pl'ofesseur de chimie
efl'orcé deréaliser. Le concours obli:
geant de quelques chefs d'établissements industriels de Nancy lui
a été fort util(.', et les visites qui ont été faites à l'usine à gaz et a
la raffinerie de salpêtre, ont donné aux .étudiants un premier
aperçu des opér:i'!lons chimiques exécutées en grand dans un but
économique.
lU. Nicklès a Œnsacré. ses demiéres le(}ons à l'étude do quelques
•
questions posées par le programme de la licence, et qui ne sont pas
développées dans les traités de chimie. Après avoir exposé les principes généraux de la
il a examiné les rapports qui
existent entre la forrnc ct la eumpvsition, et s'est attaché à prècism·les conditions dans lesquelles 1:1 forme ebange lorsque la com.
position vien"t elle-mèmc à se modifier, en opposition avec les circonstances clans leSIJUelles la forme resle
bien que la
�20
composition ail cessé d'èlrc idcnli!JIIe· Il a traité ensuite des
tlifications moléculaires que la matière peùt éprouver, el qui, sous
!es noms de dimorphisme, d'isomérie, de polymérie, d'allotropie,
etc., constituent autant d'etals ·particuliers, autant de corps nou''caux, qu'avec une somme déterminée d'éléments, la nature ct
souvent la science savent produire, sans rien changer dans·Ja proportion de ces éléments ou dans leur nombre, mais en modifiant
leur mdùc de
par conséquent lem· forme.
Tellcs.sonl lrs matières qui ont été l'objet des le11ons, t>cndant
l'année scolaire qui vient de
1\HI. les professeurs n'ont
pas perdu de vue le but mulli{Jle que. se propose l'enseignement
des Jfacullés des sciences. Leur mission n'est pas seulement de
propager d'une manière générale dans le pays le goût des hautes
études scientifiques, de fCcondet· et de développer aulom· d'elles
ces germes de
qui prennent ll<'lissance dans les établissemcl)ls d'instruction secondaire et qui ne sont que le premier
degré d'études plus sérieuses
plus profondes.· Ellt>s doivent
ùonner un autre enseignement, indispensable aux jeunes gens,
qui sc destinent à la earriéi·e de l'instruction publique, puisqu'il
doit leur ouvrir l'abord des trois ordres de licence ès sciences. Les
· élèves des écoles de médecine réorganisées, comme l'a été celle de
Nancy, conformément au déeret du 22 août 1854,
aussi
d'cHes les
qui leut· étaient données autrefois dans
deux cours spéciaux ùe thimie el d'histoire naturelle, aujourd'hui
supprimùs dans ces écoles. l'HM. les professeurs ont dît dès·lors
diriger leur t•nseigncmenl, de manière it être utile à la fois à ces
trois
d'auditeurs.
!\tais là ne se borne pas le rôle que doit
à l'avcnit· la
des sciences de Nancy. Elle est appelée encore à étendre
son action, en inaugurant, dans quelques. jours, un cnseilfrwment
nouveau, eclui des sciences appliquées, qui est destiné à combler
une lacune lrès-imporlanlc dans noire systéme d'iustruc!ion publique.
secondaires de nos lycées el de nos coll(!ges ont en
jusqu'ici principalement pour objet une instruction générale bien
propre à développer l'intelligeuce, 11 l'ormet· le cœur des jeunes
gens, à produire en eux des l1abitudcs de travail, à les initier enfin
.
'
'*
�21
;i toutes les eonnaissanr.es
et scientifiques qui forment la
hase d'une bonne éducation. (:es éludes sont de plus la prépamtion
indispensable aux carrières libérales, dont chacune nécessite un
enst>ignement nouveau. Elles ne sont pas rion plus inutiles pour
les carrières industrielles, qu'embrassrnt de uos jours un si grand
nombre de jeunes gens. Mais cciiPs-ei, pour Nre parcourues avec
succè•, exigt'nl aussi des études plus eomplèlcs el surtout plus
spiciales. Aujourd'hui que l'industrie a pris parmi nous des développements inouïs, qu'une noble el puissante émulation entraîne
dans celle voie les peuples civilisés cl enfante toutes les merveilles
· qu'{•talc en ce mnrnenl
universelle, celui-là seul peul
entrl'r avt•c
dans celle nnuvelle art\ne, ouverte à l'intelligt'nce t!P l'homme cl y luller avec avantage, qui appelle à son aide
des
scienliliques sérieuses, el qui se laisse guide1· par elles.
Ct> !le v ritt\ a élé si bien sentie, chez quelques- uns des peuples
qui nous avoisinent, que, depuis longtemps ils possèdeul des écoles
qui donnent lt>s
sciPntifiqucs pratiques ;\ un gram!
nombre de jeunes gens. Si la France n'est pas
jusqu'ici
franchement dans la mt;me voie; si cel cnst>igrH'rlH'Hln'y a jamais
organist\ d'tme manière assez large, si ce n'est dans deux t!lablissemcnls privi(,>giés, l'utilité de ces ()coll.'s noll\'t•lles a
néanmoins comprise. Des ten_lalivt>s ont étt'• failcs tlnns nos lycées d
sont encore suivies dans 1Juelques-u11s. J)cs éeo!Ps sup{rieures, où
l'on enseigne
des sciences aux enf;:nts qui sc tlestint•nt
au commerec et à l'induslrit>, soul annex}es ù ((JUS les colli•gt·s
fOmrnunaux du ressort académique el comptt•nl une population
d'ôlt\vt>s presql!e t!gale à celle qui vient y li1irc des études clas!'iqucs. CPs l!colcs, excellentes comme préparation à l'ensPignernenl supérieur des sciences appliquées, ne peuvent pas seull's
donner des résultats complt•ts. Le matériel scientifique n'y est pas
suffisant, pour permcltrc d'aborder avec fruit les applications pratiques; les élèves y sont
trop jeunes pom· qu'il soit
possil.Jie
leur donner les connaissanc•!s qui dépassent le niveau.
élémentaire. Ces éludes manquent en outre' d'un stimulant indispensahle, de la perspective d'un contrôle sérieux, d'un cxamPn
final à subir publiquement el d'un dipl(!me ;i conquérir.
I.e gouvernement de l'Empereur, qui comprrnd ci bien les ten-
�-
22 --
da nees elles besoins de notre époque; qui s'ingénie·, avec tan( de
sollicitude, à donner satisfaction à tous les inli.rêts, auxquels sont
attachées la gloire et la prospérité de la }'rance, n'a pas hésité a
décider l'institution, dans nos grands centres de population,
d'écoles nouvelles fortement or·gauisées, où les jeunes geus qui
renoncent aux carrieres libérales, aujourd'hui si encombrées, et
crBbrass1mt les carrières industrielles et commerciales, viendront
puiser, non loin du toit paternel, ct soustraits ainsi aux
de la capitale, des connaissances scientifiques indispensables pour
les parcourir avec succés et pour
avec honneur notre industrie nationale, dans cette lulle si pacifique et si ardente, qui est ·
engagée entre tous les peuples jal
d'y maintenir leùrsupéi'Ïorité.
De lâ l'o-rigine et la nécessité des écoles de sciences appliquées 1
créées par décret du 22 aot'tt f
et qui déjà fQnctionnent
lièrement sm· divers points de l'empire.
A Nancy cet enseignement nouveau a été confié aux professeurs
de nos deux Faculté5, aidés du concours de 1\liU.
architecte de la ville,
Parisot, professeur à l'Ecole de médecine,
ctlUélin, professeur des tmvaux graphiques au lycée impérial de
Nancy, qui ont bien voulu se dévouer à cette œuvre. J>our en faire
ressortir toute l'importance, il nous suffira d'indiquer les matières
de cet enseignement nouveau. Des
complémentail·es a ceux
déjà professés :i la .l!'aculle des sciences, comprendront la· géométrie
descriptil'f', la mécanique, les arts graphiques, J'archilecture,
l'hygiène, enfin la physique, la chimie et l'histoire naturelle, envi·
sagées principalement dans leurs applications à l'économie dornes·
tique, à l'inrlustrie et aux arts. Des cours spéciaux de littérature
française, d'histoire de France, de géographie commerciale et
dustrielle, ct les cours ordinaires de la Faculté des JeUres, permetlront aux étudiants de notre nouvelle éwlc de compléter leurs
études liUéraires.
Des conférences, des manipulatio.Ps, des excursions scientifiques,
. dirigées pa1· les professeurs eux-mêmes, secondés de préparateurs
instruits, babitucmnt.les élèves au maniement des instruments, à
la pratique des opératrtins, aux études d'observation ct â toutes
les recherches
utiles. La visite d'un certain nombre
de manufactures, sous la direction .d'un proft•sscur, leur fournira
�-
25
des notions pratiques sur les principales industr-ies du pays. Ces
exercices établil·ont entre les professeurs d les élèves de fréquentes ct avantageuses relations, qui offriront aux maîtres l'occasion,
non-seulement de fortifier leur enseignt!ment par des explications
nouvelles, par des interrogations répétées, mais encore lem· pcrmellront de stimuler le zèle des uns ct d'encourager le travail des
autres.
Après dtmx années, les études failt'S près de la Faculté,
vrout, :i la suite d'un examen public, une sanction solennelle, si
l'insti·uction dés éltives
jugée suffisante. ,Ils recevront alors le
certificat de capacité pour les sciences appliquées, recommandation
puissante près des grandes compagnies induslrielllls et des propriétaires de nos manufactures, qui trouveront dans celle piéee
officielle des garanties d'intelligence, d'habitude de travail et la
preuve de connaissances acquises. Ce certificat de capacité, comme
l'exprime avec tant de raison, dans un document récent, Je savant
membre de l'Institut, auquel est confiée l'administration de notre
Académie, deviendra pour eux, dans l'ordre des professionsindustrielles, l'équivalent du baccalaméal en matière de professions
libérales.
1\Iais les Facultés ne sont pas seulement appelées à répandre
autour· d'elles les bienfaits do l'enseignement supérieur; on est
droit d'attendre plus encore du zélc do lems membres. Le professorat, qu'ils ont conquis par des travaux sérieux, no doit pas
en marquer le terme. Pourvus au sein d'une t'acuité des èlémcnis
d'études nécessaires et des appareils indispensables aux recherches d'observation, leur entrée dans la carrière de l'enseignement
supérieur ouvre à leur activité un champ plus vaste qu'il s'agit
d'exploiter au profit de la science • .!\lais il n'a pas été
possible aux professeurs de notre Faculté de trouver, a.u milieu
des embarras d'une organisation' nouvollè, Je calme et le temps
indispensables pour de nombt·eux travaux. Toutefois, l'année qui
vient de s'écouler n'a pas été entièrement stérile snus ce rapport.
l\1. le professeur Nicklés, qui continue, dans le Journal de
pharmacie et de chimie, la revue des tra\aux chimi(tues puuliés
à l'étranger, et dans le R.ecucil scientifirpw l<> plus important ùes
�-
24
•
Etats-Unis d'Amérique, la revue du mouverilent scientifique fran·
çais, a produit en outre quelques travaux originaux. Tels sont :
i 0 un mémoire sur l'isomorphisme des combinaisons homologues,
dans lequel il complète ses anciennes observations sur Je même
sujet; 2° de nouvelles recherches sur l'aimantation, travail où il
résout par la voie de l'expérience un point théorique dt·puis longtemps en litige; 5° enfin, il a publié, dans le Bulletin de la société
d'encouragement de Pads, une nole sur les perfectionnements
nouveaux dont sont susceptibles les élect!o-aimants circulaires et
trifurqués, appareils de son invention, qui ont pris, un rang distingué dans l'arsenal scientifique, el qui sont vraisemblablement
destinés à entrer bientôt dans le domaine des
pratiques.
lU. le professeur d'histoire naturelle a mis au jour le cinquième
volume de la nouvelle Flore de France, qu'il publie avec la collaboration de l\1. le professeur Grenier, de la :Faculté des sciences
de Besançon. Ccl ouvrage, fruit de dix années de travaux, sera
prochainement complété par un sixième volume.
Les Facultés des sciences ont encore une autre mission trèsimportante à remplir·, la collation des grades de bacheli<'r, de licencié cl de docteur ès sciences. IJes deux derniers n'ont pas été
conférés cette annee par la
des sciences de Nancy. Il ne
me reste dès lors qu'à vous exposer les résultats des examens pour
le baccalauréat ès sciences el à exprimer· les impressions qu'ont
fait naître en nous ces épreuves universitaires, relativement au
degré d'instruction dont les candidats ont fait preuve, ('t aux
tllodes de préparation qu'ils emploient.
Trois sessions d'examens ont en lieu depuis la fondation de la
:Fâcullé. Elles ont présenté le nombre assez considérable de 215
candidats. Parmi eux, H8 ont été ajournés, el 9ï ont été définitivement admis : 84 âvec la mention
bien; 10 avec la
mention bien el 5 seulement ont été jugés dignes du grade avec
la nole très-bien. Il est facile de juger par cet exposé statistique,
que, si l'on excepte un petit nombre d'élcves qui ont fait preuve
de connaissances solides et étendues, le plus grand nombre de
ceux qui ont obtenu Je diplôme, n'ont atteint que bien juste la
limite d'instruction nécessaire pour ne pas échouer. II résulte
�ègalemenl des épreuves subies, cl surtout des ,··prcu,·es
les plus probantes de toutes, qu'un certain nombre de candidats
se IJrésentenl à l'examen, sans avoir terminé leurs études classi1111es. L'impatience des jeunes gens, à
tm peu plus tôl
à la discipline du collége, explique cette tendance fâcheuse, qui
porte une partie d'entre eux â abandonner le cours de leurs études,
précisément alors qu'elles deviendraient pour eux le plus fructueuses, el cela dans l'espoir, presque toujours déçu, d'atteindre
Je but désiré au moyen d'une préparation purement artificielle, ù
laquelle sc prête hien peu aujourd'hui la nature des épreuves.
La Faculté ëroit être restée dans de justes limites relativement
à ses appréciations; elle n'a montré ni une sévérité décourageanlt',
ni une indulgence regrettable-; mais eloie croit rendre un véritable
service aux candidats, qui abordent l'examen sans préparation
suffisante, en ajournant pour eux la déli\Tance d'un diplôme qui
doit être la récompense d'une instruction péniblement acquise.
Jaloux de réparer un premier échec, la plupart de ces
malheureux pa1· trop de précipitation, comprennent enfin qu'un
travail assidu peul seul les conduire au résultat
ambitionnent; de nouveaux efforts non-seulement leur permellcnt d'y
arriver, mais ce
de connaissancl's, qui
n'eussent jamais meublé leur intelligence, qui les aideront à parcourir avec distinction la carriëre qu'ils doivent embrasser, c'est
aux justes el paternelles exigences de la l•'acultë qu'ils en seront
redev:;hiPs.
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Title
A name given to the resource
1855 - Séance solennelle de rentrée des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1855
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-verbal de la séance, p. 5-6</li>
<li>Discours prononcé par M. Le recteur de l’Académie de Nancy, p. 7-14</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 15-25</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 27-42</li>
<li>Rapport de M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 43-53</li>
<li>Proclamation des récompenses ministérielles, des prix ministériels, des mentions honorables et des résultats des concours, p. 54-56</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des sciences
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
GODRON, Dominique-Alexandre
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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-
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f73f5e040783e4c943cf2b41cbc3ddd1
PDF Text
Text
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�UNIVERSITÉ BfPÉRIALE.
ACADÉl\IIE nE NANCY.
SOLENNELLE DE
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
>:T IlE
L'ÉCOLE DE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY
!\ANCY,
GRDIBl.OT ET Vc RAYBOIS, nti'RUIF.URS-Lllll\AIHiiS DR
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, ·12a.
tstm.
DR :'i.\:';CY,
��llAPPORT
DE
M. CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTE DES LETTHES.
.i\loNSIEUR LE llECTEUII,
JU ESSJ RL'IIS 1
Voilà un an que nous nous présentions pour la première fois
devant vous, pour inaugurer, ou plutôt renouveler en celle ville
un enseignement, que jadis elle avait possédé, et qu'elle réclamait
comme
héritage. Nous arrivions ici heureux et confiants. La
persévérance, avec laquelle la noble cité avait revendiqué sa
Faculté, nous témoignait assez qu'elle était une de ces villes, rares
aujourd'hui, où la religion des arts comptait encore de nombreux
fidel cs. La vive sympathie, qui éclata il au toUl' de nous, encourageait
encore toutes nos espérances. Je savais, du reste, quel concours
je pouvais attendre de ces jeunes maUres, que la •Grèce avait déjà
réunis jadis avec moi dans une communauté d'études et d'amitié,
et que le lUinistre daignait réunir ici de nouveau dans une œuvre
commune, pour faire de ceUe Faculté, entre toutes, comme une colonie Athénienne. Dans de telles conditions, la tâche devenait bien
facile, et le succès de notre institution naissante semblait assuré.
L'événement, 1\lessieurs, n'a pas trompé notre attente; ct c'est
une douce tâche pour moi, de venir vous rendre compte du résultat de notre première année. Je commence par en remercier,
aYec nos autorités municipales, le chef de celle académie, dans
�28
lequel nous avons trouvé un appui si cordial, el un zèle si vif polir
lout ce qui pouvait contribuer au succès de notre cnsèignement.
Grâces aussi soient rendues à l'élite de notre population, si cmpressée à suivre nos cours. l\lagistrals éminrnls, ou maîtres de
noire barreau, jaloux de lt'•moigner 'flinsi aux le lires qui les ont
formés leur pieuse gratitude, et d'instruire pa1· cet·exemplc lt>s
jeunes gens qui les doivent suivre dans la cat'l'ière; membres du
clergé, pmfesseurs, médecins ; ou encore, hommes de loisir, heureux de retremper cl d'entretenir ici les souvenirs de lem slutlieuse jeunesse, nous avons vu se presser autour de nos chaires
tout ce que celle ville compte de personnes distinguées. Les jeunes
gens aussi y sont venus, mais pas encore en assez grand nombre,
ni avec assez d'assitluilé. C'est :1 eux erpendanl que ees cours
sont surtout
tUais il semble que les uns ne soient pas
assez avancés dans l'élude des lellres, pour en sen! ir le prix; ct
11ue d'autres, apnl pris l'habilude de n'étudier qu'en n1e d'un
diplôme, jugent inulile toul ce qui ne conduit pas directement :\
un examen. Cependant il en resle du moins plusieurs parmi eux,
qui croient encore à la vertu des lettres, et ne consentent point a
mesurer la valeur des choses, selon le profit seulement, ou les
jouissances qu'ils en retireront.
lUuis surtout, nous nous félicitons d'avoir admis les femmes à nos
cours.
en effel, qu'on leur donne aujonrd'hui, les
prépam souvent, tout aussi hien que les hommes, à cel enseignement supérieur; et leur naiure les rend plus propres au culle désintéressé el aux pures jouissances des m·ls. Aujourd'hui mêmr,
que la destinée de l'homme le met de plus en plus aux prises avec
la vic positive .eJ. les intérêts matériels, ne semble-t-il pas que cc
soit la vocation particulière de la femme, de veiller au trésor des
intérNs mot·aux, d'entretenir dans Je monde to'utes les
traditions, les .enthousiasmes sacrés, de conserver enfin tout ce qui
fait la poésie de la vie, et de relever par intervalles le front de
l'homme courbé su1· les choses de la terre vers les choses du ciel?
Ne son l-ee pas les femmes déja, qui, le 1 plus souvent, gardent :\
notre foyer la tradition de la foi el la pratique religieuse? A ell!'s
aussi d'.r entretenir le goùl de la
et de l'art. 'fant qu'elles
se montreront ainsi jalouses de eultin•r leur espril et leur âme, ne
�2!)
. désespérons point de l'avenir, et ne craignons point d'être
par les. instincts du matérialisme. Car cc sont les femmes qui
font l'esprit des g-t)nérations; c'est sm· leur giron que les hommes
se fùrment.
France surtout, leur influence sur les mœurs publiques t\clate de la f;u;on la plus sensible aux diverses époques
de notre histoire. Au moyen
ce sont les femmes qui adoucissent la brutalité de la vic guerrière, ct la font tournet· en générosité chevaleresque; ce sont elles plus lard, qui, du milieu <les
mœurs violentes el conompues du xv1• siècle, font sortir la socia,;
ct polie du xvn•. Aujourd'hui encore notre siècle semble
rcrnellre en leurs mains le dépôt sacré de ses croyances murales cl
de ses sentiments les plus généreux. Aussi sommes-nous heureux
de les voir, avec cc noble instin_ct de leur rôle, sc presser à nos
leçons, et de leur en témoigner bautemcnf notre reconnaissance.
Sans abaisset· pour cela notre enseignement, nous avons cherché
:\ l'accommoder cependant à ccl auditoire formé d'éléments si divers; et tandis que nous réservions pour un pc til nombre d'adeptes
les questions
les recherches de la science, les étudl'S d
les discussions des textes, dont nous faisions l'objet de nos conlërences particulières, nous écartions de nos grandes leçons, professi)CS devant un public plus
l'appareil hérissé de
!;érudition, pour nous attacher de préférence aux considérations
morales qui ressortaient de nos études. Nous cherchions sm·tout ù
faire comprendre el aimer tout cu qu'ont pensé, senti ou fait avant
nous les grandes àme;, fJUi onllaissé un long ·souvenit· parmi les
hommes; à nous associer par une ardente sympathie à leurs actions
ou aux œ'ltvres de leur génie; et jamais nous ne nous laissions ravir à cet enthousiasme des belles choses, à. l'admiration d'une
grande pensée ou d'une héroïque vertu, sans rencontrer dans
lous les cœurs un genéreux écho qui nous répondait.
Quelques mots, :\Iessicnrs, sut· chacun de nos cours.
Philosophie.- lU. Lévèque, nommé pmfesscu.t· de la chaire de
philosophie, nous était enlevé, vous le savez, avant d'avoir pu
même faire entendre sa voix au milieu 'de nous. I•at·is nous eu viait
son lal!'nl; ct c'est sur cc grand thèàlre,qu'il soutient aujourd'hui
avec éclat l'honneur de notre .Faculté. Mais le :\linistn•, dans sa
�-
30
prédilection particulière pour notre ·ville, ne pouvait le remplacer
plus dignement, qu'en nous envoyant lU. Lemoinc, dont le mérite
a été si bien apprécié ici. Esprit aussi sagace que sût· el mesuré, il
a étudié cette année les rapports si mystérieux et si complexes dn
physique et du moral dans la nature de l'homme, et louché en
passant à tous ces merveilleux problèmes, que ce sujet a offerts a
l'ardente curiosité de notre temps. Son excellent ouvrage sur les
Phénomènes du sommeil, couronné par l'Académie des sciences
morales ct politiques, le préparait parfaitement à ces délicates
•
1'echerches. Tout·es ces questions qui tiennent à la fois de la psychologie et de la physiologie, et qui peuvent se résumer Ioules en
un problème unique: l'union elle commerce de l'âme ct du corps,
ont été éclairées de toute la lumière que l'esprit humain peut apporter au milieu de ces mystères. ·si, en effet, le comment de celle
union nous échappe, à jamais dérobé à notre curiosi lé par la
divine Providenc:-, le fait lui·même ct sa raison nous sont presque
toujours faciles à découvrir; parce que les desseins de Dieu sur
l'homme ne sont pas mystérieux comme ses voies, cl que nous
avions besoin, pour gouverner en harmonie les deux substances
qui composent notre nature, de connahre la destinée de chacune,
et leurs relations habituelles. Toul le monde a pu apprécier, dans
ces délicates questions, avec quelle discrète sagesse le jeune pro:..
fesseur a su démêler et déterminer nettement, au milieu des phé- ·
nomènes les plus complexes, l'influence réciproque que l'Ame et le
corps exercent l'un sur l'autre. En réfutant sans cesse le matérialisme
qui soumet l'esprit à l'action toute-puissante des organes, il a
stgnalé aussi les efl·em·s de. ce spiritualisme excessif, qui, tout au
contraire, rabaisse outre mesure le corps organisé, prétend le réduire à n'être plus qu'un instrument docile de la volonté, ou
mème n'y voit plus qu'noe prison incommode, dont l'âme doit
s'efforcer sans cesse de se dégager contre le vœu manifeste de la
nature.
Le règlement•de nos études exige que le professeur prenne la
matière de ses leçons de deuxième année dans la l\Iorale ·ou la
Théodicée. l\1. Lemoine a êhoisi, pour sujet du cours qui va s'ouvrir, le Devoir ou l'Obligation morale. Après avoir recherché
'luelles sont les conditions de toute :\loralc, démontré l'existence
�;)1
du Libre-arbilre, qui en est le fondement, ct étudié sa nature, il
examinera successivement les divers systemes de morale, qui altèrent l'idée du devoir, soit en laissant dans l'ombre les obligations
des hommes, pour exalter leurs droits, soit que confondant l'idée du
bien avec celle du bonbc!ur, ils nous proposent celui-ci comme le
but unique de nos désirs et de nos actions. Il terminera ce cours
par une étude des principaux devoirs; dans lesquels se décompose
J'obligation du bien. Nous verrons rétablies enfin dans leur jour
véritable toutes ces questions de la morale sociale et particulière,
qui ont été si obscurcies de notre temps par les folles utopies des
rêveurs. Nul ne saurait avec plus d'autorité que J\1. Lemoine, revendiquei· ici les droits du bon sens, de la vérité et de la justice,
el rendre à la destinée de l'homme son vrai sens, en lui rendant
ses imm orteil es esperances.
Histoire. - lU. Lacroix a inauguré son elljj:)ignement l'an dernier, en vous presentant un tableau géncral de l'histoire romaine,
<iepuis les obscures origines de la cité de Romulus, jusqu'au momen!, où elle devient la capitale du monde ancien, c'est-à-dire,
jusqu'à l'établissement du gouvernement imperial. Aprës avoir
sui\'i d'abord celte nation prédestinée dans les patientes conquêtes,
par lesquelles elle assujettissait à sa politique toutes les belliqueuses populations de l'Italie, il nous l'a montrée bientôt s'élançant au-delü des mers avec une aveugle mais irrésistible foi dans
·sa destinée; et aussi rapide que le vol de l'aigle, étendant sa domination des Pyrénées au Caucase, et des Balkans a l'Atlas; embrassant ainsi, en moins de deux siècles, toul ce vaste bassin de la
1\léditerranée, qui est resté depuis le centre du monde civilise. En
nulme Lemps qu'il retraçait ces guerres gigantesques, le professeur
étudiait les mœurs et
caractère du peuple Romain, les ressorts
de sa constitution politique el le developpement de sa vic sociale.
Il nous montrait surtout (spectacle instructif pour nous) les révolutions intérieures produites par l'altération des mœurs antiques,
l'abaissement des courages, l'ambition ardente des uns, chez les
a.utres, la soif effrénée des jouissances. Nous avons vu ainsi la
société romaine se désorganiser au milieu des factions; les citoyens
armés contre les citoyens, l'Ha lie contre Rome, les provinces contre
�i>2
la dté, les esc! a ves contre lous; ct après la plus ot·agcusc anat·chic,
cc peuple épuisé renoncer à sa vieille liberté, pour se reposer :\
l'abri du pouvoir impérial. Le souvenir des troubles politiqut!S;
dont nous avons été témoins, animait ces scènes de l'histoire an·
cicnne (J'un in!érèl·nouve:w. i\Iais le professeur, en en faisant res·
sortir les graves enseignements, nous montrai Lia supériorité qu'ont
les nations modemes, filles dit Christianisme, sut· la Rome pa yenne
pour résister aux décadences ; il semble en effet que les nations
modernes partidpenl des deslinée_s immortelles du
qui est 1\\me de notre civilisation. Cette année, le Professeur, nous
transportant sur un autre théàtt·c, en pleine histoire modernt>, nous
racontera les découvertes ct les établissements des Européens en
Asie depuis le xv• siècle. Jusqu'alors l'Asie était dememéPpeuples de l'Occident un monde à part, enseveli dans unB mystérieuse obscurité. Mais voilà qu'au début des lemps modernes, les
barriércs
\'OÏe!' sont ouvertes, les Européens entreprennent en Orient cc que jadis nome a fait en Occident; ct p:u:
la navigation, la gu cne, la science, le commct·ce, la religion, enta·
mrnt de toutes parts ce ,·ieux monde immobile, qui finira pat·cèdet·
à leurs efforts el subir leur ascendant : transformation infaillibh•,
que verra J'a,·enir, el donl le lemps est marqué dans les desseins
Ùè
qui a réglé les irrésistibles progrès de la civilisation. Le
I>rofesseur déveluppc1·a
phases de celte grande histoire, si mal
connue ct si intéressante; il nous montrera d'abord les
une poignée d'hommes héroïques jusqu'à
s'ouvrant la \'Oie
dt>s ludes par dela le cap des Tempêtes, ct se créant un empire
maritime .de quatre· mille lil•ucs de cMes, depuis la Guinée jusctu'à
1\larao. Puis nous verrons bientôt les Ilollandais, à forc·e d'industrie, de patience el de ténacité, dérober aux Portugais les bénéfices du commerce de l'Asie. Rien tôt cn(\n, l'émulation gagnant
nussi les autres peuples, la }'rance cl l'Angictcrre s'élanceront à
leur tour dans la voie des entreprises commerciales, ct y prendront
le premier rang, qu'elles ne tarderont pas à sc disputer les armes
à la main, sur loülcs les mers ct sm· tous les continents, dans les
grandl!s guerres du X\'111° cl du x1x• siécle. Au milieu de ces rivalilL>t;
d'intérêts et de ces luttes lointaines, le professeur reposera par
ler\'alles notre esprit sur le tableau des mœurs ct des institutions
�_,..
i)i)
rclil)>ieuses et S(}Ciales de ces vieilles contrées de l'Asie, dont nos
.
aventuriers Européens nous ont ouvt>rt l'accès : il nous fera connaltre surtout l'Inde, la Chine, le Japon, cl Ioules les grandes
nations de l'Orient, avant qu'elles ne· soient transformées par la
civilisation Occidentale. li retracera en mètne temps les travaux
apostoliques des héroïques missionnaires, envoyés à la conquête
spirituelle de ces races idolàfres, et nous
-combien la
France pE'ul aussi s'enorgueillir de ces armées de la foi, si ardentes
à aller au loin fonder les colonies du royaume de Dieu. Ce simple
sommaire vous fait entrevoir, lUessieurs, tout l'intérêt de ce cours.
Lt!S
qui se développeront sous vos y<'ux, sont encore
aujourd'hui en voie d'accomplissement; el peut-êll·e que l'histoire
du passé pourra vous faire présager plus
ici les secrets
de l'avenir.
•
LiÙératureancicnne. -Nuire jeune savant Professeur a corn·
menré son cours l'an dernier, t>n nous transportant au cœur de la
Grèce héroïqut•, qu'il connail si bien, et en nous rendant le vieil
Uomère dans toute la fraîcheur et l'édat de ses peintures. C'était
plaisir de lui voir retrouver par intervalles dans la Grèce moderne
la Grèce des anciens jours, ou
avec celle ér·udition cur:Pn,;e l'l inspirée, qui est comme un héritage de sa famille, se jeter
parfois vers l'lndt•, en interroger les li nes sacrés ou les poëmes
hérpïqucs, el comparer le Ramayana avec l'lliade. - Dans ses
études sur Pindare et sur la tragédie Grecque, même curiosité
originale et piquante; on croyait lire pour la première fois ces
de la lU use antiquP, ainsi interprétés;
ont apparu, Eschyle, dans la grandeur mystérieuse de son drame
sacerdotal ou guerrier,
ave-c sa tragédie sereine et harmonieuse, où l'homme se montre dans Ioule •Ja mélancolique
grandeur de
destinée, Euripide enfin, le poële de la passion et
des larmes. Tous les artistes contemporains ont été appelés par
Bu rn ouf à illustrer ses leçons; Phidias a commenté
el Lysippe, Euripide. Celte année, le
va passer à l'étud'L..._.
de la prose Grecque. Il s'atiache1·a d'abord aux ouvrages
riques. L'histoire épique d'HérodotP, Je tableau si dramati<f'te'âr1!l . >, ·· ·
fois el si. profondément
que 'fhucydides (ri'Qus: a
·'
\ .,
:<,.,'
3
�-
;)4
laissé de la guerre du Peloponèse, les romanesques récits de
Xénophon seront l'objet de plusieurs leçons. 11 traitera ensuite de
)'éloquence Athénienne, dont Périclès le premier fait un art rival de
)a poésie; el après avoir montré en quoi les travaux dcs rhéteurs
ont servi aux progrès de cet art oratoire, il arrivera enlîn à nous
retracer la lulle immot·lellc de Dèmoslhénes contre Philippe ct
contre Eschin-e, et à étudier les
tl'éloqt;ence que nous
en avons conservés.
s'atlachant 3:ux écrits des philosophes,
r.onsidérés,surtout comme écrivains ét comme artistes, il y cherchera
l'expression suprême du génie de la (;rècc. Platon dominera entre
tous, Platon qui a lrailt! de la métaphJsique en poële; ct a esquissé
cu artiste inspiré la théorie des arts. Ce cours ne peut manque•· de
ramenet• autour de la chaire du jeune professeur, cet auditoire
nombreux, qoi, grâce à ses spirituelles leçons, a pris tout d'abord
un si vifintérêt à la charmante jeunesse de)a Grèce.
Littà·ature française. Nous avons, en une première année,
esquissé Je tableau de notre lilléralure au moyen àgc; et nous
avons vu qu'à celle époque Mjà la :France n'était pas seulement
la première dans les entreprises guerrières, mais qu'elle marchait
à la tète du mouvement intellectuel, ct menait le chœur des nations dans les voies de la civilisation modèrne. Du xt• au x me siôclc,
l'essor généreux de l'esprit national, qui enfanta les Croisades,
enllamma en même temps l'imagination poétique : épopées, poésies lyriques, fabliaux éclatent à l'envi. Dans le même temps I'Univer;;ité de }laris devient le centre des lumières ; Abélard ct saint
Thomas s'y distinguent enll·e lous. Mais celle splendeur de la
}'rance ne tarda pas à s'obscurcir et à s'éteindre au milieu des
disputes des écoles, et sous les ruines .accumulées i!u XIV" et du
xve siècles; époque néfaste, où l'on dirait que la patrie toute entit!re va périr. Nous nous sommes arrêtés à ces temps de sombre
décadence.
cette fin d'un monde sera l'aurore d'un monde
nouveau. De ces ruines du moyen âge, le monde moderne va
sortÎI·. Nous touchons à la renaissance. C'est ici qllc nous reprendrons, celte année, l'histoire de l'esprit français. Après l'avoir vu
reparaître avec une vigueur nouvelle sous Charles YH et Louis xi,
DOUS apprécierons J'influence, qu'ont exercée SUl' SOn développe-
�... l'
i),)
-
ment, les arts el la littérature de l'Italie soudain otwerle à notre
curiosité par les armes victorieuses de CLârlcs nu cl de Louis
xu, les chefs-d'œuvre de l'antiquité remis en lumière par une
éru<lition passionnée, el surtout la réforme prolcstanlc, qui rompt •.
Je scf'an de .la langue sacrée, livre les disputes de la théologie au
vulgaire, et provoque les libres f('Cbcrches de la philosophie.
Tant de causes réunies ont remué l'esprit humain dans ses profùndcurs. La Franc-e sm·toul t'n sera longuement agifét>, cette
nation centrale, destinée â senir de lien entre Ioules les races,
et à réconcilier lant d'éléments opposés. Ce sera d'abord une
crise tumul!ucuse, où l'on dirait que la patrie va perdre les traditions de son génie*' national, de sa langue littéraire -et de sa foi.
])lais, après avoir été comme
par l'antiquité, ct troublée par les systèmes des novateurs, nous la verrons retrouver
peu à peu son
s'assimiler avec une puissante fécondité ces
éléments divers dépos:;s !'nr son sol par la tempête; ct
enHn sous Henri IV et Richelieu, et comme rentrant en posses8ion
d'elle-mènw, réunir en un harmonieux concert, avec la•lraùition
,.Ju·étienne, l'héritage retrouvé de la civilisation ani iquc, pour enfanter fe siècle merveilleux de Louis xtv.
Littérature étrangère. lU. lUézièrés a inaugur<\ celte chaire,
en nous faisant le tableau des destinées de la
Italienne depuis Dante jusqu'à la fin du x nu• siècle. Il elevait commencer par
l'Italie, puisque c'est dans celte patrie prédestinée des arts, (jiiC
le moyen :\ge a produit dans la poésie son œuvre la plus parfaile,
ct que la renaissance a jeté sa plus vive splendeur. Après Dante,
Pétrarque, Le 'fasse, l'Arioste ont été tour :i tour l'objet d'une
-élude particulière. Le professeur se plaisait à s'arnîlcr sur cetlc
incomparable de r!talie, pour esquissrr t>nsuitc en traits
plus r:tpides la décadence qui a succédé si vile à lant d'éclat. Cette année, il va quitter cc pays des arts et du soleil, pour étudier
snus les brumes du nord une autre poésie, âpre comme le climat,
<'l :nélancolique comme le ciel où elle est ;u!e. C'est au fond de
l'Angleterre même et de
que 1\i. Mézières a voulu relire
les ouvrages dont il nons doit pm·lE>r. Dt'•jà pour le gnidct· dans
ers études
il trotf'rait 11!1 maitre cxeellent dans son père,
�;)()
qui a publié sur l'histoire de la littérature anglaise un livre juste·
tilent estimé. Les pi·emiers développements de la poésie en Angleterre ne l'anêteront pas longtemps. Il a bâte d'arrivrr au grand
!'iècle d'Elisabeth ct de Jacques I, et en particulitw au théâtre de
ShakspParP 1 qu'il faut admirer davantage, ù mesure qu'on Je comprend mieux. De là, il suivra les !etires anglaises dans l1•ur tramformation étjuivoque el leur lente décadénce, au milieu de laquelle
l'œuvre de l\lillon apparaît solitaire, sans· précédents, sans influence. Car la splendeur de la littérature anglaise au temps de la
reine Anne ne sera qu'un pâle n•flet de noire lilléralure française
au x vue siècle. C'est le génie dassique qui irendra possession
l'Angleterre ; el Dryden, Pope, Thomson, Gray el Addison ne
seront que des disciples plus ou moins ingénieux de Boileau.
Nous srrons fiers de voir, lUessieurs, l'ascendant que prend alors
l'esprit de la
sur toute )'_Europe, ct le triomphe des lelln's
françaises nous consolera des revrrs de nos armrs. En revanche
au x \·me sièdr, c'est la France qui resst•nlira l'influence de l'esprit
pbilosoJfhique qui souffle de l'autre côté de la i\lanche. Car telle
est l'histoire de toutes les litlét·atures modern!'s. Originales d'abord_ dans leur essor solitaire, elles ne lardent pas, en dépit des
frontières, à subir l'action de l'esprit françai,., et à réagir sur lui
à leur tom·, pour ne plus former qu'une littérature unique, européenne, dont la France demeure le principal foyer, absorbant,
transformant les productions diverses d<'s autn•s peup!Ps selon son
génit>, el lt>s imposant ensuite au mondP, romme s'il fallait que
toute prnsée eùt ·passé par sa bouchr, pour être arceplée du genre
humain.
Quelque sommaire, llessieurs, que soit crl exposé des Cours
qui ont été professés l'an dt>rnier dans notre Facultè, el des sujets
que nous nous proposons de trailt'r celte année, cria suffit pour
vous faire connaltre l'espril qui nous anime lous. 'Nous nous at'lacbons de prMérence (ainsi que je le disais plus baul) au côlè
moral des ètudes littéraires; en nous appuyant, autant que nous
le pouvons, sur une érudition solide el scrupuleuse, nous épargnons le plus souvent d'épineuses controverses à un public français,
qui n'a pas la docle patience d{• l'Ailemagn(', pour arrêter surtout
ses regards, sur les spectarles de l'his'l"oirr, d'où Con peut 'rirrr de
�57
grands enseignements, ou sur les œuvres artistiques et littéraires,
qui élèvent l'âme cl fortifient le cœur. A nos yeux, en effet, l'endes lellres doit être une surie d'entretien avec ces
"énies pri
fl qui il a été donné entre lous, d'entrevoir et
b
•
,.
J'exprimer dans leur beauté idéale les sentiments el les pensées,
qui funl comme la plus pure
de la nalure.humaine. Dans
ce noble commerce, l'âme s'élève au dessus des mesquines pensées de la vie joumalière, elle aime à respirer l'air plus pur de.
ce monde idéal, auquel nous aspirons, el qui n'existe nulle part
la terre, bien qu'il semble que nous en gardions l'image gravée
Jans nos
comme si uous l'avions vue quelque part; elle
plail à y retrouver lPs marques de sa divine origine, à se con-
SI\
templer, à se reconnailre dans sa beauté première;
u'en redescend jamais, qu'agrandie el meilleure. Voil<i, 1\lessieurs, comme
nous entendons l'étude des lettres. Est-ce ainsi que vous comprenPz
vous-nH\mes leur mission P La vive
qui accueille nos
paroles, nous le témoigne assez hanlernrnl. - Nous sommes assurés
de
de la sorte aux inlPntions du Gouvememenl de l'Empereur, qui, en multipliant les Ji'acùllés des lellrcs,
et l'Il donnaul à leur euseignement une impulsion nouvelle, a
montré, qu'il n'était pas moins jaloux des intérêts moraux, que
d1; la prospérité matérielle dè la pat• ie. L'Empereur veut que les
lettres et les arts concourent avec la religion à élever nos âmes,
l'l à balancer cet e>prit trop exclusif ù'industi"Ïalisme, qui menace
d'absorber notre siècle. Aussi, voyez; toute cité qui semble mieux
disposée par sou caractère libéral a seconder ces vues généreuses,
peut compter sur la faveur particulière de l'Etat. Quelle ville,
à ce titre a étè traitée avec plus de prédilection que la
nùlre? el ces bienfaits, nous le savons, sont le gage de bieufails
nouveaux.
La bienveillance toute spéciale, dont la :Faculté des lellres u';t
cessé d'ètre l'objet de la part du Ministre de l'Înstruction publique,
nous a encouragés nous-mémes à beaucoup attendre, à beauco11p
demander. Un de nos rêves serait de voi1· se former, auprès de
notre Faculté, une collection d'objets d'art el d'archéologie, antiques moulés, médailles, dessins, gravures, dont nous nous st•rvirions dans nos let:ons, comme font nos collégurs de la Faculté
�38
des sciences avec leurs collections d'histoire naturelle. En maintes
circonstances, ce commentaire des yeux manque à nos explica·
lions : car tous les arts se tiennent, comme toutes les
sont
sœurs; et souvent un bas-relief moulé de l'antique serait l'interprétation la plus éloquente de Pindare et de Sophocle. - Nous
savons que la tentative est nouvelle; mais est-elle d'une exécution
si difficile? Les
de l'Etal regorgent_ de richesses non em.;.
ployées : il faut que ces trésors sortent enfin des tombeaux, où ils
sont ensevelis, pour servir à l'enseignement; il faut que ces objets,
jusqu'à présent muets, qui ont tant de choses à nous apprendre,
trouvent enfin une voix pour nous parler. C'est autour de nos
chaires que ces collections doivent être placées. Le lUinistre de
I'Instructiop publique a daigné prendre notre désit· en considération. Quand viendra l'heure de l'accomplir? nous ne savons. !\lais
nous nous reposons avec confiance sur la bonne volonté d'un lUinistre, qui nous a déjà donné tant de mat·qucs d'intérêt, et qui
lui· même, comme professeur ct écl'ivaiu, a montré avec tant d'é·
clat, combien _la litlét·ature peut s'éclairer du rapprochement des
autres arts.
Assez, 1Uessieurs, sur ce point. L'enseignement, vous le savez,
n'est qu'une partie de notre tâche. Nous sommes chargés en outre
de maintenir le niveau des études classiques par des examens, qui
en sont le couronnement.
Aucun candidat ne s'est présenté encore devant nous aux épreuves ùu Doctorat : mais nous savons que plusieurs préparent des
tilèscs sur d'importants sujets.
l . a Faculté a tenu une session pour la Licence èsJettres, à la fin
tle juillet. Onze candidats s'y sont présentés, appartenant pour la
plupart aux lycées et collèges de cette ·Académie. 'frois d'entre
eu;;. ont étô admis. Nous aurions pu souhaiter chez eux des conJlaissanccs littéraires ,Plus étendues, plus d'art dans la composition,
plus d'aisance à écrire en latin. l\Iais l'ensemble de leurs épreuves
à montré, avec une préparation consciencieuse, une vocation vraie
au professorat; et la J.t'aculté a été heureuse de les recommander,
avec une entière confiance, à toul l'intérêt du chef do celle Académie. Elle souhaite que Jeur succés encourage à se présenter,
en plus gt·and nombre encore, à cet examen, les maîtres répéti.:.
�39
teurs de nos lycéPs. Le l\Iinislre, qui s'occupe, avec la plus vive
sollicitude, d'élever et d'honorer leur position, et de leur ouvrii·
les voies à un avancement assuré, leur a, dans ce but, imposé
Jlobligation d'obtenir ce grade de licencié dans un temps déterminé;
et déjà aup_aravant, pour leut• en faciliter l'accès, il avait organise
dans les lycées, des conférences préparatoires. Voilà que récemment encore il a invité les professeurs des Facul!és à se charger
de cet enseignement spécial. Nous souhaitons, quant à nous, que
les jeunes maîtres, que cette mesure inléresse le plus, l'accueillent
avec la même ardeur flue nous, ct en sachent profiter. Ils nous
trouveront tous également disposés à les seconder de tout nolro
cœur dans les labeurs de la p.réparation, comme au jour de l'épreuve. illais nous ne pouvons rien sans eux, et il faut que
leur bonne volonté vienne en aide à la nôtre.
J'arrive enfin au Baccalauréat ès-le lires. Cent un candidats. sc
sont présentés à cet examen, dans les trois sessions qui ont eu lieu
en décembre, avril ct août : 54 ont été admis, et 47 ajournés.
Parmi ces derniers; le plus grand nombre a échoué dans les compositions; car, quatorze seulemcnl, de ceux que nous avions admis aux épreuves orales, y ont succombé. Les heureux ont été en
proportion plus grande à la session d'août, qu'aux a.ulres époques
de l'année. C'est qu'aussi à cc moment nos colléges nous envoient
l'élite de leurs élèves, tandis <Ju'aux autz·cs sessions, ce sont le plus
souvent des vaincus, qui viennent de nouveau tenter la fortune.
Faut-il ajouter cependant, .Messieurs, que, même dans cette session
meilleuf!C, nous avons été 'généralement surpi'Îs de la médiocrité
des compositions P peu d'imagination et d'esprit, peu de réflexion
même ou de sentiment, surtout quand il s'agissait d'en avoir en
latin. Il faut que cette partie de l'examen, de beaucoup la plus
importante, se relève. Voilà en effet l'épreuve ,·éritable à nos
yeux. On peut, à l'examen oral, réparer des études manquées
par une préparation artificie1le de quelques·mois ; la composition
latine ou française prouve seule, avec la version, une vraie éducation classique. Que les élèves de nos collèges renoncent donc
désormais au manuel, pour ne plus songer qu'à suivre leurs classes avec profit, qu'ils étudient par goût et cul'iosité, pour la joie
· ùe savoir, ct non pour satisfaire au programme, ct en vue des
�40
fourches caudines du baccalauréat; qu'ils ne craignent pas de se
laisser ravir 'dans leurs lecturés aux charmes de la poésie, aux
entraînements de l'éloquence, aux granùs problèmes agités par la
philosophie; qu'ils apprennent à écrire dans le commerce assidu
des grands modèles ; qu'ils oublieill l'examen : c'est le meilleur
moyen de préparer; qu'ils songent à orner leur esprit, au lieu de
charger leur mémoire : qu'ils lisent les quelques chefs-d'œuvre
proposés â leur étude, au lieu d'en apprendre par cœur de stériles
analyses, qu'ils ont oubliées le lendemain ; el que nos classes
d'humanités, où l'intdligence devrait grandir librement dans le
noble commerce des lettres, ne ressemblent plus à des manufactures, où l'on dresse mécaniquement des esprits pour l'examen. Il
ne dépendra pas de
que le baccalauréat, qui a été souvent
études, n'en redevienne la sanction véritable.
le fléau des
Nm•s voulons chaque année en relever le niveau, à mesure que se
relevera le niveau de l'éducation classique. Nous sommes sûrs de
répondre ainsi, par une sévérité discrète cl mrsurt\e, aux vues du
sage
qui, en imposant désormais le ba cc a lauréat ès lettres
â un nombre plus reslrei nt de carrières, et en l'environnant d'épreuves plus sérieuses, a voulu en écarter les aventuriers, el en
faire la solide-garantie de consciencieuses études. Nous ne doutons
pas non plus de l'assentiment de tous les professeurs de nos eolléges, qui protestent, au nom du culte désintéressé des lettres,contre
les tendances de leurs élèves, f'l qui sont humiliés d'avoir à rivaliser dans leurs classes avec les manuels.
Pardonnez-moi, Messieurs, ce long exposé. l\Iais nous tommes
11ouveaux encore; et nous avons besoin de faire connallre el nos
travaux, et l'esprit qui nous anime. -Voilà le fruit de notre pte·
llliôrc année. Si le résultat nous laisse encore beaucoup à désirer,
nous sommes du moins des ouvriers aussi patients que zélés; et
nous ne doutons pas que l'œuvre commencée ne s'améliore avec le
temps. Nous savons combien nous pouvons compter, d'ailleurs,
pour seconder nos l'fforts, sur votre bienveillant appui, sur la sollicitude de toutes les autorités de cette ville, sur le concours des
maUres de nos lycées et de nos collèges. Nous profiterons nousmêmes de notre expérience parmi vous, pour rendre notre enseignement aussi salutaire que nous le pourrons:\ la jeunesse de ce
p<iys.
.
�-
41
C'est ainsi qu'alljourd'bui, que le Gouvernement, pour. accommoder de plus en plus l'instruction publique aux besoins du siècle,
institùe en certaines villes une École des sciences appliquées;
er, toujours soucieux du rôle que les lettres doivent conserver
4Jans toute éducation libérale el vraiment française, a fait à la littérature et à l'histoire une grande place dans le programme, nous
et moi, la coopéraavons accepté avec empressement, l\1.
tion, que l\1. le RPrleur a bien voulu nous offrir dans celle œuv1·e
8
nouvelle. - Dans l"un de ces cours, les jeunes gens qui viendront
ici se préparer aux carrières industrielles, apprendront les principes généraux de l'art d'écrire, ils seront exercés à la composition,
ct par une élude raisonnée de quelques- uns de nos chefs-d'œuvre
littéraires, ils pourront apprécier ce que les maitres de la pensée
leur réservent de nobles distractions pour les heure;; de loisir, de
ressources généreuses pour les jours d'épreuve. Au cours d'histoire, ils verront se dérouler sous leurs yeux tout le passé de la
patrie. Ils apprendront que toul ne dale pas chez nous de la révolution française. La vieille J<'rance leur sera
dans sa
grandeur. Ils puiseront à ce cours le goùt e,l le respect du passé;
ils comprendront mieux leur temps, en le rattachant aux temps
qui onl précédé. Taudis qu'ils s'instruiront ailleurs dans les sciences positives en vue de professions spéciales, ils ''iendront compléter près de nous l'éducation de l'homme et du citoyen, auquel la
pairie doit confier un jour ses ihlét·êls moraux, aussi bien que les
destinées de son industrie.
C'est ainsi, 1\'lessieurs, que dans ces cours nouveaux vous nous
retrouverez, comme partout ailleurs, pénétrés de la même pensée,
à savoir que les lettres doivent servir avant tout à l'éducation
morale des hommes. Raffermir, au lendemain de nos révolutions,
les doctrines qui sont l'appui de l'ordre social, défendre les âmes
incertaines contre de décevantes utopies, restaurer toutes les nobles traditions de la France, proclamer sans cesse avec tous lt's
beaux génies, qui s'en sont fait les intet·prètes,
principes de la
morale chrétienne, exciter tous les nobles enthousiasmes et les
ù cc
de matérialisme
généreux instincts, pour les
qui dessèche les âmes, préparer les courages aux grandes actions
par l'habitude dt•s grands sentiments <•1
grandes pensées, en-
�42
tretenit· çnfin parmi nous ce culte des arts, qui est avec la gloit·e
militaire le plus noble héritage de notre génie national, tellè
:\ nos yeux, la mission de ceux qui ont l'honneur de parler â la
jeunesse, et qui comprennent la vertu des JeUres. Une telle mission, d'ailleurs, est toujours aussi facile que douce â remplir dans
notre terre de }'rance, celle patrie du bon sens, des arts, et de
l'héroïsme. Car si parfois l'esprit de la France a l'air de s'égarer â
la
de quelque chimère généreuse, ou de s'engom·dir et
de s'affaisser dans le bien-être, ne craignez tien, cet esprit immortel va bientôt se réveiller, se retrouver avec toute son antique
vertu. J'en prends à témoin ces vaillants, que la guene a trouvés
tout prêts pour ces gigantesquès batailles et ces assauts glorieux,
dont le récent souveuit· fait palpiter nos poitrines, el qui dés le
premier jour se sont montrés dignes de leurs pères vieillis dans
les combats. C'est à nous, 1\Iessieurs, les ouvriers pacifiques de la
pensée, à montrer que la France conserve toujours le trésor intact
de ses traditions religieuses, mor·ales et littéraires, comme nos
soldats lui gardent au jour du péril sa vieille renommée de vaillance et d'honneur.
�
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A name given to the resource
1855 - Séance solennelle de rentrée des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1855
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-verbal de la séance, p. 5-6</li>
<li>Discours prononcé par M. Le recteur de l’Académie de Nancy, p. 7-14</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 15-25</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 27-42</li>
<li>Rapport de M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 43-53</li>
<li>Proclamation des récompenses ministérielles, des prix ministériels, des mentions honorables et des résultats des concours, p. 54-56</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/3739862b8e26ffd9ec36a02d20eccc09.pdf
967f6d05d27956d6ecb7f489102a4fea
PDF Text
Text
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! Q/*6'6$6"R,-/S.'*"T(/="F:D"JUVK"G/'2),*'6("0)"B.,,-'/)O"
! P(5-/-6"0)"&-"R-5$&6("0)*"N5')/5)*"FG/'2),*'6("0)"B.,,-'/)O"
! P(5-/-6"0)"&-"R-5$&6("0)"P,.'6"N5')/5)*"(5./.3'8$)*")6">)*6'./"0)"M-/5="FG/'2),*'6("
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�UNIVERSITÉ BfPÉRIALE.
ACADÉl\IIE nE NANCY.
SOLENNELLE DE
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
>:T IlE
L'ÉCOLE DE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY
!\ANCY,
GRDIBl.OT ET Vc RAYBOIS, nti'RUIF.URS-Lllll\AIHiiS DR
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, ·12a.
tstm.
DR :'i.\:';CY,
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UAPPORT
IlE
St\IONIN DIRECTJmR DE L'ËCOLE
DE
ET DE PII.\lt.\L\CIE.
l\IoNSIEUll u: RECŒln,
l\lEssnn:ns,
Les règlements qui nous régissent, aujourd'hui, m'imposent l'obligation de vous faire connallre quelques-uns des faits qui se rapportent à la dernière année scolaire, et de réclamer votre allen lion
pour des acles sérieux dont l'austérité va contraster, d'une manière
bien tranchée, avec l'élégant rapport que vous venez d'entendre.
En écoulant ce que je yais avoir l'honneur de vous dire, vous
penserez comme moi que nous accomplissons ensemble un devoir.
Je ne puis tirer du compte rendu lu en Conseil
il y a
quelques jours, qu'un certain nombre de considérations, les autres
ne pouvant faire l'objet d'yne éommunicalion publique.
Les acles qui sc rattacbeut à toul établissement d'instruction
supérieure doivent être envisagés sous trois points de vue différents. JJirection générale, Enseignement, Finances, telles sont
les trois faces de la question prenant chacune un aspect spécial,
selon que les deux autres se modifient. Ainsi, pour parvenir sûrement au but qui doit nécessairement être alleint, sous le rapport
de l'instruction, faut-il modifier profondément certaines prévisions
�-
,u-
d'un budget, qui, à son tour, ne pou vaut se transformer· que jusqu 'a
un certain point, détermint>, en grande partit>, el limite la valeur
des moyens de l'instruction proprement dite.
Quant à la direction dont certaines formes doivent être immuables sous Je rappor·t de la discipline, en altribuarlt a ce mot
le sens le plus moral
le plus élevé, elle varie encore, suivant
que des législations successives viennent élargir les horizons et
révéler les voies nouvelles ou les élèves doivent s'engager.
li n'est peul-être pas d'établissement qui ail présenté comme
l'École de médecine de Nancy, dans un laps de temps très- court,
conséquences les plus nombreuses et les plus variées de la
théorie que je viens de formuler.
L'École de Nancy, déjà plusieurs fois modifiée comme école se-·
1:ondaire, de 1822 à 1815, a dû, comme école préparatoire, chercher dans plusieurs sens le bien que la législation du 13 octobre
t 840 l'avait chargée de réaliser. Le mouvement intellectuel qui,
en améliorant tout .ce <JUi touchait aux intérêts de
appelait
par cela même de nouvelles !fansformati.ons officielles, peut, lUessieurs, être traduit par un chiffre, et l'œuvre de tous vous sera
démontrée, en vous faisant connaître que sur les 59 asS\!mblées
que j'ai eu l'honneur de
comme Directeur de l'.Ecole,
34 fois l'étude des professeurs réunis en Conseil a porté sur les
moyens d'agrandir el de perfectionner l'enseignement cl d'en assurer les résultats.
L'Ecole ayant foi dans une honorable destinée, ne s'est point
restreinte à vivre d'année en année; elle esl entrée l'l'Sulu ment, el
:\ la fois, dans la voie de Lous les progrès. C'est après avoir réalisé,·-;
heureusement, presque toutes les modifications con<_;ues que l'Ecole
s'est vue organisée, de nouveau, par le décret impérial du 6 décembre dernier. Une grande partie des ubstacles a donc été vaincue et, aujourd'hui,· 1\lessienrs, l'Ecole jouissant d'un budget
agrandi par la bienveillance si connue de l'administration municipale, ayant un enseignement récemment défini, doit, pour le
moment, songer moins â conquérir de l'espace qu'a fertiliser l'espace conquis.
Avant de parler des résultais de l'année scolaire 1854-55, je
vais lract:>r rapidement les tr·aits qui caractérisent â Nancy la direction et l'enseignclllent.
�-
h.!)
I.e prrmîer problème qui devait être po::é· au sein de
•!tait de définir le but d'une Ecole préparatoire de médecine et de
pharmacie. Ce but a rté, â Nancy, ainsi compris: une Eco'e préparatoire doit avoir une physionomie bien distincte de celle d'une
]<'acuité-. Si, comme dans une Faculté; l'on doit veiller à maintenir
une exacte discipline, à élever sans cesse lt! niveau des études et à
bien gérer les fonds d'un budget, l'on doit, de plus, !endre à dévdopper les avantagrs .inhérents à un centre intellectuel régional.
,\ Nancy, les traits caractéristiques de l'Ecole paraissent être
l'union
des profPsseurs; l'unité remarquable de leurs vues;
les rapports incessants officiels ct de bienveillance entre la direction de l'école et les familles, entre les pr·ofesseurs ct
i·lèves, et
le.s services de tous genres qui sont rendus à ces derniers.
Déjà, dans l'une des quatre dcmières séam·ps de rentrée, j'ni
tracé les devoirs que la direction de l'Ecole avait à rcmplil· pour
ath•indre le but final : la sécurité des familles, sous le lr·iple rapJlOrl moral, physiquü el intellectuel ; il n'est point utile de répéter
ce qui a été publié à ce sujet, et, je me conh•nterai de dire qué la
tradition (\tablie a été suivie avec un soin tel qu'anjour·d'hui, il n'y
a pas à
de Nancy un seul élève dont rlle ait à rougir, el
que h•s mauvais élèves rn ont été éloignés ou l'ont quittée volontain•mcnt.
Vous avez vu. pl!Jsieurs foi>:, l\lessieurs, se dérouler devant vous
le tableau des cours de l'Ecole, vous avez saisi la coordination
de toutes les parties de l'enseignement et les vues générales IJUÎ
président à chacune d'elles, ct vous savez aussi que le 'nombre des
cours a été n'glé Îl y a moin.s d'une année. Pour reconnaitre la haute
bienveillance qui a déterminé le décret impérial du 6 décembre
185-i, l'Ecole n'a pas cm pouvoir mieux faire que de s'appliquer
à en tire1·, immédiatement, les conséquences sérieuses. II s'agissait,
en premier lieu, de modifier l'enseignement de la manièt:e la plus
avantageuse qu'il était possible pour les élèves, mais une grande
difficulté se présentait toul d'abord. Les ordonnances du t 3 octobt·e
1840 el du 12 mars 1841 se li'Ouvaicnl, rle fait, modifiées par la
fusion de l'enseignement de l'Ecole avec celui de la Faculté des
scit>nces, par la suppression de quelques cours et par l'introduction
d'études nouvelles dans l'Ecole, par le décret cité. II n'y avait donc
�4(j
plus de
à meUre en pratique, mais hien un règlement
à constituer. Yoici les bases d'après lesquelles il a semblé que l'on
dût agir. Concilier toutes les exigences des programmes de l'Ecole
et de la Faculté des sciences, de telle manière que les deux enseignements n'offt·isscnt plus, en quelque sorte, aux
qu'un
seul el vaste programme; demander à chacun de l\1:\1. les Pro·
fesseurs une parf de travaux équivalente à celle que leur assignait
l'ancien règlement, el tenir compte des droits des élèves en pharmacie, afin que cette catégorie d'élèves, nombreuse aujourd'hui,
pût, pendant les trois semestres d'études rendtis obligatoires par
le décret du 22 aoùt 1854, suivre les divers cours auxquels ils
doivent 1\{re astreints. En l'absence d'un règlement, le sentiment
profond du devoir a fait accepter aux professeurs de l'Ecole une
part égale <'t parfois supérieure à celle qui leur avait été assignée
en vertu du règlt>ment de 184·0, déja interprèté par eux à l'avantage des élèves. Le nouvel ordre établi a exigé de plusieurs
fcsseurs des sacrifices qui ont tHé faits complètement, et, en étudiant
noire programme d'études, il semble que les professeurs n'aient
pas d'autres devoirs a remplir que ceux quïleur sont a!ll'ibués par
leurs titres à l'Ecole de médecine.
Dans la nouvelle combinaison des études, il n'a plus· été possible
de conserver lt•s divisions établies antérieurement. Plusieurs cours,
autrefois semestriels, ont dù dcveni1· annuels, et plusieurs ne peuvent plus, aujo!ll·d'hui, durer an-delà d'une heui·e afin qtie .lotis
puissent èlre classés. Toutefois, les cours de clinique ct les travaux
:matomiques durent deux heures, comme par le passé, el le cours
d'anatomie a conservé la dun\e d'une
ct dêmie. De ce programme il résulte que les élèves n'ayant plus le même nombre de
leçons, par semestre, doivent être astreints à suivre pendant plusieurs semestres, et même pendant plusieurs années, des cours
qui ne peuvent êlre complets qn'à celle condition.
considérations relatives à l'enseignement ct qui ont déjà été
rPnrlues publiques, sont aujourd'hui, sous forme de programmt>,
les Inspecteurs
soumises à l'examen du Congcil formé par
générànx, et pour en parler de nouveau, je dois attendre Je résultat de leur éltide. Je crois ne devoit•, émettre à ce sujet que
l'affirmation d'un classement mûrement disruté des cours de l'Ecole
�-
47 -
el de ceux de la Facullé des sciences, pour permettre aux élèves
de recueillir, complétemcnl, le fl'llit des divers enseignements.
!/exercice de la médecine étant l'une des professions qui exige
Je plus de travail, il a paru extrêmement important à l'Ecole de
faire retirer aux élèves tout le fruit possible de l'enseignement
qu'elle dispense. JŒc a donc cherché à maintenir la tradition du
travail constant qui distingue les établissements d'instruction secondaire, et que les hautes Ecoles de l'Etat ont toutes imposée à
l'élite de la jeunesse française. L'obligation de l'ordre ct de l'assiduité, la nlicessilé de prouver l'attention due au professeur, l'utilité
de savoir si la parole du maître a été comprise el hien interprétée
1iar l'élève, enfin, le désir tic diriger chaque intelligence d'après
les moyens qui lui sont propres, ont paru à l'Ecole les indications
véritables de son action disciplinaire intél'Ïeure, et, à la fois, les
moyens d'aider, amicalement, chaque éléve à atteindre le but
noraùle d'être sérieusement utile à ses semblables.
A côté de l'appel journalier se trouve l'interrogation dont les
avantages ont été signalés plus haut. Je n'hésite p:1s à le dire, une·
préparatoire qui croirait élever son enseignement en offrant
des cours de
sans ce contrôle immédiat, abandonnerait
tous les avantages de sa situation sans en atteindre aucun autre,
et, aux yeux de l'Ecole entière, l'intenogation est pour les professeurs el pour les élèves d'une utilité extrême.
A l'occasion de la discipline universitaire, je dois vous faire
que les professeurs n'ont point reculé devant
connaître,
la J:Ontrainte imposée par la série des moyens nécessaires pour
échapper à l'écueil d'agir trop tardivement. Afin d'épargner aux
élèves l'applicat.ion de mesmes sévères, l'Ecole a cherché à se
rendre compte, de semaine en semaine, de tous les faits qui se
rapportent aux études, ct
a pu, souvent, éviter les radiations
d'inscription, en ramenant dans la bonne voie les élèves, soit par
un avis officieux, soit par un avis rendu public, soit par une réprimande.
Apres avoir assuré l'assiduité, les résultats ùe l'étude onl été
également constatés d'une manière incessante. L'Ecole en rendant
officiels les détails journaliers dans lesquels entrent les professcul's, lenr a donné encore une autre utilité, en vue de la corres-
�48
pontlanco avec les
ct des récompenses à décerner. A
l'expi.ration de chaque trimestre, chacun des professeurs signale
tous les faits qui se rapportent aux élèves, et l'appréciation est
•·ésumée pa•· un chiffre qui varie de 0 à 1 O. Un registre
r·cçoitles chiffres obtenus par chacun des étudiants, dans les cours
qu'il doit suivre, et à la fin du semestre d'hiver et à la fin du
semestre d'été, ces chiffres totalisés sont d'excellentes bases pour
un classement annuel. L'examen de fin tl'annér, et le concours
ecrit qui le précède sont, également, côtés de o à f o. J\Iais afin
de donner à ccs èpreuvt•s une valeur importante
les résultats
de l'appréciation générale, lrs chiffres obtenus sont multiplit\s par
5. C'est la totalité drs points qui se\'t de base à la présentation
faite au Conseil de l'Ecole, en \'Ue des mentions honorables cl des
prix qui, annuellement, sont accordés par Son Excellence :\1. le
Mini:itre de l'Instruction publique.
Abordons maintenant,
l'éÎude des résultats. Comme
par le passt>, nous avons reçu les élèves qui t•ntraicnt dans la carrière medic;de,
pour la premiere fois, l'Ecole a délivré dt•s
certificats d'ar..titude profrssionnPile et des diplômes. Voici les faits
principaux de l'annee qui vient de s'écouler.
· Ll's n•gistres de l'Ecole ont reçu les inscriptions règulières de
62 èlèv!'s, Nous n'avons plus,
à vous entretenir des au-.
diteurs bénévoles qui, en grand nombre, se sont rendus des cours
de I'EI'ole à crux de la Faculté des sciences. Les elè:v.es inscrits sc
sont divisés en élèves l'Il médecine et en élèves en phà1·macie. Les
premiers se sont trouvés au nombre de cinquante, les seconds au
nombre de douze. Ce dt•rnitH' chiffre qui, an premier coup
parait peu élevé rst cependant relativement considérable. Avant le
décret du 22 aoùt t S.H, le nombre des élèves en pharmacie était
bien moindre en effet. Parfois l'Ecole n'en comptait aucun, et ra-rement ces élèves se subdivisaient-ils en élèves de première et de
seconde année. L'obligation pour cette catégorie d'étudiants de
suivre les cours de l'Ecole a amené tons ceux qui ne devaient pas
profiter des mPsures transitoires établies conformément à l'esprit
-du décret organique .
. Le chiffre des élèves par année d'études a été le suivant : tr•
année, 23 élèves en médecine et G
rn pharmacie ; 2• année,
�-
4!)
t 1 ·èléves
médecine el 6 élèves en pharmacie; 3" et 4" années
réunies, t 6 élèves en médecine. Des 62 élèves, t 0 étaient bacheliers ës lettres, et t 4 bacheliers ès sciences. Enfin ils se subdivisaient,
encore, suivant le but définitif a atteindre; 46 aspiraient au doctoral, quatre au titre d'officier de santé, six au grade de phar·
macien de 1re classe, et 6 â celui de pharmacien du 2e degré.
En général, l'assiduité aux cours a été convenable, ruais un certain nombre d'exercices, facultatifs il est vrai, n'ont pas été suivis
au gré de l'Ecole. Nous voulons parler des répétitions d'anato.mie,
du cours de mathématiques, des manipulations de chimie et des
herborisations. Cette année le cours de mathématiques n'aura plus
lieu, puisque les élëves, par suite de la circulaire du 25 décembre
18M·, doivent entrer â l'Ecole avec une instruction secondaire plus
complète que relie qu'ils avaient acquise autrefois; mais PEcule
désire voir, pendant l'année qui vient de s·ùuvrir, plus d'empressement â profiter des sources si fécondes d'instruction pratique dont
il ''ient d'ètrc question; el que S. Ex. lU. le i\linistre de l'Instruction.
publique a voulu rendre plus accessibles aux élëvès en médecine, .
('n abaissant, en leur faveur, de t!iO à 60 fr. les frais relatifs aux
manipulations de chimie, qui sont a l'enseignement chimique ce
<JUC les travaux anatomiques sont aux leçons d'anatomie.
Je ne puis mieux faire pour donner l'idée de l'assiduité des
Eléves que de compulser le dossier des peines disciplinaires encourues par eux, en 1854.. 55. Trente-sept fois le directeur de I'Ef'ole a dti adresst;r l'avis officieux dont il a été question, vingt-trois
fois l'avis a été rendu officirl, trpjze fois la
a été prononcée, et six fois le Conseil de
a opéré la radiation d'une
inscription.
C'e·st au moyen des notes de l'examen de fin d'année, qu'il fàut
également donner connaissance du travail et de ses résultats.
concours écrit institué par l'Ecole, la veille de l'examen oral, et destiné à permettre aux Eléves de prouver leur instruction sans êtl·c
troublés par l'émotion de l'examen, n'a pas été abordé par un assez
grand nombre d'Elèves. Aussi l'Ecole a cru devoir, pour la seconde
année d'études, ne point accorder de prix aux Elèves qui, par
leur absence, avaient rendu l'épreuve prt>sque illusoire. Le pen
d'importance du concours de deuxième année a été d'autant plus
4
�regretté, que celui des Elèves de la première année d'études :1
donné l'occasion de constater des résultats fort remarquables du
travail.
notes de l'examen oral ont été données par lés jurys
ainsi qu'il suit : la note très-satisfait n'a point été donnée; douze
Elèves ont obtenu la mention bien sati.çfait; vingt-deux ont
satisfait <i l'examen; douze n'ont mérité que la note médiocrement satisfait, ct trois élèves ont été ajournés. Un certain nombre
(l'Eièves ne se trouvaient point dans les conditions de l'examen
. annl!el ou étaient légitimement empêchés. Le 5 et le 5 de cc
mois, ces derniers
'ont subi l'examen réglementaire. II
faut ajouter quelques détails relatifs à l'absence de la note trèssatisfait. L'Ecole a pour la première fois employé, po1n· hls examens de fin d'année, un mode très-rigoureux d'appréciation.
Chacun des trois juges traduit son opinion par un chiffre, les trois
chiffres réunis forment un total qui indique la note exacte. Ce
mode qui donne à chaque examinateur une grande indépendance,
a fourni des résultats très-précis, el plusieurs fois l'absence d'un
seul point a
un obstacle à ce que le jury conférât le trèssatisfalt. Il est regrettable que, dans les Facultés et dans les
Ecoles préparatoires, l'absence d'uniformité dans les notes et dans
la manière de les formuler, empêche que la même note ail la
même valeur lorsqu'il s'agit de preuves à fournir pour interpréter
le mérite des Elèves.
Ce ·serait ici le lieu de placer les observations de l'Ecole, sur la
circulaire en date du 7 août dernier, si nous n'avions l'assurance
d'en voir annuler les fâcheuses conséquences pour l'Ecole.
Je ne puis passer sous silence, lUessieurs, le résultat tout
spécial de quelques parties de l'enseignement. Soixante-quatre
cadavres ont été livrés à l'Ecole pendant l'biver dernier, par les
hopitaux civils de Nancy et par l'asile de 1\'laréville. Quarante-six sujets ont été utilisés par les Elèves, et quatorze fois des
injections anatomiques ont été pratiquées pour donner à leur tmvail une plus grande valeur.
Les Elèves ont assisté, à la maison départementale de @ecours,
à quinze accouchements. Ce nombre n'exprime pas complétement
l'importance de la clinique obstétricale, car pendant une autre
année d'études, le chiffre des accouchements, vus ou pr.atiqués par
les Elèvcs, a été double de celui de l'année t
�'frenle-neuf observations ont été rédigées dans les hôpitaux par
les Elèves, soit dans la clinique chirurgicale, soit dans la clinique
médic,ale, et ont été l'objet de discussions et d'un examen sérieux
qui a permis à l'Ecole
un prix pour les observations de
chirurgie ct un prix pour les observations de médecine. Celle
dernière source d'instruction sera ouverte plus largement aux
Elè''es, lorsque le futur règlement des hôpitaux civils aura
l'approbation officielle. L'Ecole aura alors des internes, et nous
devrons l'une des plus sérieuses améliorations à M. le Préfet de
la i\Ieurthe dont la bienveillance s'est révélée, d'une manière si
marquée, lors des récompenses mif!istérielles accot·dées, pat· son
intermediaire, aux Elévcs qui ont reudu des services, pendant Jo
choléra de 1854, et dont les noms vont tout à l'beure être cités.
J'arrive enfin, 1\lessieurs, â la session de septembre dernier. A
l'occasion de la réception des officiers de santé, jll constate avec
une vive satisfaction, que pas un Elève de l'Ecole ne s'est présenté.
Notre inslitution, pendant les dernières annees, avait su 1Hevet·
l'ambition des Elèvcs vers le doctorat. Suivant les professeurs de
Naucy, les officiers de santé ont une grande utilité, mais ils doivent constituer l'exception. Il est de mon devoir de signaler ce
fait remarquable de l'absence de candidats de Nancy, afin de faire
comprendre que les modifications constatées, dans un avenir plus
ou moins éloigné, seront les conséquences des réglemenls cl non
!e résullat de la tradition du corps enseignant de l'Académie ·do
Nancy.
Des six candid<•ls au titre d'officier de santé, l'un a été ajoumé
après le premier examen. Des cinq autres, trois avaient déjà un
diplôme des lt'acultés de Paris et de Uontpellier. Ces cinq candidais ont été •
reçus, l'un avec la note satisfait, les quatre autres
avec la note médiocrement satisfait.
Les candidats au titre de pharmacien de deuxième classe se sont
trouvés inscrits au nombre de cinq; quatre ont été J'eçus :. l'un
aYec la nole très-salis/ait, deux autres avec la nole satisfait et le
dernier avec la nole médiocrement satisfait. Ce sont les Elèvcs
de l'Ecole qui Ônt obtenu les meilleU'I'es notes dans le classement
de ces deruiers candidats. Un herboriste a été
et quarantedeux sages-femmes out été admises. Uu grand nombre d'entœ
�ellrs passaient l'examen dans le but Je changt•r de résidcnct•.
L'Ecole a vu avec surprise ct tristesse la ·faiblesse gcnérale des
officiers ùe santé, el elle proclamL>, hautement, sa volonté Je ne
tenir aucun compte des diplômes antérieurs, présentés par les
candidats des divers ordres, lors de la session Je 1856.
L'Ecole, en remettant à la Faculté des sciences deux branches
de son enseignement, a dû modifier la nature de certaines dépenses pour ses colfections, cl chercher à accroilre ses sources
d'instruction dans de nouvelles voies. Les autodsations officielles
n'étant point encore accordées, le moment n'est pas venu de vous
parler des efforts de l'Ecole dans le sens dont il vient d'être
question.
L'an passé j'indiquais les set'Vices rendus par les éleves en méclccine nlol'!i chargés de 27 missions officielles pendant le choléra.
Celte année un autre genre de services, doit, 1\II'ssieurs, vous être
signalé. En cc moment, douze élèves, détachés de l'Ecole, sont
cmployi·s dans les hôpitaux de la 5• di vision militaire.
Pour terminer, l\Iessieurs, celle revue de l'année 1854-1855, je
r1'ai plus que quelques mols à ajouter.
L'Ecole, en avril 1855, a ouvert le cours de toxicologie prescrit
par le décret du 6 décembt·e t 854. Elle a, le 6 de novembre, ouvert
également le cours lie pharmacie, et pour assurer l'enseignement
tout spécial qui vient d'être cité, ainsi que celui de la matière médicale, elle a présenté à la nomination de S. Ex. M. le Ministre de
l'Instruction publique, la candidature de lU. Delcominéte,
den de tr• classe, ancien interne distingué des hôpitaux de Paris,
el qui, par arrêté, en date du 25 juin 1855, a été compris dans le
cadre des professeurs suppléants.
Le savant membre de l'Institut qui dirige I'Acadéfnie de Nancy,
a compté avec rais<m sur le concours de l'Ecole, lors de la création
lie l'enseignement des sciences appliquées, el l\1. Léon Parisot a
accepté de professer l'hygiène dans cette institution, annexe de
l'cnséignement supérieur.
Je ne puis, l\Iessieurs les élèves, quitter celle tribune, sans
échanger avec vous quclqueii,pensées. Vous entrez maintenant dans
el la fatale préocnos écoles avec le titre de bachelirr és
cupation de cc grade à acquérit· ne viendra plus vous détoumer ùc
�J'élude. Désormais, donc, l'Ecole dena compter sur des
in·
cessants de votre part.
Vous allez entendre proclamer le nom des éléves, qui, déjà plus
avancés dans la carrière, ont pu, sous le rapport du travail, vous
donner une précieuse émulation; vous allez, également, entendre
citer, bien honorablement, vos camarades qui ont mérité des récompenses du ministère pour leur remarquable dévouement pendant l'épidémie de t854.
Que ces exemples animent votre courage, l\lessieurs les élè\'es,
souvenez-vous toujours de la voie que vos professeurs ont mission
de vous indiquer ct qui peul se définir par ces trois mols : savoir,
;èle cl abnégation.
�
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1855 - Séance solennelle de rentrée des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1855
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-verbal de la séance, p. 5-6</li>
<li>Discours prononcé par M. Le recteur de l’Académie de Nancy, p. 7-14</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 15-25</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 27-42</li>
<li>Rapport de M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 43-53</li>
<li>Proclamation des récompenses ministérielles, des prix ministériels, des mentions honorables et des résultats des concours, p. 54-56</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Rapport de M. Edmond Simonin, Directeur de l'École de médecine et de pharmacie
Subject
The topic of the resource
Discours du Directeur de l'École de médecine et de pharmacie
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
SIMONIN, Edmond
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
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Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/5916d0d48568c8cfbc16f5a406311932.pdf
d0f8c99d296b077671f2595c51beaae8
PDF Text
Text
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�UNIVERSITÉ BfPÉRIALE.
ACADÉl\IIE nE NANCY.
SOLENNELLE DE
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
>:T IlE
L'ÉCOLE DE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY
!\ANCY,
GRDIBl.OT ET Vc RAYBOIS, nti'RUIF.URS-Lllll\AIHiiS DR
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, ·12a.
tstm.
DR :'i.\:';CY,
��DES
l\HXISTÉRIELLES, DES PRIX :111:\'ISTÉUIEI,S, DES
l\IENTIO.i\:S IION:OHADLES ET DES UÉSL'LTATS DES COXCOUUS.
1° Décompenses ministérielles.
Par arrêté en date du t•• février 18ü5, S. Ex. 1\I. le Ministre .de l'agriculture, dPs travaux publics et du commerce a décerné une médaille en
argent, comme récompense de dévouement pendant le choléra de
dans les départements de la
de la Meuse et de la Moselle, à
l\E\1. les Élèves en médecine dont les noms suivent :
AmsouLD (Alfred) de Nancy (Meurthe);
13Locu (Emmanuel) de l\fetzcrwisse (i\Iosellc);
CHRÉTIE:i (François) de Lunéville (:\fcurthe);
(Oscar) de Heims (Marne);
Jonux (Jules) de l\lirccourt (Vosges);
MAGOT (Gustave) de Marsal (Meurthe);
.i\hNEL (Camille) de Foug (l\Icurthc);
PoluuEn (Charles) de Lamarche (Vosges);
SAINTI:-1 (Jean-Baptiste) de Loisey (Meuse).
2o I•rix accot•dt!S par S. Ex. JI. le Ministre
publittne, et lllention!i
ÉLÈVES EN MÉDECINE.
PltElHÈRE A.:S.:'IÉE n't'l'UllES.
Prix.
M.
GA:slEZ
(Emile) d'Attigny (Vosges).
l'Instruction •
�Jl1ent ion honorable.
JI. BocnREIFF (Camille) 1le Nancy (Meurthe).
2• ANXf:E D'ÉTUDES.
11lentions honorables.
l\1. FoRGEOT (Alfred) d'Anneville (Hante-Marne).
l\1. ScnoELLHAmmn (Edouard) de l\liltelwihr (Haut-Hhin).
3" ANNfm D'ÉTI.:DF.S.
Pri.r.
M. llnocAUD (Valentin) de
(Meurthe) .
.Mention honorable.
l\1. CnnÉTIEX (François) de Lunéville (Meurthe).
PJUX SJ>ÉCIA t'X l'OUR L.1 RÉDACTION DES OBSERVJ TIOXS CMNIQDES.
1°. CLINIQUE CIURURGICALE.
Prix.
M. LEGL'lDRE (Emile) de Xiuy-Circomt (:\Iosclle).
ion lwnm·able.
M. FonGF.OT (Alfred) d'Anneville (Haute-Marne).
2° CLINIQUE MÉDICALE.
JI/entions lwnorables.
l\1. CuntTIE:'i (François) de Lunéville (Meurthe).
M. Scnor.LLIIAJnŒR (Edouard) de :.\littclwihr (liant-Rhin).
ÉLÈVES EN PHARMACIE.
Prix unique.
M. VuLLEMIN (Charles) de Bourmont (Haute-l\Iarne),
année.
de 1'e
11fention !wnorable.
l\J. RÉGULATO (Chades) de Sarreguemines (Moselle), élève ùe 1'"
année.
�-
ti(i
3° RËSULTATS DES CONCOURS.
A la suite du concours qui a eu lieu, le 9 novembre
pom·
deux places de préparateur,-aide du cours d'anatomie, ont été nommés :
1•r préparateur-aide, l\I. BouRREIFF (Camille) de Nancy (Meurthe).
2• préparateur-aide, M. PAT11 (Jules) de La Nctz (:.\'leurthc).
)(
A la suite du concours qui a eu lieu, le 10 novembre f 851:i, pour une
place de, préparateur-aide du cours de pharmacie et de toxicologie,
M. GRANDEAU (Louts) de Pont-à-Mousson (Meurthe), a été nommé
préparateur-aide.
A la !:Uitc du concours qui a eu lieu, le i2
18all, pour une
place d'aide des cours de mkdccine opératoire cl de déligation,
l\I. llROCARD(Valentin) de Rogéville (Meurthe), a été nommé aide de
ces cours.
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Title
A name given to the resource
1855 - Séance solennelle de rentrée des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1855
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-verbal de la séance, p. 5-6</li>
<li>Discours prononcé par M. Le recteur de l’Académie de Nancy, p. 7-14</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 15-25</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 27-42</li>
<li>Rapport de M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 43-53</li>
<li>Proclamation des récompenses ministérielles, des prix ministériels, des mentions honorables et des résultats des concours, p. 54-56</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
Proclamation des récompenses ministérielles, des prix ministériels, des mentions honorables et des résultats des concours
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Information about rights held in and over the resource
Fichier placé sous licence Etalab (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence- ouverte-open-licence-5899923.html)
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The file format, physical medium, or dimensions of the resource
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Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/4ad7ef42cd7b35afd7c69075875bb677.pdf
67c9e06b39a4c20371cf6b9e20977dd6
PDF Text
Text
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�RENTRÉR SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
��UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.·
ACADÉMIE DE NANCY.
SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
Le 15 Novembre 1856.
NANCY,
GHBIBLOT, yR RAYBOIS ET ciE, IMPRIM.-LIBR. DE L'ACADÉMIE DE NANCY 1
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 12!>.
t8o6.
��PROCÈS-VERBAL
DE LA SÉANCE.
Le samedi tl) novembre i8B6, les Facultés des Sciences et des
Lettres et l'École de Médecine et de Pharmacie de Nancy ont tenu
leur séance solennelle de Rentrée, sous la pt·ésidence de M. le
Recteur de l'Académie, Membre de l'Institut, assisté des quatre
Inspecteurs du ressort.
Après la Messe du Saint-Esprit, qui a été célébrée en l'église
cathédrale, le Conseil académique et tout le Corps enseignant sont
venus prendre séance dans le grand salon de l'Hôtel de ville.
Les premières autorités du département et de la ville, les hauts
fonctionnaires et l'élite de la population assistaient à cette solennité,
heureux de donner à nos Écoles d'Enseignement supérieur cette
marque éclatante de leur sympathie. Au premier rang on rcmm·quait 1\t Lezaud, premiet• Président de la Cour impériale; M. le
Prince de Beauvau; l\fg• l'Évêque de Nancy, premier aumônier de
l'Empe1·eur; Mgr l'Évêque de Saint-Dié; M. Albert Leng1é, Préfet
de la Meurthe; M. le Président Garnier, et M. l'Abbé Bureaux,
�6
tous Membres du Conseil académique. A ces nobles auditeurs
s'étaient réunis lVI. le Baron Buquet, dépùté au Corps législatif et
Maire de Nancy, accompagné de M. Ottenheimer et de M. le
Comte Molitor, ses Adjoints, et de plusieurs Membres du Conseil
municipal; M. Drouot, Député; M. le Général de Saint-Mars; un
grand nombre d'Officiers et d'Ecclésiastiques, enfin tout ce que
Nancy compte de personnes considérables. C'était une occasion
pour cette ville généreuse, qui a sollicité avec tant d'ardeur et
accueilli avec tant d'empressement l'institution des Facultés, de
témoigner une fois de plus de l'intérêt qu'elle prend à leUI's succès
et à leurs espérances.
M. Faye, Recteur de l'Académie a ouvert la séance par le discours
suivant;
�.DISCOURS .
l'!IONONCÉ PAil
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
MESSEIGNEURS,
Le seul fait capital que j'aie à signaler cette année à votre attention, c'est le succès encourageant de l'École supérieure des
sciences appliquées que nous avons organisée près de la Faculté
des sciences de Nancy. Celte création nouvelle, bien des villes
vous l'envieraient, et pourtant, en pensant au brillant auditoirè
qui nous entoure dans ces solennités, je me suis demandé quel
accueil elle trouverait près de vous. A Lyon, à Lille ou à
seille, je n'eusse point éprouvé d'incèrtitude, mais, je le sens,
dans une ville comme Nancy, vouée à toutes les élégances de
J'esprit et du luxe, l'annonce d'une École de droit répondrait bien
mieux à l'attente générale que le tableau détaillé des efforts què
vos Facultés viennent de faire pour doter cette ville d'une grande
École des arts et
Et cependant Nancy se doit dé-
�8
sormais à la province dont elle esr devenue le chef-lieu universi.,
taire; il ne lui suffit plus de briller, il faut
soit utile, et que
son influence bienfaisante s'étende aussi loin que son- nouveau
ressort.
Pour le reste, Messieurs, remettons-nous-en à la haute sagesse
du Ministre que J'Empereur vierit de placer à notre tête, et que
l'Université a vu, avec tanl.de confiance et d'espoir, saisir d'une
main ferme les rênes que la mort a fait tomber des mains d'un
homme dont le souvenir vivra longtemps dans ce pays.
Vous l'avGuerai-je, une autre inquiétude me préoccupe encore
plus. Ici même, j'ai entendu déplorer en paroles éloquentes la
passion industrielle de notre _époque. Jusque dans le sein de l'Université, par toute la France, que de discours récents, et des meilleurs, sur le culte envahissant du veau d'or, le mépris de tout ce
qui n'est ni gain, ni spéculation, l'abandon croissant des choses
de l'esprit, et, pour conclusion dernière, la dégénérescence de
notre jeunesse! Le cri du satirique romain, le te nos {acirnus,
tuna, deam ( 1) est bien vieux, mais on le rajeunit avec tant d'art
que je me sens presque embarrassé de vous dire tous les efforts que
nous avons faits cette année, ceux que nous ferons l'an prochain,
pour aider vos jeunes concitoyens à faire fortune, honorablement
il est vrai, et par un travail intelligent, mais enfin par les voies si
décriées de l'industrie.
Au fait, Messieurs, il appartient à l'honorable doyen de la Facul\é des sciences et même au digne chef de notre Faculté des
lettres, de vous tracer ce tableau; moi, je tâcherai de répondre
à des iJ.CCusations d'autant plus graves qu'elles partent des plus
nobles cœurs. Il est grand temps de réhabiliter notre époque méconnue au milieu même de sa gloire, la plus pure qui futjamais,
et surtout de restituer à l'Université son véritable rôle.
L'Université ne saurait s'isoler du mouvement social sans
compromettre sa mission. Bien qu'elle soit chargée de guider les
générations naissantes, il ne lui appartient pas de fixer le but ni
même les moyens, et, quand la société marche légitimement dans
(1) Non pas Sctt. X, mais Sat. XIV.
�9
un sens, elle ne doit pas s'obstiner a la tirailler en sens eon-.
traire •
.Tel fut, Messieurs, le sentiment de ceux qui présidèrent à nos
grandes réformes oû Nancy a gagné son Académie et ses Facultés;
telle fut aussi,j'ose le dire, la pensée première qui régla en France
les destinées de l'enseignement supérieur. Au besoin je citerais
comme preuves l'institution des Conseils académiques, où l'Université reconnaît pour juges les représentants les plus autorisés
de la société, et surtout celle .des séances solennelles de rentrée,
qui mettent périodiquement les Facultés en contact intime avec le
public, non plus pour dogmatiser du haut d'une chaire, mais pour
exposer leur but, leur œuvre actuelle et leurs projets d'avenir•
C'est même par hi, pour le dire en passant, que nos réunions an"'
nuelles conserveront toujours de l'intérêt, même à· l'époque où
vous n'aurez plus rien à réclamer pour cette province académique,
même au temps oû l'institution, complétée selon vos vœux, aura
donné à votre ville le genre d'importance dont elle était fière au..;
trefois, et que vous avez quelque raison,· ce me semble, de rêver
pour elle dans un prochain avenir.
Je rne ferais hien mal comprendre, je me 'hâ.te de le dire; si on
induisait de ces paroles, qu'à mon gré, le noble sacerdoce de l'en·
saignement publi<: doit flotter aù hasard des temps. Non, l'Université est un corps conservateur .. La plus cruelle injure qu'on pût lui
faire, ce serait de l'accuser de nourrir le dessein de faire sortir la
société de ses voies éternelles, pour la lancer dans les aventures
d'une science sans frein et sans contrôle. Qu'ailleurs on affiche
d'autres sentiments; en France, du moins, et sous vos yeux, à
Nancy, l'élévation morale de l'enseignement littéraire, unie à la
sagesse
l'enseignement scientifique, réalisent un idéal dont les
plus scrupuleux n'ont pas lieu de s'alarmer.
]}fais, tout en conservant le dépôt de ses traditions et de ses méthodes longuement éprouvées, l'Université n'entend point s'immobiliser quand tout marche autour d'elle; son rôle est de suivre le
monde dans· ses progrès, d'en étudier les tendances légitimes, afin:
de porter son action là oû elle est réclamée.
C'était donc pom· nous un devoir d'étudier l'immense mouve-
�10
ment industriel de notre époque: Fallait-il résister au torrent,
élever des digues à la hâte, amonceler des
ou lui ménager un lit et rendre ses eaux fécondantes? Nous avons préféré
suivre la pente des esprits; pour conserver sur eux une action
directrice, nous !lOUS sommes associés à leur mouvement.
L'alternative, en effet, se réduisait pour nous à ces termes : la
tendance de l'époque est-elle morale?
Les esprits généreux, qui, par regret du passé, dédaignent d'aller au fond des choses du.présent, y voient avec douleur une forme
hideuse de l'égoïsme humain; ils prophétisent la décadence. C'est
qu'il est trop facile, hélas, de confondre l'agiotage avec le commerce loyal, et la spéculation hasardeuse avec l'industrie vivifiante. S'ils allaient au fond des choses, ils y verraient la marche
progressive d'une société qui conquiert, par le travail, la liberté :
non cette liberté orageuse, dont le.s autels fument de sang ou retentissent du vain bruit ôes paroles; mais la liberté virile, fruit du
travail quotidien, qui donne à chaque homme de bien une noble
indépendance, qui crée les familles en chassant la misère; assure
le sort de nos enfants, pousse en avant les masses intelligentes, et
grandit les peuples plus sûrement que les conquêtes ou les révolutions.
C'est pour moi un amer chagrin que d'entendre dénigrer une
pareille tendance. Pourquoi donc s'inquiéter de l'avenir, pour;.
quoi pousser le cri d'alarme comme si les œuvres du génie étaient
de la
en danger d'indifférence, comme si les nobles
science pure allaient fuir celte terre désormais vouée aux
préoccupations dégradantes des plus vils intérêts? Est-ce donc
au moment, où les grandes entreprises revêtent une incomparable
élévation morale, que ces plaintes devraient se produire? est-ce
l'époque, où la France vient de sacrifier son sang le plus pur et
ses millions, pour une idée désintéressée, que l'on devrait accuser d'industrialisme? Mais, Messieurs, jamais on ne vit un temps
où l'idée pure de la justice se soit plus largement incarnée dans
les faits.
Si, malgré tout, le spectacle de ces exhibitions splendides qui
nous révélait naguère avec tant d'éclat l'industrie des nations, vous
�H
chagrine et vous scandalise, dêtournez les yeux, considérez celte
autre" manifestation de l'industrie française, dont nous lisions hier,
avec un fier battement de cœur, les détails incroyables dans le
rapport du maréchal Vaillant : industrie ri:ieurtrière, il estvrai,
énorme puissance de destruction accumulée. sur un seul point, à
huit cents lieues de la France, par la magie des forces brutes que
l'esprit humain s'est asservies, mais instriunent gigantesque mis
àu service de l'idée moderne, au service du droit dans la politique ·
des nations. Eh bien ! dites-le nous; existerait-elle, cette in.:,dustrie formidable, si l'autre, celle qui fait vivre, était encore à ,
créer? Heureusement l'Empereur connaît mieux la France; il/
sait qu'elle n'a pas dégenéré pour être devenue plus puissante et
plus riche : des ruines de Sébastopol, il la mène au traité de
Paris.
Dans les œuvres de la paix, l'industrie, de nos jours, ne se
montre ni moins grandiose, ni plus égoïste d'inspirations, ni plus
ignorante des voies de Dieu. Un exemple ·va suffire. Laissons la
Crimée où elle vient d'accomplir un prodige, sans bruit, sans
efforts apparents (il a fallu nous le révéler), et poussons jusqu'a
l'étroite langue de terre placée entre l'Egypte et la Judée, ce double
berceau du monde chrétien. Là, l'industrie entreprend, de Suez
à Peluze, un travail herculéen que les poëtes de l'antiquité eussent porté jusqu'aux nues (ceux d'aujourd'hui n'y font pas attention). Croyez-vous qu'elle n'ait pas conscience de son œuvre?
Supposera-t-on que les chefs de l'entreprise; ses commanditaires
généreux, ses savants ingénieurs, - parmi eux, Messieurs, vous
comptez un compatriote (:1 ), -et jusqu'à ses ouvriers intelligents
ignorent pour quel but providentiel ils travaillent? Ouvrit· ali
commerce européen le chemin de l'Orient, mais -c'èsl rappeler à
la vie le monde gréco-romain enterré sous les rUines d'urie bar..
barie séculaire; c'est donner un but d'activité à l'Espagne qui n'en
a plus, à l'Italie qui cessera d'inquiéter l'Europe, quand elle jouera
dans le monde un rôle digne de son passé; c'est élargir pour
toutes les nations le cercle où la civilisation semblait naguère
( 1) l\lougel- Bey; Vosgien.
�i2
condamnée à se mouvoir ou plutôt à se replier douloureusement
sur elle-même.
Cessons de nous alarmer. La France mar-che vers ses destinées.
On ne lui dit pas : c Enrichissez•vous pour jouir, " mais : u Travaillez, afin d'être libre et grande parnii les nations. »
C'est un des éléments du travail intelligent et moral que nous
avons voulu offrir à votre cité; vous savez si notre appel a été
entendu : le nombre, l'assiduité, l'intelligence de nos auditeurs
ont dépassé notre attente et sans doute aussi la vôtre.
Pour moi, je l'espère fermement, la jeunesse qui depuis la
dernière rentrée des Facultés s'est pressée à nos cours du soir,
où elle trouvait l'utile, ne s'empressera pas moins cette année à
nos cours d'histoirè et de littérature, où elle viendra, le soir encore, s'assimiler le génie de la France dans sa plus haute expression. La Faculté des lettres, habituée à parler aux. classes les
plus élevées de la société nancéienne, s'applaudit d'avance du
nouveau rôle qu'elle vient de saisir : elle imprimera à l'œuvre de
la. Faculté des sciences un caractère que l'Université ne saurait
sacrifier.
, ·n est un autre genre de concours dont nous nous glorifierons
devant vous. Ainsi que je le disais ici même, l'an passé, les ressources matérielles que la Ville et l'État mettent à notre disposition, nos professeurs, notre excellent personnel de préparateurs,
ne suffiraient pas à la tâche de créer à Nancy l'enseignement des
sciences appliquées, ou plutôt une grande École des arts et manufactures, si nous n'avions obtenu le concours d'hommes éminents
qni ont bien voulu associer leurs efforts aux nôtres. Déjà, l'an
dernier, MJ}I.
L. Parisot, Melin, nous ont donné le secours
de leurs talents; cette année, . notre enseignement se complétera,.
grâce à l'adjonction de
et Volmerange, qui ont bien
voulu se charger des cours d'agriculture et de constructions civiles. Félicitons-nous d'avoir obtenu un tel appui; de pareils
noms en disent plus·en faveur de notre œuvre que les plus beaux
discours. Dans sa récente session, le Conseil académique, frappé
de tant de dévoûment au bien général, s'est fait un devoir de signaler les noms de nos savants collaborateurs à son Exc . .1\I.Ie
�13
Ministre de l'instruction publique : c'est eri son nom que je les
prie de recevoir ici de sincères remercîments.
,
Jusqu'ici,
n'ai parlé que d'une seule branche de.
notre enseignement, et pourtant Nancy compte déjà quatre écoles
bien distinctes : la: Faculté des sciences, là Faculté dès lettres,
l'École de médecine et l'École supérieure des sciences appliquées
à l'industrie. Bien que chacun de ces corps ait son organisation
propre, donne un enseignement spécial, préparé à des carrières
différentes et conféré des diplômes particuliers, ils n'en forment
pas moins un ensemble, une Université véritable. MM. les doyens
et M. le directeur de l'École de médecine vont vous dire comment
on est parvenu à établir entre eux une solidarité qui double leurs
forces. S'agit-il de l'École d'application? la Faculté des lettres
s'unit à la Faculté des sciences, Jaque1Ie, à son tour, emprunte
le secours de l'École de médecine. S'agit-il de l'enseignement
médical? la Faculté des sciences vient mettre, au service de
votre belle fondation municipale, ses coUections, ses laboratoires
et ses cours. Un tel mélange n'est pas confusion, mais harmonie.
Grâce au mutuel appùi de nos quatre établissements, l'École de
médecine et de pharmacie complète et renforce ses cours; l'École
des sciences appliquées se développe; la :Faculté des sciences ga:..
gne un triple auditoire; celle des lettres élargit Je cercle de son
action journalière.
Que serait-ce, Messieurs, si cette organisation, déjà solide, recevait son indispensable complément? Du moins, il ne nous est
plus interdit d'entrevoir, dans un prochain avenir, l'achèvement
de l'œuvre qui doit rendre à celte province académique une insti·
tution toujours regrettée en Lorraine et même plus loin, par-delà
nos ft•ontiéres. Si notre espoir se réalise, souvenez-vous que vous
ne le devrez pas seulement aux droits de Nancy, au vœu de cinq
départements, à l'appui si constant et si autorisé du conseil géné·
ral de ]a 1\'Ieurthe, mais encore à la sympathie de nos voisins
étrangers, qui désirent, comme nous, renouer de vieilles relations
d'amitié, de camaraderie, de famille même, dont le souvenir vil
encore chez eux .et dont la politique n'a point à s'alarmer. Nous
le devrons surtout aux efforts généreux de votre municipalité, et,
�14
après elle, à nos Facultés naissantes, car ces Facultés ont prouvé,
jusqu'à Paris même, que les institutions d'ènseignement supérieur
répondent ici aux vrais besoins de l'époque, qu'elles y peuvent
prospérer, et que le terrain où quelques graines d'essai ont été
semées est capable de fournir de magnifiques récoltes.
Après cette allocution, qui a produit une vive sensation dans
l'auditoire, M. le Recteur a successivement donné la parole à .Mi\f.
les Doyens des Facultés et à .M. le Dit·ecteur de l'Ecole de Médecine, pour exposer la situation, les résultats et les tendances de
l'enseignement dont la direction leur est confiée.
�RAPPORrr
DE
M. GODRON, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
M.
LE RECTEUR'
MESSEIGNEURS,
MEssiEURs,
L'expérience, ce juge souverain de foules les institutions humaines, continue à justifier. de plus en plus l'établissement de la
Faculté des Sciences de Nancy; vous savez tous que .ses cours
.ont été suivis, pendant cette seconde année scolaire, avec le même
empressement qÙi avait marqué ses débuts. De plus, un enseignement nouveau, celui des sciences appliquées, destiné à populariser dans nos contrées l'instruction supérieure, a été inauguré
à la rentrée dernière et a été accueilli également, avec une
extrême sympathie, par une classe nouvelle. d'auditeurs, composée
presque .exclusivement de jeunes gens. Le Ministre éminent,
qu'une mort prématurée est venn su_rpendre au moment même
où il mettait la dernière main à la réorganisation de l'Instruction
publique, n'avait donc pas trop préjugé des tendances et des
besoins de notre pays, en établissant à Nancy un centre d'enseignement scieQtifique. Nos populations si sérieuses, si intelligentes,
enfin, si avides d'instruction, ne pouvaient accepter avec indif-
�16
férence ce nouvea:u bienfait du. Gouvernement impérial. Une
situation aussi favorable rendait facile la tâche confiée à la Faculté
el devenait pour elle un
puissant. Car, s'il est
vrai, comme on l'affirme, que le professeur fasse l'auditoire, il est
bien plus évident qu;un auditoire zélé et bienveillant exerce à son
tour sur l'enseignement du professeur une influence considérahlè.
Nous sommes heureux de constater de nouveau, devant vous,
cette situation prospère, et nous ne croyons pas dépasser les
limites du probable, en osant émettre l'espoir, que les antécédents.
de Nancy nous assurent l'avenir •.
Teriu à vous rendre compte de l'enseignement de la dernière
année scolaire, je vais passer successivement en revue : 1 o les
différents cours de la Faculté; 2° les cours de sciences appliquées,
et 5° l'enseignement pratique.
Cours de là Faculté • .....:. M. le Professeur de mathématiques
pures et appliquées a traité du calcul différentiel et de ses
diverses applièations à la géométrie et an développement en·
série des fonctions principales. Toules les parties du programme
de la Licence ès Sciences Mathématiques ont été enseignées, et les
applications numériques qui, dans l'examen pour l'obtention de
ce grade, font l'objet de l'une des épreuves écrites, n'ont pas été
négligées. Enfin, la théorie des surfaces et celle des courbes à
double courbure·· ont été exposées aussi complètement que
sible. En général, le professeur a évité de suivl'e les méthodes
devenues classiques, soit pour donner plus d'intérêt à son cours,
soit pour réserver aux auditeurs l'avantage de retrouver dans
l'étude .des livres spéciaux les mêinès sujets traités d'une manière
différente. Ce êours qui, pour êtrè suivi aveè fruit, exige des
connaissances mathématiques préalables très-étendues, a compté
une dizaine d'auteurs assidus, chiffre relativement considérable et
qui démontre dans notre ville une tendance prononcée à s'occuper de l'étude des Sciences à la fois les plus ardues et ]es plus
élevées.
li!. le Professeur de chimie s'est occupé de chimie minérale, et a pu expo,ser d'une manière a peu près complète cette
�17
partie importante de la sçience. Après avoir établi les règles de
la nomenclature chimique française, il a fait avec beaucoup de
développement l'histoire des corps simples et de leurs nombreuses
combinaisons. Il s'est attaché principalement à l'étudé des corps
métalliques, et, après avoir étudié d'une manière spéciale la
fabrication des métaux les plus importants par les procédés eu
usage dans l'industrie, il a complété cet enseignement par l'exposé de leur extraction au moyen de l'action si merveilleuse de
la pile.
M. le Professeur de· physique a exposé d'abord les lois de l'équilibre des liquides et des gaz. Abordant ensuite l'électro-magnétisme, il a tracé le tableau rapide de l'état actuel de nos connaissances sur c.ette partie si importante des Sciences physiques. Après
avoir rappelé les découvertes si fécondes dues au génie d'OErstred,
d'Arago, d'Ampère et d'autres physiciens célèbres, il a exposé les
lois générales des phénomènes électro-magnétiques, et en a présenté les étonnantes applications à la télé.graphie électrique, et à
plusiem·s autres appareils dontle jeu repose sur l'action des électro..
aimants. A cette occasion, il ne pouvait oublier de faire connaître
à son auditoire les électro-aimants circulaires et lrifurqués, dont
l'invention est due aux laborieuses recherches de notre collègue,
lrl. le professeur Nicklès, et qui sont aujourd'hui l'objet de nouveaux essais d'application à l'industrie. L'électricité d'induction
sur laquelle se sont portés, principalement dans
dernières
années, les efforts des physiciens a été traitée avec détails, et il
nous suffira de citer l'ingénieux appareil de Ruhmkorff pour
rappeler les effets si nombreux, si brillants, et pour la plupart
entiérement nouveaux, qui ont captivé pendant plusieurs séances
l'attention de l'auditoire. Pressé par le temps, M. le Professeur
de physique n'a pu accorder qu'un petit nombre de leçons de
son cours officiel à l'étude de la lumière; il a dli développer
rapidement les lois relatives à la réflexion, à la réfraction, à la
dispersion, et il a terminé cet enseignement par une étude comparée des raies dans les spectres produits par la lumière solaire,
par la lumière éle?trique et par les métaux en fusion ; mais pour
remédier, autant que possible, au nombre insuffisant de leçons
.2
�:1.8
.consacrées cette année à l'optique, Jiotre collègue s'est imposé
bénévolement la tàche d'y suppléer, en traitant, pendant le second
semestre, dans des conférences sùpplémentaires, des lois de la
double réfraction et de la polarisation de la lumière.
Il est une science malheureusement trop.négligée qui se rattache
.à la physique, et que la l!'aculté cherche à rendre plus familière
dans nos contrées, je veux. parler de ]a météorologie. Sur 1'invi4a!ion du chef de ceVe Académie, M. le Professeur de physique a
rédigé une instruction pratique, relative aux observations météor-ologiques, qui a été ·distribuée dans les différentes écoles nor- ·
males primaires du ressort académique. Depuis huit mois déjà
les élèves-maîtres de ces utiles établissements font chaque jour ·
.des observations trihoraires sur le bat·0 mètre, le thermomètre,
1e .pluviomètre, la direction du vent, l'état du ciel. Ces. documents
.sont adressés à la Faculté et contrôlés, en quelque sorte, par les
observations. qui se font également â la Faculté par les soins de
1\1. le Préparateur de physique, et deviendront par la suite les
éléments d'un travail d'ensemble sur le climat de la Lorraine.
Le professèur d'histoire naturelle s'est, comme l'année précédente, occupé de zoologie pendant le semestre d'hiver. et de
ho la nique pendant le semestre d'été.
Les oiseaux, les reptiles, les poissons ont été' étudiés dans leur
organisation générale; tous leurs systèmes organiques ont été
passés en revue et leurs modifications principales ont été exposées, en même temps que le professeur s'appliquait à démontrer
qu'elles ne rompent pas néanmoins l'unité de plan. Le mécanisme
des diverses fonctions qui, dans leurs phénomènes accessoires, ne
s'accomplissent pas de tous points comme chez les mammifères
étudiés l'année précédente, ont été l'objet d'une étude détaillée.
Voulant donner, conformément à l'esprit l}es nouveaux programmes une. direction pratique à cet enseignement, il s'est
attaché à faire connaître spécialement les espèces utiles à
l'homme, soit directement par les produits qu'elles lui fournissent et qu'il emploie dans l'économie domestique, dans l'industrie qn en médecine, soit indirectement par la destruction des
animaux nuisibles à nos récoltes et aux antres produits
�19
tai res ou industriels conservés dans nos habitations .. Les principales races d'oiseaux de basse·cour n'ont pas été oubliées, pas
plus que'les modifications imprimées à leur organisation par l'action si puissante de la domesticité. L'histoire de l'incubation
artificielle des œufs des oiseaux et la pisciculture ont été l'objet
de plusieùrs leçons.
Pendant le second semestre, le même professeur a exposé les
principes des classifications du règne végétal et spécialement ceux:
de la méthode naturelle, la seule rationnelle, la seule philosophique qu'on puisse adopter. Il a recherché quels sont les progrès
qu'elle a faits, depuis les immortels travaux de Bernard et d'Antoine-Laurent de Jussieu, et ce qu'il reste encore à accomplir,
pour la compléter dans ses détails. Passant ensuite à l'éttide des
familles les plus importantes, il a décrit et fait voir à ses auditeurs,
sur les plantes vivantes, les caractères qui distinguent chacunè
d'elles et les affinités qu'elles présentent avec les familles voisines.
L'examen des modifications que chaque organe de la, floraison et
de la fructification éprouve dans les plantes d'une même famille,
lui a permis d'en déduire les caractères sur lesquels sont établis
les genres. La symétrie des organes floraux, malgré les exceptions
apparentes qui se rencontrent assez souvent, a été ramenée dans
toutes à un seul et même principe, la loi d'alternance. Le mode
d'inflorescence et ses différents axes; les feuilles considérées dans
leur rapports l'ntre elles et avec le système axile ; le mode de
végétation des tiges et des racines n'ont pas été négligés. Chemin faisant, le professeur s'est occupé, lorsque l'occasion s'en présentait, de l'examen de
organes dont la nature et la signification organogénique ne sont pas évidentes au premier abord,
tels que les staminodes, les phyllodes, les vrilles, etc.
Il a conclu de ces recherches, que toutes les plantes, constituant
une famille, ne sont que des modifications d'un même type organique; mais poussant plus loin ses investigations, il a cherché à
démontrer que chaque famille n'est pas moins naturelle, si l'on
compare les éléments chimiques qui se rencontrent dans les tissus
des espèces qu'elle renferme et auxquels ces végétaux doivent
leurs proprietés alimentaires, industrielles ou leur action thérapeutique.
�20
Quant aux espèces, il s'est borné à faire connaitre celles qui
nous fournissent des produits utiles et à
les principales
races de nos champs et de nos jardins, véritables créations, dues
aux soins assidus et à rintelligence de J'homme.
Enfin il a terminé Pétude de cqaque famille par l'indjcation de
]à. distribution géographique des végétaux qui la constituent, et a
signalé celles des espèces fossiles, les mieux connues, qui l11i appartiennent et que renferment les différentes formations géologiques, dont est formée la croûte de notre planète.
Enseignement des
appliquées. - Inauguré pour ainsi· dire
à l'improviste, avant même que l'organisation matét·ielle de la Fa·
culté fut terminée et dans le local provisoire trop restreint où
elle se meut péniblement, l'enseignement des sciences /lppliquées
a néammoins fonctionné régulièrement p.endant toute la durée de
la dernière année scolaire. La !<'acuité a été puissamment secondée
dans l'accomplissement de cette tâche par l'activité de M. le Recteur, qui, malgré les nombreuses occupations qui pèsent sur lui,
s'est réservé une large part dans nos travaux. Nous devons en
outre au dévoîtment qe Th'l. L. Parisot, professeur à l'École de
médecine, de
Morey et
architectes, un concours
aussi habile que bienveillant, sans lequel il nous eîtt été difficile
de suffire à cet enseignement nouveau, qont les exigences n'ont
pu être prévues à l'époql!e
création de la Faculté.
· La géométrie. descriptive est la ba15e essentielle de l'enseigne. ment mathématique des sciences appliquées et s'adresse à des
hommes,en général peu familiarisés avec l'analyse mathématique;
mars l'intelligence et la force .d'attention de l'auditoire ayant dépassé toute attente, M. le professeur de mathématiques a pu
développer fortement cette partie fondamentale et même franchir
les bornes des programmes officiels. Puis la théorie des ombres
et ses applications au lavis ont été exposées d'une manière corn ..
piète. Les principes de la perspective et de la stéréoscopie avec
leurs applications
au dessin, à la peinture, aux décors
ont été l'objet d'une troisième série de leçons par lesquelles le
semestre.
·
professeur a terminé ses cours du
�21
Le second semestre a été partagé entre la topographie usuelle
et la coupe des pierres. Chaque semaine une séance à été
crée au levé des plans et au nivellement. Les instruments princi-'
paux ont .été seuls étudiés, ainsi que lès méthodes les plus générales aujourd'hui en
Lorsque cette étude a été faite avec
soin, 1orsqu'elle repose sur une préparation suffisante, l'i!Umense
variété des instruments particuliers et des méthodes spéciales ne
peut présenter aucune difficullé et a dû être écartée. L'autre leçon de chaque semaine a été réservée à la coupe des pierres .. Le
professeur a eu pour but de faire comprendre non-seulement l'esprit des méthodes, mais aùssi d'initier l'auditoire aux conditions
les plus essentielles de la pratique. Pour faire apprécier l'étendue
de ce cours, il suffit de dire, qu'on y a compris l'étude assez complète des arches-biaises, dont les canaux et les chemins de fer
surtout présentent de si fréquentes applications.
M. le professeur de mathématiques , comme on peut en
juger par cet exposé, et nous n'avons pas encore parlé des exercices pratiques, auxquels il a pris une part non moins active, s'est
chargé, cette année, d'une lourde tâche et le temps lui a manqué
pour les leçons· qu'il se proposait de faire sur la charpente. Il en
résulterait une lacune regrettable dans notre enseignement, si le
cours de constructi_on, que M. Volmerange, ing·énieur des ponts
et chaussées, veut hien faire cette année, ne devait compenser
cette omission d'une manière doublement profitable pour les au;.;
diteurs.
L'enseignement de la chimie appliquée a été inauguré par l'étude des combustibles et des matéi:iau·x propres à l'éclairage, sujet d'un intérêt général et qui constitue l'une des bases les plus
importantes de l'industrie moderne. Après avoir considéré, d'une
manière générale, la èombustion · dans ses matériaux, dans ses
le procauses, dans ses phénomémes et dans ses produits,
fesseur de chimie devait naturellement s'occuper de la flamme.
Au moyen d'un appareil de son invention, il en a exposé la théorie et s'est attaché à démontrer, que la :flamme, quelle qu'elle soit,
est toujours produite par un gaz èn combustion. Les diverses. essences de bois, étudiées au point de vue de leur état d'hydratation
�22
et de leur richesse en· cendres, la tourbe, le lignite; ·l'anthracite
et surtout la houille, ont fourni le' sujet de plusieurs leçons.
professeur a été naturellement conduit à exposer .quelques
tions géologiques sur les bassins houillievs, à s'occuper de leur
exploitation, à déçrlre les différents modes de carbonisation, et, en
particulier, ceux qui concernent la fabrication du coke. Il a examiné ensuite, au point de vue chimique, la question pratique du
chauffage, celle des fumivores et s'est étendu sur l'emploi de
l'oxygène condensé et de l'air comprimé, appliqués à la combus..:
tion. L'étude des moyens propres à évaluer la puissance calorique des combustibles a donné occasion de constater l'influence
exercée sur la rapidité de la combustion par la densité ou l'état de
division du combustible, d'expliquer et de justifier
usages
depuis longtemps adaptés dans la pratique. Quelques leçons, sul'
les
liquides et gazeux, n'ont pas seulement eu poul(
objet .leurs matières premières et leurs produits de décomposition, elles ont aussi embrassé les grandes induiitries issues du besoin d'un éclairage plus en rapport avec notre .état de civilisation.
La bougie stéarique, le gaz de l'éclairage et les résidus .de sa fabrication ont été soumis à une élude approfondie. Enfin les instruments et les appareils, fondés sur les principes, quiprésident
à ·la combustion et qui ont pour hnt de tirer un paFti déterminé
de la chaleur et de la lumière engendrées par elle, tels que la
lampe à émailleur, le .chalumeau oxyhydrique, la lumière Drummond, ont aussi été examinés au point de vue théorique et pratique.
Abordant ensuite la teehnologie des alcalis et des terres, M.
le professeur de chimie a eu plus d'une fois l'occasion de
faire remarquer la part immense que la chimie a prise à l'extention de la richesse nationale, à dater de :1:
époque de l'in vension du procédé de fabrication de la soude artificielle, qui affranchit la F!'ance d'un tribut énorme payé à l'étranger et qui ouvrit
nne ère nouvelle à l'industrie, en montrant aux praticiens la né-cessité d'éclairer la pratique par la théorie. Après avoir étudié
la
et ses principaux dérivés, tels que la potasse caustique,
le salpêtre, la poudre à canon, etc., il s'est occupé du sodium et
�23
de seS nombreuses COmbin:llSons, en comtnénçant par )a matièl'e
première, le sel gemme, qui, à Nancy, offre un intérêt tout spécial. Ce précieux minéral, qui forme en Lorraiue un gisèmênt
très-puissant et qui s'étend même jusque soùs nos pieds, ses dif.•
férentes méthodes d'exploitation, ·ta pté'panition dU: chlorure de·
sodium, les différents produits auxquels ce sel donne naissance,
ont fourni la matière de leçons pleines d'intérêt, dans lesquélles le
professeur s'est attaché à .faire comprendre le brillant avenir ré·-:
servé, dans notre département, aux différentes industries dont le
sel gemme est la base matérielle.
Le cours de physique appliquée a eu pour objet, pendant le
semestre d'hiver, l'étude des usages industriels de la chaleur.
Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur les principales sources du
calorique et indiqué les moyens d'arriver à la mesure exacte des
températures, M. le professeur de physique a décrit les différents
modes de chauffage, tels que celui par la vapeur, par l'air chaud,
etc., et il a examiné comparativement les moyens les plus avantageux dans ·la pratique. Le tirage des cheminées, les diverses
dispositions des foyers l'ont
pendant plusieurs séances.
Pendant le semestre d'été, l'IL le professeur de physique a dû
interrompre ses leçons sur les applications de la chaleur et a ex,..
posé les notions les plus élémentaires de l'optique, indispensables
aux élèves des sciences appliquées, pour l'intelligence des divers
instruments employés en topographie. Enfin, il a terminé son
cours par l'étude des procédés photographi<fues principaux au,.
jourd'hui en usage.
M. le professeur d'histoire naturelle a exposé l'organisation des
animaux supérieurs et les notions les plus élémentaires de la
physiologie, études préliminaires indisp.ensables pour s'occuper,
avec succès, de deux sciences éminemment pratiques, qui rentrent
dans notre programme, je veux parler de l'hygiène et de la zoologie appliquée.
Le cours d'hygiène a été confié à l'\1. le docteur L. Parisot, qui
comme professeur à l'École de médecine, s'est
déjà
empressé néammpins d'acceptefune nouvelle tâche et de prêter
le concours de ses connaissances et de son talent à l'œuvre utile
�24
entreprise par la Faculté des sciénces. Qu'il me soit permis, au
nom de Qles collègues et au mien, de remercier M. Parisot de cet
acte de bonne confraternité.
, Il n'a pas eu pour but de donner un enseignement dogmatique,
mais il s'èst attaché à rendre son cours éminemment pratique et,
sans négliger les données purement scientiques, qui éclairent l'hygiène, il a eu surtout en vue les questions les plus usuelles. Il s'est
occupé tout d'abord de c.e qui constitue Je régime alimentaire et
il est entré, à ce.t égard, dans beaucoup de développement sur la
nature des diverses espèces d'aliments et de boissons; il a insisté
sur leur choix pour constituer un régime diététique convenable
el il n'a pas dédaigné d'aller jusqu'à donner des préceptes généraux sur leur préparation. Chemin faisant, il n'a pas négligé de
combattre une foule de préjugés, relatifs à l'alimentation, qui, en
plein dix-neuvième siècle, asservissent encore nos populations.
Passant ensuite à l'usage des différentes espèces de bains, il en a
fait comprendre l'importance, au point de vue des fonctions de la
peau et de la santé générale. Enfin, dans une dernière leçon, il a
traité des différents modes d'asphyxie, des moyens de prévenir ces
accidents redoutables et des premiers secours à donner aux asphyxiés. Nous éprouvons toutefois un regret, relativement à ce
cours, c'est que M. Parisot n'ait pas donné suite au projet, qu'il
avait formé, de publier ses utiles leçons. ,,.
Les leçons d'architecture de M.
bien qu'elles n'aient été
l'objet d'aucune annonqe spéciale dans le public, ont été suivies
avec un empressement bien digne de remarque. Dans ces leçons,
qui seront complétées cette année, le professeur a fait marcher de
front la partie technique et la partie artistique de l'architecture.
Au second point de vue, l'architecture est à la fois le premier, le
plus ancien et le plus important des
A ce titre son histoire se mêle intimement à celle de J'humanité, et quoique nos
cours aient pour but principal l'utilité, cependant, lorsque le professeur a rencontré sur son chemin les questions de cet ordre, il
devait à sou enseig·nement et à son auditoire de ne pas les éviter.
L'intérêt .avec lequel le cours de M. Morey a été suivi, prouve
que nos auditeurs sonî aussi aptes à s'assimiler les considérations
�25
où l':irt et l'histoire se confondent et s'interprêtént l'un par l'autre,
qu'à saisir les demonstrations géométriques ou à suivre les détails
souvent compliqués de la pratique.
Telles sont les matieres qui ont été enseignées, pendant la· derniere année scolaire, dans nos cours de scieiwes appliquées. Elles
constituent déjà un ensemble de connaissances tres-importantes,
et, cependant, elles ne forment que le programme des cours de
premiere aimée. Cet enseignement va donc recevoir immédiate-'
ment uné extension nouvelle: des èours de mécanique, de
trucfion, dezoologie appliquée, de métallurgie et d'agricultnre
vmlt être ajoutés à cetlx, qui, organisés déjà depuis une année,
continueront à être professés concurremment. Mais cette exten'sion, donnée à l'enseignement des sciences appliquées, exigeait
un personnel dé professeurs plus nombreux que celui dont la Fa·
cuité a disposé jusqu'aujourd'hui. Aux savants, qui déjà prêtent à
notre œuvre un concours efficace et désintéressé, viennent se
joindre encore, M. Monnier, président de notre société centrale
d'agriculture, et
Volmerange, ingénieur des ponts et chaussées. Cesfaits prouvent non-seulement la confiance qu'inspirent
les résultats qu'on doit attendre de cet enseignement nouveau,
mais aussi les ressources en hommes éc1airés et Je dévoûement
àux choses utiles, qu'on peut trouver à. Nancy.
J'ajouterai enfin , que les cours si impo1·tants de littérature
française, d'histoire de France et de géographie commerciale,
confiés à deux de nos savants coHégues de la Faculté des lettres;
auront Heu cette année, à une heure plus
pour les
rendre plùs accessibles aux nombreux auditeurs qui fréquentent
déjà les cours scientifiques.
Enseignement pratique. - I\'Iais ce qui forme aujourd'hui l'un
des caraclèl'es les plus saillants de l'organisation des :Facultés des
sciences, c'est l'enseignement pratique, qui a été inauguré également au commencement de la dernière année scolaire. C'est le
complément indispensable des cours de la Faculté et spécialement
son but,
des cours de sciences appliquées; pour qu'il
pour qu'il soit une préparation sérieuse aux caniéres indus..:.
�26
trielles , il faut que là pratique accompagne constamment la
théorie.
Les manipulations chimiques n'ont pu commencer que le 2
janvier, dans une salle provisoire, que l'autorité municipale a fait
construire, pour cet objet, dans la cour du bâtiment de l'Université. Bientôt une vingtaine de jeunes gens, élèves en médecine ou
en pharmacie, candidats à la licence ès sciences physiques, et
didals au certificat.d'aptitude pour les sciences appliquées, se sont
empressés de s'inscrire. En présence d'élèves se proposant des
buts si divers, M. le professeur de chimie a dû, néanmoins, adopter
un programme qui permît d'appliquer aux manipulations chimiques une marche uniforme et méthodique, et capable, en même
temps, d'entretenir l'émulation. Des préparations fort simples
d'abord, plus complexes ensuite, ont été faites par les élèves, qui
ont _constaté immédiatement, sous les yeux du professeur; les
principales propriétés des corps isolés par eux; mais, en out.re,
leur attention a été fixée sur les résidus de ces préparations et,
après avoir obtenu et étudié le produit principal, ils ont dù encore
présenter à l'étàt de pureté le produit secondaire, reconnailre ses
caractères et indiquer ses usages. Chacun d'eux a été tenu de
rédiger ses observations, de les soumettre au professeur, qui en
a rectifié les erreurs. ou les incertitudes. A chaque séance, tous
les élèves ont préparé .le même corps, mais par des procédés divers, ce qui a permis à chacun, tout en remplissant sa tâche spéciale, de bénéficier encore du travailzde ses condisciples. Après
avoir été ainsi familiarisés avec les opérations les plus usuelles de
la chimieminérale, ils ont été exercés aux procédés de l'analyse qualitative. Cette opération consiste, comme on le sait, non-seulement
à reconnaître les éléments constituants d'un mélange ou d'une
combinaison donnés, mais encore à séparer ces éléments, de façon
à pouvoir les étudier isolément et constater leur individualité.
Connaissant hien les groupes naturels, que forment les corps métalliques, ainsi que leurs caractères distinctifs, les élèves ont procédé constamment, dans leurs recherches , par voie d'élimination, suh;ant ainsi la méthode dichotomique, inventée par les
botanistes et appliquée, avec tant de succès, à la determination
des espèces végétales.
�27
Les manipulations de pbysiqùe ont eu lieu régulièrement, pen•
dant toute l'année, sous la direction du professenr, il me suffit
d'énumérer les différents sujets d'étude proposés aux étndiants,
pour en faire apprécier l'importance. La recherche des densités,
la construction des baromètres et des thermomètres, ainsi que
l'emploi de ces précieux instruments, l'usage des piles, la galvanoplastie et la photographie, telles sont les principales opérations
avec lesquelles ont a cherché à familiariser les élèves.
Les exercices pratiques de zoologie, auxquels le semestre d'bi:.
ver a été consacré, ont eu pour objet l'examen, sur la nature
elle-même, des principaux appareils d'organes des différentes
classes d'animaux vertébrés, et l'étude microscopique des tissus et
des liquides organiques.
Des herborisations ont eu lieu pendant le semestre d'étë,
les environs de Nancy, et ces excursions scientifiques ont initié les
élèves non-seulement â la copnaissance des plantes du p\lys f:)t
spécialement des plantes médicinales, â celle de leurs station$ et
des rapports qui existent entre la na lure de la végétation et la constitution physique et minéralogiq11e des terrains; mais aussi à }a
connaissance d'un certain nombre de faits d'organographie et de
tératologie végétale, q•ti se sont fortuitement présentés l\ leur
observation. Je ne puis passer sous silence une
qui
prouve en faveur_ d'un certain"nombre de jeunes gens, la
élèves de notre Ecole de médecine, c'est que, pend;mt l'été
vieux. qui vient de s'éconler, j'ai toujours trouvé, quelque fÜ't
J'état de 'l'atmosphère, ces mêmes
gens au lieu qu rendez..,.
vous, bien décidés â poursuivre ces promenades botaniques. Aussi,
grâce à ce zèle exceptionnel, elles ont eu lieu chaque semaine avec
beaucoup de régularité.
Les travaux graphiques ont été suivis par une partie des auditeurs du cours de géométrie descriptive. Les uns apportaient des
épures achevées; d'autres, ayant moins de loisirs, présentaient
leurs cahiers de croquis et réc1amaient des explications sur les
points qui étaient restés obscurs ou douteux pour eux. Les cours
d'ombre et de perspective, celui de coupe de pierres ont donné
lieu également à des h·avaux graphiques assiduemenl suivis. Enfin
�28
le cours de topographie rédamàit un (out autre genre û'èx:ercices
pratiques. Là l'intelligence de la théorie serait d'une bien médiocre utilité, si on n'y joignait l'habitud'e de manierles instruments,
dé les rectifier, de les employer sur le terrain. Aussi M. Je
fesseur de mathématiques a-t-il consacré un temps assez considérable à ces exercices. Les occupations habituelles des auditeurs nè
leur laissant qu'un seul jour de liberté par semaine,' on a été con• ·
traint de remettre au dimanche ma"iin les opérations topographiques; mais on a eu soin de choisir les heures, qui précédent les
offices, afin de ne détourner personne de l'accomplissement régulier des devoirs religieux. Aussi, dés quatre heures du matin, les
élèves n'hésitaient pas à serendre au lieu désigné et se livraient
avec ardeur à l'exercice des opérations topographiques, tantôt sur
un terrain uni, tantôt sur un sol accidenté.
Il est juste de rendre hommage ici au zèle, à l'intelligence du
directeur dés travaux graphiqùes, M. 1\'Iélin, qui a donné cons;tamment à l\1. le professeur de mathématiques, dans les exercices
pratiques, le concours Je plus enlier et le plus utile. Son excellence
1\'I. le 1\'Iinistre de l'Instruction publique, a déjà témoigné à ce di,..
gne collaborateur toute sa satisfaction, en lui conférant le titre
d'officier d'académie et la Faculté est heureuse de s'associer publiquement à cet acte si justement rémunératoire, en priant M. Mélin d'accepter ses remerciements.
Travaux particuliers des professeurs. - Bien que la tàche des
professeurs ait été singulièrement augmentée par la création des
cours des sciences appliquées et par l'établissement des exercices
pratiques, l'année,- qui vient de s'écouler, n'a pas été néanmoins
stérile, au point de vue de leurs travaux particuliers.
l\"1. le professeur de mathématiques a présenté à l'Institut un
stéréoscope de son invention, remarquable par une c.onstruction
si simple, si économique et d'un usage si facile, qu'il est à la fois
à la portée de toutes les fortunes et de toutes les intelligences.
lU. le professeur de chimie a constaté la présence de la vivianite cristalisée dans des ossements humains trouvés aux environs
de Nancy
par conséquent la formation
de ·ce
�29
minéraL Il a mis au jour également un travail_ étendu .sur la vif!
et les travaux scientifiques de l'illustre chimiste dontNancy (léplore la perte récente. Enfi!l il a signalé à l'Académie des sciences
la présence du fluor dans le sang, le lait, la bile et les autres liquides de l'économie animale.
M. le professeur de physiqùe, qui s'est occupe avec succés des
phénomènes de la polarisation appliqués à l'étude des corps isoa
mères, a publié des recherches nouvelles sur l'action que plusieurs
la
acides végétaux de même composition centésimale exercent
lumière polarisée.
Enfin M. le professeur d'histoire naturelle a produit un nouveau mémoire sur l'ol'igine et la nature de l'.A?gilops triticoides,
un tra\'ail sur le Drosera obovata, et il a édité le sixième et derQ
nier volume de la Flore de France, qu'il a élaborée avec la collaboration de M. le professeur Grenier de la faculté des sciences de
Besançon.
Examens. - Il me reste à vous entretenir des examens et de la
collation des grades. La Faculté n'a pas eu, cette année, à conférer
celui de docteur ès
Quatre candidats se sont inscrits pour subir l'épreuve de la
cence, et la Faculté a eu la satisfaction de pouvoir conférer le ,
grade de licencié ès sciences mathématiques à Ml\i, Legrand et j
Bodemer, et celui de licencié ès sciences physiques à M. Schlag- j
denhauffen.
La Faculté a eu en outre à examiner, pendant les trois sessions
de l'année scolaire, 252 candidats au baccalauréat ès sciences.
Sur ce nombre, 101 ont succombé aux épreuves écrites et 50 ont
été ajournés par suite de la faiblesse de l'examen oral; 1Oi ont
été jqgés dignes du grade de bacheJier ès sciences.
Il résulte de ces chiffres, que le nombre des candidats a été
plus considérable que l'année dernière et que la proportion des
réceptions a été moindre. Ce double résultat s'explique facilement.
Aux sessiops de décembre et. d'avril, le nombre des candidats
inscrits a été exceptionnel; les aspirants au grade de bacheliet•
ès sciences nous sont arrivés de tous les points de la province a ca-
Ji-\.
�30.
démique. C'est qu'à la session de juillet, le programme transitoire
devait être remplacé par le programme complet; pour se soustraire à ces exigences nouvelles. un certain nombre de jeunes
gens, dont les études étaient sane aucun doute imcomplètes, ont
cru devoir s'exposer aux chances, évidemment. bien peu favorables, d'uri examen prématuré. La Faculté n'a pas èté plus sévère
dans ses appréCiations que précédemment, mais elle a dû simplement maintenir le niveau des examens, comme la garantie la plus
certaine des éludes sérieuses, et pour comballre, autant qu'il est
en son pouvoir, la fâcheuse tendance de quelques jeunes gens qui
ont l'ambition d'arriver, dans le plùs bref délai et avec le moins.
de travail possible, à un grade, qui, hien qu'à la portée de toutes
les intelligences, exige cependant des efforts soutenus et une
instruction classique assez complète.
�RAPPORT
DE
l\t CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
1\'[.
LE RECTEUR'
1\fEsSEIGNEURS,
MEssmuns,
La réunion d'aujourd'hui n'est plus pour vous chose nouvèlle.
II y a deux ans déjà que nous inaugurions l'enseignement des
Facultés dans cette ville si empressée à l'accueillir. Nous ne pouvions vous entretenir alors que de nos desseins et de nos espérances ; aujourd'hui, nous avons à constater déjà des résultats
obtenus : l'œuvre commence à pm·ter ses fi·uits. Sans doute il
est regrèttable que l'étranger, en visitant cette ville des palais,
nous voie encore campés au lieu où nous sommes ; et, qu'après
deux ans, les fondements de l'édifice qui nous est destiné nè
soient pas encore près de sortir de terre; mais nous savons qu'en
cela, nous ne pouvons accuser ni Je zèle ni la munificence de
nos magistrats municipaux ; que, loin de là, la grandeur de leur
projet en a fait l'un des principaux obstacles ; et que, si l'arche
sainte est encore sous là tente, c'est qu'on ne voulait la fixer enfin
que dans un temple digne d'elle. Du moins, en attendant l'édifice
de pierre, nous avons cherché, de notre côté, à fonder moralement sur des bases solides notre enseignement dans ce pays; et
�32
tout ce qui s'intéresse ici aux nobles études a répondu à noire
appel. C'est désormais une généreuse habitude pour l'élite de
notre population, de venir, après les occupations de la journée, se
recueillir le soit· autour de nos chaires dans la contemplation des
choses de l'Ame. En face de cet auditoire distingué, le professeur
peut-il s'apercevoir encore du délabrement du lieu où il siége?
Et vous-mêmes, voyez-vous encore la nudité des murailles,
qu'une parole sympathique vous ravit dans le monde des idées?
Les Muses se sont fait longtemps entendre au fond des grottes de
l'Hélicon, jusqu'à ce que la Grèce, aux jours de sa grandeur, leur
érigeât des temples.
Tout en remerciant ce public choisi du concours assidu qu'il nous
prête, nous ne pouvons cependant nous empêcher de regretter
que le goût de nos études littéraires ne soit pas encore plus répandu, surtout parmi la jeunesse. Combien, en effet, d'absents
encore, que nos yeux cherchent dans l'auditoire? Jeunes gens,
où êtes-vous? C'est à vous pourtant, que notre enseignement est
particulièrement destiné. Vous avez tant besoin de ces entretiens
généreux, pom échapper à la prostration morale, où la contagion
dn siècle et la passion des intérêts matériels nous a plongés ! Au
seuil de la carrière de la vie, où vous allez entrer, nous voudrions
vous retenir quelque temps dans ce culte des lettres, qu'on a si
bien nommées humaines par excellence, humaniores litterœ, et
munir de ces nobles études, pour vous assister dans les luttes qui
vous attendent, vous ranimer dans vos défaillances, vous
ler dans vos disgrâces, vous charmer aux heures de loisir, et
faire la grâce de votre vieillesse, après avoir nourri vos jeunes
années de leurs sucs
Les lettres, je le sais, ne sont plus aujourd'hui en aussi grande
faveur, qu'elles le furentjadis en France. L'esprit publié s'en est
pour un temps détourné. Pourquoi? Peut-être faut-il y voir un
juste retour contre l'abus que tant d'écrivains avaient fait de leur
empire. Le culte des Muses, convenons-en,
été que trop
profané pàrmi nous. Nous avons vu la poésie, cette fille du ciel,
infidèle à sa mission, qui est de relever les âmes vers les pqres
contemplations de l'idéal, se faire honteusement l'entremetteuse
�33
"Ôé la corr:nption ; etla philosophie, enivrée d'orgueil, -s'attaquèr
c
à nos plus saintes croyances; La France, en récapitulant sès
tastrophes depuis plus d'un siècle, a pu e:n accuser, en grande·
partie, les abus de l'esprit et de la parole. D'un autre ct>té, la
gloire des lettres a bien pu être éclipsée un instant par l'éclat de
ces découvertes scientifiques, dont notre époque se montre si
temeat fière. N'est-ce pas eri effet dans les progrès des sdences
physiques, et leurs applications à l'industrie, que notre siècle a
trouvé surtout sa grandeur'! Faut..:.il s'étonner, que les esprits en
soient éblouis, et y restent absorbés? Je ne suis pas vieux encore;
et quels miracles pourtant n'ai-je pas vu accomplis sous mes yeux.
par le génie de la science moderne! Voici Ia locomotive, ce Léviathan de la mécanique, qui s'élance sur les ailes de la tempête;
emportant dans sa course des peuples entiers aux points les plus
éloignés de l'ès pace; tandis qu'à coté d'elle, dans un fil merveilleux, le ftuide, plus agile que la pensée, porte la riouteUe messa·
gère à travers les aii·s ou les abîmes de l'Océan. La science a
changé la face de la terre; la science en fouille les entrailles,.
pour y retrouver écrite en caractères éclatants l'histoire des révolutions primitives du globe; la seienée., en même temps, s'empare
du ciel et saisit par le calcul la planète invisible aux confins de
l'immensité. Partout, elle m'étonne de ses conquêtes, m'èutoure
de ses féeries, soit qu'elle fasse circuler les ga·z sous les pavés de
là cité, comme le sang dans les veines, poùr nous inonder tout
d'un coup le soir de flots de lumière, soit qu'elle trempe le
métal en un bairi mystérieux, où il se revêt d'or; soit qu'à la
clarté du soleil, elle fixe sur le pàpier du daguerréotype, changé
en miroir, l'image désormais durable. Quand je contemple ces
victoires journalières ' qoe l'homme remporte sur les forces
physiques, et par lesquelles ce roi déèhu de la création semble
reconquérir l'empire perdu de la natûre, je në puis me défendre
moi-même d'être ravi d'un tel spectacle. Aussi, loin de
• .
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. avec cerlams espnts ch agrms, de la part qu' on a 1!. 'teaux . . L \
tai
naturelles dans l'éducation publique, j'y applaudis :je veux ql•ç,j):
i ····•
initie nosjeunes gens à ces secrets de la nature, et aux
lions, que le génie de l'homme en a su faire ; mais à la condition_).
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�34
qu'en faisant à ces études scientifiques une place considérable, O!t
maintiendra aux lettres le rang élevé, quielles doivent toujours
garder dans une éducation Hbérale. Rendons un juste hommage 1
Messieurs, aux inventeurs de l'industrie moderne; mais réservons
notre adoration pour ces autres inventeurs, bien autrement utiles
au monde et plus grands, que l'on appelle Homère, Sophocle,
Platon, Virgile, Corneille, Racine, Bossuet, Fénèion, qui ont exploré et nous ont livré ..... quoi? lllessieurs, les plus hautes et
les plus belles régions de la nature h.umaine. Voilà en effet les
premiers bienfaiteurs des peuples : ils ont inventé mieux que la
vapeur; ils ont inventé la joie et la tristesse, la consolation et l'espérance; ils ont trouvé ces accents divins, par lesquels ils éveillent, émeuvent, enflamment tout ce qu'il y a de généreux en nous,
et prouvé par leurs œuvres, que l'homme est vJtj.ment fils du ciel,
et créé à l'image de Dieu. Qu'est-ce en effet, que ces merveilles
de la science moderne·; dont je chantais l'hymne tout à l'heure,
en comparaison des merveilles de l'éloquence et de la poésie?
L'homme aura transformé la foudre du ciel en moteur pour ses
manufactures, avant de refaire les Adieux d'Andromaque; et le
daguerréotype aura trouvé le secret de fixer, avec les ombres,
les couleurs, avant qu'on n'ait dépassé le Qu'il rnow·ût du vieil
IIorace.
Thiais qu'aHe besoin de réclamer ici pour les lettres ce culte
qui leur est dû, dans cette ville, qui semble, au milieu de l'entraînement universel vers les choses de la matière, avoir conservé
,plus fidèlement la religion des choses de l'esprit? Je vous connais;
je sais qu'ici on trouvera toujours tm auditoire nombreux et sympathique, pour entendre parler de littérature et d'art, et une foule
de nobles cœurs, pour tressaillir d'une émotion généreuse à la
lecture d'un beau morceau d'éloquence ou de poésie. Vous tous,
Messieurs, qui avez pris à cœur les destinées de notre enseignement, qui croyez à l'influence bienfaisante des lettres, et qui au'gurez de l'avenir de la patrie, selon que les études littéraires seront plus ou moins en honneur auprès de la jeunesse, je ne crains
votre attention, en vous rendant compte, avec
point de
quelque détail, des résultats, que nous avons constatés ou obtenus
à cet égard, dans l'année qui vient de s'écouler.
�35
le
·Vous savez, ltlessieurs, l'objet de notre institution est
<En même temps que nous ouvrons des Cours à ceux qui se montrent jaloux de poursuivre lenrs études littéraires, nous sommes
chargés de maintenir et d'élever par des examens le niveau de
l'enseignement secondaire. Quelques mots d'abord sur les Examens.
EXAMENS •.
DOCTORAT.
Le Doctorat, longtemps négligé dans l'Université, a repris faveur. Plusieurs candidats travaillent, sous la direction de nos
conseils, à préparer des .thèses pour notre Faculté. Jusqu'ici cependant, aucune des thë'ses proposées à.notre appréciation
minaire, ne nous a semblé réunir, à un degré suffisant, l'érudition
mùre et solide, l'intérêt et le mérite des recherches, et l'originalité
de vues, qu'on est en droit d'exiger pour ce grade élevé qui ouvre
l'accès de l'enseignement supérieur. La Faculté de Paris, depuis
longtemps dejà, a marqué à quel prix on devait
ce titre;
nous ne consentirons pas, pour notre part, à laisser s'établir en
province un Doctorat inférieur.
LICENCE.
Aux examens de la Licence nous pourrions nous attend!'e a
compter un plus grand nombre de candidats. Une mesure, pleine
de sollicitude pour l'avenir de nos jeunes maîtres, leur impose
depuis quelques années l'obligation de prendre le grade de Licencié, et, à ce prix, leur assure l'avancement. Pourquoi donc
ne répondent-ils pas avec plus de confiance el d'ardeur à cet appel
d'une administration bienveillante? Quelques-uns, je le sais, intimidés par la faiblesse de leurs premières études, et effrayés de la
distance qui les sépare encore du niveau de l'épreuve, ajournent
dans un avenir indéfini de s'y présenter, pour mieux assurer,
disent-ils, par une longue préparation le succès de l'épreuve. Je
loue leur prudence, en les invitant toutefois à se défier de ces
·échéances trop lointaines, et à fixer à leurs efforts un· but· plus
�3.6
vmsm. D'autres, qui trouvent la route longue et difficile, aiment
mieux s'asseoir par terre, et se .croiser les bras. Sur quoi comp:..
tent-.Hs? sur l'avenir? mais l'avenir ne sera que ce que nous l'aurems fait. Levez-vous doue, vous qui dormez. C'est maintenant le
temps propice : co11sen.tez à faire un effort. Aidez-vous seulement,
et le ciel vous aidera. Nous vous tendons la main .. Vous tous,
jeunes gens, qui avez la noble ambition de faire votre carrière
par le travail, et de devoir votre avancement à votre mérite, vous
trouverez en nous des guides, des conseillet·s, des àmis. Le Ministre excellent , dont la perte laissera parmi nous d'éternels
regrets, et qui s'intéressait plus à vous·, que v«;ms-mêmes, en
vous obligeant à être Licenciés, a voulu vous en faciliter les
moyens. Il a demandé aux Facultés de vous consacrer une partie
de leurs leçons. Déjà, dans notre intérêt . pour vous, nous
l'avions prévenu. De votre côté, sacbez profiler de ces ressources. Nous invitons ceux d'entre vous, qui habitent cette
ville, à entretenir désormais avec nous des relations de travail
plus assidues encore. Quant à ceux qui sont au loin, et ne peuvent fréquenter nos
qu'ils nous écrivent pour nous
envoyer les fruits de leurs études solitaires, et réel a met· à ce sujet
nos conseils. Nous aimerons à étendre pour eux le cercle de cette
direction spirituelle, que, depuis nos débuts ici, nous avons commencé à instituer par correspondance. Le niveau des examens de
Licence, qui se. relève sensiblement en cette Académie, témoigne
lissez de la salutaire influence que la Faculté exerce ainsi, de
ou de près, sur la studieuse jeunesse qui s'y prépare. Nonces disciples plus fidèles de notre enseignement y ont
'trouvé ull succès
mais je puis ajouter encore, pour la.
dernière session, que les candid.ats, qui en sont sortis les premiers,
MM. Jacoulet et Gœury, se serahmt présentés avec honneur à
Paris, en concurrence même avec les élèves de l'E.cole Normale
supérieure, et auraien.t su s'y maintenir dans un rang distingué.
Que leur exemple éveille chez les autres l'espérance et une heucense émulation. Voilà le plus éloquent appel, que nous leur
puissions adresser. Mais, avec eux, nous convions à nos Confé...,
renees tous les jeunes gens qui ont gardé de leurs études le goût
�37
des ·lettres, et qui croient· a voir intérêt, pour· léur carrière;- à
s'exercer dans l'art d'écrire, et à sc· familiariser avec les .maitres'
de la pensée humaine. Candidats à la Licence, ou auditeurs libres,.il suffit d'aimer les lettres, pour être des nôtres, et de travailler;,
pour avoir droit à tous nos·
BACCALAURÉAT,
le·
Les candidats au Baccalauréat ès' Lettres n'ont pas dépassé
nombre total de :103. C'est quatre d'e plus que l'an dernier. Mais
si le nombre {les candidats demeure à peu près stationnaire, leniveau moye11 ,.de leurs études semble s'élever. Nous aimons à,
constater chaque année une préparation pl'us solide, un fonds plus.
vrai de connaissances acquises. Ainsi commence à se faire sentir·
le résultai de la mesure, qui, au lieu d'acheminer pêle-mêle tous
les élèves de nos Collèges vers unBaccalauréa't unique, a partagé·
en deux sections la division des classes
Avec ce large.
débouché ouvert aux élèves, qu'une vocation plus ou moins mar·.
quée entraîne vers les sciences et leurs applications, il ne reste.
plus dans la section des lettres qu'un bataill'on sacré, réduit sans.
doute, mais choisi ; et le Baccalauréat ès Lettres, destiné
à
ne pllls consacrer qu'une élite, reprend sa véritable valeur. SUJ>
les :103 candidats quise sont présentés dans les diverses sessions,
48 ont été admis, et !57 encore ajournés. Pnrn:li ces derniers,
seulement, après avoir franchi les épreuves écrites; sont' venus,
échouer à l'examen oral ; les 43 autresc avaient été condamnés"
sur leurs compositions· écrites seulement. C'est que· ces composi<.
ti ons seront toujours à nos yeux le fondement de l'épreuve, et fa,
plus sûre garantie d'études classiques, aussi pt>ennent-eHes dans noS..
jugements une importance souveraine. L'examen oral a cel'taine;;_
ment sa valeur : mai!;il est trop facile encore,, avee une' mémoire·
heureuse et le manuel, de faire ici illusion par une prépar·Mion,
artificielle. Mais une composition; et surtout, la dissertationtatJ:ne,
nous livre du premier coup le secret des études d'un candidat·.
Combien, à la dernière session d'août; combien de jeunes gens
ont fait naufrage sur cet écueil? Les échecs se sont multipliés,
parce que l'aveugle fortune, qui décide pour les sujei.S de comp<i·
�38
silion éntre le latin el le français, s'est obstinée à ramener presque
toujours l'obligation d'écrire en latin. Sans doute il est regrettable·
qu'une alternative d'une si grande conséquence soit livrée au hasard. ]}'Jais nous avons souvent demandé, et nous espérons obtenir que désormais toutes les chances de l'examen soient égales
pour tous les candidats, et qu'on s'en tienne uniquement à la
dissertation latine, qui seule, pour témoigner des études classiques,
p.eut avoir une.siguification complète et décisive. Quoi qu'il en
advienne, jeunes gens, qu'eu attendant, cette leçon de nos examens vous instruise. Cessez. de vous soucier autant du
brûlez vos 1\ianuels; pour mieux préparer votre baccalauréat, ne
vous en préoccupez pas autant que vous le faites. Ne songez qu'à
faire de bonnes classes, à profiter des leçons de vos maîlres, à
former votre goût par des lectures désintéressées, à cultiver enfin·
les lettres pour le plaisir de vous instruire; et le reste vous sera
donné par surcroît.
Parmi les 48 candidats admis au grade de Bachelier ès Lettres,
de.ux seulement l'ont été avec la mention Très-bien; ce sont l\IM.
Félix, de Remiremont, et Gérard, de Nancy. Cinq autres out été
reçus avec la mention Bien; ce sont MM. Gebhart, Rossignol, de
Roche, Bouché et Larzilière. Tout le reste n'a obtenu que la modeste note Assez bien. On nous trouvera peut-être bien avares de nos
distinctions. Mais ce n'est pas parti pris chez nous, afin d'en rehausser la valeur; c'est que trop peu de candidats aujourd'hui sont
en état de satisfaire également à toutes les questions de l'examen,
comme le règlement l'exige d'eux, pour obtenir ces mentions plus
parfois dans tout le resle de l'épreuve, ils
honorables.
se montrent trop souvent mal,préparés dans les questions qui
touchent à la philosophie et aux sciences. La cause de ces déplorables lacunes, vous la connaissez, Messieurs. A peine en Rhétorique, parfois même en sortant de Seconde, on voit les m'eilleurs
élèves 'éle nos Lycées accourir avec une folle impatience au Baccalauréat. Pourquoi tant se hâtet· '? Pourquoi se privent-ils inconsidérément, en précipitant leur examen, des ressources qu'ils
devaient trouve1· 'dans leur dernière année d'études, pour s'assurer
un succès plus complet? Ah! je le sais. Ils veulent en finir plus
�39
vite avec le Collège; ils déclarent que, pour lê11r èàrrière, ils
n'ont que faire de cette logique et de ces sciences mathématiques
et physiques, dont cette dernière année est encombrée. Impru:..
· dents, vous ne comprenez pas assez ce qu'à l'âge où vous êtes,
un sérieux enseignement philosophique pourrait donner de solidité à votre esprit et de fermétè à votre caraclère; vous ne savez
pas combien un cours de mathématiques peut servir à discipliner
la pensée; et quant à l'histoire naturelle, à la physique et à la
chimie, rassm·ez-vous , on ne vous en apprendra que ce que
tout homme bien élevé est tenu rigoureusement de savoir anjour·
d'hui, pour ne pas demeurer en dehors des grandes choses de son
siècle. Comment n'êtes-vous donc pas plus curieux de connaitt·e? Et
pourquoi ne rencontre-t-on pas plus souvent chez nos bons élève$
la louable ambition, non-seulement de réussir à la fois dans les
sciences et dans les lettres, mais !1Ussi de montrer qu'un jeun!;)
homme intelligent et studieux peut facilement atteindre à la fois
aux deux Baccalauréats.
ENSEIGNEMENT.
maintenant,
au tableau de notre enseigne•
ment.
PHILOSOPHIE.
Il a été jusqu'ici dans la destinée de notre chaire de Philosophie, de changer souvent de maitres. Le talent de ceux qui
en étaient chargés les faisait bientôt appeler sur un plus grand
lhéàlre. Vous avez tous regretté avec nous l\'1. Albert Lemoine,
ce sage consommé de trente ans, qui par sa haute raison, son
amour profond du vrai et du bien, son exquise mesure, comme
aussi par sa pat·ole si nette, si ferme, si égale à sa pensée et si
lumineuse, avait conquis sur nos âmes un ascendant souverain.
Il laissait un héritage difficile. Mais comment se défendre contre
le jeune maître qui est venu le remplacer, et qui tout de suite nous
a étonnés et dominés par la vigueur généreuse de ses convictions,
le mouvement de son esprit, la grâce et la vivacité éloquente de
sa parole? l'out d'abord on a dù reconnaitre en lui un apôtre de
�40
la vraie philosophie chrétienne. Pour M. de Margerie, enseigner
es.t un ministère sacré; quiconque a l'honneur de monter dans une
chaire et d'y élever la voix parmi les hommes dGit s'en servir,
pour rappeler à ceux qui l'écoutent ces grandes vérités morales,
que notre siècle, dans son étourdissèment, oublie trop aisémet;lt.
Mais croyez-vous, que, pour rester docile à l'autorité chrétienne,
ilvestreigne le champ ·des questions philosophiques, et réduise
l'espl'Ït hu.main à un rôle subalterne? Tout au
il a
tô.t prouvé, que la raisoo humaine, en se subordonnant à la foi
Jleligieuse, y tro.uv:e un p.oint d'appui et une force nouvelle, et
qu'elle peut désormais ava.ncer avec d'autant plus de hardiesse
dans sa voie, qu'elle y est guidée par des principes plus solides.
Elle marche alors d.ans la lumière venue d'en haut, au lieu d'errer
à la lueur doutèuse de sa propre clarté, qui la laisse à chaque
instant incertaine, éperdue, sur le sol mouvant des opinions et
des contradictions humaines.L'imuée dern.ière, le Profess.eur ayant
à prendre le sujet de son cours dans la morale, a traité de l'Education; avec quelle élévation de vues? vous le
II a rendu
â l'éducation morale toute sa grandeur, en montrant qu'elle est
le travail de perfectionnement, que l'homme doit sans cesse opé-.
rer sur lui-même, pour atteindre au but suprême de ses destinées.
Or, si Dieu, qui est le principe de nos âmes, est aussi la seule fin
qui en soit digne, l'homme doit s.'attacher à développer en soi
nobles facultés, qui sont comme la. marque de son origine céleste,
et à cQmbattre au contraire ces. penchants égoïstes et bas} qui se
di,sputent son cœur, rabaissent sa pensée vers la terre, et en arl;'êlent l'élan vers son bien suprême. Ce travail sur soi-même, c'est
l'éducation, que chaque homme est tenu de se faire pour son
compte; éducation de tous les jours, et qui ne s.e termine qu'à la
mort ; car chaque pas dans la vie nous met en présence de nouveaux devoirs, et exige de nous un nouvel apprenti;;sage. L'éducation, comme l'entend ]}1. de ])iargerie, c'est donc dans l'ordre
moral ce progrès continu, qui est la loi de notre existence .ici-bas •
.A quelque hauteur cependlUlt, que le professeur relevât. son sujet,
nous admirions, comme il savait dans les applications demeure!'
.
pratique, et accommoder son enseignement à l'état actuel de nos
.
'
�41
Jllœurs et à nos
sociales, tout en rameÎl,anLsans cesse
devant nos yeux l'exemplaire éternel et idéal du bien •. _:._. Cette
année, où le programme l'invite à étudier quelque grande époque
de la pensée philosophique, M. de
se pro(lose de nous:
retracer l'histoire de la philosophie chrétienne, depuis les temps héroïques où eUe prit naissance a.u milieu des persécutions, jusqu'à
cet incomparable XVII•siècle, qui vitla philosophie enfin délivrée,
des liens de la scolasti{}ue;. mais toute pénétrée encore de la pensée
chrétienne, associer dans une merveillèuse harmonie la raison et la
foi, et, présidant à l'épanouissement du génie français.àcette époque,
marquer de sa noble empreinte les plus belles productions de
littérature et de l'art. Le sujet est immense sans doute; mais le.
Professeur s'attachera surtout aux t.r.ois époques principales,
aux trois grands noms qui dominent toute cette histoire, Saint
Augustin, S.aint. Thomas, Bossuet, lesquels semblent se donner la
main à travers les siècles, pour fonder cètte école d'infaillible
sagesse. Voilà certes, Messieurs, une admirable carrière à parcourir; et nous ne doutons pas que le talent du Professeur, autant
pied de sa chaire son
que 17intérêt même du sujet, ne ramène
auditoire nombreux el fidèle.
HISTOJRE.
. M. Louis Lacroix avait entrepris. de nous retracer l'année der""
ni ère les envahissements de la civilisation européenne dans les
Indes orientales, depuis le jour où Vasco, un téméraire de génie,
ouvt>ait à travers des océans inconnus les routes nouvelles qui
devaient rapprocher deux mondes, jusqu'à l'époque actuelle, où
nous voyons les derniers débris de l'empire Mogho,l absorbés, par
l'âpre domination de la compagnie Anglaise. Dans ce tableau, le
Professeur se plaisait à mettre en regard le génie de progrès, qui
anime les races occidentales, filles du christianisme, avec l'éternelle immobilité, qui semble· enchaîner les nations de PAsie dans
les vieux cultes des premiers âges. Mais surtout·, à côté. des irrésistibles conquêtes accomplies par. le démon de la guerre, de la
politique ou du commerce, il aimait à nous raconter les pacifiques
conquêtes de la pai:ole évangélique; et à mesm·e qu'il pénétrait,
�42
à la suite des aventuriers de la con-voitise ou de la charité, dans
quelqu'un de ces vieux empires de l'Asie condamnés à périr, il
se hâtait, avant leur chute, de nous donner une esquisse de leur
état social, religieux ou politique; et de nous montrer Je genre
d'influence, que leurs envahisseurs Portugais, Hollandais, Espagnols, Français, Anglais, y avaient successivement exercée, selon
la diversité de leur génie. Il ne reculait pas non plus devant aUcune des questions importantes, qui s'offrent à chaque pas dans
une pareille histoire, au sujet des destinées générales de l'humanité, et du rôle que le Christianisme est appelé à jouer dans l'extension de la civilisation; graves et difficiles problèmes sans doute,
mais qu'il est toujours intéressant de poser, alors même qu'on est
impuissant à les résoudre. -Cette année, le sujet de Cours qu'il a
choisi, n'est pas moins fécond en enseignements élevés. Il revient
en France, et se propose de vous en exposer l'histoire aux XVIe et
XVII• siècles; mais à cette époque déjà, la France est comme le
cœur de l'Europe et le centre commun de la vie des peuples. Si
ce n'est pas la France qui prend toujours l'initiative dans le mouyement ardent, qui semble à cette époque entrainer le monde vers
de nouvelles destinées, c'est elle qui y jouera le principal rôle.
Dans ses aventureuses expéditions d'Italie, elle montre déjà, combien au lendemain de la désastreuse guerre de cent ans, elle renferme de séve et de vie prêtes à déborder au dehors. Son ambition excite entre elle et la maison d'Autriche une rivalité, qui va
pendant ce grand conflit, couve
embraser l'Europe entière.
dans l'ombre, au sein même de l'Église, le germe d'une autre lutte
bien autrement acharnée et sanglante, et où il ne s'agit plus seulement de l'ambition des princes et de l'équilibre des états, mais
ou tous les fondements religieux et politiques, sur lesquels reposait la vieille société, sont ébranlés. Luther a inauguré le rationalisme dans le monde. On sait combien la France surtout fut
déchirée par ces guerres civiles et religieuses, qu'avait provoquées
l'apparition du protestantisme. l\lais enfin lieury IV profita de
l'épuisement des partis, pour y mettre un terme. 1\'I. Lacroix exposera avec détail la restauration politique et administrative de
la France, éommencée sous les auspices de ce prince habile, con-
�43
ti nuée par le génie de Richelieu, et. qui doit aboutir à la.sp1endeur
et à la puissance de Louis XIV. Il s'arrêtera en partic.ulîer 'au
tableau de ce règne, qui semble avoir pour un temps réconcilié
dans sa majestueuse unité tous les éléments qui fermentaient dans
la confusion de l'âge précédent. Cette histoire, .sans doute, a été·
souvent refaite : mais elle pourra l'être souvent encore avec
avantage. Elle ne saurait être de sitôt finie; car les événements
des siècles suivants viennent l'éclairer chaque jour d'une lumière
nouvelle, et nous en faire sentir les conséquences prolongées.
Combien, en effet, de questions sociales ou religieuses, soulevées
par le XVI• siècle, et auxquelles le XVII• n'a donné qu'une solution provisoire, jusqu'à ce que la révolution française les tran-.
chât violemment? combien d'autres, sous le poids desquelles notre
âge se débat encore douloureusement, et dont le secret redoutatable se cache encore dans les mystères de l'avenir? A mesure que
le temps marche, l'horizon de l'histoire s'étend, les points de vue
changent. C'est ainsi que le progrès de la vie nous instruit à modifier les jugements de notre jeunesse.
UTTÉRATURE ANCIENNE.
M. Emile Burnouf a consacré le premier semestre de son cours
à compléter son tableau du génie et des arts de la Grèce au siècle
. de Péri clés. Après avoir étudié successivement les progrès de
l'histoire avec Hérodote, Thucydides èt Xénophon, il s'est ensuite
attaché aux philosophes, ou plutôt à Platon, dans lequel il s'est
plu à considérer principalement l'artiste inspiré, qui, après un
siècle de chefs-d'œuvre, en révèle la divine théorie, et, ravi sur
les ailes de feu de son génie, en va dérober les secrets jusque
dans le sein de Dieu. Au deuxième semestre, il nous a transportés
dans l'Italie antique, et nous a montré Rome) au premier contact
de la Grèce, comme éblouie de la splendeur de cette civilisation
étrangère, s'abdiquant en partie elle-même pour se parer des arts
et des sciences des vaincus. Lucrèce devait d'abord attirer ses
regards, comme l'un des plus anciens et peut-être le plus grand
des poëtes de liome,
qui tout en développant dans ses
vers les sombres et désolantes doctrines d'Epi cure, nous ravit à
�44
sun enthousiasme, ou remue si profondément nos âmes, suit qu'ii
célèbre avecivresse les conquêtesde la ràison humaine, soit qu'il
contemple les spectacles de la nature avec une voluphieuse et
irrésistible mélancolie.- Cette année,le profess.eur va poursuivre
cette histoire des lettres en Italie. Il étudiera
les essais
d'épopée nationale, qu'y provoque l'exemple d'Homère, depuis
Ennius jusqu'à Virgile, et simultanément les efforts impuissants
des vieux poêtes Latins, pour transporter et naturaliser sur.le. sol
du Latium les merveilles de la tragédie Athénienne. Rome sera
plus heureuse dans ses tentatives, pour s'apprnprier les idées philosophiques des Grecs, et imiter leurs compositions historiques.
1\'Iais la philosophie même, pour se faire accepter de ce peuple
romain, qui cherche partout l'utilité pratique, devra descendre des·
hauteurs. de la métaphysique et se borner à la mouale. C'est dans
l'histoire seulement, que le génie Latin pourra vraimentrivaHser
avec le génie Grec : Aussi Salluste, Tite-Live,, Tacite arrêterontils de préférence le Professeur. Ce n'est pas, néammoins, qu'en
embrassant un si vaste cadre, il puisse entrer dans la èrilique
taillée de tant de grandes œuvres. Il se propose surtout d'y rechercher les traits propres du génie romain, en opposition avec
Je génie de la Grèce, qui a élé jusqu'ici l'objet de son étude.
Comment se fait-il que Rome, si supérieure par son esprit politique, ses lois et ses mt;eurs, semble impuissante pour· tout ce qui
tient aux arts, et végète dans la
jusqu'à ce qu'éveillée
enfin au souffle de la Grèce elle cherche à s'approprier les œuvres
de cette dvilisation brillante, qu'elle copie avec une docilité plus
ou moins maladroite? Jusqu'à quel point, en prenant au peuple
G-rec, avec ses autres dépouilles, ses sciences. et ses arts, a-t-elle
su les assimiler à sa propre raison, et accommoder à son esprit
positif ces libres créations de l'imagination hellénique? De quelle
manière enflu, ces productions de la Grèce, importées sur le sol
du Latium, s'y sont-elles encore transformées sous l'influence des
révolutions survenues dans l'état politique, dans> les croyances
religieuses. et dans les mœurs, depuis les guerres puniqueS; jusqu'à la chute de la République? C'est à ce point de vue, bien
digne des méditations d'un homme de goût et d'un sage, que
�45
M. Burnouf étudiera surtout le développement des leütès
Combîen il sait, .avec ces aperçus élevés et ces comparaisons littéraires, rajeunir les études dè l'antiquité classique, c'est ce que
peuvent apprécier seulement les auditeurs de son éours. Son érudition, aussi variée qu'étendue, lui offre à chaque pas les rapprochements les plus curieux. -Du reste, l'activité originale de son
esprit ne se déploie pas seulement dans son enseignement. Pendant qu'il nous apprend à gauter mieux les littératures grecque et
latine, il envoie à l'Académie des sciences un Mémoire sur la
vitesse de l'électricité ; il publie un ravissant épisode du Mahâbâ.rata, l'histoire de Nab; et prépare l'impression d'une grammaire
sanskrîte élémentaire, où il ramène le mécanisme de cette langue
primitive à ses lois les plus simples, avec un instinct du génie des
langues qui semble un héritage dans sa famille.En mêmè temps,nous
voyons paraître de lui un vaste plan de l'antique Athènes, où il
relève, avec une scrupuleuse sagacité, sur les rochers qui entourent
l'Athènes moderne, les moindres traces des anciennes construc.:..
tions. Il semble ainsi, qu'après avoir fait un plus long séjour que
nous en Orient, il se charge d'acquitter pour tous la dette de la
science.
LITTÉRATURE FRANÇAISE.
Dans ce cours; nous avons entrepris de retracer depuis le commencement l'histoire des lettres en France. L'an dernier, nous
exposions leurs variations et leurs progrès tumultueux au milieu
des tempêtes religieuses et politiques du XVIe siècle.• C'est avec
complaisance que nous nous arrêtions au spectacle de cette époque,
qui a tant d'analogie avec la nôtre, et où il est si intéressant d'observer l'influence des événements· sur les œuvres de la pensée;
nous étions curieux d'assister ainsi au laborieux enfantement du
monde moderne. Où pouvait-on d'ailleurl) mieux suivre qu'en
Fran.ce cette lutte. opiniâtre engagée entre le gènie de l'avenir et
le génie du passé? La ,France est destinée à être éternellement le
foyer d.es idées, le champ de bataille dès principes; c'est là sur\out qu'on vit ·aux· prises l'esprit de nouveauté avec la tradition,
�46
Ja raison avec la foi, les théories démocratiques avec les vieux
préjugés de la monarchie, la civilisation payenne avec les croyances catholiques, et le génie national comme subjugué par l'imitation de l'antiquité ou de l'Italie. Nous nous sommes assis, pour
ainsi dire, au bord de ce confluent orageux, où tous les courants
de la civilisation antique et moderne, l'art des anciens et la pensée
du moyen âge, la philosophie chrétienne et la sagesse retrouvée
de la Grèce et de Rome, venaient se réunir, pour former sous
Louis XlV ce grand et majestueux fleuve, où l'Europe toute en;.
ti ère a puisé.-Après avoir ainsi amené cette histoire jusqu 'au seo il
du grand règne, c'est là, que, cette année, nous nous proposons
de la reprendre. Nous sommes enfin a-rrivés à l'heure incomparable, ou l'esprit français, comme s'il eût rencontré pour un instant, entre les influences divet·ses qui Je sollicitaient, l'harmonieux
équilibre qui convenait le mieux à son tempérament, maitre
enfin de lui-même, va prendre son puissant essor, et enfanter
cette littérature glorieuse, dont la France peut avec orgueil opposer la splendeur aux plus beaux siècles de l'esprit humain. Nous
comptons passer l'année entière dans la compagnie des beaux
génies de cette époque. Est-ce trop? Pour nous, après avoir
goûté de leur noble commerce, nous voudrions ne les quitter plus
jamais.
UTTÉRATURE ÉTRANGÈRE.
M. Alfred il1ézières retraçait l'an dernier l'histoire de la Poésie
. en Angleterre, depuis Chaucer, jusqu'a la fin du XVIII• siècle .
. L'époque de la reine Anne, où la littérature Anglaise est à son
tour entraînée dans l'imitation de la France; mais particulièrement le temps d'Elisabeth, où le génie britannique, fécondé par
l'antiquité, avait éclaté en productions si originales, l'ont de préférence arrêté dans sa revue. Shakspeare, surtout, l'a retenu.
Une fois que cet enchanteur vous tient, comment s'en déprendre?
l\fais quelle étude, d'ailleurs, plus intéressante et plus instructive,
que de comparer ce glorieux choryphée du drame romantique
avec les maîtres de notre scène? et comme ici, tou(es les grandes
questions de l'art venaient s'offrir en foule au Professeur? -Celle
�47
année, c'est l'Allemagne, que ce jeune maître cosmopolite a eliolsiè
pour le sujet de son cours, la mystél'ieuse Allemagne, 'qui, bien
que notre voisine, se dérobe plus à nos yeux par les étrangetés
de son génie, et la demi-obscurité qu'elle aime à laisser floUer sur
ses œuvres, que si elle était
aux confins du monde. Car
ne dirait- on pas, au tour contemplatif et rêveur de son imagina.-. ·
tion, à son caractère à la fois enthousiaste et impuissant, au
timent si mélancolique qu'elle garde de la 'poésie de la nature, à
sa langue enfin, vraiment primitive, el si propre à retenir dans le
clair obscur les vagues aspirations de sa pensée, ne dirait-on pas,
que la race germanique est encore assise aux bords du Gange, qui
fut sans doute son berceau? Le. professeur s'efforcera de nous
initier aux secrets de ce génie si éloigné du nôtre. Laissant derrière lui dans la nuit du moyen âge les chants des Minnesiingers,
il commencera l'histoire de la Littérature Allemande au moment,
où Luther, d'une plume hardie, s'adressant dans leùr langage aux
peuples qu'il veut soulever, fait de ce jargon populaire, jusqu'ici
délaissé, une langue désormais propre à l'éloquence et à la poésie.
Il passera rapidement sur le siècle suivant, où la
.Allemande
pour arriver au.
ne sait encore que copier gauchement la
XVIII• siècle, où l'on voit enfin l'Allemagne, à force d'érudition,
de critique et de patriotisme, se créer une littérature nationale.
·Le Suisse Bodmer a donné·Ie signal. A sa voix une jeunesse géné·
reuse a tressailli. Voici le jeune Klopstock, qui essaie d'accorder
la harpe des vieux bardes, ou de répéter dans sa langue les can•
tiques du ciel : voici Wieland, qu'on a nommé le Voltaire de l'Allemagne; voici Lessing, 'Yinckelmann, Herder, qui apportent du
génie dans la critique; Schiller et Gœthe dominent le groupe, et
forment à eux seuls toute la poésie classique de l'Allemagne. Ces
maitres de l'art germanique, les deux derniers surtout, seront
étudiés, avec respect à la fols et liberté, dans leurs théories aussi
bien que dans leurs œuvres. Il y a chez eux de quoi justifier l'admiration de leurs compat!'Ïotes. Mais, tout en cherchant à vous<
faire goùter tout ce qu'on découvre souvent de rêverie profonde,
et de sentiment exquis de l'invisible, dans les conceptions et le langage de celte poésie, le professeur fera justice de cette vague et
�48
ambitieuse phraseologie, par
les. écrivains d'outre-Rhin
se font souvent illusion à eux-mêmes; il dissipera ce vain mirage,
qui n'est propre parfois qu'à dissimuler une idée commune, et
fera evanouir à la pleine lumière beaucoup de pensées, qui ne
semblaient profondes, que parce qu'elles restaient plongées dans
les ténèbres d'une expression énigmatique.
ECOLE DESSCIENCES APPLIQUEES.
Dans ce tableau d'ensemble des Cours, que la Faculte des Let•
tres ouvre au public de cêtte ville, ai-je tout dit? Non,
Outre cet enseignement principal, outre ses Confet•ences pour la
préparation de la Licenèè, la Faculté a pris amplement sa place
Dès
dans les Cours qui se font à l'École des sciences
J'an dernier, M. Lacroix a bien voulu s'y charger du Cours d'his•
toire de France; pour moi, je me suis réservé le Cours dè
rature. Cette collaboration cependant n'a produit jusqu'ici qrie dès
résultats médiocres. C'est que nous n'avions pu d'abord, à l'imita•
tion de nos collègues, transporter nos Cours à la fin de la journée,
et, comme eux, y convier librement les jeunes gens de cetté ville,
curieux de s'instruire, mais qui, èngagés ·déjà dans les carrières
industrielles, et absorbés tout Îe jour par le travail dé leur pro.;.
fession, n'ont qu'au soir le loisir de venir chercher ici l'instmction
qu'on leur offre. Cette année, nous suivrons l'exemple de nos
collègues : nos Cours spéciaux se feront le soh·. Nous sommes
trop frappés de ce que l'enseignement scientifique laisse de Iàcunes
dans l'esprit, et offre même de dangereux, quand ii n'est pas
complété par l'enseignement littéraire, pour que nous n'apportions pas tout notre zèle à ces nouvelles fonctions. Comment,
d'ailleurs, ne pas être
de l'ardeur et de l'intelligence, avec
lesque1les la jeunesse de cette ville a répondu à l'appel généreux
qu'on lui faisait? Quoique des cours d'histoire et de liftérature ne
semblent point leur promettre la même utilité immédiate, nous ne
doutons pas neanmoins, que ces studieux jeunes gens ne goûtent
ces fruits d'une autre nature, qu'ils en doivent retirer. Artistes,
industriels, commerçants, ils sont en outre citoyens et fils de la
patrie française; et, à ce titre, ils sentiront qu'ils sont tenus de ne
�49
point rester étrangers au passé de la France. Tous
dront, que, s'il y a un art de mieux exprimer ses pen,sées, tout
Je monde est intéressé à s'en instruire. Ils apprendront du. même .
coup à goûter le commerce de ces esprits d'élite, auprès desquels
l'âme s'agrandit, en même temps que l'esprit s'éclaire, et pourront
reconnaitre combien l'homtrte, si grand par les conquêtes de la
science sur les forces de la nature, est plus grand encore par ses
découvertes et ses créations dans l'ordre moral.
Plus notre siècle devient positif, plus notre vie s'enferme dans
une médiocrité monotone et vulgaire, et plus nous avons besoin,
pour relever notre âme et en maintenir l'équilibre, de nous ménager comme un refuge, où nous puissions par intervalle respirer
un air plus pur, et retrouver quelque chose de ce monde idéal,
auquel notre cœur aspire toujours, comme soulevé par le mystérieux mais irrésistible sentiment de sa divine destinée, .et dont il.
poursuit en -vain le fantôme à travers les choses d'ici-bas. Or, cet
asile nécessail·e, où donc
le trouver, aux heures
fatigue et d'aridité'? sinon dans la culture d.es bonnes lettres et
l'entretien de ces écrivains de génie, qui .n'ont été si grands, que
parce qu'ils ont su pénétrer plus avant dans les mystères de notre ·
nature morale, ou saisir et révéler aux hommes dans un divin
langage quelqu'une des éternelles vérités? Aussi, vous tous, que
le mouvement des affaires et la frénésie des spéculations ne
raient entièrement absorber, vous qui ressentez parfois un dégoût
salutaire de la vie commune et l'inquiétude de l'idéal, venez, et
vous trouverez dans le commerce des lettres ce doux refuge, que
vous souhaitez. Que nos Facultés soient pour vous comme ces
lieux d'asile que l'Église, au moyen âge, ouvrait non-seulement
aux proscrits du monde, mais à tous les cœurs tristes, qui venaient
s'y recueillir et s'y retremper, pour rentrer ensuite plus forts à la
fois el plus doux dans les luttes de la vie. Pourquoi donc le Gouvernement, au moment même où il donnait aux sciences positives
et à leurs applications une telle impulsion, s'est-il dans sa sagesse,
appliqué à restaurer et à multiplier sur le territ(}ire de la France
ces Facultés destinées à ranimer et à entretenir la religion des
lettres? C'est qu'il y vo,ait comme autant de sanctuaires consa-
4
�50
crés au culte des idées morales; et qu'il a
qu'après la
religion, rien n'était plus propre encore, que cè haut enseignement
littéraire, à contre-balancer les tendances matérialistes de notre
siècle, et a rappeler les esprits vers les régions sereines, oû germent les bonnes eUes grandes pensées. Jusqu'à quel point sommes-nous entrés, pour notre part, dans ce noble dessein du chef
d<e l'État, et du jeune et regrettable ministre, qui comprenait si
hien la vertu morale des lettres? vous avez pu l'apprécier
mêmes, 1\'Iessieurs. Nous ne sommes plus nouveaux·venus parmi
vous; et l'esprit qui préside a notre enseignement vous est connu.
Vous le savez ; si en étudiant les grands penseurs de tous les
temps nous essayons de nous rendre compte de leurs méthodes de
composition et des secrets de leur art, pour en faire notre profit,
nous nous attachons bien plus encore à remonter autant que nous
le pouvons, aux sources mêmes oû ils ont puisé leur inspiration,
et a nous pénétrer des nobles sentiments qui ont fait leur éloqu,ence;
ou à relever avec eux nos regards vers ces grandes idées morales,
qui sont comme les rayons de l'infinie beauté, et dont la contemplation a enflammé leur génie. Pour nous, en effet, nous sommes
convaincus que la beauté dans les arts n'est que le reflet du hien,
et que l'éloquence est une des formes de l'héroïsme. Et nous estimons qu'un Cours de littératm·e n'a qu'a demi rempli son but, si
ceux qui n'y sont venus chercher qu'un délassement d'esprit ou
une leçon de goût, n'en sortent pas en même temps meilleurs.
�RAPPORT
sun.
L'ANNÉE SCOLAIRE
PRÉSENTÉ PAR
DIRECTEUR
DE
L'ÉCOLE DE
M. En.
SIMONIN
MÉ.DEC1NE ET Dll. PHAIÜ!ACHI
AU
CONSEIL ACADÉMIQUE
DANS LA SESSION DE NOVEMBRE 1856
LE RECTEUR'
l\fESSEIGNEURS,
Lors des séances annuelles qùi ont précédé cette réunion, j'ai
eu l'honneur de vous soumettre les vues générales qui règlent
tous les détails de l'organisation de l'École et les décisions qui
ont, successivement, constitué un système disciplinaire regardé,
aujourd'hui, comme complet. Je puis donc vous parler de l'année
scolaire qui vient de s'écouler d'une manière plus large que par
le passé; je puis aussi être plus court.
Le 7 août i8M, une circulaire ministérielle enlevait aux écoles
de médecine le droit, reconnu depuis quinze années, de constater
définitivement les résultâts des examens annuels, et, en portant
une sérieuse atteinte à la considération de ces écoles, elle replaçait les élèves de première et de seconde année sous un contrôle
étranger. Cette décision, qui éloigna sur-le-champ de Nancy un
�grand nombre d'élèves 0 ), faisait prévoir, avec certitude, une
ruine prochaine de l'École; et l'on ne
être.ètonné que l'annulation de la circulaire,
avait eu, déjà, une conséquence si
fatale, soit indiquée avant tous les autres. faits qui se rapportent à
l'exercice 18!Hi-!'56. C'est d'ailleurs, aujourd'hui, un devoir de vous
faire connaltre .que M. le llinistre, mieux éclairé, n'a pas hésité
à accomplir, hautement, un acte de réparation et de justice, et
que, par un arrêté, en date du 18 avril18!'56, il a restitué aux
Écoles le droit de jugement définitif, lors des .examens de fin
d'année. Le sentiment de gratitude de l'École eût été exprimé
certainement, lors même que S. Exc. M. Fortoul eût encore pré. sidé aux destinées de l'instruciion publique , m.a.is la mort est
venue fournir la triste facilité de donner une libre expansion à ce
sentiment, en même.temps qu'une certitude de sa sincérité.
Bien que le péril qui vient d'être signalé n'ait été écarté, en
principe, qu'au mois d'avril dernier, l'École, attristée, n'en a pas
moins poursuivi la réalisation de plusieurs des améliorations prévues par le décret constitutif de décembre :18!'54. Ainsi, le· cadre
des huit professeurs titulaires a été complété, et le concours si
empressé de l'administration municipale a permis à
'Déchet
et Demange d'échanger le titre d'adjoint contre celui de professeur titulaire, que treize années de travaux à l'École de Nancy
leur avaient si bien mérité. Le nombre des professeurs suppléants
a été également régularisé, et, aujourd'hui, quatre professeurs,
cultivant chacun, d'une manière spéciale, certain43s branches des
connaissances médicales, sont chargés d'assurer, contre toutes
(1) Les élèves, pendant l'année 18tl!:l-li6, ont été au nombre de lili, divisés
ainsi qu'il suit :
fo EUJVes en médecine:
année, 18 élèves; 2e année, 18 élèves; 5e
année, 9 élèves.
2o Elèves en pharmacie: fre année,!) élèves; 2e et 5e années, li élèves.
Le chiffre des inscriptions a été, pour l'année entière, 174.
Sous le rapport du titre à obtenir, les élèves ont été divisés en : 57 futurs
docteurs; 8 futurs officiers de santé; 4,pharmaciens de :tre classe; 6 pharmaciens de 2e classe. - Des lili élèves, 29 étaient bacheliocs ès sciences, et de
ces 29 élèves, 6 étaient bacheliers ès lettres.
�53
les< év()ntualifés, la continuité de l'enseignement qui à ê'tè' confié
aux.- professeurs titulaires.· Il nëest pas besoin d'insister sur les
titres acquis par 1\1. le docteur Xardel, dans les fonctions de cheJ
de clinique, et qui lui ont vnlu la suppléance des cours de pathdlogie interne et de clinique médicale, car là vie de notre ho!'lorable confrère s'est passée au milieu de nous, depuis sa sortie dù
corps de la médecine militaire. Je dois, au contraire, vous faire
connaître M. le docteur Bastien, chargé de suppléer le profes·
seur d'anatomie et de physiologie, parce qu'il e'St cotnplétement
étranger à
Notre nouveau collaborateur, que des dëvoirs,
conlractés avant sa nomination à l'Écôle;rètiennent ëncore, pour
quelques semaines, loin de nous, a conquis, parmi les plus hautes
notabilités scientifiques, le renom d'un anatomiste sérieux, infa'-'
tigahle ; ·et ses·. préparations ont, par leur remarquable valeur,
contribué à enrichir le musée de la Faculté de médecine de Paris"
Une noùvelle fonction a, aussi, été créée à l'hôpitâl St..:Charlesi
et M. le docteur Eugène Bertin a été. nO'mmé c:lhef de clinique·
dans le service chirurgical.
Ces modifications heureuses, opérées dans le personnel en..i.
seignant, amènent, naturellement, à vous pai·ler, Messieurs, de·
celles que l'administration dMJhôpitaux civils à hien voulu rêâ-"
liser, en faveur des élèves, dans le régime intérieur de l'hôpital'
des cliniques. Des places d'internes•ont éte créées; tin règlement
a été rédigé pour donner à l'administration toutes les garanties,
de savoir, d'exactitude et de moralité quë 'l'on doit exiger danS;.
l'accomplissement de fonctions importantes, ët, en janvier
nier, à la suite d'un concours, 1\t Brocard a été nommé à l'hôpital St-Charles, au moment où la haute bienveillance de M. le
Préfet pour l'École appelait 1\f. Sizaret, l'un de ses élèves, à;
prendre place dans l'internat de l'asile public de Marévilla..
Nous sommes heureux. de voir d'honorables traditions se perpétuer parmi les élèves, et de pouvoir ajouter des non:is nouveaux,
à ceux qui, déjà, vous ont été cités, soit à l'occasion de nobles dévouements dans la pratique civile, pendant les diverses épidémies
de choléra, soit à l'occasioa de longs services rendus dans les
hôpitaux militairés qui ont reçu la moitié de nos élèves pendant
la campagne d'Orient.
�54
!
e!te glorieuse guerre a motivé une transformation des institutions médicales militaires qui est
pour l'École, le
motif de nouveaux devoirs, en vue de coopérer à une récente
organisation. Le gouvern.ement, convaincu que le nom de méde-,
cine militaire ne peut avoir de rapport qu'avec une institution et
non point avec la science qui est une et invariable, a voulu que,
désormais, l'unité vînt régner dans l'art médical, soit qu'il dût
s'exercer dans les cités, dans les campagnes ou au milieu des
armées. Il a compris que le médecin, ou le chirurgien, éclairé par
1,1n enseignement bien ordonné, et riche des leçons .de l'expérience clinique, était également habile à remplir son utile ministère sur tous les individus, dans toutes les circonstances et dans
tous les lieux. C'est, en conséquence de cette idée vraie, et par.
cela même. élevée, que le décret du 12 juin 18l'>6 a décidé que.
les jeunes gens qui se destinent à la médecine militaire
après deu:s. années d'études, soumis à un concours pour l'admis ..
sion dans le corps de santé, et qu'ils termin,eraient leur éducation
médic.ale et acquerraient les grades universitaires dans des centres
déterminés on, en m.ême. tem:ps, ils seraient formés à la. subordination qu'implique toute hiéra.rchie, et prendraient la connais.,
sance des règlements émanés de l'intendance.
C'est à la Faculté de médecine de Strasbourg, puis. au Val-de,.
Grâce, à Paris, que se rendent, aujourd'hui même, les élus à
la suite des concours, et nous savons que, dans la liste d'ad.mission, les élèves de Nancy, qui ont 11bordé les épreuves, ont
été. classés très-favorablement (1). Ces élèves vont ainsi, dans.
notre contrée, continuer la tradition de recrutement sérieu:s.
la rnédeci.ne militaire.
Admissions dans le corp$ de santé ..
(1)
1re année, à Strasbourg :
1\I.
1\<1.
BouRREIFF,
1\<I.
DuRAND.
CnATEJ.AIN.
2" année, à Strasbourg :
Au Val-de-Gràce de Paris:
SPILMANN.
�55
Ce n'est pas d'aujourd'hui seulement, en
que ·l'ÊMle -de
Nancy fournit des membres distingués ii ce corps, qui, depuis
Henry IV, s'est successivement élevé au degré de splendeur où
il est arrivé pendant les grandes guerres de l'Empire, et beaucoup de nos concitoyens
acquis, dans celte partie de l'armée,
une juste célébrité, en s'inspirant du dévouement de ce grand
Ambroise Paré, à qui le siège de Metz donna l'occasion de reconnaître, Je premier, le. traitement le plus convenable aux
blessures causées par les armes, qui, depuis l'invention de la
poudrt>, ont changé tonte la tactique militaire.
Au temps où quatorze armées françaises repoussaient les efforts
de la coalition europée·nne, un des hommes qui, déjà, comptait
au nombre des illustres chefs de la chirurgie militaire de cette
grande époque, Percy, qui, plus tard, devait compter parmi les
barons de l'Empire, adressait au chirurgien en chef des hûpitau)l:
civils et militaire de Nancy, un billet que je demande la permis..
sion de vous lire ; il contient une affirmation qui, je l'espère, me
fera excuser de citer• un nom propre : « Je salue bien cordiale...
ment mon estimable et cher confrére Simonin, et j'ai recours à
, loi pour avoir quatre ou six bons élèves de sa façon. L'espécc
) en est bonne à Nancy, et j'eus toujours à me. louer du choix du
» cher confrère, à qui je n'ai que le temps de faire d'avance mes
» remercîments et de dire que je suis tout à lui.
Le 10 vendémiaire an XIV (2 octobre 180l'î), Percy, devenu inspecteur gé...
néral à la grande armée, ruppelait uu fondateur de notre Êcole,
dans une longue lettre dont je conserve les expressions, les bons
collaborateurs fournis par ses soins et par ses leçons, et lui de.,;
mandait des jeunes g·ens instruits et en état de le seconder pen.,.
dant la mémorable campagne qui commençait; et J.-B. Simoniu
envoyait à Percy de ces élèves qul, ainsi qu'il se plaisait hli·wême.
à le dire, ne pouvaient lni donner que de la satisfactio,n.
Je regrette de ne pouvoir, ])lessieurs, vous parler plus long.
temps de cette brillante époque de la chirurgie militaire, t'appelée
surtout par les noms de Larrey, de Percy, de Desgenette, et je
m'éloigne, à regret, de ces mâles caractères que noh·e dernière
guerre a fait mieux comprend1·e, en montrant, dans les hommes
)>
�56
les vertùs et le savoir que nous admirons dans les
hommes d'élite pour lesquels la postérité est commencée, et que
appelait, à si juste titre, .ses braves chirurgiens. Aux
·uns comme aux auh·es, s'applique cette affirmation, contenue
d'àns le rapport de l'étàt-major, après la bataille d'Eylau: que les
chirurgiens de l'armée ont fait tout ce que la saison, le pays et ·.
les circonstances n'ont pas rendu physiquement impossible.
dant les deux: dernières années, n'avons-nous pas, en effet, con•
templê les plus hautes abnégations? Combien de fatigues surmontées par les chirurgiens militaires, lorsqu'après de longues •.
marches commençaient de nouveaux devoirs ! combien leur in..;'
leHigence ne s'est:..el!e point exercée, plus vive que jamais et
pendant de longs jours, après les sanglants combats dont ils ont
partagé les périls! et notre admiration peut-elle être assez grande
poùr ces confrèr·es héroïques, dont plusieurs furent nos amis 1
quand, après le bruit des batailles, dans le repos inquiet des
camps, au milieu de sinistres épidémies, ils cherchaient à relever
le moral de ceux dont ils séntaient qu'ils partageraient bientôt. la
triste destinée, en devenant, comme eux, la victime de fléaux
meurtriers ?
Mais il faut que je dise comment .l'École de Nancy veut que
l'espèce des médecins militaires, suivant l'expression de l'inspecteur général à la grande armée, reste bonne à Nancy. Le 25 du
dernier mois d'octobre, le chef éminent de notre Académie, toujours préoccupé des intérêts de l'enseignement médical, a rendu
officiel un nouveau règlement d'études qui offre aux futurs
rurgiens d'armée toutes les facilités nécessaires d'instruction, en
vue des concours d'admission. Cette catégorie d'étudiants, ainsi
que tous les autres élèves de l'École, recevront, dans les cours ,
de chimie générale, de
médicale, de physique, de botanique et de zoologie, fortifiés par des exercices pratiques, un
enseignement scientifique qui ne paraît laisser rien à désirer, par
suite de l'union de l'Ècole, plus intime encore q1.1e par le passé,
avec la Faculté des sciences. La coordination des dix autres
cours, consacrés spécialement aux sciences médicales proprement
dites, donnera, également, aux futm·s chirurgiens militaires, la
�57
connaissance de toutes ies parties de ces sciences dont ils doivent
faire preuve après deux années.
Grâce â ce nouveau programme, les élèves futurs officiers de
santé recevront, en trois années, l'instruction solide qui, aujourd'hui, est exigée d'eux, à si hon droit; et les élèves qui aspireqt
au"titre de docteur, trouveront, dans le nouveau cours d'études,
un parallélisme suffisant avec rensèignement des Facultés, et, en
quittant l'École de Nancy, à quelque moment que ce puisse être
de leur temps d'études, ils pourront renouer, dans les Facultés, la
chaine logique de leurs travaux, sans tâtonnements et sans perte
de lemps. De leur côté, les élèves en pharmacie et les sous-aides
le ministre de la guerre, en vue des
envoyés à Nancy par
facilités d'instruction qu'offre l'École, auront, à côté des cours de
sciences, l'enseignement de la chimie appliquée à la médecine,
celui de la iJ!atière médicale, et ils rencontreront, dans un cours
spécial de pharmacie, une théorie fortifiée par une habile pratique.
Je ne m'arrête, Messieurs, sur les résultats des examens de
fin d'année {1), ni sur le cbiffre::des peines prononcées (2), parce
que je dois, avant la proclamation des prix et des résultats des
concours, qui sera faite. tout à l'beure par !I. le professeur-secrétaire de l'École, vous dire quelques mots de la session ouverte
en septembre pour rexamen 'des quatre catégories de candidats
aux: titres professionnels (5), L'.Êcole a suivi avec fermeté la réso(1) lies notes données aux élèves admis· à l'examen de fin d'année, à raison
de leur
de scolarité, ont été les suivantes : 2 fois la note très-satisfait;
8 fois la note bien satisfait; 16 fois la note satisfait; 8 fois la note médiocrement satisfait; 1 fois l'ajournement.
(2) 28 fois un avis officieux a été envoyé ; 21 fois un avis a été rendu officiel ;
15 fois la réprimande officielle a été prononcée; 5 fois l'inscription trimestrielle
a été annulée.
'
(5) A la session de septembre 1856, cinq candidats se sont présentés pour
obtenir le diplôme d'officier de santé. Trois ont échoué au troisième examen,
les deux autres ont été J'eçus. avec les notes médiocrement satisfait et satisfait.
Ces cinq candidats étaient inscrits par département, de la manière suivante, au
point de vue de l'exercice: pour la Meurthe, 1 i pour la Moselle, 0; pour Ià
5; pour les Vosges, f.
"· Deux candidats pour le titre de pharmacien de deuxième classe se sont pré•
�lotion qu'éllè avait indiquée l'amiée dernière, à l'occasion des
certificats d'aptitude, de ne tenir compte que de -la capacité
prouvée par les examens, et elle a dû, â r!1gret, considérer comme
nuls deux
d'officiers de santé, délivrés par les Facultés
de Paris et de Montpellier.
En règard des faits qui concernent l'enseignement, ceux qui
se rapportent à nos collections doivent être rapidement indiqués.
Je signalerai, comme les plus importants, la création d'une riche
matière médicale elles accroissements opérés dans le laboratoire
de chimie, qui, d'après le yœu ex,primé par ll'I. le maire de
Nancy, reçoit, chaque année, tout ce qui doit le mettre en état
de répondre aux exigences créées par la session des examens des
futurs pharmaciens ( 1). Cette partie du matériel scientifique et la
collection de géologie viennent, il y a peu de jours, d'être
chies par suite d'un legs important fait à_I'É.cole par l'honorable
famille de M. Aimé Pariso.t.
Je termiae ce rapport, Messieurs, en émettant le vœu ardent
de l'École, qu'un nouveau, règlement ministériel, marquant nos
devoirs d'une manière plus précise, devienne l'occasion de nouveaux progrès. N'est..:il pas logique de- désirer qu-e tout élève reçoive, dans la même école, une instruotion première, progressive
et habiLement coordonnée, au lieu de quitter des cours, après en
avoir entendu des fragments qu'il va, peut-être, retrouver encore dans les Facultés, sans avoir la certitude d'y rencontrer, en
-temps o,pportun.,
des matières qui font lacune dans
sentés. Tous deux ont été
pour exercer d-ans le département de la 1\Ioselle;
avec les n_otes :_ médiocrement sa_tisfait et bien satisfait.
155 sas:es-femmes ont été examinées, et 6 ont
le dilllôme reçu à Paris,
contre le dt·oit d'exercice dans l'nu des 4 départements de l'acad·émie de Nancy.
Sous Je .rapp_ort de la résidence, les sages-femmes du 2• degré ont été réparties
de la manière suivante: 1\feurthc, 24; Moselle, Hi; 1\feuse, 10; Vosges, 10.
Aucun candidat ne s'est présenté pour obtenir le titre d'herboriste du 2• degré.
(I) 916 fr. ont été affectés à la matière médicale; 256 fr. 25 ont été attribués
à la collection de l'anatomie normale; 68 fr. ont servi à transformer le matéri'el
(le la collection de tératologie ct d'embryologie. Le laboratoire de chimie a reçu
C\1 181i4-.51S, (a somme totale. de 405 fr. 85, et en 1855-56, celle de 512 fr.
-,
�59
· son instruction? Après trois années passées dans les écoles de:
province, et qui doivent sufflt•e au futur officier de santé, deux,
autres années ne seraient-elles point suffisantes à l'élève futur
docteur, pour puiser dans les Facultés, avec une maturité d'appréciation qui lui fait
nécessairement, lors de ses pre.:.
mières études, des aperçus nouvea:ux sur les objets de ses travaux
antérieurs, et pour agrandir ses connaissances dans certaines
parties spéciales des sciences médicales? La justice rendue aux,
écoles de médecine, le 18 avril1856, après un examen
fondi, est pour elles le garant de la protection efficace qui doit,,
désormais, s'étendre, de plus en plus, aux travaux sérieux des.
centres secondaires, et elle donne le légitime espoir de voir le.
futur règlement d'études remplir la condition de résulter de la
natm:e même des choses que Montesquiel\ a indiquée comme la
de toute bonne législation.
��PRIX ACCORDÉS PAR S. E. M. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION
PUBLIQUE. -
MENTIONS HONORABLES. -
RÉSULTATS DES
CONCOURS.
Prix et lllentions honorables.
Les Professeurs de l'École de médecine, réunis en conseil, le o novembre 1856, ont décerné lès récompenses annuelles dans l'ordre
suivant:
1o ÉLÈVES EN MÉDECINE.
PREMIÈRE ANNÉE n'J,'lTUDES.
t•r prix. M. LAttElllENT (Edmond), de Nancy (Meurthe).
28 pri:.c. M. BERGÉ (Théophile), Lebeuville (Meurthe),
DEUXIÈME ANN1lE D'ÉTUDES.
Prix ex œquo.
M. BouRREIFF (Camille), de Nancy (Meurthe).
M. CHATEtÂIN (Gustave), de Blainville (Meurthe).
MenHon honorable.
M. GUÉNARD (Alphonse), de Cirey-le-Château (Haute-Marne).
Prix spécial pour la redaction des observations cliniques.
M. BouRIŒIFF (Camille), de Nancy (Meurthe).
Mention honorable.
M. GUÉNARD (Alphonse), de Cirey-le-Château (Haute-Marne).
2° ÉLÈVES EN PHARMACIE.
Prix unique.
M. VomttEMIN (Charles), de Bourmont (Haute-Marne), élève de
2• année.
Mention honorable.
M. REGULATO (Charles), de Sarreguemines (Moselle), élève de 2•
année.
�62
Résultats des Concours •.
A la suite du concours ouvert, le 1.4 janvier 1806, pour la plaéè
d'interne dans le service de la clinique chirurgicale,
M. BROCARD (Valentin), de Rogéville (Meurthe), a été nommé interne à l'hôpital Saint-Charles.
A la suite du concours ouvert, le 8 novembre 1836, pour deux
places de préparateur-aide des cours d'anatomie et de physiologie, ont
êté nommés:
M. BERGÉ (Théophile), de Lebeuville (Meurthe), premier preparateur-aide.
M. LALLEMENT (Edmond), de Nancy (Meurthe), deuxième préparateur-aide.
A la suitè dù concours ouvert, le 6 novembre 1856, pour la place
d'aide des cours de médecine opératoire etde déligation,
M. BERNARD (Prosper), de Montmort (Marne); a été nommé aide de
ces cours.
���Nancy, imprimerie de Grimlllot, veuve Rayhois et Comp.
�
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A name given to the resource
1856 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 novembre 1856
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-14.</li>
<li>Rapport de M. Gordon, Doyen de la Faculté des sciences. p.15-30.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.31-50.</li>
<li>Raport sur l’année scolaire 1855-56, présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie. p.51-59.</li>
<li>Prix accordés par S. E. M. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.61-62.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Text
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Title
A name given to the resource
Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1856
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
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Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
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Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
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040a8e1c2c5bfaf1f29a8b3a9d8a5be3
PDF Text
Text
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*)*"-=-/6!0,.'6*9"
"
"
!
�RENTRÉR SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
��UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.·
ACADÉMIE DE NANCY.
SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
Le 15 Novembre 1856.
NANCY,
GHBIBLOT, yR RAYBOIS ET ciE, IMPRIM.-LIBR. DE L'ACADÉMIE DE NANCY 1
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 12!>.
t8o6.
��.DISCOURS .
l'!IONONCÉ PAil
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
MESSEIGNEURS,
Le seul fait capital que j'aie à signaler cette année à votre attention, c'est le succès encourageant de l'École supérieure des
sciences appliquées que nous avons organisée près de la Faculté
des sciences de Nancy. Celte création nouvelle, bien des villes
vous l'envieraient, et pourtant, en pensant au brillant auditoirè
qui nous entoure dans ces solennités, je me suis demandé quel
accueil elle trouverait près de vous. A Lyon, à Lille ou à
seille, je n'eusse point éprouvé d'incèrtitude, mais, je le sens,
dans une ville comme Nancy, vouée à toutes les élégances de
J'esprit et du luxe, l'annonce d'une École de droit répondrait bien
mieux à l'attente générale que le tableau détaillé des efforts què
vos Facultés viennent de faire pour doter cette ville d'une grande
École des arts et
Et cependant Nancy se doit dé-
�8
sormais à la province dont elle esr devenue le chef-lieu universi.,
taire; il ne lui suffit plus de briller, il faut
soit utile, et que
son influence bienfaisante s'étende aussi loin que son- nouveau
ressort.
Pour le reste, Messieurs, remettons-nous-en à la haute sagesse
du Ministre que J'Empereur vierit de placer à notre tête, et que
l'Université a vu, avec tanl.de confiance et d'espoir, saisir d'une
main ferme les rênes que la mort a fait tomber des mains d'un
homme dont le souvenir vivra longtemps dans ce pays.
Vous l'avGuerai-je, une autre inquiétude me préoccupe encore
plus. Ici même, j'ai entendu déplorer en paroles éloquentes la
passion industrielle de notre _époque. Jusque dans le sein de l'Université, par toute la France, que de discours récents, et des meilleurs, sur le culte envahissant du veau d'or, le mépris de tout ce
qui n'est ni gain, ni spéculation, l'abandon croissant des choses
de l'esprit, et, pour conclusion dernière, la dégénérescence de
notre jeunesse! Le cri du satirique romain, le te nos {acirnus,
tuna, deam ( 1) est bien vieux, mais on le rajeunit avec tant d'art
que je me sens presque embarrassé de vous dire tous les efforts que
nous avons faits cette année, ceux que nous ferons l'an prochain,
pour aider vos jeunes concitoyens à faire fortune, honorablement
il est vrai, et par un travail intelligent, mais enfin par les voies si
décriées de l'industrie.
Au fait, Messieurs, il appartient à l'honorable doyen de la Facul\é des sciences et même au digne chef de notre Faculté des
lettres, de vous tracer ce tableau; moi, je tâcherai de répondre
à des iJ.CCusations d'autant plus graves qu'elles partent des plus
nobles cœurs. Il est grand temps de réhabiliter notre époque méconnue au milieu même de sa gloire, la plus pure qui futjamais,
et surtout de restituer à l'Université son véritable rôle.
L'Université ne saurait s'isoler du mouvement social sans
compromettre sa mission. Bien qu'elle soit chargée de guider les
générations naissantes, il ne lui appartient pas de fixer le but ni
même les moyens, et, quand la société marche légitimement dans
(1) Non pas Sctt. X, mais Sat. XIV.
�9
un sens, elle ne doit pas s'obstiner a la tirailler en sens eon-.
traire •
.Tel fut, Messieurs, le sentiment de ceux qui présidèrent à nos
grandes réformes oû Nancy a gagné son Académie et ses Facultés;
telle fut aussi,j'ose le dire, la pensée première qui régla en France
les destinées de l'enseignement supérieur. Au besoin je citerais
comme preuves l'institution des Conseils académiques, où l'Université reconnaît pour juges les représentants les plus autorisés
de la société, et surtout celle .des séances solennelles de rentrée,
qui mettent périodiquement les Facultés en contact intime avec le
public, non plus pour dogmatiser du haut d'une chaire, mais pour
exposer leur but, leur œuvre actuelle et leurs projets d'avenir•
C'est même par hi, pour le dire en passant, que nos réunions an"'
nuelles conserveront toujours de l'intérêt, même à· l'époque où
vous n'aurez plus rien à réclamer pour cette province académique,
même au temps oû l'institution, complétée selon vos vœux, aura
donné à votre ville le genre d'importance dont elle était fière au..;
trefois, et que vous avez quelque raison,· ce me semble, de rêver
pour elle dans un prochain avenir.
Je rne ferais hien mal comprendre, je me 'hâ.te de le dire; si on
induisait de ces paroles, qu'à mon gré, le noble sacerdoce de l'en·
saignement publi<: doit flotter aù hasard des temps. Non, l'Université est un corps conservateur .. La plus cruelle injure qu'on pût lui
faire, ce serait de l'accuser de nourrir le dessein de faire sortir la
société de ses voies éternelles, pour la lancer dans les aventures
d'une science sans frein et sans contrôle. Qu'ailleurs on affiche
d'autres sentiments; en France, du moins, et sous vos yeux, à
Nancy, l'élévation morale de l'enseignement littéraire, unie à la
sagesse
l'enseignement scientifique, réalisent un idéal dont les
plus scrupuleux n'ont pas lieu de s'alarmer.
]}fais, tout en conservant le dépôt de ses traditions et de ses méthodes longuement éprouvées, l'Université n'entend point s'immobiliser quand tout marche autour d'elle; son rôle est de suivre le
monde dans· ses progrès, d'en étudier les tendances légitimes, afin:
de porter son action là oû elle est réclamée.
C'était donc pom· nous un devoir d'étudier l'immense mouve-
�10
ment industriel de notre époque: Fallait-il résister au torrent,
élever des digues à la hâte, amonceler des
ou lui ménager un lit et rendre ses eaux fécondantes? Nous avons préféré
suivre la pente des esprits; pour conserver sur eux une action
directrice, nous !lOUS sommes associés à leur mouvement.
L'alternative, en effet, se réduisait pour nous à ces termes : la
tendance de l'époque est-elle morale?
Les esprits généreux, qui, par regret du passé, dédaignent d'aller au fond des choses du.présent, y voient avec douleur une forme
hideuse de l'égoïsme humain; ils prophétisent la décadence. C'est
qu'il est trop facile, hélas, de confondre l'agiotage avec le commerce loyal, et la spéculation hasardeuse avec l'industrie vivifiante. S'ils allaient au fond des choses, ils y verraient la marche
progressive d'une société qui conquiert, par le travail, la liberté :
non cette liberté orageuse, dont le.s autels fument de sang ou retentissent du vain bruit ôes paroles; mais la liberté virile, fruit du
travail quotidien, qui donne à chaque homme de bien une noble
indépendance, qui crée les familles en chassant la misère; assure
le sort de nos enfants, pousse en avant les masses intelligentes, et
grandit les peuples plus sûrement que les conquêtes ou les révolutions.
C'est pour moi un amer chagrin que d'entendre dénigrer une
pareille tendance. Pourquoi donc s'inquiéter de l'avenir, pour;.
quoi pousser le cri d'alarme comme si les œuvres du génie étaient
de la
en danger d'indifférence, comme si les nobles
science pure allaient fuir celte terre désormais vouée aux
préoccupations dégradantes des plus vils intérêts? Est-ce donc
au moment, où les grandes entreprises revêtent une incomparable
élévation morale, que ces plaintes devraient se produire? est-ce
l'époque, où la France vient de sacrifier son sang le plus pur et
ses millions, pour une idée désintéressée, que l'on devrait accuser d'industrialisme? Mais, Messieurs, jamais on ne vit un temps
où l'idée pure de la justice se soit plus largement incarnée dans
les faits.
Si, malgré tout, le spectacle de ces exhibitions splendides qui
nous révélait naguère avec tant d'éclat l'industrie des nations, vous
�H
chagrine et vous scandalise, dêtournez les yeux, considérez celte
autre" manifestation de l'industrie française, dont nous lisions hier,
avec un fier battement de cœur, les détails incroyables dans le
rapport du maréchal Vaillant : industrie ri:ieurtrière, il estvrai,
énorme puissance de destruction accumulée. sur un seul point, à
huit cents lieues de la France, par la magie des forces brutes que
l'esprit humain s'est asservies, mais instriunent gigantesque mis
àu service de l'idée moderne, au service du droit dans la politique ·
des nations. Eh bien ! dites-le nous; existerait-elle, cette in.:,dustrie formidable, si l'autre, celle qui fait vivre, était encore à ,
créer? Heureusement l'Empereur connaît mieux la France; il/
sait qu'elle n'a pas dégenéré pour être devenue plus puissante et
plus riche : des ruines de Sébastopol, il la mène au traité de
Paris.
Dans les œuvres de la paix, l'industrie, de nos jours, ne se
montre ni moins grandiose, ni plus égoïste d'inspirations, ni plus
ignorante des voies de Dieu. Un exemple ·va suffire. Laissons la
Crimée où elle vient d'accomplir un prodige, sans bruit, sans
efforts apparents (il a fallu nous le révéler), et poussons jusqu'a
l'étroite langue de terre placée entre l'Egypte et la Judée, ce double
berceau du monde chrétien. Là, l'industrie entreprend, de Suez
à Peluze, un travail herculéen que les poëtes de l'antiquité eussent porté jusqu'aux nues (ceux d'aujourd'hui n'y font pas attention). Croyez-vous qu'elle n'ait pas conscience de son œuvre?
Supposera-t-on que les chefs de l'entreprise; ses commanditaires
généreux, ses savants ingénieurs, - parmi eux, Messieurs, vous
comptez un compatriote (:1 ), -et jusqu'à ses ouvriers intelligents
ignorent pour quel but providentiel ils travaillent? Ouvrit· ali
commerce européen le chemin de l'Orient, mais -c'èsl rappeler à
la vie le monde gréco-romain enterré sous les rUines d'urie bar..
barie séculaire; c'est donner un but d'activité à l'Espagne qui n'en
a plus, à l'Italie qui cessera d'inquiéter l'Europe, quand elle jouera
dans le monde un rôle digne de son passé; c'est élargir pour
toutes les nations le cercle où la civilisation semblait naguère
( 1) l\lougel- Bey; Vosgien.
�i2
condamnée à se mouvoir ou plutôt à se replier douloureusement
sur elle-même.
Cessons de nous alarmer. La France mar-che vers ses destinées.
On ne lui dit pas : c Enrichissez•vous pour jouir, " mais : u Travaillez, afin d'être libre et grande parnii les nations. »
C'est un des éléments du travail intelligent et moral que nous
avons voulu offrir à votre cité; vous savez si notre appel a été
entendu : le nombre, l'assiduité, l'intelligence de nos auditeurs
ont dépassé notre attente et sans doute aussi la vôtre.
Pour moi, je l'espère fermement, la jeunesse qui depuis la
dernière rentrée des Facultés s'est pressée à nos cours du soir,
où elle trouvait l'utile, ne s'empressera pas moins cette année à
nos cours d'histoirè et de littérature, où elle viendra, le soir encore, s'assimiler le génie de la France dans sa plus haute expression. La Faculté des lettres, habituée à parler aux. classes les
plus élevées de la société nancéienne, s'applaudit d'avance du
nouveau rôle qu'elle vient de saisir : elle imprimera à l'œuvre de
la. Faculté des sciences un caractère que l'Université ne saurait
sacrifier.
, ·n est un autre genre de concours dont nous nous glorifierons
devant vous. Ainsi que je le disais ici même, l'an passé, les ressources matérielles que la Ville et l'État mettent à notre disposition, nos professeurs, notre excellent personnel de préparateurs,
ne suffiraient pas à la tâche de créer à Nancy l'enseignement des
sciences appliquées, ou plutôt une grande École des arts et manufactures, si nous n'avions obtenu le concours d'hommes éminents
qni ont bien voulu associer leurs efforts aux nôtres. Déjà, l'an
dernier, MJ}I.
L. Parisot, Melin, nous ont donné le secours
de leurs talents; cette année, . notre enseignement se complétera,.
grâce à l'adjonction de
et Volmerange, qui ont bien
voulu se charger des cours d'agriculture et de constructions civiles. Félicitons-nous d'avoir obtenu un tel appui; de pareils
noms en disent plus·en faveur de notre œuvre que les plus beaux
discours. Dans sa récente session, le Conseil académique, frappé
de tant de dévoûment au bien général, s'est fait un devoir de signaler les noms de nos savants collaborateurs à son Exc . .1\I.Ie
�13
Ministre de l'instruction publique : c'est eri son nom que je les
prie de recevoir ici de sincères remercîments.
,
Jusqu'ici,
n'ai parlé que d'une seule branche de.
notre enseignement, et pourtant Nancy compte déjà quatre écoles
bien distinctes : la: Faculté des sciences, là Faculté dès lettres,
l'École de médecine et l'École supérieure des sciences appliquées
à l'industrie. Bien que chacun de ces corps ait son organisation
propre, donne un enseignement spécial, préparé à des carrières
différentes et conféré des diplômes particuliers, ils n'en forment
pas moins un ensemble, une Université véritable. MM. les doyens
et M. le directeur de l'École de médecine vont vous dire comment
on est parvenu à établir entre eux une solidarité qui double leurs
forces. S'agit-il de l'École d'application? la Faculté des lettres
s'unit à la Faculté des sciences, Jaque1Ie, à son tour, emprunte
le secours de l'École de médecine. S'agit-il de l'enseignement
médical? la Faculté des sciences vient mettre, au service de
votre belle fondation municipale, ses coUections, ses laboratoires
et ses cours. Un tel mélange n'est pas confusion, mais harmonie.
Grâce au mutuel appùi de nos quatre établissements, l'École de
médecine et de pharmacie complète et renforce ses cours; l'École
des sciences appliquées se développe; la :Faculté des sciences ga:..
gne un triple auditoire; celle des lettres élargit Je cercle de son
action journalière.
Que serait-ce, Messieurs, si cette organisation, déjà solide, recevait son indispensable complément? Du moins, il ne nous est
plus interdit d'entrevoir, dans un prochain avenir, l'achèvement
de l'œuvre qui doit rendre à celte province académique une insti·
tution toujours regrettée en Lorraine et même plus loin, par-delà
nos ft•ontiéres. Si notre espoir se réalise, souvenez-vous que vous
ne le devrez pas seulement aux droits de Nancy, au vœu de cinq
départements, à l'appui si constant et si autorisé du conseil géné·
ral de ]a 1\'Ieurthe, mais encore à la sympathie de nos voisins
étrangers, qui désirent, comme nous, renouer de vieilles relations
d'amitié, de camaraderie, de famille même, dont le souvenir vil
encore chez eux .et dont la politique n'a point à s'alarmer. Nous
le devrons surtout aux efforts généreux de votre municipalité, et,
�14
après elle, à nos Facultés naissantes, car ces Facultés ont prouvé,
jusqu'à Paris même, que les institutions d'ènseignement supérieur
répondent ici aux vrais besoins de l'époque, qu'elles y peuvent
prospérer, et que le terrain où quelques graines d'essai ont été
semées est capable de fournir de magnifiques récoltes.
Après cette allocution, qui a produit une vive sensation dans
l'auditoire, M. le Recteur a successivement donné la parole à .Mi\f.
les Doyens des Facultés et à .M. le Dit·ecteur de l'Ecole de Médecine, pour exposer la situation, les résultats et les tendances de
l'enseignement dont la direction leur est confiée.
�
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1856 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 novembre 1856
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-14.</li>
<li>Rapport de M. Gordon, Doyen de la Faculté des sciences. p.15-30.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.31-50.</li>
<li>Raport sur l’année scolaire 1855-56, présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie. p.51-59.</li>
<li>Prix accordés par S. E. M. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.61-62.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Text
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Title
A name given to the resource
Discours prononcé par M. Le Recteur de l'Académie de Nancy
Subject
The topic of the resource
Discours du Recteur
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
FAYE, Hervé
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
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Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
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fr
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-
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a2be178deb8f651ed8bf374e31ec5f2a
PDF Text
Text
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!
�RENTRÉR SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
��UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.·
ACADÉMIE DE NANCY.
SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
Le 15 Novembre 1856.
NANCY,
GHBIBLOT, yR RAYBOIS ET ciE, IMPRIM.-LIBR. DE L'ACADÉMIE DE NANCY 1
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 12!>.
t8o6.
��RAPPORrr
DE
M. GODRON, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
M.
LE RECTEUR'
MESSEIGNEURS,
MEssiEURs,
L'expérience, ce juge souverain de foules les institutions humaines, continue à justifier. de plus en plus l'établissement de la
Faculté des Sciences de Nancy; vous savez tous que .ses cours
.ont été suivis, pendant cette seconde année scolaire, avec le même
empressement qÙi avait marqué ses débuts. De plus, un enseignement nouveau, celui des sciences appliquées, destiné à populariser dans nos contrées l'instruction supérieure, a été inauguré
à la rentrée dernière et a été accueilli également, avec une
extrême sympathie, par une classe nouvelle. d'auditeurs, composée
presque .exclusivement de jeunes gens. Le Ministre éminent,
qu'une mort prématurée est venn su_rpendre au moment même
où il mettait la dernière main à la réorganisation de l'Instruction
publique, n'avait donc pas trop préjugé des tendances et des
besoins de notre pays, en établissant à Nancy un centre d'enseignement scieQtifique. Nos populations si sérieuses, si intelligentes,
enfin, si avides d'instruction, ne pouvaient accepter avec indif-
�16
férence ce nouvea:u bienfait du. Gouvernement impérial. Une
situation aussi favorable rendait facile la tâche confiée à la Faculté
el devenait pour elle un
puissant. Car, s'il est
vrai, comme on l'affirme, que le professeur fasse l'auditoire, il est
bien plus évident qu;un auditoire zélé et bienveillant exerce à son
tour sur l'enseignement du professeur une influence considérahlè.
Nous sommes heureux de constater de nouveau, devant vous,
cette situation prospère, et nous ne croyons pas dépasser les
limites du probable, en osant émettre l'espoir, que les antécédents.
de Nancy nous assurent l'avenir •.
Teriu à vous rendre compte de l'enseignement de la dernière
année scolaire, je vais passer successivement en revue : 1 o les
différents cours de la Faculté; 2° les cours de sciences appliquées,
et 5° l'enseignement pratique.
Cours de là Faculté • .....:. M. le Professeur de mathématiques
pures et appliquées a traité du calcul différentiel et de ses
diverses applièations à la géométrie et an développement en·
série des fonctions principales. Toules les parties du programme
de la Licence ès Sciences Mathématiques ont été enseignées, et les
applications numériques qui, dans l'examen pour l'obtention de
ce grade, font l'objet de l'une des épreuves écrites, n'ont pas été
négligées. Enfin, la théorie des surfaces et celle des courbes à
double courbure·· ont été exposées aussi complètement que
sible. En général, le professeur a évité de suivl'e les méthodes
devenues classiques, soit pour donner plus d'intérêt à son cours,
soit pour réserver aux auditeurs l'avantage de retrouver dans
l'étude .des livres spéciaux les mêinès sujets traités d'une manière
différente. Ce êours qui, pour êtrè suivi aveè fruit, exige des
connaissances mathématiques préalables très-étendues, a compté
une dizaine d'auteurs assidus, chiffre relativement considérable et
qui démontre dans notre ville une tendance prononcée à s'occuper de l'étude des Sciences à la fois les plus ardues et ]es plus
élevées.
li!. le Professeur de chimie s'est occupé de chimie minérale, et a pu expo,ser d'une manière a peu près complète cette
�17
partie importante de la sçience. Après avoir établi les règles de
la nomenclature chimique française, il a fait avec beaucoup de
développement l'histoire des corps simples et de leurs nombreuses
combinaisons. Il s'est attaché principalement à l'étudé des corps
métalliques, et, après avoir étudié d'une manière spéciale la
fabrication des métaux les plus importants par les procédés eu
usage dans l'industrie, il a complété cet enseignement par l'exposé de leur extraction au moyen de l'action si merveilleuse de
la pile.
M. le Professeur de· physique a exposé d'abord les lois de l'équilibre des liquides et des gaz. Abordant ensuite l'électro-magnétisme, il a tracé le tableau rapide de l'état actuel de nos connaissances sur c.ette partie si importante des Sciences physiques. Après
avoir rappelé les découvertes si fécondes dues au génie d'OErstred,
d'Arago, d'Ampère et d'autres physiciens célèbres, il a exposé les
lois générales des phénomènes électro-magnétiques, et en a présenté les étonnantes applications à la télé.graphie électrique, et à
plusiem·s autres appareils dontle jeu repose sur l'action des électro..
aimants. A cette occasion, il ne pouvait oublier de faire connaître
à son auditoire les électro-aimants circulaires et lrifurqués, dont
l'invention est due aux laborieuses recherches de notre collègue,
lrl. le professeur Nicklès, et qui sont aujourd'hui l'objet de nouveaux essais d'application à l'industrie. L'électricité d'induction
sur laquelle se sont portés, principalement dans
dernières
années, les efforts des physiciens a été traitée avec détails, et il
nous suffira de citer l'ingénieux appareil de Ruhmkorff pour
rappeler les effets si nombreux, si brillants, et pour la plupart
entiérement nouveaux, qui ont captivé pendant plusieurs séances
l'attention de l'auditoire. Pressé par le temps, M. le Professeur
de physique n'a pu accorder qu'un petit nombre de leçons de
son cours officiel à l'étude de la lumière; il a dli développer
rapidement les lois relatives à la réflexion, à la réfraction, à la
dispersion, et il a terminé cet enseignement par une étude comparée des raies dans les spectres produits par la lumière solaire,
par la lumière éle?trique et par les métaux en fusion ; mais pour
remédier, autant que possible, au nombre insuffisant de leçons
.2
�:1.8
.consacrées cette année à l'optique, Jiotre collègue s'est imposé
bénévolement la tàche d'y suppléer, en traitant, pendant le second
semestre, dans des conférences sùpplémentaires, des lois de la
double réfraction et de la polarisation de la lumière.
Il est une science malheureusement trop.négligée qui se rattache
.à la physique, et que la l!'aculté cherche à rendre plus familière
dans nos contrées, je veux. parler de ]a météorologie. Sur 1'invi4a!ion du chef de ceVe Académie, M. le Professeur de physique a
rédigé une instruction pratique, relative aux observations météor-ologiques, qui a été ·distribuée dans les différentes écoles nor- ·
males primaires du ressort académique. Depuis huit mois déjà
les élèves-maîtres de ces utiles établissements font chaque jour ·
.des observations trihoraires sur le bat·0 mètre, le thermomètre,
1e .pluviomètre, la direction du vent, l'état du ciel. Ces. documents
.sont adressés à la Faculté et contrôlés, en quelque sorte, par les
observations. qui se font également â la Faculté par les soins de
1\1. le Préparateur de physique, et deviendront par la suite les
éléments d'un travail d'ensemble sur le climat de la Lorraine.
Le professèur d'histoire naturelle s'est, comme l'année précédente, occupé de zoologie pendant le semestre d'hiver. et de
ho la nique pendant le semestre d'été.
Les oiseaux, les reptiles, les poissons ont été' étudiés dans leur
organisation générale; tous leurs systèmes organiques ont été
passés en revue et leurs modifications principales ont été exposées, en même temps que le professeur s'appliquait à démontrer
qu'elles ne rompent pas néanmoins l'unité de plan. Le mécanisme
des diverses fonctions qui, dans leurs phénomènes accessoires, ne
s'accomplissent pas de tous points comme chez les mammifères
étudiés l'année précédente, ont été l'objet d'une étude détaillée.
Voulant donner, conformément à l'esprit l}es nouveaux programmes une. direction pratique à cet enseignement, il s'est
attaché à faire connaître spécialement les espèces utiles à
l'homme, soit directement par les produits qu'elles lui fournissent et qu'il emploie dans l'économie domestique, dans l'industrie qn en médecine, soit indirectement par la destruction des
animaux nuisibles à nos récoltes et aux antres produits
�19
tai res ou industriels conservés dans nos habitations .. Les principales races d'oiseaux de basse·cour n'ont pas été oubliées, pas
plus que'les modifications imprimées à leur organisation par l'action si puissante de la domesticité. L'histoire de l'incubation
artificielle des œufs des oiseaux et la pisciculture ont été l'objet
de plusieùrs leçons.
Pendant le second semestre, le même professeur a exposé les
principes des classifications du règne végétal et spécialement ceux:
de la méthode naturelle, la seule rationnelle, la seule philosophique qu'on puisse adopter. Il a recherché quels sont les progrès
qu'elle a faits, depuis les immortels travaux de Bernard et d'Antoine-Laurent de Jussieu, et ce qu'il reste encore à accomplir,
pour la compléter dans ses détails. Passant ensuite à l'éttide des
familles les plus importantes, il a décrit et fait voir à ses auditeurs,
sur les plantes vivantes, les caractères qui distinguent chacunè
d'elles et les affinités qu'elles présentent avec les familles voisines.
L'examen des modifications que chaque organe de la, floraison et
de la fructification éprouve dans les plantes d'une même famille,
lui a permis d'en déduire les caractères sur lesquels sont établis
les genres. La symétrie des organes floraux, malgré les exceptions
apparentes qui se rencontrent assez souvent, a été ramenée dans
toutes à un seul et même principe, la loi d'alternance. Le mode
d'inflorescence et ses différents axes; les feuilles considérées dans
leur rapports l'ntre elles et avec le système axile ; le mode de
végétation des tiges et des racines n'ont pas été négligés. Chemin faisant, le professeur s'est occupé, lorsque l'occasion s'en présentait, de l'examen de
organes dont la nature et la signification organogénique ne sont pas évidentes au premier abord,
tels que les staminodes, les phyllodes, les vrilles, etc.
Il a conclu de ces recherches, que toutes les plantes, constituant
une famille, ne sont que des modifications d'un même type organique; mais poussant plus loin ses investigations, il a cherché à
démontrer que chaque famille n'est pas moins naturelle, si l'on
compare les éléments chimiques qui se rencontrent dans les tissus
des espèces qu'elle renferme et auxquels ces végétaux doivent
leurs proprietés alimentaires, industrielles ou leur action thérapeutique.
�20
Quant aux espèces, il s'est borné à faire connaitre celles qui
nous fournissent des produits utiles et à
les principales
races de nos champs et de nos jardins, véritables créations, dues
aux soins assidus et à rintelligence de J'homme.
Enfin il a terminé Pétude de cqaque famille par l'indjcation de
]à. distribution géographique des végétaux qui la constituent, et a
signalé celles des espèces fossiles, les mieux connues, qui l11i appartiennent et que renferment les différentes formations géologiques, dont est formée la croûte de notre planète.
Enseignement des
appliquées. - Inauguré pour ainsi· dire
à l'improviste, avant même que l'organisation matét·ielle de la Fa·
culté fut terminée et dans le local provisoire trop restreint où
elle se meut péniblement, l'enseignement des sciences /lppliquées
a néammoins fonctionné régulièrement p.endant toute la durée de
la dernière année scolaire. La !<'acuité a été puissamment secondée
dans l'accomplissement de cette tâche par l'activité de M. le Recteur, qui, malgré les nombreuses occupations qui pèsent sur lui,
s'est réservé une large part dans nos travaux. Nous devons en
outre au dévoîtment qe Th'l. L. Parisot, professeur à l'École de
médecine, de
Morey et
architectes, un concours
aussi habile que bienveillant, sans lequel il nous eîtt été difficile
de suffire à cet enseignement nouveau, qont les exigences n'ont
pu être prévues à l'époql!e
création de la Faculté.
· La géométrie. descriptive est la ba15e essentielle de l'enseigne. ment mathématique des sciences appliquées et s'adresse à des
hommes,en général peu familiarisés avec l'analyse mathématique;
mars l'intelligence et la force .d'attention de l'auditoire ayant dépassé toute attente, M. le professeur de mathématiques a pu
développer fortement cette partie fondamentale et même franchir
les bornes des programmes officiels. Puis la théorie des ombres
et ses applications au lavis ont été exposées d'une manière corn ..
piète. Les principes de la perspective et de la stéréoscopie avec
leurs applications
au dessin, à la peinture, aux décors
ont été l'objet d'une troisième série de leçons par lesquelles le
semestre.
·
professeur a terminé ses cours du
�21
Le second semestre a été partagé entre la topographie usuelle
et la coupe des pierres. Chaque semaine une séance à été
crée au levé des plans et au nivellement. Les instruments princi-'
paux ont .été seuls étudiés, ainsi que lès méthodes les plus générales aujourd'hui en
Lorsque cette étude a été faite avec
soin, 1orsqu'elle repose sur une préparation suffisante, l'i!Umense
variété des instruments particuliers et des méthodes spéciales ne
peut présenter aucune difficullé et a dû être écartée. L'autre leçon de chaque semaine a été réservée à la coupe des pierres .. Le
professeur a eu pour but de faire comprendre non-seulement l'esprit des méthodes, mais aùssi d'initier l'auditoire aux conditions
les plus essentielles de la pratique. Pour faire apprécier l'étendue
de ce cours, il suffit de dire, qu'on y a compris l'étude assez complète des arches-biaises, dont les canaux et les chemins de fer
surtout présentent de si fréquentes applications.
M. le professeur de mathématiques , comme on peut en
juger par cet exposé, et nous n'avons pas encore parlé des exercices pratiques, auxquels il a pris une part non moins active, s'est
chargé, cette année, d'une lourde tâche et le temps lui a manqué
pour les leçons· qu'il se proposait de faire sur la charpente. Il en
résulterait une lacune regrettable dans notre enseignement, si le
cours de constructi_on, que M. Volmerange, ing·énieur des ponts
et chaussées, veut hien faire cette année, ne devait compenser
cette omission d'une manière doublement profitable pour les au;.;
diteurs.
L'enseignement de la chimie appliquée a été inauguré par l'étude des combustibles et des matéi:iau·x propres à l'éclairage, sujet d'un intérêt général et qui constitue l'une des bases les plus
importantes de l'industrie moderne. Après avoir considéré, d'une
manière générale, la èombustion · dans ses matériaux, dans ses
le procauses, dans ses phénomémes et dans ses produits,
fesseur de chimie devait naturellement s'occuper de la flamme.
Au moyen d'un appareil de son invention, il en a exposé la théorie et s'est attaché à démontrer, que la :flamme, quelle qu'elle soit,
est toujours produite par un gaz èn combustion. Les diverses. essences de bois, étudiées au point de vue de leur état d'hydratation
�22
et de leur richesse en· cendres, la tourbe, le lignite; ·l'anthracite
et surtout la houille, ont fourni le' sujet de plusieurs leçons.
professeur a été naturellement conduit à exposer .quelques
tions géologiques sur les bassins houillievs, à s'occuper de leur
exploitation, à déçrlre les différents modes de carbonisation, et, en
particulier, ceux qui concernent la fabrication du coke. Il a examiné ensuite, au point de vue chimique, la question pratique du
chauffage, celle des fumivores et s'est étendu sur l'emploi de
l'oxygène condensé et de l'air comprimé, appliqués à la combus..:
tion. L'étude des moyens propres à évaluer la puissance calorique des combustibles a donné occasion de constater l'influence
exercée sur la rapidité de la combustion par la densité ou l'état de
division du combustible, d'expliquer et de justifier
usages
depuis longtemps adaptés dans la pratique. Quelques leçons, sul'
les
liquides et gazeux, n'ont pas seulement eu poul(
objet .leurs matières premières et leurs produits de décomposition, elles ont aussi embrassé les grandes induiitries issues du besoin d'un éclairage plus en rapport avec notre .état de civilisation.
La bougie stéarique, le gaz de l'éclairage et les résidus .de sa fabrication ont été soumis à une élude approfondie. Enfin les instruments et les appareils, fondés sur les principes, quiprésident
à ·la combustion et qui ont pour hnt de tirer un paFti déterminé
de la chaleur et de la lumière engendrées par elle, tels que la
lampe à émailleur, le .chalumeau oxyhydrique, la lumière Drummond, ont aussi été examinés au point de vue théorique et pratique.
Abordant ensuite la teehnologie des alcalis et des terres, M.
le professeur de chimie a eu plus d'une fois l'occasion de
faire remarquer la part immense que la chimie a prise à l'extention de la richesse nationale, à dater de :1:
époque de l'in vension du procédé de fabrication de la soude artificielle, qui affranchit la F!'ance d'un tribut énorme payé à l'étranger et qui ouvrit
nne ère nouvelle à l'industrie, en montrant aux praticiens la né-cessité d'éclairer la pratique par la théorie. Après avoir étudié
la
et ses principaux dérivés, tels que la potasse caustique,
le salpêtre, la poudre à canon, etc., il s'est occupé du sodium et
�23
de seS nombreuses COmbin:llSons, en comtnénçant par )a matièl'e
première, le sel gemme, qui, à Nancy, offre un intérêt tout spécial. Ce précieux minéral, qui forme en Lorraiue un gisèmênt
très-puissant et qui s'étend même jusque soùs nos pieds, ses dif.•
férentes méthodes d'exploitation, ·ta pté'panition dU: chlorure de·
sodium, les différents produits auxquels ce sel donne naissance,
ont fourni la matière de leçons pleines d'intérêt, dans lesquélles le
professeur s'est attaché à .faire comprendre le brillant avenir ré·-:
servé, dans notre département, aux différentes industries dont le
sel gemme est la base matérielle.
Le cours de physique appliquée a eu pour objet, pendant le
semestre d'hiver, l'étude des usages industriels de la chaleur.
Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur les principales sources du
calorique et indiqué les moyens d'arriver à la mesure exacte des
températures, M. le professeur de physique a décrit les différents
modes de chauffage, tels que celui par la vapeur, par l'air chaud,
etc., et il a examiné comparativement les moyens les plus avantageux dans ·la pratique. Le tirage des cheminées, les diverses
dispositions des foyers l'ont
pendant plusieurs séances.
Pendant le semestre d'été, l'IL le professeur de physique a dû
interrompre ses leçons sur les applications de la chaleur et a ex,..
posé les notions les plus élémentaires de l'optique, indispensables
aux élèves des sciences appliquées, pour l'intelligence des divers
instruments employés en topographie. Enfin, il a terminé son
cours par l'étude des procédés photographi<fues principaux au,.
jourd'hui en usage.
M. le professeur d'histoire naturelle a exposé l'organisation des
animaux supérieurs et les notions les plus élémentaires de la
physiologie, études préliminaires indisp.ensables pour s'occuper,
avec succès, de deux sciences éminemment pratiques, qui rentrent
dans notre programme, je veux parler de l'hygiène et de la zoologie appliquée.
Le cours d'hygiène a été confié à l'\1. le docteur L. Parisot, qui
comme professeur à l'École de médecine, s'est
déjà
empressé néammpins d'acceptefune nouvelle tâche et de prêter
le concours de ses connaissances et de son talent à l'œuvre utile
�24
entreprise par la Faculté des sciénces. Qu'il me soit permis, au
nom de Qles collègues et au mien, de remercier M. Parisot de cet
acte de bonne confraternité.
, Il n'a pas eu pour but de donner un enseignement dogmatique,
mais il s'èst attaché à rendre son cours éminemment pratique et,
sans négliger les données purement scientiques, qui éclairent l'hygiène, il a eu surtout en vue les questions les plus usuelles. Il s'est
occupé tout d'abord de c.e qui constitue Je régime alimentaire et
il est entré, à ce.t égard, dans beaucoup de développement sur la
nature des diverses espèces d'aliments et de boissons; il a insisté
sur leur choix pour constituer un régime diététique convenable
el il n'a pas dédaigné d'aller jusqu'à donner des préceptes généraux sur leur préparation. Chemin faisant, il n'a pas négligé de
combattre une foule de préjugés, relatifs à l'alimentation, qui, en
plein dix-neuvième siècle, asservissent encore nos populations.
Passant ensuite à l'usage des différentes espèces de bains, il en a
fait comprendre l'importance, au point de vue des fonctions de la
peau et de la santé générale. Enfin, dans une dernière leçon, il a
traité des différents modes d'asphyxie, des moyens de prévenir ces
accidents redoutables et des premiers secours à donner aux asphyxiés. Nous éprouvons toutefois un regret, relativement à ce
cours, c'est que M. Parisot n'ait pas donné suite au projet, qu'il
avait formé, de publier ses utiles leçons. ,,.
Les leçons d'architecture de M.
bien qu'elles n'aient été
l'objet d'aucune annonqe spéciale dans le public, ont été suivies
avec un empressement bien digne de remarque. Dans ces leçons,
qui seront complétées cette année, le professeur a fait marcher de
front la partie technique et la partie artistique de l'architecture.
Au second point de vue, l'architecture est à la fois le premier, le
plus ancien et le plus important des
A ce titre son histoire se mêle intimement à celle de J'humanité, et quoique nos
cours aient pour but principal l'utilité, cependant, lorsque le professeur a rencontré sur son chemin les questions de cet ordre, il
devait à sou enseig·nement et à son auditoire de ne pas les éviter.
L'intérêt .avec lequel le cours de M. Morey a été suivi, prouve
que nos auditeurs sonî aussi aptes à s'assimiler les considérations
�25
où l':irt et l'histoire se confondent et s'interprêtént l'un par l'autre,
qu'à saisir les demonstrations géométriques ou à suivre les détails
souvent compliqués de la pratique.
Telles sont les matieres qui ont été enseignées, pendant la· derniere année scolaire, dans nos cours de scieiwes appliquées. Elles
constituent déjà un ensemble de connaissances tres-importantes,
et, cependant, elles ne forment que le programme des cours de
premiere aimée. Cet enseignement va donc recevoir immédiate-'
ment uné extension nouvelle: des èours de mécanique, de
trucfion, dezoologie appliquée, de métallurgie et d'agricultnre
vmlt être ajoutés à cetlx, qui, organisés déjà depuis une année,
continueront à être professés concurremment. Mais cette exten'sion, donnée à l'enseignement des sciences appliquées, exigeait
un personnel dé professeurs plus nombreux que celui dont la Fa·
cuité a disposé jusqu'aujourd'hui. Aux savants, qui déjà prêtent à
notre œuvre un concours efficace et désintéressé, viennent se
joindre encore, M. Monnier, président de notre société centrale
d'agriculture, et
Volmerange, ingénieur des ponts et chaussées. Cesfaits prouvent non-seulement la confiance qu'inspirent
les résultats qu'on doit attendre de cet enseignement nouveau,
mais aussi les ressources en hommes éc1airés et Je dévoûement
àux choses utiles, qu'on peut trouver à. Nancy.
J'ajouterai enfin , que les cours si impo1·tants de littérature
française, d'histoire de France et de géographie commerciale,
confiés à deux de nos savants coHégues de la Faculté des lettres;
auront Heu cette année, à une heure plus
pour les
rendre plùs accessibles aux nombreux auditeurs qui fréquentent
déjà les cours scientifiques.
Enseignement pratique. - I\'Iais ce qui forme aujourd'hui l'un
des caraclèl'es les plus saillants de l'organisation des :Facultés des
sciences, c'est l'enseignement pratique, qui a été inauguré également au commencement de la dernière année scolaire. C'est le
complément indispensable des cours de la Faculté et spécialement
son but,
des cours de sciences appliquées; pour qu'il
pour qu'il soit une préparation sérieuse aux caniéres indus..:.
�26
trielles , il faut que là pratique accompagne constamment la
théorie.
Les manipulations chimiques n'ont pu commencer que le 2
janvier, dans une salle provisoire, que l'autorité municipale a fait
construire, pour cet objet, dans la cour du bâtiment de l'Université. Bientôt une vingtaine de jeunes gens, élèves en médecine ou
en pharmacie, candidats à la licence ès sciences physiques, et
didals au certificat.d'aptitude pour les sciences appliquées, se sont
empressés de s'inscrire. En présence d'élèves se proposant des
buts si divers, M. le professeur de chimie a dû, néanmoins, adopter
un programme qui permît d'appliquer aux manipulations chimiques une marche uniforme et méthodique, et capable, en même
temps, d'entretenir l'émulation. Des préparations fort simples
d'abord, plus complexes ensuite, ont été faites par les élèves, qui
ont _constaté immédiatement, sous les yeux du professeur; les
principales propriétés des corps isolés par eux; mais, en out.re,
leur attention a été fixée sur les résidus de ces préparations et,
après avoir obtenu et étudié le produit principal, ils ont dù encore
présenter à l'étàt de pureté le produit secondaire, reconnailre ses
caractères et indiquer ses usages. Chacun d'eux a été tenu de
rédiger ses observations, de les soumettre au professeur, qui en
a rectifié les erreurs. ou les incertitudes. A chaque séance, tous
les élèves ont préparé .le même corps, mais par des procédés divers, ce qui a permis à chacun, tout en remplissant sa tâche spéciale, de bénéficier encore du travailzde ses condisciples. Après
avoir été ainsi familiarisés avec les opérations les plus usuelles de
la chimieminérale, ils ont été exercés aux procédés de l'analyse qualitative. Cette opération consiste, comme on le sait, non-seulement
à reconnaître les éléments constituants d'un mélange ou d'une
combinaison donnés, mais encore à séparer ces éléments, de façon
à pouvoir les étudier isolément et constater leur individualité.
Connaissant hien les groupes naturels, que forment les corps métalliques, ainsi que leurs caractères distinctifs, les élèves ont procédé constamment, dans leurs recherches , par voie d'élimination, suh;ant ainsi la méthode dichotomique, inventée par les
botanistes et appliquée, avec tant de succès, à la determination
des espèces végétales.
�27
Les manipulations de pbysiqùe ont eu lieu régulièrement, pen•
dant toute l'année, sous la direction du professenr, il me suffit
d'énumérer les différents sujets d'étude proposés aux étndiants,
pour en faire apprécier l'importance. La recherche des densités,
la construction des baromètres et des thermomètres, ainsi que
l'emploi de ces précieux instruments, l'usage des piles, la galvanoplastie et la photographie, telles sont les principales opérations
avec lesquelles ont a cherché à familiariser les élèves.
Les exercices pratiques de zoologie, auxquels le semestre d'bi:.
ver a été consacré, ont eu pour objet l'examen, sur la nature
elle-même, des principaux appareils d'organes des différentes
classes d'animaux vertébrés, et l'étude microscopique des tissus et
des liquides organiques.
Des herborisations ont eu lieu pendant le semestre d'étë,
les environs de Nancy, et ces excursions scientifiques ont initié les
élèves non-seulement â la copnaissance des plantes du p\lys f:)t
spécialement des plantes médicinales, â celle de leurs station$ et
des rapports qui existent entre la na lure de la végétation et la constitution physique et minéralogiq11e des terrains; mais aussi à }a
connaissance d'un certain nombre de faits d'organographie et de
tératologie végétale, q•ti se sont fortuitement présentés l\ leur
observation. Je ne puis passer sous silence une
qui
prouve en faveur_ d'un certain"nombre de jeunes gens, la
élèves de notre Ecole de médecine, c'est que, pend;mt l'été
vieux. qui vient de s'éconler, j'ai toujours trouvé, quelque fÜ't
J'état de 'l'atmosphère, ces mêmes
gens au lieu qu rendez..,.
vous, bien décidés â poursuivre ces promenades botaniques. Aussi,
grâce à ce zèle exceptionnel, elles ont eu lieu chaque semaine avec
beaucoup de régularité.
Les travaux graphiques ont été suivis par une partie des auditeurs du cours de géométrie descriptive. Les uns apportaient des
épures achevées; d'autres, ayant moins de loisirs, présentaient
leurs cahiers de croquis et réc1amaient des explications sur les
points qui étaient restés obscurs ou douteux pour eux. Les cours
d'ombre et de perspective, celui de coupe de pierres ont donné
lieu également à des h·avaux graphiques assiduemenl suivis. Enfin
�28
le cours de topographie rédamàit un (out autre genre û'èx:ercices
pratiques. Là l'intelligence de la théorie serait d'une bien médiocre utilité, si on n'y joignait l'habitud'e de manierles instruments,
dé les rectifier, de les employer sur le terrain. Aussi M. Je
fesseur de mathématiques a-t-il consacré un temps assez considérable à ces exercices. Les occupations habituelles des auditeurs nè
leur laissant qu'un seul jour de liberté par semaine,' on a été con• ·
traint de remettre au dimanche ma"iin les opérations topographiques; mais on a eu soin de choisir les heures, qui précédent les
offices, afin de ne détourner personne de l'accomplissement régulier des devoirs religieux. Aussi, dés quatre heures du matin, les
élèves n'hésitaient pas à serendre au lieu désigné et se livraient
avec ardeur à l'exercice des opérations topographiques, tantôt sur
un terrain uni, tantôt sur un sol accidenté.
Il est juste de rendre hommage ici au zèle, à l'intelligence du
directeur dés travaux graphiqùes, M. 1\'Iélin, qui a donné cons;tamment à l\1. le professeur de mathématiques, dans les exercices
pratiques, le concours Je plus enlier et le plus utile. Son excellence
1\'I. le 1\'Iinistre de l'Instruction publique, a déjà témoigné à ce di,..
gne collaborateur toute sa satisfaction, en lui conférant le titre
d'officier d'académie et la Faculté est heureuse de s'associer publiquement à cet acte si justement rémunératoire, en priant M. Mélin d'accepter ses remerciements.
Travaux particuliers des professeurs. - Bien que la tàche des
professeurs ait été singulièrement augmentée par la création des
cours des sciences appliquées et par l'établissement des exercices
pratiques, l'année,- qui vient de s'écouler, n'a pas été néanmoins
stérile, au point de vue de leurs travaux particuliers.
l\"1. le professeur de mathématiques a présenté à l'Institut un
stéréoscope de son invention, remarquable par une c.onstruction
si simple, si économique et d'un usage si facile, qu'il est à la fois
à la portée de toutes les fortunes et de toutes les intelligences.
lU. le professeur de chimie a constaté la présence de la vivianite cristalisée dans des ossements humains trouvés aux environs
de Nancy
par conséquent la formation
de ·ce
�29
minéraL Il a mis au jour également un travail_ étendu .sur la vif!
et les travaux scientifiques de l'illustre chimiste dontNancy (léplore la perte récente. Enfi!l il a signalé à l'Académie des sciences
la présence du fluor dans le sang, le lait, la bile et les autres liquides de l'économie animale.
M. le professeur de physiqùe, qui s'est occupe avec succés des
phénomènes de la polarisation appliqués à l'étude des corps isoa
mères, a publié des recherches nouvelles sur l'action que plusieurs
la
acides végétaux de même composition centésimale exercent
lumière polarisée.
Enfin M. le professeur d'histoire naturelle a produit un nouveau mémoire sur l'ol'igine et la nature de l'.A?gilops triticoides,
un tra\'ail sur le Drosera obovata, et il a édité le sixième et derQ
nier volume de la Flore de France, qu'il a élaborée avec la collaboration de M. le professeur Grenier de la faculté des sciences de
Besançon.
Examens. - Il me reste à vous entretenir des examens et de la
collation des grades. La Faculté n'a pas eu, cette année, à conférer
celui de docteur ès
Quatre candidats se sont inscrits pour subir l'épreuve de la
cence, et la Faculté a eu la satisfaction de pouvoir conférer le ,
grade de licencié ès sciences mathématiques à Ml\i, Legrand et j
Bodemer, et celui de licencié ès sciences physiques à M. Schlag- j
denhauffen.
La Faculté a eu en outre à examiner, pendant les trois sessions
de l'année scolaire, 252 candidats au baccalauréat ès sciences.
Sur ce nombre, 101 ont succombé aux épreuves écrites et 50 ont
été ajournés par suite de la faiblesse de l'examen oral; 1Oi ont
été jqgés dignes du grade de bacheJier ès sciences.
Il résulte de ces chiffres, que le nombre des candidats a été
plus considérable que l'année dernière et que la proportion des
réceptions a été moindre. Ce double résultat s'explique facilement.
Aux sessiops de décembre et. d'avril, le nombre des candidats
inscrits a été exceptionnel; les aspirants au grade de bacheliet•
ès sciences nous sont arrivés de tous les points de la province a ca-
Ji-\.
�30.
démique. C'est qu'à la session de juillet, le programme transitoire
devait être remplacé par le programme complet; pour se soustraire à ces exigences nouvelles. un certain nombre de jeunes
gens, dont les études étaient sane aucun doute imcomplètes, ont
cru devoir s'exposer aux chances, évidemment. bien peu favorables, d'uri examen prématuré. La Faculté n'a pas èté plus sévère
dans ses appréCiations que précédemment, mais elle a dû simplement maintenir le niveau des examens, comme la garantie la plus
certaine des éludes sérieuses, et pour comballre, autant qu'il est
en son pouvoir, la fâcheuse tendance de quelques jeunes gens qui
ont l'ambition d'arriver, dans le plùs bref délai et avec le moins.
de travail possible, à un grade, qui, hien qu'à la portée de toutes
les intelligences, exige cependant des efforts soutenus et une
instruction classique assez complète.
�
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1856 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 novembre 1856
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-14.</li>
<li>Rapport de M. Gordon, Doyen de la Faculté des sciences. p.15-30.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.31-50.</li>
<li>Raport sur l’année scolaire 1855-56, présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie. p.51-59.</li>
<li>Prix accordés par S. E. M. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.61-62.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des sciences
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
GODRON, Dominique-Alexandre
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/679f95e6b3d55031d9dce1035ff08bec.pdf
fb296a62e416474e6d7a3bdbebb73b31
PDF Text
Text
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! P(5-/-6"0)"&-"R-5$&6("0)*"N5')/5)*"FG/'2),*'6("0)"B.,,-'/)O"
! P(5-/-6"0)"&-"R-5$&6("0)"P,.'6"N5')/5)*"(5./.3'8$)*")6">)*6'./"0)"M-/5="FG/'2),*'6("
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!
�RENTRÉR SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
��UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.·
ACADÉMIE DE NANCY.
SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
Le 15 Novembre 1856.
NANCY,
GHBIBLOT, yR RAYBOIS ET ciE, IMPRIM.-LIBR. DE L'ACADÉMIE DE NANCY 1
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 12!>.
t8o6.
��RAPPORT
DE
l\t CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
1\'[.
LE RECTEUR'
1\fEsSEIGNEURS,
MEssmuns,
La réunion d'aujourd'hui n'est plus pour vous chose nouvèlle.
II y a deux ans déjà que nous inaugurions l'enseignement des
Facultés dans cette ville si empressée à l'accueillir. Nous ne pouvions vous entretenir alors que de nos desseins et de nos espérances ; aujourd'hui, nous avons à constater déjà des résultats
obtenus : l'œuvre commence à pm·ter ses fi·uits. Sans doute il
est regrèttable que l'étranger, en visitant cette ville des palais,
nous voie encore campés au lieu où nous sommes ; et, qu'après
deux ans, les fondements de l'édifice qui nous est destiné nè
soient pas encore près de sortir de terre; mais nous savons qu'en
cela, nous ne pouvons accuser ni Je zèle ni la munificence de
nos magistrats municipaux ; que, loin de là, la grandeur de leur
projet en a fait l'un des principaux obstacles ; et que, si l'arche
sainte est encore sous là tente, c'est qu'on ne voulait la fixer enfin
que dans un temple digne d'elle. Du moins, en attendant l'édifice
de pierre, nous avons cherché, de notre côté, à fonder moralement sur des bases solides notre enseignement dans ce pays; et
�32
tout ce qui s'intéresse ici aux nobles études a répondu à noire
appel. C'est désormais une généreuse habitude pour l'élite de
notre population, de venir, après les occupations de la journée, se
recueillir le soit· autour de nos chaires dans la contemplation des
choses de l'Ame. En face de cet auditoire distingué, le professeur
peut-il s'apercevoir encore du délabrement du lieu où il siége?
Et vous-mêmes, voyez-vous encore la nudité des murailles,
qu'une parole sympathique vous ravit dans le monde des idées?
Les Muses se sont fait longtemps entendre au fond des grottes de
l'Hélicon, jusqu'à ce que la Grèce, aux jours de sa grandeur, leur
érigeât des temples.
Tout en remerciant ce public choisi du concours assidu qu'il nous
prête, nous ne pouvons cependant nous empêcher de regretter
que le goût de nos études littéraires ne soit pas encore plus répandu, surtout parmi la jeunesse. Combien, en effet, d'absents
encore, que nos yeux cherchent dans l'auditoire? Jeunes gens,
où êtes-vous? C'est à vous pourtant, que notre enseignement est
particulièrement destiné. Vous avez tant besoin de ces entretiens
généreux, pom échapper à la prostration morale, où la contagion
dn siècle et la passion des intérêts matériels nous a plongés ! Au
seuil de la carrière de la vie, où vous allez entrer, nous voudrions
vous retenir quelque temps dans ce culte des lettres, qu'on a si
bien nommées humaines par excellence, humaniores litterœ, et
munir de ces nobles études, pour vous assister dans les luttes qui
vous attendent, vous ranimer dans vos défaillances, vous
ler dans vos disgrâces, vous charmer aux heures de loisir, et
faire la grâce de votre vieillesse, après avoir nourri vos jeunes
années de leurs sucs
Les lettres, je le sais, ne sont plus aujourd'hui en aussi grande
faveur, qu'elles le furentjadis en France. L'esprit publié s'en est
pour un temps détourné. Pourquoi? Peut-être faut-il y voir un
juste retour contre l'abus que tant d'écrivains avaient fait de leur
empire. Le culte des Muses, convenons-en,
été que trop
profané pàrmi nous. Nous avons vu la poésie, cette fille du ciel,
infidèle à sa mission, qui est de relever les âmes vers les pqres
contemplations de l'idéal, se faire honteusement l'entremetteuse
�33
"Ôé la corr:nption ; etla philosophie, enivrée d'orgueil, -s'attaquèr
c
à nos plus saintes croyances; La France, en récapitulant sès
tastrophes depuis plus d'un siècle, a pu e:n accuser, en grande·
partie, les abus de l'esprit et de la parole. D'un autre ct>té, la
gloire des lettres a bien pu être éclipsée un instant par l'éclat de
ces découvertes scientifiques, dont notre époque se montre si
temeat fière. N'est-ce pas eri effet dans les progrès des sdences
physiques, et leurs applications à l'industrie, que notre siècle a
trouvé surtout sa grandeur'! Faut..:.il s'étonner, que les esprits en
soient éblouis, et y restent absorbés? Je ne suis pas vieux encore;
et quels miracles pourtant n'ai-je pas vu accomplis sous mes yeux.
par le génie de la science moderne! Voici Ia locomotive, ce Léviathan de la mécanique, qui s'élance sur les ailes de la tempête;
emportant dans sa course des peuples entiers aux points les plus
éloignés de l'ès pace; tandis qu'à coté d'elle, dans un fil merveilleux, le ftuide, plus agile que la pensée, porte la riouteUe messa·
gère à travers les aii·s ou les abîmes de l'Océan. La science a
changé la face de la terre; la science en fouille les entrailles,.
pour y retrouver écrite en caractères éclatants l'histoire des révolutions primitives du globe; la seienée., en même temps, s'empare
du ciel et saisit par le calcul la planète invisible aux confins de
l'immensité. Partout, elle m'étonne de ses conquêtes, m'èutoure
de ses féeries, soit qu'elle fasse circuler les ga·z sous les pavés de
là cité, comme le sang dans les veines, poùr nous inonder tout
d'un coup le soir de flots de lumière, soit qu'elle trempe le
métal en un bairi mystérieux, où il se revêt d'or; soit qu'à la
clarté du soleil, elle fixe sur le pàpier du daguerréotype, changé
en miroir, l'image désormais durable. Quand je contemple ces
victoires journalières ' qoe l'homme remporte sur les forces
physiques, et par lesquelles ce roi déèhu de la création semble
reconquérir l'empire perdu de la natûre, je në puis me défendre
moi-même d'être ravi d'un tel spectacle. Aussi, loin de
• .
'
. avec cerlams espnts ch agrms, de la part qu' on a 1!. 'teaux . . L \
tai
naturelles dans l'éducation publique, j'y applaudis :je veux ql•ç,j):
i ····•
initie nosjeunes gens à ces secrets de la nature, et aux
lions, que le génie de l'homme en a su faire ; mais à la condition_).
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···\:.cf' \
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,
�34
qu'en faisant à ces études scientifiques une place considérable, O!t
maintiendra aux lettres le rang élevé, quielles doivent toujours
garder dans une éducation Hbérale. Rendons un juste hommage 1
Messieurs, aux inventeurs de l'industrie moderne; mais réservons
notre adoration pour ces autres inventeurs, bien autrement utiles
au monde et plus grands, que l'on appelle Homère, Sophocle,
Platon, Virgile, Corneille, Racine, Bossuet, Fénèion, qui ont exploré et nous ont livré ..... quoi? lllessieurs, les plus hautes et
les plus belles régions de la nature h.umaine. Voilà en effet les
premiers bienfaiteurs des peuples : ils ont inventé mieux que la
vapeur; ils ont inventé la joie et la tristesse, la consolation et l'espérance; ils ont trouvé ces accents divins, par lesquels ils éveillent, émeuvent, enflamment tout ce qu'il y a de généreux en nous,
et prouvé par leurs œuvres, que l'homme est vJtj.ment fils du ciel,
et créé à l'image de Dieu. Qu'est-ce en effet, que ces merveilles
de la science moderne·; dont je chantais l'hymne tout à l'heure,
en comparaison des merveilles de l'éloquence et de la poésie?
L'homme aura transformé la foudre du ciel en moteur pour ses
manufactures, avant de refaire les Adieux d'Andromaque; et le
daguerréotype aura trouvé le secret de fixer, avec les ombres,
les couleurs, avant qu'on n'ait dépassé le Qu'il rnow·ût du vieil
IIorace.
Thiais qu'aHe besoin de réclamer ici pour les lettres ce culte
qui leur est dû, dans cette ville, qui semble, au milieu de l'entraînement universel vers les choses de la matière, avoir conservé
,plus fidèlement la religion des choses de l'esprit? Je vous connais;
je sais qu'ici on trouvera toujours tm auditoire nombreux et sympathique, pour entendre parler de littérature et d'art, et une foule
de nobles cœurs, pour tressaillir d'une émotion généreuse à la
lecture d'un beau morceau d'éloquence ou de poésie. Vous tous,
Messieurs, qui avez pris à cœur les destinées de notre enseignement, qui croyez à l'influence bienfaisante des lettres, et qui au'gurez de l'avenir de la patrie, selon que les études littéraires seront plus ou moins en honneur auprès de la jeunesse, je ne crains
votre attention, en vous rendant compte, avec
point de
quelque détail, des résultats, que nous avons constatés ou obtenus
à cet égard, dans l'année qui vient de s'écouler.
�35
le
·Vous savez, ltlessieurs, l'objet de notre institution est
<En même temps que nous ouvrons des Cours à ceux qui se montrent jaloux de poursuivre lenrs études littéraires, nous sommes
chargés de maintenir et d'élever par des examens le niveau de
l'enseignement secondaire. Quelques mots d'abord sur les Examens.
EXAMENS •.
DOCTORAT.
Le Doctorat, longtemps négligé dans l'Université, a repris faveur. Plusieurs candidats travaillent, sous la direction de nos
conseils, à préparer des .thèses pour notre Faculté. Jusqu'ici cependant, aucune des thë'ses proposées à.notre appréciation
minaire, ne nous a semblé réunir, à un degré suffisant, l'érudition
mùre et solide, l'intérêt et le mérite des recherches, et l'originalité
de vues, qu'on est en droit d'exiger pour ce grade élevé qui ouvre
l'accès de l'enseignement supérieur. La Faculté de Paris, depuis
longtemps dejà, a marqué à quel prix on devait
ce titre;
nous ne consentirons pas, pour notre part, à laisser s'établir en
province un Doctorat inférieur.
LICENCE.
Aux examens de la Licence nous pourrions nous attend!'e a
compter un plus grand nombre de candidats. Une mesure, pleine
de sollicitude pour l'avenir de nos jeunes maîtres, leur impose
depuis quelques années l'obligation de prendre le grade de Licencié, et, à ce prix, leur assure l'avancement. Pourquoi donc
ne répondent-ils pas avec plus de confiance el d'ardeur à cet appel
d'une administration bienveillante? Quelques-uns, je le sais, intimidés par la faiblesse de leurs premières études, et effrayés de la
distance qui les sépare encore du niveau de l'épreuve, ajournent
dans un avenir indéfini de s'y présenter, pour mieux assurer,
disent-ils, par une longue préparation le succès de l'épreuve. Je
loue leur prudence, en les invitant toutefois à se défier de ces
·échéances trop lointaines, et à fixer à leurs efforts un· but· plus
�3.6
vmsm. D'autres, qui trouvent la route longue et difficile, aiment
mieux s'asseoir par terre, et se .croiser les bras. Sur quoi comp:..
tent-.Hs? sur l'avenir? mais l'avenir ne sera que ce que nous l'aurems fait. Levez-vous doue, vous qui dormez. C'est maintenant le
temps propice : co11sen.tez à faire un effort. Aidez-vous seulement,
et le ciel vous aidera. Nous vous tendons la main .. Vous tous,
jeunes gens, qui avez la noble ambition de faire votre carrière
par le travail, et de devoir votre avancement à votre mérite, vous
trouverez en nous des guides, des conseillet·s, des àmis. Le Ministre excellent , dont la perte laissera parmi nous d'éternels
regrets, et qui s'intéressait plus à vous·, que v«;ms-mêmes, en
vous obligeant à être Licenciés, a voulu vous en faciliter les
moyens. Il a demandé aux Facultés de vous consacrer une partie
de leurs leçons. Déjà, dans notre intérêt . pour vous, nous
l'avions prévenu. De votre côté, sacbez profiler de ces ressources. Nous invitons ceux d'entre vous, qui habitent cette
ville, à entretenir désormais avec nous des relations de travail
plus assidues encore. Quant à ceux qui sont au loin, et ne peuvent fréquenter nos
qu'ils nous écrivent pour nous
envoyer les fruits de leurs études solitaires, et réel a met· à ce sujet
nos conseils. Nous aimerons à étendre pour eux le cercle de cette
direction spirituelle, que, depuis nos débuts ici, nous avons commencé à instituer par correspondance. Le niveau des examens de
Licence, qui se. relève sensiblement en cette Académie, témoigne
lissez de la salutaire influence que la Faculté exerce ainsi, de
ou de près, sur la studieuse jeunesse qui s'y prépare. Nonces disciples plus fidèles de notre enseignement y ont
'trouvé ull succès
mais je puis ajouter encore, pour la.
dernière session, que les candid.ats, qui en sont sortis les premiers,
MM. Jacoulet et Gœury, se serahmt présentés avec honneur à
Paris, en concurrence même avec les élèves de l'E.cole Normale
supérieure, et auraien.t su s'y maintenir dans un rang distingué.
Que leur exemple éveille chez les autres l'espérance et une heucense émulation. Voilà le plus éloquent appel, que nous leur
puissions adresser. Mais, avec eux, nous convions à nos Confé...,
renees tous les jeunes gens qui ont gardé de leurs études le goût
�37
des ·lettres, et qui croient· a voir intérêt, pour· léur carrière;- à
s'exercer dans l'art d'écrire, et à sc· familiariser avec les .maitres'
de la pensée humaine. Candidats à la Licence, ou auditeurs libres,.il suffit d'aimer les lettres, pour être des nôtres, et de travailler;,
pour avoir droit à tous nos·
BACCALAURÉAT,
le·
Les candidats au Baccalauréat ès' Lettres n'ont pas dépassé
nombre total de :103. C'est quatre d'e plus que l'an dernier. Mais
si le nombre {les candidats demeure à peu près stationnaire, leniveau moye11 ,.de leurs études semble s'élever. Nous aimons à,
constater chaque année une préparation pl'us solide, un fonds plus.
vrai de connaissances acquises. Ainsi commence à se faire sentir·
le résultai de la mesure, qui, au lieu d'acheminer pêle-mêle tous
les élèves de nos Collèges vers unBaccalauréa't unique, a partagé·
en deux sections la division des classes
Avec ce large.
débouché ouvert aux élèves, qu'une vocation plus ou moins mar·.
quée entraîne vers les sciences et leurs applications, il ne reste.
plus dans la section des lettres qu'un bataill'on sacré, réduit sans.
doute, mais choisi ; et le Baccalauréat ès Lettres, destiné
à
ne pllls consacrer qu'une élite, reprend sa véritable valeur. SUJ>
les :103 candidats quise sont présentés dans les diverses sessions,
48 ont été admis, et !57 encore ajournés. Pnrn:li ces derniers,
seulement, après avoir franchi les épreuves écrites; sont' venus,
échouer à l'examen oral ; les 43 autresc avaient été condamnés"
sur leurs compositions· écrites seulement. C'est que· ces composi<.
ti ons seront toujours à nos yeux le fondement de l'épreuve, et fa,
plus sûre garantie d'études classiques, aussi pt>ennent-eHes dans noS..
jugements une importance souveraine. L'examen oral a cel'taine;;_
ment sa valeur : mai!;il est trop facile encore,, avee une' mémoire·
heureuse et le manuel, de faire ici illusion par une prépar·Mion,
artificielle. Mais une composition; et surtout, la dissertationtatJ:ne,
nous livre du premier coup le secret des études d'un candidat·.
Combien, à la dernière session d'août; combien de jeunes gens
ont fait naufrage sur cet écueil? Les échecs se sont multipliés,
parce que l'aveugle fortune, qui décide pour les sujei.S de comp<i·
�38
silion éntre le latin el le français, s'est obstinée à ramener presque
toujours l'obligation d'écrire en latin. Sans doute il est regrettable·
qu'une alternative d'une si grande conséquence soit livrée au hasard. ]}'Jais nous avons souvent demandé, et nous espérons obtenir que désormais toutes les chances de l'examen soient égales
pour tous les candidats, et qu'on s'en tienne uniquement à la
dissertation latine, qui seule, pour témoigner des études classiques,
p.eut avoir une.siguification complète et décisive. Quoi qu'il en
advienne, jeunes gens, qu'eu attendant, cette leçon de nos examens vous instruise. Cessez. de vous soucier autant du
brûlez vos 1\ianuels; pour mieux préparer votre baccalauréat, ne
vous en préoccupez pas autant que vous le faites. Ne songez qu'à
faire de bonnes classes, à profiter des leçons de vos maîlres, à
former votre goût par des lectures désintéressées, à cultiver enfin·
les lettres pour le plaisir de vous instruire; et le reste vous sera
donné par surcroît.
Parmi les 48 candidats admis au grade de Bachelier ès Lettres,
de.ux seulement l'ont été avec la mention Très-bien; ce sont l\IM.
Félix, de Remiremont, et Gérard, de Nancy. Cinq autres out été
reçus avec la mention Bien; ce sont MM. Gebhart, Rossignol, de
Roche, Bouché et Larzilière. Tout le reste n'a obtenu que la modeste note Assez bien. On nous trouvera peut-être bien avares de nos
distinctions. Mais ce n'est pas parti pris chez nous, afin d'en rehausser la valeur; c'est que trop peu de candidats aujourd'hui sont
en état de satisfaire également à toutes les questions de l'examen,
comme le règlement l'exige d'eux, pour obtenir ces mentions plus
parfois dans tout le resle de l'épreuve, ils
honorables.
se montrent trop souvent mal,préparés dans les questions qui
touchent à la philosophie et aux sciences. La cause de ces déplorables lacunes, vous la connaissez, Messieurs. A peine en Rhétorique, parfois même en sortant de Seconde, on voit les m'eilleurs
élèves 'éle nos Lycées accourir avec une folle impatience au Baccalauréat. Pourquoi tant se hâtet· '? Pourquoi se privent-ils inconsidérément, en précipitant leur examen, des ressources qu'ils
devaient trouve1· 'dans leur dernière année d'études, pour s'assurer
un succès plus complet? Ah! je le sais. Ils veulent en finir plus
�39
vite avec le Collège; ils déclarent que, pour lê11r èàrrière, ils
n'ont que faire de cette logique et de ces sciences mathématiques
et physiques, dont cette dernière année est encombrée. Impru:..
· dents, vous ne comprenez pas assez ce qu'à l'âge où vous êtes,
un sérieux enseignement philosophique pourrait donner de solidité à votre esprit et de fermétè à votre caraclère; vous ne savez
pas combien un cours de mathématiques peut servir à discipliner
la pensée; et quant à l'histoire naturelle, à la physique et à la
chimie, rassm·ez-vous , on ne vous en apprendra que ce que
tout homme bien élevé est tenu rigoureusement de savoir anjour·
d'hui, pour ne pas demeurer en dehors des grandes choses de son
siècle. Comment n'êtes-vous donc pas plus curieux de connaitt·e? Et
pourquoi ne rencontre-t-on pas plus souvent chez nos bons élève$
la louable ambition, non-seulement de réussir à la fois dans les
sciences et dans les lettres, mais !1Ussi de montrer qu'un jeun!;)
homme intelligent et studieux peut facilement atteindre à la fois
aux deux Baccalauréats.
ENSEIGNEMENT.
maintenant,
au tableau de notre enseigne•
ment.
PHILOSOPHIE.
Il a été jusqu'ici dans la destinée de notre chaire de Philosophie, de changer souvent de maitres. Le talent de ceux qui
en étaient chargés les faisait bientôt appeler sur un plus grand
lhéàlre. Vous avez tous regretté avec nous l\'1. Albert Lemoine,
ce sage consommé de trente ans, qui par sa haute raison, son
amour profond du vrai et du bien, son exquise mesure, comme
aussi par sa pat·ole si nette, si ferme, si égale à sa pensée et si
lumineuse, avait conquis sur nos âmes un ascendant souverain.
Il laissait un héritage difficile. Mais comment se défendre contre
le jeune maître qui est venu le remplacer, et qui tout de suite nous
a étonnés et dominés par la vigueur généreuse de ses convictions,
le mouvement de son esprit, la grâce et la vivacité éloquente de
sa parole? l'out d'abord on a dù reconnaitre en lui un apôtre de
�40
la vraie philosophie chrétienne. Pour M. de Margerie, enseigner
es.t un ministère sacré; quiconque a l'honneur de monter dans une
chaire et d'y élever la voix parmi les hommes dGit s'en servir,
pour rappeler à ceux qui l'écoutent ces grandes vérités morales,
que notre siècle, dans son étourdissèment, oublie trop aisémet;lt.
Mais croyez-vous, que, pour rester docile à l'autorité chrétienne,
ilvestreigne le champ ·des questions philosophiques, et réduise
l'espl'Ït hu.main à un rôle subalterne? Tout au
il a
tô.t prouvé, que la raisoo humaine, en se subordonnant à la foi
Jleligieuse, y tro.uv:e un p.oint d'appui et une force nouvelle, et
qu'elle peut désormais ava.ncer avec d'autant plus de hardiesse
dans sa voie, qu'elle y est guidée par des principes plus solides.
Elle marche alors d.ans la lumière venue d'en haut, au lieu d'errer
à la lueur doutèuse de sa propre clarté, qui la laisse à chaque
instant incertaine, éperdue, sur le sol mouvant des opinions et
des contradictions humaines.L'imuée dern.ière, le Profess.eur ayant
à prendre le sujet de son cours dans la morale, a traité de l'Education; avec quelle élévation de vues? vous le
II a rendu
â l'éducation morale toute sa grandeur, en montrant qu'elle est
le travail de perfectionnement, que l'homme doit sans cesse opé-.
rer sur lui-même, pour atteindre au but suprême de ses destinées.
Or, si Dieu, qui est le principe de nos âmes, est aussi la seule fin
qui en soit digne, l'homme doit s.'attacher à développer en soi
nobles facultés, qui sont comme la. marque de son origine céleste,
et à cQmbattre au contraire ces. penchants égoïstes et bas} qui se
di,sputent son cœur, rabaissent sa pensée vers la terre, et en arl;'êlent l'élan vers son bien suprême. Ce travail sur soi-même, c'est
l'éducation, que chaque homme est tenu de se faire pour son
compte; éducation de tous les jours, et qui ne s.e termine qu'à la
mort ; car chaque pas dans la vie nous met en présence de nouveaux devoirs, et exige de nous un nouvel apprenti;;sage. L'éducation, comme l'entend ]}1. de ])iargerie, c'est donc dans l'ordre
moral ce progrès continu, qui est la loi de notre existence .ici-bas •
.A quelque hauteur cependlUlt, que le professeur relevât. son sujet,
nous admirions, comme il savait dans les applications demeure!'
.
pratique, et accommoder son enseignement à l'état actuel de nos
.
'
�41
Jllœurs et à nos
sociales, tout en rameÎl,anLsans cesse
devant nos yeux l'exemplaire éternel et idéal du bien •. _:._. Cette
année, où le programme l'invite à étudier quelque grande époque
de la pensée philosophique, M. de
se pro(lose de nous:
retracer l'histoire de la philosophie chrétienne, depuis les temps héroïques où eUe prit naissance a.u milieu des persécutions, jusqu'à
cet incomparable XVII•siècle, qui vitla philosophie enfin délivrée,
des liens de la scolasti{}ue;. mais toute pénétrée encore de la pensée
chrétienne, associer dans une merveillèuse harmonie la raison et la
foi, et, présidant à l'épanouissement du génie français.àcette époque,
marquer de sa noble empreinte les plus belles productions de
littérature et de l'art. Le sujet est immense sans doute; mais le.
Professeur s'attachera surtout aux t.r.ois époques principales,
aux trois grands noms qui dominent toute cette histoire, Saint
Augustin, S.aint. Thomas, Bossuet, lesquels semblent se donner la
main à travers les siècles, pour fonder cètte école d'infaillible
sagesse. Voilà certes, Messieurs, une admirable carrière à parcourir; et nous ne doutons pas que le talent du Professeur, autant
pied de sa chaire son
que 17intérêt même du sujet, ne ramène
auditoire nombreux el fidèle.
HISTOJRE.
. M. Louis Lacroix avait entrepris. de nous retracer l'année der""
ni ère les envahissements de la civilisation européenne dans les
Indes orientales, depuis le jour où Vasco, un téméraire de génie,
ouvt>ait à travers des océans inconnus les routes nouvelles qui
devaient rapprocher deux mondes, jusqu'à l'époque actuelle, où
nous voyons les derniers débris de l'empire Mogho,l absorbés, par
l'âpre domination de la compagnie Anglaise. Dans ce tableau, le
Professeur se plaisait à mettre en regard le génie de progrès, qui
anime les races occidentales, filles du christianisme, avec l'éternelle immobilité, qui semble· enchaîner les nations de PAsie dans
les vieux cultes des premiers âges. Mais surtout·, à côté. des irrésistibles conquêtes accomplies par. le démon de la guerre, de la
politique ou du commerce, il aimait à nous raconter les pacifiques
conquêtes de la pai:ole évangélique; et à mesm·e qu'il pénétrait,
�42
à la suite des aventuriers de la con-voitise ou de la charité, dans
quelqu'un de ces vieux empires de l'Asie condamnés à périr, il
se hâtait, avant leur chute, de nous donner une esquisse de leur
état social, religieux ou politique; et de nous montrer Je genre
d'influence, que leurs envahisseurs Portugais, Hollandais, Espagnols, Français, Anglais, y avaient successivement exercée, selon
la diversité de leur génie. Il ne reculait pas non plus devant aUcune des questions importantes, qui s'offrent à chaque pas dans
une pareille histoire, au sujet des destinées générales de l'humanité, et du rôle que le Christianisme est appelé à jouer dans l'extension de la civilisation; graves et difficiles problèmes sans doute,
mais qu'il est toujours intéressant de poser, alors même qu'on est
impuissant à les résoudre. -Cette année, le sujet de Cours qu'il a
choisi, n'est pas moins fécond en enseignements élevés. Il revient
en France, et se propose de vous en exposer l'histoire aux XVIe et
XVII• siècles; mais à cette époque déjà, la France est comme le
cœur de l'Europe et le centre commun de la vie des peuples. Si
ce n'est pas la France qui prend toujours l'initiative dans le mouyement ardent, qui semble à cette époque entrainer le monde vers
de nouvelles destinées, c'est elle qui y jouera le principal rôle.
Dans ses aventureuses expéditions d'Italie, elle montre déjà, combien au lendemain de la désastreuse guerre de cent ans, elle renferme de séve et de vie prêtes à déborder au dehors. Son ambition excite entre elle et la maison d'Autriche une rivalité, qui va
pendant ce grand conflit, couve
embraser l'Europe entière.
dans l'ombre, au sein même de l'Église, le germe d'une autre lutte
bien autrement acharnée et sanglante, et où il ne s'agit plus seulement de l'ambition des princes et de l'équilibre des états, mais
ou tous les fondements religieux et politiques, sur lesquels reposait la vieille société, sont ébranlés. Luther a inauguré le rationalisme dans le monde. On sait combien la France surtout fut
déchirée par ces guerres civiles et religieuses, qu'avait provoquées
l'apparition du protestantisme. l\lais enfin lieury IV profita de
l'épuisement des partis, pour y mettre un terme. 1\'I. Lacroix exposera avec détail la restauration politique et administrative de
la France, éommencée sous les auspices de ce prince habile, con-
�43
ti nuée par le génie de Richelieu, et. qui doit aboutir à la.sp1endeur
et à la puissance de Louis XIV. Il s'arrêtera en partic.ulîer 'au
tableau de ce règne, qui semble avoir pour un temps réconcilié
dans sa majestueuse unité tous les éléments qui fermentaient dans
la confusion de l'âge précédent. Cette histoire, .sans doute, a été·
souvent refaite : mais elle pourra l'être souvent encore avec
avantage. Elle ne saurait être de sitôt finie; car les événements
des siècles suivants viennent l'éclairer chaque jour d'une lumière
nouvelle, et nous en faire sentir les conséquences prolongées.
Combien, en effet, de questions sociales ou religieuses, soulevées
par le XVI• siècle, et auxquelles le XVII• n'a donné qu'une solution provisoire, jusqu'à ce que la révolution française les tran-.
chât violemment? combien d'autres, sous le poids desquelles notre
âge se débat encore douloureusement, et dont le secret redoutatable se cache encore dans les mystères de l'avenir? A mesure que
le temps marche, l'horizon de l'histoire s'étend, les points de vue
changent. C'est ainsi que le progrès de la vie nous instruit à modifier les jugements de notre jeunesse.
UTTÉRATURE ANCIENNE.
M. Emile Burnouf a consacré le premier semestre de son cours
à compléter son tableau du génie et des arts de la Grèce au siècle
. de Péri clés. Après avoir étudié successivement les progrès de
l'histoire avec Hérodote, Thucydides èt Xénophon, il s'est ensuite
attaché aux philosophes, ou plutôt à Platon, dans lequel il s'est
plu à considérer principalement l'artiste inspiré, qui, après un
siècle de chefs-d'œuvre, en révèle la divine théorie, et, ravi sur
les ailes de feu de son génie, en va dérober les secrets jusque
dans le sein de Dieu. Au deuxième semestre, il nous a transportés
dans l'Italie antique, et nous a montré Rome) au premier contact
de la Grèce, comme éblouie de la splendeur de cette civilisation
étrangère, s'abdiquant en partie elle-même pour se parer des arts
et des sciences des vaincus. Lucrèce devait d'abord attirer ses
regards, comme l'un des plus anciens et peut-être le plus grand
des poëtes de liome,
qui tout en développant dans ses
vers les sombres et désolantes doctrines d'Epi cure, nous ravit à
�44
sun enthousiasme, ou remue si profondément nos âmes, suit qu'ii
célèbre avecivresse les conquêtesde la ràison humaine, soit qu'il
contemple les spectacles de la nature avec une voluphieuse et
irrésistible mélancolie.- Cette année,le profess.eur va poursuivre
cette histoire des lettres en Italie. Il étudiera
les essais
d'épopée nationale, qu'y provoque l'exemple d'Homère, depuis
Ennius jusqu'à Virgile, et simultanément les efforts impuissants
des vieux poêtes Latins, pour transporter et naturaliser sur.le. sol
du Latium les merveilles de la tragédie Athénienne. Rome sera
plus heureuse dans ses tentatives, pour s'apprnprier les idées philosophiques des Grecs, et imiter leurs compositions historiques.
1\'Iais la philosophie même, pour se faire accepter de ce peuple
romain, qui cherche partout l'utilité pratique, devra descendre des·
hauteurs. de la métaphysique et se borner à la mouale. C'est dans
l'histoire seulement, que le génie Latin pourra vraimentrivaHser
avec le génie Grec : Aussi Salluste, Tite-Live,, Tacite arrêterontils de préférence le Professeur. Ce n'est pas, néammoins, qu'en
embrassant un si vaste cadre, il puisse entrer dans la èrilique
taillée de tant de grandes œuvres. Il se propose surtout d'y rechercher les traits propres du génie romain, en opposition avec
Je génie de la Grèce, qui a élé jusqu'ici l'objet de son étude.
Comment se fait-il que Rome, si supérieure par son esprit politique, ses lois et ses mt;eurs, semble impuissante pour· tout ce qui
tient aux arts, et végète dans la
jusqu'à ce qu'éveillée
enfin au souffle de la Grèce elle cherche à s'approprier les œuvres
de cette dvilisation brillante, qu'elle copie avec une docilité plus
ou moins maladroite? Jusqu'à quel point, en prenant au peuple
G-rec, avec ses autres dépouilles, ses sciences. et ses arts, a-t-elle
su les assimiler à sa propre raison, et accommoder à son esprit
positif ces libres créations de l'imagination hellénique? De quelle
manière enflu, ces productions de la Grèce, importées sur le sol
du Latium, s'y sont-elles encore transformées sous l'influence des
révolutions survenues dans l'état politique, dans> les croyances
religieuses. et dans les mœurs, depuis les guerres puniqueS; jusqu'à la chute de la République? C'est à ce point de vue, bien
digne des méditations d'un homme de goût et d'un sage, que
�45
M. Burnouf étudiera surtout le développement des leütès
Combîen il sait, .avec ces aperçus élevés et ces comparaisons littéraires, rajeunir les études dè l'antiquité classique, c'est ce que
peuvent apprécier seulement les auditeurs de son éours. Son érudition, aussi variée qu'étendue, lui offre à chaque pas les rapprochements les plus curieux. -Du reste, l'activité originale de son
esprit ne se déploie pas seulement dans son enseignement. Pendant qu'il nous apprend à gauter mieux les littératures grecque et
latine, il envoie à l'Académie des sciences un Mémoire sur la
vitesse de l'électricité ; il publie un ravissant épisode du Mahâbâ.rata, l'histoire de Nab; et prépare l'impression d'une grammaire
sanskrîte élémentaire, où il ramène le mécanisme de cette langue
primitive à ses lois les plus simples, avec un instinct du génie des
langues qui semble un héritage dans sa famille.En mêmè temps,nous
voyons paraître de lui un vaste plan de l'antique Athènes, où il
relève, avec une scrupuleuse sagacité, sur les rochers qui entourent
l'Athènes moderne, les moindres traces des anciennes construc.:..
tions. Il semble ainsi, qu'après avoir fait un plus long séjour que
nous en Orient, il se charge d'acquitter pour tous la dette de la
science.
LITTÉRATURE FRANÇAISE.
Dans ce cours; nous avons entrepris de retracer depuis le commencement l'histoire des lettres en France. L'an dernier, nous
exposions leurs variations et leurs progrès tumultueux au milieu
des tempêtes religieuses et politiques du XVIe siècle.• C'est avec
complaisance que nous nous arrêtions au spectacle de cette époque,
qui a tant d'analogie avec la nôtre, et où il est si intéressant d'observer l'influence des événements· sur les œuvres de la pensée;
nous étions curieux d'assister ainsi au laborieux enfantement du
monde moderne. Où pouvait-on d'ailleurl) mieux suivre qu'en
Fran.ce cette lutte. opiniâtre engagée entre le gènie de l'avenir et
le génie du passé? La ,France est destinée à être éternellement le
foyer d.es idées, le champ de bataille dès principes; c'est là sur\out qu'on vit ·aux· prises l'esprit de nouveauté avec la tradition,
�46
Ja raison avec la foi, les théories démocratiques avec les vieux
préjugés de la monarchie, la civilisation payenne avec les croyances catholiques, et le génie national comme subjugué par l'imitation de l'antiquité ou de l'Italie. Nous nous sommes assis, pour
ainsi dire, au bord de ce confluent orageux, où tous les courants
de la civilisation antique et moderne, l'art des anciens et la pensée
du moyen âge, la philosophie chrétienne et la sagesse retrouvée
de la Grèce et de Rome, venaient se réunir, pour former sous
Louis XlV ce grand et majestueux fleuve, où l'Europe toute en;.
ti ère a puisé.-Après avoir ainsi amené cette histoire jusqu 'au seo il
du grand règne, c'est là, que, cette année, nous nous proposons
de la reprendre. Nous sommes enfin a-rrivés à l'heure incomparable, ou l'esprit français, comme s'il eût rencontré pour un instant, entre les influences divet·ses qui Je sollicitaient, l'harmonieux
équilibre qui convenait le mieux à son tempérament, maitre
enfin de lui-même, va prendre son puissant essor, et enfanter
cette littérature glorieuse, dont la France peut avec orgueil opposer la splendeur aux plus beaux siècles de l'esprit humain. Nous
comptons passer l'année entière dans la compagnie des beaux
génies de cette époque. Est-ce trop? Pour nous, après avoir
goûté de leur noble commerce, nous voudrions ne les quitter plus
jamais.
UTTÉRATURE ÉTRANGÈRE.
M. Alfred il1ézières retraçait l'an dernier l'histoire de la Poésie
. en Angleterre, depuis Chaucer, jusqu'a la fin du XVIII• siècle .
. L'époque de la reine Anne, où la littérature Anglaise est à son
tour entraînée dans l'imitation de la France; mais particulièrement le temps d'Elisabeth, où le génie britannique, fécondé par
l'antiquité, avait éclaté en productions si originales, l'ont de préférence arrêté dans sa revue. Shakspeare, surtout, l'a retenu.
Une fois que cet enchanteur vous tient, comment s'en déprendre?
l\fais quelle étude, d'ailleurs, plus intéressante et plus instructive,
que de comparer ce glorieux choryphée du drame romantique
avec les maîtres de notre scène? et comme ici, tou(es les grandes
questions de l'art venaient s'offrir en foule au Professeur? -Celle
�47
année, c'est l'Allemagne, que ce jeune maître cosmopolite a eliolsiè
pour le sujet de son cours, la mystél'ieuse Allemagne, 'qui, bien
que notre voisine, se dérobe plus à nos yeux par les étrangetés
de son génie, et la demi-obscurité qu'elle aime à laisser floUer sur
ses œuvres, que si elle était
aux confins du monde. Car
ne dirait- on pas, au tour contemplatif et rêveur de son imagina.-. ·
tion, à son caractère à la fois enthousiaste et impuissant, au
timent si mélancolique qu'elle garde de la 'poésie de la nature, à
sa langue enfin, vraiment primitive, el si propre à retenir dans le
clair obscur les vagues aspirations de sa pensée, ne dirait-on pas,
que la race germanique est encore assise aux bords du Gange, qui
fut sans doute son berceau? Le. professeur s'efforcera de nous
initier aux secrets de ce génie si éloigné du nôtre. Laissant derrière lui dans la nuit du moyen âge les chants des Minnesiingers,
il commencera l'histoire de la Littérature Allemande au moment,
où Luther, d'une plume hardie, s'adressant dans leùr langage aux
peuples qu'il veut soulever, fait de ce jargon populaire, jusqu'ici
délaissé, une langue désormais propre à l'éloquence et à la poésie.
Il passera rapidement sur le siècle suivant, où la
.Allemande
pour arriver au.
ne sait encore que copier gauchement la
XVIII• siècle, où l'on voit enfin l'Allemagne, à force d'érudition,
de critique et de patriotisme, se créer une littérature nationale.
·Le Suisse Bodmer a donné·Ie signal. A sa voix une jeunesse géné·
reuse a tressailli. Voici le jeune Klopstock, qui essaie d'accorder
la harpe des vieux bardes, ou de répéter dans sa langue les can•
tiques du ciel : voici Wieland, qu'on a nommé le Voltaire de l'Allemagne; voici Lessing, 'Yinckelmann, Herder, qui apportent du
génie dans la critique; Schiller et Gœthe dominent le groupe, et
forment à eux seuls toute la poésie classique de l'Allemagne. Ces
maitres de l'art germanique, les deux derniers surtout, seront
étudiés, avec respect à la fols et liberté, dans leurs théories aussi
bien que dans leurs œuvres. Il y a chez eux de quoi justifier l'admiration de leurs compat!'Ïotes. Mais, tout en cherchant à vous<
faire goùter tout ce qu'on découvre souvent de rêverie profonde,
et de sentiment exquis de l'invisible, dans les conceptions et le langage de celte poésie, le professeur fera justice de cette vague et
�48
ambitieuse phraseologie, par
les. écrivains d'outre-Rhin
se font souvent illusion à eux-mêmes; il dissipera ce vain mirage,
qui n'est propre parfois qu'à dissimuler une idée commune, et
fera evanouir à la pleine lumière beaucoup de pensées, qui ne
semblaient profondes, que parce qu'elles restaient plongées dans
les ténèbres d'une expression énigmatique.
ECOLE DESSCIENCES APPLIQUEES.
Dans ce tableau d'ensemble des Cours, que la Faculte des Let•
tres ouvre au public de cêtte ville, ai-je tout dit? Non,
Outre cet enseignement principal, outre ses Confet•ences pour la
préparation de la Licenèè, la Faculté a pris amplement sa place
Dès
dans les Cours qui se font à l'École des sciences
J'an dernier, M. Lacroix a bien voulu s'y charger du Cours d'his•
toire de France; pour moi, je me suis réservé le Cours dè
rature. Cette collaboration cependant n'a produit jusqu'ici qrie dès
résultats médiocres. C'est que nous n'avions pu d'abord, à l'imita•
tion de nos collègues, transporter nos Cours à la fin de la journée,
et, comme eux, y convier librement les jeunes gens de cetté ville,
curieux de s'instruire, mais qui, èngagés ·déjà dans les carrières
industrielles, et absorbés tout Îe jour par le travail dé leur pro.;.
fession, n'ont qu'au soir le loisir de venir chercher ici l'instmction
qu'on leur offre. Cette année, nous suivrons l'exemple de nos
collègues : nos Cours spéciaux se feront le soh·. Nous sommes
trop frappés de ce que l'enseignement scientifique laisse de Iàcunes
dans l'esprit, et offre même de dangereux, quand ii n'est pas
complété par l'enseignement littéraire, pour que nous n'apportions pas tout notre zèle à ces nouvelles fonctions. Comment,
d'ailleurs, ne pas être
de l'ardeur et de l'intelligence, avec
lesque1les la jeunesse de cette ville a répondu à l'appel généreux
qu'on lui faisait? Quoique des cours d'histoire et de liftérature ne
semblent point leur promettre la même utilité immédiate, nous ne
doutons pas neanmoins, que ces studieux jeunes gens ne goûtent
ces fruits d'une autre nature, qu'ils en doivent retirer. Artistes,
industriels, commerçants, ils sont en outre citoyens et fils de la
patrie française; et, à ce titre, ils sentiront qu'ils sont tenus de ne
�49
point rester étrangers au passé de la France. Tous
dront, que, s'il y a un art de mieux exprimer ses pen,sées, tout
Je monde est intéressé à s'en instruire. Ils apprendront du. même .
coup à goûter le commerce de ces esprits d'élite, auprès desquels
l'âme s'agrandit, en même temps que l'esprit s'éclaire, et pourront
reconnaitre combien l'homtrte, si grand par les conquêtes de la
science sur les forces de la nature, est plus grand encore par ses
découvertes et ses créations dans l'ordre moral.
Plus notre siècle devient positif, plus notre vie s'enferme dans
une médiocrité monotone et vulgaire, et plus nous avons besoin,
pour relever notre âme et en maintenir l'équilibre, de nous ménager comme un refuge, où nous puissions par intervalle respirer
un air plus pur, et retrouver quelque chose de ce monde idéal,
auquel notre cœur aspire toujours, comme soulevé par le mystérieux mais irrésistible sentiment de sa divine destinée, .et dont il.
poursuit en -vain le fantôme à travers les choses d'ici-bas. Or, cet
asile nécessail·e, où donc
le trouver, aux heures
fatigue et d'aridité'? sinon dans la culture d.es bonnes lettres et
l'entretien de ces écrivains de génie, qui .n'ont été si grands, que
parce qu'ils ont su pénétrer plus avant dans les mystères de notre ·
nature morale, ou saisir et révéler aux hommes dans un divin
langage quelqu'une des éternelles vérités? Aussi, vous tous, que
le mouvement des affaires et la frénésie des spéculations ne
raient entièrement absorber, vous qui ressentez parfois un dégoût
salutaire de la vie commune et l'inquiétude de l'idéal, venez, et
vous trouverez dans le commerce des lettres ce doux refuge, que
vous souhaitez. Que nos Facultés soient pour vous comme ces
lieux d'asile que l'Église, au moyen âge, ouvrait non-seulement
aux proscrits du monde, mais à tous les cœurs tristes, qui venaient
s'y recueillir et s'y retremper, pour rentrer ensuite plus forts à la
fois el plus doux dans les luttes de la vie. Pourquoi donc le Gouvernement, au moment même où il donnait aux sciences positives
et à leurs applications une telle impulsion, s'est-il dans sa sagesse,
appliqué à restaurer et à multiplier sur le territ(}ire de la France
ces Facultés destinées à ranimer et à entretenir la religion des
lettres? C'est qu'il y vo,ait comme autant de sanctuaires consa-
4
�50
crés au culte des idées morales; et qu'il a
qu'après la
religion, rien n'était plus propre encore, que cè haut enseignement
littéraire, à contre-balancer les tendances matérialistes de notre
siècle, et a rappeler les esprits vers les régions sereines, oû germent les bonnes eUes grandes pensées. Jusqu'à quel point sommes-nous entrés, pour notre part, dans ce noble dessein du chef
d<e l'État, et du jeune et regrettable ministre, qui comprenait si
hien la vertu morale des lettres? vous avez pu l'apprécier
mêmes, 1\'Iessieurs. Nous ne sommes plus nouveaux·venus parmi
vous; et l'esprit qui préside a notre enseignement vous est connu.
Vous le savez ; si en étudiant les grands penseurs de tous les
temps nous essayons de nous rendre compte de leurs méthodes de
composition et des secrets de leur art, pour en faire notre profit,
nous nous attachons bien plus encore à remonter autant que nous
le pouvons, aux sources mêmes oû ils ont puisé leur inspiration,
et a nous pénétrer des nobles sentiments qui ont fait leur éloqu,ence;
ou à relever avec eux nos regards vers ces grandes idées morales,
qui sont comme les rayons de l'infinie beauté, et dont la contemplation a enflammé leur génie. Pour nous, en effet, nous sommes
convaincus que la beauté dans les arts n'est que le reflet du hien,
et que l'éloquence est une des formes de l'héroïsme. Et nous estimons qu'un Cours de littératm·e n'a qu'a demi rempli son but, si
ceux qui n'y sont venus chercher qu'un délassement d'esprit ou
une leçon de goût, n'en sortent pas en même temps meilleurs.
�
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1856 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 novembre 1856
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-14.</li>
<li>Rapport de M. Gordon, Doyen de la Faculté des sciences. p.15-30.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.31-50.</li>
<li>Raport sur l’année scolaire 1855-56, présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie. p.51-59.</li>
<li>Prix accordés par S. E. M. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.61-62.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Text
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
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Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
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PDF Text
Text
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"
"
!
�RENTRÉR SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
��UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.·
ACADÉMIE DE NANCY.
SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
Le 15 Novembre 1856.
NANCY,
GHBIBLOT, yR RAYBOIS ET ciE, IMPRIM.-LIBR. DE L'ACADÉMIE DE NANCY 1
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 12!>.
t8o6.
��RAPPORT
sun.
L'ANNÉE SCOLAIRE
PRÉSENTÉ PAR
DIRECTEUR
DE
L'ÉCOLE DE
M. En.
SIMONIN
MÉ.DEC1NE ET Dll. PHAIÜ!ACHI
AU
CONSEIL ACADÉMIQUE
DANS LA SESSION DE NOVEMBRE 1856
LE RECTEUR'
l\fESSEIGNEURS,
Lors des séances annuelles qùi ont précédé cette réunion, j'ai
eu l'honneur de vous soumettre les vues générales qui règlent
tous les détails de l'organisation de l'École et les décisions qui
ont, successivement, constitué un système disciplinaire regardé,
aujourd'hui, comme complet. Je puis donc vous parler de l'année
scolaire qui vient de s'écouler d'une manière plus large que par
le passé; je puis aussi être plus court.
Le 7 août i8M, une circulaire ministérielle enlevait aux écoles
de médecine le droit, reconnu depuis quinze années, de constater
définitivement les résultâts des examens annuels, et, en portant
une sérieuse atteinte à la considération de ces écoles, elle replaçait les élèves de première et de seconde année sous un contrôle
étranger. Cette décision, qui éloigna sur-le-champ de Nancy un
�grand nombre d'élèves 0 ), faisait prévoir, avec certitude, une
ruine prochaine de l'École; et l'on ne
être.ètonné que l'annulation de la circulaire,
avait eu, déjà, une conséquence si
fatale, soit indiquée avant tous les autres. faits qui se rapportent à
l'exercice 18!Hi-!'56. C'est d'ailleurs, aujourd'hui, un devoir de vous
faire connaltre .que M. le llinistre, mieux éclairé, n'a pas hésité
à accomplir, hautement, un acte de réparation et de justice, et
que, par un arrêté, en date du 18 avril18!'56, il a restitué aux
Écoles le droit de jugement définitif, lors des .examens de fin
d'année. Le sentiment de gratitude de l'École eût été exprimé
certainement, lors même que S. Exc. M. Fortoul eût encore pré. sidé aux destinées de l'instruciion publique , m.a.is la mort est
venue fournir la triste facilité de donner une libre expansion à ce
sentiment, en même.temps qu'une certitude de sa sincérité.
Bien que le péril qui vient d'être signalé n'ait été écarté, en
principe, qu'au mois d'avril dernier, l'École, attristée, n'en a pas
moins poursuivi la réalisation de plusieurs des améliorations prévues par le décret constitutif de décembre :18!'54. Ainsi, le· cadre
des huit professeurs titulaires a été complété, et le concours si
empressé de l'administration municipale a permis à
'Déchet
et Demange d'échanger le titre d'adjoint contre celui de professeur titulaire, que treize années de travaux à l'École de Nancy
leur avaient si bien mérité. Le nombre des professeurs suppléants
a été également régularisé, et, aujourd'hui, quatre professeurs,
cultivant chacun, d'une manière spéciale, certain43s branches des
connaissances médicales, sont chargés d'assurer, contre toutes
(1) Les élèves, pendant l'année 18tl!:l-li6, ont été au nombre de lili, divisés
ainsi qu'il suit :
fo EUJVes en médecine:
année, 18 élèves; 2e année, 18 élèves; 5e
année, 9 élèves.
2o Elèves en pharmacie: fre année,!) élèves; 2e et 5e années, li élèves.
Le chiffre des inscriptions a été, pour l'année entière, 174.
Sous le rapport du titre à obtenir, les élèves ont été divisés en : 57 futurs
docteurs; 8 futurs officiers de santé; 4,pharmaciens de :tre classe; 6 pharmaciens de 2e classe. - Des lili élèves, 29 étaient bacheliocs ès sciences, et de
ces 29 élèves, 6 étaient bacheliers ès lettres.
�53
les< év()ntualifés, la continuité de l'enseignement qui à ê'tè' confié
aux.- professeurs titulaires.· Il nëest pas besoin d'insister sur les
titres acquis par 1\1. le docteur Xardel, dans les fonctions de cheJ
de clinique, et qui lui ont vnlu la suppléance des cours de pathdlogie interne et de clinique médicale, car là vie de notre ho!'lorable confrère s'est passée au milieu de nous, depuis sa sortie dù
corps de la médecine militaire. Je dois, au contraire, vous faire
connaître M. le docteur Bastien, chargé de suppléer le profes·
seur d'anatomie et de physiologie, parce qu'il e'St cotnplétement
étranger à
Notre nouveau collaborateur, que des dëvoirs,
conlractés avant sa nomination à l'Écôle;rètiennent ëncore, pour
quelques semaines, loin de nous, a conquis, parmi les plus hautes
notabilités scientifiques, le renom d'un anatomiste sérieux, infa'-'
tigahle ; ·et ses·. préparations ont, par leur remarquable valeur,
contribué à enrichir le musée de la Faculté de médecine de Paris"
Une noùvelle fonction a, aussi, été créée à l'hôpitâl St..:Charlesi
et M. le docteur Eugène Bertin a été. nO'mmé c:lhef de clinique·
dans le service chirurgical.
Ces modifications heureuses, opérées dans le personnel en..i.
seignant, amènent, naturellement, à vous pai·ler, Messieurs, de·
celles que l'administration dMJhôpitaux civils à hien voulu rêâ-"
liser, en faveur des élèves, dans le régime intérieur de l'hôpital'
des cliniques. Des places d'internes•ont éte créées; tin règlement
a été rédigé pour donner à l'administration toutes les garanties,
de savoir, d'exactitude et de moralité quë 'l'on doit exiger danS;.
l'accomplissement de fonctions importantes, ët, en janvier
nier, à la suite d'un concours, 1\t Brocard a été nommé à l'hôpital St-Charles, au moment où la haute bienveillance de M. le
Préfet pour l'École appelait 1\f. Sizaret, l'un de ses élèves, à;
prendre place dans l'internat de l'asile public de Marévilla..
Nous sommes heureux. de voir d'honorables traditions se perpétuer parmi les élèves, et de pouvoir ajouter des non:is nouveaux,
à ceux qui, déjà, vous ont été cités, soit à l'occasion de nobles dévouements dans la pratique civile, pendant les diverses épidémies
de choléra, soit à l'occasioa de longs services rendus dans les
hôpitaux militairés qui ont reçu la moitié de nos élèves pendant
la campagne d'Orient.
�54
!
e!te glorieuse guerre a motivé une transformation des institutions médicales militaires qui est
pour l'École, le
motif de nouveaux devoirs, en vue de coopérer à une récente
organisation. Le gouvern.ement, convaincu que le nom de méde-,
cine militaire ne peut avoir de rapport qu'avec une institution et
non point avec la science qui est une et invariable, a voulu que,
désormais, l'unité vînt régner dans l'art médical, soit qu'il dût
s'exercer dans les cités, dans les campagnes ou au milieu des
armées. Il a compris que le médecin, ou le chirurgien, éclairé par
1,1n enseignement bien ordonné, et riche des leçons .de l'expérience clinique, était également habile à remplir son utile ministère sur tous les individus, dans toutes les circonstances et dans
tous les lieux. C'est, en conséquence de cette idée vraie, et par.
cela même. élevée, que le décret du 12 juin 18l'>6 a décidé que.
les jeunes gens qui se destinent à la médecine militaire
après deu:s. années d'études, soumis à un concours pour l'admis ..
sion dans le corps de santé, et qu'ils termin,eraient leur éducation
médic.ale et acquerraient les grades universitaires dans des centres
déterminés on, en m.ême. tem:ps, ils seraient formés à la. subordination qu'implique toute hiéra.rchie, et prendraient la connais.,
sance des règlements émanés de l'intendance.
C'est à la Faculté de médecine de Strasbourg, puis. au Val-de,.
Grâce, à Paris, que se rendent, aujourd'hui même, les élus à
la suite des concours, et nous savons que, dans la liste d'ad.mission, les élèves de Nancy, qui ont 11bordé les épreuves, ont
été. classés très-favorablement (1). Ces élèves vont ainsi, dans.
notre contrée, continuer la tradition de recrutement sérieu:s.
la rnédeci.ne militaire.
Admissions dans le corp$ de santé ..
(1)
1re année, à Strasbourg :
1\I.
1\<1.
BouRREIFF,
1\<I.
DuRAND.
CnATEJ.AIN.
2" année, à Strasbourg :
Au Val-de-Gràce de Paris:
SPILMANN.
�55
Ce n'est pas d'aujourd'hui seulement, en
que ·l'ÊMle -de
Nancy fournit des membres distingués ii ce corps, qui, depuis
Henry IV, s'est successivement élevé au degré de splendeur où
il est arrivé pendant les grandes guerres de l'Empire, et beaucoup de nos concitoyens
acquis, dans celte partie de l'armée,
une juste célébrité, en s'inspirant du dévouement de ce grand
Ambroise Paré, à qui le siège de Metz donna l'occasion de reconnaître, Je premier, le. traitement le plus convenable aux
blessures causées par les armes, qui, depuis l'invention de la
poudrt>, ont changé tonte la tactique militaire.
Au temps où quatorze armées françaises repoussaient les efforts
de la coalition europée·nne, un des hommes qui, déjà, comptait
au nombre des illustres chefs de la chirurgie militaire de cette
grande époque, Percy, qui, plus tard, devait compter parmi les
barons de l'Empire, adressait au chirurgien en chef des hûpitau)l:
civils et militaire de Nancy, un billet que je demande la permis..
sion de vous lire ; il contient une affirmation qui, je l'espère, me
fera excuser de citer• un nom propre : « Je salue bien cordiale...
ment mon estimable et cher confrére Simonin, et j'ai recours à
, loi pour avoir quatre ou six bons élèves de sa façon. L'espécc
) en est bonne à Nancy, et j'eus toujours à me. louer du choix du
» cher confrère, à qui je n'ai que le temps de faire d'avance mes
» remercîments et de dire que je suis tout à lui.
Le 10 vendémiaire an XIV (2 octobre 180l'î), Percy, devenu inspecteur gé...
néral à la grande armée, ruppelait uu fondateur de notre Êcole,
dans une longue lettre dont je conserve les expressions, les bons
collaborateurs fournis par ses soins et par ses leçons, et lui de.,;
mandait des jeunes g·ens instruits et en état de le seconder pen.,.
dant la mémorable campagne qui commençait; et J.-B. Simoniu
envoyait à Percy de ces élèves qul, ainsi qu'il se plaisait hli·wême.
à le dire, ne pouvaient lni donner que de la satisfactio,n.
Je regrette de ne pouvoir, ])lessieurs, vous parler plus long.
temps de cette brillante époque de la chirurgie militaire, t'appelée
surtout par les noms de Larrey, de Percy, de Desgenette, et je
m'éloigne, à regret, de ces mâles caractères que noh·e dernière
guerre a fait mieux comprend1·e, en montrant, dans les hommes
)>
�56
les vertùs et le savoir que nous admirons dans les
hommes d'élite pour lesquels la postérité est commencée, et que
appelait, à si juste titre, .ses braves chirurgiens. Aux
·uns comme aux auh·es, s'applique cette affirmation, contenue
d'àns le rapport de l'étàt-major, après la bataille d'Eylau: que les
chirurgiens de l'armée ont fait tout ce que la saison, le pays et ·.
les circonstances n'ont pas rendu physiquement impossible.
dant les deux: dernières années, n'avons-nous pas, en effet, con•
templê les plus hautes abnégations? Combien de fatigues surmontées par les chirurgiens militaires, lorsqu'après de longues •.
marches commençaient de nouveaux devoirs ! combien leur in..;'
leHigence ne s'est:..el!e point exercée, plus vive que jamais et
pendant de longs jours, après les sanglants combats dont ils ont
partagé les périls! et notre admiration peut-elle être assez grande
poùr ces confrèr·es héroïques, dont plusieurs furent nos amis 1
quand, après le bruit des batailles, dans le repos inquiet des
camps, au milieu de sinistres épidémies, ils cherchaient à relever
le moral de ceux dont ils séntaient qu'ils partageraient bientôt. la
triste destinée, en devenant, comme eux, la victime de fléaux
meurtriers ?
Mais il faut que je dise comment .l'École de Nancy veut que
l'espèce des médecins militaires, suivant l'expression de l'inspecteur général à la grande armée, reste bonne à Nancy. Le 25 du
dernier mois d'octobre, le chef éminent de notre Académie, toujours préoccupé des intérêts de l'enseignement médical, a rendu
officiel un nouveau règlement d'études qui offre aux futurs
rurgiens d'armée toutes les facilités nécessaires d'instruction, en
vue des concours d'admission. Cette catégorie d'étudiants, ainsi
que tous les autres élèves de l'École, recevront, dans les cours ,
de chimie générale, de
médicale, de physique, de botanique et de zoologie, fortifiés par des exercices pratiques, un
enseignement scientifique qui ne paraît laisser rien à désirer, par
suite de l'union de l'Ècole, plus intime encore q1.1e par le passé,
avec la Faculté des sciences. La coordination des dix autres
cours, consacrés spécialement aux sciences médicales proprement
dites, donnera, également, aux futm·s chirurgiens militaires, la
�57
connaissance de toutes ies parties de ces sciences dont ils doivent
faire preuve après deux années.
Grâce â ce nouveau programme, les élèves futurs officiers de
santé recevront, en trois années, l'instruction solide qui, aujourd'hui, est exigée d'eux, à si hon droit; et les élèves qui aspireqt
au"titre de docteur, trouveront, dans le nouveau cours d'études,
un parallélisme suffisant avec rensèignement des Facultés, et, en
quittant l'École de Nancy, à quelque moment que ce puisse être
de leur temps d'études, ils pourront renouer, dans les Facultés, la
chaine logique de leurs travaux, sans tâtonnements et sans perte
de lemps. De leur côté, les élèves en pharmacie et les sous-aides
le ministre de la guerre, en vue des
envoyés à Nancy par
facilités d'instruction qu'offre l'École, auront, à côté des cours de
sciences, l'enseignement de la chimie appliquée à la médecine,
celui de la iJ!atière médicale, et ils rencontreront, dans un cours
spécial de pharmacie, une théorie fortifiée par une habile pratique.
Je ne m'arrête, Messieurs, sur les résultats des examens de
fin d'année {1), ni sur le cbiffre::des peines prononcées (2), parce
que je dois, avant la proclamation des prix et des résultats des
concours, qui sera faite. tout à l'beure par !I. le professeur-secrétaire de l'École, vous dire quelques mots de la session ouverte
en septembre pour rexamen 'des quatre catégories de candidats
aux: titres professionnels (5), L'.Êcole a suivi avec fermeté la réso(1) lies notes données aux élèves admis· à l'examen de fin d'année, à raison
de leur
de scolarité, ont été les suivantes : 2 fois la note très-satisfait;
8 fois la note bien satisfait; 16 fois la note satisfait; 8 fois la note médiocrement satisfait; 1 fois l'ajournement.
(2) 28 fois un avis officieux a été envoyé ; 21 fois un avis a été rendu officiel ;
15 fois la réprimande officielle a été prononcée; 5 fois l'inscription trimestrielle
a été annulée.
'
(5) A la session de septembre 1856, cinq candidats se sont présentés pour
obtenir le diplôme d'officier de santé. Trois ont échoué au troisième examen,
les deux autres ont été J'eçus. avec les notes médiocrement satisfait et satisfait.
Ces cinq candidats étaient inscrits par département, de la manière suivante, au
point de vue de l'exercice: pour la Meurthe, 1 i pour la Moselle, 0; pour Ià
5; pour les Vosges, f.
"· Deux candidats pour le titre de pharmacien de deuxième classe se sont pré•
�lotion qu'éllè avait indiquée l'amiée dernière, à l'occasion des
certificats d'aptitude, de ne tenir compte que de -la capacité
prouvée par les examens, et elle a dû, â r!1gret, considérer comme
nuls deux
d'officiers de santé, délivrés par les Facultés
de Paris et de Montpellier.
En règard des faits qui concernent l'enseignement, ceux qui
se rapportent à nos collections doivent être rapidement indiqués.
Je signalerai, comme les plus importants, la création d'une riche
matière médicale elles accroissements opérés dans le laboratoire
de chimie, qui, d'après le yœu ex,primé par ll'I. le maire de
Nancy, reçoit, chaque année, tout ce qui doit le mettre en état
de répondre aux exigences créées par la session des examens des
futurs pharmaciens ( 1). Cette partie du matériel scientifique et la
collection de géologie viennent, il y a peu de jours, d'être
chies par suite d'un legs important fait à_I'É.cole par l'honorable
famille de M. Aimé Pariso.t.
Je termiae ce rapport, Messieurs, en émettant le vœu ardent
de l'École, qu'un nouveau, règlement ministériel, marquant nos
devoirs d'une manière plus précise, devienne l'occasion de nouveaux progrès. N'est..:il pas logique de- désirer qu-e tout élève reçoive, dans la même école, une instruotion première, progressive
et habiLement coordonnée, au lieu de quitter des cours, après en
avoir entendu des fragments qu'il va, peut-être, retrouver encore dans les Facultés, sans avoir la certitude d'y rencontrer, en
-temps o,pportun.,
des matières qui font lacune dans
sentés. Tous deux ont été
pour exercer d-ans le département de la 1\Ioselle;
avec les n_otes :_ médiocrement sa_tisfait et bien satisfait.
155 sas:es-femmes ont été examinées, et 6 ont
le dilllôme reçu à Paris,
contre le dt·oit d'exercice dans l'nu des 4 départements de l'acad·émie de Nancy.
Sous Je .rapp_ort de la résidence, les sages-femmes du 2• degré ont été réparties
de la manière suivante: 1\feurthc, 24; Moselle, Hi; 1\feuse, 10; Vosges, 10.
Aucun candidat ne s'est présenté pour obtenir le titre d'herboriste du 2• degré.
(I) 916 fr. ont été affectés à la matière médicale; 256 fr. 25 ont été attribués
à la collection de l'anatomie normale; 68 fr. ont servi à transformer le matéri'el
(le la collection de tératologie ct d'embryologie. Le laboratoire de chimie a reçu
C\1 181i4-.51S, (a somme totale. de 405 fr. 85, et en 1855-56, celle de 512 fr.
-,
�59
· son instruction? Après trois années passées dans les écoles de:
province, et qui doivent sufflt•e au futur officier de santé, deux,
autres années ne seraient-elles point suffisantes à l'élève futur
docteur, pour puiser dans les Facultés, avec une maturité d'appréciation qui lui fait
nécessairement, lors de ses pre.:.
mières études, des aperçus nouvea:ux sur les objets de ses travaux
antérieurs, et pour agrandir ses connaissances dans certaines
parties spéciales des sciences médicales? La justice rendue aux,
écoles de médecine, le 18 avril1856, après un examen
fondi, est pour elles le garant de la protection efficace qui doit,,
désormais, s'étendre, de plus en plus, aux travaux sérieux des.
centres secondaires, et elle donne le légitime espoir de voir le.
futur règlement d'études remplir la condition de résulter de la
natm:e même des choses que Montesquiel\ a indiquée comme la
de toute bonne législation.
��
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1856 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 novembre 1856
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-14.</li>
<li>Rapport de M. Gordon, Doyen de la Faculté des sciences. p.15-30.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.31-50.</li>
<li>Raport sur l’année scolaire 1855-56, présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie. p.51-59.</li>
<li>Prix accordés par S. E. M. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.61-62.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Rapport sur l'année scolaire 1855-56, Présenté par M. Edmond Simonin, Directeur de l'École de médecine et de pharmacie
Subject
The topic of the resource
Rapport du Directeur de l'École de médecine et de pharmacie
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
SIMONIN, Edmond
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Information about rights held in and over the resource
Fichier placé sous licence Etalab (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence- ouverte-open-licence-5899923.html)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/15f41d2f2c6adf733b69c8c68bccf7f0.pdf
09e3e109a32be60c5e03c8e2b0b07a41
PDF Text
Text
RENTRÉE SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.·
ACADÉMIE DE NANCY.
SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
Le 15 Novembre 1856.
NANCY,
GHBIBLOT, yR RAYBOIS ET ciE, IMPRIM.-LIBR. DE L'ACADÉMIE DE NANCY 1
l'lace Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 12!>.
t8o6.
PRIX ACCORDÉS PAR S. E. M. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION
PUBLIQUE. -
MENTIONS HONORABLES. -
RÉSULTATS DES
CONCOURS.
Prix et lllentions honorables.
Les Professeurs de l'École de médecine, réunis en conseil, le o novembre 1856, ont décerné lès récompenses annuelles dans l'ordre
suivant:
1o ÉLÈVES EN MÉDECINE.
PREMIÈRE ANNÉE n'J,'lTUDES.
t•r prix. M. LAttElllENT (Edmond), de Nancy (Meurthe).
28 pri:.c. M. BERGÉ (Théophile), Lebeuville (Meurthe),
DEUXIÈME ANN1lE D'ÉTUDES.
Prix ex œquo.
M. BouRREIFF (Camille), de Nancy (Meurthe).
M. CHATEtÂIN (Gustave), de Blainville (Meurthe).
MenHon honorable.
M. GUÉNARD (Alphonse), de Cirey-le-Château (Haute-Marne).
Prix spécial pour la redaction des observations cliniques.
M. BouRIŒIFF (Camille), de Nancy (Meurthe).
Mention honorable.
M. GUÉNARD (Alphonse), de Cirey-le-Château (Haute-Marne).
2° ÉLÈVES EN PHARMACIE.
Prix unique.
M. VomttEMIN (Charles), de Bourmont (Haute-Marne), élève de
2• année.
Mention honorable.
M. REGULATO (Charles), de Sarreguemines (Moselle), élève de 2•
année.
62
Résultats des Concours •.
A la suite du concours ouvert, le 1.4 janvier 1806, pour la plaéè
d'interne dans le service de la clinique chirurgicale,
M. BROCARD (Valentin), de Rogéville (Meurthe), a été nommé interne à l'hôpital Saint-Charles.
A la suite du concours ouvert, le 8 novembre 1836, pour deux
places de préparateur-aide des cours d'anatomie et de physiologie, ont
êté nommés:
M. BERGÉ (Théophile), de Lebeuville (Meurthe), premier preparateur-aide.
M. LALLEMENT (Edmond), de Nancy (Meurthe), deuxième préparateur-aide.
A la suitè dù concours ouvert, le 6 novembre 1856, pour la place
d'aide des cours de médecine opératoire etde déligation,
M. BERNARD (Prosper), de Montmort (Marne); a été nommé aide de
ces cours.
Nancy, imprimerie de Grimlllot, veuve Rayhois et Comp.
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1856 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 novembre 1856
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-14.</li>
<li>Rapport de M. Gordon, Doyen de la Faculté des sciences. p.15-30.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.31-50.</li>
<li>Raport sur l’année scolaire 1855-56, présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie. p.51-59.</li>
<li>Prix accordés par S. E. M. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.61-62.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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A name given to the resource
Prix accordés par S. E. M. Le Ministre de l'Instruction publique. - Mentions honorables. - Résultats des concours
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1856
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
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The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
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A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)