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�RENTRÉE SOLENN;ELLE
DÈS ÉTAllLI'SSEMENTS
D'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
��UNIVERSITÉ
IM}>ÉRIALE;
DE NANCY.
RENtREE SOLENNELLE
DES
FACULTÉS
. DE DROIT
DES SCIENCES
DES LETTRES·
ET DB
""L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
:J:.,e 22 novembre 1988
NANCY ·
ye RAYBOIS, IMPRIMEUR DES FACULTÉS
Rue du faubourg Stanislas, à
J
��. -.-- "- -··· -
.
MESSIEURS, '
: ' :-.
. .. ; .
--
' Rassurêz-vous, je serai bref. Je n'ai pasoubÏiéla longue
séance de l'an. de:rnier. Ce n'estpas moi qui prolongerai
celle. d'aujourd'hui. Je voùs s_çiis tro·p de gré de l'intérêt
qùe vous prenez à· nos travaux 'e t aux études de notre
pour
afuser;;:)Yailleurs .dans le cercle
régulier de notre enseignement, j'ai, Dieu il\erci!
de
chos,es
:àppr{mdre. •
Ort-adi.'t :· héÙréU'X'·les
Je difaî
ch àês:Ecoles}'où' se·forme l;éspl'it
je'tù}éss{L Hei:r--'
r'eu$es:!font•élles}.·'!
[f1and'·ël'fes; onf troiNé feurS' eofiditi'Oris·
�_..;..
4'2 ':...;_
de stabilité, et qu'elles poursuivent en paix
Après surtout que les études
été si profondément troublées en France p8r des innovations téméraires, il faut s'applaudirde les
rameneesenfin à. une
organisation, qui· parait désormais durable, parce qu'eli
faisant dans l'édliC'at}Ofvfapx sciéqêesj; èt à leurs
ti ons la place
que rétlalli<Î.it
notre sage
Ministre a restitUé aux lettr'es et à la philosophie le rang
. iqsta:rH,,
•
,qu'?n .ne
·qu'on
dans le il'ïvéau intellêc.:.
ressenÙtaussit&t Un
tuel et moral' des générations nouvelles. En .rendant la
Classe de philosophie à peu près obligatoire, M. Duruy a
rendu .f.tJ'éducation libérale son couronnement nécessaire.
« Càr (comme ille disait naguère dàns son Discours de
>>.·Mont:O,de-Marsan) les éiudesclassiqties ressemblerif à
,, une voûte, qui ne
qH'6n en a posé la
>> clef: et cette clef ne se pose que d'aiis' les grandes clas>> .ses de Rhétorique et de Philosophie.·• • »
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sel}tés;à CeJ ·
;,·]a· ;pll)'par_-de ,cette
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njestRa:S·•qu,e ;llO,US pe comptÎOJlS , daqs;
. .Ce1'la.11s ,.Colkéges ,ljl:e nqusien:voient · que
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·Jeilr:éljte,,.-et laisseoJ;:)eùts ··élèvés
.
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.Mais_ ,_reNanche
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. · Des 'illifaùts, qu'en son· sein elle n'a point portés. '
. · . <..\:.'.
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Nan.cy en: efl'efi plaçé' su-r .un' nœud·. :de;cMwli:ns
appelle à s.oi maints jeunes gens des ;Ac1ldémies·voisines;·:
quiJ rduventJ•ot.re iEacumr plus.à leùr-portée;: ·;.. , d . '
t
...
du·.noa:veatr ·
Pl'ogramme, qui .rend à .Ja .Rhilosophie; -dansle plan de$·
Etu;des etdansles·,Examens,Ja.place qu'élie n1aùrait jalllais
· d!): ,per;dr;e. ·;La-'Disse,I'tation philo.sophique ; ;ajoùtée ·aux
la:\lt:.êat §Pn vrai cat·actère, ·e11 -en faisant le Mntrôle le·.plus
co:mplel d]ürt,e·:;éducation ·classique·. ·:;Désormais•. :plus,.:'de
pla:ce:,aù:x. _
prépa.ratiolls hàtiv.es .eLhasardetises:;. · plus.: de:
chappes;;pour ·les \:ouvriers .de , laiqerriière
· · plus
-• prêparatio_ . ·
ll,
Cours :régulier d'études)
.
:'.
Appla:udisscms, Messieurs, à une mesure, •qui ;én .niêrrtê
si ·effkace pour retenir .nos jeunes 'gens'·dans
Iacfasse de Philosophie,, et
s.ormais une· anné.e si . généreuse •. etsi :utile;•,Je suis heu - <'
reux d'ajoute l' que le
de cette·nouvelle Composition
a dépassé notre espérance: Nous' avons ,eu ·mai rites :>disser::-'
tati<ms vraiment :.distinguées;. hr rnoyenrJe rnême"-,·était
e
n
jeunes·· •
es;.
bonne; . t·' prouvait ma- ifestement c.ombien ·· de •
prits,, •
dans:,_ ce commerce 'des .:idées philoso.phiques, · peu·.:
.
vent acquérir,de maturité,·, de •solidilé, d·'ordre, de rigueur
(
:
�........ 4'4• _ ,
logique _. e.t·de·clarté. Yoilà•pôur:-.l'esprjt, ·•
sàns >
con)ptetchi
, profit moral. Car.iassùrément:·ce nlest
•
vaut d'entrer dans Je monde, nos enfants auront ain.si
vécu une anpée enfièf:
e
atrnqsphère des
. doctrines
ialllüiarisé
ayec .
les :grandes,quéstiôns; . :qui intéressent·.• la
et..rèligieusè r : nomn\lœ
deJ'
::: u
;,
Les autres·C@mpositions sell'}blent <S1être.;;'aussi;relevéasj_
'_
.du :moins .à .c.ertaitis
'On;;,SentbiEm/:pari •'eix'èmple,
que .le·:Qistours ,Lafiù;exenëe!en 'arrière,
pro'J
sür les réb,ldèsp nos:
leur
une·.pfàtique st.udieuse'•du Thème. e! dela Grl\rnmaire;(Lle .·
; r mais{le fond ·resle bien •mince}FBell:é
·
sen te-. qe nl.esto
d'id.ées:et():e;
.Jlailit:.:- plus·;wn n'en
:
le.;guût. 'JLe;ma;lériel·•:des
,a:bsorhe-Jes;esprHs';t et :rif.i
l.e!ll:t,laiss. ,gu.è; e {ie;loisir po;ur
e f
maint,ênanlb
àJMpi!êuvq;_(œale), ;ont:•trtï-p<
ouh,îê:-I:Iéj'à't'ihisJ
toive
de Rmne, ces patries' pourtànt.· dè'c
léurs
w,ei'tel,l,ir·JHJX •,g• a.n,<l..es:
r
co,nll.l,ls,.
:de:
a,ut ..élYénements; Ies lplus
,les •,phi.&rraiJililiers 1
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et
liéux.<JOmmuns asse2; eommunspour 'nos,Candidats.;·::
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)(i i\:vae r ces . trois . ompositions•, qui .
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toutes parts l'esprit de nos . Elèves, et 'nousclivreritle,if:or.
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etle faiblè de leur pensée et de
études' classiques, il
·•fitbyens.··ae•.j oger.
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.•..triainte
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.infaillible; et l'Epreqve
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saris pêrdte cepèndanf':son
Xtissi,·,··sur··
qhi .se
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ses$i()ns • d'Ajril, 'd'Ai ht ·et.de .
't 8d6, t
ont .été élî.minés âprès les Cotrtpositions, et Wseulement après l'Epreuve orale.
i 54 Candidats .(sur•
:Jes :2. 4i· qui: s'étaient•pnêsel'ltés •. à
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tetldtë' · au'ipr?iriièli .
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ires (c'est-"a.:dîre58,33, pour·cênt} :·:
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�47 sont MM. Persil, Grosjean el Collot; le premier et le troisième; Maîtres répétiteurs au Lycée de Nancy;. le second,
PrOfesseur au Collége de la Malgrange. M. Persil joint à
.un •. esprit heureux eti:facile".unfonds eicèllênt de premières
.études.•M.' ·l'Abbé· Gros.fean 'èst un
.Cârmes, ·quEpar ses qualités {d'esprit et la solidité de·son
instructiomjustifie parfaih:lment ' le• choix· que son Evêque
·a fait.•·deJui·pour l'enseignement. ••M. Collot.valait cerfainemerit mieux que son Examen; il aune vigueur originale
d'esprit.etsurtout une chaleur d'àrrle, qu'o11 ne pe11t trop
soùhaiter éhez ceux qùi sont chargés d'élever la jeunesse.
- Ce sont là, Messieurs, de solides succès.; mais ils sont
trop .rares; et nous pouvions. désirer ·davantage.· Quand
,nous vôyqns l'érrmlation des jeupes, Maîtres à solliciter de
venil' au Lycée de Nancy au. titre même le plus pr'écaire,
nousnoils demandons en .vérité, sii e'est par l'insuffisance
de nos .Cônférences ou· par leur •négligence à en
·qllê''lamôissoh·res'te 'parfois'fin peu· rrutigrer Nolis ne
croyons •pas trop 'exigér. Nous corn prenons bien, que quel--·
qûes-uns; :qiü ne se doutaient ·pas assez des' laé.ùrtes •dè
leur'prêmièr.e··înstrllction classique, éprouvent parfois ufi
peu de âéc0uragement, quand on leur laisse entrevoir ce
qui leur reste à faire pour atteindre à l'Examen. Nous
VôfiS que d'autres, ·a:u milieu de leurs devoirs de surveil--lance;. he trouvent• pas toujours aisément la: liberté d'esprit
nécèssaire'pour se livrer à ôes études élevées et
x
Sans doute il faut de·hi vaillancè de·•cœur à ce ti qui savent/à travers urie jou l'née ainsi absorhéê, consaerèl' dès
�+
.48 . ;,:;._
qu: eetté
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loisirs à è& :.
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.ver.tv "S.oit trop rarer •··
notre Faeulté un : vènefuen* ;cr..we,
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qJ.ie.'tvus.les :eentans.'
doùiC.RQ.S;deuK::J}Ôyteurs;
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.·. sPnt-_llés ·ch erpher
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·.· , ,/)f1()jw:at§ _test dans
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.titr!l-de
pris.. devant notre Faculté n'ait la même
que<
s'iteùt etécorlféré en, Sriiihonne ·
;,,
·des; Maîtres •. les·.- p.lus <
ho;...
qui .ltous apportait ses··•·:Thèsès,
ra,-.;-t;-nâra.u&:; Rrofesséur•rle
Bar·.
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..-&:Th Latipe ()sf d'up .e:xèellenthun:utnisîe ;Ily:,essa• e.
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··Traité•1Perdu··dé . ·Giçéro:n . _
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populaJ:it6t 'pourrNise-r·à
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la.•s.plendeur.
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;cJêmps,_ nou§Tltt:miêux comprendre IR ttansfôrmatiorij;ifo;. •.• gresaixe· de tettEr; religion
Ji-•:Glôire';dà.ni; l'
d;urt
_·''\!ràii grandi
.s'élève;touJom;s avecJes
- éVénêinentsr iMais
àu
ir'a ;su-mif3uX.Iressentir;
_ i
et· n3ûs,·cofumtttiiquei<l<i- Jlami:ne .géné;;.l
·
reu- e de :cet enthousiasihé civitpiê, ·qui a, ; put'ehu jusqu'au
s
s
" ;;; :, •;: ·' :· a--été ' pou.r Lui;il' œuvre··
s':y.é.$f .proposé-•d'élargitf la ;méthode :philosophique, .et
corrvier-'à ·Ja-i/ois •toutes lés •ab1Hés:dè l'âfne·: à·-cuncourir
.
f
a\l.é_ a,raisorf à la>- rë6herche' de' la vérité• -- •
d
Peut..;être
-èffet -_ DlJscartês; ;an
qtie •l'intelHgèttce .à -cette
_œu·v.:rre ,et .en · 1 en
rimaginàtion.: elle sentiment,
· a..t..if 'àtla fols mutilé JI"âme :humaine/et
en
lûi a'· doril1éê-s pour '- rn:mtiaître l'e ,,vrâf
!pQur. :y. atteinâre. ü(r lé'vr:ai:le,st én même temps
. le bien.::etJe,; beaù-;· êt de,rriêttté ;q'u'lms',élève au vrà.i paf
- ptfitelligence-;;,:&est)pllt11'- moù-r :qh'ori va- au <
a
hiën.'-Que:-la
tais6n fi:anc soi Lia
maîtresse_ .- mais la ,· raison
;
tout)
<
raison,-' âJ;t<.on. dit,, n'est que lkeiFde l'âmiq:
elle n'eh•::est ·pas -la ·:force
fo_ce
r
lè
et
les.V:él'Ités
de,telle nato re, . ·qu'on . saùra:it en,avoir: (la
sàns les vouloir; sans
les aimer. -La vraie philosophie, selon M. Charaux, ne
saurait donc séparer ces grandes pui&sances de l'âmé,
la raison et l'amour; l'esprit humain,_comme OEdipe·,
· soutenu par Antigone et Ismène., .u 'a pas trop de l'appui
de. ses deux filles pour arriver au terme. Rendez donc. à
�. 50 ' -
'ses ailes, ·
l'irnaginati'on, JaJoi,;!?amour;
par<.Dieu mème:à:
la•· porter . plus,' ·hàti- dâns .Ja'; spliète
V
.vé_rités, ·
niais dont Je propre est surtout ;de
fàme
la' verJu,de s!lissiti:liler èlle.,-mê.lte,,à·)a;vérité par,} a; pratique
.
mûi'11;le.
M:-••.•.
·est:de .
tituer ·ainsi à nos·:
.
Je ur
.Ùgitiine ..à:
éôté:; dé: !a:. raison_,· dart.s une ;
pliiqtieJ.Il}.âiS: _n lés;subordônnant
e
et
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e
La. chôse sans
avant·.,hii
les
grandS. rrrystigl1es•. dh .'.M'oyen; Age·, :et .surtùut ,; par:; saint
Bonavfmtute.; Mais .il
utile, Ù:prè.s
nit:::SiM · ·Chl}·ra.ux . n;a··P!l:_ ncore ,
:
e.
un.
e
·
·
dA :admirer ; û .llloins,son.
d
·
,el applaudir à" son;
·Son.Iivre, -toutinspiré· du
.
·,,qui
facù"tés:humainestournées :yers
l
'le.J'raL •. ,.on· 'J
sentl'onétion;d'une belle âllie,.l'..amo-: r'dé.Ja· i\rérité,et des '
- --,- ·._
_. ·._ u
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. . ., ·- ---:
. hor;nmes; Il faiLJé plus) gran'd:
efà-l':Université;<tièt:e de .trouver ert\ son ;sein - tels·de
pou'ï· leur: cou
Héd ucfcliiowphilosophiqt;te.de la; j.eùness.e;
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Je 'Iaissèrai >-süHôrit ;à!iiriêt CôllêgùeS': lé: oln :de-vous
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pensee:diÜeûrs )Côurs.:· Jé;mè borne à:signalerèri-qûéJques: ·
·. mots la
l'(mseigtièn;ëiif dè·ëèttè'àrirtèe; ·· .? -
de
Phüosophi'e ,c M, .de .,Ma:rgérié?
traiÜti t :; l'Rri ·dernief'(:l'e· l<f
Psyoholifgié;:Eri présëritê·dè toùs cês-sys'tèmês chimériqûesi
dè·:philosophie{ qu·ï-: troublent aûjoura'hüi' tallt 'd'espr1ts)
et ·les: rjettelit ·dans. le
)
éprouvé; a:
voulu:nous -rarnener--à'l a·s: urce::même, d!où ptocèdé ·toute'
o
philosophie·ratitinnèlle;;aù fond:·:de cette âjlle
· · qne-r:Diêu;: •dré:ée
a
iFa gravé ·-en: càrâè:;.tères inim'ortels ,les principèS 'dé:·toute·science eHesi·egiès
dè-Ia<vi'e >- u'est-ce
Q
en effeÙ·D'où ·vient:lr?
Où va:.:t..il? Qü'est-"ce què .
te
ce :béH.I, ::aû'x:D
qüels if:aspire, ·potir lesqûels
fait? Qùéls ·lllÙ'yèrfS a4;.;il
de -· discérner :ceFdbjêt' sù_prêfuè :d'e sâ
el 'd''y
àttéin'dre? :C'és('· dans ' Vétude '; même de· l'âihe qü'il :'faut
èhèrcli(wHi•· solution :d'ê·· ées
cÜltés dé'l'àmê\ en effet, nous eh révèhmtlès lois. ;;M: de '
Margerie s'! donc attaché d'abOrd à' l'analyse clesfàqlltés ·
st
intellectuelles; en commençant par le plüs humble degré·
.
.
�--- •' 52
-
- de la connaissance, pour s'élever slïceessivement de faculté
en faculté jusqu'à la raison, .cette faculté supérieure, qui ·
impose au monde des idéesH principes souverains et ·.
des
antérieurs à toute .expérience, eLqui est comme le ·carac•
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si ves, de remédier!aux: abus. de' PoJ'drè sôc,ial eLaux
de la vieille
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grâce àJa .botirre •. volorité ·'diù
ei au·· zèle'_:-de·-,Min:î-sfres
'actifs ·domme-Turgot 'et-•Neékërr ·•là' •réforffie:
pourrait :·s?
accomplir :,sans: crise:..Poufquoi: 'l 'énirgiê· du·.
cin:actère .· n'égalait..elle.pas·èhét ·Louis :x
pureté · des
forte:poùr •èet ,fiomnie :de:;bien
:iridécisé
la
,...d éplus en'}plùS: entravé- _ ·con1pf'ël'rrris ·
et
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des.-fin:ances,;-·,; ef:
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d'impuissant:;· efforts, qui :: dévorent .· succcssiveme'rÜ:·:plu'"''
sieurs M.iritslèrès, en. estrédùite à prépdre' • nJin :une·réso;.
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. par .où ·èll.e/ eùt dû - comtfienèeF; à:. en:.
appeler' 'à Ja naHon
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irrite; ou parfois eacore:_
"6usjette dans
.-irPniquéi;,et
::<on 'ri t -de;·;Sa
poùr·.lt'èn ·-plus être,::dl,lpe ;: et:-Jlon,·
·
opposer.:lfi:t .
tel·-· qu'on .s1:ét{),it plu-là- :
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hel,lrter• tPJus ;ie;:coutr.aste ;aur'a :_-·,éte''
'
·J'âme :blessee'- 'Par ,la,réàlité·sera
et:délieaterl>ltis
aûssiil'!iift:ïilie•,éelaW,r,a· d 'ü ne·- fa:çô;rl ·\li
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piltôJ.{lblè;·at
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,s.ur §QtttO!I\nhe.Ru:;:;.' «
liotte ;pla#anterie;· Je
·» l'avais bienpensé autrefoiS ;je le sais maintenânt;;,:»Noilà
·
la 'poésie
p,opr:n.a
.-on se venge :d: -Iair.éalité::de
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·Arq;IaisJpènt(ipoù$sêr
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.no uséautres;
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·
'nél 'imaginons·
en 'ce pays:est·lièâuc6up' plusfortë·qûê'chê'z .
nous ;jeors··serisatiôns sont plus
·comme,Jerirs
.pensées plüs..ol'igiriales; On 'Je:
tidn·s: que .leüts ·. poëtes 'ont··· fait desrfiôtres Qué,Wichérl èy',
·par .: exemple; ·.tra.nsporte · sur.la :scèrteanglàise:le \lJ!lisari)- :
ihrope'
t
il ·fâit: •dela sénÜllanJe ·céÜrnètie la
·coquétte là·plus eft'rontée·. et li.rpl:us méprisable, eh Atteste
· •devient un:..rnarin· grossier et·butor; .· :Le goùt anglais 'âpre
.
.èt.saris; discrétiotï va.aiséme.nt d&nslasati're·3usqÜ'àfëxcè&,
et he·.coH.naîl pas ·cette ·rnesure·:décente'. et 'cettëdélicatesse
·cor:tlp!lgilie;
li!uJuoi'is7" .
..tique, ;c'• st.étu.dier Japoésie.anglaise dans sa
e_
·
s'être ârrêfè}l:ahord
Jntüne.
:ctues. du<te:IIlpS.: d. Ja.Restauratiop••··des".'Stuartsi'<'éhrdi-era
e
·swift;Ad.dison· e't Steele . collhhdratéùB,
.......
..Rope,, "Fielding. et··
_
gro;upe' des .'humoristes ;le·
qui
:a:;tànl"de: ressemhlance\â.':ec •
.eux; ·.·.ét partout illlÎêlera:la
:biographiè , de
Fanal:yse de· son ;
:Caf',
dès ;produ-ctions·d'pu lcara:Ctère a.ussi: -versofin'eh;· neJ
q
ièornmen tairé,
être :Ph.Îs .instructif,··que.:la'vie·même de
,J'.écri vai'nl j <. . '
< ': -M.:Gebharf·avaitbién· voulu; à:>
notre dèmande;<
o;üvrii:· ·
· rl?an:dernier une Conférence sut PArt
;et la. ;pa.f'ôlè
_
.publique; _spécialemtmt:
ollroit.. ,.Mais ,ces :jeunes gens ne, pâraissent· pa'S
a.ssez
.
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·.·
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�-- i69
---
'èompris combien ·Cè Coursleùr était utile> pourc<impléter
leurs•• études littéraires en i,vue de:Ia carrier{r-à
ils
se destinent; et n'ont pas ;répondu à notre
-·
éfiseigrtetnent oral.
Mais a\u
·dehors nôtre Faculté
pas; D'oh ptus<•de
un autre enseignement par· sès -publications. M;• Bürnouf
continue:- dans lallèvuë des: Deux-MondéS ses artiCles de
•
critiqueliitérâiretet' philosophique · si
ment c'était une communication des plü's curieuses sur
les origines de la civilisation grecque, qui, à mesure.
qu'on _l'étudie davantage, paraît moins autochthone, et
laisse entrevoir qu'elle aussi a pris en grande partie sa
source dans les vallées védiques de l'Himalaya. - · De son
côté, M. de Margerie, établi dans la Revue d'Economie
Chrétienne et le Correspondant, ne manque aucune · occasion d'y traiter les grandes . questions philosophiques et
de notre temps, et
à l'opinion les
ouvrages les plus considérables
s'y rapportent; et
cela, avec ufie autorité de raison et une sûreté de doctrine,
également acceptées des gens du monde et du. clergé•
Pour moi, absorbé dans mon enseignement; je me borne
à détacher de loin en loin quelque chapitre de l'histoire
de la Comédie grecque, à laquelle je travaille depuis ·
longtemps. -- Quant au succès de cetenseignement extérieur, je n'ai pas besoin de vous l'apprendre. M. Lacroix
vient de voir consacrer par le suffrage de l'Académie
française . le Livre excellent, où, sous le titre de D1x Ans
�=-
·d':En,seignemfJJt, àJa,ftq.culté;
.aux .•
diverses épOCf\les tde Ehist.)ive:
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grands:,pvinpi_pe.& .d. ·sa ..
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temps que
françàise ,décérnait à ce travail J'un
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:te.ur, .la .
· $Outieüt ainsi :pa,r
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.. FaJiPlté
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Title
A name given to the resource
1866 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, des sciences, des lettres et de l'École de médecine et de pharmarcie de Nancy, le 22 novembre 1866
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté de droit. p.1. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des sciences. p.2. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des lettres. p.2. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. École Préparatoire de médecine et de pharmacie. p.3-4. </li>
<li>Procès-Verbal de la séance. p.5-7. </li>
<li>Allocution de M. Le Recteur de l’Académie. p.11-13. </li>
<li>Rapport de M. Jalabert, Doyen de la Faculté de droit. p.15-27. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.29-40. </li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.41-60. </li>
<li>Rapport de M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie. p.61-80. </li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy pour l’année 1865-66 par M. De La Ménardière, Professeur. p.81-94. </li>
<li>Distribution des prix. p.95-99. 13.Prix spéciaux pour la rédaction des observations cliniques. p.100.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1866
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Veuve Raybois, Imprimeur des Facultés, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1866
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/18da415ed4953ae4c342ed929054416b.pdf
b32638b5b4218fd1d8d9af06f033ba4d
PDF Text
Text
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! P(5-/-6"0)"&-"R-5$&6("0)*"N5')/5)*"FG/'2),*'6("0)"B.,,-'/)O"
! P(5-/-6"0)"&-"R-5$&6("0)"P,.'6"N5')/5)*"(5./.3'8$)*")6">)*6'./"0)"M-/5="FG/'2),*'6("
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DES
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��UNIVERSITÉ DE. FRANCE. -
ACADÉMIE DE NANCY
RENTREE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DE DROIT, DE MÉDECINE, DES SCIENCES ET DES LETTRES
DE
Le
I
NANCY
7 Novembre
I
87 4
NANCY
IMPRIMERIE DE BERGER -LE V RAUL T ET Ci•
ll,
RUE JEAN-LAMOUR,
1875
11
��RAPPORT
DE l\:'f. LE DOYEN DE LA FACULTÉ DES LE'l"rRES.
MONSIEUR LE RECTEUR,
MESSIEURS,
Voilà vingt ans déjà, qu'une colonie athénienne venait
fonder ici la
des. lettres. De ce groupe de jeunes
lhaîtres qui y concoururent, je demeure seùl aujourd'hui.
Car. mon ami Lacroix ne nous appartient plus guère que de
nom; et. Paris, qui nous l'a pris, ne nous le rendra plus.
Depuis ce jour de notre installation, j'ai vu bien des professeurs se succéder dans nos différentes chaires; et ce n'est pas
sans mélancolie, que, resté seul, je reporte aujourd'hui mon
regard sur ce passé déjà long, et sur ces changements, qui, .
dans l'intervalle, m'ont enlevé tant d'amis. J'ai du moins de
quoi me consoler, en consiclérant ce qu'ils sont devenus.
Nancy semblait en effet les désigner aux regards de· la fortune. Ils sont aujourd'hui à la Sorbonne, au Collége de France,
à l'École d'Athènes, à l'Institut. Mais un, homme d'ailleurs
nous demeure, qui, s'il n'était pas avec nous au jour de la
fondation de la Faculté, y arriva presque le lendemain, pour
en être depuis ce temps la vertu et l'honneur, M. de Margerie.
Félicitons-nous pour nous-mêmes que Paris, si jaloux d'ordinaire de s'approprier les talents les plus distingués, ait
commis la bévue de ,ne pas nous l'enlever encore ; et sachons
profiter des années que nous pourrons encore le conserver.Puis, au milieu de cette mobilité avec laquelle la Faculté se
�78
SÉANCE DE RENTRÉE.
renouvelle autour de moi, ai-je besoin de dire avec quelle
satisfaction j'ai vu, à la fin de ma carrière, venir ici comme
Recteur un des meilleurs amis de ma jeunesse, si dévoué
aux lettres et aux intérêts de n'otre Faculté, que
j'ai bien le droitde le regarder comme un des nôtres?
I. Cette année même nous avons perdu M. Petit de Julleville, qui, dans la suppléance de M. Lacroix, avait pris possession de l'histoire comme de son vrai domaine, mais dont
les lettres, ce semble, regrettaient toujours l'infidélité. Il est
allé professer à Dijon la littérature française. Vous tous, qui
l'avez entendu ici, combien ne goûtiez-vous pas ce jeune
maître, qui portait sur les choses du passé un regard si élevé,
si pénétrant, si équitable, qui les jugeait avec la sagesse d'un
ancien, en les racontant avec l'imagination et l'éloquence
d'un jeune homme ? Quels regrets le jour où il dut interrompre brusquement ce cours commencé avec tant de solidité
et d'éclat sur le rôle politique de la Noblésse en France du /
XIe au XVIIIe siècle ? ··
......... , . Pendent ope1·a interrupta,
Murorum ingentes, œquataque machina cœlo.
C'était vraiment dommage. Mais partout où M. Petit de Julieville portera son talent, il est assuré du succès et de toutes
les sympathies.
Après un interrègne prolongé, il a été remplacé ici par
M. Robion, le savant le plus labQrieux et le pluB passionné
que j'aie jamais connu, et dont l'esprit investigateur s'est
plu à fouiller les parties les moins
jusqu'ici de
l'histoire ancienne et moderne. Personne ne sait mieux que
lui en
les anciens peuples de l'Orient, dont il a écrit, à
l'usage des classes, une intéressante histoire, éclairée de
toutes les lumières de l'archéologie et de l'érudition contem-
�FACULTÉ DES LETTRES.
79
poraines. Depuis, l'Académie des inscriptions a couronné son
Histoire des Gaulois d'Orient, sa traduction de l'Hermès Trismégiste, son ouvrage sur l'Administration des Ptolémées, et
maints autres savants mémoires sur l'Êgypte, la Chaldée,
l'Assyrie, l'ancien Iran. M. Robion est le collaborateur nécessaire de toutes les revues savantes. Il connaît toutes les
antiques civilisations de l'Asie occidentale en homme qui a
entre les mains toutes les clefs de la maison. -Surpris cependant à Pâques dans les fonctions qu'il exerçait à l'Ecole des
hautes études par la délégation qui l'envoyait suppléer
M. Lacroix à Nancy, il a cru devoir débuter dans cette chaire
par un cours d'histoire moderne, et il a pri,s pour sujet la
Politique française de Richelieu en Italie. Mais cette année,
il se propose de nous ramener dans la Grèce antique, que
l'histoire moderne nous fait trop oublier, et de nous raconter
au temps de Périclès.
J'aimerais (comme je faisais il y a quelques années) à
vous rendre compte ici avec quelque développement des
divers Cours professés dans l'année qui vient de s'écouler, et
à y joindre un programme des Cours qui vont
Mais
la multiplicité et l'étendue actuelle des rapports ne me permettent plus de faire aujourd'hui ce que je faisais et ce que
vous écoutiez si volontiers autrefois. Je me bornerai donc à
une succincte énumération.
M. de Margerie, qui suit d'un regard vigilant la marche
de la pensée moderne, s'est attaché à étudier dans les ouvrages
de Brown, de Hamilton et surtout de Stuart-Mill, la tendance
funeste de la philosophie anglaise contemporaine vers le
matérialisme. A l'infaillible lumière du spiritualisme chrétien,
il n'a pas craint de s'avancer dans ces tristes parages sau's
ciel et sans étoiles, pour en signaler les écueils, où viennent
naufrager chaque jour tant d'esprits chancelants et aveuglés.
Dans la chaire de
M. Decharme continue de nous initier aux travaux de la critique moderne sur
l'antique mythologie grecque; et là où jusqu'ici une poésie
�80
SÉANCE DE RENTRÉE.
frivole n'avait vu que des fables gracieuses ou de romanesques
et scandaleuses aventures des dieux de l'Olympe, il nous
révélait un symbolisme profond, sous lequel l'antiquité adorait les mystérieuses puissances de la nature.
M. Campaux avait pris pour sujet de son Cours de Littérature latine l'état des lettres et de la poésie à Rome au temps
de César; et, s'attachant en particulier aux œuvres de Valérius Caton, de Varron, de Catulle et de Lucrèce, il nous
transportait en esprit au sein de cette époque orageuse, où
les âmes rêveuses cherchaient dans la poésie un refuge pour
échapper aux misères du présent, ou bien d'habiles artistes
de style, dans leur imitation industrieUse des œuvres de la
Grèce, semblaient déjà indiquer la voie à Virgile et à Horace,
et accordaient pour eux comme une lyre la langue de la
poésie.
Pour moi, dans ma Chaire de Littérature frança!se, j'esquissais le mouvement des esprits et des" lettres en France
dans la première moitié du XVIIIe siècle, alors qu'à la place
de la cour, qui abdique lâchement l'empire des idées, les gens
de lettres s'emparent de l'opinio)1 1 qu'ils poussent de plus en;
plus à la révolte contre les institutions du passé. bans cette
étude, je me suis particulièrement attaché à Montesquieu et
à Voltaire, le véritable roi de cette époque.
M. Gebhart, le professeur de Littérature étrangère, a consacré son premier semestre à nous retracerr dans un tableau
brillant, mais traversé de sinistres éclairs, la renaissance des
arts et des lettres en Italie à la fin du xv• siècle et au commencement du XVIe; au second semestre, pour varier l'objet
de son enseignement, il étudiait l'œuvre poétique de lord
Byron, en
les poésies de ce Titan révolté avec
les événements de sa vie si romanesque.- Mais il se propose
cet
de vous ramener en Italie, eette patrie préférée de
son esprit et de ses études, et de reprendre où il l'a laissé, ce
cours sur la Renaissance, qui est pour lui comme une première
publication d'un grand,
qu'il
sur cette épo-
�. 81
FACULTÉ DES LETTRES.
que, et pour lequel il a reçu déjà les encouragements de
l'Académie des sciences morales et politiques.
Enfin M. Vidal-Lablache, dans sa Chaire de Géographie,
menait de front deux Cours différents. Dans l'un, il nous enseignait l'Allemagne moderne, telle que l'a faite la nature, le
.génie des peuples qui l'habitent, (lt sa longue et laborieuse
histoire; et dans l'autre,. il nous apprenait à mieux connaître
notre propre pays, le sol merveilleux de notre France, cette
terre prédestinée, qu'au moyen âge déjà on appelait le plus
beau royaume après celui du ciel. L'intérêt soutenu, avec
lequel l'un et l'autre cours a été suivi, montre que le Fmnçais
n'est pas si antipathique à la géographie, quand, .au lieu
d'une sèche nomenclature de lieux et de noms, un professeur
de talent rend à chaque contrée sa physionomie, son histoirè, ·
SOn âme et ·Sa vie.
Jeme borne à ces indications sommaires sur nos Cours de
l'an dernier. Quant à ceux de cette année, chacun de nous,
dans sa prochaine leçon d'ouverture, vous en exposera le sujet
et l'esprit.
Mais je dois aussi, en parlant de notre enseignement,
mentionner quelques-uns des travaux personnels, par lesqu<;ls
nos professeurs étendent au dehors le renom de notre Faculté
des lettres' et son influence;
M. de Margerie, cette année, a publié une troisième édition
cle sa Théodicée, un des plus excellents livres et des plus
goûtés qu'ait produit de nos jours hi philosophie spiritualiste
et chrétienne. En publiant de nouveau cet ouvrage, il l'a
développé en certaines parties, pour l'accommoder aux plus
récentes controverses de la science contemporaine. Car, toujours au courant du mouvement des idées philosophiques, il
est sans cesse et partout sur la brèche, pour défenéh·e contre
les assauts du matérialisme les doctrines immortelles, qui ne
sauraient s'obscqrcir un instant, sans que le monde et la
conscience de l'homme n'en soient profondément troublés.
}1. Campaux, de son côté, en préparant pour l'an p;rochain
FACULTJ!:s,
6
�82
SÉANCE DE RENTRÉE.
un cours sm; les Géorgiques de Virgile, revoyait, pour en pü.blie:r une seconde édition, son charmant poëme de lWaisonnette,
où il a chanté lui-même avec tant de charme et de fraîcheur
la vertu dela vie rustique, et essayé,commeVir.gile,dans un
siècle blasé et au lendemain des discordes civiles, de réveiller
dans ·les âmes le goût de cette simple et laborieuse existence.
Enfin M. Gebhart, poursuivant dans des travaux particuliers les études, auxquelles il consacre depuis plusieurs ·
années une _partie de son enseignement, a communiqué à
l'Académie des sciences morales et politiques un mémoire sur
les Commencements de l'économie politique et sociale chez les
historiens jlorentt'ns de la Renaissarwe. - Il y montre comment, dès l'origine de l'Histoire dans leur littérature, les
Flort:)ntins non-seulement ont partagé avec les Vénitiens le
goût des faits précis et des informations exactes dans l'ordre
économique, mais ont encore démêlétrès-vite, grâce à l' expérience qu'ils acquirent promptement des révolutions et de
leurs causes, que, sous les mouvementsr: qui agitèrent Florence au moyen âge, se cachaient des conflits d'intérêts et
des notions tantôt fausses et tantôt justes sur l'impôt et la
propriété. Les historiens, qui ont vécu après la période révolutionnaire de Savonarole, Guichardin et ]}fachiavel, ont eu
pleinement conscience du rôle joué par le socialisme dans ·
les révolutions florentines. Leurs raisonnements sur l'impôt
progressif et les excès de la déiliagogie les ont amenés à vérifier une fois de plus l'éternelle loi politique déterminée autrefois par Platon et Aristote, et que seuls les fanatiques de la
révolution ignoreront éternellement; à savoir que l'abus de
la liberté et la violence populaire suppriment la liberté et fondent le despotisme.
II. -
EXAMENS.
Baccalauréat ès Lettres. -Nous venons de faire au mois
d'août le premier essai du Baccalauréat ès lettres scindé. en
�FACULTÉ DES r,ETTRES.
83
deux épreuves séparées par un an cl.: intervalle, C'·est là une
réforme de l'examen, que nous sollicitions depuis longtemps,
et dont nous attendons les meilleurs résultats.
Le programme du Baccalauréat en effet :avai_t fini par être
trop chargé, et les meilleurs esprits ployaient sous le fardeau.
On l'a allégé, pas assez sans doute; mais surtout on l'a partagé
sur deux années. En sortant de rhétorique, on subit l'examen
sur les matières littéraires de l'éducation classique. La
seconde partie de }?épreuve, placée à l'issue de la classe de
philosophie, comprend, avec la philosophie, les sciences
mathématiques et naturelles et les langues vivantes désormais obligatoires. C'est airisi qu'à la fin de chaque année,
les candidats sont interrogés sur les matières étudiées dans
l'a:rnÎée même. Le Baccalauréat va reprendre de cette façon,
je l'espèra, le vrai caractère qu'il doit avoir. Ce n'est· pas un
"concours en effet, comme celui des écoles; c'est le simple contrôle d'études régulières. Plus d'autre programme que celui
de la classe de rhétorique et de philosophie; plus de préparation spéciale. On s'y prépare en suivant avec soin les exercices
mêmes de sa classe ; et le grade vous est donné par surcroît.
On ne verra plus d'élèves trop pressés s'essayer dès la
rhétorique à des études hâtives et superficielles de philosophie, ni des élèves de philosophie tout préoccupés encore de
discours latins et d'auteurs grecs. L'une et l'autre classe
pourra être suivie avec plus de liberté d'esprit, etpar conséquent de maturité et de profit. Aussi nous comptons bien que
les études y gagneront; et il était temps d'en raffermir la
discipline ébrànlée par tant de réformes équivoques.
Du même coup on institue un sérieux examen de passage
entre la rhétorique et la philosophie. Il y a longtemps que nous
réclamons à la fin de chaque année d'études une consciencieuse épreuve, qui ne laisse monter dans la classe supérieure
que des élèves assprtis et en état de la suivre avec succès.
Car la plaie de notre éducation classique, c'est cette déplofranrable facilité à permettre à ces élèves incapables
�84
SÉANCE DB RENTRÉE.
chir les degrés, et, toujours au-dessous de leurs études,
d'arriver au Baccalauréat, sans que jusque-là aucun obstacle
sérieux les ait avertis de leur faiblesse. Rendons justice
cependant ici à notre cher Recteur, qui, dans :sa vive sollicitude pour les études classiques, fait tant. d'efforts poUr restituer ce sérieux contrôle prescrit par les règlements univerJ'espère qu'à force de constance il fera prévaloir
contre la lâcheté des mœurs cette règle si nécessaire et si
réclamée. En attendant, la première épreuve du nouveau
Baccalauréat sera pour les élèves de rhétorique ce crible
salutaire.
Dans l'ensemble de nos examens, c'est toujours 1e Discours·
latin qui a le plus besoin de sc relever. Nos candidats
arrivent encore sans doute à en prendre le moule; mais ils
n'ont rien à mettre dedans. Quel sujet en effet peut-on leur
donner à traiter en latin, qu'un lieu commun de morale
que, ou. un traitde l'histoire grecque ou. romaine? Or l'antiqnité,oü ils ont passé les plus belles anné{Js de leur jeunesse,
leur est devenue tout à fait étrangère. On dirait qu'avant le
règne de Louis XIV le monde, n'existait pas. Espérons, 1
qu'avec un esprit moins opprimé par les programmes, ils
auront à l'avenir le loisir de lire un peu plus, et de rafraîchir
pour leurs discours leurs souvenirs de l'antiqu.ité classique,
Car, sans histoire et sans idées, l'exercice du discours leur
deviendrait funeste. Rien de pire que de s'habituer à faire
des phrases vides et sonores. L'esprit français n'y incline déjà .
que trop. Une de nos plaies sociales, ce sont les déclamateurs.
L'Épreuve orale aussi devra gagner à cette réforme du
Baccalauréat. On a resserré en effet l'examen du grec dans
un petit nombre de textes déterminés, sur lesquels ii nous
sera permis d'exiger une explication mieux préparée et plus
précise. Car de demander aujourd'hui à nos élèves de traduire le
à livre ouvert, c'est chose impossible. Depùis
qu'on a cessé d'apprendre les racines grecques, on ne sait
plqs le sens des mots; et depuis l'abandon du thème grec, on
�FACULTÉ DES J.ETTRES,
85
ne sait plus la grammaire. Espérons aussi 1 qtt'avec plus de
loisir en rhétorique, on lira davantage les
français
du programme, au lieu de s'en tenir à quelque sèche analyse
· empruntée au Manuel.
.
L'histoire et la géographie reparaissent. dans chacune des
deux épreuves de l'examen scindé. Dans la première, c'est
la géographie de la France et son histoire de 1610 à 1789;
dans la seconde, l'histoire de la Révolution et de l'Empire,
en y joignant un tableau succinct des événements accomplis
de 1815 à 1848. On a enfin compris, qu'il fallait rayer de
l'enseignement de nos lycées cette histoire trop comtemporaine, qui est encore livrée aux passions des partis et refaite
(selon les régimes qui se succèdent) au gré des divers gouvernements. Pour nous, nous aurions préféré qu'on employât
en partie l'année de philosophie à remettre sous les yeux
des élèves, dans une récapitulation sommaire, les grands
1
événements de l'histoire du genre humain, ces faits dominants, qui en sont comme les lieux communs, et que tout
honnête homme ne saurait oublier.
Vous savez enfin que les langues vivantes, qui jusqu'ici
n'étaient que facultatives, constituent désormais une partie
de l'examen. Elles sont réservées pour la deuxième
épreuve, parce que c'est une étude qui se doit toujours continuer. Outre l'explication orale d'un texte allemand ou anglais, il y aura une version écrite. J'eusse mieux aimé un
thème, qui permet mieux d'apprécier jusqu'à quel point un
élève manie une langue étrangère, et on possède la gram. maire, l! tours propres et le géni'e. Car, si l'on apprend les
s
langues mortes pour les lire, on doit apprendre les langues
vivantes pour les parler. Mais peut-être le thème dépasseraitil actuellement encore la force moyenne des candidats. Provisoirement on a dû s'en tenir à la version.
J'aime à dire ici ce que nous espérons de cette division
du Baccalauréat ès lettres, pour fortifier l'éducation littéraire de notre jeunesse. Mais cette nouvelle discipline des
�86
SÉANCE DE RENTRÉE.
examens, appliquée pour la première fois à la session. d'àoût;
est trop récente encore pour que nous
puissions juste,
ment apprécier déjà les bienfaits. Il faut du temps pour
qu'on· en mesure l'influence réelle sur les études. Cette fois, ·
entre l'examen scindé et l'examen complet, il n'y avait pas
encore grande différence. C'était, sauf quelques exceptions,
une· commune médioérité.
Voici la . statistique distincte du
ès lett1·ts
complet, et du Baccalauréat scindé (première épreuve) (1 ).
-Au Baccalauréat complet, 410 candidats se sont présentés
(11 de moins que l'année· précédente), àsavoir :
114 à la session de novembre 1873,
53 à la session extraordinaire de mars 1874,
Et 243 à la session de juillet-août 1874.
Sur ce total de 410 candidats, 232 ont été jugés dignes du
Baccalauréat complet.
(1)
ADMIS.
SESSIONS.
=
iE
11-------1Novembre 1873....
35
114
3
H
•
!
18
.;::
44
65
11-------1--- - - - - - - - - - - - - - - - Mars 1874 . . . .. . . •
19
53
9
23
21
30
11-------- - - - - - - - - - - - - - - - Jumet-août 187 4 . .
82
243
24
56
106
73
137
---- ------ -- -- -Total ....••...• _ . : . _ : _ _ : _ _ : _
Examens de l'année 1873 ........
1
421
166 · 41
·
207
_1_0_ . . . : . ..:::. • 232.
1
3
11 .
65
. 135
1
214l ·
Baccalauréat scindé (ir• épreuve).
#
SESSION.
2ro'i
-----------ÉLIMINÉS.
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iii
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11------1---------Aoiit 1874.........
124
43
10
53
5
38
23
71
�FACULTÉ DES LETTRES.
87
grade (18 de plus qu'en 1873). C'est une proportion de
56 1 / 2 p. 100
(en 1873, la proportion n'était que de
50,8 p. 100, ou un peu plus de moitié). Sur les 178 candidats
ajournés, 136 l'ont été pour l'épreuve écrite, et 42 pour
l'épreuve orale.
Parmi ces 232 candidats admis au grade, un seul, 1'11. Petitnicolas. du ·collége d'Épinal, l'a été avec la mention trèsbien;
10 ont été reçus avec la mention bien; ce sont, par ordre
alphabétique : MM. Gangloif, Gouja1·d, HourliM·, Jehl,
Kauifer, Lévy, Miclesco, Mogin, Mougeolle et Thirion;
83 ont été admis avec la mention assez bien,
Et 138 avec la note passablement.
Ce résultat modeste suggère plus d'une réflexion. D'abord
on peut s'étonner que les mentions satisfaisantes soient
distribuées avec tant de parcimonie. Mais je vous jure que
.
ce n'est pas notre faute. Les bons examens sont rares, soit
par le vice des programmes, dont l'étendue encyclopédique
écrase les esprits moyens, soit par l'insuffisante préparation
des candidats, qui ne se ravisent souvent dans leurs études
qu'à l'approche des examens, et s'efforcent de suppléer aux
lacunes de leur
véritable par des procédés artificiels. En second lieu, je ne puis jamais prendre mon parti
de tarit de victimes. Le baccalauréat, contrôle et certificat
d'études régulières, devrait-il être refusé à tant d'élèves, qui
en ont parcouru le cercle complet? Mais est-cc notre faute si
c'est le premier examen vraiment sérieux que ces jeunes
aient rencontré dans le cours de leurs études pour les avertir de leur inau:ffisance et les arrêter en chemin?
Le Baccalauréat scindé, dans sa première partie, nous a offert
des résultats analogues. 124 candidats s'y sont présentés pour
la première fois à la session d'août. Sur ce nombre, 43 ont
été éliminés après l'épreuve écrite, et 10 après l'épreuve
orale, en tout 53; et 71 seulement ont été admis à la première
moitié du grade. C'est une proportion de près de 57 p. 100.
�88
SÉANOE ·DE RENTRÉE,
5 ont été admis avec la mention bien : MM. G1·ass, Kellë1·1
Simon, Weil et Weiss;
38 avec la mention assez bien,
Et 28 avec la note passablement.
Ce premier essai du nouvel exaxnen, sans être décisif,
nous donne cependant lieu de croire que ce partage aura
pour résultat de rendre l'épreuve tout ensemble plus facile
IJOUr les candidats et plus solide, et qu'elle ne peut manquer
d'exercer sur nos études classiques une salutaire réaction .
. Licence ès· Letkes; - Dans cet examen d'ùn ordre supérieur, la }l'acuité a le plus ·souvent affaire avec ses pro-1
pres élèves. Pour la plupart, en effet, de loin ou de près les
candidats sont nos disciples. Les uns ont suivi nos cours et
nos conférences. Les autres, dispersés dans l'Académie,
réclament nos conseils, et par correspondance sc préparent
encore sous notre direction. Notre concours cordial est acquis
à qui le sollicite.
23 candidats se sont présentés cette année à l'examen de
Licence, et sm• ce nombre, 8 ont été admis au grade; à savoir:
3 sur 7, à la session de novembre 1873; 1 seulement sur 6,
à la session extraordinaire d'avril1874; et 4 sur 10, à la dernière session de juillet.
· Nos .licenciés de novembre sont :
MM. Gel·baut, professeur au Collége de Commercy;
L'abbé Boulanger, professeur au petitSéminaire de
Pont-à-Mousson,
.
Et Machard, professeur libre.
En avril, nous avons été' heureux d'admettre an grade
avec distinction . M. Valat, maître-répétiteur au · Lycée
Nancy, que nous y invitions depuis longtemps et qui a I'épondu
à toute notre espérance.
Enfin, il nous semble que les 4 licenciés
nous avons
reçus à la session de juillet, auraient pu concourir à Paris
sans trop de désavantage avec les élèves de l'Êcole normalè.
Ce sont:
�FACULTÉ DES LETTRES.
89
MM. l'abbé Thollot, professeur au petit Séminaire de Paris;
Dannreuther, ancien élève du Lycée de
L'abbé Jacques, de la Maison des hautes études ecclésiastiques de Nancy,
Et l'abbé Bru,. professeur à Rouen.
En tout 8 ,licenciés ès lettres sur 23 candidats, c'est trop
peu assurément; et quand nous songeons aux ressources qui
sont offertes ici aux jeunes gens pour s'y préparer; nous
pourrions espérer davantage. Sans doute, parmi ces disciples
de nos conférences, nous rencontrons souvent de brillants
sujets :les uns, qui se destinent à l'enseignement public ou
libre; les autres, élèves de notre Faculté de Droit, qui ont la
généreuse ambition d'unir l'étude des lettres à celle de la
jurisprudence, et de conquérir à la fois les deux diplômes.
Mais nous regrettons que les uns et les autres ne soient pas
,plus nombreux; et nous envions aux Universités allemandes
cette foule de studieux étudiants, qui se pressent autour des
chaires de leurs professeurs.
Que ne ferions-nous pas, avec les qualités d'esprit qui distinguent notre nation, si notre jeunesse montrait la même
curiosité de savoir? Loin de moi assurément de contester
(dans un sentiment de patriotisme aveugle et jaloux, dont le
malheur a dû nous guérir) les solides qualités de nos émules
d'outre-Rhin, leur science patiente et exacte, leurs investigations ingénieuses, leur sagace érudition. Mais, certes, nous
avons plus qu'eux l'esprit de lumière qui illumine un sujet,
le bon sens qui -Ie limite, la
philosophique qui le
domine, l'embrasse et le coordonne, le génie artistique enfin
qui le produit sous sa forme la plus belle. On dirait qu'une
pensée en effet ne fait son chemin dans le monde, que quand
l'esprit français y a mis son cachet. Et certes nous ne sommes
pas près encore de perdre ce beau privilége. Quand je
dans notre Université française tant de maîtres, qui
l'honorent par leurs savantes publications; quand je vois dans
cette enceinte même autour de moi ces collaborateurs, que
�90
SÉANCE DE RENTRÉE,
l'Europe connaît, et qui sont presqu.e inconnus ICI, JO· suis
assuré que la science francaise ne peut i·edouter .aucune
comparaison, et que nos Facultés de Nancy, par la. solidité
de leur enseignement, sont en mesure de souteniravec éclat
la concurrence des Universités voisines. Ce qui nous manque
le plus, ce sont, non pas des auditeurs, mais dé vrais
pies: Et cependant notre Faculté des lettres pourrait offrir à
la jeunesse, qui se destine à l'enseignement public, presque
les mêmes ressources que l'École normale supérieure. C'est à
peine néanmoins, si chaque année nous comptons à nos
renee pour la Licence de quinze à vingt étudiants
Ces disciples sont d'abord les Maîtres-répétiteurs du Lycée,
et spécialement les Maîtres auxiliaires. Pourquoi faut-il que
ces jeunes gens aient trop souvent négligé jusqu'à présent de
venir ici poursuivre sérieusement des études qui leur sont si.
nécessaires pour la carrière qu'ils ont _embrassée? Cependant
ils comprennent mieux aujourd'hui leurs véritables intérêts.
Grâce aussi à la sollicitude active du chef zélé de notre Académie, l'institution des Maîtres auxiliaires, qui jusqu'ici n'avait.
pas porté tous les fruits qu'on était en droit _d'en attendre,
va de plus en plus se régulariser et se consolider. Une place
de plus pour la section des Lettres vient d'être, sur sa
demande, créée au Lycée de Nancy. Il faut maintenant que les
avantages offerts stimulent l'ambition des meilleùrs, et
qu'un concours plein d'émulation assure en de bonnes conditions le recrutement de ces jeunes maîtres. Il faut que des
jeunes gens, avides de s'instruire, n'hésitent pas, même s'ils
sont déjà maîtres-répétiteurs, à sacrifier cette situation pour
devenir auxîliaîres, et ne croient pas acheter trop cher à ce
prix plus de loisir pour travailler. Car, à leur âge,. ce n'est
pas aux appointements qu'on doit regarder; mais les yeux
fixés sur l'avenir, on songe à assUrer sa carrière par le travail,
la science, le mérite. Assurément il ne tiendra pas à notre
dévoué Recteur et à nous, que cette institution des Auxi-.
Iiaires, pleine de promesses, ne réponde enfin· aux justes
�, FACULTÉ DES LETTRES.
91
espérances de l'Université, et que l'École des répétiteurs du
Lycée de N,ancy ne devienne pour
public
une pépinière féconde.
En concurrence avec ces jeunes Maîtres, nous comptons
quelques élèves ecclésiastiques de cette -Maison des hautes
études, fo.ndée par Mgr l'Évêque de Nancy pour former des
professeurs à l'enseignement libre. Certes nous ne pouvons
que nous féliciter de cette rivalité, et nous louer des disciples pleins de zèle et parfois de talent, qui nous viennent de
là. Mais ils sont trop rares; et nous nous étonnons toujours
que les diocèses voisins ne s'empressent pas davantage de
profiter de cette heureuse institution, en y envoyant quelques
élèves. Quelquefois aussi nous regrettons que l'administration·
ecclésiastique se presse trop d'employer ces jeunes maîtres,
quand une ou deux années de plus lui auraient procuré des
professeurs
Enfin, nous comptons chaque année dans nos Conférences
quelques élèves en Droit, ceux qui ont fait d'assez bonnes
études pour désirer les poursuivre, et dont l'ambition no s'est
pas contentée du modeste baccalauréat. Cette année nous
avait ainsi amené une élite de jeunes gens pleins d'ardeur
: et de mérite. Certes ils étaient dignes de réussir, et nous
aurions été heureux de couronner pal' le succès tant de stu.dieux efforts. S'ils n'ont pu arriver encore au grade poursuivi
par eux, c'est qu'il est bien difficile à de si jeunes gens,
quoi qu'ils fassent, de mûrir assez leurs études en un an pour
atteindre si vite à ce niveau élevé. Ils auraient besoin d'une
année d'études littéraires de plus; et je ne sais si la seconde
année de Droit leur laisse encore assez de loisir pour cela.
Aussi nous sommes-nous depuis longtemps préoccupés de
demander, à l'usage particulier de cette élite des élèves en
Droit, l'institution d'une autre Licence ès lettres, mais dont
les épreuves seraient mieux accommodées aux besoins de
notre temps et aux diverses carrières auxquelies ces jeunes
gens se destinent. Au lieu donc de cet appareil de composi-
�92
SÉANCE DE RENTRÉE,
tions érudites qui hérissent la Licence actu0lle et en éeartent
sans doute bien des esprits, ambitieux d'ailleurs.d'une éducation classique .supérieure, nous voudrions pour eux une Licence plus mondaine, où le Thème grec, les V ers latins, la
Dissertation latine elle-même au besoin, céderaient la place
à des .compositions de philosophie et d'histoire, et où les Littératures modernes entreraient en partage avec les
tures classiques. Les chefs de notre magistrature ont accueilli
volontiers ce projet. Le noble et aimable Procureur général
qui vient de nous quitter en faisait l'objet d'un rapport, qui
restera, je l'espère, où il demandait que cette Licence ès
lettres d'un nouvel ordre fût exigée à l'avenir pour la plupart
des fonctions publiques et en particulier pour la. magistrature.
Quelle institution vraiment serait aujourd'hui plus opportune ? On sent trop maintenant que, pour les carrières libérales, l'éducation philosophique et littéraire qu'on exige
Baccalauréat reste bien insuffisante. Plus, en effet, aujourd'hui, sur notre sol si remué par les
plus les institutions publiques font défaut, plus l'esprit public a besoin
d'être éclairé et élevé, plus il faut que Je bon sens national,
cultivé par une éducation plus forte, supplée aux traditions
qui nous manquent. Dans la situation surtout où la Provia placé ces jeunes gens, aujourd'hui élèves de nos
Écoles, et dans les diverses carrières que leur ouvrent leurs
études, ne sont-ils pas destinés pour la plupart à former ce
qu'on appelle les classes dirigeantes, c'est-à-dire à être ceux
dont on attend au jour décisif le conseil et l'exemple? Il y a
quarante ans déjà, M.· Guizot, en instituant le Comité des
Travaux historiques, disait : << Au moment où l'instruction
<<populaire se répand de toutes parts, et où les efforts dont
«elle est l'objet amènent dans les classes nombreuses qui
« sont vouées ·au travail manuel un mouvement d'esprit éner<< gique, il importe beaucoup que les classes aisées, qui se
<<livrent au travail intellectuel, ne se laissent point aller à
�FACULTÉ DES LETTRES.
93
«l'indifférence et à l'apathie. Plus l'instruction élémentaire
« deviendra générale et active, plus il est nécessaire que les
«hautes études soient également en progrès. Si le mouve« ment intellectuel allait toujours croissant dans les masses,
«pendant que l'inertie régnerait dans les régions élevées de
« la société, il en résulterait tôt ou tard une dangereuse per<< turbation .. » Quel avertissement donné il y a déjà quarante
ans ?Et fut-il jamais plus à propos de le rappeler?- Or, à voir
actuellement avec quelle facilité des âmes frivoles et mobiles
se laissent séduire par l'esprit de chimère, avec quelle ignorance outrecuidante d'impertinents publicistes en imposent à
l'opinion, avec quelle sotte docilité la foule suit ces déclamateurs, qui ne sent combien, pour se préparer à la vie et se
prémunir contre ses erreurs et ses passions, nos jeunes générations auraient besoin d'une instruction plus solide, d'un
commerce prolongé avec les pensées Rérieuses, d'une· forte
philosophie, d'une connaissance plus réfléchie des choses du
passé? Songeons que c'est sur la tête de ces jeunes gens de
nos Écoles que repose l'avenir de la France, et que c'est leur
éducation actuelle qui formera dans peu, en bien ou en mal,
l'âme de la patrie.
Mais pourquoi, me dira-t-on, imposer ainsi aux jeunes gens,
par un examen de Licence, cette éducation supérieure qui
leur est si nécessaire? En mûrissant, ils en sentiront euxmêmes le besoin, et la contrainte est superflue. N'ont-ils pas
des livres sous la main, et les cours d'une Faculté des lettres
ne leur sont-ils pas libéralement ouverts? Ne sont-ils pas
même obligés de s'y inscrire? Oui, sàns doute; et, toutefois,
si on ne les y invite avec insistance, ils n'auront pas même
l'idée d'en user. -Il semble pourtant que ce soit tout exprès
pour leur permettre de compléter ainsi leur éducation littéraire, qu'on leur réserve tant de loisirs pendant leur première
année de Droit. JH:ûs je crains bien que ces heures précieuses.
ne soient le plus souvent perdues pour l'étude. Nos pauvres
jeunes gens, hélas! sont tellement habitués à travailler sous
�94
SÉANCE DE RENTRÉE.
la contrainte, enfermés dans des programmes, en vue d'un
examen, qu'ils ne savent plus apprécier qu'à ce prix les connaissances humaines. Ils ne peuvent plus goûter le charme
de l'étude désintéressée, la joie d'apprendre pour savoir, pour
élargir les horizons de son esprit et ajouter à la valeur de
' son être. On dirait qu'après avoir été si longtemps esclaves
ils ne savent plus être libres ..
Je I?'en plaignais déjà avant la guerre. Depuis, j'aimais
du moins à espérer que les catastrophes où la France a failli
périr et qui ont mis à nu bien des plaies sociales, allaient
demeurer p011r nous comme un enseignement solennel, et que
notre jeunesse, jusqu'alors si frivole, mais qui, à l'heure du
péril, a su montrer si bien qu'elle n'avait pas désappris l'héroïsme quand il fallait combattre et mourir pour le pays,
tournerait dans la paix cette ardeur généreuse vers le travail
austère, l'étude sérieuse et les viriles vertus.- Avez-vous,
jeunes gens,jusqu'ici profité suffisamment de cet enseignement du malheui·? Amis, si aujourd'hui mes paroles sont
graves, la patrie, qu'il faut sauver, vous parle avec une gravité bien autrement éloquente. Aujourd'hui, c'est au travail
cons.ciencieux, aux fortes études, aux devoirs de la vie énergiquemimt embrassés, que le patriotisme vous invite. Il faut
que vous prépariez vaillamment en vous-mêmes les citoyens
de l'àvenir. Voilà comme à votre âge vous devez concourir à
la régénération nationale. Que vos pères cherchent un remède
aux blessures .du pays et la sécurité de l'avenir dans des ins·
titutions meilleures. Mais soyez assurés que les institutions
ne sont rien, si chacun de nous ne travaille à se réformer
soi-même. République ou Monarchie? qu'importe la forme
politique, sans la vertu du
Mettons donc avant tout
notre patriotisme à refaire chacun pour notre part par le travail, l'esprit de discipline, la religion et la vertu, le caract.ère
Élevons nos esprits, et affermissons "nos âmes
par des études sérieuses; demandons à l'histoire et à la phi·
losophie chrétiennes des lumières, pour nous
au mi-
�FACULTÉ DES LETTHES.
95
lieu des ténèbres de notre temps ; aimons à fréquenter aux
heures de loisir nos grands écrivains, dans ces œuvres qu'ils
nous ont laissées, et où il semble que leur âme généreuse
respire et palpite encore. Apprenons surtout en les lisant à
aimer la France, dont ils sont les fils et qu'ils ont faite si
grande au milieu des nations ; mais connaissons aussi par là
à quoi nous oblige le noble héritage qu'ils nous ont légué.
��
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Title
A name given to the resource
1874 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres de Nancy, le 17 novembre 1874
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Administration Académique. p.1.</li>
<li>Académie de Nancy. Conseil Académique. p.2.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de droit. p.3.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de médecine. p.4-5.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des sciences. p.6.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des lettres. p.6.</li>
<li>Procés-Verbal de la séance. p.7-9.</li>
<li>Discours de M. Le Recteur. p.11-21.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de droit. p.23-33.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de médecine. p.35-55.</li>
<li>Travaux personnels des professeurs, agrégés et adjoints de la Faculté de médecine et de l’École Supérieure de pharmacie. p.56-61.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des sciences. p.63-78.</li>
<li>Publications des membres de la Faculté des sciences pendant l’année scolaire 1873-1874. p.74-75.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres. p.77-95.</li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la faculté de droit de Nancy, pendant l’année scolaire 1873-1874, par M. Edmond Villey, Agrégé, Chargé de cours. p.97-107.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de droit. p.109-111.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de médecine. p.112.</li>
<li>Distribution des prix. Ecole Supérieure de pharmacie. p.113.</li>
<li>Table. p.115. </li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1874
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Ch.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Berger-Levrault et Cie. 11, Rue Jean-Lamour, 11
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1875
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/cffa426456c33f5d22eebb336f8614aa.pdf
fce1e13ffe5dd9310488cdc34dd88998
PDF Text
Text
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�RENTRÉE SOLENNELtE
·•
DES
/
FACULTES DE NANCY
��UNIVERSITÉ DE FRANCE. -
ACADÉMIE DE NANCY
RENTREE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
OE OROIT, m; MÉDECIN.:, m;s .SCIE_NCES ET DES
DE "NANCY
Le
I
6 Novembre
I
87 5
NANCY
J M P RI M E R I E. D E
ll,
B E R G E R - L E V l{ A U L T E 'l' Ci•
UUE JEAN-LAMOUR,
"1875
11
��RAPPORT
DE M. LE DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
MoNSIEUR LE RECTEUR,
MESSIEURS,
.
Voilà la vingt et unième fois que je viens, en une séance
solennelle de rentrée, vous rendre compte de nos cours et de
nos examens. Le cadre de ce rapport est tracé d'avance, et
la tâche du rapporteur semble assez monotone. Nous avions
même plus d'une fois songé à substituer ici à ces rapports,
on l'a fait ailleurs, quelque discours sur des questions
à la fois générales et opportunes de science, de littérature ou
: de· morale, qui offrît une véritable fête de l'esprit à cette
noble assemblée. Mais il nous a semblé que c'était déroger
au caractère pratique et austère qui doit appartenir à ces
.réunions. Nous vous entretiendrons donc chacun des choses
de notre Faculté, comme nous l'avons fait jusqu'ici.
Je n'éprouve quant à moi nul embarras à vous parler toujours des mêmes choses. Car ces choses en notre pays changent sans cesse. Depuis vingt ans, à quels remaniements n'ont
pas été soumis les programmes de notre enseignement classique; et les examens qui en sont le couronnement? Ne nous
e:p. étonnons pas. T 0 ut le monde sent d'instinct l'importance
de cette éducation, de la jeunesse : c'est de là que dépend
l'avenir de la patrie et de la société; et les enfants de nos
�78
SÉANCE DE RENTRÉE.
écoles portent sur leurs têtes les destinées futures de la
France. Plus même nos révolutions ont défoncé le sol où nous
marchons, ébranlé le.s institutions et les principes, et obscurci
les idées morales, et plus il importe qu'une forte éducation
y supplée, en éclairant davantage les esprits, et en affermissant les âmes par une forte discipline morale.
Aussi ne suis-je pas surpris de l'intérêt assidu avec lequel
vous, Messieurs, et, avec vous, l'élite de n:otre' ville, vous accueillez nos rapports et vous interrogez nos statistiques, Tous
ces chiffres parlent à votre intelligent patriotisme. Quand on
vous dit comment la France, au lendemain d'effrayantes
catastrophes, sous un gouvernement loyal et ferme, refait
rapidement sa prospérité et sa grandeur par le travail et par
l'épargne; quand on vous expose les progrès de la fortune
publique attestés par le rendement des impôts, et les développements de notre commerce et de notre industrie; quand
on énumère les produits des récoltes que la Providence miséricordieuse a accordées à la France en ces dernières années,
vous tressaillez d;un juste orgueil, et vous remerciez Dieu,
en voyant la patrie cicatriser si vite ses blessures, se relever
de ses ruines, et rentrer dans le cbncert des grandes nations. "
Certes la France en èffet possède en
une vertu .
de résurrection
les âmes se relèvent-elles
avec la même souplesse et la même énergie? Les leçons du
malh!;lur ont-elles p1·ofité? Sommes-nous en train de devenir
plus sérieux, plus solides, plus dévoués à tous nos devoirs,
la religion, à la patrie? La discipline de l'éducation s'est-elle
fortifiée? Que valent les études? Quels hommes
elles à la vie? Éveillent-elles, dans l'esprit des jeunes gens,
les nobles curiosités, les instincts généreux, l'émulation des
grandes vertus, l'inquiétude sacrée du bien et du beau? Mais
.la philosophie surtout, qui doit; avec la religion, exercer une
influence si décisive sur toute notre vie, en nous enseignant
notre natuioe, nos devoirs et notre destinée, la philosophie
enfin dans l'ensemble de nos études libérales
a
�FACULTÉ DES L.ETTRES,
79
la place qui lui appartient? Voilà les questions qui vous inspirent ici la plus juste sollicitude : et vous avez raison. Car
toutes les questions politiques, même les plus brûlantes, ne
vous touchent pas de plus près. Pour y répondre, j'ai tous les
chiffres entre les mains, comme professeur de l'enseignement
supérieur, et tout ensemble comme juge de l'enseignement
secondaire classique, dont toutes les études aboutissent. au
Baccalauréat.
I. -
EXAMENS.
Baccalaudat ès Lettres. - L'ancien système d'examen
subi eu une seule fois n'appartient plus maintenant qu'au
passé. Nous eu avons fini ces jours-ci avec ce régime, dont
nous avions réclamé la réforme. Car ou y avait accumulé sur
une seule épreuve le faix de toutes les études littéraires et
1
scientifiques; et bien des esprits succombaient sous le fardeau. Il eu résultait aussi que la préparation exclusive de
l'examen absorbait les dernières années de l'éducation classique. - Désormais cet examen se partage, comme on sait, eu
deux épreuves distinctes séparées par un intervalle d'un an,
et dont l'une correspond à la classe de rhétorique, et l'autre
à la classe de philosophie. Ce nouveau règlement est inauguré depuis un an.
Baccalauréat complet. - Cependant on a dû permettre,
cette année encore, aux candidats de choisir entre les deux
ordres d'épreuve. Or, parmi eux, 241 ont préféré le Baccalauréat complet. Quelques-uns pensaient qu'en somme le
vieux système compliquait moins ses exigences que le nouveau. Puis nous avions les candidats échoués des sessions
précédentes, qui avaient hâte de réparer d'un 'seul coup, si
c'était possible, leurs échecs antérieurs. Enfin nous comptons en cette province un grand nombre de jeunes gens qui
se préparent aux Écoles de l'État, et que l'âge du concours
oblige à presser leurs études littéraires. - Peut-être même
�80
SÉANCE DE :RENTRÉE.
était-il souhaitable que, pour les élèves de cette catégorie si
intéressante et ici si nombreuse, la loi réservât exceptionnellement le droit de passer, comme jadis, l'examen en une
seule fois, et de· le subir à seize ans. Car le nou;:eau règlement en réalité les exclut, pour la plupart, des études littéraires complètes, et leur rend le diplôme trop difficile à
atteindre.
Sur ces 241 candidats, qui ont voulu conquérir encore leur
grade par un seul examen,
98 l'ont obtenu avec la mention passablement;
35 avec là note assez bien;
Et 3 seulement avec la note bien. -Ce sont MM. Hem:; et
Wender, et Mlle Henriette Diou, la fille de M. le Principal du
collége de Toul. C'est la première jeune fille qui soit venue
nous demander le diplôme de Bachelier ès Lettres; elle en
a subi l'examen littéraire et scientifique avec autant de solidité qûe de modestie. Je souhaite que son succès, au lieu
d'une jalousie ironique, n'excite chez nos jeunes gens qu'une
généreuse rivalité.
Baccalauréat scindé. -C'est tout naturellement vers le
nouveau système d'examen, que se porte tout votre intérêt.
Comme je vous le disais, en en répartissant les matières sur
deux années, on a voulu À la fois alléger le fardeau en le partageant, et fortifier les études en les simplifiant. Trop d'élèves,
pressés d'en finir, compliquaient leur classe de rhétorique
de leçons prématurées de sciences et de philosophie 1 tandis
que les élèves de la classe ùe philosophie .étaient obligés d'y
revoir leurs matières littéraires. Désormais tout est remis à
sa place. L'examen ne roule plus que sur l'enseignement de
l'année. Il exclut toute préparation spéciale et de mémoire.
Il n'est plus que le contrôle d'études bien finies. Nos élèves
n'ont donc plus qu'à suivre leurs classes avec un zèle désinet l'unique curiosité de s'instruire. Le diplôme est le
couronnement. assuré de leurs études régulières.
�81
FACUl,TÉ DES LET'l'RES,
Voilà ce que nous avons espéré, en sollicitant eette réforme
du Baccalauréat. L'expérience du nouveau règlement est
encore bien récente, et le succès commence à nous donner
raison, surtout pour la seconde partie de l'épreuve.
La première, oùvi:ennent aboutir non-seulement les études
de rhétorique, mais encore toute l'éducation classique antérieure, laisse souvent encore à désirer.- Si le Discours latin,
au sortir de la rhétorique, offre une forme un peu plus correcte, en revanche il y manque davantage cette suite et cet
enchaînement des idées, dont on prend l'habitude dans la
pratique de la philosophie et des sciences.- Quant à l'histoire,
elle n'y fait pas moin.s défaut qu'auparavant. A voir combien
nos élèves sont généralement brouillés avec les souvenirs de
la Grèce et de Rome, je ne sais plus vraiment si c'est à eux
que je dois m'im prendre, ou aux ouvrages classiques, dans
tésquels ils âpprehnent l'histoire. Nos candidats du moins
connaissent mieux les temps modernes. Il est vrai qu'ici le
programme se borne au tableau du xvne et du XVIIIe siècle.
-De même l'explication des auteurs grecs se relève, depuis qu'on l'a limitée à un pëtit nombre d'ouvrages. Les
élèves ont pu préparer leurs textes, discrètement choisis pour
la Poétique d'Aristote, dont
la plupart. J'en excepte
les formules algébriques dépassent la portée de nos savants
de seize ans,· et parfois même de leurs maîtres.
aurions voulu pareillement, qu'avec le nombre restreint des
auteurs français exigés, on pût obtenir sur ce point des
didats une préparation plus complète. 1\tiais je crains bien
que la critique littéraire de ces quelques chefs-d'œuvre
inscrits au programme n'ait pas encore pris dans notre éducation classique, à côté des explications grecques et latines, la
juste place depuis longtemps réclamée pour elle. - On a
ajouté, il est vrai, à l'examen ql!elques questions sur la rhétorique. Ici les candidats voudraient qu'un programme UJ?. peu
plus explicite déterminât davantage la matière et les limites
de cotte branche nouvelle.
FACULTÉS.
6
�82 .
SÉANCE DE RENTRÉE.
.
.
Sur 211 candidats, qui se sont essayés
11nnée à cette
première ép1·euve du B(w:alau1·éat scindé, 121 seulement ont
été admis, à savoir :"
1 avec très-bien, M.
5 avec Men: MM. Evon, Fetter, Galland; Jacquot et
Petsche.
f)7 avec assez bien
Et 58 avec passablement.
Si cette proportion des admis est iti moins consî dérable
que nous· ne l'espérions (57 ,34 p. 100), en revanche la
secondepartie de l'épreuve, qui couronne l'année de philosophie, a présenté, au témoignage de M. de Margerie, les résultats fes plus satisfaisants. On voit ici tout ce que la classe
de philosophie a gagné à être affranchie désormais des exercices littéraires et de la préparation des auteurs.
La statistique de cet examen en sera la su:ffisanté apologie.
Sur 70 candidats qui s'y sont présentés, 61 ont été admissibles à l'épreuve orale (c'est-à-dire les 6/ 7), et 52 ont été définitivement adrnis (c'est-à-dire les 5/7).
La note bien a été obtenue par 4 candidats, à savoir :
lVIJYI. Keller, Simon, Swrgand et Weill;
Et la note assez bien, par 32 ;
16 seulement n'ont atteint qu'à la mention passa;blement.
Dans la Dissertation de philosophie spécialement, 5 candidats ont mérité la note très-Men, et 15 en ont approché; 18
ont obtenu la note assez, bien, presque bien. En somme, 38
candidats sur 52 admissibles (c'est-à-dire plus des 3 / 4) ont
mérité une mention supérieure au passable.
Dans les autres parties de l'épreuve, résultats analogues.
Le niveau moyen de l'histoireet de la géographie s'est élevé.
L'examen, des Sciences présente. aussi mio amélioration sensible sù.r les années passées; ici encore je rencontre 5 trèsbien, et 26 assez bien.
Pour la première fois les Langues vivantes figuraient comme
�FACÙLTÉ DES LETTRES;-
matière obligatoire à l'examen. Le
n'impose encore
actuellement à l'épreuve écrite qu'une version. Mais nous
espérons bien qu'on finira par y substituer l'éprouve du
thème, qui seule peut faire vraiment apprécier la force du
candidat dans une
étrangère. Car, pour la version,
un élève intelligent, avec. quelque habitude de cet exercice
en latin, un dictionnaire et si peu que rien de connaissances
grammaticales, s'en tirera toujours à bon marché. Cette traduction, d'ailleurs, n'a-t-elle pas sa part dans l'épreuve orale?
Et l'examinateur n'y peut-il pas mieux juger ce que le candidat, ici dépourvu de dictionnaire, connaît véritablement
de mots et de tours dans une langue étrangère?
En somme, Messieurs, dans cette seconde épreuve du Baccalauréat scindé, dont nous faisions au mois d'août la première expérience, la moisson, pour la qualité des produits,
4 a dépassé nos meilleures espérances; et ici la nouvelle
ci pline du Baccalauréat est pleinement justifiée. La philosophie a repris dans nos études classiqùes, son rang et sa vertu;
et nos jeunes gens, avant d'entrer dans les diverses fonctions
à méditer sur les grandes vérités, qui
de la vie,
sont la lumière et la force de l'homme, et à mûrir leur esprit
dans l'étude des choses morales et les exercices du raisonnement. Nous pourrons donc, avec moins d'inquiétude, les voir
entrer dans le monde, où leur efîprit sera assailli par Lant de
sophismes, leur vertu par tant d'exemples funestes. Car,
après la religion, rien n'est plus propre encore qu'une saine
et solide philosophie, pour éclaire!' nos âmes à travers les
routes parfois si sombres de la vie, et soutenir nos cœurs
dans ses inévitables épreuves.
Mais voici le revers de la médaille. C'est que le nombre
des élèves qui participent à cette éducation philosophique
supérieure 1 se restrejnt de plus en plus. Une mesure récente,
en effet, n'exige plus des candidats aux écoles spéciales que
la première partie du Baccalauréat ès lettres scindé; e't, d'un
autre côté, en maintenant désormais, pour subir la
�84
DE RENTRÉE,
partie de ce Baccalauréatscindé, la même limite d'âge minima
.qu'ott imposait auparavant pour le Baccalauréat complet, on
·bannit presque par là de la classe de philosophie tous les jeunes gens, que la prépa,ratîon aux écoles spéciales oblige de
cipiter lé urs études littéraires. Ainsi un candidat à l'École polytechnique eût passé autrefois à seize ans l'examen complet
du Baccalauréat ès lettres. Aujourd'hui, qu'il ne peut en passer à cet âge que la première moitié, peut-on se flatter qu'H
consentira, pour l'amour de la philosophie, à ajourner d'un
an ses études scientifiques? Aussi nous inquiétons-nous des
conséquences de ce règlement. La classe de philosophie, en
se consolidant ainsi, se dépeuple et ne garde plus qu'un
petit bataillon .sacré. Elle manquera désormais. à nos ingénieurs .et à nos officiers. Et qui ne sent pourtant combien
cette éttide des vérités de l'ordre moral, nécessaire à tous,
l'est bien plus encore pour ces hommes voués par leur profession à la pratique exclusive des sciences positives?
Pour remédier à des conséquences si funestes, il faudrait
doue qu'on rendît aux candidats des école11 spéciales l'intervalle de temps qui leur était laissé autrefois entre l'âge fixé
pour le Baccalauréat complet et la limite maxima d'âge fixée
pour le concours de ces écoles, soit en ramenant la première
limite à 15 et 16 ans, soit en reculant la deuxième d'une
année.
Baccalauréat complet.
Novembre 1874.•..
82
23
10·
33
Mars 1875 ........
36
13
6
19
Août 1875 .... , ...
123
41
11
52
Total. .........
-- -- -- -- 241
77
27
104
.
42
3
49
5
11
17
47,22
23
45
71
57,72
-- -- -- -•1
35
98
137
59,75
�85
, FACUI.TÉ DES LÈTTRES.
Bàccalauréat scindé (1" épreuve),
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SESSION.
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Aoîlt 1875 ........ , 1
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8
8
1
1
161
'
4
1
1
53176,80
Licence ès Lettres. - Dans cet. examen d'un ordre supérieur, la Faculté retrouve d'ordinaire devant elle ses propres
disciples, soit ceux qui ici même sui.vent nos cours et nos conférences, soit ceux qui, dispersés au loin, reçoivent par correspondance nos conseils et notre direction.
10 candidats seulement se sont présentés cette année à
l'examen de Licence, 3 en novembre, et 7 à la session de
juillet. Mais je dois ajouter que deux de nos meilleurs disciples, MM. Thiaucourt et Roy, avaient déserté le concours
de la Licence pour celui de l'École normale. - Sur nos dix
candidats, 6 ont été admis au gracle, à savoir :
A la session de novembre 1874:
MM. l'abbé Beurlier1 professeur au petit Séminaire de
Paris;
l'abbé Lacour, élève de la Maison des hautes études de Nancy, disciples de notre Faculté.
A la session de juillet 1875 :
MM. Durand, maître-répétiteur au Lycée de Chaumont.
That(Venin 1 professeur au Collége de Mirecourt.
Hubeaux, maître-répétiteur au Lycée de Nancy.
l'abbé Chazot, professeur au petit Séminaire de Paris.
�86
SÉANCE DE RENTRÉE.
Ainsi, en tout, 10 candidats et 6 admis au grade de Licencié. ce· serait une récolte bien modeste, si la qualité n'en
compensait le petit nombre. Nous avons du moins la confiance de donner en ces vaillants jeunes gens des maîtres
bien préparés à l'enseignement public ou libre. Ces résultats
toutefois ne sauraient nous contenter. L'organisation si complète de nos conférènces_ pour la Licence, et le zèle que nous
y appottons tous, pouvaient nous inspirer plus d'ambition.
Car notre Faculté est en mesure, avec ses conférences, d'offrir à la jeunèsse qui se destine à l'enseignement
les mêmes ressources que l'École normale supérieure. Et
c'est à peine si, pour ces conférences, nous comptons de
quinze à vingt disciples véritables, Ce sont, pour la plupart,
des màîtres répétiteùrs et des maîtres auxiliaires du Lycée
de Nancy, des ecclésiastiques de la Maison des hautes études,
ou encore des jeunes gens qui ont fait d'assez bonnes études
. secondaires pour avoir l'ambition:. généreuse de les poursuivre, parfois enfin quelques élèves des Universités
qui viennent s'initier à nos méthodes et à notre enseignement français.
Autrefois nous étions heureux de voir figurer dans ce
groupe de disciples quelques élèves de la Faculté de droit;
v;qiii profitaient des loisirs de leur première année pour pousser
plus loin leurs études littéraires. Mais quand ils ont vu que
la Licence était tout autre chose
Baccalauréat supérieur,
et qu'une année d'études ne suffisait pas toujours pour y atteindre, il semble qu'ils se soient découragés.- Ce n'est pas
notre faute, du reste, si l'on n'a pas encore créé à l'usage de
ces jeunes gens une Licence ès lettres plus à leur portée et
mieux accommodée aux besoins de leur carrière et de notre
époque. Car, pour notre jeunesse positive et toute pratique, le
charme de l'étude désintéressée et la satisfaction d'élever et
d'agrandir ainsi son intelligence ne suffisent pas, si l'on n'y
peut joindre tm même temps un diplôme ·avec ses priviléges.
�FACULTÉ DES LETTRES.
87
li. ENSEIGNEMENT.
Notre enseignement, vous le savez, a un double objet.
Dans nos Conférences,
nous adressons "à un nombre restreint de disciples,·qui viennent s'y préparer sous notre direction au
Cet enseignement, pour être obscur et
intime, n'ést pas le moins efficace. Car c'est là que nous
exerçons l'influence la plus décisive et la plus immédiate
sur les études, puisque nous y préparons par nos conseils les
professeurs de l'avenir.
Mais nous ne négligeons pas pour cela notre enseignement public. C'est la seconde mission, en effet, de nos Facultés françaises d'entretenir et de développer, chez les
esprits cultivés qui s'intéressent aux choses de la pensée,
ce goût des bonnes lettres et des spéculations philosophiques
et morales qui est urie des plus généreuses traditions de
notre pays, et la part la plus solide de notre gloire nationale.
Plus notre siècle même est entraîné vers la civilisation matérielle par les merveilles de la science et de l'industrie, plus
il est nécessaire
réserver
aux âmes qui n'ont pas
}_)erdu le sens de l'idéal, des asiles sacrés, où elles puissent
venir par intervalle respirer un air plus pur et vivre par:la
pensée.-Tel est, en effet, l'esprit de notre enseignement. Soit
que nous traitions de la sciencè de Dieu, de l'homme et de
la nature, soit que nous racontions l'histoire des siècles passés,
soit que nous étudiions dans les grandes œuvres qu'ils nous
ont laissées les heaux génies de tous les pays et de tous les
tt}mps, nous aimons que cet
varié, tout en formant l'esprit et le goût, tourne en même temps à notre profit
moral. Car l'expérience nous a appris de plus en plus cOinbien l'art et la morale éhtient inséparables. «Le beau » 1 a dit
Platon, le grand artiste, << n'est que la splendeur du bien. »
Chacun de mes 'collègues, dans sa prochaine leçon d'oude son cours de cette armée. Aussi
verture, exposera le
�88
SÉANCE ·nE RENTRÉE,
me bornerai-je :l. vous indiquer dans une vue d'ensemble
l'objet des cours de l'an dernier.
Philosophie. -M. de Margerie, après vingt ans d'enseignement dans notre Faculté
par:ties
philosophie, a
recueillir ces vastes matériaux en un
cours complet. Ce cours se répartit sur trois années. Le professeur se propose de traiter cette année de la logique et de
la morale. L'an dernie.r il assurait les fondements de cette .
science de l'homme par un cours de psychologie. Il s'est arrêté
d'autant plus volontiers à faire l'exacte anatomie de ces faits
intimes de l'âme, que maintes doctrines· contemporaines en
avaient altéré et faussé la nature et la loi, ou par aveugle-·
mentJ ou de parti pris, pour aboutir à. la destruction des vérités deTordre moral. Rien n'égale le bien-être que l'esprit
ressent, quand,. échappant aux doute& et ttux. téuèbrel!. :mal-:.·
saines de la sophistique actuelle, on rentre avec un tel gu,ide
dans la région du bon sens et de la lumière, quand on sent
le sol des vérités éternelles se raffermir sous ses pas, quand
on reconnaît, en même temps que la misère de notre nature,
sa dignité et sa grandeur; la spiritualité de l'âme, sa responsabilité morale et sa destinée immortelle.
Littérature grecque.- M.
l'an
nier ses intéressant_es études sur la mythologie grecque. Désormais on p(:)ut en pénétrer le secret; le vieil Orient nous a
révélé ses mystères. Ifest curieux de voir commentles hommes, après avoir perdu la I,totion du Dieu unique, créateur et
providence du monde, l'ont cherché et adoré dans tous les
phénomènes de la nature et de leur âme, et sous l'influence
de quelles circonstances locales se sont formées en Grèce les
légendes divines et les personnifications brillantes - que la
poésie et les beaux-arts ont idéalisées à l'envi. lVI. Decharme
s'est attaché particulièrement cette année aux divinités grecques par ei:cellence, Zeus, Héra, Athéné, Apollon, Artémis,
Hermès, etc. Il apporte à ces études, avec la science exacte
�FACULTÉ DES LETTRES.
89
de l'érudit, l'instinct du philosophe et de l'artiste. Nous espérons bien que de ce cours sortira un livre classique, devenu
bien nécessaire en France, et qui fera (nous en sommes assurés, nous qui en avons goûté les prémices) le plus grand
honneur à son auteur.
Littérature uatine. - .M. Campaux avait pris l'an dernier
pour sujet de son cours les Géorgiqùes de Virgile. Après
avoir étudié d'abord l'œuvre elle-même, au point de vue de
la science agricole, de l'inspiration poétique et de l'art, il
s'est complu .à en rapprocher les modèles que le poëte avait
pu consulter, ou encore les imitations qu'il avait suscitées
dans la suite. C'est dire que le professeur a rayonné autour
de ce poëme magistral, pour nous retracer une histoire complète de la poésie rustique, à laquelle il a fait contribuer
non-seulement la Bible, Homère, les Tragiques et les Comi1 ques grecs, mais encore la littérature des nations modernes,
depuis les Chansons de Geste et la Divîyw Comédie, jus- .
qu'aux ouvrages de saint François de Sales et aux bucoliques
de nos vieux auteurs des xv•, xvr• et xvn• siècles. Certes,
en cette revue, l'auteur de Maisonnette aurait pu se citer luimême. Vous tous; qui l'avez entendu, vous. savez avec quel
·sentiment délicat et passionné il goûte lui-même la nature,
il en entend les voix secrètes, et avec quelle éloquence il
lui prête sa parole sympathique pour interpréter ses plus
ineffables mystères. Cette année, c'est Horace qu'il se propose de nous expliquer.
Littérature française. - Nous reprenions l'an dernier
l'histoire des lettres et des idées en France au milieu du
xvnr• siècle, au moment où Montesquieu vient de mourir, et
où Voltaire commence à être débordé par la tempête d'idées
qu'il a déchaînée le premier. Le sceptique épicurien s'effraie
alors lui-même de voir la philosophie dériver de plus en plus
vers un matérialism-e dogmatique sans âme et sans Dieu. Il
semble dès lors que la France entière soit travaillée de la
�90
SÉANCE DE RENTRÉE.
fièvre du èhangement; tous s'acharnent àl'envi à détruire
tout ce qui demeure du passé, dans l'espoir de préparer ainsi
la place pour la reconstruction de la société moderne sur un
plan plus conforme à la raison humaine. Dans cette foule de
sectaires nous avons-distingué toutefois une voix dissonante,
la voix éloquente de Rousseau. Mais, si celui-ci se sépare des
Encyclopéctistes et paraît prendre la défense de la religion
et de là morale, c'est pour se retourner avec plus de passion
encore contre les iniquités de l'ordre social et en accélére1.' la
chute. Rousseau sera le théoricien et le tribun de la Révolution qui se prépare. - Nous suivrons cette dnnée jusqu'à
leur explosion ce mouvement des idées. Nous verrons s'accroître de jour en jour cette effervescence· généreuse, mais
témérair;e, qui emporte les esprits confiants vers une réforme
sociale, dont le monde attend la justice et le
et ;
nous .dirons quelles· illusions
quelles erreurs ont parfois
compromis tant de bonnes intentions, faussé tant d'espérances. Mais, en même temps, nous nous appliquerons à recueillir d'ùne main pieuse, au milieu des ruines amoncelées, tout
ce que nos pères y ont semé de g·ermes généreux et féconds,
d'où devait sortir, après la tempête, la société moderne .
. Littérature étrangère.- '!YI. Ge bhart a partagé son cours de
l'an dernier entre l'Italie et l'Espagne. Il consacrait le premier semestre à l'étude de Machiavel, ce gyand théoricien
politique du siècle qui avait produit Louis XI, Ferdinand le
Catholique et qésar Borgia.. Pendant le second semestre, il
analysait le Don Quixotte de Cervantès.
Cet hiver, il revient à son sujet favori de la Renaissance
italienne. Cette fois il s'arrêtera de préférence à Ferrare,
qui tient une si grande place alors dans l'histoire des lettres
et des arts en Italie;. et il étudiera surtout la gracieuse et
· piquante épopée de Roland Furieux, par laquelle. l'Arioste
vient, en
clore comme Cervantès ·l'ère chevaleresque.
M. Gehhart est l:l.Ilé 1 selon
habitude, relire ces œuvres
�91
FACULTÉ DES LETTRES,
chatmantes au lieu même où elles sont nées. Oàr l'Italie,
vous le savez, est la patrie préférée de son esprit
de ses
études. En même temps qu'il y préparait son cours, il y met"
tait la dernière main à un Mémoire sur les Origines de l' Écononiie politique et sociale chez les historiens florentins. Ce
travail, qui
ces jours-ci dans le Compte 1·endu de l' Llcadémie des sciences morales et politiques, témoigne de l'activité curieuse avec laquelle notre voyageur sait mettre à
profit le loisir des vacances.
et
Géographie.- L'an dernier; M.
étudiait les
pays qui forment le bassin de la Méditerranée. Après avoir
expliqué les caractères particuliers de cette mer, et les. raisons qui lui assuraient, ainsi qu'aux nations établies sur ses
rivages, un rôle prédestiné dans la civilisation du monde, il
s'arrêtait avec prédilection à la description de l'Italie, de la
':Sicile et de la Grèce, ces pays rayonnants de nos souvenirs
classiques. Si M. Vidal-Lablache sait donner tant d'intérêt et
de vieà la geographie des pays même qu'il n 1a pu voir, que
sera-ce de ces régions consacrées depuis longtemps déjà par
l'histoire et la poésie, où il a passé lui-même plusieurs années, et qui d'ailleurs laissent dans l'âmè de celui qui les a
visitées une fois une empreinte immortelle?
Histoire. - Pendant que M. Vidal-Lab1ache nous faisait
ainsi parcourir la Grèce moderne, lVI. ;Robiou nous racontait la
Grèce ancienne. Il s'est attaché particulièrement à nous dire
les origines et les transformations successives de la démo·
cratie athénienne, depuis l'époque de Solon jusqu'au moment
oi1 Athènes, ce dernier boulevard de la liberté, perd pour
toujours son indépendance .. Histoire instructive et parti cu·
lièrement opportune aujourd'hui, puisqu'elle nous montre le
type le plus complet du gouvernement populaire qui ait jamais existé, et nous apprend à quelles conditions peut sub·
sister l'institution démocratique, et quels sont les vices etles
excès qui en entraînent lè plus souvent la ruine.
�92
SÉANCE DE RENTRÉE.
M. Robion n'a fait rtUe passer parmi
mais pour nous
étonner par son érudition aussi curieuse qu'étendue. Il se
préparait à nous expliquer l'an ·prochain l'histoire de notrè
Noblesseféodale, qu'il· connaît aussi bien que les antiquités
de l'Égypte et de l'A-ssyrie, quand il a été appelé à la chaire
d'histoire de la Faculté des Lettres de Rennes. Je croyais
que ce serait l'École des hautes Études et l'Institut qui
nous le reprendraient. Mais M. Robion, en fidèle Breton, retourne à Rennes, sa ville natale; il y devient membre de Ia
Faculté où il a pris ses premiers grades. Le savant Doyen de
cette Faculté, M. H. Martin, aura en lui un digne collaborateur. Quant à moi, j'aurais voulu être plus souvent le disciple de M. Robion. Car j'ai toujours trouvé beaucoup à apprendre à ses, curieuses leçons.
Il sera remplacé dans la chaire d'histoire par un enfant
d'adoption de cette ville, - i\1. Alfrecl ·Rambaud, qui, bien
qu'attaché depuis plusieurs années à la. Faculté des Lettres
de Caen, n'a jamais .eu d'autre ambition- que· de revenir à
Nancy. Il se recommandait d'ailleurs au choix du Ministre
pztr un grand nombre de travaux distingués qui lui ont fait
une notoriété européenne.
Ce nouveau profesfjeur se propose cette année de nous exposer l'histoirede la Russie et de ses rapports avec la France
au XVIIIe siècle, c'est-à-dire au moment où un souverain de
génie tire soudain ce vieil empire des czars de la barbarie, et
par des réformes violentes, le jette tout d'un coup dans· la
civilisation et dans le concert des nations européennes; et il
en suivra les destinées jusqu'à la mort de Paul rer, c'est-àdire jusqu'au seuil du XIXe siècle. C'est là le programme que
l'on attendait tout d'abord de M.
baud, que ses études et
ses voyages ont familiarisé depuis longtemps avec la Russie;
et je ne doute pas du vif intérêt qu'offrira cette histoire,
traitée par lui.
Voùs voyez, Messieurs, par cette revue sommaire, quelle
diversité d'instruction présentent les Cours de notre Faculté
�FACULTÉ DES LETTRES.
93
des Lettres, sans compter les Conférences, qui forment chacurie encore autant de cours différents. Certes il ne manque
pas dans notre ville d'esprits cultivés et curieux, pour assister assidûment à ces entretiens philosophiques, historiques
ou littéraires. lYiais nous voudrions surtout y voir les jeunes
gens en plus grand nombre. Car c'est à eux, principalement,
que ces études sont destinées. On s'étonne que les élèves de
nos écoles libérales ne sentent pas davantage l'incomplet de
leur éducation classique. Ils devraient mieux comprendre
combien, pour leurs études professionnelles elles-mêmes, et
pour la carrière à laquelle ils se préparent, cette
littéraire peut contribuer à élever, à étendre, à éclairer leur
esprit. Mais outre cet intérêt plus immédiat, on voudrait qu'à
leur âge, qui est l'âge des pensées généreuses et des curiosités libérales; ils éprouvassent davantage le
de sortir
de temps en temps du cercle- de leurs études pratiques; pour
venir entendre traiter ici des grands intérêts de l'esprit et
de l'âme, et jouir du commerce des beaux
que nous
sommes chargés de leur interpréter, et dont les œuvres sont
la lumière,lajoie et la vertu du genre humain.
��
Dublin Core
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A name given to the resource
1875 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres de Nancy, le 16 novembre 1875
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Administration Académique. p.1.</li>
<li>Académie de Nancy. Conseil Académique. p.2.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de droit. p.3.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de médecine. p.4-5.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des sciences. p.6.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des lettres. p.6.</li>
<li>Procés-Verbal de la séance. p.7-9.</li>
<li>Discours de M. Le Recteur. p.11-21.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de droit. p.23-35.</li>
<li>Appendice au rapport du doyen. Publications juridiques ou littéraires des membres de la Faculté de droit pendant l’année scolaire 1874-1875. p.36-37.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de médecine. p.39-53.</li>
<li>Travaux personnels des professeurs, agrégés et adjoints de la Faculté de médecine et de l’École Supérieure de pharmacie. p.54-58.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des sciences. p.59-70.</li>
<li>Publications des membres de la Faculté des sciences pendant l’année scolaire 1874-1875. p.71-74.</li>
<li>Liste des travaux scientifiques d’E. Baudelot. p.75-76.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres. p.77-93.</li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la faculté de droit de Nancy, pendant l’année scolaire 1874-1875, par M. Raymond Blondel, Agrégé, Chargé de cours. p.95-105.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de droit. p.107-109.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de médecine. p.110.</li>
<li>Distribution des prix. Ecole Supérieure de pharmacie. p.111.</li>
<li>Table. p.112.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1875
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Ch.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Berger-Levrault et Cie. 11, Rue Jean-Lamour, 11
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1875
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/962c4c376ebf235cd61a31738feab4f6.pdf
e11e4a534bf3473199f5c5bcc7f04406
PDF Text
Text
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�UNIVERSITÉ DE FRANCE. -
ACADÉMIE DE NANCY
1
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RENTREE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DE DROIT, DE MÉDECINE, DES SCIENCES ET DES LETTRES-
DE NANOY
CATALOGUE
NANCY
IMPRIME RIE DE BERGER-LEVRA ULT Err
11,
RUE JEAN-l,AMOUR,
'1877
11
Cie
��DE M. LE DOYEN DE LA PACUI/l'É DES LE'l'TRES.
]'vIONSIEUR LE REOTEUR,
J'tlESSIEURS,
C'est avec un sentiment profond de mélancolie que je vois,
ans ma carrière déjà longue de Doyen, se renouveler avec
le temps autour de moi les professeurs de ma ehère Faculté
des lettres. De ce groupe jeune et vaillant, qui vint avec moi
instituer il y a pl us de vingt ans l'enseignement supérieur
des lettres à Nancy, voilà que je demeure seul désormais. Si
celui, qui aujourd'hui nous quitte, ne datait pas du jour
même de la fondation, il fut du moins du lendemain, et assurément l'un de ceux qui par leur talent, par l'autorité d'une
parole éloquente et d'un noble caractère, ont fait le plus
d'honneur à notre Faculté et le plus contribué il sa fortune.
Si les paroles me manquent en ce moment pour vous parler
de M. de Margerie d'une façon qui réponde à ses services,
à votre estime et à mon amitié, votre cœur y suppléera. Sans
rien dire même, le sien saura me comprendre.
Le choix de son successeur montre assez le souci qu'a pris
l'Université dc le remplacer dignement. M. Boutroux, appelé
de la Faculté de Montpellier à celle de Nancy, quoique jeune
d'âge encore, est un professeur bien mûr déjà par la science
�76
SÉANCE DE UENTIll;E.
et le talent. Sa seule thèse française sur la Contingence des
lois de la natw'e a suffi pour le placer en effet au premier rang
parmi nos métaphysiciens modernes. Cal' nul n'est descendu plus avant que lui dans lcs mystères de l'être, et n'a
porté un regard plus lumineux et plus sûr dans ces abîmes
où nous nous sentons pris de vertige. Il y détermine avec
une rigoureuse méthode la hiérarchie des mondes qui se superposent dans une harmonieuse gradation, depuis le monde
des forces mécaniques, et le monde des forces physiques et
chimiques, jusqu'au monde des phénomènes physiologiques,
et enfin le monde de la pensée, tous s'appuyant l'un sur l'autre
dans un merveilleux ensemble, et cependant distincts chacun
par cles caractères essentiels ct irréductibles. Au·dessus domine le Dieu créateur, organisant dans une succcssioniogique
son œuvre, qu'il soumet à des lois progressives pour l'amener
à sa fin suprême qui est lui-même.
Cc livre de deux cents pages a étonné ie monde savant
par sa puissance. Si M.
à peine sorti de l'École
normale, s'est fait pendant deux ans étudiant de l'Université
d'Heidelberg, assurément sa thèse témoigne qu'il n'a pas subi
l'influence de l'esprit allemand. Cc serait plutôt une généreuse réaction du spiritualisme français et cartésien contre
le génie' fataliste, qui domine aujourd'hui dans la science
germanique. Toutefois M. Boutroux, qui a commencé de traduire la grande histoire de la philosophie grecque de Zeller,
a voulu d'ailleurs, en se rapprochant de l'Allemagne, se mettre
à même de suivre de plus près le grand mouvement d'idées
qui s'opère de l'autre côté du Rhin. Voilà pourquoi il a quitté
l'heureux climat de Montpellier pour n08 brumes du Nord.
- Il était tout naturel, qu'ainsi préparé, il se proposât d'inaugurer son enseignement dans notre Faculté de Nancy en
retraçant l'histoire de la philosophie allemande depuis ses
premiers essais jusqu'à Fichte, mais en s'arrêtant surtout à
Kant, qui domine de son génie toute la pensée philosophique de son siècle.
�DES LETTRES.
J. -
ï7
EXA1\ŒNS.
A cette heure de transition, où de nouveaux programmes
sont venus réformer en partie le plan de nos études classiques,
la statistique des examens nous offre un intérêt particulier.
Alors d'ailleurs que presque toute l'éducation libérale se
commence et s'achève au lycée, vous suivez avec d'autant
plus de sollicitude ces phases diverses du baccalauréat
ès lettres, qui en est le but et en donne la mesure.
Voilà la deuxième année où nous mettons en pratique le
programme qui a partagé l'épreuve du baccalauréat ès lettres
en deux examens séparés par un an d'interv<tllei le premier
placé à la nn de la rhétorique et embrassant l'ensemble des
humanités; le second à la nn de la philosophie et portant
sur les études philosophiques et scientifiques de cette classe,
en même temps que SUl' les langues vivantes, qui ont nni
par prendre ainsi leur place régulière dans l'ensemble rles
études classiques. En somme, cette scission de l'examen a eu
pour dessein et pour résultat d'en rendre la préparation à la
fois plus facile et plus sérieuse, et de restituer à la classe
de rhétorique et surtout à celle de philosophie leur légitime
emploi et leur vrai caractère.
Baccalm[l'éat scindé.
1 re partie. Ce n'est pas dans cette
première partie de l'examen que les avantages du nouveau
programme se font le plus sentir. Les compositions surtout
y ont peu gagné. Dans le Discours latin et la Version, m'ême
ignorance de l'histoire ancienne de la Grèce et de Rome, qui
en fait le fonds ordinaire; même faiblesse de style en latin
ct en français. Il y manque même quelque chose de la soli, cIité de' raisonnement et de langage, que donnait auparavant
à nos eandidats la pratique de la philosophie. Du moins l'épreuve orale ici s'est sensiblement améliorée. Les textes
classiques, grecs, latins et français, désormais plus restreints,
sont aussi mieux étudiés; et le 1?l'ogramme d'histoire, borné
�78
SÉANCE DE RENTIlÉE.
aux XVne et XVIIIe siècles, permet à presque tous les candidats
d'y atteindre à une note suffisante.
Dans le cours de l'année classique, 339 candidats se sont
présentés à cette prcmière épreuve du baccalauréat. Sur ce
nombre, 158 ont dû être ajournés, et 181 ont été déclarés
admissibles, à savoir:
G avec la mention Bien: l\Il\:I. Beckcr) Brodier) Griache,
1\Ialdidicr, Poincaré et Viahl;
74 :wec la rnention Assl'z bi:en;
Et 101 avec la note Passablement.
En tout 53,7 pour 100. Cette faible majorité d'admis vous
scandalisc, et nous aussi. Mais elle ne nous surprend point.
Faut-il en effet s'étonner que tant de candidats succombent
encore à oe premier examen, où ils ont à faire preuve à la
fois de toutes leurs études classiques antérieures? Ces études
étaient parfois si faibles que la classe de rhétorique n'a pas
toujours suffi pour en combler les lacimcs. Est-ce notre faute
si le baccalauréat est vraiment la première épreuve sérieuse
que la plupart de ces jeunes gens aient rencontrée dans le
cours de lcurs études, pour les avertir de leur insuffisance et
les arrêter en chemin?
2" partie. Le nombre des candidats qui 8e présentent à la
scconde partie de l'éprcuvc est bien moins considérable quo
pour la première: 128 sculement. D'abord ils ont été déjà
triés SUl' le voIct par le premier examen. Puis une partie
des candidats admis à la première épreu ve restent en chemin.
Le Ministre de la guerre, en voyant le baccalauréat ès lettres
se compliquer, pour alléger les conditions d'admission aux
Écoles spéciales du Gouvernement, a décidé que pour cela
on se contenterait désormais du certificat attestant que la
première épreuve avait été subie avec succès. Mesure nécessaire peut-être, mais qui n'en est pas moins regretü,blc,
car en réalité elle supprime dans les études classiqiIes la philosophie pour les carrières assurément qui en auraient eu le
plus besoin.
�FAcür,TÉ DES LETTRES.
79
Dans cette seconde épreuve, pour laquelle la préparation
est plus immédiate, la proportion des admis est aussi plus
considérable. C'est une moyenne de 63,77 p. 100. Nous devons ajouter que, chez les candidats même qui succombent,
c'est moins encore la philosophie d'ordinaire qni est jugée
insuffisante, que l'histoire, et surtout que les sciences et les
langues vivantes. - Sur ce dernier point nous ne pouvons
que renouveler le vœu que nOus émettions déjà l'an dernier,
à savoir, que le thème, qui est la véritable épreuve pratique
des langues vivantes et parlées, soit substitué à la version,
qui est l'épreuve des langues mortes. L'exercice de la traduction d'un texte étranger en français ne se retrouve-t-il
pas d'ailleurs à l'épreuve orale? C'est faire double emploi.
En somme, SUl' les 128 candidats qui sc sont présentés à
ce deuxième examen du baccalauréat, 83 ont été jugés dignes
du grade; c'est-À-dire les det[x tiers environ. Plus des cinq
sixièmes avaient été admis À l'épreuve orale. La moitié a mérité la note Assez bien, ou mieux encore, à savoir:
1 avec la note Très-bien, M. Diehl, élève du lycée de
Nancy, prix d'honneur de philosophie au concours académique;
2 avec la note Bien, MM. Fetter et Ton1'des;
38 avec Assez Bien,
Et 42 avec la mention Passablement.
On peut juger, d'après ce résultat, que la philosophie a
repris dans nos études classiques son rang ct sa vertu, ct que
le principal objet qu'on sc proposait en dédoublant l'examen
est atteint, au moins pour ceux de nos élèves qui veulent
obtenir leur diplôme complet.
I. Baccalanréat complet. - L'aneien programme ne sera
bientôt plus qu'un souvenir. La loi nouvelle toutefois a ménagé jusqu'au mois de novembre actuel, aux vieux candidats qui s'étaient déjà présentés sous ce régime, la faculté
d'en invoquer encore le bénéfice.
Nous avons compté encore dans le cours de cette année 94
�80
SÈANCE DE RENTIlÉE.
candidats de cette catégorie. Sur ce nombre, 52 ont éprouvé
un nouvel échec, à savoir: 40 aux compositions, et 12 à
l'épreuve orale; et 42 seulement ont été jugés admissibles au
lt
grade, à savoir:
5 avec la note Assez bien;
37 avec la note Passablement.
En somme, 43,75 p. 100. Résultat modeste, maIS comme
le contingent qui venait une dernière fois
la fortune
de l'examen complet, sa dernière espérance.
BaccalauréatscÎndé (l'''parlie)
339
136
22
158
Baccalauréat scindé (2< palUe)
128
21
24
Baccalauréat complet. . . .
94
40
12
52
6
H
101
181
38
5
45
42
83
42
37
--'-,-1-,-1---1--1-'rotai. . . . ..
561
197
58
8
1117
180
306
II. Licence ès lettres . .- La licence a donné peu de professeurs cette année à notre Académie. Un seul candidat sur
trois a été admis au grade à la session de novembre 1875,
lYI. Job, qui vient d'être nommé professeur de rhétorique au
collége de Verdun. A la session de juillet 1876, sur 7 candidats, la
n'en a admis que 3 :
Le Père Lapôtre, professeur de rhétorique au coIIége de
l'Immaculée-Conception, à Paris;
M. Émile Roy, maître auxiliaire au lycée de Nancy;
ct l'abbé DillensegeT) élève de l'École des Carmes.
Sans doute ces candidats reçus ont fait preuve à la fois de
talent et de fortes études, et promettent à l'enseignement des
maîtres distingués, mais nn seul, M. Roy, appartient à l'Université; et d'ailleurs c'est en vérité trop peu d'élus pour
tant de jeunes gens appelés à fréquenter nos conférences, ou
que nous dirigeons de loin dans leurs études par une co1'res-
�81
FAOULTÉ DES LETTRES.
pondance assidue; et la récolte ne répond guère à l'espérance
ni surtout aux efforts du laboureur.
Car je ne crois pas qu'il y ait aucune Faculté de France
où les conférences soient organisées d'une façon plus complète qu'ici, pour seconder les jeunes gens dans leur préparation à la licence. Depuis Pâques, nous avons encore doublé
pour cela les conférences de littérature classique. D'où vient
donc que nos disciples ne répondent pas davantage à tant
de bonne volonté ? Je sais bien que la route leur paraît longue et laborieuse i ils s'étonnent que la licence s'achète à si
haut prix, et que leurs études antérieures leur laissent tant
de lacunes à combler. Mais si le chemin leur semble parfois
malaisé, pourquoi ne s'appuient-ils pas davantage sur les
mains amies qui leur sont tendues pour les diriger et les
soutenir? Est-ce la vaillance de cœur qui fait défaut à plusieurs? Est-ce les facilités du travail dans les conditions
partagées où ils doivent vivre au lycée? - Sans doute, il
n'a, pas dépendu ni de M. le recteur, ni de lVI. le proviseur,
ni de nous, qu'une part plus considérable de loisir leur fût
assurée pour leurs études personnelles au milieu des devoirs
de surveillance auxquels ils sont astreints. Nous ne cessons
de demander qu'un plus grand nombre de Maîtres auxilîaires
soient appelés au lycée pour soulager par intervalles, dans
leurs fonctions, les Maîtres répétiteurs et y apprendre la discipline. Cela se fera progressivement, car c'est un des
besoins les plus vivement sentis de notre organisation universitaire.
Récemment nous avons tressailli d'espérance, quand le
Ministre de l'instruction publique nous a promis la création
de bourses auprès des Facultés pour les jeunes gens choisis
au concours, qui viendraient y compléter leurs études en vue
de l'enseignement; et qu'il a invité les conseils des départements et des villes à suivre cet exemple. Mesure opportune
s'il en fût; car en vérité, en dehors de l'École normale supérieure, qui admet si peu d'élèves, l'État jusqu'ici n'a pas
FACULTÉS
6
�82
SÉANCE DE RENTRÉE.
d'école vraiment organisée pour recruter l'enseignement
secondaire.
pourtant dans chaque Faculté des lettres et
des sciences, quelles ressources l'État ne trouverait-il pas
pour instituer comme des succursales de l'École normale?
Que de forces mal utilisées! Ne devrait-on pas exiger des
candidats aux chaires de nos colléges un stage dans une
Faculté? Ne devrait-on pas s'assurer qu'ils savent ce qu'ils
vont enseigner? Pour l'enseignement primaire, il faut donner des garanties; mais pour l'enseignement secondaire, on
se contente trop aisément du baccalauréat. Et cependant le
recrutement y devient de plus en plus difficile. Les villes
demandent des licenciés pour leurs colléges, et elles ont
raison. Mais il faut qu'elles les appellent elles-mêmes, et
sachent les retenir en leur assurant une situation meilleure.
Ce n'est pas assez. Il faut qu'elles nous aident par un COncours libéral à leur préparer des maîtres selon leur désir,
et qu'elles assurent l'avenir de leurs colléges, en contribuant,
elles ou leur département, à fonder une ou deux de ces
bourses d'étudiants auprès des Facultés des lettres et des
sciences. - Si cette libérale institution d'élèves boursiers
ne fonctionne pas dès la rentrée actuelle, j'aime à penser
qu'il ne faudra plus en ajourner longtemps l'espérance.
III. Doct01'at. - Le doctorat dans les Facultés de province est chose rare. Ce n'est pas que les candidats nOl:S
manquent pour ce grade élevé; mais nos justes et sévères
exigences en écartelJ.t plusieurs qui vont tenter ailleurs la
ortune. Parfois aussi n<;>tre ambition désintéressée pour le
candidat nous a poussés à le renvoyer à Paris, où il trouverait, avec un succès plus retentissant, une récompense plus
assurée de son mérite. Mais certes M. Miehaut, notre récent
docteur, avec ses thèses et sa soutenance, se serait fait grand
honneur à la Sorbonne.
Sa thèse latine, intitulée: Pauca de Bibliothecis apttdveteres
(Quelques Mots sur les bibliothèques dans l'antiquité), n'est
qu'une curieuse fantaisie, où M. Michaut, bornant ses re-
�FACULTÉ DES LETTRES.
83
cherches à la Grèce et à Rome, a esquissé l'histoire des livres,
de leur commerce, de leurs collections publiques ou privées,
depuis le temps où l'écriture s'introduisit en Grèce jusqu'à
la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie. Si, dans sa
spirituelle brochure, il n'avait fait que recueillir en quelques
pages d'un latin aussi net qu'élégant les fleurs de son sujet,
à la soutenance du moins nous avons trouvé le candidat
pourvu d'une ample érudition pour combler dans le débat
presque toutes les lacunes signalées, et refaire ainsi de vive
voix une thèse bien plus complète. Tel qu'il est, cet opuscule
offre encore une agréable monographie de la question esquissée dans ses lignes principales, et sera assurément consulté avec fruit.
Mais c'est sur sa thèse française que M. Michaut avait
porté son plus grand effort et sa plus sérieuse ambition. Philosophe et psychologue avant tout, il avait pris ici pour sujet
l'Irnagination, entreprenant d'analyser dans ses éléments, ses
phénomènes et ses lois, cette faculté si mobile et si complexe.
Nous savions à l'avance que nous avions affaire à un esprit
sagace et curieux. Quoiqu'il soit un disciple avoué de l'école
anglaise, et qu'il s'efforce d'éclairer le plus possible les problèmes psychologiques .aux lumières nouvelles que les pro. grès modernes de la physiologie peuvent apporter dans les
mystères de la vie et les relations de l'âme avec le corps,
M. Michaut toutefois est trop sensé et trop sincère avec luimême, pour ne pas reconnaître que les opérations de la pensée
échappent toujours à cette anatomie du cérveau. Cependant
on a pu lui reprocher d'avoir trop voulu ramener les opérations de l'Imagination à une sorte de mécanisme passif, et
d'en avoir trop méconnu l'énergie spontanée et la vertu
créatrice. Que la Mémoire fournisse à l'Imagination des idées,
des sentiments et des images; pour les combiner, choisir ceuxci, éliminer ceux-là, l'Imagination s'inspire de principes supérieurs; elle a en vue un idéal.
Michaut finira par y
consentir. C'est même de la meilleure grâce du monde
�84
SÉANCE DE RENTRÉE.
qu'après s'être embarqué au départ avec les physiologistes, il
est revenu au port avec les psychologues les plus franchement
spiritualistes. - Toute cette thèse, d'ailleurs écrite dans le
langage le plus ferme et le plus limpide, est d'une lecture
attrayante même pour les moins philosophes. Il y règne un
air de grâce naïve et de bonhomie malicieuse, qui donne
à presque toutes les pages un attrait piquant. La soutenance,
du reste, a répondu aux promesses du livre et a été suivie
avec une vive curiosité. Le candidat s'y est montré un discuteur vigoureux, spirituel, original, plein de finesse, avec
des boutades humoristiques et une verve de naïveté ironique,
qui ont eu un succès populaire, mais de bon aloi. La Faculté
a été heureuse de lui décerner à l'unanimité le grade de docteur ès lettres, et de s'attacher ainsi <le jeune talent par un
premier lien. Elle est assurée que le public savant, qui s'intéresse à ces études, ratifiera son estime.
II. --
ENSEIGNEMENT.
Autrefois j'aimais, dans mon rapport annuel, à vous entretenir avec quelque détail de l'objet de nos Cours et de nos
Conférences dans l'année écoulée, et d'esquisser notre programme pour la nouvelle année. L'espace me manque désormais, pour m'acquitter comme je le voudrais de cette partie de·
ma tâche. Je me bornerai aujourd'hui à énumérer en quelques mots nos Cours de l'an dernier, en laissant à chacun de
mes collègues le soin de vous exposer dans son prochain discours d'ouverture le sujet qu'il se propose de traiter cette
année.
Philosophie. - M. de Margerie, qui, dans les vingt années
qu'il a passées parmi nous, avait parcouru tout le champ des
études philosophiques, à l'exception de la logique, comme
s'il pressentait que cette année serait la dernière qu'il professerait dans notre Faculté, a consacré son enseignement à
1'analyse des lois de l'intelligence et à expflser les diverses
méthodes du raisonnement. Il est bon, surtout dans les temps
�F AOur.TÉ DES I,ETTRES.
85
où nOUS sommes, de remettre en honneur le sens commun,
. de redresser la règle du raisonnement faussée par l'esprit de
sophisme ou par les passions, et de rappeler, avec les causes
ordinaires de nos erreurs, les moyens de nous en défendre.
Littératu1'e g1'ecque. - M. Decharme, poursuivant ses recherches sur la mythologie antique, est descendu des sommets
de l'Olympe, pour étudier les divinités subalternes dont l'imagination religieuse des Grecs avait peuplé la nature entière;
génies du feu, des orages et des vents, divinités sidérales
ou agrestes, etc. Il a fini par arriver ainsi à l'homme luimême et a exposé les traditions grecques relatives à son
origine.
Littérat1tre latine. - M. Campaux a passé son année entièré
avec Horace et la société contemporaine du siècle d'Auguste;
commerce d'autant plus charmant, qu'il devient plus intime
en se prolongeant. M. Campaux, par son érudition, son goût,
son imagination de pOëte, s'est fait lui-même un de ces
contemporains d'Horace. Odes, satires, épîtres semblaient
s'animer d'un intérêt nouveau sous son vivant et spirituel
commentaire.
Litté1'aittre française. - Le professeur fi poursuivi l'histoire des idées et des lettres au XVIIIe siècle jusqu'en pleine
Révolution, et s'est arrêté surtout au pied de cette tribune
de 89, où tant d'orateurs de cœur et de talent exposaient les
justes revendications et les généreuses espérances de la France
nouvelle, mais pour se laisser bientôt entraîner, par l'esprit de
chimère ou par la passion, dans les excès où ce noble mouvement devait se perdre .
. Littérature étrangère. - M. Gebhart, selon son habitude
cosmopolite, a repris, dans SOn premier semestre, le tableau
de la Renaissance italienne, en donnant cette fois la première
place à l'Arioste et à son merveilleux poëme de l'Orlando
fU1'ioso; et dans le second semestre, nous transportant brusquement au cœur de la littérature anglaise du XVIIIe siècle,
il s'est attaché en particulier au génie aimable et humoris-
�86
SÉANCE DE RENTRÉE.
tique de Sterne, dont il a surtout étudié la Correspondance
et le Voyage sentimental.
Histoire. - M. Rambaud a naturellement choisi pour premier théâtre de son enseignement ici la Russie, qu'en vérité
il semble avoir découverte. Il nous a fait assister à l'éveil de
ce vaste empire, qui, plongé jusqu'au XVIIIe siècle dans la
nuit de la barbarie, entre brusquement dans la civilisation par
l'effort de Pierre le Grand, et commence à intervenir désormais dans les affaires de l'Europe avec une influence de plus
en plus prépondérante.
Géographie. - On peut dire que M. Vidal-Lablache nous
a, de son côté, révélé l'Hindoustan. La configuration du pays,
la nature du sol, ce que l'industrie anglaise en a su faire, le
génie et les mœurs des différentes races qui s'y pressent, les
progrès de la domination britannique, tout cela a été étudié,
exposé, commenté par lui, de façon à ravir les Anglais mêmes
qui avaient séjourné dans l'Inde et assistaient à son cours.
Ils n'avaient jamais si bien vu ce curieux pays, que dans les
leçons du jeune professeur. Rien de plus propre qu'un tel
enseignement à populariser chez nous la géographie.
III. -
PUBLICATIONS.
Nos travaux, vous le savez, ne se bornent pas aux fonctions de l'enseignement. La plupart de nos cours deviennent
des livres, qui contribuent à répondre au loin 1'influence et la
renommée de la Faculté.
Cette année, M. Gebhart recueillait dans un charmant volume quelques-unes de ses études sur l'Italie de la Renaissance, dont vous aviez eu ici les primeurs. Vous relirez ave'c
plaisir ses considérations si originales et si ingénieuses sur la
vie réelle et la poésie au moyen âge; ses curieux rapprochements entre Dante, Savonarole et Michel-Ange; ses découvertes des premiers essais de l'économie politique dans les.
œuvres des historiens florentins; enfin de fines études sur
Raphaël et Léon X,' où l'histoire du siècle éclaire d'une si
�FACULTÉ DES LETTRES.
87
vive clarté les questions d'art; morceaux achevés de critique
littéraire et artistique, qui, ainsi réunis, annoncent de loin de
la façon la plus heureuse le grand ou"Vrage que l'auteur prépare sur cette époque mémorable de l'esprit humain. - Au
lendemain de cette publication, M. Gebhart apprenait l'éclatant succès qu'il venait de remporter au concours de l'Académie française pour le prix d'éloquence. La question proposée avait provoqué bien des émules. Il s'agissait d'apprécier
l'étrange génie de Rabelais et la portée véritable de cette
œuvre monstrueuse, où parfois tant de bon sens se dérobe sous
les imaginations les plus folles et les plus ordurières. La
longue étude de la Renaissance avait à merveille préparé
M. Gebhart à pénétrer dans ce pandémonium. Sa sagacité
pénétrante, sa critique supérieure et son rare talent d'écrivain lui ont assuré le prix. C'est un beau triomphe, dont ses
collègues sont heureux et fiers, et dont l'éclat rejaillit sur
notre Faculté des lettres de Nancy.
Le beau livre de M. Rambaud sur la Russie épique ne peut
aussi que lui faire, ainsi qu'à nous, beaucoup d'honneur. La
Russie lui appartient, comme l'Italie à M. Gebhart. C'est la
patrie naturelle de ses études, patrie pleine pour lui de curieuses découvertes. Cette fois, il a eu la main particulièrement heureuse. Il y a trente ans qu'en France une érudition
patiente faisait sortir de la poudre des bibliothèques, après
la Chanson de Roland) une multitude de Chansons de Gestes,
où éclatait la merveilleuse fécondité poétique de notre génie
national. La Russie vient pareillement de nous révéler les
trésors de sa poésie épique au moyen âge. Mais ici ce nJest
plus dans les bibliothèques, c'est da.ns le souvenir populaire,
c'est sur les lèvres de chanteurs vagabonds, au fond des provinces éloignées et à demi sauvages, qu'on a recueilli ces
chansons, où se perpétue la mémoire des croyances et des
faits héroïques d'autrefois; éléments d'épopée, auxquels il n'a
manqué qu'un Homère pour les réunir en une œuvreartistique, et les consacrer par la beauté du langage en une forme
�88
SÉANCE DE RENTREE.
immortelle. C'est tout ce monde de poésie héroïque et populaire, que M. Rambaud a voulu faire connaître à la France
par des analyses et des citations du plus vif intérêt. Il suit par
ordre toutes ces légendes épiques, depuis ces grandes traditions
mythologiques qui semblent remonter au berceau même de
la race aryenne, jusqu'à ces chansons récentes où le peuple
russe a conservé le souvenir terrible de Napoléon et de l'incendie de Moscou. Grâce à lui, la Russie, désormais mieux
COnnue de l'occident, peut opposer son épopée héroïque aux
Niebelungen de l'Allemagne, au romancero espagnol, ou à
notre Chanson de Roland.
CONCOURS LITTÉRAIRE INSTITUÉ PAR LE CONSEIL GÉNÉRAL.'
Cette année, le Conseil général de
a eu la libérale pensée d'étendre aux étudiants de toutes
nos Facultés les concours annuels, qui, jusqu'à présent, n'avaient existé que pour l'enseignement du droit, et il a fondé
un prix de 250 fr., avec une médaille d'argent, à décerner, parmi les étudiants de notre Faculté des lettres, à
l'auteur du meilleur mémoire sur un sujet historique, philosophique ou littéraire, proposé au conCOurs un an à l'avance.
Cette mesure) si propre à stimuler les esprits studieux et à
entretenir l'émulation des hautes études, ne pouvait être accueillie par nous et par nos élèves qu'avec la plus vive sympathie. Les étudiants en droit, qui sont tenus d'ailleurs de
suivre un ou deux cours de la Faculté des lettres èt d'y prendre
des inscriptions, ont été invités à concourir avec les nôtres.
Aussi choisissons-nous volontiers pour ces concours de larges
questions, qui rentrent la fois dans les études des uns et
des autres.
Cette année, les concurrents avaient à comparer les discours de Machiavel sur les Décades de Tite-Live, avec le livre
de Montesquieu sur les Causes de la grandeur et de la décadence des Romains. Belle question, assurément, de philosophie
de l'histoire, qui invitait à rapprocher les vues de deux pu-
:à
�89
FACULTÉ DES LETTRES.
blicistes de génie sur Rome, en les commentant et les com·
pIétant avec les ressources de la science de nos jours.
Quatre mémoires seulement ont été déposés. Je me flattais
qu'un plus grand nombre de jeunes penseurs répondraient à
cet appel. Mais en vérité la qualité de ces mémoires en com·
pense le petit nombre. Trois surtout sont des œuvres d'un
mérite sérieux, qui justifient toutes nos espérances. Aussi
avons-nous trouvé juste cette fois de décerner, avec le p1'iœ,
deux mentions honorables. Le quatrième mémoire même, quoiqu'il n'arrive pas à la publicité, est assurément l'œuvre d'un
jeune homme de talent et qui sait écrire, mais qui est resté
à la surface du sujet et n'y a cherché qu'une matière d'amplification éloquente (1).
Le prix est décerné d'une voix unanime à M. Émile Roy,
maître auxiliaire au lycée de Nancy. Ce jeune homme a
étudié directement Machiavel et Montesquieu, dont il a su
apprécier les justes vues et les lacunes avec une rare sagacité, et qu'il a rapprochés dans un ingénieux parallèle, en
montrant surtout dans Machiavel le politique qui demande
à l'histoire du passé un enseignement pratique pour le présent, et dans Montesquieu le philosophe qui y cherche la loi
générale des choses. Il éclaire discrètement sa critique avec
les lumières de l'érudition moderne. C'est ainsi qu'avec
buhr et Michelet il nous explique mieux la lutte prolongée
des deux ordres dans Rome par l'antagonisme de deux races
ennemies, que la conquête y avait violemment réunies. C'est
ainsi qu'avec Fustel de Coulanges il rend à la religion, dans
la constitution et l'histoire de la Cité romaine, une influence
que Machiavel et Montesquieu avaient également méconnue.
Le tout se fond dans une composition harmonieuse et facile,
où les idées se développent avec mesure et s'enchaînent ai(1) Ce mémoire, dont le nom n'a pas été décacheté, porte pour Devise:
Rome n'était pas proprement une monarchie ou une république,
mais la tête d'un corps formé par tous les peuples du monde.
(MONTESQUI"U.)
�90
SÉANCE DE RENTRÉE.
sément. C'est d'ailleurs écrit dans une langue à la fois simple
et forte, spirituelle sans prétention, savante sans pédantisme,
et animée partout d'un souffie jeune et généreux.
La Faculté accorde ex œquo une mention honorable à
M. Paul Favre et à M. Jean-Georges Miclesco) tous deux élèves
de la Faculté de droit. Leurs mémoires, quoique inférieurs à
bien des égards au précédent, se recommandent toutefois l'un
et l'autre par les plus sérieuses qualités.
M. Paul Favre s'est préparé à son travail par des études
étendues, qui dénotent à la fois une forte intelligence et l'habitude des recherches consciencieuses. Mais après avoir amassé
tous ces matériaux, au lieu de les tailler pour les faire entrer
dans une construction proportionnée et artistique, il les a
laissés entassés autour de l'édifice. L' œuvre avait été entreprise
avec trop d'appareil. L'auteur aussi s'est trop laissé fasciner
par le dogmatisme systématique, dont M. Taine nous a donné
le dangereux exemple. L'histoire, en effet, risque fort de se
fausser à s'enfermer dans ces formules abstraites et tranchantes, qui ramènent l'activité humaine à une sorte de fatalisme mécanique. Ces catégories d'ailleurs ne donnent pas en
réalité l'ordre et la clarté, et dans ce style gâté par l'affectation du langage positiviste, la pensée demeure parfois étouffée
sous les mots. Et en vérité c'est dommage. Car on sent là un
esprit meilleur que son système. Ce mémoire est, malgré tout,
rœuvre d'un penseur original et vigoureux, qui sait trouver
et exprimer maintes idées ingénieuses et vraies, toutes les
fois qu'il échappe à la manière funeste, à laquelle il s'est
asservi, pour redevenir lui-même.
M. Miclesco a plus d'aisance et de liberté, surtout quand
il est sorti des généralités un peu prolongées de son sujet
pour s'attacher aux questions particulières. Il est regrettable
seulement qu'il ne se soit pas astreint à une discipline plus sévère. Car son œuvre a des parties vraiment excellentes. Ainsi
l'auteur a remarqué avec beaucoup de justesse combien la
passion politique borne parfois les vues de Machiavel et lui
�FAOULTÉ DES LETTRES.
91
fait méconnaître le vrai caractère des révolutions romaines et
les services rendus à la République par le patriciat. Il signale
avec non moins de sagacité ce qui a manqué à Montesquieu
pour pénétrer dans l'organisme même de Rome. Sa conclusion
surtout, où il caractérise le génie propre des deux publicistes,
est très-heureuse. Développée et IitPpuyée de preuves, cette
conclusion eût fourni à elle seule un mémoire fort estimable.
Mais, en général, l'ordre fait défaut dans ce travail, et la
composition. L'auteur ne sait pas limiter son sujet. Son esprit
curieux, mais parfois hasardeux, multiplie les points de vue,
mais s'y égare i trop souvent ses idées s'extravasent et se
perdent en digressions étrangères. Le style d'ailleurs n'égale
pas les idées. C'est une langue mêlée d'expressions techniques, de mots inexacts, qui ébauchent la pensée et ne
l'achèvent pas. On sent combien il est difficile d'arrivcr en
français à la propriété du langage, quand on ne l'a pas parlé
comme sa langue maternelle.
J'ai insisté sur la critique de ces divers mémoires, pour
expliquer le classement qu'en a fait la Faculté. Mais j'ai
hâte d'ajouter que tous ces mémoires, et même celui que nous
n'avons pas classé font grand honneur à leurs auteurs. En
vérité, le Conseil général peut s'applaudir de sa généreuse
institution. Dès leur entrée dans la lice ouverte à leur émulation, les vaillants jeunes gens, que nous avons nommés, ont
montré ce qu'on pouvait attendre de ces concours. Espérons
que leur exemple trouvera des imitateurs. D'ici à quelques
jours, la Faculté publiera la question où elle les provoque
pour l'an prochain.
Cette invitation, je le répète, s'adresse aussi bien aux
élèves de la Faculté de droit qu'à ceux de la Faculté des
lettres, car ils sont aussi des nôtres. Nous désirons qu'ils nous
appartiennent autrement que par l'impôt indirect des inscriptions, et qu'ils entrent davantage dans la libérale pensée
qu'on a eue de leur faire un devoir de suivre au moins un ou
deux Cours de notre Faculté. On ne leur a laissé un si grand
�92
SÉA.:!!CE DE RE:!!TRÉE.
loisir, surtout pendant leur première année de droit, que pour
leur permettre de compléter davantage leurs études litté.
raires, chacun selon la vocation de son esprit et les lacunes
de plus en plus senties de son éducation antérieure.Avant de vous absorber dans vos études professionnelles,
jeunes gens, vous avez plus ou moins besoin de cultiver les
hautes facultés de votre esprit par un enseignement désintéressé des lettres, de la philosophie ou de l'histoire. Sachez
donc mettre à profit ces heures d'une étude vraiment libérale.
II y a quelques années, ceux d'entre vous qui avaient reçù
la meilleure instruction classique, tenaient à honneur de
joindre à leur titre de bachelier celui de licencié ès lettres.
La rentrée actuelle semble nous promettre quelques-unes de
ces vocations généreuses. Mais il y a eu une trop longue interruption. On trouvait le niveau de la licence trop élevé. Assurément ce n'est pas notre faute si l'on n'a pas encore
institué pour vous une licence ès lettres spéciale, dégagée en
partie de l'appareil scolaire de la licence actuelle et mieux
accommodée à vos goûts et aux besoins de votre carrière.
Toutefois, en attendant cette institution réclamée par l'esprit
de notre siècle, je m'étonne que vous n'ayez pas en plus
grand nombre gardé de vos études classiques antérieures un
plus vif goût pour les lettres, et qu'en dehots même du diplôme, vous ne vous montriez pas plus jaloux d'en continuer
ici la culture, ne fût-ce que pour le plaisir de savoir et l'amour désintéressé des choses de l'art, de l'esprit et de l'âme.
Profitez du temps salutaire. Plus tard le loisir vous manquera.
Les études spéciales vous absorberont. Craignez qu'ensuite
la vie ne vous prenne au dépourvu.
Car la vie aujourd'hui devient de plus en plus exigeante.
Songez que, vous surtout, vous êtes appelés, par les fondions
libérales auxquelles vous vous destinez, à être plus ou moins
les conducteurs des hommes, leur lumière, leur exemple. Il
faut donc dès à présent vous y préparer sérieusement.
Noblesse oblige, dit-on. N'êtes-vous pas souvent scandalisés
�FACULTÉ DES LETTRES.
90
de l'ignorance ou de l'esprit chimérique de ceux qui, dans la
presse ou ailleurs, prétendent diriger l'opinion et influer sur
les destinées de la patrie? Travaillez donc vous-mêmes
(à quelque situation que plus tard la Providence vous appelle)
à ne pas être ainsi au-dessous de votre tâche.
Certes, si nos hommes d'État se montrent si justement jaloux de propager partout et d'élever l'enseignement primaire,
les derniers votes de nos Assemblées politiques témoignent
d'une sollicitude non moins vive pour l'enseignement supérieur. A mesure, en effet, que l'instruction primaire se développe, il faut que l'instruction supérieure s'élève. Aussi veut·
on le plus possible concentrer pour cela les Facultés dans
certaines villes prédestinées, comme en un foyer de lumière;
on les dote de chaires nouvelles; on élargit leur recrutement
par J'institution d'une agrégation spéciale; On leur prodigue
plus largement les instruments de travail, bibliothèques, collections, etc. - A quoi bon cependant ce zèle et ces sacrifices de l'État, si l'opinion n'y répond pas, si les esprits vont
ailleurs, si ces foyers restent déserts, si un enseignement élevé
et généreux ne parvient pas à éveiller dans l'âme de la jeunesse la curiosité d'apprendre et à y allumer la flamme diyine? Quand la patrie fait tant pour vous, jeunes gens, afin
de vous rendre dignes de votre destinée, du rôle qui vous at·
tend, et d'elle-même, ne ferez-vous rien pour elle? Mais sou·
venez-vous donc que vous êtes la France de demain, fille de
cette glorieuse France d'hier, qui avait pris une si grande
place par son génie dans la civilisation du monde! Que, grâce
à vous, la France républicaine ne reste pas au-dessous de la
France de la monarchie! Soyez vaillants, laborieux, savants,
pour être envers elle de bons citoyens.
��
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A name given to the resource
1876 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres et de l'École Supérieure de Pharmacie de Nancy, le 16 novembre 1876
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Administration Académique. p.1.</li>
<li>Académie de Nancy. Conseil Académique. p.2.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de droit. p.3.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de médecine. p.4-5.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des sciences. p.5.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des lettres. p.6.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. École Supérieure de pharmacie. p.6.</li>
<li>Procés-Verbal de la séance. p.7-9.</li>
<li>Discours de M. Le Recteur. p.11-23.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de droit. p.25-36.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de droit pendant l’année scolaire 1875-1876. p.37.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de médecine. p.39-54.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de médecine pendant l’année scolaire 1875-1876. p.55-58.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des sciences. p.59-74.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres. p.75-93.</li>
<li>Rapport du Directeur de l’École Supérieure de pharmacie. p.95-105.</li>
<li>Publications des membres de l’École Supérieure de pharmacie pendant l’année scolaire 1875-1876. p.106-108.</li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy, pendant l’année scolaire 1875-1876, par M. Edouard Binet, agrégé, chargé de cours. p.109-117.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de droit. p.119-121.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de médecine. p.121-122.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté des lettres. p.122-123.</li>
<li>Distribution des prix. École Supérieure de pharmacie. p.123.</li>
<li>Table. p.125.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1876
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Ch.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Berger-Levrault et Cie. 11, Rue Jean-Lamour, 11
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1877
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/2cab11c26087c5e73a98344aa7325271.pdf
cb51cc40038399ba116c6ed5e37e4fd9
PDF Text
Text
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IMPRIMERIE DE BERGER-LEVRA ULT ET Cie
11,
RUE JEAN-LAMOUR,
1877
Il
��RAPPORT
DE M. LE DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
IVfONSIEUR LE RECTEUR,
MESSIEURS,
Comme un père de famille, ce n'est jamais sans mélancolie
que je vois un de nos jeunes Professeurs, un des fils de la
maison, s'éloigner de la Faculté pour poursuivre sa carrière
sur un plus grand théâtre. Mais, en vrai père de famille aussi,
je ne mêle à mon regret aucun sentiment égoïste. Je suis
bitieux pour eux; et pourvu que ces fils d'adoption nous quittent pour un établissement avantageux, je me résigne plus
aisément à mon sacrifice.
A la veille même de la rentrée, on nous enlève M. VidalLablache. Assurément, pour enseigner la Géographie à l'École normale supérieure, on ne pouvait choisir un Maître
plus savant et plus distingué.
M. Vidal-Lablache a été dans notre pays un des créateurs
de l'enseignement géographique. Avec quel succès ill'inaugura dans notre ville, vous le
On s'étonnait de l'intérêt qu'offrait cette science jusqu'alors ingrate et négligée,
quand, au lieu d'une sèche nomenclature de lieux et de
noms, un professeur de talent fait concourir avec une curieuse
industrie l'histoire politique, l'ethnographie, les sciences na-
�74
SÉANCE DE RENTRÉE.
turelles, l'économie politique, les éléments les plus var!és, à
la conuaissance des différents pays, et rend ainsi à chaque
contrée sa physionomie originale, son âme, sa vie. Oette parole si simple, mais nette et limpide et si pleine d'instruction, vous tenait sous le charme. Assurément notre Faculté de
Nancy perd en M. Vidal-Lablache l'un des plus précieux
fleurons de sa couronne.
Nous le suivrons de tous nos vœux sur le nouveau théâtre
où son talent l'appelle. Espérons que son successeur ne se
fera pas attendre. S'il n'est pas encore nommé, cela tient, je
le sais, à la vive sollicitude avec laquelle l'administration supérieure de l'instruction publique s'efforce de trouver l'héritier le plus digne de continuer la tradition de cette Ohain}
de Géographie.
L'Université, qui ne nous avait prêté M. Boutroux que
pour un an, vient aussi de nous le reprendre. Pour n'avoir
fait ici qu'un si court séjour, ce jeune Maître ne nous en
laisse pas moins une profonde estime et de vifs regrets. Nous
avions bien prévu que notre Faculté ne lui serait qu'une
dernière étape pour rentrer à Paris. Son talent et sa science
le prédestinaient,
M. Vidal-Lablache, à l'École normale supérieure, où il va enseigner l'histoire de la philosophie. Tous, vous avez pu assez l'apprécier, pour comprendre
qu'on se soit hâté de l'appeler dans la Chaire où il doit
former des Maîtres. Vous le savez, s'il avait appris à l'école
de l'Allemagne à creuser les mystères de l'absolu, s'il avait
transporté dans les problèmes de la Métaphysique la rigueur
géométrique de l'école anglaise, il gardait avec cela l'esprit
français, le bon sens qui tempère la logique, et par-dessus
tout le spiritualisme cartésien, qui défend la philosophie
française contre les chimères panthéistiques ou sensualistes
où sont allés se perdre les penseurs d'outre-Rhin. C'est en
maître consommé et en critique supérieur qu'il nous a fait
connaître une philosophie de Leibniz et de Kant, que nous
ne soupçonnions presque pas j et certes ces deux puissants
�FACULTÉ DES LETTRES.
75
génies ont singulièrement gagné à nous apparaître ainsi dans
leur vérité et leur grandeur. Vous garderez le souvenir de
cette parole si lumineuse, si pénétrante et si forte, où l'éloquent et sincère Professeur mettait à la fois toute la vigueur
de son esprit et l'onction de son âme. Pour nous, qui l'avons
connu de plus près, nous regretterons en outre le Collègue
du commerce le plus sûr et le plus aimable.
Assurément l'Université a eu la main heureuse en appelant à le remplacer M. Gérard, déjà professeur titulaire de
philosophie à la Faculté de Clermont. Ce choix devait être
particulièrement agréable à notre ville. M. Gérard est un
enfant de Nancy, où il a terminé ses études; et il n'avait pas
d'autre ambition que d'y revenir. Qu'il soit le bienvenu
parmi nous. Tout le monde ici l'accueillera en ami. Pour
prétendre à son tour à cette Chaire, qui compte déjà plus
d'un Maître renommé, M. Gérard s'était signalé non-seulement par quinze années d'un enseignement heureux dans les
Lycées et les Facultés, mais encore par plusieurs publications considérables, et surtout par son important ouvrage sur
Maine de Biran, qui a tout d'abord pris sa place parmi les
œuvres philosophiques les plus distinguées de notre temps,
et qui a valu à son auteur un des plus beaux prix de l'Académie française.
Par le choix du sujet, M. Gérard manifestait avec éclat
la vocation spiritualiste de son esprit, et par la façon dont il
l'a traité, il s'est montré psychologue aussi délicat qu'habile
écrivain. Maine de Biran, dont Royer-CoUard disait: Q1b'il
est not1'e maître à tous; et que Victor C01;lsin appelait le ]wemier métaphysicien de notre temps, méritait certes d'être remis
en honneur par un tel disciple. Lorsque, au début de notre
siècle, le sensualisme de Locke et de Condillac avait montré
son impuissance à rendre compte de la pensée et des sentiments de l'âme, Maine de Biran, avant Royer-Collard, et
plus que lui, avait recommencé une nouvelle enquête de
l'intelligence sur elle-mêm(', ct il avait fondé sur le principe
�76
SÉANCE DE RENTRÉE.
de l'activité propre de notre âme un invincible spiritualisme.
Or, Messieurs, qu'y avait-il donc de plus opportun aujourd'hui, en présence des écoles positivistes modernes, que d'attirer de nouveau les regards sur cette œuvre à la fois si modeste et si forte, et de rajeunir son influence? Ce beau livre
de M. Gérard, mais en même temps sa remarquable Thèse
latine sur l'Idéalisme de Berkeley, nous promettent un digne
SucceSseur de notre Chaire de philosophie. Les sujets, d'ailleurs, qu'il a choisis pour son enseignement de cette année, ne
pourront qu'être vivement goûtés par les auditeurs accoutumés de ce Cours. Car, dans ses Leçons du Jeudi, il se propose de traiter de l'Esthétique ou de la Science du Beau; et
dans sa Conférence il expliquera et commentera les trois
Critiques de Kant, rattachant ainsi, comme par un lien fraternel, une partie de son enseignement à celui que le départ
de M. Boutroux avait interrompu.
En même temps qu'elle répare ainsi ses pertes, notre Faculté s'applaudit d'acquisitions nouvelles. Remercions M. le
Ministre de l'instruction publique, qui, en dehors de nos
Chaires ordinaires, vient de doter la Faculté de Nancy de
deux Conférences, et qui par une rare bonne fortune y appelle encore deux enfants de notre ville, MM. Riemann et
Krantz, dont la salle de distribution des prix du Lycée n'a'
pas oublié les noms, que ses échos ont si souvent répétés.
M. Riemann, élève de l'École normale agrégé des classes
supérieures des Lettres, après avoir été mûrir son esprit et
ses études pendant trois ans à notre École française de Rome
et d'Athènes, est dès aujourd'hui attaché à notre Faculté
comme Maître de Conférences de Philologie grecque et latine.
De bonne heure, il avait signalé pour ces études un goût
spécial, et sa familiarité avec les livres de la science allemande lui en avait facilité les moyens. La Faculté est heureuse de confier à ce jeune savant ce nouvel enseignement,
dont on comprend de plus en plus aujourd'hui l'intérêt profond, la portée philosophique et la nécessité. - M. Krantz,
�FACULTÉ DES LETTRES.
77
dès le Lycée, avait montré de son côté, par deux prix d'honneur au Concours général, sa vocation pour l'étude de la Philosophie. Aussi admis bientôt après à l'École normale, ce fut
dans ce sens que ses Maîtres le dirigèrent de préférence; et,
récemment au Concours d'agrégation de philosophie, en se
plaçant dans les premiers rangs, il justifiait leur espérance
et la nôtre. Lui aussi s'estime heureux de venir débuter dans
l'enseignement au sein ,de sa ville natale, près de nous et de
sa famille. Mais, jusqu'à ce qu'une Chaire de philosophie lui
soit ouverte, il professera ici, à côté de moi, en qualité de
Maître de Conférences d,e Littérature française. Il sait, du reste,
avec quelle satisfaction et quelle sympathie je partagerai avec
lui ce vaste domaine jusqu'ici confié à moi seul.
Ce concours de deux Maîtres de Conférences nous permettra de développer et de constituer ici plus solidement un
enseignement pratique, qui a toujours été l'objet de notre.
ambition. Car voilà bien des années, vous le savez, que nous
rêvons, sinon pGlur toutes les Facultés des Lettres, au moins
pour quelques-unes, une organisation plus complète, qui leur
permette vraiment de devenir autant de succursales de l'École normale supérieure. Cftr celle-ci, avec les vingt élèves
qu'elle reçoit chaque année dans la section des Lettres, ne
saurait suffire il. recruter de professeurs l'enseignement public. Et jusqu'ici l'État (qui pourtant trouvait dans ses Facultés presque toutes les ressources nécessaires) n'avait pas
songé avec assez de suite à les utiliser, pour en faire autant
d'Écoles préparatoires au professorat. -- On complète aujourd'hui notre enseignement par l'adjonction de nouveaux Maîtres; mais on s'occupe en outre de constituer le personnel des
élèves sur une base large et libérale. On avait commencé,
il y a quelques années, à le faire, en instituant dans chacun
de nos
placés près des Facultés un corps de Maîtres
auxiliaires, auxquels on laisse la meilleure part de leur loisir
pour achever leurs études classiques et se préparer, sous
notre direction, aux grades universitaires. Mais ce n'était
�78
SÉANCE DE
pas assez. Une récente mesure vient d'attribuer à notre Faculté quelques-unes de ces bourses d'étudiants, dont je vous
parlai l'an dernier, et qui seront données au concours à des
jeunes gens curieux de venir préparer près de nous leur Lidecence ou leur Agrégation. Des bourses de cette espèce sont
mandées pour nous par .M. le Recteur, et des jeunes gens
dignes de cette faveur l'obtiendront sans doute. Mais ce n'est
qu'un commencement. L'État ici donne l'exemple. Nous espérons bien que cette initiative féconde entraînera dans la même
voie les départements et les villes, si intéressés à assurer ainsi
dans l'avenir le recrutement des Chaires de leurs Colléges.
Jusqu'à présent, en multipliant nos efforts, nous étions arrivés déjà à offrir dans notre Faculté l'ensemble le plus varié
de Cours et de Conférences, soit au public studieux de notre
ville, soit aux jeunes gens qui se préparent au professorat.
Mais avec ces ressources nouvelles, dont la libéralité de
l'État vient de nous doter, le
de nos études va
s'étendre encore davantage. Sans doute nous conserverons
toujours ces leçons publiques, qui sont entrées dans les habitudes de la population éclairée de notre ville, et où une
élite d'esprits cultivés, qui ont gardé le goût des choses
littéraires, aiment à venir, après les travaux de la journée,
savourer ici, comme en un sanctuaire des Muses, les enseignéments élevés des Lettres, de la Philosophie et de l'Histoire.
Mais ce sont surtout nos Conférences, qui, grâce au concours de nos nouveaux Maîtres, vont se diversifier de façon
à s'accommoder de plus en plus à tous les besoins de ces
jeunes Professeurs ou Maîtres Répétiteurs, qui d'ici, ou des
colléges voisins, réclament notre direction pour leurs études.
Nous avions dû nous borner jusqu'ici aux exercices de la
Licence. Désormais nous prétendons les conduire jusqu'à
l'Agrégation. Le jeudi surtout, où les Professeurs des villes
voisines sont plus libres, la Faculté institue deux Conférences spéciales pour préparer ces jeunes Maîtres à l'Agrégation de Grammaire ..---: Ce jour-là, à trois heures, M. Rie-
�79
FAcur,TÉ DES LETTRES.
mann ouvrira une Conférence de G?"ammaire générale de nos
Langues classiques. C'est répondre, je le sais, aux vœux les
plus pressants des candidats. Car jusqu'à présent cet ensei.
gnement raisonné de la Grammaire, renfermé mystérieuse.
ment à l'École normale, avait trop manqué aux concurrents
du dehors. Certes, nul n'est plus propre à populariser cet enseignement si désiré dans notre Faculté, que ce jeune Maître
habitué depuis longtemps à puiser aux meilleures sources de
la science grammaticale. - Le même jour, à une heure et
demie, M. Decharme, s'adressant aux mêmes disciples, expliquera avec eux quelqu'un des auteurs grecs du programme
de l'Agrégation, et corrigera leurs divers devoirs avec l'auto·
rité et l'expérience d'un savant qui siége depuis plusieurs
années parmi les juges de ce concours. Aussi, nous ne doutons pas que tout ce que notre Académie compte ici et dans
ses Colléges de jeunes professeurs avides de s'instruire et
généreusement ambitieux, n'apprécient vivement ce bienfait,
et ne marchandent ni leur temps, ni leurs fatigues, ni leurs
sacrifices, pour venir ici assidûment, chaque jeudi, recueillir
ce précieux enseignement. Non-seulement je l'espère, mais
j'en suis sûr, tant ces cours désirés ont déjà provoqué de
vives adhésions.
II. -
EXAMENS.
Baccalauréat ès lettq·es.
"
Depuis la division du Baccalauréat ès lettres en deux
examens, l'un placé à la fin de la classe de Rhétorique, 'l'autre à la fin de la Philosophie, cette épreuve, ainsi dédoublée, est devenue en réalité le plus sérieux contrôle pour
chacune de ces classes et comme un examen de passage.
Aussi avais-je espéré que cet examen, scindé de la sorte,
faciliterait à la fois la ptéparation des candidats et aiderait à
leur succès; et je suis toujours surpris et affligé de voir encore un si grand nombre d'élèves demeurer sur le carreau.
�80
SÉANCE DE RENTRÉE.
Pourquoi donc, en effet, tant d'élèves encore ajournés et
obligés de recommencer leur Rhétorique? C'est que l'examen,
tout en se tenant au programme de cette classe, porte en
même temps sur les études classiques antérieures, où l'on
constate parfois d'étranges lacunes. Est-ce notre faute, en
vérité, si le Baccalauréat est le premier examen de passage
.
sérieux et sévère, que la plupart de ces jeunes gens aient
rencontré dans le cours de leurs études?
1 re Partie. - Sur 377 candidats qui se sont présentés au
premier examen, 174 ont été éliminés après l'épreuve écrite,
et 21 devaient l'être encore à l'épreuve orale; en tout, 195
(c'est-à-dire 51,7 p. 100).
Chez ces jeunes gens, qui sortent de la Rhétorique: le Discours latin est peut-être plus correct de forme qu'autrefois;
mais il y manque quelque chose de la solidité que donnait
auparavant à nos candidats la pratique de la Philosophie. Le
plus souvent, ce n'est guère qu'une amplification vague et stérile de la matière donnée; et l'on n'imagine pas jusqu'à quel
point l'histoire grecque et romaine, à laquelle les sujets sont
d'ordinaire empruntés, y fait défaut. - La Version latine, à
son tour, laisse fort à redire. Outre les fautes de sens, nous
avons trop fréquemment à y relever des traductions barbares,
des fautes de français et même d'orthographe, et une négligence déplorable dans les accents ou la ponctuation. Assurément il y a là dans les études une grave lacune à signaler.
L'épreuve orale, ici, vaut mieux en général que l'épreuve
écrite. Aussi 21 candidats seulement y ont fait naufrage. Le
programme des auteurs, réduit désormais à une mesure plus
raisonnable, peut être mieux préparé que par le passé. C'est
en grec surtout que cette amélioration est sensible. L'explication des auteurs latins est satisfaisante aussi. Mais on ne
sait pas encore étudier dans le texte les auteurs français.
Quant aux questions de Littérature et de Rhétorique récemment ajoutées à l'épreuve littéraire, je crois qu'il serait bon
d'en fixer, comme pour tout le reste, le programme précis et
.
�81
FACULTÉ DES LETTRES.
détaillé. Dans le vague laissé sur ce point, les jeunes gens
sont souvent pris au dépourvu. Au contraire, l'Histoire et la
Géographie ont surtout gagné à être renfermées dans un
cadre étroit et déterminé. Car il n'y a point de ·parties de l'épreuve, qui se soient améliorées d'une façon plus manifeste.
En somme, à cette première partie de l'examen du Baccalauréat, 182 candidats ont été jugés admissibles (48,3 seulement p. 100), savoir:
1 avec la note T1'ès-Bien, M. Kesternich, du collége de Lunéville, qui a obtenu le prix d'honneur de Rhétorique au
Concours général;
11 avec la mention Bien; MM, Bruncher, Brunner, Cherriel', Croèse, J œger, Lefebvre, Lœderi ch, Sch walm, Thou venin,
de W ésian et Wever;
76 avec la mention Assez Bien;
Et 94 avec la note Passablement.
182 admis sur 377 candidats, c'est, en vérité, un chiffre
bien modeste; et parfois je serais tenté de nous croire trop
sévères, si je ne voyais la même proportion dans les examens
des autres Faculttils. Quand le Baccalauréat ès lettres est
devenu le plus efficace et l'unique contrôle de l'instruction
classique, il importe aujourd'hui, pl us que jamais, de ne
pas laisser fléchir en France le niveau de cette éducation
libérale.
2" Pm·tie. - 217 candidats seulement se sont présentés à
cette seconde moitié de l'examen, qui correspond à la classe
de Philosophie. C'est peu en comparaison du nombre des
candidats de la première catégorie. Mais considérons que
ceux qui arrivent à ce second examen ont été déjà triés par
une première épreuve. Or, cette première épreuve, l'année
dernière, n'avait laissé passer que 181 élèves en Philosophie.
Et encore quelques-uns de ces derniers se contentent d'un
premier degré, qui suffit pour certaines Écoles spéciales de
l'État.
Sur ces 217 candidats présentés! 152 ont été admis à
FACULTÉS
6
�82
SÉANCE DE RENTRÉE.
l'épreuve orale, et 121 ont été définitivement déclarés dignes
du grade de bachelier ès lettres (c'est·à-dire 55,76 p. 100).
La proportion des admis était, l'année dernière, plus considérable, je l'avoue; elle s'élevait aux deux tiers du chiffre
total des candidats. A quoi faut-il attribuer ce déchet? Les
études qui figurent à cet examen auraient-elles baissé? Non,
assurément. Mais à mesure que la discipline de ces études,
si longtemps ébranlée, s'est raffermie, le niveau de l'examen,
par un contre-coup inévitable, tend à son tour à se relever
davantage.
La Dissertation surtout témoigne que maintenant la classe
de Philosophie, qui couronne ·si bien toutes les autres, a reconquis son importance dans l'ensemble de l'éducation classique. Le progrès des études y est très-marqué. L'histoire de
la Philosophie en particulier est bien mieux sue que par le
passé. Que manque-t-il aujourd'hui à la plupart de nos élèves
pour faire une classe de Philosophie vraiment fructueuse?
Quelques années de plus. En général, ils arrivent trop jeunes
à ces études, qui exigeraient plus de maturité. Il.. savent
leur cours mieux qu'ils ne le comprennent. Aussi sont-ils
déroutés quand une question n'est pas posée dans la formule
ordinaire; et dans leurs dissertations, ils s'égarent souvent
hors du sujet, y rattachent des digressions parasites, et ne
savent pas conclure. La rédaction aussi en est trop négligée;
le style se traîne, lâche, terne et même incorrect. Ce n'est
pas assez écrit. - Pour la composition des langues vivantes,
quatre ou cinq candidats, seulement, ont réclamé l'anglais
et s'en sont assez galamment tirés. Mais, dans notre province,
c'est naturellement l'étude de l'allemand qui prévaut. Le
progrès y est très-sensible. En donnant droit de cité aux' langues vivantes dans le programme du Baccalauréat ès lettres,
on leur a fait désormais une place sérieuse et considérable
dans le cadre des études classiques. Aussi pourra-t-on bientôt
arriver, je l'espère, à substituer en allemand le thème à la
version. Car la version n'est pas une épreuve suffisante. Avec
�FACULTÉ DES J,ETTRES.
83
un dictionnaire, un élève intelligent et habitué aux exercices
de traduetion s'en tire toujours. On le voit bien quand, à
l'épreuve orale, le même,obligé d'expliquer son texte à livre
ouvert, se trouve souvent si empêché; pourquoi? Il ne sait
pas le sens des mots.
Dans cette seconde partie de l'examen, l'ép1'euve orale ne
vaut pas, en général, l'épreuve écrite. De là ce nombre si
considérable de 31 candidats qui y ont échoué. A l'interrogation de Philosophie, on sent que nos élèves sont encore trop
peu exercés à la parole. Aussi restent-ils d'ordinaire dans de
vagues généralités, et ne savent pas expliquer les définitions
qu'ils répètent de mémoire. - En Allemand aussi, beaucoup,
sans leur dictionnaire, ont perdu toute leur vertu. - Sur l'HistoÏ1'e contemporaine, ils paraissent généralement moins bien
préparés qu'ils ne l'étaient l'année précédente pour l'histoire
des XVIIe et XVIIIe siècles. Ils n'ont entrevu que ]e gros des
choses dans des Manuels, et n'ont jamais eu le loisir d'ouvrir
quelqu'une de nos grandes œuvres historiques. Mais on n'a
plus ni le temps ni le goût de lire.-Enfin, l'étude des Sciences
présente à l'examen de singulières inégalités. Nos candidats
sont, pour la plupart, plus heureux pour la Géométrie et la
Physique. Ils savent passablement encore la Cosmographie et
la Chimie. Mais ils ont oublié l'Arithmétique, et paraissent
avoir trop peu compté jusqu'ici avec les Sciences naturelles,
dont on a mal à propos surchargé encore récemment un programme déjà trop chargé.
En somme donc, sur les 217 candidats qui ont subi ce
second examen, 121 ont été jugés dignes du grade de bacheHel' ès lettres, à savoir:
5 avec la mention Bien: lVlM. Becker, Godet, Maldidier,
Poincarré et Wahl;
35 avec la mention Assez Bien;
Et 81 avec la note Passablement.
Baccalauréat complet. - Enfin 10 candidats encore ont
invoqué le privilége de leur âge et d'échecs antérieurs, pour
�84
SÉANCE DE RENTRÉE.
se présenter une dernière fois à l'examen du Baccalauréat
complet. Sur ce petit nombre, 3 seulement ont pu être admis
au grade avec la note Passablement, et les 7 autres ont été
définitivement exclus.
ADMIS ••
-------------Baccalaureat scindé (!""partie)
Baccalauréat scindé (2' partie)
Baccalauréat complet. . . .
377
217
174
65
21
31
10
5
195
96
1
11
5
76
35
'rotai. • • . •.
604
244
54
298
16
111
182
121
3
2
1 - - - - - - - -- -- --
94
81
3
--1178
306
Licence ès Lett?'es.
Je me plaignais l'an dernier de voir si peu de candidats se
présenter à la Licence ès lettres, quand tous les Colléges
ment des Maîtres licenciés, quand les villes et l'État s'efforcent à l'envi d'améliorer la situation des Professeurs munis
de ce titre. Mais cette année leur nombre ne s'est encore
guère accru. - 8 candidats se présentaient à la session
de novembre 1876, et 7 seulement à celle de juillet 1877.
Jamais cette dernière session de juillet n'avait été si désertée.
Il faut s'en prendre sans doute à la publication tardive du
programme triennal, qui renouvelait à peu près entièrenient
la liste des auteurs grecs, latins et français, proposés pour l'examen. Cette liste, en effet, qui doit paraître un an d'avance, n'a
été connue cette fois qu'aux premiers jours de janvier. Que
les élèves de l'École normale, qui n'ont à s'occuper que dé
leur examen, aient pu suffire en six mois aux exigences de
ce nouveau programme, je le conçois; mais cette tâche excédait le loisir et les forces de nos Maîtres du Lycée ou des
Colléges, trop absorbés ailleurs par leurs fonctions.
A la session de novembre 1876,3 candidats seulement sur
8 ont été admis:
�FACULTÉ DES I,ETTRES.
85
Le jeune Comte, esprit fertile et vaillant, travailleur infatigable, qui fut au lendemain de son succès chargé d'enseigner l'histoire au Col1ége de Verdun;
M. l'abbé Bm'ga, élève distingué de la Maison des hautes
études ecclésiastiques, fondée par Mgr l'évêque dfl Nancy pour
préparer des Maîtres à l'enseignement libre;
M. Masson, professeur au Collége de Pont-à-Mousson,
dont la Faculté aimait à récompenser ainsi les efforts persévérants.
A la dernière session de juillet, 4 candidats, sur les 7 qui
se sont présentés, ont été jugés dignes du grade, à savoir:
M. l'abbé Mœngin, de la Maison des hautes études;
M. Lavé, professeur au Collége d'Épinal, qui promet à la
prochaine Agrégation de grammaire un candidat sérieux;
M. Jeantin, presque encore un adolescent, mais qui a mûri
rapidement par un travail soutenu, et qui honore par son
succès le corps des Maîtres auxiliaires du Lycée de Nancy,
auquel il appartenait. Trop jeune encore pour l'enseignement
philosophique, auquel il se destine, il est chargé provisoirement d'enseigner les humanités au Collége de Toul;
Enfin M. Boully, alors professeur de Philosophie au Collége de Remiremont, aujourd'hui en rhétorique à Verdun, et
qui a pu compenser à l'examen l'insuffisance de sa préparation par l'éclat de l'accessit de poésie, qu'il venait d'obtenir à l'Académie française pour son éloquent poëme sur André
Chénier.
Voilà donc en tout 7 licenciés pour la récolte entière de
l'année. Certes, ils sont de bonne race; et c'est avec confiance
que la Faculté les recommandait à M. le Recteur pour des
chaires importantes. Mais, en vérité, c'est trop peu pour les
besoins de notre Académie. Deux même d'entre eux sur 7 appartiennent à l'enseignement libre. C'est trop peu aussi pour
répondre à notre juste ambition et à nos efforts. J'en appelle
aux disciples mêmes de nos Conférences. Certes, le zèle que
nous apportons à diriger et à seconder leur travail mériterait
�86
SÉANCE DE RENTRÉE.
une plus ample récompense. - Mais le zèle et la science des
Maîtres ne suffisent pas. Il faut que nos jeunes gens, de leur
côté, y répondent avec plus d'émulation. Peut-être nous trouvent-ils bien exigeants. Je sais bien aussi, que quelques-uns
parfois se découragent d'un effort trop prolongé. Ils avaient
trop présumé de leurs études antérieures, et s'étonnent de
tout ce qui leur reste à faire pour atteindre au niveau de la
Licence. Ils se ressentent un peu de la maladie de leur siècle
où l'on aime à rêver les succès faciles et à recueillir sans avoir
pris la peine de semer.
Sans doute aussi nous souhaiterions que ceux des élèves de
la Faculté de Droit, qui ont fait les meilleures études littéraires,
eussent davantage l'ambition de la Licence. Ils nous répondent, pour la plupart, que la première année de ,Droit leur
laisserait seule assez de loisir pour s'associer aux exercices
de nos Conférences, mais que, dès la seconde année, le Droit
les absorbe tout entiers. Je ne dis.conviens pas que, dans l'état
ordinaire de leurs études, une seule année ne peut guère suffire
pour les amener du Baccalauréat à la Licence, telle qu'elle
est encore constituée.- Ce n'est pas notre faute,sijusqu'ici une
Licence ès lettres spéciale n'a pas été organisée pour cesjeunes
gens, qui ne veulent pas se contenter d'être bacheliers, et qui,
aspirant à un grade plus élevé, souhaiteraient du moins un
examen mieux accommodé à leurs études et aux besoins de
leur carrière.
Doctorat ès
Bien des thèses nous ont été soumises dans le cours de
l'année; mais aucune ne nous a semblé assez forte pour .arriver à la soutenance. Nos candidats, pour la plupart, ne se font
pas une idée assez haute du doctorat. C'est pourtant aujourd'hui le seul titre exigé pour l'enseignement supérieur des
Lettres. Faut-il donc qu'il serve de refuge à ceux qui n'osent
prétendre à l'Agrégation pour l'enseignement secondaire?
Nous ne le pensons pas. C'est déjà bien assez qu'ici le candidat
�FACULTÉ DES LETTRES.
87
ait été
libre de choisir à son gré les sujets de
sa thèse, et d'y consacrer tout le temps qu'il veut. Du moins
est-on en droit d'exiger de lui que, sur ce terrain circonscrit, il
sache montrer une science solide et un vrai talent d'écrivain.
III. -
ENSEIGNEMENT.
Quelques mots seulement sur ce qu'a été notre enseignement public dans le cours de cette année. Ici je puis être
d'autant plus bref, que je ne vous dirai que ce que vous en savez
déjà. Car vous en êtes pour la plupart auditeurs ou disciples.
Vous n'ignorez pas que chacun de nous, dans ses leçons et ses
conférences, embrasse en réalité deux enseignements distincts, en sorte que c'est quatorze Cours sur des matières différentes, que notre Faculté offre chaque semaine à la jeunesse
studieuse et aux esprits curieux de la haute culture intellectuelle. Je ne veux retracer ici que l'esquisse sommaire de
nos principaux Cours.
Philosophie. - M. Boutroux, dans ses leçons, nous a exposé les origines et l'histoire de la Philosophie allemande
depuis Luther et Spinosa. Après nous avoir fait connaître
dans toute sa grandeur originale le génie et l'influence de
Leibniz, il s'est attaché particulièrement à l'étude de Kant,
en dissipant les préjugés qui nous en avaient fait méconnaître
jusqu'ici, en France, le sens et la portée profonde; et il nous
a vraiment révélé, dans la Critique de la Raison pure, de
la Raison pratique et du Jugement, la métaphysique du sage
de Konigsberg, sa morale, son esthétique, sa doctrine des
causes finales, ses vues sur le Droit public et le Droit privé.
A côté de ce Coun, le Professeur, dans ses Conférences,étudiait comparativement ce que l'antiquité et le moyen âge
avaient pensé sur les grandes et éternelles questions qui sont
l'objet de la Philosophie: l'âme humaine, la nature divine,
l'origine du monde; et, à ce sujet, il rapprochait en même
temps les diverses méthodes philosophiques appliquMs en ces
âges si différents i.t la recherche de la vérité.
�88
SÉANOE DE RENTRÉE.
Littérature grecque. - 1\'1. Decharme a complété l'étude SI
neuve et si savante, qu'il avait commencée il y a quelques années sur la Mythologie grecque, en expliquap.t la légende et
le culte des héros nationaux: Hercule, Thésée, Œdipe, Méléagre, les Centaures et les Lapithes, Pélée, Alceste, Admète,
Orphée, Bellérophon, Persée, Io, Pélops et Tantale, Atrée et
Thyeste, tous ces fils du ciel et de la terre, auxquels les cités
grecques rapportaient leur origine sacrée, et dont la légende
a longtemps défrayé la tragédie antique, formaient en effet,
au-dessous des dieux de l'Olympe, une nouvelle famille
divine, qui partageait avec eux la protection et le culte des
hommes.
Littémtu1'e latine. - M. Campaux avait pris pour sujet,
cette année, l'œuvre de Tacite, matière féconde pour l'historien, le penseur et l'artiste. Les révolutions, dont notre siècle
a été témoih, apportent aujourd'hui à cette étude une lumière nouvelle et un nouvel intérêt. Comment Tacite jugeaitil la république et le gouvernement des Césars, qui y avait
succédé? Quelle fut sa conduite politique? Que penser de
SOn génie, si profond et si triste, de ses jugements misanthropiques sur les hommes et les choses de son temps, de son
imagination dramatique et pittoresque, de son éloquence et
de son talent d'écrivain? Tels sont les points de vue divers
où s'est placée la critique du Professeur. M. Campaux a pénétré Tacite dans tous les sens. Il a vécu familièrement avec
l'écrivain, et il a fait revivre autour de nous la vieille Rome
d'Auguste, de Tibère et de Néron. Avec son auteur aussi, il
nous a conduits au fond des forêts de la Germanie, et nous a
fait voir, chez ces peuplades barbares, que Dieu semblait
tenir en réserve pour le châtiment de Rome et la régénération du monde, les origines des sociétés et des mœurs modernes.
Littérature française. - Je reprenais, cette année, l'histoire
des Lettres et des esprits en France à l'époque de la Révolution. Ou plutôt, à cette époque terrible, c'était à l'étranger
�FACUL'rÉ DES LETTRES.
89
qu'il fallait suivre et écouter la pensée française exilée. Je
recueillais donc d'abord les Considérations qu'inspirait ce
grand et formidable événement aux penseurs proscrits, qui en
suivaient de loin la marche fatale, Mallet du Pan, Necker,
Rivarol, Joseph de Maistre surtout, puis Chateaubriand.
Enfin, rentrant en France avec ce dernier, j'étudiais le Génie
du Christianisme, œuvre éloquente et opportune, avec laquelle
l'écrivain secondait la restauration de l'Église. Mais une fois
sous le charme de ce beau génie, qui remplit avec Mme de
Staël de sa gloire littéraire les premières années du siècle, je
n'ai pu m'en déprendre; et l'étude d'Atala, de René, des
Lettres sur l'Italie et de l'Itinérai1'e a rempli le reste de
l'année.
Littérature étrangè1'e. - M. Gebhart consacre ordinairement son premier semestre à l'Italie, le second aux littératures de l'Allemagne ou de l'Angleterre. Cet hiver il étudiait
la société polie à Florence, à Rome et à Venise, au temps de
la Renaissance, et l'influence que les femmes ont exercée sur
la civilisation brillante, le goût des arts et l'élégance des
mœurs à cette époque. C'est Boccace avec son Décameron et
sa Fiammetta, c'est Castiglione avec son Cort'igiano, qui lui
servaient de guide dans cette aimable étude. Après Pâques,
il s'est complu à raconter et à commenter cette capricieuse
histoire de Tristram Shandy, si propre à nous faire pénétrer
dans le génie humoristique de l'Angleterre.
Histoire. -- Après avoir retracé antérieurement l'essor de
la Russie au XVIIIe siècle, et son intervention nouvelle dans
la politique et l'équilibre de l'Europe, M. Rambaud, cette
année, racontait la lutte gigantesque engagée par elle contre
la France presque dès les premiers jours de la Révolution.
Cette lutte cependant eut des intervalles. Le czar Paul pr,
fasciné par le génie de Napoléon, sembla plus d'une fois près
de se laisser entraîner dans l'orbite de la politique française.
Mais la Russie dut rompre enfin avec cette politique à outrance du dominateur du monde, et la fortune de ce dernier
�90
SÉANCE DE RENTRÉE.
vint sombrer à Moscou dans une épouvantable catastrophe.
Pour raconter les vicissitudes de ce drame immense, M. Rambaud, qui pratique la Russie depuis longtemps déjà et s'en est
fait un champ spécial d'études, a puisé à des sources jusqu'alors ignorées; c'est presque une histoire toute neuve qu'il
nous a retracée d'événements que nous croyions connaître.Dans sa Conférence, il a traité des Chroniqueurs et des Historiens de la guerre de Cent Ans.
Géographie. - Après avoir expliqué, l'année précédente,
l'Inde anglaise, M. Vidal-Lablache, franchissant, cette année,
l'Himalaya, nous a fait connaître ces immenses plateaux de
l'Asie centrale, qui vont s'inclinant insensiblement jusqu'aux
plages de la mer Glaciale. C'était mettre en présence les
deux peuples qui se disputent l'empire de l'Asie, la Russie
en face de l'Angleterre. Dans cette excursion, il a successivement parcouru la région de l'Aral, le Turkestan, la vallée
de l'Iaxarte, le bassin de l'Oxus, la vallée de l'IIi, le plateau
de l'Iran et enfin les immenses plaines de la Sibérie; régions
ingrates sans doute et jusqu'ici bien mal connues, mais auxquelles il a eu l'art de nous intéresser vivement par la nouveauté curieuse des renseignements détaillés qu'il nous apportait sur la nature du pays, les populations qui l'habitent,
leurs ressources actueiles et leur avenir. - En même temps
dans ses Conférences, le Professeur étudiait la Géographie
physique de la France.
Mais vous savez, Messieurs, comment Cours et Conférences
de Géographie furent malheureusement interrompus dès les
premiers jours de mai par le coup affreux qui enlevait en un
même jour à M. Vidal-Lablache deux de ses enfants. Puisse
la sympathie profonde et générale, qui lui a été témoignée
en cette occasion, adoucir pour ce che!:' collègue et pour sa
famille cette inconsolable douleur!
Voilà l'ensemble varié que présentait, cette année, l'enseignement de notre Faculté. -- Nos Cours et nos Conférences se
rouvriront ù partir du mardi 27 novembre. Je laisse à chacun
�FACULTÉ DES LETTRES.
91
de mes collègues de vous exposer dans sa prochaine leçon
d'ouverture la matière de son enseignement.
A ces Cours, nous comptons toujours plus d'hommes mûrs
que de jeunes gens; et c'est pourtant de la présence des
jeunes gens que nous sommes surtout jaloux. C'est en vue
surtout des élèves de nos Écoles supérieures, en effet, que
l'État multiplie les Chaires de ses Facultés des Lettres. En
même temps que, avec un juste souci des classes populaires,
il propage partout et fortifie l'enseignement primaire et s'efforce de le mettre à la portée de tous, il veut tout ensemble
que le niveau intellectuel s'élève simultanément dans les
classes lettrées et appelées à exercer sur les autres l'ascendant du conseil et des lumières.
L'État vous convie donc, jeunes gens, au nom de vos intérêts et de l'intérêt public, à profiter des ressources que pour
cela il vous offre. C'est pour vous, dans les temps surtout où
nous sommes, un impérieux devoir d'ajouter à votre science
professionnelle des connaissances plus générales, qui étendent l'horizon de votre esprit et achèvent votre éducation
libérale. On ne doit négliger aucune occasion de s'éclairer,
quand on doit servir aux autres de flambeau. Ce sont les
États démocratiques, surtout, qui ont besoin de se faire une
aristocratie de la science et de la vertu. Tâchez donc, par
votre culture scientifique, aussi bien que par votre caractère,
de vous rendre dignes du rôle que votre position dans le
monde vous appellera à remplir un jour.
IV. -
CONCOUa.S LITTÉa.AŒE INSTITUÉ PAR LE CONSEIL
GÉNÉRAL.
L'année dernière, 'la Faculté· de Nancy inaugurait avec un
certain éclat le Concours littéraire institué entre nos étudiants
par la libéralité du Conseil général de Meurthe-et-Moselle, et
décernait un prix de 300 fI'. à l'élève Roy
qui vient
d'entrer à l'École normale supérieure.
Cette institution généreuse ne pouvait manquer de provo-
�92
SÉANCE DE RENTRÉE.
quel' de vives sympathies. Le Conseil municipal de Nancy et
celui de Lunéville ont voulu, cette année, ajouter aux prix
leur allocation. D'autres suivront. Si ces Concours n'excitent
pas parmi la jeunesse de nos Écoles une noble émulation
pour les études, certes ce ne sont pas les encouragements qui
leur auront manqué.
Ces Concours sont un champ clos où nous convions à la
fois, avec l'élite de nos élèves, l'élite des étudiants de la Faculté de Droit, qui, eux. aussi, nous appartiennent, puisqu'ils
sont tenus de suivre quelques-uns de nos Cours et d'y prendre
des inscriptions. De là le caractère mixte des questions proposées, qui, autant que possible, appartiennent tout ensemble
à l'un et à l'autre ordre d'études. -- Cette année, nos concurrents avaient à analyser le grand traité de Cicéron sur l' Orateur, en recherchant le profit qu'en peut tirer encore l'Éloquence moderne. En vérité, je ne sache pas de sujet plus
attrayant tout ensemble et plus utile pour les jeunes gens
qui ont goûté aux lettres antiques, et qui, futurs avocats, ou
même futurs professeurs, auront à pratiquer l'art de la parole
publique.
Là, dans un entretien charmant, plein de variété, d'esprit
et de grâce, le dernier et le plus grand orateur de Rome, qui
vient de voir l'Éloquence s'éteindre avec la liberté dans un
couchant orageux et sinistre, se plaît à recueillir son expérience du barreau et de la tribune, et le fruit de ses études
si étendues, et à redire, avec le!:! leçons de sa longue pratique, les secrets de son génie. Ce ne sont plus les secs enseignements des rhéteurs et leurs froides anatomies. C'est la
confidence généreuse et éloquente elle-même d'un g'lorieux
praticien, qui a expérimenté toutes les méthodes, qui en connaît la vertu, mais surtout qui les a fécondées par son talent.
Tout d'abord l'Éloquence est-elle un pur don de nature?
Est-ce un art qui se puisse enseigner? Jusqu'à quel point le
génie oratoire peut-il gagner à l'étude des modèles età la
pratique des procédés de la Rhétorique? Peut-on surtout être
�FACUl,TÉ DES LETTRES.
93
un grand orateur, si l'on ne possède un ensemble de connaissances générales et élevées sur toutes les choses qui peuvent
entrer dans les discussions de la tribune et du barreau, et
surtout si l'étude de la philosophie ne nous a pas appris à
dominer les questions particulières et à voir comment elles se
rattachent à la chaîne des vérités générales? N'est-ce pas là,
en effet, la source féconde de ces beaux lieux communs, qui
sont l'âme et la splendeur de l'Éloquence? - Jusqu'à quel
point cependant cette science encyclopédique, que Cicéron
exige de l'orateur antique, est-elle encore praticable pour
l'orateur moderne, dans l'immense développement qu'ont pris
de nos jours les connaissances humaines? Du moins, entre
toutes ces sciences
quelles sont celles qui seront
encore aujourd'hui le plus nécessaires à l'orateur? - En général, enfin, dans quelle mesure toute cette théorie de l'Éloquence grecque et romaine sera-t-elle encore applicable aux
conditions actuelles de notre barreau et de notre tribune?
- Allons au fond des choses. Les circonstances où se déploie
aujourd'hui la parole publique, ont-elles donc en réalité tant
changé depuis l'antiquité? La pratique de nos avocats dans
les causes civiles diffère-t-elle donc heaucoup de ce qu'elle
était à Rome? Et dans les causes criminelles, la composition
actuelle du jury n'offre-t-elle pas encore à l'orateur pathétique les mêmes chances de succès que ces multitudes aveugles que l'orateur romain s'efforçait de soulever
que
d'éclairer? - Enfin la Révolution française n'a-t-elle pas
relevé parmi nous une tribune politique, analogue à celles
des Républiques anciennes, où c'est la parole oratoire qui
gouverne et décide? - Mais d'ailleurs l'âme humaine n'estelle pas éternellement la même, sous tous les costumes et
tous les climats? N'offre-t-elle pas à l'orateur qui en veut
user, les mêmes ressorts généreux, les mêmeo passions, les
mêmes faiblesses? Et l'action de l'orateur ne se ramènerat-elle pas toujours à la définition antique: convaincre l'esprit
des hommes, leur agTéer, soulever leurs passions? -- Si même
�94
SÉANCE DE RENTRÉE.
Cicéron, dans son ouvrage, attache en outre tant d'importance au style, au choix des figures, à l'harmonie de la
phrase, à la prosodie même de la période, qui ne conviendra
avec nous, qu'entre toutes l'.3s nations modernes, il n'en est
encore aucune qui soit plus que la France sensible à la
beauté de la Diction, à l'élégance, et même à la musique
d'une phrase bien faite?
Voilà sommairement et dans son ensemble l'intéressant
objet d'études que nous avions proposé cette année à la jeunesse studieuse de nos Facultés. - Six candidats ont répondu
à cet appel. Il n'yen avait que quatre l'an dernier. Mais
aucun d'eux cette fois n'a, comme l'an dernier, enlevé d'emblée nos suffrages. Ce n'est pa,s que nous n'ayons rencontré
dans la lice de vifs et aimables talents, des causeurs piquants,
des penseurs même pleins de promesses. Mais nul n'avait fait
une étude assez approfondie de l'œuvre de Cicéron et n'en
avait senti toute la portée; nul aussi n'avait su donner à son
Mémoire cette composition artistique et cet ordo l'twidus, dont
parle Horace, qualités qui distinguaient avec tant d'éclat
notre premier lauréat dans le précédent Concours.
Dès la première lecture, cependant, trois Mémoi;es se sont
surtout signalés à notre préférence;
Le Mémoire nO 6, avec la devise:
Quidquid agunt ho-mines, votttm, ti-mor, ira, voluptas,
Gattdia, discurstts, nos tri est farrago libelli.
Le Mémoire n° 3, qui avait pris pour emblème les armoiries de la ville de Nancy;
Et le Mémoire n° 4, avec ces vers de Virgile pOUl' devise :
Ac veluti -magno in populo, cu-m sœpe coorta est
Seditio, etc.
Le premier de ces Mémoires est assurément l'œuvre d'un
talent original. On y trouve une foule de vues ingénieuses
et parfois même des pages éloquentes, comme celle, par
exemple l où l'auteur flétrit l'éloquence sans probité, dont
�FACULTÉ DES LETTRES.
95
Antoine a fait l'apologie; ou celle encore) où il signale si
justement le caractère de l'éloquence plus pratique à Rome,
et à Athènes plus spéculz.tive. J'aime aussi ce beau portrait
qu'il nous retrace de l'orateur romain, dominant de sa parole
la multitude orageuse qui s'agite au Forum. - Mais ce sont là
proprement de brillantes digressions à propos du De orat01'e.
Quant à l'ouvrage même de Cicéron, l'auteur ne le suit pas
d'assez près. C'est pour lui. un thème, sur lequel il développe
ses propres idées, ou même un prétexte pour se livrer à des
théories métaphysiques qui se perdent un peu dans les
brumes d'outre-Rhin. Ce sont des considérations abstraites,
qui flottent au-dessus du suj et et n'y tiennent pas. On regrettUl
en vérité ce faible chez l'aateur, qui est rèsté comme blessé
par la philosophie de Kant, ruais chez lequel, du reste, on
ne saurait méconnaître une grande vigueur et un incontestable talent. Aussi, tout en le mettant en garde contre son
défaut, la Faculté a été heurèuse de
dans le Concours cet esprit plein d'espérances, et a-t-elle été unanime à
lui décerner le prix. L'auteur de ce Mémoire couronné est
M. Gley (Mal'cel-Eugène-Émile) , né le 16 janvier 1857, à
Épinal, étudiant en Médecine et candidat à la Licence ès
Lettres.
Les Mémoires 3 et 4 se distinguent par des qualités bien
différentes. -Nulle part sans doute le sujet n'a été étudié avec
plus de scrupule que dans le Mémoire n° 4. C'est une analyse
exacte, mais où l'auteur expose les questions plutôt qu'il ne
les juge, et où les di vers points de vue se succèdent sans
s'enchaîner. On y voudrait une composition plus ferme et
quelques idées générales pour en dominer l'ensemble. Le
style àussi a plus de netteté et de correction, que de force et
d'éclat. Ce Mémoire, auquel nOus décernons une Mention
honorable, avec une Médaille d'argent, est l'œuvre de
M. Jeantin (Paul), né à Hadonville-lès-Lachaussée (Meuse),
alors Maître auxiliaire au Lycée de Nancy, aujourd'hui Professeur de seconde au Collége de Toul.
�96
SÉANCE DE RENTRÉE.
Le Mémoire nO 3, au contraire, est la causerie spirituelle
et facile d'un amateur de talent, mais qui vise plutôt à être
agréable et piquant, qu'exact et vrai, et qui a cherché trop
souvent l'originalité dans le paradoxe. Son étude de Cicéron
est assez superficielle. Je m'étonne aussi qu'un jeune homme,
qui semble avoir fréquenté le barreau et les assemblées politiques, méconnaisse à ce point les conditions et la puissance
réelle de l'Éloquence moderne. Non,le public en France n'est
pas aussi insensible qu'il le croit aux grands effets oratoires
et aux beautés de la parole. Nous sommes vraiment les fils
de la Grèce et de Rome. - Aussi ce Mémoire se lit sans
doute avec agrément, mais c'est un propos d'allure légère et
d'un goût souvent douteux. On y voudrait plus de gravité et
un style plus travaillé. Trop souvent même la pensée s'achève à peine dans une expression vague et incomplète.
Telle est toutefois la séduction qu'exerce un tour spirituel,
que nous avons pensé devoir décerner une Mention honorable
et une Médaille d'argent, ex œquo avec le précédent, à l'auteur de ce Mémoire, M. Hinzelin (Justin-Charles-Émile), né
le 13 avril 1854, à Nancy, Étudiant de la Faculté des
Lettres.
Ce n'est pas sans regret que nous avons dû écarter leMémoire n° 2, qui porte pour devise ces vers du Misanth?'ope:
Mais pour vous, vous savez quel est notre traité,
Parlez-rnoi, je vous prie, avec sinoérité;
Etc.
Certes, l'œuvre avait été préparée avec soin. Les idées y
fourmillent,judicieuses et vraiment fécondes. La comparaison
surtout entre l'Éloquence politique et judiciaire chez les
anciens et les modernes amène les plus ingénieux rapprochements. Partout, d'ailleurs, on sent une imagination fertile,
de la verve, de la flamme même. Que manquait-il donc à
cette œuvre pour prévaloir? La forme, le style. Ce n'est pas
composé; c'est à peine écrit. C'est rédigé avec une prolixité
déplorable, et toute idée y est l'occasion d'amplifications
�97
FACULTÉ DES LET'fRES.
fin. On déplore en vérité, que ce jeune talent n'ait pas appris
à se contenir et à se régler. Il succombe ici victime de son
intempérance.
Le Mémoire nO 1 avait pris au contraire justement pour
devise:
Qui ne sut se borner ne sut jamais écrire.
Il est court. De plus il débutait bien et annonçait un esprit élégant et sobre. Mais l'auteur n'a pas rempli ces espérances. A peine entre-t-il dans son vrai sujet. Son œuvre
bientôt devient de plus en plus vague et flottante, et s'achève
sur des considérations banales.
Enfin le Mémoire n° 5, portant pour devise:
Mecœnas, atavis edite Regibus,
n'est qu'une ébauche sans valeur, dont l'auteur ne semble
pas s'être fait une idée assez sérieuse de ces Concours. On
ne parle pas avec cette légèreté tranchante de ce qu'on n'a
pas pris la peine d'étudier.
Malgré ces critiques nécessaires, je me hâte d'ajouter que
la Faculté n'est pas mécontente du résultat général et estime
qu'ici encore, comme l'an dernier, ce résultat justifie pleinement la libérale institution de ce Concours. Elle voit avec
satisfaction ces Concours littéraires se populariser parmi la
jeunesse studieuse et susciter une noble émulation. Quelques
jeunes talents s'y révèlent, qu'elle est heureuse de signaler
à eux-mêmes et à l'estime publique. L'institution cst fondée
désormais, et elle durera.
Mais qu'il me soit permis, à ce sujet, de donner en finissant
aux futurs concurrents quelques conseils utiles. Nous voulons
des œuvres courtes, substantielles, mais étudiées et écrites
avec soin; et nous ne séparons pas l'art de bien penser de
l'art de bien dire. Nous ne saurions donc assez mettre nos
concurrents en garde contre cette facilité d'écrire prolixe et
exubérante, où la pensée se noie et où le talent se dissipe et
s'épuise en herbes folles. C'est pour nous une peine vériFACULTÉS
7
�98
SÉANCE DE RENTRÉE.
table de voir ainsi gaspiller en une improvisation à brideabattue les dons souvent les plus charmants de l'esprit. - C'est
un préjugé trop commode, et aujourd'hui trop commun, de se
croire volontiers du talent et de penser que le talent peut se
dispenser de travail et d'étude. Car, grâce à cette illusion,
combien ne voyons-nous pas de talents heureux avorter? et
combien, qui; nés tout au moin'l médiocres, réussissent à devenir nuls? Plusieurs de nos candidats, cette fois, valaient
mieux en réalité que leur œuvre. Aussi insistons-nous pour
qu'ils apprennent davantage désormais à se recueillir, à distribuer un sujet, à composer.leur œuvre d'art, à condenser
leurs pensées et à soigner leur style. - Nous vous paraîtrons
peut-être bien sévères à cet égard. Mais c'est à nous, surtout,
qu'il appartient de COnserver les saines traditions, et de garder
à notre langue ces vertus souveraines de clarté, de précision
et d'exactitude logique qui en ont fait par excellence, entre
toutes les langues modernes, la langue de la raison, et qui en
même temps ont fait de notre littérature (selon le mot heureux de M. Nisard) le livre des promesses pour toutes les
nations qui ont de grandes destinées.
�
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1877 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres et de l'École Supérieure de Pharmacie de Nancy, le 20 novembre 1877
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Administration Académique. p.1.</li>
<li>Académie de Nancy. Conseil Académique. p.2.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de droit. p.3.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de médecine. p.4-5.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des sciences. p.5.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des lettres. p.6.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. École Supérieure de pharmacie. p.6.</li>
<li>Procés-Verbal de la séance. p.7-9.</li>
<li>Discours de M. Le Recteur. p.11-25.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de droit. p.27-38.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de droit pendant l’année scolaire 1876-1877. p.39.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de médecine. p.41-53.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de médecine pendant l’année scolaire 1876-1877. p.54-58.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des sciences. p.59-71.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres. p.73-98.</li>
<li>Rapport du Directeur de l’École Supérieure de pharmacie. p.99-109.</li>
<li>Publications des membres de l’École Supérieure de pharmacie pendant l’année scolaire 1876-1877. p.110-111.</li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy, pendant l’année scolaire 1876-1877, par M. J. Ortlieb, agrégé, chargé de cours. p.113-119.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de droit. p.121-123.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de médecine. p.123-124.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté des lettres. p.125.</li>
<li>Distribution des prix. École Supérieure de pharmacie. p.125.</li>
<li>Table. p.127.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1877
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
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An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Ch.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Berger-Levrault et Cie. 11, Rue Jean-Lamour, 11
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1877
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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application/pdf
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A language of the resource
fr
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The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
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19dd4cbd4c588406699d1a1edb17bb47
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Text
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RëE .JEA!'1-LAllOLR,
1878
11
��RAPPORT
DE M. LE DOYEN DE LA
DES LETTRES.
MONSIEUR LE RECTEUR,
MESSIEURS,
L'intérêt assidu avec lequel vous venez nous entendre,
nous montre assez combien le public éclairé de cette ville
comprend l'importance de toutes les questions de l'éducation
publique. Vous êtes curieux d'en suivre, dans ces rapports
annuels,les progrès ct les résultats, et de connaître les transformations graduelles par lesquelles on s'efforce de l'approprier de plus en plus aux besoins intellectuels et moraux de
notre pays et de notre temps. Il semble qu'aujourd'hui en
effet ces questions de l'instruction publique priment toutes les
autres. C'est qu'aussi plus que jamais la constitution politique
remet l'avenir de la France en ses mains; plus que jamais par
!
onséquent il est nécessaire qu'une virile éducation élève
les esprits et les âmes au niveau de leurs devoirs. Car la
République, dit Montesquieu, est le gouvernement qui a le
plus besoin de la vertu et des lumières des citoyens.
Or, nous avons à vous rendre compte ici, non-seulement de
l'enseignement supérieur des Lettres, dont nous sommes les
dispensateurs, mais encore de l'enseignement secondaire,
dont nous sommes les juges au Baccalauréat.
�72
SÉANCE DE RENTRÉE.
C'est ainsi que, depuis plus de vingt ans, nous avons cu il.
apprécier dcvant vous les résultats des remaniements successifs qu'a subis le programme de nos études classiques; et
vous avez toujours témoigné le plus vif intérêt à en suivre
les vicissitu des. Tout en appréciant les intentions généreuses
qui inspiraient les réformateurs, et tout en désirant que, sans
rien sacrifier d'csscntiel dans la vieille éducation classique,
qui avait fait ses preuves, on accommodât davantage cette
discipline des études aux exigenees du siècle, vous vous demandiez cependant avec inquiétude, comment on parviendrait à faire entrer cc programme encyclopédique dans le cadre
de notre enseignement secondaire; les langues vivantes il,
côté des langues anciennes; avec l'art d'écrire et de compo·
sel', l'histoire et la géographie, la philosophie et ses systèmes
anciens et modernes, les mathématiques, la cosmographie, la
physique, la chimie, et par surcroît récemment l'histoire naturelle. C'est beaucoup en effet, peut-être trop. Mais vous
avez pu voir aussi comment nos maîtres, à force d'habileté,
nos élèves, à force de travail et de souplesse d'esprit, ont résolu pour la plupart ce difficile problème. L'expérience nous
démontre que le niveau d'un Baccalauréat si complexe ne
dépasse cependant pas la portée moyenne des élèves laborieux, quand ils ont fait cl,"s classes sérieuses.
Quant à l'enseignement supérieur des Lettres, qui nous
touche de plus près, il est actuellement il son tour en voie de
transformation; et nous savons que ce travail intime, qui s'opère sans bruit et peu il, peu, n'est pas de votre part l'objet
d'une moindre sollicitude. Trop longtemps en effet, vous vous
en souvenez, nos Facultés des Lettres n'avaient été que des
Athénées, où les professeurs s'efforçaient par l'agrément et la
curiosité de leurs leçons d'attirer et de retenir autour de leurs
ehaires les hommes qui avaient conservé le goût et le culte
des choses de l'esprit. - Je ne dédaigne pas assurément cette
part de notre rôle. Car il est bon, en vérité, que dans notre
noble Franee, qui a dû surtout à sa littérature sa prépondé·
�FACULTÉ DES J,ETTHES,
73
rance dans le monde, quelques temples demeurent debout,
au milieu de notre siècle pratique ct positif, consacrés à cc
culte désintéressé des Muscs, qui ont tant contribué à notre
grandeur nationale. En province surtout, loin du foyer de la
vic parisienne, il faut veiller avec d'autant plus de soin sur
cettc flamme sacrée. Cc noble rôle nous est dévolu; et nous
y resterons fidèles. - Tontefois il ne suffit pas à notre ambition et à notre zèle. Cc n'est pas seulement des auditeurs qu'il
nous faut: c'est encore et surtout des disciples.
Il semble qu'une Fil cuIté des Lettres devrait compter comme
élèves réguliers la plupllrt dcs jeunes gens qui sortent des
Lycées munis d'une instruction littéraire bien insuffisante
encore, et qui se destinent aux carrières libérales. C'est à ce
titre que les élèves de la Faculté de Droit sont tenus de s'inscrire à nos cours. l\Iais le plus grand nombre d'entre eux se
boment à payer l'impôt. Une fois bacheliers ct hors du Lycée,
ils ont la prétention de n'avoir plus rien à demander il. l'étude
des lettres ct des sciences; ils ont l'air d'en être saturés, et
n'cn veulent plus, bien que le Baccalauréat même ait pu assez
les convaincre de leur insuflisance à cet éganl. Depuis longtemps d'ailleurs obsédés par les cxigcnces des programmes, ils
comptent pour rien ce qui n'y figure pas; et ils semblent avoir
perdu, la plupart pour toujours, quelques-uns pour longtemps,
le goût des études désintéressées, la passion généreuse d'étendre leUl's connaissances ct d'ajouter ainsi il la valeur de
leur êtrc.
Mais des mcsures d'une date plus ou moins réccnte nous
donnent enfin les élèves dont nous étions le plus jaloux. L'institution des :Maîtres répétiteurs auxiliaires dans lcs Lyyées,
puis la création de bourses dc Liecner, ont permis d'organiser,
au moins dans quelques Facultés, des espèces de succursales
de l'École normale supérieure, où Iles j<.;unes gens choitiisau
concoul's se préparent aux grades de l'enseignement secondaire. Kous avions déjà au Lycée de Nancy cinq places de
Maîtres auxiliaires réscl'\'és il noh'e Faculté. Dans sa bienveil-
�8BANCE IlE RENTRBE.
lance particulière pour Nancy, l'Administl'ation supérieure a
bien voulu nous attribuer six bourses. Ajoutez-y les Maîtres
répétiteurs du Lyeée qui so mor..trent plus ou moins ambitieux
d'assurer par leur instruction et leurs grades l'avenir de leur
carrière. Ajoutez.y eneore deux ou trois jeunes ecclésiastiques
qui se destinent à l'enseigncmcnt libre, quelqucs élèves de la
Faculté de Droit ou d'ailleurs, qui tiennent à couronner par la
Licence leur éducation classique; ct vous aurez un groupe de
vingt à vingt-cinq disciples véritables, prenant une part active
aux exercices de la Conférence; sans compter encore une dizaine de jeunes professeurs du ressort, dont nous dirigeons de
loin les études par correspondance. Chaque année de l'École
normale supérieurc n'en compte pas davantage. - Sans doute
tous n'ont pas su jusqu'ici profiter assez encore à notre gré du
bienfait de
ct de notre bonne volonté. Quelques·uns se
découragent, qui n'avaient pas assez mesuré d'abord la distance qui les séparait de la Licence.
en vérité plus aujourd'lmi on les aide, et plus on est en droit d'exiger d'eux.
Aussi, bien que l'institution n'ait pu encore produire tous les
fruits qu'on en doit attendre, nous y avons pleine confiance
pour l'avenir. Elle est excellente en soi. Elle comble une
lacune considéraille, depuis longtemps signalée dans notre
organisation pédagogique. Elle tleviendra de plus en plus un
objet d'émulation pour les jeunes gens de cœur et de talent,
qui se destinent à l'instruction publique. Elle renouvellera
et fortifiera le personnel enseignant de nos Colléges.
Mais cc n'est pas sculement à la Licence que nous prétendons conduire nos élèves. Nous avons l'ambition de pousser
les plus forts au moins jusqu'à l'Agrégation. Pour cela cependant, outre 110S bourses de Licence, nous aurions besoin de
quelques bourses d'agrégés.
normale d'ailleurs ne
suffit pas· à recruter nos Lycées. Ses meilleurs élèves en effet
s'empressent au Doctorat, qui leur ouvre l'accès de l'enseignement supérieur . C'est à nous donc de combler ces vides, et,
dans notre rôle plus modeste, de former des professeurs pour
�FACUr.TB DES J.ETTRES.
75
l'enseignement secondaire. Mais il faut pOUl' cela qu'on nous
aide, en attribuant iL cet usage quelques bourses spéciales, qui
nous permettent de garder au moins un an de plus nos meilleurs
pour les préparcr à ce concours supérieur.
C'est un complément nécessaire.
Nous ne l'avons pas toutefois attendu pour organiser ici
des conférences spéciales en vue de l'Agrégation de grammaire. Nous profitions de la bonne fortune qui, l'an dernier,
l'amenait à Nancy un jeune :Maître de
M. Riemann, signalé dès l'École normalc pour sa rare aptitude aux
études de philologie et de grammaire comparée.M. Decharme,
avec son expérience et sa science si précise de la langue
grecque,s'empressa de conèourir iL cet enseignement nouveau.
Le jeudi de chaque semaine, deux conférences consécutives,
l'une de littérature et de philologie grecque, l'autre de grammaire générale, attiraient iL la Faculté de quinze à vingt jeunes Maîtres, accourus de tous les colléges de l'Académie. Ni
les fatigues d'un voyage bien pénible en hiver, ni les sacrifices
que cela leur imposait n'ont ralenti leur zèle. Si l'administration dcs chemins de fcr de l'Est n'a pas cru pouvoir accorder,
sur notre prière, des prix réduits à ces intéressants pèlerins
de la science, nous avons du moins l'espérance que M. le l\linistre de l'Instruction publique, touché de tant de zèle, daignera indemniser quelque peu ces modestes fonctionnaires.
Pour cela, en effet, avec un millier de francs, nous ferions
ici des merveilles. Je ne regrette pas toutefois que ces jeunes
Maîtres aient eu ainsi jusqu'ici l'occasion de montrer leur
ardeur désintéressée à s'instruirc. Dès la première année, du
reste, deux d'entre eux ont trouvé dans le succès une ample
récompense: 1\1 .•Job, professeur de rhétorique au Collége de
Pont-à-Mousson, ct IH. Fleurichand, chargé de la classe de
troisième au Lycée de Bar-le-Duc, ont été reçus à l'Agrégation, le premier au septième rang, ct le second au cinquième. - Victoire vraiment glorieuse, pour qui sait le niveau des épreuves et le nombre immense des concurrents.
�i6
stANCE DE UENTUtE.
C'est sans doute cc succès qui nous vaut la création de
deux nom'elles Conférences. Notre Faculté des Lettres va être,
apr'ès la Faculté de Paris, celle qui compte le plus grand
nombre de chaires. C'est qu'aussi J'on ne pouvait inaugurer
plus heureusement que ne l'ont fait ici M1\L Riemann et
Krantz,l'institution des Maîtres de conférences. M. le Ministre de l'instruction publique poursuit cet essai, qui a si bien
réussi. Il vient de charger à ce titre 1\1. Homolle, ancien
élève de l'École d'Athènes, d'un cours d'Antiquités grecques
et latines depuis longtemps souhaité par nous. En même temps
il nous envoie M. Lichtcnbergcr, comme Maître de conférences ùe Littérature étrangèrc. Nous pourrons désormais,
grâce·au concours de cc dernier, partager l'enseignement si
vaste des littératures moùernes en dehors de la France en
lIne Conférence consacrée aux littél'atures germaniques du
Nord, et un Cours sur les littératures latines du :Midi de l'Europe. Ce jeune Maître se propose en particulier d'ouvrir le
jeudi une Conférence spécialc de langue et de littérature
allemande pour les eahdidats qui sc préparent à l'Agrégation
des langues vivantes ou au concours pour le Certificat d'études. Les thèses savantes ct pleines de goût qu'a soutenues
M. Lichtenberger SUl' Gœthe il la Sorbonne nous permettent
d'apprécier il l'avance 1'heureuse recrue que fait en sa personne
notre Faculté, - Quant il M. lloll1olle, il avait marqué de
loin sa vocation pour l'archéologie. Son nom est désormais lié
à la fortune de Délos, l'île sacrée, où il a su par des fouilles
savantes restituer à la lumière du jour ct à la science l'antique sanctuaire d'Apollon, que je n'avais fait que pressentir
autrefois. Il vient, chargé des dépouilles de la Grèce, inaugurer ici cc nouvel enseignement. Kul doute que son essai,
s'il est heureux, comme je l'espère, n'amène bientôt la création d'une Chaire spéciale pour l'enseigncment cle cette
science, qui acquiert tous les jours une importance plus grande
entre les études littéraires et historiques. Nous seconderons
tOllS le zèle de ce jeune ct vaillant pionnier; et nous nous
�DES LETTllEH.
ïï
efforcerons
lui de justifier la confiance dont le Ministre
honore notre ville, en nous dotant de cet enseignement qui
nous manquait.
Vous voyez, par cette esq uisse rapide, que notre enseignement supérieur, ainsi que je le disais tout à l"heure, est en
travail de transformation. Il ne veut pas
seulement une
parure de l'Univel'sité, mais un rouage de plus en plus utile
dans le grand mécanisme de notre éducation publique. BIen
d'autres réformes sont demandées ct attendues; elles mürissent peu à peu dans les esprits ct se préparent en silence. Car
il ne faut toucher qu'avec circonspection il. cc qui a duré,
et les réformes vraiment efficaces ne s'opèrent que graduellement ct avec le eonCOU!"l:i nécessaire du temps. Ainsi, au lieu
d'une unique Licence ès lettres, qui semble faite seulement
pour les professeurs d'humanités, on arrivera il diversifier
cette Licence, comme on fait pour l'Agrégation, de manière à
l'approprier davantage aux différentes vocations ct aux divers
ordres d'enseignement littéraire. Tout
gardant un certain
fonds comlllun dans l'épreuve, on transformera quelques compositions ct certaines parties de l'examen oral pour les candidats de la philosophie, de l'histoire ou de la grammaire.
Pareillement, pour provoquer davantage il la Licence les meilleurs élèves de la Faculté de Droit, qui ont fait d'aHsez bonnes
études littéraires et en ont al:isez gardé le goüt pour ne pas
vouloir s'en tenir au modeste Baccalauréat, on arrivera enfin
il créer pour eux une licence spéciale, mieux accommodée par
les conditions de ses épreuves aux études actuelles de ces
jeunes gens et aux besoins de leur carrière. Voilà longtemps
déjà que nous exprimons cc vœu. il n'est peut-être
encore
sur le point de prévaloir. Mais en attendant il fait son tour de
France, gagnant chaque jour des adhésions nouvelles. Aussi
le reproduisons-nous avec une indomptable espérance.
�78
SÉANCE DE RENTRÉE.
ENSEIGNE:'lENT.
Nous avons, disais-je au commencement, une double mission. Notre premier devoir est d'enseigner. L'État nous
charge en outre d'apprécier les résultats de l'instruction secondaire, en nous constituant en jury pour examiner les candidats au Baeeal?,uréat ès lettres.
Je commencerai pai' l'Enseignement.
Sept Professeurs ct deux Maîtres de conférences (ils seront
quatre cette année) sc sont partagé l'an dernier dans notre
Faculté le vaste domaine des lettres antiques et modernes, de
la philosophie, de l'histoire, de la géographie, de la philologie
et de la grammaire. Chacun d'eux fait au moins deux cours
ou conférences distincts par semaine, quelques-nns même en
font trois; en sorte que la Faculté offre il la fois ehaque semaine dix-huit ou vingt entretiens différents sur les diverses
matières de son vaste enseignement, les nns plus généraux
pour un auditoire plus varié et plus iarge, les autres plus
particuliers pour un petit nombre d'élèves ou de disciples
inscrits. Je ne puis rendre compte ici que des Cours.
Littél'Cltnre grecque. - 1\1. Deeharme, prenant l'l[:'ectJ'e de
Sophocle pour objet de ses leçons, passait tour à tour de l'exposition littéraire à l'explication ct iL la critique du texte. Ses
commentaires curieux éclairaient dans les moindres détails
cette langue si savante ct cette composition si ingénieuse et
si régulil!re. La distribution harmonieuse des rôles, la symétrie idéale des personnages, les lois du costume, des masques,
du chant, la mise en
les fonctions du chœur, tous ces
détails, qui n'ont plus de secret pour l'érudition moderne,
ajoutent un intérêt singulicr de vérité à l'cxplication de ces
œuvres antiques. Avec un tel comment.'lire, on croit déjà
presque assister iL la représentation.
Littératu1'(! latine. - 1\1. Campaux avait pris pour sujet la
Poésie élégiaque dans l'antiquité et particulièrement à Rome.
�l'A(TJ.TB D}:S LETTRES.
79
Cc sujet est d'un éternel intérêt. Il est curieux de voir en effet
comment les Anciens déj2t savaient exprimer les charmes, les
orages, les tourments de cette passion de l'amour, qui reste
toujours le plus grand attrait de nos pièces de théâtre et de
nos romans, la source plus ou moins pure ou plus ou moins
empoisonnée de nos phs grandes joies ou de nos peines les
plus amères. Sans doute cette passion n'était pas alors cc
qu'elle est devenue depuis le Christianisme, qui, en rendant
à la femme sa dignité et sa pudeur, au mariage sa sainteté, a
donné ù l'amour un chaste et nouvel attrait. Il était d'autant
plus intéressant de rechercher ce qne l'antiquité païenne pensait des femmes, et le ge:J.l"C de culte qu'elle leur rendait.
Plaute, Térence, puis Ti bu Ile, Properce, Ovide, mais surtout
Virgile dans son épisode pathétique de Didon, ont fourni au
professeur les plus instructifs rapprochements. Mais
dès· l'antiquité n'était pas seulement un chant d'amour: c'était
aussi le chant de la mélancolie. Car la mélancolie n'est pas
aussi moderne qu'on le croit. Non-seulement nul parmi les
modernes n'a surpassé Job dans l'expression de cette tristesse
rêveuse qu'inspire il. l'homme le néant de la vie i mais les
tragiques grecs, mais même Homère, ce contemporain de la
jeunesse du IlH1 nde, mais surtout Lucrèce à Rome, exhalent
en maints endroits cet ennui divin, cette espèce de nostalgie d'un mystérieux bonheur perdu, qui dévore les âmes
amoureuses d'idéal, et attristées par le spectacle des choses
d'ici· bas,
Littél'atttl'e frcmçaise. - Le Professeur se proposait de retracer le mouvement des esprits et le tableau des lettres françaises au temps de la Restauration. Il a dû s'arrêter d'abord
iL l'étude des deux beaux génies qui inaugurent la littérature
de notre siècle, et dont on retrouve dans tous les genres
l'éclatante influence. l'Iais il s'est laissé tellement fasciner
par ce commerce avec Chateaubriand et 1\1"'" de Stadi l'étude
détaillée de leurs œuvres lui a paru si pleine d'intérêt ct d'instruction i il s'est si bien complu surtout à suivre cette dernière
�80
DE RENTRjE.
au delà du Hhin, qu'il /j'y est oublié, ct que la fin de l'année
l'a surpris dans ses excursions en cc monde germanique jusqu'alors si mal connu. Aussi ne le regrette·t·il pas; et il espère
que ses auditeurs ne le regrettent pas plus que lui. Il compte
achever de remplir cette année son programme.
LitMl'utu,re ét/"{/Ilgl:)'e. -- M. Gebhart, cette fois, infidèle à
l'Italie, nOUR tramportait en Angleterre an temps d'Élisabeth.
Le théâtre anglais à cette époque de la Renaissance, mais
surtout Shakspeare attiraient son attention. Il a donc étudié
ee puissant et merveilleux génie dans sa vie ct dans quelques-unes de ses œuvres de choix, Roméo, Othello ct Jl'acbeth. Car cc n'est que par des analyses de détail qu'on
peut pénétrer dans l'intelligence de ces créations si pathétiques, mais si entièrement en dehors des habitudes de notre
tragédie classique. - Changeant de scène au second semestre,
le Professeur a voulu recherchei' les origines de la littérature
ibérique jusque chez ces brillants Espagnols qui, au siècle
des Césars, étonnaient Home par leur éloquence spirituelle ct
clédamatoire, les .Martial, les Lucain, ct surtout les Sénèque.
Puis, après avoir étudié les premiers essais des poètes chrétiens en Espagne, il a suivi les développements de cette littérature indigène au temps de la domination des Gothsjusqu'à
Isidore de Séville. Il nous montrait dans cette excursion nouvelle, avec quelle large curiosité il prenait progressivement
possession de cc vaste domaine des littératures
qui
jusqu'à présent lui avait été exclusivement attribué.
Histoire. - M. Rambaud l'an dernier a débrouillé l'histoire des populations si confuse8, répandues sur les rives du
Danube inférieur et dans la presqu'île des Balkans. Il n'y
avait certes pas d'étude plus opportune à la veille de la guerre
dont ces lieux allaient être le théâtre, ct à une époque oit
l'ethnographie est devenue un des éléments essentiels de la
politique. Que de nationalités diverses en effet végétaient ou
fermentaient là en silence sous l'empire des Osmanlis, ct dont
nous ne soupçonnions guère ni les mœurs ni les passions dif·
�81
DES
férentes! En réalit(\ c'est là qu'avait cu lieu la grande poussée
des races humaines, que les nations ont été refoulées, comprimées, pénétrées, de façon à nous offrir des frontières ethnographiques plus déchiquetées qu'un rivage battu par les tempêtes. Tant que la force cependant a régné seule, ct que les
consciences nationales ont sommeillé, une sorte d'unité factice
a dominé sur ces provinces de l'empire ottoman. Mais, depuis
que le réveil s'el:it fait, on a pu voir combien de raccs diverses
et antipathiques, longtemps ensevelies dans la servitude, aspiraient à reprendre leur vic propre, et en se détachant du
groupe où les avait retenucs une conquêtc séculaire, cherchaient à form8r d'autres groupes plus conformes il leur génie,
à leur foi ct il leurs intérêts. - Pour pénétrer dans cc chaos,
on ne pouvait assurément avoir un guide plus éelairé et plus
sûr que M. Hambaud. Il semble, en effct, que les événements
chaque jour justifient davantage ses jugements. Il y a longtemps du reste que cette Europe orientale est la patrie préférée de ses études. Le monde slave lui appartient par droit
de conquête. Il vient, cette année, encore d'affirmer davantage sa légitime possession sur cc monde, qu'il a presque
découvert, par une excellente histoire de la Russie, qui ne
tardera pas il devenir classique, ct qui dès son apparition
attirait l'attention de l'Académie française, et valait à son
auteur un prix de deux mille francs.
Philosophie. - En entrant dans la Faculté de France que
l'on considère toujours entre toutes eomme une colonie athénienne, 1\1. Gérard n'a pas cru pouvoir mieux débuter que par
un cours d'esthétique. Après avoir établi les principes de cette
science du beau en vrai disciple de Platon, il en a poursuivi
l'application dans les diverses branches de la création artistique; d'abord dans les arts du dessin, architecture, statuaire,
peinture, puis dans la musique, et enfin dans la poésie, cet
art suprêmp, doué, plus que tous les autres, d'une vertu et
d'une précision souveraines pour atteindre et pOUl' exprimer
J'idéal. Le drame enfin, cette poésie portée à la plus haute
FACta.TÉS
6
�82
SÉAl'fCE DE RENTRÉE.
puissancc, ct OÙ la vic humaine, dans la tragédie ct la comédie, est représentée sous ses deux faces les plus o'pposées de
grandeur héroïque ct de petitesse ridicule, lui a fourni sous
ces deux aspects la plus spirituelle antithèse.
Dans tout cet enseignement, on sentait un philosophe doublé
d'un lettré et d'un artiste; peintres, sculptcurs et musiciens
devaient s'intéresser, aussi bien que les littérateurs et les
poètes, à entendre fixer avec tant de clarté l'objet ct l'essence
de leur art, ses ressources, sa puissance et ses limites. Tout
cela était exposé avec une parole d'une heureuse abondance,
imagée et parfois éloquente. En écoutant M. Gérard, nous
nous félicitions d'avoir acquis d'une façon durable,je l'espère,
un si excellent collaborateur, pour soutenir avec nous la fortune de notre Faculté.
Géographie. - Comme M. Gérard, 1\1. Debidour débutait
cette année dans notre Faculté, où il suppléait M. Vidal de
dans la chaire de Géographie. Mais, nommé tardivement, il n'a pu commencer son cours qu'avec le semestre
d'été.- Déjàses thèses de Doctorat, et surtout son bel ouvrage
sur la Fronde angevine, qui vient d'être couronné par l'Académie française, nous avaient permis d'apprécier à l'avance chez
lui l'historien curieux des sources originales ct habile à disposer
ses matériaux dans un récit clair ct attachant. Déjà aussi, dans
un cours libre à Angers, il avait montré son goût pour l'enseignement de la géographie. Vous savez s'il a pleinement justifié ici et le choix du Ministre et notre espérance. Son prédécesseur avait toujours borné ses études à l'ancien continent.
M. Debidour a voulu tout d'abord nous conduire dans le
Nouveau-l\Ionde. Réservant pour plus tard la grande République américaine, il a pris pour sujet de son cours dans cc
court semestre le Brésil; et en même temps qu'il en racontait
la colonisation laborieuse, depuis le jour où les premiers explorateurs portugais y abordèrent jusqu'à nos jours, il étudiait tout ensemble la nature du sol, ses productions, et les
débris de ses populations indigènes. Dans cc tableau, il nous
�l'ACl:LTÉ DES LETTRES.
83
étonnait à la fois par la variété de ses connaissances, par la
fécondité de sa mémoire, non moins que par l'abondance toute
méridionale de sa vive et forte parole. 1\1. Vidal de Lablaehe
est assuré d'avoir trouvé en lui un digne héritier de cet enseignement de la géographie, qu'il avait inauguré lui-même
ici avec tant de succès.
Maîtres de conférences. -- Maintes fois nous avons regretté
que les cours de nos deux jeunes Maîtres de conférences ne
fussent pas ouverts au public. Car chacun d'eux, à côté de ses
conférences pratiques pour la Licence, faisait à huis clos, pour
les élèves inscrits de la Faculté, un Cours qui aurait eu auprès
des érudits et des
de goût de notre ville le plus légitime succès. Tandis que 1\1. Riemann fondait ici, avec une
autorité précoce mais recol)nue, renseignement si désiré de
grammaire générale ct de philologie comparée, M. Krantz,
dans ses leçons sur la Renaissance en France au XVIe siècle,
montrait avec éclat combien la critique littéraire peut gagner
en originalité, en vigueur et en finesse à des études prolongées de philosophie. - En interdisant au public le libre
accès de ces cours, j'obéissais au règlement. On a estimé,
sans doute, qu'il était plus prudent de laiëser mûrir d'abord
ces jeunes l\Iaîtres dans l'ombre du huis clos, pour ne pas
les exposer prématurément aux entraînements de la popularité.
EXAMENS.
1. Doctomt. - Nos examens pour les grades sont, vous le
savez, de trois degrés. Le grade suprême est le Doctorat
ès lettres. Les candidats y sont rares en province. Presque
tous vont présenter leurs thèses devant la Faculté de Paris,
dans la juste espérance qu'un succès sur un théâtre plus éclatant pourra les recommander davantage. Quelques thèses rependant nous ont été présentées, mais qui pour la plupart ne
témoignaient pas d'un talent assez mûr ct d'études assez fortes
�84
SÉANCE DE HENTRÉE.
pour être immédiatement acceptées. Notre Faculté passe
bon droit pour être difficile. J'en suis bien aise. Je désire qu'on
puisse se prévaloir d'un diplôme de docteur décerné par elle.
- Deux thèses donc seulement sont actuellement admises à
la soutenance, qui, je l'espère, feront honneur à la Faculté
et à leur auteur, et montreront à quel prix le Doctorat sc
conquiert auprès de nous. L'une de ces thèses surtout est
un remarquable travail sur la situation de la Lorraine
depuis sa réunion à la France jusqu'à la veille de la Révolution. Malgré la diligence du candidat et la nôtre, la soutenance n'a pu être fixée avant la Rentrée; elle aura lieu seulement dans quelques jours, ct pt'omet un débat des plus
intéressants.
II. Licence. - Le Doctorat indique les vocations pour l'enseignement supérieur. La Licence nous donne des :Maîtt'es
pour l'enseignement secondaire. C'est un degré nécessaire
pour arriver à l'Agrégation des Lyeées,e'est un titre de plus
en plus exigé tout au moins pour les chaires les plus élevées
de nos Colléges. C'est vraiment le droit d'enseigner qu'elle
confère, licentia docendi. Aussi croyons-nous devoir en maintenir le niveau avec une fermeté scrupuléuse.
On peut s'étonner cependant qu'avec toutes les ressources
offertes aujourd'hui aux jeunes gens qui se préparent à prendre cc grade, soit par l'institution des :Maîtres auxiliaires,
soit par la fondation récente des bourses de Licence,et quand
on songe en outre aux avantages promis à l'envi par l'État et
par les villes aux professeurs munis de ce titre, on peut s'étonner, dis-je, que les candidats ne soient pas plus nombreux
à l'examen, et que les succès y soi?nt encore si rares. Je sais
bien que cette année le programme des auteurs a été renouvelé tardivement, et que le loisir a manqué à la plupart de
ces jeunes gens pour une préparation complète ct soliùe. D'un
autre côté, nos Boursiers n'avaient guère pu suivre nos conférences que penùant cinq ou six mois. Un seul d'entre eux
s'est trouvé prêt pour la session de juillet. - Tout en tenant
�FACUT,Tè DES T,ETTRES,
85
compte de ces circonstances, je dois avouer que la moisson
n'a pas assez répondu à nos justes espérances.
27 Candidats se sont présentés à l'examen dans les sessions
de novembre 1877 et de juillet 1878. Sur ce nombre, 13 ont
été déclarés admissibles, ct Il seulement ont été définitivement admis au grade.
En voici la liste:
MM. COURDEAU, professeur au Collége de Remiremont;
lIAMEI,IN, candidat il l'ltcole normale;
Gr,EY (Eugène), étudiant en médecine, boursier de la Faculté;
BRAUN. professeur de Rhétorique au Collége de Mirecourt;
BASSET, élève de l'École des Langues orientales;
CIlAUDEY, professeur au Collége de Saint-Dié;
MERT,E, professeur au Collége de Pont-il-Mousson ;
Dèor,Ix, élève de la Faculté de Droit;
MEI,cIIIon, maître répétiteur au Lycée de Nancy;
MISBENARD, élève libre de la Faculté;
CONTAI" professeur au Collége de Saint-Dié.
Si l'on ne voit figurer sur cette liste qu'un seul des Maîtres
répétiteurs que fournit iL nos eonférences le Lycée de Nancy,
Dieu sait que ee n'est pas à nous qu'il faut s'en prendre. Soit
que quelques-uns n'aient apporté à nos exercices que des
études antérieures insuffisantes pour les suivre avee profit,
soit que d'autres ne s'y soient assoeiés qu'avec mollesse, le
cœur a manqué à plusieurs au moment de l'épreuve. D'autres,
qui avaient voulu la tenter, sont restés en chemin. Ils avaient
trop compté sur la fortune. Non, avec des épreuves si multipliées, il n'y a pas de place pour un heureux hasard. L'examen n'a de chances que pour ceux qui se sont consciencieusement préparés, et l'on n'y récolte que ce que l'on a semé.
Espôrons que la leçon sera comprise et profitera.
III. Baccalauréat. - En dédoublant l'examen du Baccalauréat ès lettres en deux épreuves, l'une placée à la fin de la
Rhétorique, l'autre à la fin de la Philosophie, non-seulement
on en a facilité la préparation aux candidats, maia surtout on
�86
SÉANCE DE RENTRÉE.
en a fait un contrôle plus efficace d'études sincères ct sé·
rieuses. Assurément, cette institution, sur laquelle repose
l'avenir de nOs études classiques, organisée comme elle l'est
désormais, ne peut que fortifier ces études tOl!jours davantage.
En multipliant l'épreuve, elle a mis le grade à plus haut prix.
Cela n'empêche pas le nombre des candidats de s'accroître.
Il y en avait 604 l'an dernier. Cette année nous en comp'
tons 701. Il nous en vient non-seulement de tout le ressort
académique, mais quelques-uns cncore de nos provinces an·
ncxées, ct beaucoup des départements voisins, ct surtout de
cc département des Ardennes, qui aurait dû être rattaché à
notre Acttdémie, comme il l'a été au ressort de la Cour
d'appel.
De ces 701 candidats:
431 se sont présentés pour subir le premier examen, et 270
pour le second.
Premier examen_ - Sur les 431 élèves qui sc sont présentés à la première épreuve du Baccalauréat, 183 ont été éli- .
minés pour leurs compositions, ct 25 devaient l'être encore à
l'examen oral; en tout 208 (environ 48 p. 100)_
Ici, c'est le Discow's latin, qui a été le plus souvent la
pierre d'achoppement. Sans doute, il est un peu plus correct
qu'autrefois, mais le fonds cn est bien mince d'ordinaire. Ce
n'est le plus souvent qu'une vague amplification de la ma·
tière. Non-seulement l'histoire y fait défaut; mais en outre le
plan, l'invention des idées, la suite ct la justesse des développements laissent fort à désirer. Par ce qui y manque, on
sent combien la classe de philosophie est précieuse ct nécessaire pour mûrir ces jeunes esprits, pour leur imprimer le
sentiment de l'ordre et donner à leur stYlc plus de solidité.
Quant à la Version latine, nous ne nous lasserons pas de signaler les déplorables habitudes de négligence que prennent
nos élèves à force de labourer du papier. C'est une traduction sans précision, une rédaction lâche, sans ponctuation et
presque sans orthographe; vrai désordre, auquel nous voulons
�FACULTÉ DES LETTRES.
87
déclarer une guerre obstinée. - A l'Ép 1'euve omle, l'explication des auteurs grecs et latins vaut mieux que par le passé.
L'histoire et la géographie y font aussi meilleure figure. l'lais
ce qui reste toujours en souffrance, c'cst la critique des auteurs français; ce sont aussi les notions essentielles de littérature ct d'histoire littéraire. Il est à souhaiter que l'une et
l'autre chose prennent plus de place dans nos classes d'humanités et de rhétorique.
Sur les 223 candidats admis à la suite de ce premier
examen:
7 l'ont étô avec la note Bien; ce sont: Ml\!. Duvernoy,
Fow'niel", Lafosse, Lcmant, Lcmoinc, l1Ielnotte et Pal'af;
76 avec la note Assez bien; et 140 avec la mention Passablement.
Cc n'est guère plus de la moitié des candidats (52 p. 100).
Second e:ramen. - Ici, la proportion des candidats définitivement admis au grade n'est guère plus forte. Sur 270, 181
seulement ont été admis il. l'épreuve orale, et 143 reçus enfin
baeheliers (53 p. 100).
Il s'en faut que tous les candidats admis pour la première
partie de l'examcn se présentent il. la seconde partie. Beaucoup se contentent d'être il. demi bacheliers. Cela leur suffit
pour se présenter il. plusieurs
spéciales. Pressés par
leur âge de s'absorber dans l'étude des mathématiques, ils
désertent leurs étude3 littéraires à la veille de la classe de
philosophie, non sans grand dommage assurément pour leur
esprit et pour leur carrière future. Mais la nécessité les talonne.
Ceux du moins qui vont jusqu'au bout du Baccalauréat,
ont dû faire maintenant pour cela une philosophie complète.
Car ils ne pourraieut plus sans cela suffire désormais aux
exigences de la dissertation éerite, ni aux questions de l'examen oral. Ils ont donc suivi tous un cours régulier. Ils savent; mais ce qui leur manque le plus, c'est la maturité. Car
ils montrent en général bien plus de mémoire que de ré-
�88
St:AlICF. IlF. REXTRI\F..
flexion. Bien peu d'entre eux savent limiter un sujet, en enchaîner les parties et éviter de sc perdre dans des digressions banales. La Version allemande constate au eontraire des
progrès marqués dans la pratique des langues vivantes. En
entrant dans le programme du Baccalauréat ès lettres, cette
étude a pris de plus en plus sa place sérieuse dans le cerde
de l'enseignement classique.
La plupart des candidats qui, admis il l'épreuve orale, y
ont succombé, ont échoué dans l'examen des Sciences. Les
sciences naturelles en particulier, quoique nouvellement introduites dans le programme, ont la prétention d'y figurer
sérieusement. Plus d'un l'a appris il ses dépens.
En somme donc, 143 candidats, SUl' 270, ont été jugés
dignes du grade de Bachelier ès lettres; à savoir:
7, avec la note Bien: M1tL Boul'I;ier, Ferry, Lefebvre, Lœderich, Schwalm, l'houvenin et Wl?ver;
41 avec la mention Assez bien;
Et 95 avec la note Passablement.
En voici le tableau statistique:
Session de novembre 1
Session d'a.vril
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Session d'aoi\t 1878. . . . .
Total. • . . • .
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!Session de novembre 1877 .
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, Session d'avril 1878 . . . . .
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F.'XAMEN.
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Tot ..l. . . . .
Total
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deux examens.
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Ainsi donc, 'ici encore, dans ce second examen, bien que
les candidats aicnt déjit été triés par un examen antérieur, le
chiffl'e des admis ne dépasse guère la moitié du nombre
de ceux qui sc sont pré8entés, En comparant même le chiffre
des candidats qui arrivent il la
épreuve du Baccalauréat avec le petit nombre de ceux qui sortent victorieux
de la seconde épreuve, on Ile trouve plus guère pour ccs
derniers qu'une proportion d'un tiers environ.
C'est bien peu en vérité, Aussi, en présence d'un tel résultat, je me demande parfois avee inquiétude, si nous ne
sommes pas trop sévères dans l'application du programme.
Quand il semolait en effet que le dédoublement de l'examen
en deux épreuves séparées pal' une année d'intervalle devait
en faciliter la préparation aux candidats, voilù que les succès
deviennent plus nu'es, ct l'accès cn paraît être mis à plus haut
prix. Je conviens, en effet, qu'en appropriant ainsi davantage
l'examen scindé aux études distindes de la Rhétorique et de
la Philosophie, on en a rendu les exigences à la fois plus
précises ct plus élevt:es. Cette dou ble t:preuve est donc funeste
aux études hâtives, Mais elle eontl'iJJlIc d'autant plus il l'animer et à fortifier la vt:ritaole ôducation c1assiqul', dont
nous devons tendre à élevC'r plutôt qu'à aoaisser le niveau
dans l'avenir. Si, dans notre société démocratique en effet, il
convient d'ouvrir largement aux jeunes gens capables d'en
profiter l'accès de l'enseignement secondail'c, il faut en même
temps prôvenir l'aoaissement ct la vulgarité de ees études
classiques, en maintenant à un juste niveau les examens qui
en Bont le contrôle, et qui donnent entrée dans les .carrières
libérales. Si notre sévérité nous est parfois pénible, il faut
que notre conscience et même que notre patriotisme nous défendent contre toute faiblesse. Nous avons mission en effet de
maintenir pour nott'c purt la forte discipline de l'instruction classique, où se forme ct sc recrute la réscr\'e i ntellectucIle ct morale de la patrie,
�90
SiANCE DE RENTRiE,
Vous savez que, depuis trois ans, grâce au bienfait du
Conseil gônôral de l\Iellrthe-ct-illosellc, auquel les Conseils
municipaux de Nancy et de Lunôville avaient bien voulu
s'associer, un Concours littéraire annuel a été institué ici,
allquel nons convions tout ensemble les élèves de notre
Faculté ct eeux de la Faculté de Droit, que nous aimons toujours malgré leur infidélité iL l'l'garder comme nôtres.
Il nous semblait que cc Concours était entré désormais
dans les traditions ùe la jeunesse studieuse de ce pays. Si,
'une première année, en efI'et, l'ôtnde comparée de Montesquieu
et de l\faehiavcl a\'ait provoqué une heureuse émulation
parmi eux; si, l'année suivante, l'analyse du traité de l'Oratew' de Cicéron nous ayait foumi encore une ample récolte
de mém0ires intél'es:mnts, que ne devions-nous pas espérer
de la belle question mise cette année au concours? Car, il
s'agissait d'étudier l'essor de la Poésie lyrique dans la première partie de notre siècle, de cette poôsie qui manquait
jusqu'alors il b France, ct qui, dans sa soudaine ct magnifique explosion, produ i;;i t il la fois Lamartine, Victor
Hugo, Béranger, l'Lusset, et tant d'autres? Les questions
proposées antérieurement exigeaient des recherches érudites, Pour comprendre les œuvres d'autrefois, il faut que la
science les replace dans la lumiôre de leur antique horizon, Mais ici, c'est une poésie presque contemporaine, un
des fruits les plus brillants il la fois ct les plus spontanés du
génie français, profondément relllué par le spectacle des
gmnds événements qui se sont accomplis au commencement
du siècle, et suspendu entre les regrets du monde qni finissait ct les espérances de l'ère nouvelle qui s'ouvrait pour la
France.
En proposant cette question, nous voulions ramener les
�FACULTé DES LETTRES.
91
jeunes gens de nos jours vers ces enchanteurs qni avaient
ravi notre jeunesse. Car quel temps a plus besoin que le
nôtre, qu'on lui apprenne à retrouver ces sources sacrées de
l'idéal? Absorbés dans les intérêts matériels par l'esprit positif de notre sii-!cle, tout entier tourné vers les sciences pratiques et leurs applications, nous risquons trop' d'y perdre le
goût ct l'habitude de diriger nos âmes cn haut; SW'swn corda;
ct la jeunesse elle-même semble trop atteinte iL son tour dans
sa fleur par cc souffie du matérialisme. Certes, je ne veux
pas ici médire de mon temps. Personne n'en admire plus que
moi les conquêtes merveilleuses sur la nature de plus en
plus asservie dans toutes ses forces aux besoins de l'homme.
Toutes ces découvertes en effet ne tendent ·elles pas à améliorer la condition matérielle de l'humanité? - L'homme
cependant ne vit pas seulement de pain. Non; toutes ces
merveilles ne suffisent point pour résoudre l'énigme de sa
destinée; elles ne répondent aucunement aux aspirations de
son âme tourmentée de je ne sais quelle nostalgie mystérieuse.
Ah! sans doute, il n'y a que la Heligion qui nous explique
les problèmes douloureux de la vic et de la mort,
ct qui réponde d'une façon certaine aux incertitudes de notre
âme. :Mais la poésie éveille du moins en nous ces divines et
salutaires inquiétudes. Elle allume en nos âmes la soif de
l'idéal; elle leur prête ses ailes de flamme, pour s'élever loin
des vulgarités de la terre vers l'éternelle Vérité. Que de fois
une strophe de Lamartine n'est-elle pas venlle nous relever sur
l'ornière poudreuse où nous retenaient la fatigue ct l'ennui,
pour nous ravir dans cette lumière mélancolique où il se
complaît, plus brillante encore que la splendeur du soleil qui
sc couche sur nos montagnes! Que de fois, fatigués des choses
humaines ct du tumulte du monde, sommes-nous allés chercher la fraîcheur et la paix it l'ombre salubre et harmonieuse
de ses vers! N'y respire-t·on pas des pressentiments divins et
des espérances d'immortalité? Ah! sans doute, ces élans ne
sont pas encore ceux de la piété; mais ils nous y disposent.
�92
C'est déjh connne un témoignage surnaturel de notre nature
ct de notre destinée morale.
Quel sujet donc pouyait être plus heureusement choisi?
Aussi quelle déception, quand il nous fallat reconnaître que
l'appel de la Faculté n'avait pas été entendu, ct qu'au cœur
de la jeunesse nulle fibre n'avait ft'émi! La France neseraitelle donc pas toujours IJ foyer des nobles instincts, des pensées généreuses, la patrie de lïdéal ? N'est-cc pas cependant
cette rêverie l'rai ment divine, d'où s'inspire la poésie, qui a
toujours poussé la France en avant de la civilisation des
peuples, qui a étô l'aiguillon de ses progrès, ct qui, alors
même qu'elle s'égarait, pouvait être l'excuse de ses erreurs?
D'Olt vient donc que le Concours de cette année n'a pas
abouti? Est-cc que la question n'a pas été bien comprise?
Est-cc sa grandeur même qui a effrayé les courages? Est-ce
le temps qui a manqué à ceux qui auraient été tentés de
concourir? Voilà qu'aujourd'hui quelques voix nous demandent de maintenir cette question au programme de l'an prochain. La Faculté en délibérera prochainement ct ne tardera
pas il faire connaître sa d!)ei8ion iL cet égard. En attendant,
elle double son prix pour le prochain concours. Espérons
que cette fois cc noble encouragement donné aux études
littéraires de nos Écoles supérieures par les pouvoirs publics
ne
pas stérile.
Que n'aurait pas fait notr,! cher et regretté Michaud, si ces
prix avaient été fondés au temps olt il suivait à la fois nos
Cours et ceux de la Faculté de Droit? Avec quelle ardeur
aurait-il ainsi préludé de luin, dans nos luttes modestes, à ces
concours bien autrement disputés et glorieux de l'Académie
française, 011 il vient, avec son admirable Éloge de Buffon,
de remporter le prix d'Éloquellce! l'Irais eeUe couronne, hélas!
a été déposée sur un tombeau ... Laissez-nous revendiquer
pour nous quelque ehose de cette gloire posthume. Michaud
avait été un de nos disciples bien-aimés. C'était une de nos
ambitions, si Dieu rendait la santé à cc jeune homme de
�DES LETTRES.
93
talent, de l'attacher ù. notre Faeulté; c'était aussi sa plus
chère espérance. C'est sous \cs auspices de la Faculté même
qu'a été publié son livre sur Buffon. Ron souvcnir cst lié désOJ'lnais il notl·c histoirc. Puissions-nous rcncontrcr encore
parfois des disciples qui nous fassent autant d'honneur!
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A name given to the resource
1878 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres et de l'École Supérieure de Pharmacie de Nancy, le 19 novembre 1878
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Administration Académique. p.5.</li>
<li>Académie de Nancy. Conseil Académique. p.6.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de droit. p.7.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de médecine. p.8.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des sciences. p.9-10.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des lettres. p.10.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. École Supérieure de pharmacie. p.11.</li>
<li>Procés-Verbal de la séance. p.13-15.</li>
<li>Allocution de M. Le Recteur. p.17-23.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de droit. p.25-35.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de droit pendant l’année scolaire 1877-1878. p.36.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de médecine. p.37-51.</li>
<li>Note sur les Professeurs Hirtz, Rameaux, Ehrmans et Grandjean (Lue en séance de Rentrée par M. Le Professeur Tourdes.). p.49-51.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de médecine pendant l’année scolaire 1877-1878. p.52-55.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des sciences. p.57-70.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres. p.71-93.</li>
<li>Rapport du Directeur de l’École Supérieure de pharmacie. p.95-105.</li>
<li>Publications des membres de l’École Supérieure de pharmacie pendant l’année scolaire 1877-1878. p.106-107.</li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy, pendant l’année scolaire 1877-1878, par M. Paul Lombard, agrégé à la Faculté. p.109-115.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de droit. p.117-118.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de médecine. p.119-120.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté des sciences. p.120-121.</li>
<li>Distribution des prix. École Supérieure de pharmacie. p.121-122.</li>
<li>Table. (124)</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1878
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Ch.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Berger-Levrault et Cie. 11, Rue Jean-Lamour, 11
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1878
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
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http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/b39cb9e0426583d63bab8918921ad39b.pdf
a7394895a69b82883014d01558ef6f82
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Text
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�UNIVERSITf; DE FRANCE. - ACADÉmE DE NA;;-CY
COlVIPT ES RENDUS
ilES
TRAVAUX DES
SUPÉRIEURE DE PHAlUIACŒ
Lus deunl le Conseil AeadémÏllne le 22 décembre 1879
RAPPORTS SUR LES CONCOURS
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NANCY
BI P R 1 MER 1 E BER GER - LEV RAU L TET Cie
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RUB JBAN-LA.lIOtiR,
1880
11
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----
-====
RAPPORT
DE
LE DOYEX DE LA F ACULTf: DES LETTRES
MONSIEUR LE RECTEUR,
MESSIEUHS,
La Faculté des lettres de Nancy entre aujourd'hui dans sa
vingt-sixième année d'existence. Un quart de siècle s'est
écoulé depuis que je suis venu iei, avec quelques jeunes
Professeurs, Membres comme moi de l'École d'Athènes,
pour y fonder une colonie Atlujnienne. Depuis ce jour, j'ai
vu maintes fois, non saIlS mélancolie, sc renouveler autour
de moi ce personnel de nos Maîtres, qui, après avoir contribué à la fortune de notre Faculté, allaient poursuivre leur
carrière sur un plus grand thé;1tre. J'avais du moins cette
fière consolation qu'ils ne nous quittaient que pour la Sorbonne, l'Éeole normale ou l'École d' Athènes.
tOllehé
d'ailleurs d f; la sollicitude a vee laquelle l'Administration
supérieure, en nous reprenant un homme de talent, s'efforçait de lui donner un successeur digne de lui et de nons.
Celte année, l'École normale nom; a repris définitivement
MM. Vidal-Lablache et Boutroux, qu'elle nous avait déjà
empruntüs depuis deux ans i le premier, après qu'il avait
fondé iei l'enseignement de la géographie, avec un talent,
avec une supériorité et une étendue cie connaissances qu'on n'a
�72
stANCE DE RENTRiE.
pas oubliés; le Recond, qui avait montré ici une puissance si
originale d'esprit
et qu'elle prédestinait à
former des InaîLres de la pensée. L'ml a été
comme
professeur titulaire par M. Debiùour, lequel a bientôt préféré
l'histoire à la g()ogl'aphie; l'autre par
Gérard, que nous
nous sommes applaudis de voir quitter la Faculté de Clermont, pour revenir vers nous comme dans sa famille.
une perte (lui a particulièrement afIligé Illon cŒur,
est celle du cher Recteur, qui vient ùe nous quitter, accompagné dp,8 regrets de toute l'Université. J'avais commencé
ma carrii)re a l'École normale avel: M. ,Jacquinet
la finir ici avec lui. Mais il (·tait fatigué: il le croyait (lu
moins, et il aspirait il. sa retraite, Heureusement que le Ministre n'a pu consentir à sc priver (l'un collaborateur si plein
d'autorité et de (h\vouement, et l'a pl'iü d'accepter l'administration d'une AcacI(\rnie voi"ine. Si M. Jacquinet e"t ainsi peI'cIu pour nons, il Ile sera pas perdu au
moins pour l'Universit(·, à la!l'!Clle il avait voué
vic et
peut rcnùre encore cl' (mlÎnents sèl'viccs.
Notre enseignement a un double ohjet. D'un eôt(), cc sont
des leçons publiques lill{!ralement ouvertes à la population
üclairée de notre vilk, et où une ülite d'esprits cnltivüs, qui
ont gardü le gotÎt des choses de la pensée, aiment à venir se
retremper, comme en un
des 'Muses, dans les enseignements (;levr's des lettres, de la philosophie et de l'histoire. - C'est, d'un autre COl<\, l'enseignement plus intime
et pIns pratique dcs Conf()!'cnces, rlestin(!es aux jeunes Maîtres qui se préparent à la earrii)j'e des lettres ou de l'instruction, ou encore aux jeunes gells qui ont fait d'assez bonnes
études classiques pour avoir l'alllbition de les poursuivre plus
haut.
�F ACt:LTB DES r.ETTREB.
73
LEÇONS PUBLIQUES.
Je ne fais ici que rappeler sommairement le sujet des
leçoIls puhliques de la Faculté pendant le cours de l'année
qui vient de S'(lcouler; et je laisse il mes collègues le plaisir
de vous annoncer chacun prochainement dans sa leçon d'ouverture le sujet des Cours dt) cette aunée.
Philosophie. - Le Professeur a (·tudié le développement
progressif de la philosophie Ile l'histoire dans les temps modernes. Qllelque part qu'on fasse il la
humaine dans
les (\vénemcnts du monde, la raison sent bien qu'il y a un
ordre sup()rieur qui les gouverne, une logique compliquée
et mystérieuse, qui le:; fait sortir les uns <les autres par un
enchaÎnemeut J1l\eessaire. C'est à la science (le rlémiller le
sens des faits au milieu de leur apparente confusion, d'en
constater la vraie nature et les relations essentielles, et de découvrir les lois constantes de l'ordre qui les régit, et les conditions vraies du progrès social. Mais celle science ne peut
qu'un fruit tardif de la maturité des peuples. yI. Gérard
l'a vue naître au XVIe et au XVII" siècle; et pendant le premier semestre, il en a (>tudié successivement les divers essais
dans la Science nourelle de Vico, dans l'Esprit des Lois de
Montesfluieu et ses Considérations sur Borne, dans l'Essai sur
les JIœu.rs de Voltaire, et enfin dans les œuvres (le Turgot et
de Condorcet. - Au second semestre, poursuivant sa recherche en deho!'::; de la France, il a apprt!ci(\ tour ù Lour les
doctrines de Herder, de Kant, de Schiller, de Gœthe et d'Hegel sur la philowphie de l'hil'toire, pour aboutil' aux brutales
théories de l'École positiviste, qui fait consister et Dorne
dans le
du
toute la civilisation.
Litténtlllre grecque. - M. Decharrne a
le tll(\;ltre
d'Eschyle, en s'altachant en particulier à l'étrange et mystl\riense tragédie du Prométhée, (pli offre il l'artiste, à l'archéologue, au philosophe tant de curieux problèmes à résolldro.
�74
SÉANCE DE RENTRÉE.
Car cette tragédie sacerdotale, qu'on peut comparer à nos
mystères dramatiques du moyen âge, met sur la scène dans
la forme à la fois la l)lus simple 0t la plus lyrique les dogmes
sacrés de la religion primitive, et égale vraiment par la
grandeur du spectacle et la sublimité du langage cette légemle redoutable ùu Titan, auteur de la civilisation humaine.
Nul déjà ne connaissait mieux que M. Decharme les ressorts
et l'harmonie intime du drame hellénique. Mais, pour en
éclairer les parties mystérieuses autant qu'elles pouvaient
l'être, personne n'avait plus d'autorité que l'auteur du heau
li vre sur la Mythologie de la Grèce antique, ou vrage excellent,
qui HOUS fait pènétrer dans le sens profond de ces traditions
religieuses, où l'on n'avait vu jusqu'alors que des fantaisies
grOl.cieuses des poètes, et où l'on découvre désormais le merveilleux symbolisme de cette antique religion de la nature.
Voilà un livre de scienee véritablement française, écrit avec
une clarté, une simplicité élégante et une grâce charmante,
qui honore l'esprit et les éludes de notre pays, et ùont notre
Faculté de Nancy à lieu d'être fièr'e.
Littérature latine. - M. Campaux avait choisi pour sujet
son cours les Fastes d'Ovide, ce poétique r:alendrier de
l'ancienne Rome, dans lequel l'écrivain, prenant mois par
mois les fêles publiques et prin'es de l'année romaine, en
redit les origines réelles ou légendaires, et en décrit les rites
les pratiques et les cérémonies. On a pu voir, par le
commentaire savant du
quel jour nouveau et curieux ce poème des Fastes jette sur une foule de particularités
morales ou religieuses de la vie romaine. Aussi ne sauraiton assez regretter qu'Ovide n'en ait pu achever que la première moitié. M. Campaux, partant avec son poète ùes Calendes de Janvier, nous a fait assist.er tour à tour aux Agonales,
aux Carmentales, aux solennités de Jupiter Capitolin, aux
Lupercales, aux fêtes du dieu Faune, à celles de Mars, de
Vénus, de Cybèle, enfin aux rites mystérieux ùu culte de
Vesta. Partout une érudition slÎre, au service d'une poétique
�FACULTÉ DES LETTRES.
75
imagination, permettait au Professeur, en suppléant même
aux lacunes d'Ovide, de ressusciter devant nos yeux toule
la vieille religion du Latium dans sa physionomie si originale et si pittoresque.
Littérature française. - .J'avais entrepris de retracer l'histoire des lettres en France sous la Restauration, c'est-à-dire à
l'une des époques les plus brillantes de notre g(mie national.
Après avoir signalé d'abord l'influence de l'Allemagne et de
l'Angleterre SUl' ce grand essor cl e l'esprit et de l'art français
au lendemain de l'empire, j'ai étudié pendant le premier
semestre les poètes qui alors dominent l'opinion et ouvrent à
notre poésie épuisée des voies nouvelles, Casimir Delavigne,
Béranger, Lamartine et Victor Hugo; et j'ai suivi ce mouvement littéraire jusqu'à la révolution romantique. - Le
second semestre a été tout entier consacré iL la prose, et en
particulier à l'histoire, représentf;e alors avec tant
par
Augustin Thierry, de Baranle, Michelet et snrlout Guizot.
Mais il est ditneile de toucher ainsi à des sujets presque
contemporains, quand on veut avant tout maintenir son enseignement dans la sphère sereine des idées et loin du tumulte des passions. Aussi ai-je renoncé à pousser plus loin
cette histoire qui déj;·t nous touche de si près, pour retourner
cette année aux origine3.
Littérature étrangère. - M. Gebhart, selon son usage, a
partagè son année entre les Littératures du Nord et celles du
Midi. Il donnait son semestre d'hiver à l'Angleterre; et choisissant quelques tragédies de Shakspeare, Hamlet, le Roi Lear,
Jules César, il en faisait une élude littéraire, morale et philosophique, pleine d'originalité. Dans ces régions si neuves et
d'un aspect souvent si fantastique, où nous introduit le grand
dramaturge angolais, on a besoin d'un guide expérimenté;
car c'est tout un monde sombre et mystérieux, et tout à fait
étranger aux allures de notre esprit et aux habitudes de notre
drame classique. - Pendant le semestre d'été le Professeur
nous ramenait en Espagne, où il suivait à travers le moyen
�76
SiANCE DE RENTRiE.
âge les progrès de la civilisation, des lettres et des arts chez
les Arabes et chez les Chrétiens. Il achevait son cours sur la
légende du Cid, en qui le génie populaire a idéalisé les souvenirs héroïques de sa ·croisade de
conts ans contre les
Dans le même temps le Professeur publiait son livre si
intéressant et si curieux sur la Renaissance des Lettres et des
Arts en Italie. Vous avez pu admirer avec quelle sagacitt\ savante l'auteur remonte dans cet ouvrage aux origines lointaines de cett.e brillante renaissance, et JlOUS montre comment en Italie la liberté des esprits, l'état social, l'Église
concourent il faire germer et à développer h::mnonieusenIAnt sous ce climat fortuné les semences fécondes que l'antiquité y avait semées. Nul aujourd'hui, je crois, ne sait
mieux que M. Gebhart l'Italie du moyen âge. C'est la patrie
préférée de son imagination et de ses études, le but de ses
pNerinages assidus. Elle est à lui. Cette œuvre exquise
qu'il vient de publier, justifierait à elle seule la création à la
Sorbonne d'une chaire spéciale pour les littératures du
Midi, et y donne il notre collègue des titres incontestables.
Histoire. Rambaud avait commcncé un Cours plein
d'intérêt et tl'à-propos SUI' la politique française en Orient
depuis le xv( siècle. Apri)s nous avoir montré d'abord la
puissance ottomane étahlie en Europe aux bords du Bosphore sur les mines de l'Empire Byzantin, ct après nous
avoir exposé la politique suivie par les sultans pour consolider lem
il était revenu vers la France, qui, à
peine échappt;e à la gnerre de Cent ant', et refaite par
Louis XI, songeait déjà à reprcndre la croisade contre l'infidèle, et au delà de la conquête de l'Italie, l'()vait celle de
Constant.inople. Mais, sous le règne de François 1er , un nouvel esprit a souillé. Pour contrebalancer la domination de la
Maison li' Autriche, la France s'allie avec Soliman contre
Charles-Quint.-On entrait dans celte phase nouvelle, quand
soudainement notre collègue fut appelé il Paris par M. le
�FACULTÉ DES LE1'TRES.
77
Ministre ùe l'instruction publique, pour être son chef de cahinet. Heureusement qu'en cette conjoncture une singulière
honne fortune nous faisait trouver dans :M. Zeller, Professeur
d'histoire au Lyct\e de Nancy, un suppléant tout préparé
pour continuer ce cours brusquement interrompu. Depuis
longtemps M. Zeller étudiait lui-même cette question, dont
il avait fait le sujet de ses thèses de doctorat, en sorte qu'il a
pu entrer de plain-pied dans le programme de
Rambaud.
Mais, en reprenant la suite (le cette histoire, il a insisté plus
particulièrement sm le rôle qu'y a joué la R(\publiqu8 de
Venise, dont il avait étudié spécialement la diplomatie il.
cette époque. Le début de M. Zeller parmi nous n'a pu que
lIOUS confirmer dans le désir de l'attacher il notre Faculté'
par des liens durables. Il eontinuera cette année de suppléer
M. Rambaud, mais dans la chaire de Géographie, et non
plus dans eelle d'Histoire.
Géographie. - Il Y a eu en effet un t\ehange de ehaires
entre nos P!'ofessenrs, :M. Debidour, qui venait d'être appelé
à la chaire de Géographie de la Faculté de Bordeaux, a préféré nom; rester, mais en reprenant, il titre de supp](!ant de
M. Lacroix, l'enseignement de l'Histoire qui a toujours é[(j
plus que la g(\ographie la vocation de son esprit et de ses
études. Il laisse la chaire de Géographie à M. Rambaud, qui
y sera suppléé lui·même par :M. Zeller. Malgrè cette prédilection de M. Debidour pour l'Histoire, la jeune et vaillante
Société ùe géographie récemment fondée parmi nous ne perdra pas le zélé Président qu'elle s'est donné. Il faut nous en
féliciter. Car, outre le Cours si instructif que M. Debidour a
professé cette année sur le Brésil au XIX· siècle, et ses recherches Ri neuves et si originales sur l'ethnographie des
Andes, il a montré avec éclat, dans ses Conférences presque
mensuelles à la Société de géographie, à la fois sa science
élevée et étendue, et son zèle ardent pour l'extension de ces
études.
�78
SKANCE DE RENTRÉE.
CO;';FÉHENCES.
A côté des Professeurs et sous leurs auspices, une jeune
milice de Maîtres de Conférences s'exerce aux hautes études
et à la pratique de l'enseignement. Je voudrais, si le temps
me le permettait, vous rendre un compte plus explicite de
l'heureux concours qu'ils nous prêtent. Car ces Conf(\rences
si utiles, et où tant de talent se déploie entre quatre murs,
ne reçoivellt que des élèves ou des auditeUl's inscrits. Le
grand public en est banni; et j'ai eu sOlIvent lien de regretter
cette
bien
C'est qu'aussi en vérité nous avons üté bien partagés dans
le choix des Maîtres chargés d'inaugurer auprès ùe nous cette
iustitution nouvelle. On les a triés tout exprès à l'Agrégation
ou à l'École d'Athènes pour cet emploi: et nous pou vons, en
les voyant faire, être rassurés sur la fortune il venir de notre
Faculté. Certes ni la science ni le talent n'y feront défaut.
Tout jeune qu'il est, M. Othon Riemann est un vrai maltre, que
la savante Allemagne pourrait nOLIs envier. En même temps
qu'il seconùe il merveille M. Decharme par une Confl)rence
de Grec pour la Licence, il a institué de COllcert avec lui ulle
véritable école de philologie compar(\e il l'usage des candidats
à l'Agrégation de Grammaire. Il a tléj:l d'ailleurs sa renommée
au dehors. Outre sa collaboration ù des revues liavantes, les
thèses qu'il a sOlitenlles cette année en Sorbonne ponr le
Dodorat, mais surtout sa thèse française sur la Langue et la
Grammaire de Tite-Live sont déjà
comme sujet
d'études et comme modde à nos jeunes llhilologues
jaloux de rivaliBer avec les érudits d'outre-Rhin dans la critique des textes.
A côt() de lui M. Kl'antz, un littérateur doublé d'un philosophe, partage avec moi les Conférenëes de langue et. de littérature frallçaises. C'est pour nos élèves un guide d'un gOlit
élevé et délicat, en même temps que d'un esprit vigoureux et
�FACULTÉ DES LETTRES.
79
original, bien propre à éveiller en eux la vive curiosité de
savoir et à leur communiquer la Hamme. C'est le succùs de
ces deux premiers' maîtres qni nous a valu l'an dernier l'adjonction de deux nouvelles Conférences.
M. Liehttmberger est venu doubler l'enseignement de la
littérature étrangèro, trop vaste pour un soul Professeur. Dans
une Faculté aut-;si voisine de l'Allemagne que l'est la nôtre,
il était convenable que l'élude de la langue et de la littérature
allemandes prît une place spéciale et importante. L'an dernier, en même temps qu'il préparait par des exercices littéraires les candidats au Certificat ou à l'Agrégation des Langnes
"inntes, M. Lichtenberger exposait dans une Conférence
particulière l'histoire de ce grand mouvement des esprits,
qui au XVIIIe siècle avait enfin donné ù l'Allemagne une littérature nationale, laquelle «('hose (jtrange !) avait été préparée
par la critique. Il s'e6t attaché en particulier à Lessing, ce
qui, par ses Lettres sur la litlèratu1'e, son
critique de
Laocoon, sa Dramaturgie, découvre aux
de son pays
ùes ('ontinents nouveaux; puis à Herder, cet esprit si profondément germanique, à la fois
théologien, philosophe, critiqtw, philologue, poète, génie vraiment universel,
mais plus ()tendu que puissant, qui embrasse tout sans rien
étreindre en maître, mais qui du Illoins eut le mérite d'imprimer aux esprits en tous sens ulle impulsion fécondp-.
:M. LiehtenbergPl' est lui-m('lme un critique des pIns délicats,
que l'Académie française distinguait dans 6a
séance
solennelle, en lui décernant un des tleux prix Bordin pour
l't'tude psychologique si fine et si llént\trante qu'il nous a
donnée des Poésies de Gœthe.
Enfin M. Homolle était venu pour inaugurer ici l'enseignement de l'Ardll)ologie. Mais, faute de collections nécessaires,
il a dû se réduire d'abord à uue Conférence d'épigraphie, fort
goûtée des maîtres et des élèves les plus instruits de notre
Faculté de Droit, qui étaient eurieux de trouver dans celte
science des inserilltions tant de lumières nouvelles pour éclai-
�80
SiASCE nE RESTRiE.
rer les secrets les plus intimes de la vie civile et sociale à
Rome. :Malheureusement ce Cours, après trois mois ù peine,
est resté suspendu. Une rnit;sioll archéologique renvoyait
M. Homolle en Orient, pour y poursuivre ùes fouilles pleines
de promesses qu'il avait commencées ;i. DMos. Il en revient
après Ulle exploration féconùe, qui va rendre à la lumière ce
berceau d'Apollon.
Ces COllfl:rences, i nslitllées ainsi depuis deux ans autour
des chaires de nos Facultés des Lettres, sont un moyen heureux d'y essayer des enseignerrwnts nouveaux. A mesure en
effet qu'une branche de la science humaine se développe et
demande à entrer dans l'enseignement public, on en peut
ainsi éprouver l'opportunité par l'i llstitution d'une Conférence
sp(\ciale, et voir ainsi jusqu'à quel point telle science répond
aux besoins des esprits dans telle ou telle province. On pourra
ensllÎte fonder une chaire (léfinitive partout où le succès en
aura justifié l'essai prtlalable.
C'est grùce à ce concert nombreux de Cours et cl e Conférences, rlll'à côtti de notre enseignement puhlic, nous sommes
arrivés à organiser id une sorte d'École normale il. l'image
de la grande, où nous pré parons des Professeurs de lettres à
l'Université. Nulle part, je crois, l'on ne trouverait un
ensemble pIns complet
et d'exercices pOUl' la Licence.
L'État du reste seconde notre zèle et stimule l'émulation de
nos candidats à l'enseignemcnt avec une admirable sollicitnde. Outrn les Maîtres répétit.curs des Lycées, qui sont invià prendre leurs grades, VOliS savez que déjà depuis longtemps on a fondé au Lyeée
des places de Maîtres
auxiliaires, nommés an eoncours, et qui viflunent s'y préparer il la Licenee sous notre directlOIl. Sept honrses de Licence
ont (ité en outre attrihuées depuis il. notre Faculté; et le coneours à la suite duquel elles sont distribU\ies, s'élève chaque
année. Ajoutez-y quelques Maîtres de l'enseignement libre,
et Ijuelques élèves de la
de Droit, jaloux d'nne
instruction classique plus élevée et plus complète; et vous
�DRS LETTRIS.
81
voyez quelle salutaire influence cette
pratique peut et
doit exel'cer sur l'enseignement de nos
ct Colll;ges,
dont lr)s Prof()ssclll"S jusqu'ici, en dehors de
normale,
étaient restés si
rie
et (lt: discipline.
Mais ce
pas tout. Depuis longtemps nous nous [;tions
mis en rapport avec: les
rie notre ressort aC<HI(!rniq\le, qui avaienl l'ambition g('néreuse de prl!lll]re leurs
grades et qui l'l\damaient nos conseils. Par une correspondance
nous dirigl!ons leurs
nous corrigeons
lmu·s compositions. Cet emeignernent à distance et pal" la
post[) a sumhll; si utile, qu'un ,llT[\(,()
du :\hnistre (le
l'Instruction publique vient d'en imposer l'applieation aux
Facult(·s de toutes lei' Académies.
Est-ce tout '2
notre ambition ne s'est pas
à Lt
pr<\te!l(lons eoncluire l'tHite rIe nos disciples
Licl)flcc.
jusqll'à l'Agrl!g,llion, ou eworc au certificat exigll pOlll" l'enseignement de,; LaIlgues \'ivantes. Pour cela, nous avons
comllleneü p:tr organiser le jeudi une
dn COl1l'S et de
Conférences
particuliùrt'flH'nt en vue (le L\grégation
de Gr:Iuunaire. M. Gél'ard vieut ,i son tOlU' d'ollvrir ici une
pOlU'
aspirants à l'Agrllgatioll de Philosophie. --- 31. LichtenhGrger fait la même ehose pOlU' les
eonCO\lrs cles Langues vivantes. - Beaucoup tle nos jtmnes
Professeurs vienilent aSi;itlùnwnt Ù ces Conférences spl)eiales
de tO\lS les points de notre Aeadl!lllie. En 1878 deux cl'entre
ellx étaienL reS'us
de Grammaire. L'ul! des deux,
M. Flellriehamp, vient rie se prt)senter avec
à l'.\grégaLion des Classes sllpt\rienres. Cette année, :\1. Corddet,
professeur au Collége
l'un de nos pllts vaillants
pèlerins du jeudi, ,'l la suite rIe hrillantes tlpreuves, sortait
quatrième du concours il' Agrégation de Grammaire. - L'Administration snpél·jeure a été touchée du zèle de ces laborieux
champions <lll la scienee, pt a hien youlu, à ma pric)re, les
en gramle partie des frais de leut' voyage hebdornarlairè ft N aney. Tout vient donc concourir à la fortune
}'ACULTÉS.
�82
SÉANCE DE
de cette utile institution; et nous pouvons en attendre les
meilleurs fruits, si le zèle de nos candidats à l'enseignement
répond toujours à notre propre Lonne volonté et aux encouragementl5 de l'État.
-
BACCALALï\lÜT Ès LETTHES.
Aujourd'hui qu'on songe à remanier encore le programme
de nos
classiqurs, la stntistique des examens, qui
constate les résultats de la discipline aetuelle, offre plus d'intérêt que jamais. On juge ici de l'arbre par ses fruits. Et
tout d'abord on peut s'étonner en vérité que les admissions
au grade définitif de Bachelier ès lettres ne soient ni plus
nombreuses ni plus brillantes i et l'on est tenté parfois de se
demander si c'est la faute des eanüidats ou des examens, et
si nos programmes surchargés répondent convenablement
dans leur mesure ct leur distribution aux faeultés moyennes
de nos élèves.
Dans le cours de l'année classique (1878-1879), 725 candidats se sont présentés aux diverses épreuves de l'examen,
443 pour la première partie, et 282 seulement pour la
seconde.
disproportion assurément entre les deux
degrés correspondants d'un même examen! D'où vient cet
écart? C'est que maints candidats se contentent du demigrade, pressés qu'ils sont d'aller aux
spéciales de mathématiques: beaucoup d'entre eux en outre sont obligés de se
reprendre à plusieurs fois pour franchir le premier degré.
Nous en comptons souvent le tiers, parfois presque la moitié,
qui se représentent à cet examen pour la seconde ou même la
troisième fois.
Première partie. - Sur les 443 candidats du premier degré,
180 ont été éliminés à l'épreuve écrite, et40 il. l'épreuve orale;
en tout 220 (près de la moitié).
C'est toujours l'épreuve écrite qui nous donne la plus
exacte mesure d'éLudes régulières. Le Discours latin en effet
�l'ACt:LTÉ DES I,ETTRES.
83
témoignerait à lui seul de la valeur de toute l'instruction
classique depuis le commeneernent ; et l'on peut y apprécier
le profit que ces jeunes esprits ont retiré de leur commerce
avec les üerivains antiques, soit pour y développer
leur intelligence et leur âme, soit pOUl' y apprendre l'art
Quelque médiocre en effet que puisse paraître ce
dernier n;sultat pOUl' heaucoup, OIl sent encore chez eux
la vertu essentidle d'uIl tel exercice pour la culture de leur
esprit. Mais il faut convenir qll'aujomd'hlli la moyenne de
ces discours de nos rhétoriciens est inférieure, au moins
quant ft la composition, à ce qu'elle l:tait quand les candidats
ne se présentaient qu'après avoir achevé leur philosophie. Si
le latin en
vaut un peu mieux, le plan en revanche est
hien ddectuellx, et.il y a une singulière indigence pour le
développement des idées. Cda seul suffirait pour démontrer
l'importance de la classe de philosophie .•Je me hâte d'ajouter
toutefois que nous nmcontrollS parfois, dans le Hombre, de
ces composilions vraiment
qui attestent la solidité et l'exeellente direction des études au moins dans nos
plus grands É lahlissements.
A l'(:preuve orale, 40 candidats ont encore succomhé.
C'étaient pour la plupart les douteux, que nous y avions admis
à la dernière limite. It;i les explications de grec et de latin
I:'e soutienllent a,sez bien. En limitant plus étroitement les
programmes cl cet éganl, on a permis aux candidats de s'y
mieux préparer. L'étude des Auteurs
gagne aussi
chaque année. Les questions de
et de littérature
entrent pareillement de plus en plus dans l'éducation classique. C'e:-:t en histoire et en gtiographi,) que la plupart de
ceux qui ont échoué ont été jugès insuffisants. Dans beaucoup
de
il semble que cet enseignement ne soit pas assez
au niveau de nos exigences.
223 candidats ont ét() admis à franchir ce premier degré du
Baccalauréat ès lettres, à savoir:
3 avec la mention Bien; MM. Bertrand, Résal et Riemann (J.);
�84
72 avec la mention Asse.:: bien;
148 avec la note Passablement.
Deu:rième partie. - Ici, la proportion des candidat::; dMlnitivement admis au gra,le est encore moinclre. Sur 282 qlli se
sout pl'l\sentés, 171
ont
admis il l'épreuve orale,
et 130 l'CrUS l'nfin Bacheliers (4G p. 100).
Ccux du moins, qui ont
aiusi jusqu'au bout du Bacca-
lauréat., ont fait pour c!'\a \lue classe de philosophie complète.
sensible daus la disserta-
On peut signaler eu efl'ct uu
tion. Les
(les can(litlats semblcnt plus l\tl'udues
et. plu:; Ilulres; les cupins absolument mauvaises (leviennent
plus rares. A l'épreuve t!erite, C'l'st plulôt l'insllffisance de
l'allmnand qui a entralné l'élimination
1I1'1ais amsi pOtII"quoi
c:lllllidats t;,eartés.
jeunes gens Ile se prt!ocrupent-ils
pas d'assez loin de celte partie de lelll> programme? Ils ne
savent pas assez de mots. AllS;;i passent-ils le temps de la
composition il feuilleter lell!' dict.ionnaire,
leur texte. Il faut que l'allemand,
lion de
jl!sfJu'à présent
comme aceeswil'e, d()vienl1e une partie
clas!'iqlles.
Si
:lU
études
orale:l fait il son tour 41 victinH:s, c'est encore
ù l'insufIisanee des caIlili(lats
HU'
huer en grande 11artie ce dt\sastre.
l'all"llland qu'il faut altrirnathématifJlles, l'his-
toirD naturC'lle el l'histoi 1'e ont fait le resto. X on-seulement
une note inférieur" sur ces
mais encore nous
a entraÎIH\ SOllvent l'exil
d'attt>ibuer aH candidat
la mention honorable, ù laqudle d'ailleurs la sormne de ses
points lui eût (lonné droit.
Sur les 1:30 canclidats dl!clarés (lignes du titre de Bachelier
ès lettres,
ô l'ont
avec: la mention Bien;
Dor, Fournier, Lemoine, Paraf et Rchbery ;
27 candidats ont obtenu la Ilole Asse.:: bien;
98 ont dé reçus il ver; la Illemion Passalilelllcnt.
Si maintenant je eOlllpare le nOIllbre des élèves, qui dans
�85
DES r.ETTRES.
le cour,; de l'ann()e se présentaient pour la première épreuve,
au chiffre de ceux qui sont sortis Bachelier" complets, je suis
inquiet de n'en cOrIl11tel' quc 130 pom 443, c'est-à-dire le
quart seulemrmt. En Y!)!'it(\ c'est trop
si le nacealallréat
doit s'acr:ommoder ù la porU\e moyenne des élèves, comme
eontrôle d'l,tudes COlllflllllles et r(\glllières, ct n'est pas destiné
seulemcnt à en eribler l'dite. Anssi un tel résultat troublet-il
mon sommeil, suspendu entre la crainte d'exag(\rel' la rigueur de l'éprcuvl', ou (l'abaisser par trop de condescendance les
en en inclinant le niveau.
de lIovcmbre
.
Hcs::ion ùe IIla.rs lk7!J . .
(le juillet 18iU . . .
Total. . . . . .
Session
He:;:;ion de j uiLlet
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Hl
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novembl'e 137$
de mars IB7!).
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Total général.
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2;
VS
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99
tlli
3,,;)
1
LICE:-ICE j·:S LETTHES.
Certes ni l'État, ni les villes, !li la Facultô n'épargnent
leurs sael'ifkes el lellr bonne volontl\ pOlll' cncourager nos
jeunes Professeurs à prendre leur grade de LicencÎl>. Outrc
les places dc }laîtres auxiliaires, et les Bourses de Faculté
�86
DE
fondées pour cet ohjet,
aujolll'd'hlli attrihue un traitement
s!lpplürnell tain: ;\ ceux qui en
pOUI'VIIS, et la plupart des
villes 6uivellt cet exemple ..Te disais tout. à l'heure ceque nous
faisions
pour excite!' 1'()ll1ulation et diriger les
(·tudes de nos jeunes
ambitieux d'assurer leur avenir
pal' le travail. Aussi pouvons-nous nous étollller qu'avec
toutes ces ressources la Licence 11e nous d011ne pas encore de
plus riches moissons.
Cette annéü, 24 calldi(lats
se sont présellt{;s à
: 8 ;t la Session rie rtovem{Jre 1878, et 16 il celle de
jtüllel 187tl. Sm ce
l'èjlr'cuve
orale, et 10 out élé
12 unt ülé d(\elarés admissibles à
ndmis au grade.
C'est, dans la set-ision de 1I0VenÜll'e 1878 :
candidat à
des hantes études.} Ex œquo, ayec la
élève de la Faculté de Droit.
mention Très-bien.
BRODIEZ, professeur au Collt\ge de l\Iireconrt.
V
Loursier· de la Faculté.
BESSOS",
Et dm-.s la session de juillet 1870 :
maître
:tu Collége de Charleville.
ancien boul",icr de 1:1, Faculté.
ÜI,IOT, professeur au Collég(! de Toul.
L'abbé L.D/CEI,LE,
de la
libre de Lille.
L'auLé
élève de la
des hautes études dc Nancy.
CORIJlIm, \HJUl'8ier de la Faculté.
I\I,DI,
Harement nous a\'ons l'encontrl) des candirl:lts aussi bril-
flue 101. Besson et Poincaré, h la
session (le novembre,. C'dait à nons rellt]l'e jaloux (le ne point
les avoir
parmi nos (li sei pies ; et nous ne les \"o1'ons
pas S<ln:-; regret échapper il l'Uni\-ersitli. - Avec
antres,
nOlis !;ommrs du moins ;U;Slll'('S (ravoir dOllllt) il l'enseignement des
solides, vraiment
<111XflIJeIs on
peut confier nlll! elassc fl'hurnanill\s. Parmi eux, ]\1. Davin
I1l()rito llarliculièrclllent d'être cité en exrmplc. Maître d'<Hulants et aussi
�FACULTÉ DES LETTRES.
87
des dans un collége éloigné, et livré à lui seul, il a montré
avec éclat ce que peut faire un bon esprit avec du goût, de
la lecture et un travail assidu.
DOCTol\AT Ès LET'l'l\ES.
Kous avons eu dès le
de l'année classique nne remarquahle soutenance pour le Doctorat ès lettres. M. l'abbé
Mathieu, ancien licencié de la
des LeUres de Nancy, et
Professeur d'Histoire au Petit Sl\rninaire do
présentait deux thèses pour obtenir le titre de Docteur.
La Thèse latine, intitulée De Joannis Abbatis Gorziensis vita,
nous reporlait ft UJlO époque
de l'histoire de notre
Lorraine. Cette biographie ùe Jean de Vandières, abbé du monastère de Corze an XC siècle, a étü en effet pour le candidat
l'occasion et le point de départ des discussions les plus amples
et les plus érudites 8ur l'hifitoire politique, morale, religieuse
et littéraire de cette époque si somhre et d'apparence si barbare. Nous avons pu voir combien, malgré les calamités de
ces temps sinistres, l'illlpulsion donnée aux études par Charlemagne s'était prolongüe dans les monastères, nOlls conduisant par une tradition non interrompue à la renaissance dn
XII" siècle. Un épisode particulièrement intéressant de eette
biographie était la üramalirlue ambassade üe Jean de Vandières auprüs du Khalife üe Cordoue. - Si la thèse semblait
d'abord manquer de développements sur certains points, le
candidat y a suppléé 1,trgell1CIlt à la soutenance avec une
science aussi sùre que fertile et présente. Tout ce passé reprenait pour un moment le mouvement et la vie; la vive parole
ranimait cette poussière du XC siècle;
et personnages ressuscitaient dans la vérité de leur physionomie contemporaine.
La Thèse
qui a pour titre l'Ancien Régime dans la
province de Lorraine et Barrois d'après des documents inédits
�88
(1698-1789), comptera parmi lcs meilleurs livres rt les plus
origin:1ux qui
élrl puhliés deplli;; longtemps snI' l'histoire
LOlTaine. - L'auteur, i\prl!S nn excellent et substantiel r('SUIllt! rIes rIestin('es dl' Ge dUellé depnis son origine
jusqu'au tl'aÎt(j cie H.yswick (JlIi le restituait il ses (]ms héréditaires, nous retraee il. partir de cette époque le tahleau de la
situation politique, morale, l'digieust', ;;ociale,
do
cette province
entraînée dan;; la sphère d'action de la France; et il en ponrsllÎl l'exposition jus(lu'an jour
de la Hé\"olutioll
Le r()gnp heurenx
qui
r(;pare les
de l'illvasion
puis l'annexion
de la Lorraine il la France, dont IL's hienfaits do Stanif;las
clissimull';lt d'ahordles rigut' urt; et.ll's rnis(!res plutôt qu'elles
ne les tempürent; les transformations que suhisslwt les institutions, les 1Iltl';ll'S ct les
SullS cc rl'giIll() nouveau,
enfin les vœux (les populations il la veille de la r('lIlliOIl des
f;tats g()nérUllX, sont les cli\"erses étapes de cette intéressante
étude.
Ce vaste sujet se d érollle il nos yeux dans le plan le mieux
ordonné. Couvents, clurgé séelllÎl'r et rt)gulier, administration
gouvernement, administration civile,
j\lStiCé, impôts, droits seigneuriaux, situation morale et économique des campagnes, ét.at lIes
et des rfl(eurs on
Lorraine au XVIIIe siècle, manifestations de l'opinion, nous
voyons sllceessivcmellt défiler sous nos regards tout l'ancien
rüginlt), dans la complication cl e ses institutions s()culaiI'üs si
COnfLll:ieS et lies abus qui s'y (jlaiunt introduits avec le teIl1ps;
et nous sentolls de plus en plus le lI(jsal'corü de cetle It)git;lation
avec l'ütat des mœurs et des iclües. Aussi l'oun'age se clôt-il naturellement par
des vœux consignés dans les Calliers lors de
cles
aux
Üats
Celte étude il. la l'ois prücise ct étendue a exigé de son auteur tl'immCI15eS l'echcrclws. Archives nationales ou clüparteIllL';!l.ales, et celles des évêchés, d05 cOllvents, des tribu-
�FACULTi DES LETTRES.
89
naux, des villes et des villages, il a tout fouillé, tont analys{j,
tout
A ces renseignements statistiques il Illôle
avec une agréable variétü de piquanles anecdotes, des descriptions
lIes vues moralus plJnétrantes, des tonsid{jrations
impirües pat' l'esprit le plus judicieux, le
plus impartial, le l)lus généreusement lib{'ral. Tout ln livre
est écrit d'ailleurs dans le vrai style de l'histoire, simple,
clair, pnicis, élégant., parl'ois {jloquent, toujours proportionné
à "on objet.
La soutenance de cette titi-se, comme celle de la précédente, a l'{)ponclu à l'attente d'Ull nombreux publil' et à la
nôtre. Les dt'bats les plus "ifs et lei; plus instructifs se sont
engagüs Slll' uno l'oule du points, ct ont üté soutenu:; par le
calHlil[at avec une Yer'Ve heureuse, une grande féeondit{\ de
rCHSOlll'CeS, une spirituelle franchise; en sorte qne cette longue
séattce a
une vraie
de l' espri t ponr tous ceux flui
s'intéressent ici aux études et à l' histoire de la Lorraine.
Aussi, qllanü la Faeulté a
qu'ellc recevait
Doeteur ès lettres il l'unanimité dP6 slUfrages, l'eUn prodamation a
acencillie par des applaudisselllents prolongés.
C't'tait, \ltl premier succès pour ce
excellent, auquel
aucun t;uccès ne devait manquer, jusqu'à ee glorieux prix
Gobert, qui lui était décert1l\ naguère par l'Aeatlt'!fllie fral1raise, COllllne à l'un cles oU\Tuges historiques les plus remarquables de notre temps.
Co;o;cocns
LITTÉIIAII\E.
Au début de ee Concours, fondé il y a quatre ans par le
bienfait d\l Conseil général, nous
que cette institution allait eXl:itcr dans toute la jeunesse :>tlldiellse de nos
supt'!rieul'cs une noble émulation. Mais l'effet n'a pas
tOlljOUl'S répond\l à notre attente; soit que nos jeunes gens
soient trop absorbés par leurs
professiollnelles, soit
que l'instinet d'une ambition généreuse ne parle pas assez
�90
stANCE DB RENTRiE.
haut à leur cœur. L'an dernier, en effet, le Concours n'a rien
produit. Celte année, ayant à notre disposition les ressources
accumulées de deux prix, nous avons proposé deux questions
distinctes, qui s'adressent à deux eatégories différentes de
concurrents; une question de pure critique littéraire pour les
élèves spéciaux de nos Conférences; et une autre ùe philosophie du Droit à l'adresse des élùves de notre FacilIté de
Droit, qui se rattachent, au moins par leurs Inscriptions, à
notre FaCilIté des Lettres.
Cette dernière question, qui avait pour sujet l'étude du
livre de Beccaria SUl' les Délits et les Peines, ne nous a fourni
que deux :Mémoil'es, mais dont l'un du moins a une valeur
réelle. Jevons en rendrai compte tout à l'heure. - La question littéraire, après avoir excité d'abord une eertaine fermentation dans les esprits, n'a abouti à rien. On proposait pourtant d'étudier le beau livre de Mm" de Stad sur la Littérature
considérée dans ses rapp01·ts avec les Institutions sociales, et de
montrer comment cette femme de g(mie avait renouvelé clans
cet ouvrage les principes de la critique lütéraire dans notre
siùde. Permettez-moi d'en dire nn mot.
On sait en effet que Laharpe, à la lin du siècle dernier,
semblait avoir
la fécondité de la vieille rhl\torique.
Car on eùt dit vraiment alors (Jll'il n'y avait plus désormais
qu'à jeter toutes les œuvres de l'esprit dans les moules classiques consacrés pal' le temps. - Mais voilà que Mme de
Staül a senti au contraire, que, pour faire revivre la poésie
frappép d'une stérilitl\ mortelle, il fallait l'affranchir des lois
arbitraires où l'avait enfermée trop longtemps la superstition
classique. Au lien de suivre une discipline 5urann{\e, elle
s'e1force cie ramener les esprits il la natme; elle rouvre au
fond même des âmes la souren religieuse depuis longtemps
tarie et désertée. Il faut revenir aux
du génie
national et il ces traditions chrétiennes et populaires, avec
lesquelles la France avait rompu lors de la Renaissance,
entraînée par son admiration fanatique pour la beauté des
�FAcur,TÉ DES LETTRES.
91
œuvres antiques, qui reparaissaient alors à la lumière dans
de leur immortelle jeunesse.
La Littérature en effet doit se transformer avec le temps,
et suivre la maeche de la civilisation du monde. La première,
Mille de Staël a posé l'axiome, I)!le la Littérature est l'expression de la Société; et sans cesse elle rattache le développement des Lettres et des Arts il celui des mœurs et des institutions. Avant tout, son grand eœur croit au progrès d'une
foi invincible. Dans son ouvrage, qui parut en môme temps
que le Génie dn Chrislianisme, de Chateaubriand, et qu'on pourrait intituler le Génie du l'humanitè, elle se propose de mOlltrer l'esprit humain se dt'!veloppan t à traVi'rs le monde et
l'histoire par une force intime ùe progrès, parfois latent, mais
continu, qui
la loi même de notre destinée, et qui, en
dôpit même des événements contraires, (\lève d'âge en âge le
ni veau des mœurs et de la civilisation.
La première partie de son livre est historique. L'auteur,
remontant an berceau de la Littérature classique, en suit la
marehe de siècle en siècle, non-seulement chez les Grecs et
les Romai ilS, mais encore il travers ces temps ObSClll'S du
moyen âge, où la religion chrétienne d'une part et de l'autre
le génie germanique des peuples du Nord ont jeté dans
le monde de nouveaux germes; et elle arrive ainsi jusqu'an
seuil de la Révolution fran0aise, comparant, opposant entre
eux l'esprit des peuples moüernes, et semant cette histoire
littéraire, rapiLle et condensée, des aper0Lls les plus neufs et
les plus brillants. C'est aillsi qu'elle nous apprend il mieux
juger les œuvres de la poésie antique, en les replarant pour
les étudier t-;Ul' le sol où elles sont nées et dans la lumière de
lem horizon d'autrefois; eSfIllissant ainsi en traits de génie
ceLLe critique littl\raire historique, (lui sera une des créations
les plus fécondes de notre temps.
La seconde partie de son ouvrage est toute théorique et
conjecturale. En s'appllyant sur cette étude du passé, l'auteur
ehprche à pressentir ee que pourra devenir désormais la Lit-
�92
stANCE DE
tératl1re dans les nouvelles conditions d'existence politique
et sociale que la Révolution a faites ù la France. Plus de
règles artifieielles,
w ne
rale de la Litt.ératmc.
cIe Stad
vraiment ici la mo-
ainsi que, dans son admirable
thl!orie du goùt, elle icIentifle le beau et le bien. Pour
cllp en effet, comme pour Vauvenargues, les gl'ancles pensl\es
viennent du cœur, et les plus nobles œuvres cle l'imagination,
c.omme les plus généreux Illouvenwnts de l'éloquence, s'inspirent aux
sources que les a(:tes les plus suhliml's de
vertu et d'!t(;,rolsme. Elle l'attaelw ainsi le clllLl)
d()!;
Lettres et
ùes Al'ts à la dignité de l'ùrne humaine; ct elle al'bol'e devant
nouvelle qui sort de la fournaise les principes reli-
la
gieux et moraux, qui doivent inspirer tout ensemble la régénération sociale et en même temps les arts et la po(;sie de
l'ère nouvelle; esthétique généreuse, qui exerce
SUl'
l'esprit
je ne sais quelle bienfaisante influenr,e! Quand l'auteur, ell
effet, ne songe qu'il vous parler (le Littérature, l'on se sent
enflammé en l\jcoutant d'un nohle amour pour Dieu, pour la
patrie et pour le genre humain.
y avait-il, je vous le denlande, un plus heau sujet? je dirai
plus opportun? Cal' l'auteur, qui croyait alors à la Républir[ue et il l:llibertt\, voulait enseigner en môme
iei
le l'ole et la vertu des Lettres, <les Arts et de l'Éloquenœ sous
un
GOll vernel1lent
l·('publicain. Parmi les jeunes gens de nos
Conférenees, plus d'un S'L'st épris de cette question, je le sais.
Mais la constance leur a manqué pour melwr l'œuvre il bout.
La splendel1l' du sujet les a comme éhlouis. Pour moi, je
viens de m'y arrôler un instant, afin que cette esquisse, si la
question est maintellue au Concours, leur en traee du moins
le programme g(\néral.
La question cl Il livre de Beecaria sm les Délits et les l'cines a
provo(jué, vous c1isai6-je, clellx :Mémoires. Celui qui a été inserit n° 1, et dont l'auteur a pris pour devisû la bOlll.ade de
Voltaire: Si je n'avais pas l'amour du travail et de la gaieté, il
y a longtemps que je serais mort de désespoir, n'est
qU'UIlû
�DES LETTRES.
93
ébauehe, où jo no m'arrôterai pas.
le Mémoire no 2, qui
a Jlour devise la
de
: la justice sans la {orce est
impuissante, el la jorce sans la justice est tyrannique, a (:tü unanimemeut j llgé cligne du prix. C 't'st l' œuvre do M. BAIlADEZ
(Fordinand-Marie-Louis),
il. Naney le 24 janvier 1868,
ülève de seconde annüe il notre Faeulté de Droit, lequel
montre avee quel pl'olit il il üludié le Droit criminel sous la
direetiou d'un Maître exeellent.
Non-seulement, en effet, llotre jeune étudiant analysp l'ou\Tage cIe Bel:c<lria, mais il le j\lg'e, et clanH le chaos üu publiciste italien il apporte l'ordre et la lumière. Il va droit aux
questions fOl1(lamentales, en négligeant les points aeeessoires.
Avaut tout, la Socidé a-t-elle le droit de punir? Sur quels
fondements Cl) droit repose-t-il '( Quel en est le but ut la meS\Il'c? - Tous GeS prilleipes
tliseutés avec, Ulle philosophie
et Hùre. Puis, llren,Ult dans lellr ordre toutes les
(lui SI) rattachent à ee droit reconnu de pUllir, notro
jeune eritique t.raite il son tour,
Beccaria, ue la rédaction et lk l'interprétation dt)s lois
cIe la proeüdurc
t.:rilllinclle, dB la juste proportion à l\lablir entre les peines et
leH
ou les crinwi:i qu'elles doivent atteiIHlre, et enfin,
et i:iurtout de la peine ùe mort, en c,ltùtirnent dont la rigueur
suprêllle n'a pas
tlepuii:i ce temps d'inrlllÎt;ter la com;l)!lCOl'e :llljOlll'll'hlii lin problème
eience des pellll]C::l, el.
ardemment controversé. - Toute eette partie théorique du
:Mémoire est remal'quable par la solidité jlldieiellse et l'élévation de la pensét'. i\lais on aurait voulu que cette œuvre de
eritique fût ]Jl'l:,eédée (l'une introduction historique plus étendue et p]ùs c,ornplète, où l'auteur dit replacé le livre de
Beccaria en son temps, et où il eùt
jusqu'à quel point
dans sa pensée généreuse de réforme le puhlieiste italien
était l'interprde des illües de son payH et de son siècle. Pareillement on peut regrettel' (lU'il n'ait pas silivi la fortune
singulière de cet ouvrage chez la plupart ües nations européenneiO, et marquü son éelatallte popularité et son influenee
�94
DE RENTRéE.
sur la réforme de la lt;gislation criminelle. Il a craint sans
doute que ces considérations ne r entraînassent trop loin.
Quoi qu'il en soit, et malgré ces lacunes, le Ml;moire de
M. Bal'adez a convenablement répondu aux espérances de la
Faeulté. L'auteur y a soutenu noblement l'honneur du
Concours, de notre Faculté de Droit, et du nom paternel; et
nous souhaitons que son vaillant exemple et le prix que nous
lui déeernons provoquent parmi notre jeunesse studieuse une
émulation généreuse et de nombreux imitateurs.
�
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Title
A name given to the resource
1879 - Comptes Rendus des Travaux des Facultés et de l'École Supérieure de pharmacie, lus devant le Conseil Académique le 22 décembre 1879 et Rapports sur les concours
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Administration Académique. p.5.</li>
<li>Académie de Nancy. Conseil Académique. p.6.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de droit. p.7.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de médecine. p.8-9.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des sciences. p.9-10.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des lettres. p.10.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. École Supérieure de pharmacie. p.11.</li>
<li>Rapport de M. Jallabert, Doyen de la Faculté de droit sur les travaux de la Faculté pendant l’année scolaire 1878-1879. p.13-23.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de droit pendant l’année scolaire 1878-1879. p.24-25.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de médecine. p.27-48.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de médecine pendant l’année scolaire 1878-1879. p.49-55.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des sciences. p.57-68.</li>
<li>Publications des Professeurs de la Faculté des sciences pendant l’année scolaire 1878-1879. p.69-70.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres. p.71-94.</li>
<li>Rapport du Directeur de l’École Supérieure de pharmacie. p.95-102.</li>
<li>Publications des membres de l’École Supérieure de pharmacie pendant l’année scolaire 1878-1879. p.103-104.</li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy, pendant l’année scolaire 1877-1878, par M. Jules Garnier, agrégé à la Faculté. p.105-111.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de droit. p.113-115.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de médecine. p.115-117.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté des sciences. p.117.</li>
<li>Distribution des prix. École Supérieure de pharmacie. p.118-119.</li>
<li>Table. p.121.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1879
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Ch.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Berger-Levrault et Cie. 11, Rue Jean-Lamour, 11
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1880
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/00598c609ecb44a79820746236ab9d9c.pdf
65bb4b725fb6bef51b3b85f2be21630d
PDF Text
Text
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"
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*)*"-=-/6!0,.'6*9"
"
"
!
�RENTRÉE. SOLENNELLE
1
DE L'ENSEIGNEMENT . SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPËRlALE,<,
ACÀDÉJ\IIE DE NANCY.
RENTREE SOLENNELLE
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET .DE
L'ECOLE DE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
Le 15 No"Yembre 1869.
NANCY; .
GI\IMBLOT,
yE
RAYBOIS ET C1E,
Place Stànîslas,
DE
7, et rue Saint-Dizier, f2ll.
1859.
DE NANCY,
��.· ··.
,·.,
'·--.:
'•
"
RAPPOR'f
D&
. M. Cu. BENOIT, DqYEN DE LA FACULTÊ
LET,TRES.
MoNSIEUR .LE REctEuR,
MoNSIEUR LE MARECHAL,
MESSIEURS,
. C'est avec un vif .sentiment de joie et d'orgueil, qu'à
éliaque · rentrée nouvelle je viens me .représenter devant
vous, entouré, comme d'un bataillon d'élite, de ces jeunes
maîtres, qu'une heureuse fortune m'a donnés tout d'abord
poür collaborateurs, et qui, malgré tant de motifs qui pouvaient solliciter aiHeurs leür ambition, se sont attachés
fidèlement au succès de notre œuvre commune. Vous êtes
heureux vous-mêmes, j'en suis sùr, :Messieurs, de retrouver après cinq ans notre Faculté des ·Lettres telle encore, '
ou à peu près, qu'elle s'offrait à vous au jour même de son
installation. Car si Paris1tnous .a deux ·fois coup sur coup
.dérobé notre professeur de philosophie, le choix heureux
de M. de Margerie pour remplir cette chaire vacante, loin .
de relâcher notre faisceau, ne pouvait que tesserrèr encore
les liens de cette affection fraternelle, qui nous unit dans
une communauté d'espritetde cœur. Naguère encore un
membre éminent de l'Université, en parlant ·de notre Fa""'
cuité, me disait ; Vous pourriez prendre' pour devise le
�.32'
mot de l'Ecriture : · Quam bonum ;estfratres - abitare in . .
h
unum! La belle chose, que de voir des
travaillerdans
la-concorde! U sentait tout ce que cette unrté pëut ajouter
d'efficacité aux efforts, de bonheur ,à la vie. Nous en com...prenons nous-mêmes assez le prix, pour veiller avec un
· soin jaloux à ne point nous laisser entamer. Il y a peu de
temps encore que l'un des nôtres refusait avec Ul1c désintéressement, dont nous ne pouvons assez lui savoir gré, de
devenir le doyen d'une Faculté voisine. Qu'il me pardonne
cette indiscrétion. Il est bon cependant que vous sachiez,
Messieurs, combien on vous envie au dehors les professeurs que l'on vous a donnés; mais aussi quel prix ils
attachent eux-mêmes à l'hospitalité qu'ils ont reçue parmi
vous. Il n'y a désormais que la Sorbonne, ou le Collège de
France, qui nous les puisse ravir. Gràce donc à cet
qui nous lie, la Faéulté de Nancy, fidèle à son origine,
demeure toujours Athénienne entre toutes. Ne dirait-on
pas d'ailleurs, que c'est pour consacrer encore cette union,
que naguère le roi de Grèce a daigné honorer de sa croix
du Sauveur ceux d'entre nous qui avions visité son pays,
sans en rapporter cette décoration? Qu'il me soit permis
de saisir cette .occasion solennelle, pour exprimer notre
pieuse gratitude au souverain., qui, après nous avoir acsa cour avec.tant de bonté, nous suivait au
· loin encore de son intérêt, et nous· accorde après dix ans
cette -royale marque de son souvenir.
Mais je m'oublie, Messieurs, à ces confidences domestiques, tandis queje vous dois unlrapport sur nos Cours et
nos Examens. C'est
en serépétant chaque année,
cette tâche commence à ,de_venir un peu ingrate; ce sont
toujot;trs à peu.près les mêmes choses,. dont j'ai à vons entretenir. Devant .u n tel auditoire, je suis embarrassé de
n'avoir encore cette f-ois à
qu'une statistique
d'examens. Du moins j'ai lieu aujourd'hui d'espérer, qu'à
l'avenides doyens se tairont; et que pour mieux répondre
�33
à volre intérêt, au lieù de nos lollgset:fastidiëtix "rapporls;,
l\'1. le Recteur désormais, à l'exemple de ce 'qui sé 'pra:tique à la rentrée de la Cour, voudra hien charger tour à
tour chacull 'de nos Professeurs de traiter de-vant vous quelque question opportune de philosophie ou de littérature.
Mais en attendant ce partage désiré, il fàut que je m'acquitte de la tâche qui m'est imposée. La bien-veillance,
d'àilleurs,avec laquelle vous m'écoutez d'ordinilire, me-la
rend plus facile. Je sens en outre, à votre attention, l'intérêt
que vous prenez à ce bilan annuel de nos études; Hommes
publics ou pères de famille, vous cherchez à prévoir, d'après les résultats de l'éducation actuelle, ce ' que serà-la
société qui va nous succéder bientôt sur la scène du .
monde, et ce qu'il faut attendre de vos fils. Jeunes gens·,
ne ' soyez pas surpris de la sollicitude_avec laquelle, tous,
nous sui-vons les tendances de votre travail, les inçlinations
de vos esprits; Vous êtes l'avenir. Donnez-moil'instruction
publique pendant un --siècle, disait Leibnitz, et avec cela Je
changerai le monde. Ce que la France, en effet; fera
main en bien comme en mal, réside en germe dans vos
âmes. Tout nous touche donc, qui vous concerne. Votre
éducation est le grand souci de l'Etatêomme dès familles :
-et sur vos têtès blondes reposent toutes nos espérances,
v
nos rêves et nos - œux.
J'ai la satisfaction, du reste, d'avoir à rendre bon témoignage de vous. Je ne crois pas qu'il y ait aucune province
dé l'Empire, où l a jeunesse -de nos colléges se montre plus
sérieuse, plus appliquée et plus docile. Si les sucêès éclatants sont rares, on en compte bon nombre de solides.
L'esprit lorrain y garde son vieux caractère, -plus sensé
qu'éclatant; plutôt tourné au travail et à la discipline qu'à
la fougue sonore et au rêve; assez intéressé, positif, économe, et ne ménageant pas sa peine, mais en calculant le
·
profit qui en reviendra.
. ·d ans no t re Aca d' . 1 .·les ·ét udes l·tt' .
Auss1,
emie
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tout en étant la meilleure préparation.à toutes .les
rières, ne mènent directement et ·prochainement à.
.cune) ne sont elles suivies ju,squ'au bout que par une mi-'
norité de disciples fidèles. La plupart des .élèves de. nos
colléges,
tiers dans certaines villes, dans d'autres
vers ·les
même les trois quarts, se tournent de
262 élèves se sont présentés dans
sciences. ·Ainsi, alors
le cours .de cette ar,mée classique aux épreuves de la Faculté des sciences, laEaculté des lettres n'a compté que
121 candidats.
Je constate un fait, Messieurs, et ne le trouve nullement
mauvais. En cela, notre jeunesse ne fait que suivre la voca..
tion. du siècle. Comment les merveilles, en effet, qu'enfante
·chaque jour sous .leurs yeux l'application des sciences à
l'industrie, comment les richesses que livre la nature
domptée par l'homme, ne fascineraient-:elles pas ces jeunes
imaginations, et n'entraîneraient-elles pas les esprits vers
les carrières industrielles? Mais comment, surtout, ces
autres merveilles, qu'enfantait naguère l'héroïsme de nos
soldats, n'enflammeraient-elles pas les courages de nos enfants, et ne les tourneraient-elles pas en foule vers ces
écoles militaires, dont les études scientifiques ouvrent
seules les portes? 11 y a longtemps que le génie de nos provinces de l'Est se partage entre les armes et l'industrie.
Aujourd'hui plus que jamais. Je ne sais, en effèt, s'il y a
dans l'Empire une province, qui, depuis trente ans, ait
multiplié avec plus d'activité ses usines et ses manufactures. Mais surtout, en est-il une autre, Messieurs, où l'on
sente, en face de la guerre menaçante, battre plus vive..
ment qu'ici le cœur de la patrie française? Quelle province, encore dans la glorieuse campagne d'Italie, a compté
un plus grand nombre de ses enfants sur les c'Qamps de
bataille, et parmi les morts, dont la France pleure la perte?
Loin de moi donc, Messieurs, de songer à détourner de
leur .voie çes jeunes gens, auxquels n.otre pays doit sa gran-
�-
.
3S · - ··
.
.
·'deur militaire ét·sa •richesse; Mais ·je vQÜdrais sëuUüiiellf
.én retenir un peu plûsJongtemps quelques;;,llns' aux études
littéraires, avant qu'ils ne se livrassent entièrement leurs
êarrièresspécia:les. Ce n'estjamais,je le .confesse, . sans tm
serrement de ·cœur, · que je vois ces.· pauvres enfants, aû
sortir dela quatrièmé, déserter en grande partie les léttres,
pour
dans les;
positiv.es, qui vont être
désorinaisFumque et ar_1de ·ahment deleursâmes. Chaque
année toutefois le nombr(augmente de.ceux,
avec le
dessein de s'appliquer ensuite aux sciences, suivent jus.-:.
.qu'en rhétoriqué la section littéraire, et viennent nous de-'
mander le diplôme de bacheliers ès lettres, avant -de .· se
tourner vers l'Ecole
Vous.pouvez croire que
.. nous 'encourageons de tout notre cœur de si libéralesten-:.· dan ces. De tels candidats nous trouvent à l'av·ance tout
Si quelque
'en effet, est .
gagnés à· leur
pe.rmise, c'est bien ici. Jamais aucun-n'a échoué. 1\fa:is ·en
même temps qu'ils obtiennent leùr-diplôme, ces jeunes
gensnetàrdérontpas à reconnaître combien ce commerce
plus prolongé des lettres les aura mieux préparés ·à:·leurs
études ultérieures. Ils ne songeaient en rhétorique qu'à
mieux apprendre à écrire; et voilà qu'en même temps, et
presque à leur insu, ils y ont appris à ·penser, à-.sentir:
··leur esprit s'est étendu: leur jugement agagné en justesse
et en·exactitude. Combien vite, avec des esprits plus forts
·et mieux préparés, ne regagneront-ils pas le temps qu'ils
ont donné aux humanités'? Chaque année, les pre.niiérs
numéros des écoles sont conquis par les meilleùrs bache-:liers ès lettres.
·
Pourquoi seulement.ce noble exemplen'est..,i lpas encore
plus suivi? Pourquoi nos enfants; pourquoi leurs parents
du moins, comprennent-:-ils aujourd'hui si peù tou tee que
l'éducation littéraire peut ajouter à notre valeur person....
nelle, et quelle supériorité elle nous doit assurer' dans
quelque Càrrièrc que notre destinée. nous appelle?- Aubr .
e-
a
�-
.
· - .·
fois ·cette vertu souveraine·des
était
dente. pour
tous, ·comme Jalum_ière du jour. -Aujourd'Qui,_leur ha tHe
et morale · influence est méconnue. Des -esprits, qu'on
appelle positifs; et pour
manufacture semble être·
l'idéal de .notre ·. société du- XIX• siècle; -se demandent à
quoi, bon? et s'étonnent qu'encore aujourd'hui on consullle
dans l'étude •stérile des langues antiques les plus belles
. annéès de la jeunesse. Pour ces gens superficiels, ou que
les ·préjugés aveuglent, le résultat d'un si long travail ne
vau1ni la peine,. ni le temps qu'on y met.
· Ils auraient parfaitement raison, si en vous·
lettres antiques, j.eunes gens,_ ne se.proposait pas e[lon
core un autre objet, qu'ils. Jle voient pas, mais qui est le
principaL Avant tout, dans cette organisation de nos, études littéraires, ils'agit en effet d'apprendre à penser àdes
hommes qui devront un jour travailler .dans la société par
:la pensée; il s'agit de former .des ouvders de l'intelligence
aux-fonctions intellectuelles. Or, c'est là ce .que. nulle.autrë
·discipline n'a jamais su produire d'une façon · aussi heu ...
reuse, que ce système gradué de nos études classiques, qui
retient votre enfance, pour l'y faire mûrir peu à peu, à
Rome ou en Grèce. Que d'essais divers ont été faits?, Mais
· rien ·n:aréussi,rien que cette pratique consacrée par les
siècles. Rien n'a été inventé encore, .qui fùt plus propre à ·.
·éveiller l'intelligence, à provoquer _es facultés ·naissantes,
]
à les soutenir dans leur essor successif ou simu-ltané, à en,..
seigner,· avec le mécanisme du langage, les opérations de
-l'entendement; mais surtout à ramener un jeune esprit sur
lui-même et dans son intérieur, pour lui apprendre à se
connaître, à se diriger, à se posséder; ce qui v(lut hien
assurén1ent la connaissance et la possession de toute autre
chose. Les faits attestent ce que j'avance. Sans cette éducation par les lettres, l'homme le plus éminent .a toujours
risqué fort de rester incomplet et de ne retrouver jamais
· l'éqùilibre de ses facultés.
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..Gombien, ·
d'
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à Ja neHeté -des
... qui,_pour
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l'ordre.
choses, 1p-0rales la rigueur ·4e le,11r/ infaiWJ;>lé
!il;llcul, et coropin, r, les
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e,t.les
des
·colllme. des unités .âbstraite,s, o)lt étpnné le rrionde, .•
.. de, leurs . systèrb,es. ,polit_iqpe,s ou sod.a ui? '
Dieu no.us
de.cès ·eS,P,rlts étroits ; t
e
que
riQstr11ction ·profe,ssionnelle a. de trop hgpne
m,éJ;,.• da,ps _
,l'étude- des, sciences ,et
ayantqp'ils aient eu leJemps.de s'élever
la p_r.(ltique Qes lettres 'et de la
!.
·-_ · ' · ·
..·.,Ne .so-yolls pas ainsi exclusifs,
·et i1e
nous pas à cultiver un coin de
âme:.
de
pas de..les,.Jettres; ..
.de lettres, honoronsJes sciences à· leu_r touri et eutretenons
con1merce assidu ayec elles. L'esprit ne:peut que 'gagner
à cette aiiiance. · 1 .'
•
·
.
. ,
._
_ ·· - ·
•
. ·, _
Faisons donc:aut.sciencés, . j'y •
Con('ens, je le véux,_
.la,rge.part dansi'édu.cation de nos jeunes gens.
Mals souvenons-nqus
.nous. donnions ainsi a_ux
daJ}s ,un s-ystème ,Jjbéral
.d'instruction.
né sauraient
elles
seules toute..l'é. ucation . .EUes
d
..au,
nombre . de carrières spéciales, à
bonne
avant de devenir ingénieur, militaire,. manufacturier, il
faut, jeunes gens, que vous deveniez des hofumes ; deshommes par l'esprit et par le cœu:r; des
qui
la
- 3
�.....;. . 38
'terofit desormais dans la ·viE1e 'Clair séll'fririërit
·Ieurdes:tinée efde leurs devoirs;'.
.
J'admire, .
qu'hommetde mon·· temps,
les miracles def'industrie moderne. Multipliez, fils .audacieux de Japet, mïilfipliëz vos merveilles, étendez .· dans .les
profondeurs de océan ·votre,câble électrique ·d'uri rivage·à
l'autre deTAtlantlque; 'à forèe degeriie, ouvr.ezà vos na.;
vires tin prompt et
passage à tràvers les sâbles ·de Suez- .
etd.e·Pariama. Que la naturèénfièreirémissante soumise
reconnâisse ·lemaître que lui à donné ,le·Créateur. Ce n'est
p?urtant -jms encore·dans ces œuvres prodigieuses · de son ·
indUstrie, que t'homme me paraît le:plus grand; mais une
·Jlelle pensée, un sè11tiil1en't
un héroïque dévouement, dont 'le spectaCle téveill·e-tous ·tes nobles
de
notre âme, voilà 1e ràyon diVin el'immortel qtiiiilê·révèle
. lè fil:S de 'Dieu, voila sùrtout les sîgnes oit je reconnais sa
. ressémblance avec le Créatetrr. La vraie gran4eur est la
Or, ê'èstle·rôle dès lettreir i:lan:s l'éduca-:tiôn, de .nous .faire étudier:surtout par cè côté l'homme et
la vie. Le beau, 'qui fait1eur principalo}:,jei,
on l'a dit, que la·splendeur du bien.
Assez,
sur ce point, oùJe suis revenu souvent,
·
I'<iir de défendre mes dieux-domestiques. Je
prêche d'aillètirs ·Ües' :convertis. Cat, ·à èn · juger' par lès
·épreuves récentes du baccalauréat, les études littéraires,
avoir longtetilps· Uéclirié, se relève!lt ·sensiblement.
Si en· effet 'le nombre des can<iidats' reste toujours moaes
.destê, 'Iè iliveau moyen < ·examens monte peu à peu
;chaque année; ét la ·proportion ·des suecès augmente. Sûr
12f éandidats; ·qui se sont présentés aux épreuves,· dans
lè ·cours dêcetteannée, · 7 ont été reçus aveC la ·mentioo
très-bien, ce soilt =
·
·
·
·MM. NoRDMANN. · · ·
·
r
et
Büu;
PicaoN. ·
�-··· · 39
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· Scùitt: · · · - "
M'Ë.LlNE. . l'
'CHA-Jl:DARD:,c ..'.
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8 a_ ec1a.. mehtioil ·bie_n, à savoir·:
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.·: : MM. GELI;V. • .
GAl.\ION-.·
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BOII\AYON. .
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RICHARD. ' ' '
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,,
: THOMAS.
--:;-,---"
(Anatole) .• .
.. , . '. Enfin,16 ont9htenuJano.te a.sse.z bienret39 seulement
la note passa{Jlement. .En tout le chiffre des.candidats:hèu..:.
nmx
élevé à.7 O. ·.C'est. plus de 58 pour 100. L'an der;.
.nier nous n'avions pu.recevokencore environ que 56 -pour
JOO, sur.Je nombre qe-nos
-, :
·•'. · .
.. Si-_les études littéraires .p(lràissent ainsi se
.à
peu, ,à: qui, Messieurs, :reviènt
de cette.r.enaissance? A qui, si ce , 'est à ce sage Ministre qui préside
n
actuellement aux .destinées de ·1
'lnstru'ction publique., et ·
.:qui;.ému de. l'affaihlissement-desJettres; a introduit . Mjà
.dansle pl'ogrq.mme, des études quelques modifications ·b:eu·reuses,
n'a pas .tardé à.$e.faire ,sentir .•Rien
surtout; vous·Je. savez,.n'a plus
à cette restaura..:.
tion. • l'éducation .-classique,: .que -la. mesure quia - ait
de
f
désormais du ,Discours latùtle .fondelflentde I:épi:euve d\1
Baccalauréat. .Le latin •
reprend ·dans l' en!;emble :·de .e os
n
'études la place,.qu'il n'avait pu perdre
•
_ ·.
..
PAI;tE
Ce .n'est pas,· Messieurs-, devant cet a11ditoire éclairé) ·qqe
j'ai besoin de justifier cette· mesure. Que des ignorants
s'étonnent, qu'en l'an de grâce 1859, nous ne sachionsp:as
encore.un me_lleur emploi de_- la jeun(;lsse de Iios .enfants,
i
�........ . 40.
:que de leur enseigner à
dans ünë lângue :.morte:de...: ·
puisdes·siècles,.etqui n'est plus d'aucun usage aujourd'hui:
· qtCils réclament la substitution de queiqueAàngue moderne,je le :coFiçois. Mais vous, Messieurs; nourris à ce
du latin, ·vous savez s1 if est une autre langue; dont
soit plus propre à·ôûvtir de jeunes
la longue
intelligences à la pensée, de jeunes cœurs aliX sentiments
élevés. Où trouver ailleurs plus d'idées grândes et-pratiques·
toutensemble, exprimées dans un plus magnHique et plus
fort langage, et en même temps mieux appropriées par la
simplicité même de l'expression à la simplicité dè' ces jeunes
àme.s, qui entrent dans la vie? ·Là s'offrent,:en Cffet, à nos
e,pfants, comme dans leur fraîcheur·matinale et leur ·forte
originalité, ces :beaux li:êüx:commui15; 'qui sont comme'les
trésors de la vie morali;
- oür sé mettre à leur portée,
p
le monde semble tepréndré
dlautrefois. ·Mais
(me disent chaque jour biën 'des
qui·admettent cette
vertu particulière du latin·pour la: culture dè l'esprit) pourquoi ne pas; se contenter d'enseigner à le lirel.N'est:.:ce
pas une pédanterie surannéè ' de leur imposer encore·' les
discourslatitls? .Qui .donc s'avi-se aujourd'hui d'écrire en .
latin?-..... Personrie;en Franêd; Messiettr:s,je'le sais, Et pourtarit,. c'·esttoüjcmrs en -latin de ·préfêreitce que l'Université
s'ohstitre à exercer ,· ses :élèves a·Tart d'êcrire .. :-Pourquoi?
C'est qu'()n
,pas·trouvé encbre jusqu'ici:de ' ineilleu:re
méthode-pour leur· apprendre · à écrire ·en ;français. ·Non,
Messieurs, _
rien' encore qui fasse refléchir ·davantage, . qui
aiâe ·mieu:X:; à 'cOmprendre le· ·mécanisme 'du · langage; et
façonne mieux à l'art' si· difficile de rendre s(jS idées, que
de rapprocher chaque ·joür dansl'exércice des thêmes et
des discours latins, ces deux langues de niême famille, et
de temps si différents, et
comparer dans lès conformités· et les diversités de ·leur· génie et de leur allure. Etu·dierJa langue de
encote'étudier ·notre langue,
.dans:sa source à·Jà fois la plus haüte et la pltisl>üte. Plus
�-
' · on
-
.
41
.
.
.
en, :effet, nos!rmëillëurs
··
' est
·qu1ils:
.· ·se..
çlayaQtage.
. légués ret qu. notre
e
dans .
vi(fissitud:es, ser.r}.ble
retrouver ou-perdre .verUl; .selo- .
v
tremper· qa:ns · ses
Jatip.es, , 9-R·
.
écarter ,dava.ntage ..·L!i
.- Jat:liè,:. r.este11
i
;rda ris
. nos.
qt:lliliest
convaincu dè cette étroite
tr:e,
Je:liltl'Jil:dl}OS :nos.Mu<Je:s; atfait;dU
latip.la:
du.BaQcal
le
· but.
de;l''éduQation
: Mais:
·· ·
outre, .·cha:rgé ,comme:i;l,
dEv veiUe:r ,aux1
lettres,dans ,notre :·p\ly&. ·poui'l'aibilne'
rnohtrer:j'a.lQ.ux
conserver _ ,la:Frapee ceglqrien.x héritage
à
·
· Rome., ,dont la France; ep.treJQütes:les na.tions !JlOder.Q.es;
· s'est.jad-s portée:surtout
i
et''dontelle,a·cQntip.ué
dans sesœu; r.es lagr,ande
v
'Il sait ,quela•',F:rance
· · n'en ·sa\Irait déserter .aucune·plu.tie, sans déchoir ... ,, '. i ; ,,
,.Jl nous
latin l'étude de l'Hist;oire se ranime •et ·se-:fortifie ·; une
distribution · e.cet én'Seignein.ènt porte,déjà<
a
ses
fruits. ·Mais ·la Lôgiqui'! ·eHés ·S'cie:tices
tr.op
;· riégligées:·par heauèoup·· · d'-êlèvesde': 1a section :. littérflirh;
Cette.}acune, dans'une éducation libél-ale,. :nous•affligi:r,:; et
· si n'ous règrettons souvent que,Ies,élèves de la seétion sden-.
· tifique ne profitent-pas àssez. de la ·part quio11 :l eur· fait
d'études. littéraires, nous me .déplorons ;pas
que:! es
fidèles disciples.:des lettres ne sentent pas · assez Aôut ce
· qu'.ils pourraient · gag'ner à ·.pratiquer :-sérieùsement·'cles
sciences; Pourquoi cette: insouciance,· 'cet éloig,nenietit
obstiné? Vous ne ·voulez.
c
dites-;-vâus,, :Iii arp. nteurs:t ni
e
astronomes, ·ni chimistes. N'ayez pas peur : on· ne.\YOils
;
enseignera .de la science du ·calcul ou des sciencës .de:Ja
nature, que ce que toqt homme ;bien élévé :doibdésormais
�-
.
savoir pour ne:pas rester
dehors
et dés
vous
effet; ,demeu-,intérêts·de son-temps.
rer ëntièrement étrangers:au -mouvernent qui·:entraîne de
plus en plus votrè siècle ·vers ces luttes triomphantes du
. génie d'e _· l'homme aveé . la rtatute asservie à ·ses besoins?
merveilles de la science resteront:..eJles
·
t6tfj16'urs tlù\l.t 1püs comme un spectacle-de féerie pour · des
qùl il'én savent pas le· secret? Rien
·éinôilvoir -vôtl'ë turiosité?
··
··
··
·
· . n\f je crains
qu'à 'moins qu'on ne réta;.
blissê lé
·d'études, pour contraindre les ·élèves' à
faire leur
Logique, ml.e multitude d'imprudents
·ne·continuent
année à sacrifier cette ·classe.
est
pourtarifllindispensable couronnement de - leur · éducation;
Plus de:la .moitié encore, 'en effet, désertent après leur
Rhétorique' :·. ê' est le meilleur ·précisémeilt qu'ils retnl:ncherit de :leurs éhides. Après avoir péniblement défriché;
labouré, semé, ils délaissent -la
Préparés par la
connaissance de tant d'autres choses, ils allaient apprendre
e'nfin â· se connaître eux-mêmes. Mais non : toutes ces
études, qui achevaient chez eux l'honnête homme, leur
semblent superflues. On a beau leur crier que cette déser;.
tiort est un suicide'; ils ne vous écoutent pas; ils nè sentent
pàs le \'ide que, cela laisse en eux. Dieu veuille, ·qu'après
avoir ·refusé ·aujourd'hui de ·, former leur jeunesse aux influences · d'une 'philosophie discrète et sage, ils ne soient
pao livrés plùs -tard sans défense à ces doctrines malsaines,
s
que notre:siècle v9it pulluler, à ces systèmes pervers, qui
troublent tant d'âmes faibles ou ignorantes. MiUe
vantes chimères·vont s'offrir-à eux. Qui les protégera contre
de dangereuses illusions? · En vain se promettent-ils ·de ne
leur donner nulle prise, de ne point penser. de laisser aux
,
et de ne - ivre que pour
v
rêveùrs ces questions
leurs
leurs intérêts et leurs plaisirs; On n'étouffe
pas ainsHaréflexion à son gré. Malgré ·qu'on en ait, l'in-
�--
43
pa;rfois _ .
se
prétémlait)a
_.des
4e:
lm maine; .elle
alorsr qu'elle
que de s'égarer, en se
p:dncipes et
dans cette mer ora.geuse etjrrpnense, do11t·. elle ne connaît
ni les écueils, niles,étoiles! ·
_ _ ._· '> ,
.,
Nous .sotp.mes pressés_, dites-:vous. Autrefois , OllPOUVâit
pqu_suiv.re .à lqiair et avec
r
éducation lipérale ..
_ nécessité llO,ur-•chacvn
.la
de s'assurer de bonne heure . une carrière-nous saisit au
début.de
se .faire un
la
ro)lte; _
est
et
quand .nous •.-en a1,1rons Je loisir•. nolis nous
4e
revenir sur les p(lrties n, gligées
é
nQs
I)On,
jeunes -gens :
_
VQl_JS 'flattez d'ùné . va, ne.
I
espérance. La vie' vpus en
pas.le temps;. e. •e,us....
n
c'est le _
goùt
vous J)laQque.ra.
1\ faut
davantagé cette n9Ur,rittt.-re
lettres
et cette scie)] ce ,de .pons-mêmes, pour _
aimer à .y revenir:
· -Voyez, en effet ,:
q.uiavez
besoin, alors que votre carrière commënce
de fortifier votre éducation littéraire,. c'çst p.our vous,
nos:Cours de Faculté sont surtout
.. Combien .ceen. c,o!Ilpton!) peu pa..rn.ü yous aÙ!()l1r
chaires? Combien peu surtout,Jans nos Conférences po,u r
l;tLicence, où
avec .tantde.pl:'Qfif ·
leurs
du Lycée,? De temps en temps, quel9ue élèvc,au lendemain du Baccalauréat, a la généreuse at!1bitionde
pousser jusqu'au grade . _gpérieur. •· J>,ou:rquoi ce 110ble
s
exemple est-il si peu _uivi? Cette airtlée,_ JJf.e_aiprzf!, .qùe
s
jVI,
de
S\lcçès .au Lycée. Nancy, .·_ a
conql1is avec éclat le titre de iice11cié. Ce titre lui _
portera.
bonheur. En même
qùe M.
sa carrière la plus efficace recommandation, il .sentira
chaque jour davantage la supériorité que
sur
�-· .. 44
emtires·êet•. heiù·eux •· complémeiifile•ses'éŒ'iles'Classiqties;
il.s'ëst fàllliliarisé avec ·lès rria:îtrès :de·la patiolè, 'Il verra
qu'on gagne à avoir fait des Démosthènès 'e t des Cicéron
se!ùimiffetsesg1lidespouflavie'; . ''
;:. ·. ,, .
'Si nous regrettons qne la Licence ès lettres ne soit·· pas
· ainsi la commune ambition de l'élite· de nos Lycées ;. a plus
fortirraisoh,_sommes-nous affligés de voir·cette émulation
·languir·parmi les jeunes ·màitres-ûê ·nos' établissements
mîiversiHtires. Nagueres encore unàrrête ministériel faisàit
dê
grade .de licencié 'une obligation dè .leur·cardère.
Mais depl1is _ l'Université s'est relâchée de cette inesure
qùê
ti<op·
pour ·beauçoup;
qüi·pourtant
avaient Te droit d'fprétendre, se sont rallentis :dans leurs
· efforts. Le :but
semble· trop'éloigrié,' dîsent.iils, ·èFtrop
difficile :à. atteindre ; et là-dessus; .
lieu de redoubler
â'ardeu'r-, ils s'asseyent' les 'bras '
· aux bords ·du
chemin. En vain nous ·les e!lcoùrageons dJune voix amie, .
vain nous leur tendons la rilairl : ils· nous·· suivent mollen'l'erit,;ou ils
quittent, fe·cœur défàillant.:Un de nos
maîtres ·du lycée de
Panay, vient - ourtant
p
dé leur montrer, 'mieux que mes paroles ne sauraient
·faire,
travail docilê etpersévérant .Il
ést sorti Je premier de ladèrnière épreuve; etM: le Rt:ic·iêur·a êonsacré·son sriccès, ·èn lui·confiant unè ·Chaire dans
Je]ycêetrlêrnè, i:>ù;·it venait de' donner cet exeniple. ,Ala
s'essio'n iprêcéderite déjà; MM. Sèh'rnidt; Inaître répétiteur
au lycée
au'lycée'dè Nancy; et Aubert;
de
avaieri.f obtetm-aùssi, non sans -hoiméur, -letitre
de'lièeridê.
l'abbé· Griez complète la:liste trop courte ·
·qui ont réu.ssi cette' année à l' éxamen :i il n?appartient pas àl'Université- ·_ Mais _
.
sonsuccès n'en a·pas·moins
. COnsolé' nOtrè · cteùr 'N()ùS Somrp.es trop hèureUXde Cùnstater,dattsles établi'ssèments
cette· émU'lati.o11 des foi<
tes
ef èette généreuse . concurrencé,
qui pr.omet'des mâîtres instruits· à ·notrejeunesse; , :, - · ·
au .
en
�-·.· .. 45 .·.· · Api·ès > tableau?dk:po's
ce
devrais rendre .· compte .de····nos · Côurs. Et·pourfarttP iéi,
devant.
·.· · .ce compte ne paraîtrait-il · pas. supçrfiu?
N1êtes-vous· pas, .·en ..
pour ·la:· pluparf ;les an'ditëur.s
assidùsde 'nos ·1eçonsl)Ce·que nolis
fait'Van ûernièr;
qûi 'donc parmî· vous à 'besoin 'd'eh
qüe
nous 'nous proposons :dé faire cette annee( chacun ' de.
nOUS;' dans sa
dlo\lverturè; vb:us l'e:iposerâ ,
'bien· mieux.··: tue je ile' SaU:rais ';fa.iré;n:ioilmême. En'edre
c
quelques ·joursconsacrés•aux examens.A .pa.rtir·dutundi
··.
2f ,tous les Gours seronfroûverts/
·•· ··Jlairne· bien·· mieux mentionner: i ci .(ainsi··qued'ailteurs
les·instructions ministérielles.m'èri imposent le '
travaux; par lesquels :plusieurs demos ··professeurs bht
'de 1'ènseigneii'l'éht, .Jêur'
â.Cti--'
signalé/ en
vi té.· Les loisirs 1 que 'la:.ehairê' ·:Iioùs ilàissê.·né sont' :•J>às
.
perdus pour la science. Cette année, M. Mézières a publié
une curieuse et piquante· étude sur les poëtes -contempô-rl:iins ·de
'Grâce à tcè 'travail;entièrement
veau, ·nous avôns ·ptijugèr del''eta.rdu .théâtre Anglais au
moment où le grand dramaturge y débuta, etde l'influence
qû:'il y exerÇa ; et plusHmrs auteurs, éclipsés.·
'par
. l'éd ar dé cèf 1éblouissânt génîe,;
tëmis en
qui méritaient vraimenf'un ' tel.:retour de fortm1e .. Nous
avons vir·1lne fois de plus,· que·lè·; géniele :plus 'original
n'était jaillais 'seul dans ·son 'sièCle;; et qu•.if
·beaucoup à ses ·prédécesseurs et à so'n
y a-t.:.il perdu · quèlque ':chose? .Non pa.s. Le '·vrai g:çarid
homme ·(bien qU'à distariceil ·Semblè grà:rtdir
Pisolélnent, · que le temps·· a fàit aütotlr-de<:ll1i} gagne··à11
contraire à êtrè · ainsi vU de près, et replacé dans sonhp;..;
riion et au milieu de ·ses rivaux. ·Ce n'estpa,s faire tort à
fa·gloire; et .c'-est
· de;'relever leurs bustes··autour de: ia statuê··dominante :et
révérée· du rnaîtrê. Après·avoir lu Je.
�46:. -
et cer{eS, -on
ne
pas moins; · .
, . · .· . ·.····.
·.
.
'· ,l)ansiemème momen,t,.l\f. :Burnouf,., digne héritier d'un .
nom; illustre
la science, punliait, de eonéert avec.un
·de nos compatriotes, Je savant M. Leupol r une granùnaire
sanscrite
pll,lsieurs années., et qJje.JaFrance,.
que .dis-:je? que- l'Europe attendait avec ünpatieoce. Il
à, de pl11s
que -moi,.de_
louer.
ouvrage. ·Mais tout ie
admii:era comme moi .l'ingénieuse sàgacité. Jtvec· laquelle•ces deux philologues Ol,lt.su
reconnaître les lois· esse11tielles de cette langue jusqu'à
.nous· si- mysté.rie,us. ,
e
Je.lllécanisJUe
présentpour_
à la lumière
sûre ·philosophie, et, en la rapprochant
par les analogies les.plus naturelles des Iangue,s
latine, qui eu sont sorties., , la
tout.el}tière à un
petit nolllbre de.règles claires etsaisissaQ.tes. On leur sait
d'entrer si aiséme.nt dans
gré; on-se sait-gré
. les secrets de
sacré, encore hier réservé.à
quesinitiés. L'alphabet européen;employ.é· pouf'transcrire
les -. tnots . sanscrits,. aveçles·.modifications - si. simples et .si
heureuses qu'y aintroduites un autre
nos compatriotes,
M. G.
cputribue
à .faciliter ·aux pr.ofane!)
.·:NO:'Q.&.aim<>.ns à .penser,
Messîeurs, . que .cet .o11v.rage-•est: destiné à v.op1,1laris(lr eu
.
France· l'étude
..presque
encore
et si ,riche en:tré$ors. de touté sorte.• .Ce ser(l. .1:1n grand honneur po:ur ·notre Faculté et ,pour .notre ville, qu'un trayait,
.une si salutaire influence sur
francaise 1- sorti.d'ici. Paris nousl'enviera•.Aussi est:-ce
soit
avec.
orgueU, que
en
Espérons,que. la fortune de cet excellent livre attirera sur
leqrs
avec l'attention du: monde. sav..ant les récompenses ,du Ministère ·de l'Instruction publique ; .et
notre
ville, en signalant .par de. telles productions son zèle, des
étudesr.obtiendra, enfin, pour son établissement universi:M.
�47
-
taire,Jescompléments ·qu; elle; poursuit de
· Jè finis, Messieurs, j.e ne voudrais pas fatiguer
bienveillance. -Je vous remercie. de l'attention que vous
prêtez à mes paroles ; mais je la comprends: Vous se11tez
comme moi tout ce.
y · a :.de- graves:intérêts•engagés
dans ces -questions d'études. ehde c
progmmmes, dont de
vous entretiens. Que le creur du père êLdu citoyen tout
ensemble s'en émeuve,rien de plus naturel. Au milieu ge
cette crise actuelle des esprits, qui emporte notre civilisa,.
tion vers des b?rds inconnus, aulendemain d.e ces chl,.nge•
ments, qui : onf profondémenLmodifié selon le . génie ·du
siècle notre système d'enseigne1Ilent, vous -venez : Ille 4e. .
mander ce que j'en pense pour le présent; ce que j'en
augure pour-:l'avenir. Vous tous. surtout, qui ne ;sauriez
vQir le culte des ,lettresodéchoir un instant; sans .craindre
un abaissement · dans le.. caractère national et la grandeur
de la patrie, vous me questionnez volontiers, comme :une
vigie postée sur la dullette 'pour éclairer. Ja route, sigllaler
·· ·
les écueils, et indiquer les rivages lo.intains;
Il en.est parmi vous, je Je sais, qui, dans.ces der.niè:res
années, se sont trop -alarmés peut-être de la suprématie,
que semblaient vouloir prendre dans l'éducation de -notre
. jeunesse ces sciences· positives, qui · donnent le bieQ.-être
matériel, et -tournenttoutes·les pensées, ·tou tes les passions
vers Ja terre et ·ses vulgaires jouissances. Vous craigniez
que l'esprit d'intérêt et de calcul, qui souffle au. dehors,. et
atteint souvent même les âmes les meilleures, ·ne
jusque dans .nos maisons d'instruètion :et me .:vînt ;flétrir
dans la fleur même de leurs-belles années -le cœu*al;e''nos
enfants. J'ai souvent . même entendR des
·
demander avec tristesse, ce que seraient. ces jeune& géilérations, en qui le v_ nt du 'siècle semblait de pl us en plus
e
détruire le ·sentiment divin de l'idéal, ·et tarir les sour.ces
de renthousiasme. Quant à moi, ce découragement n'a
jamais pu m'atteindre ; j'ai trop de foi dans.les destins de
�- - 48
:''
la.France, et dans .les infiniés: ' ressources m._ rales,,.
o
Üent toujours en réserve .pour l'o.ccasion. Redouter-que
jamaisJa Frànce, où depuis bois siècle.s·Tasfre' des arts
n'a plus qliilté ·l" horizon, soit ·menacé d·e perdre :un jour.
cette divine lumière : que j.&m.ais, . à .force de s'enfoncer
dans le snuci .de •ses,:intérêts matériels,·elle puisse tomber
au ni veau de .· cette puissante ·et maussade-Amérique du
Nord; où le négoce atout absorbé; oü un bon sens pratique mais grossier .et vulgaire' l'ardeur dil gain; l'activité
brl)tale de la vie :nelaissent plus de plaèe aux
reuses et aùx-plaisirs délicats . de rârrie ; c'est méconnaître
le génie de .la patr:ie/ .ce
prédestiné de la civili..
. sation du
.
.
--'Non, rion •: Messieurs, non; rassurons.,.nous . .Non, la
France· ne saurait ainsi éteindre son âme; .et .abdiquer sa
destinée.' Avec tout le siècle, sans
elle travaille
aujourd'·hui à-sa pf.ospérité matérielle;
.explo_ les
ite
trésors dont l'a dotée 'la nature; elle. décuple: sa
;
elle veut égaler J'Angleterre par son industrie et son co m""
merc_; mais elle ne s'y. -absorbe pas. Voyez : •qulun cri
e
généreux se fasse entendre à son .oreille; qu'une noble
cause .lit réclame; .qu'un peuple opprimé appelle à •
sop
aide· cette patronne:'dé lajusticé;;soudain la.: nationentière
a tressailli; deboùt: èllé
lève comme un :seul homme
et: 'met la main sur son glaive p.our défendre ou venger
l'opprimé. :La Francè est toujours le· pàys ;des: Croisades;
e'lle e.sttoujours,prête>à .prodiguer son or eUe. sang de ses
fils partout où 'la .cause du :(iroit,· de l'humanité, ,
civilisation :réclame son appui.-Les plaines de l'Italie etde
la Crimée,proclament assez haut; qu'elle n1a pas .oublié ce
rôle .
Réveillée tout d.'un coup aux sons guer...
riers du clairon, nous avons vil tous les courages, en dépit
dissentiments-de la veille, s1ùiiir sur le·champ _
dans· un
commun enthousiasme; 'toutes les vertus, les héroïsmes.,.
les dévoùements, qui
d'.ordinaire ;dans:le&
�', ..
··-·.-
49
- .·
-·.··
-
: l'Oisirs elle 'biên ..,ètre de ·la paix; faisaiert f aiors. explOston a
·•·.ta:fois. La nation 't()ut 'entière partageait cette ,
ivresse, Tandis que.nds filsou nos frères, .sur
champs
de bataille, étonnaienVle nionde ·par Ie,uts vertus guerrières, .nous ·tous;demeürès ici, dequelle ·ardente sympa.:
. thie.ne les suivioils-nous':pàs au loin? comipej·nous nous
enivrions de leur.vaillance eL de leurs victojres? une sorte
deeontagi.on·d'héroïsme
IlJ:
nation,· ravie parl'etithousiasmëdecegrand speètade, ·en
ressentait la divine'influtmce; elle y retrempait sa vertu; et
s''j retrouvait elle-même.avec un fier sentime,üt• sa des-Ae
tinée. On a pü voir alors que la France, toul en. vaquant au
développement de ses intérêts matériels, n'était nullement
déchue
etque, dans notrepays,:le bien-être
eH'esprit de sacrific. :, P.industrie e( le dévouement ai(.dee
vôir
V,ûûs éit prends àtémoin, vaillants,
qui combattiez à Ma:gentâ 'e t ' à· Solferino . .Certes, les ·do"u"'ceurs d'ttne longue paix et les joltissancès, de .la vie
. 'va1ent point ani oUi vos Murages; et comm·e·vos,pères,.vous
avez affronté la mort sans pâlir; quand la>pafrie; le devoir;
l'honneur du drapeau vous l'ont ordonné.
Que la France soit dol1c fière d'ave>ii' vu refleurir 'ses
. viéux lauriers et de:n'avoir rien perdu de Ja ver.tu qui fait
- les héros, elle enRle droit. Mais
.cependànt:se
montrer moins jalouse de conserver ce génie: des· lettres· et
des arts, et cet amour dés choses de Jlesprit,
n'a pas.èté la moins belle part. de notre. héritage national;
et n'a pas moins contribué que la gloire mêm'e des armes;
à sa grandeur et :à son'ascendant moral? Si,la 'France,' eri
effet, Messieurs, est pour les autres .pêuples ml objet
mira ti on d'envie, ceu1'est 'pas seulement: parce qu'elle
est la plus vaillante 'des nations, mais 'encore.èt surtout,
parce que, grâce à 'l'irrésistible ascendant . de sa:littérature
et de ses arts, elle mène la civilisation,
lum'Î-'"
·neux.foyer destiné aéclàirèr le monde. Ce
et
·
�-
50
- ·
Athènes au sein de l'universla ·Fiancé l'est.au..:
·
·jourd'hui en ·Europe; elle en estla·tête et le cœur; Tandis,
enéffet, que chacun des autrCS-·peuples, enfoncé dans son
egoïsme; ne vit qüepour soi, erne poursuit que son'
.·
térêt, il estu'ne nation prédestinée, qui semble vivre
tout pour le genre hùmain, etc'estla France.. On dirait
qu'eileen porte en elle; comme en une arche, les destinées.
sont tournés sur elle ; elle est la pensée du
Tous · les yeux monde; sa conscience,- sa ·force morale,son ·espérance; et,
dans ses jours·.de trouble, son effroi. Que le génie de la
France s'éclipse un itistant, l'Europe éperdue ne saitplûs .
où matcher; qüe'Ja France, un jour égarée; retrouve sa
voie, le monde autour d'elle. se raffermit et se remet à
marcher à.sa ··lumière. Quel ascendant, Messieurs? · Mais
aùssi quels devoirs cela nous 'impose, pour ne pas laisser ·.
amoindrir en nos mains cette hégémonie ·glorieuse? car ce
n'est pas assez de nous énorgueillîr·d'üne tellè fortune; il ·
en faut ' rester dignes. Noblesse
N'imitons
. point ces Athéniens du temps de Démosthènes; qui, infa.....
tués de la gloire de leurs pères, prétendaient indéfiniment
vivre les bras croisés sur ce bel héritage.
Que faut:.il faire cependant, Messieurs, pour perpétuer
cette do mi nation moràle de :Ja France dans ·le monde? Que
faut...il? Garder d'abord un· cùlte pieux à ceux qui nous
. l'ontacquisé; aux grands penseurs, aux ·écrivains immortels, aux artistes de génie, qui les premiers ont conquis
l'empire à l'esprit, et qui, par l'éclat de leurs œuvres, ont
assuré au dehors la domination de · la pensée · française.
Honorons donc, admirons les chefs-d'œuvre, qui se sont
imposés à l'admiration des autres peuples, et par lesquels
la France est devenue la capîtàle intellectuelle du monde.
Faisons mieux, cultivons-les, fréquentons-les. Entretenons
une intimité salutaire avec ces morts illustres, dont l'âme
respire toujours dans leurs écrits, et qui, après avoir été la
lumière et l':honneur de leur siècle, doivent rester encore
�·-
'51
de leurs œuvres:
de' · ·
dans leur commerce de ces
>
pénsées, où . le · caractère s'élève en
:temps
·que reS.prit. 'En les aimant apprenons à les égaler, autailtqu'11
en
s.. Pour .le
confions-nous à notre
destinee providentielle; La terre de France n'a pas plus
perdu sa fécondité pour produire des pensèurs de génie et
des maîtres du genre humain, que pour enfanter de
vaillants càpitaines. Méritons;seulement, par notre fidélité
à notre passé littéraire, que la Provjdence suscite parmi
nous des hommès dignes de restituer aux lettres francaises toute leur vertu et leur splendeur' comme elle .a
;uscité, du milieu même de .nos tempêtes civiles, u.n
prince magnanime, pour rendre à l'épée de la Francé
son terrible et généreux prestige, et à sa politique l'ascendant dans les conseils de l'Europe.
��
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A name given to the resource
1859 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1859
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6. </li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-19. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.21-30.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté de lettres. p.31-51. </li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1858-59, Présenté par M. Ed. Simonin, directeur de l’École de Pharmacie au Conseil Académique dans la session de Novembre 1859. p.53-59. </li>
<li>Prix accordés par S. E. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.61-62.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1859
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Contributor
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Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1859
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Language
A language of the resource
fr
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/90fee2406403cf9f25007326ae778885.pdf
d6084913db8f27db232c51db9f5c999e
PDF Text
Text
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"
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!
�RENTRÉE SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
��UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉl\HE DE NANCY.
RENTRÈE SOLENNELLE
DES
FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES·
ET DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY.
I.e la Novembre 1858.
NANCY,
yi!
RAYBOIS ET C1E 1 H!PR!ll.-LIBR. DE L'ACADÉMIE DE NANCY,
Place Stanislas, 7, et rue Saint'Dizier, :121>.
18158.
��RAPPORT
llll
. M. Ca. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
MESSIEURS,
Le premier besoin de mon cœur, en cette reunion solennelle, esl
d'exprimer ma pieuse reconnaissance au chef de celle Académie,
qui, dans son estime pour les travaux de notre Faculté des lettres, a demandé et obtenu en faveur de son Doyen la [llus éclatante récompense. Il m'est bien doux aussi,
payant cette dette·
sacrée du cœur; d'y associer ces généreux collègues, qui de leur
côté réclamaient, pour prix de leurs propres services, que leur
afné fût décoré. Que cette démarche en effet ajoute p'our moi à
la valeur de Ia croix? C'est la Faculté toute entière, que le Ministre de l'Empereur a voulu honorer en ma personne. Merci,
chers amis, de vos nobles el fraternels suffrages. Je vous précède:
mais croyez que je ne jouirai pleinement de cette récompense,
que lorsque vous la partagerez tous avec moi, comme vous ave:t
partagé les efforts et les mérites. Voilà désormais mon unique
ambition : je suis silr que ces vœux trouveront un écho au cœur
de tous ceux qui m'écoutent?
· Je dois, Messieurs, comme les années précédentes, vous entretenir dans ce rapport de nos Cours et de nos Examens. Au bout
de quelques années, èelte tâcha sans doute peut sembler hien
�28
ingràte. J'y prends toujours, quànt à moi, un intérêt nouveau ;
et je ne crois pas qu'il soit nécessaire, pour raviver votre atten•
lion, d'y rattacher quelque question étrangère. Car, qu'y a-t-il de
plus opportun et .de plus intéressant toujours, que de parler aux.
hommes chargés de conduire la société, politiques, magistrats ou
prêtres, de la destinée que notre jeunesse lui promet; que
tretenir les familles de l'avenir de leurs enfants ; que de donner à
cetix-ci
conseils sur le seuil de la· vie àétive? :J>our moi,'
qui, après avoir fait des lellres comme la seconde religion de ma
vie, crois si profondément à leur influence morale, que je n'en
saurais voir l'éclat un instant éclipsé, sans craindre un abaissement
dans le caractère national et dans la grandeur de la patrie, je .
saisis volontiers toute occasion pour en redire les bienfaits et en
ranimer la foi au fond des âmes.
Et vous-mêmes, Messieurs, que cette solennité ramène autour
de nous, votre présence ici ne témoigne-t-elle pas assez de l'intérêt que vous prenez au progrès de nos études, et aux résultats de
nos examens.? Si vous êtes curieux, en effet, de connattre les
ressources militaires de la France, la situation de son commerce,
de son industrie, de ses finances, vous ne vous montrez pas moins
jaloux de savoir le mouvement des esprits dans nos écoles, le budget des études, la slatislique des ressources morales que l'enseignement nous prépare pour l'avenir. Voila ce que vous cherchez dans
nos Rapports ; car en même temps que les Facul!és sont appelées
à juger les élèves qui sortent de nos Lycées, elles s'efforcent de
mener ces jeunes gens un peu plus loin encore dans la pratique
des sciences et des lettres. Or, quels résultats ont-elles obtenues
dans cette province en particulier? Quelle est la situation des
études lilléraires et scientifiques dans notre Académie? Comment
nos jeunes gens se partagent-ils entre les unes et les autres?
Quelle influence le nouv.eau -Plan d'études a-t-il exercée sur leur
éducation? Que peut-on augurer des heureuses réformes, qu'une
main aussi discrète que ferme y a pu introduire? Quelle part ces
jeunes gens prennent-ils aux:cours de notre Faculté? Avec quelle
préparation, quel esprit, quelles dispositions va-t-elle entrer dans
la vie ;ctive, cette jeunesse d'aujourd'hui, qui sera la SC)Ciété de
�29
et porte sur sa tête les. destinées futures de la pàlrie l"
Voilà ce que .vous essayez de dégager de nos reilseigne(llents et
de nos chiffres. D'après le niveau actuel de l'éducation publique,
vous cherchez à pressentir dans la génération qui nous va succéder, ·
le degré d'élévation morale et de culture intellectuelle. Plus
même les traditions manquent,aux générations nohvelles pour les
guider dans la vie, après tant de révolutions qui ont ébranlé les
croyances et brisé la perpétuité des principes, et plus vous sentez
l'importance dù rôle que doit prendre dans l'état l'éducation publique, pour préparer par le travail et la discipline au pays, tout
ensemble, des esprits cultivés et des âmes saines et fortes.
l.
EXAMENS.
Nous devons en général rendre cette justice à notre jeunesse
lorraine, qu'elle est laborieuse et. docile. Les examens témoignent
que jamais dans nos collèges on n'a plus travaillé, et mieux compris les obligations de la vie moderne. Nos enfants sentent, que
désormais il n'y a plus de place dans le monde poùr les oisifs, et
que personne ne saurait plus se passer d'un état. La division des
héritages dans la société fondée par 89, l'avilissement de l'or,
renchérissement de la vie, et aussi celte salutaire défiance de la
stabilité des plus solides fortunes, qui est l'enseignement de nos
révolutions, tout contribue â leur donner dès l'enfance l'ambition
sérieuse et ]e souci de se préparer une carrière par le travail.
Parfois même, nous en sommes à regretter que ce souci d'un état
les saisisse ·de trop bonne heure, et donne un caractère servile à
des études, qui de leur natur.e devrai!lrit reste.r libérales et désin.,.
téressées. La pensée des examens obsède leurs jeunes
comme un fantôme. Au lieu d'apprendre pour la joie de savoir et
le noble orgueil d'augmenter ainsi la valeur de leur èlre, ces pauvres enfants travaillent trop souvent comme des mercenaires, qui
ne songent qu'à finir. leur journée pour en recevoir le
Avec un tel labeur, que la joumée parait longue .el le travail in ..
�30
Et que je comprends bien alors cette hâle d'en finir, qui en
pousse quelques-uns â mutiler leurs· études, 'pour venir prématurément tenter les chances de l'examen ! -Imprudents, pourquoi
gâtez-vous ainsi par
impatience ces jeunes années, qui devraient au contraire vous laisser de si doux souvenirs? Pourquoi
détruire ainsi â plaisir le charme de ces études, qui devraient
vous apparaitre plus tard comme l'Eden de votre. vie, mais un
Eden, où l'arbre de la science inclinait vers vous ses plus beaux
fruits, en vous invitant â en manger? Consentez donc à en jouir
un peu : ignorez le but, en vous confiant pour y atteindre aux
maîtres qui vous y doivent conduire : oubliez vos programmes,
brûlez vos manuels : savourez, sans autre souci, le plaisir d'apprendre. Tout le resle viendra de soi-même.
Les examens attestent, dans celle Académie, que les élèves de
nombreux que ceux do
la section des lettres sont trois fois
la section des sciences. Ce résultat du nouveau plan d'études n'a
pas été ici fo1·tuit et passager. La proportion se maintient. Dans
nos. départements des frontières, l'esprit militaire est toujours là
voeation de la plupart de nos jeunes gens, qui se préparent par
les études scientifiques aux Ecoles spéciales. D'un autre côté,
l'industrie, qui fait surtout la grandeur et la richesse de notre
siècle, en -dirige un grand nombre vers les sciences et leurs applications. Ceux même, que notre hri.llante Ecole de médecine attire
vers elle, en demandaient jusqu'à présent l'accès au baccalauréat
ès sciences. !lais ici, du moins, notre sage lUinistre vient de rendre aux lellres l'influence et le rang qu'elles n'auraient jamais dû
perdre. Les Facultés de médecine de Paris et de Montpellier
réclamaient depuis longtemps pour leurs élèves l'obligation d11
baècalauréat ès let!res, comme une garantie d'une éducation. plus
libérale, Po'ur moi, Messieurs, je ne me demande pas ici, si la
littérature prépare mieux que les sciences â cette profession si
haute de médecin ! mais, dans cette récente mesure du Ministre;
je .suis heut·eux surtout d'entrevoir un progrès de plus vers le
rétablissement de celle. éducation générale, où l'on forme les esprits.etles cœurs des jeunes gens par une.cult.ure encore désintéressée, avant de leur ouvrir les carrières spéciales. On revient du
�3i
plus en plus â la pensée, qu avant
mi!Hah:!-!s,
des avocats, des médecins ou des ingénieurs, il faut en faire des
bommes; et que si les sCiences vous apprennent ·un étal, les let..
tres vous apprennent la vie; et que seules elles ont la vertu
morale de former Phonnête homme et le bon citoyen.
Sur cent quinze candidats seulement qui se sont présentés aux
épreuves du baccalauréat ès lettres, soixante Qnt été reçus et
cinquante-cinq ajournés. Parmi les •heureux, il ne s'en est
tant pas rencontré un seul, à qui nous pussions donner la ·note
très-bien, onze seulement ont été reçùs avec la mention bien, et
quarante-neuf avec assez bien. Quant à ceux que nous avons du
renvoyer à la session· prochaine, quarante-'quatre ont échoué dans
les compositions, et onze à répreuve orale.
C'est là, l\lessieurs, un résultat bien médiocre, quand on compte
dans cette Académie tant d'établissements prospères d'enseignement secondaire; quand, autour des florissan(s Lycées de Metz
et de Nancy, qui mènent le chœur, on voit marcher à l'envi sut
leurs traces le jeune et déjà vaillant Lycée de Bar, les colléges
de Lunéville, de Verdun, d'Epinal, et .tant d'autres qu'anime
émulation généreuse; quand, d'autre part, on voit s'élever et
grandir partour; dans une libre et loyale concurrence, tant d1éta,..
blissements ecclésiastiques, au milieu desquels se distingue le
collége Saint-Clément, à Metz. Certes, avec de telles armées, on
devrait compter sur des batailles plus décisives et plus brillantes.
Mais, en général, on dirait que d'année en année, en même
temps que la proportion des candidats reçus augmente, les examens se nivellent dans une moyenne d'une commune médiocrité =
les héros s'en vont ; ou, s'il en apparaît encore à de rares intervalles, ce n'est pas sans garder de la .nature commune quelque
tache, qui obscurcit l'éclat de leur vertu.
A quoi cela tient-il? Les esprits distingués deviendraient-ils
plus rares? A Dieu ne plaise. Mais leurs études offrent trop sou ..
vent de regrettables lacunes. Nous avons vu bien des candidats,
dignes d'une meilleure fortune, compromettre leur examen, p!>ur
y être venus prématurément, en supprimant leur classe de logique;
on sacrifie la philosophie et les sciences comme accessoires.·. Pré1
�32
jugé déplorable,
lequel nous. ne cesserons de .protester.
Pourquoi donc, jeunes gens, après tant d'années. consacrées à
votre éducatio.n, pourquoi découronner ainsi le cours de vos études?- C'est une année perdue, diles'-voùs. Qu'y .apprend-on?......,
Rien en effet qui vous intéresse, Parve.nus au terme. de vos études
classiques, on vous en montre l'ordre, runité et les fruits : mais
surtout, ori vous apprend .à vous recueillir en vous-mêmes, pour
y retrouver les principes. et les lois qui régissent notre nature mo..
raie, et à mieux vous connaître, pour mieux, vous conduire. Ne
me dites pas que la religion vous a suffisamment instruits de·. ce
que vons en vouliez savoir; non, non, à votre âge, et près d'entrer. dans la vie:, c()Ù vous allez partoùt rencontrer sur vos pas bien .
des obscurités, les problèmes les plus troublants, les passions les
plus inquiètes, non, cen'estpas. trop, pour vous éclairer de toutes
les lumières, de tous les appuis pour vous soutenir. Laissez donc
votre esprit mtlrir et se fortifier dans l'exèrcice des questions
taphysiques 1 laissez. votre âme s'élever dans la contemplation des
iternelles vérités. - Consentez en même temps à pousser plus
loin vos études scientifiques. Que la pratique des mathématiques
(n'etlt-elle pas d'autres résultats pour vous) vous forme au raison·
nement r.igoureux, à l'enchainement des idées, aux conclusions
nettes. el fermes. Que la physique et la chimie, de leur côté, aient
au moins le temps de vous faire. entrevoir quelques-uns des secrets quele Prométhée moderne arrache à. la nature devinée et
asservie, quelques-unes de ces lois mystérieuses de la création,
que la bonté de Dieu découvre au génie de l'homme, comme pour
l'associer à la collaboration de son_œuvre toute puissante.
Une autre faiblesse des épreuves, c'est le discours latin. Mais
nous. avons lieu d'espérer, que cet exercice si utile de l'art d'écrire se relèvera dans nos collèges. Le ministre, qui préside aux
destinées de l'instruction. publique; justement inquiet du déclin
des étudeslatiries parmi nous, s'est empressé d'yapportede plus
efficace remède, en faisant du discours latin l'épreuve fondamen·tale. et décisive du baccalauréat. Plus d'alternative possible désormais, dans les compositions, entre le latin et le français : plus
de charices d'échapper à. cette langue de Rome si redoutée des
�33
mauvais élèves. lin'a pas manqué, sans doute, d'esprits. superfi,.
ciels et ignorants, pour se récrier contre ces tendances rétrogrades.;
du latin au
siècle! à quoi hon? 1\'lais nous,- Messieurs, qui
savons bien, qu'il n'est pas de meilleure gymnastique pour déve.;.
lopper les jeunes
pas de meilleur exerdce pour ap.,.
prendre à écrire avec. cetté précision, ce tour, cette harmonie
savante, qui mettent une pensée dans tout son relief et son éclat,
rendons gràèes à ce Ministre, restaurateur des études, qui, formé
lui-même par les lettres antiques, s'estempressè de relever d'une
main pieuse leur sanctuaire à
Grâce à lui, le latin a
repris la première place dans l'éducation classique. Car, comme
un barrage établi sur un ruisseau en fait refluer les eaux
jusqu'à une grande distance, cette. mesure, touchant le bacca...,
lauréat, doit faire sentir de classe en classe son utile .influence;
on se préparera au discours par des thèmes, aùx thèmes par
une étude plus sérieuse de la grammaire. Apprendre â écrire
en latin n'est pas, en effet, l'affaire d'un jour; il faut s'y préparer de longue n:îain. Espérons donc qu'elle va se relever dans
la discipline. de· nos études, cette. belle et forte langue latine, qui
avait été jusqu'ici l'école de J'esprit humain; que notre langue
française et notre génie national continueront de s'y retremper
comme à leur source la plus pure; et que l'esprit de nos enfants
s'éveillera encore,· et que leur àme se formera dans la fréquentation familière de ces œuvres de l'art antique, que les nations civilisées révèrent comme les modèles éternels de la raison, du bon
sens et du golî.t.
Comme le baccalauréat, la Licence se ressentait de la décadence
des études latines. Aussi, tout en constatant chez beaucoup de nos
candidats de grands efforts pour y atteindre, ne pouvons-nous encore signaler de grands succès. La plupart nous arrivent avec de
premières études en grande partie manquées, toujours insuffisantes et trop lontemps interrompues. Quand ils songent â la licence, il leur faut reprendre leur éducation littéraire par .ses fon..:
dements, pour en réparer l'édifice entier; Nous ne
moins assez louer ici le· courage et la persévérance de
. l) , ·.; ·
entreprendre sous notre direction cette
laborieuse. Si
3 \
�34
candidats seuJ·emenl ont pu cette année encore être admis à l'ex amen, si trois seulement ont été Jugés dignes du grade, MM. de
Laage de la Rocheterie> Pellegrin et Charauœ; ce n'est pas
toutefois à .ce petit nombre ni des élus ni même des appelés, qu'il
faut apprécier l'émulation sérieuse, que ce grade excite dans notre
Jeunesse universitaire. Tous ceux qui s'y préparent ne descendent
pas dans la lice : ils savent docilement attendre l'instant de maturité que nous leur marquons
Et nous pouvons dire,
en voyant leurs efforts et leur confiance dans nos conseils, que
l'enseign·ement intime que nous leur donnons n'est pas la part la
moins féconde et la moins douce de nos travaux.
Si la dernière session d'examen pour la licence n'a pas assez
répondu à nos espérances, il nous était permis de trouver quelque consolation dans le succès du jeune Gérard de Nancy, qui,
après avoir été plusieurs années l'auditeur assidu de nos
renees, vient d'être reçu le troisième à l'Ecole normale supérieure.'
Nous n'avons pas eu cette année, plus que les précédentes,
casion de décerner le grade de Docteur. Est-ce que personne ne
songe â le conquérir? Non pas : mais jaloux de maintenir l'honneur de ce grade élevé, nous repoussons toutes les thèses médiocres ; et tandis que notre sévérité décourage tous ces candidats
équivoques, qui n'appuient pas leurs prétenliuns d'un mérite assez
solide, les aspirants vraiment distingués continuent de leur côté
de porter leurs thèses devant la Faculté de Paris, qui offre à leurs
succès Jlll plus grand théâtre.
n.
ENSEIGNEMENT.
' Sur notre enseignement, Messieurs, dont j'ai maintenant à vous
entretenir, je serai bref. Qu'ai-je à dire désormais, en effet, de
l'esprit qui nous anime, de notre conspiration à défendre les éternelles vérités de la morale et du goüt, el à fail'e servir la culture
de l'intelligence à éclairer là conduite de la vie? Nous ne sommes
�plus nouveaux parmi vous; et vous avez pu juger vous"mêmes
de l'arbre par' ses fruits.
Philosophie. M. A. de Margerie, vous le sav.ez, a consacré son
Cours de l'an dernier à l'analyse des deux facùltés, qui font de
l'homme un être moral, la raison et la volonté libre. En étudiant
la raison, il s'attachait surtout à ces idées du vrai, du beau et du
hien, qui en sont comme les. faces diverses, pour y chercher les
principes éternels de la science, de l'art et de la morale; opposant
aux résultats de son analyse les conséquences funestes, qu'entraîne au contraire la doctrine du sensualisme, aussi bien dans la
science et dans les arts que dans la conduite de la vie. Mais s'il
se plaisait à glorifier la ·raison humaine dans son légitime exercice, il a dû en marquer les bornes, et reconnaître tout ensemble
son insuffisance pour résoudre tous les problèmes qu'elle se pose,
et le besoin qu'a l'humanité d'une lumière supérieure pour l'éclairer sur sa nature et sa destinée. Pareillement, tout en restituant à l'homme sa pleine liberté, il a été obligé de confesser qu'à
son tour cette noble faculté, sollicitée sans cesse par des intérêts
égoïstes, dont la présence ne se peut expliquer que par quelque
grand trouble apporté au plan primitif du Créateur, ne se suffit
plus à elle-même pour arriver au bien, et réclame un secours
d'en haut. - Cette année, le professeur traitera de la Morale sociale, en partageant naturellement son cours entre les devoirs de
la vie domestique et ceux de la vie civile. Après avoir établi d'abord (puisque cela a été contesté) que l'homme est fait pour laso, ciété, et ne peut arriver qu'à '!lette condition au plein développement de son intelligence et de sa moralité, il montrera (au rebours
de ces novateurs, qui prétendent recGnstituer l'état sur la ruine
de la
que celle-ci est au contraire la société primitive et
fondamentale. L'examen des relations diverses, dont l'ensemble
constitue la famille complète, amènera le professeur à étudier les
devoirs qui naissent de ces rapports et la façon dont les différents
peuples les ont entendus. A propos du mariage, par exemple, de
l'éducation publique ou privée, de l'esclavage, il aura à qomparer
l'esprit nouveau, que le christianisme a introduit dans la société
�36
domestique, avec l'organisation de la famille chez les peuples, qui
se sont développés en dehors de l'Evangile. -Puis viendront les
devoirs de la vie civile. Tout en laissant de côté le point de vue
politique et l'organisation de l'Etat, que de questions intéressantes
vont ici encore s'offrir de· toutes parts au professeur? .Question de
la propriété, par exemple, et de l'inégalité des conditions; des
devoirs réciproques du riche et du pauvre, et du rôle de la bien·
faisance publique et de la charité privée; question de l'instruction
populaire et de la manière de la répandre, pour qu'elle contribue à moraliser le peuple en même temps qu'à l'éclairer: Ques'tion des obligations des citoyens envers l'Etat, et de la mission de
l'Etat considéré comme gardien de la morale publique; tels sont
les problèmes principaux, où s'arrêtera volontiers le professeur,
en, s'attachant. à réfuter à ce propos les sophismes contemporains,
aussi bien que les préjugés antiques, que Platon et Aristote ont
consacrés de leur nom. Quel curieux programme, Messieurs? et
après tant d,audacieux paradoxes, où les rêveurs de nos .jours
ont attaqué toutes les bases de l'institution socialé, quelle satisfaction n'éprouverons-nous pas à revoir un maître dont la sagesse et
léS généreux sentiments nous sont assez connus, replacer les principes de la société sur les fondements étemels du bon sens et de
la justice établis par Dieu même ?
Histoire. - L'an dernier, M. L. Lacroix, après avoir passé à
Rome ses vacances à errer du Palatin au Colysée, venait vous
retracer simultanément l'effort de la Rome impériale pour étreindre,,
et dominer dans une administration puissante cet empire de l'univers, que la République lui avait légué, et les progrès de l'Eglise
chrétienne, ensevelie d'abord sous les ruines du vieux monde,
mais y grandissant au milieu des tempêtes, pour en recueillir un
jour l'héritage. Il a suivi ces deux puissances dans le développement de leur organisation et leur antagonisme, jusqu'au jour de
réconciliation, où, après une lutte de trois siècles, Constantin .
embrasse le Christianisme. Mais lorsque 1e monde ne songe plus
qu'à jouir de l'ordre et du repos sous l'abri de l'Eglise et de
l'Empire enfin pacifiés, vo}là que d'autres orages se lèvent à l'hoJ
�37
rizon : le sol tremble de nouveau ; les barbares menacent sur
toutes les frontières. Le génie de Théodose suffit à peine à conjurer un instant le péril. L'èmpire, travaillé depuis longtemps par
mille causes de dissolution, ébranlé par le choc des barbares,
s'écroule d'une chute définitive et couvre le sol de ses débris.
Avec l'empire des Césars, l'antiquité est finie, et le Moyen âge
commence. Comment de ces ruines la Providence, dans sa merveilleuse alchimie, fera-t-elle sortir le monde moderne: comment
les barbares, assis sur les ruines de la civilisation antique, serontils en partie conquis et transformés par elle : quel esprit, quelles
mœurs nouvelles vont-ils mêler à ce génie du vieux monde qui
les subjugue : avec quel succès l'Eglise, qui n'a pu sauver l'Empire, va-t-elle présider à cette création complexe des nations
modernes, dans cette période de 'quatre siècles qui s'étend de
Théodose jusqu'à Chademagne; telle sera la curieuse époque que
M. Lacroix se propose d'étudier cette année avec vous. Si ces
temps nous étonnent d'abord et nous troublent par leur confusion,
il n'en est peut-être pas cependant, dont l'histoire prenne plus
d'intérêt et devienne plus instructive, quand on l'illumine de sa
vraie lumière, et qu'on y voit les principes et les lois secrètes,
qui ont présidé à la reconstruction du monde. Or, qui saurait
mieux en éclairer le chaos apparent, que le maître, dont vous
avez pu déjà maintes fois apprécier les vues élevées dans la philosophie de l'histoire? Vous tous donc, qui, préoccupés des destinées du genre humain, cherchez par l'expérience du passé à
éclaircir les problèmes de l'avenir, venez voir agiter en ces temps
orageux de transition les questions sociales qui nous troublent
encore aujourd'hui ; venez apprendre quelles sont les véritables
conditions d'existence d'un peuple, les symptômes de l'irremédiable décadence, les moyens par lesquels une nation peut se
régénérer; venez vous instruire des secrets de cette mystérieuse
. palingénésie des sociétés, et savoir quelle est la puissance qui
ravive chez un peuple les sources de la vie prête à tarir, ou qui,
sur le tombeau des nations à jamais condamnées, suscite des na·
lions nouvelles.
�38
littérature anoiennê. - M. E. Burnouf étudiait
.
ment l'année dernière la comédie grecque et ·le drame indien ; et,
les rapprochant souvent l'un et l'autre malgré la diversité de leur
nature, il se plaisait par là à meUre en relief lës ·traits les plus
saillants du génie athénien et du génie des peuples de l'Inde. Ces
tableaux surtout de la vie domestique, telle qu'on la menait il y a
deux mille ans, et telle qu'on la mène encore aujourd'hui au pied
de l'Himalaya, vous intéressaient d'autant plus que le hasard des
événements ramène aujourd'hui l'attention du monde sur ces
vieilles et mystérieuses races; en vous en expliquant l'antique
organisation sociale, le savant professeur vous donnait le mot de
l'énigme du présent. - Cette année sera consabrée à la Comédie
en
latine. Sans doute les Romains ne sauraient pas plus
parallèle avec les Grecs dans les œuvres dramatiques, que dans
les autres productions des arts; iéi, comme partout, ils n'ont été
que de glorieux plagiaires; et leur
n'est guère qu'une
dépouille d'Athènes. C'est une êhose même digne assurément de
que ce peuple Romain, lé premier peut-être de
nos
l'antiquité par le génie militaire, le premier certainement par
Pesprit d'organisation qu'il a porté partout, se montre dans les
arts à peu près incapable d'aucune production originale ; au fond
même, toujours barbare, il préfèm les jeux
de l'amphithéâtre au paisible et intelligent spectacle des œuvres de l'esprit.
Le théâtre de Plaute et de Térence (bien qu'ils n'aient·guère fait
qùe traduire en latiri des pièces de la Moyenne et de la Nouvelle
Comédie athénienne) ne laisse pas toutefois d'offrir un grand inté·
rêt. Car1 outre que ces imitations latines nous permettent de juger
du théâtre de Ménandre et de Philémon (qui sans cela était entièrement perdu pour nous), la vie romaine nous apparait dans ces
pièces, en dépit de leur origine grecque, dans la familiarité de
ses mœurs domestiques. Nous y surprenons, pour ainsi dire, daus
le déshabillé de la vie privée, ce peuple-roi, que nous ne connais-.
sions guère jusqu'ici que se drapant dans sa majesté théâtrale
pour étonner le monde. La Comédie, comme les ruines de Pompéii, nous livre les secrels de cette société saisie dans l'intimité
de ses pensées, de ses vertus, de,ses vices. Le professeur la ressus-
�39
citera sous "os yeux,· àvec cette érudition
et cèHe. imagination vive et curieuse que vous lui connaissez, qui rendla vie;
à tout ce qu'il touche, et fait apparaître avec un air nouveau tout
ce que nous croyions le mieux savoir.
Littérature française. - Nous nous proposions l'an dernierd'achever l'étude des lettres françaises au XVIIe siècle. Mais, sous
le charme du sujet, nous nous sommes si bien oubliés auprès de
certains hommes et de certaines œuvres, que la fin du cours nous
a surpris bien loin encore des hornes de la carrière. Qu'importe,
du reste, ce retard, Messieurs, si en éprouvant comme moi la
fascination de cette incomparable époque, vous vous'y ètes avec
moi intéressés et instruits? Pour en achever le tableau cependant
il nous reste à esquisser encor(! Phistoire de l'Eloquence religieuse,
qui jette sur le siècle tant de splendeur. Bossuet,. Bourdaloue,
Fénelon, Massillon nous retiendront pendant les premiers mois
au pied dè leurs chaires. Et combien, ici encore, n'aurons-nous
pas de peine à nous détacher de ce groupe d'admirables génies,
qui par l'ardeur de leur foi et la beauté de leur parole rappellent avec tant d'éclat le IVe siècle de l'Eglise? Mais malgré soi il
faut avmicer. Déjà Massillon signale les symptômes d'un èsprit
nouveau; l'édifice monarchique, élevé par Richelieu et Louis XIV,
menace ruine : l'esprit de scepticjsme se réveille plus hardi que
jamais : toutes les autorités sont ébranlées : Bayle a préparé
l'arsenal des philosophes : à Louis XIV vient de succéder Voltaire, qui sera le roi du XVIIIe sièle. Le tableau de celte mémorable époque de l'esprit ft·ançais remplira le reste du cours de
cette année et ,nous acheminera vers la Révolution. Pour nous,
1\'Iessieurs, les fils et les héritiers de cette génération à la fois si
glorifiée et si maudite, en repassant sur ces traces, en retrouvant
toutes les questions qu'elle a soulevées et dont plusieurs pendent
encore irrésolues sur nos têtes, nous tâcherons de reconnaître
avec impartialité la part du bien et du mal dans ce qu'elle nous
a légué. D'où vient, en effet, que cette société, animée d'un si
noble esprit de tolérance, d'un vrai amour de l'humanité et d'une
sorte de culte pour la civilisation,, n'ait été puissante qu'à dé-
j
�40
truire, impùissante à fonder? C'est que l'idée de Dieu en était
absente-; enivré de lui-mê.me, ébloui de sa raison, l'homme, en
perdant la vue du ciel, avait perdu le sens de la terre; et ses aspirations les plus genéreuses l'égaraient souvent dans de folles
utopies. Aujourd'hui que ces doctrines bonnes ou mauvaises ont
fait leurs preuves, il est facile de juger sans passions les idées et
les hommes de ce temps.
Littérature étrangère.- Jé n'ai besoin de rappeler â aucun
de vous, Messieurs, le Cours si instructif et si aimable, que !I. Mé·
ziéres faisait l'an dernier sur les deux grands écrivains, dont
gleterre se glorifie au XIX6 siècle, Byron et Walter Scott. Nous
n'oublierons jamais tant de charmantes leçons, dans lesquelles le
professeur, analysant les œuvres du romancier écossais, suivait
les développements de son érudition et de son génie, et montrait
comment chez lui la science historique et l'imagination romanesque s'unissaient dans une harmonieuse alliance, pour enfanter
tant d'intéressantes fictions plus vraies que la réàlité, et belles
comme l'idéal. A ce poëte si sage et si heureusement tempéré, le
professeur a opposé dans un complet contraste l'orageux. Byron,
livré au contraire à toute la fougue de son ardent génie et de ses
passions désordonnées. Avec quel sentiment profond de sa grandeur et de sa misère, ne nous a-t-il pas rendu ce Prométhée de
la poésie moderne, en révolte contre toutes les croyances, les
traditions, les sentiments sacrés de son pays et de son temps, en
lutte avec son propre cœur, que l'orgueil dévore comme un vautour, et qui lrouve au fond même de son amer scepticisme l'inspi·
ration lyrique? - L'an prochain, M. Mézières revient à l'Allemagne, dont il étudiera la renaissance littéraire â là fin du XVIIIe
siècle. Jusqu'alors, vous le savez, la docile Allemagne, subissant
l'influence des lettres françaises, s'épuisait dans une imitation fade
et stérile. Mais enfin elle voulut être elle-même. Ce n'est pas
sans effort toutefois, qu'elle reconquit son propre génie. Tandis
qu'ailleurs, en effet, la critique n'èst venue qu'â la suite des
œuvres originales pour les analyser; ici, c'est la critiqu'e, qui,
affranchissant enfin l'esprit allemand, a provoqUé son essor et lui
�41
. a marqué savoie. Au signal parti de l'école de Zurich; KlopstOck,
Lessing répondent, appuyant leurs théories littéraires . par des
chefs-d'œuvre. Mais c'est surtout en s'opposant au 'génie mieux
connu des autres nations, et en remontant à la source des littéra, tures primitives, que le génie allemand se retrouve. Winckelmann
et Woss les premiers rouvrent aux modernes la Grèce antique
jusqu'alors défigurée, et nous rendent ainsi le sentiment de sa
poésie .et de ses arts. Auprès. d'eux, voici Herder, qui embrasse à
la fois la philosophie et l'histoire, les féconde l'une par Pautre,
et y secoue les éblouissantes étincelles de son génie ; voici Gœthe
et Schiller, qui préludent par des discussions sur l'art à leurs
œuvres si originales. Dans la revue de ces grands écrivains,
M. Mézières s'appliquera surtout à signaler partout le caractère
singulier de cette littérature unique, préparée ainsi et enfantée par la
critique, mais par une critique éminemment originale elle-même,
qui ne se horne pas à suivre les œuvres d'art pour les interpréter
avec un bon sens timide, mais qui entre hardiment dans leur
génie, comprend tout, embrasse tout, fait appel â toutes les facultés de l'âme, porte l'inspit·ation dans la théorie, et retrouve le
secret des œuvres les plus franches, en s'élevant par l'imagination
à l'enthousiasme qui les a créées.
Cette semaine, Messieurs, appartient encore aux examens, et
nos Cours ne seront ouverts que lundi prochain. Je ne doute pas
que cette rentrée ne nous ramène, comme les années précédentes,
cet auditoire nombreux et fidéle, que la belle saison disperse tou•
jours en partie. Pour l'élite de notre intelligente population, nos
entretiens littéraires sont devenus comme un aliment de l'esprit,
dont on ne saurait plus se passer. Combien, en effet, ont été touchés de la vertu des lettres, et, après avoir donné la journée aux
affaires, s'estiment heureux: de venir' relever et reposer leurs pen ..
sées dans la contemplation des choses de l'âme? Je les loue et les
remercie de leur fidélité. Leur présence nous fait du bien; mais
elle ne nous suffit pas encore. C'est à vos jeunes fils, iUessieurs,
que nou<> en v"oulons de
c'est vous, jeunes gens, surtout, que nous voudrions voir plus empressés de jouir de ces le·
çons de philosophie, d'histoire et de littérature, qui doivent compléter en vous l'éducation de l'honnête homme.
J
�42
On vous louait récemment, jeunes gens, de valoir mieux que
vos pères. Quoique à mes dépens, j'y souscris, inais non sans
quelques réserves. Car, si je' ne craignais pas de passer déjà pour
un radoteur en vantant les choses de ma jeunesse, je rappellerais,
qu'à défaut de tout le reste, nous avions du moins sur vous l'a, vantage d'apporter aux études littéraires et philosophiques, une
passion bien autrement ardente et désintéressée. Quelle curiosité
excitait alors une nouvelle doctrine sur l'art? quel fanatisme, une
œuvre poétique nouvelle? de beaux vers nous enivraient; une
page éloquente nous donnait la fièvre. Nous aimions ;à nourrir
dans le commerce assidu des beaux génies notre soif divine de l'idéal, et nous y savourions cette inquiétude généreuse, qui détache
nos pensées des intérêts vulgaires, pour les reporter en haut. Ces regrets du passé vous font sourire, enfants. Chimères, ditesvous :je le veux bien;
c'est par la chimère que l'homme est
grand; et j'aimerais à vous voir un peu plus chimériques.
Sans doute, dans votre dédain des lettres, vous ne faites que
suivre le mouvement du siècle. Les lettres, qui ont été autrefois
une des gloires de la France, ont perdu de leur faveur parmi
nous; elles ont dû expier ainsi l'abus qu'elles avaient fait de leur
puissance. Mais, en France surtout, leur culle ne saurait souffrir
qu'une éclip>:e passagère. Il f:mrlra hiPn qu'on y revirnne : on y
revient déjà. Le spectacle grandiose des arts matériels et de l'industrie, l'émulation des intérêts, le désir même de faire fortune,
toutes les énergies de l'argent et du commerce pour accomplir
tant d1 utiles progrès, ne sauraient prescrire contre les exigences
de l'esprit, et longtemps suffire aux besoins immortels de notre
imagination et de notre cœur. Vous aurez beau jeter en pâture à
votre âme les affaires et les plaisirs: en vain tâcherez-vous de la
distraire d'elle-même par l'appât des folles espérances; vous pouvez hien par là lui_donner un instant le change. Elle finit toujours
par faire en elle-même des rentrées soudaines; elle se cherche,
dans les intervalles de dégoût que lui laisse sa vie quotidienne,
poussée par l'instinct de sa destinée supérieure. Mais quel n'est
pas alors son ennui, lorsqu'à ces heures de lassitude, elle ne retrouve daijs ce fond intérieur, qu'une morne solitude et un désert
�43
sans échos? Pour· s'y complaire, jeunes gens, il faut avoir eu soin
de remplir et d'orner de loin cet intérieur de notre âme. C'est
pour cela que je vous invite aujourd'hui, quelle que soit la profession spéciale qui vous entraine, à réserver chaque jour un instant
de recueillement pour méditer les vérités éternelles, et pour fréquenter ces morts illustres, qui par· leurs livres daignent encore
venir converser familièrement avec nous, comme jadis les maitres
de l'Olympe vi.sitaient la
de Philémon. Aimezà rouvrir
èes œuvres presque divines, où l'âme humaine reconnaît sa ressemblance avec le Créateur. Cherchez dans la culture des lettres
ces sereines retraites; où, fatigués de la vie, vous sentez votre esprit se dilater et votre cœur battre plus libremEJnt. Souvenez-vous
alors que nos Facultés ont été instituées au milieu de vous pour
garder en notre temps et vous dispenser ce dépôt sacré des lettres, comme les cloitres et les ordres studieux aux jours barbares
du moyen âge conservaient pour des temps meilleurs le double
héritage des vertus chrétiennes et des connaissances humaines.
TABLEAU DES EXAMENS.
Il
l
SESSION
1
2Î 1
"'·:!! .:::
"'""'
c "'
"'"'
ro
'""'
"'
Il
............
de
décembre
d'avril.
50
ADMIS
AJOLit:XÉS
pour
à
les
preuve
compoorale.
sitions.
l'é-l
TOTAL,
- - 15
1
.
14
trèsbien.
bien.
assez
bien.
1
TOTAL.
- - - -5
»
16
15
-- - - -- - - - - - - -- -24
:10
61
21
2
12
8
29
5
»
9
12
27
52
-- -- -- -- -- -- - - - d'août.
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44 '-;:-
»
-
0
11
............
49
-
60
J
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1858 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 15 Novembre 1858
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6. </li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-16. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.17-26.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.27-43. </li>
<li>Fragments du rapport sur l’année scolaire 1857-58, Présenté par M. Ed. Simonin, directeur de l’École de médecine et de pharmacie au conseil académique dans la session de Novembre 1858. p.45-57.</li>
<li>Notes. p.58-59. </li>
<li>Prix accordés par S. E. M. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.61-62.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1858
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1858
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Information about rights held in and over the resource
Fichier placé sous licence Etalab (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence- ouverte-open-licence-5899923.html)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/3f01baa530f90d4c12fb9d7833848cf6.pdf
bd18a6a779bef8447bbc28c5ad296270
PDF Text
Text
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!
�RENTRÉE SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR.
�UNIVERSITÊ IMPÊRIALE.
ACADÉMIE DE NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET DE
L'ECOLE
MÉDECfNE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
Le 20 No-vembre J.SGO.
NANCY,
IAIPRIMERIE DE Ve RAYBOIS, UIPRIMEUit DE L'ACADÉMIE,
Rue du faubourg SÙmis!as, 5.
1860
��RAPPORT·
M. CH; BENOIT, DOYEN DE LA FACULTË DES
MoNSIEUR LE RECTF.UR
. MoNsiEuR LE MARÉCHAL, •
MESSIEURS •
. Ce sont encore des Rapports, que vous entendrez aujourd'hui. J'avais souhaité pour cette solennité autre chose
qu'une statistique de eours et d'examens. Je voulais que
. chacun de nos professeurs eût à son tour les honneurs de
la séance, et développât· devant vous quelque grande ques-.
tion de science ou de littérature. Quand un Corps réunit
dans son séin presque toutes les branches des connaissan-·
ces humaines et compte taù,t de voix éloquentes, il est
naturel qu'tm aime à s'en parer. Quel intérêt. varié n'eût
pas donné à rios séances annuelles de Rentrée un libre discours, où chacun de nous, physiciens, 11aturalistes, médecins, lettrés, sortant du cabinet ou du laboratoire, aurait
particulièrement considéré le rôle des sciences morales ou
naturelles dans les· destinées de notre société moderne 'l
M. le Recteur avait bien 'voulu entrer dans ce dessein,
qui faisait désormais de cette séance une vraie fête de
�-.
28
resprit, digne œêtrë.offerte à cétte assemblée d'élite. Mah
des difficultés sont vènues d'ailleurs:
ilrn'a fallu, non
sans regret, renoncer à mon beau. rêve.'
.
· Vous n'aurez Clone de moi, Messieurs, que le Rapport ordinaire. Le sujet en esttoujours à peu
même. Mais
ces inévitables redites ne m'inquiètent
Jè""ne suispas
homme à essayer. des tours de force pour en éviter la monotonie, et à brode:r de l'esprit sur une trame usée. Le
sujet d'ailleurs, quelque rebattu qu'il soit, est assez intéressant· en lui-même pour ne lasser jamais. Il y a des lieux
communs dont on est toujours avide, parce qu'ils nous
entretiennent de ce qui nous tient le plus au cœur.
Qui donc parmi vous, Messieurs, a besoin qu'on lui fasse
sentir l'importance_de tout ce qui touche à l'éducation de
nos enfants'! Jamais (on,le peut dire à l'honneur de notre
temps), jamais cétte éducation n'a été, de la part des parents et de l'Etat, l'objet d'une plus vive sollicitude. Dans
notre société moderne, où chacun est fils de ses œuvres, et
o.ù rien ne saurait plus suppléer désormais au mérite personnel, l'éducation a pris une importance souveraine. Les
parents sentent que tout va dépendre de ce laborieux
apprentissage de la vie, que c'est là le seul héritage qu'ils
puissent léguer à leurs fils, qui soit à l'abri des révolutions
et des vicissitudes de la fortune. Les enfants eux-mêmes,
avec un instinct précoce des exigences de leur temps,
comprennent que ces années vont décider de leur carrière.
Et la patrie suit et dirige tout ensemble avec une attention
vigilante. dans s.es tendances diverses cette élite de la jeunesse, qui porte en' ses mains les destinées de l'avenir.
Ap milieu de nos crises sociales, la loi de l'enseignement a
été pendant quinze ans le champ de bataille des partis.
Tous pressentaient que de la direction imprimée par
l'éducation à la jeunesse' dépendait en grande partie la
solution du problème social.
Depuis quelques années surtout, que le système de notre
et
�29
enseignement public a été profondémentm:odifié selon· les
besoins du siècle; vous interrogez, Messieurs,. avec plùs d'attention que jamais, les résultats de nos examens, pour
juger le nouveau plan d'études par ses fruits. Les sciencès
mathématiques et naturelles avaient pris un rôle trop actif
et trop merveilleux dans le développement et la puissance
de la société moderne, pour que l'Université ne leur fît pas
une plus large place à côté des études littéraires dans i'instruction de nos enfants. Mais, tout en applaudissant à ce
légitime
de l'enseignement ·scientifique,
.vous avez pu craindre un instant, que, dans notre province,
les lettres, désorQJais débordées par les sciences,, ne per:dissenLdans l'éducation leur juste prépondérance. Car, tout
en àdmirant les conquêtes de la science contemporaine,
vous ne partagez pas l'enthousiasme de certains fanatiques,
qui considèrent l'industrie comme l'objet même de la
civilisation. Une manufacture n'est pas à vos yeux l'idéal
d'une
Aussi V<mlez-vous, ,qu'avant de préparer vos
enfants aux carrièresindustrielles, (si c'est leur vocation)
on en fasse des hommes, des citoyens. C'est pourquoi,
parmi les concessions qu'exigeait l'esprit du temps, vqus
avez été heureux de voir maintenir et raffermir même par
de sages mesures les études· littéraires, qui sont l'indispensable fondement d'une.dihérale éducation. Car, de
même qu'il faut demander aujourd'hui aux sciences les
moyens d'améliorer notre existence matérielle, ce sera
toujours lEl. divin privilége des lettres, de nous apprendre à
vivre de la :vie morale. · ·
bientôt huit ans écoulés.depuis la réforme du Plan
d'études. Après un premier troublé inévitable, la nouvelle
discipline s'est bientôt réglée; et les lettres ont retrouvé
à côté de l'enseignement scientifique leur place légitime.
Sachons .en gré, Messieurs, aux fonctionnaires de. tout
ordre, qui, par leur sagesse et leur dévouement, ont su
trouver cette heureuse conciliation. Mais surtout, rendons
�-
30
_,
en grâces à notre sage Ministre, qui v à
que l'expérience signalait dans le nouveau régime quelques imperfections, par des modificati9nsde détail prèsque insensibles,
a su en réformer en partie l'organisation première, de
façon à n'en garder que les bienfaits. On peut aujourd'hui
juger de l'arbre par, ses fruits; et certes il y a lieu déjà
d'être satisfait. Non pas sans doute, qu'il' n'y ait plus rien
à désirer encore. La perfection n'est pas de ce monde:
mais il faut cependant y aspirer toujours, tout en sachant
se résigner de bonne grâce à n'y atteindre pas.
EXAMENS.
C'est surtout des examens du Baccalauréat ès Lettres
que je veux vous entretenir. Car voilà ce qui intéresse particulièrement les familles. L'épreuve de la Lieencé est
réservée à une élite peÙ nombreuse. Et quant au grade de
Docteur, nous n'avons pas encore eu la satisfaction jusqu'ici
de le conférer à personne. Car, parmi les candidats, qui
nous ont jusqu'à présent soumis 'des thèses pour
la plupart ont dû être écartéscomme insuffisants ; et quant
à quelques-uns, dondes travaux au contraire nous inspiraient une grande estime, nous les avons invités à se présenter de préférence devant la Faculté de Paris, dont la
haute autorité ne peut qu'ajouter à l'éclat d'un. succès, et
signale '!llême le vainqueur à l'intérêt de l'Université. Toutefois, l'un de ces maîtres, que réclamaitla Sorbonne, a
insisté pour venir prendre près de nous son grade de
Docteur. Ses thèses, l'une sur les Idylles de Théocrite,
l'autre sur l'histoire de !Apologue r:t les précurseurs de
Lafontaine nous promettent prochainement une soutenance
des plus intéressantes.
Malgré ses accès bien plus faciles, nous nous étonnons
�'-.
31.
toujours que la Licence ne soit pàs parmi
universitaire un plus grand objet d'émulation; Depuis
qu'on ne contraint plus nosjem;tes_maîtres à conquérir ce
grade, leur zèle s'est ralenti. C'est sur cèux de Nancy que
tombe surtout mon reproche. Ceux qui· sont éloignés leur
envient les avantages de travailler sous nos yeux et d'être
guidés par nos
D'ou vient donc,' que les candidats
de notre ville tirent sj .peu de profit de leur privilégè?
qu'on les voit si rarement se. mêler aux épreuves? Regarder le but de plus près,et mieux mesurerles efforts. nécessaires pour l'atteindre ne servirait-il donc qu'à les décourager, au lieu d'exciter leur . confiance et leur ardeur?
Qu'en résulte-t-il? Il semble, 'qu'aux jours d'examen, les
fils de la promesse soient réjetés, et que les Gentils l'eur
soient préférés. Nos candidats reçus nous viennent. du
dehors. Ce sont :
MM. GIFFART, régent au collége de
GmARDOT, professeur au lycée de Bar.
l'abbé BIEUVELET, professeur au collége de Senlis .
. PisStN, surveillant général au lycée de Trnyes.
Il est vrai que, pour la plupart, nous avons encore le
droit de les compter comme nôtres. Tout éloignés qu'ils ·
étaient de nous, nos. conseils ne leur ont pas. manqué : ils
appartenaient à notre enseignement t:JXOtérique.
Au sujet du Baccalauréat ès Lettres,· au contraire, nous
pouvons rendre un témoignage assez satisfaisant. Il nous
a semblé S\lrtout, que l'étude.du latin, ce fo)ldement depuis
longtemps ébranlé de notre éducatjon classique,. commençait à se. raffermir ..Nos candidats ont enfin. compris que le
discours latin était l'épreuve souveraine ;·.et ils. se préparent de loin à cette composition, qui emporte presque à
·elle seule le succès ou le revers. •Sans doute, ily'a encore,
il Y. aura toujours de ces ouvriers de la dernière hm1re,
qui essaient de couvrir leur faiblesse; en s'affublant de
lambeaux de Conciones, dont iL se font cQmme un habit
�-
32
-
d'Adequin: Nous- sourions-à cette mascarade, dont nous
-ne sommes pas les dupes. Mais nous· (\Îmons à constater·,.
que chez le .plus gra'f!d .nombre la langue latine a été
l'objet d'une sérieuse étude èt d'exercices. intelligents. La
plupart l'écrivent avec plûs d·e correction et de fermeté;
'quelques-uns même, avec élégance. On dit que dans les
classes le français y est quelque peu
Mais je ne
m'en inquiète pas. Car, après tout,
en latin est·
encore la meilleure manière d'apprendre à écrire en français. La version latine. d'ailleurs, ne demeure--t-elle pas.
toujours enfaèe du discours latin; pour maintenir à notre
langue son rang, et un rang considérable, dans l'ensemble·
des épreuves?
Cependant, si ]es compositions sont la partie la plus im:.
portante de l'examen, .bien des candidats oublient trop
que ce n'est pas la seule. L'épreuve orale nous a semblé
fort négligée par plusieurs d'entre eux, et même des meil- .
leurs. Sans doute de bonnes compositions les mettent au
cœur de la place. Mais il faut achever la victoire. Quelquesuns, qui avaient débuté sous les meilleurs auspices, n'obtiennent parfois en définitive. que la note passable, comme
les plus humbles combattants. Pourquoi ? La préparation
des auteurs est dédaignée par eux, bien qudè petit nombre
d'ouvrages, proposés à leur étude spéciale, ne·leur laisse
. ici rtulleexcuse. L'histoire aussi continue à languir, malgré
la sage discipline rétablie dans cet enseignement. Nonseulement: les. souvenirs de l'antiquité ont cessé d'être
et nos enfants sont étrangers' dans ces villes de
Rome et d'Athènes, qui ont été la patrie de notre jeunesse; '
mâis encore l'histoire moderne elle-'même n'est pas mieux
connue. Et pourtant; jeunes gens; alors même que vous
méconnaîtriez le fruit des autres études, l'utilité de l'histoire peut-elle vous échapper? Citoyens d'un pays, où
toutes les fonctions sont accessibles au mérite ; où tous,
vous pouvez de loin ou de près participer à la direction des
�:13
affaires publiques, qui vous guidera dans ces devoirs élevés,
si, ignorant le passé et bêtement borné!? au présent, vous
êtes au sein de votre patrie comme des étrangers? L'histoire, c'est l'expérience de vos pères. C'està 'Vous de faire
·en sorte, que vos pères n'ai'ént pas vécu inutilement pour
vous, et que leurs fautes, aussi bien que leur sagesse, vous
profitent.
- ·
..
Mais rien ne nous attriste plus encore qu'el'abandon où
la Logique est laissée. Beaucoup de candidats ne songent
qu'à l'esquiver. Ah! je comprends, fexcuse cette désertion
chez les élèves, qui, quoique destinés aux études scientifiques, ont néanmoins poursuivi leur couTs de Lettres jus,..
qu'en Rhétorique, et qui ne sauraient donner à cette
éducation
une année de plus sans compromettre
leur carrière. Ceux-là ont toujours trouvé en nous les
juges les plus .indulgents : nous leur tenons compte à la
fois, et des exigences des études nouvelles qui les réclament, et de leur fidélité prolongée aux Lettres. Mais,
quand rien ne vous presse, avocats ou médêcins futurs,
pourquoi cette aveugle impatience d'échapper au collége,
en supprimant l'année de philosophie? Pour-l' étude du
droit y a-t-il donc une meilleure préparation, que l'enseignement philosophique, qui vous mène à
source commune des sciences morales, et vous en fait embrasser les
rapports et l'ensemble? A moins, peut-.être, qu'après n'avoir vu dans vos études classiques que le moyen d'arriver
le plus tôt possible à un diplôme, vous ne cherchiez encore
dans la science du droit que la pratique de la procédure.
Voilà donc l'espérance de la magistrature et du· barreau 'l
-Et vous, futurs médecins, que· je redoute' pour vous
l'int1uence de l'amphithéâtre, si vous n'y entrez pas profondément pénétrés des doctrines du spiritualisme? Absorbés dans l'étude de3 organes, et comme fascinés par )e
mécanisme du cerveau, que je crains que vous ne perdi;èz ·souvent de vue cette âme immatérielle et immortelle,: .à
-·. ..,\\
· " ·· 3
:·-o
·,._.,
�-·
34 .-·
laquelle Dieu a donné pourjnstrument ,cet acllllirable .organisme? Ah! .croyez7moi, .les secret;s du corps eUes
·
tères de:Ja vie s'éclairent.à la .science de l'âme d'uneJu,...
mière
Plus tard encore, devenus praticiens, VOl]S
verrez
dans notre
moderne, ilest souvent
nécessaire de rechercher a\]. fond de J'âme le gern,1e du
mal d'Ont le corps est travaillé . .&a science des diagnostics
est désormais insuffisante; il faut que le médecil} des
corps, devenu p:resqueaussi médecin des âmes., ait été initié
de bonne heure aux choses de la .vie morale.
Je ne ·puis voir, Messieurs, je Tavoue, sans en être
affligé, le discrédit où .la philosophie semble actuellement
tombée. Chaque année je renouvelle ma plainte à ce sujet.
Ma plainte reste.sans écho. Je ne puis tol]tefois consentir à
me taire. Car, si je réclame pour la philosophie sa large
place dans une éducation libérale, ce n'est pas seulement.
au nom du règlement-des études et en vue du baccalauréat;
· mais c'est surtout, parce que la philosophie .répond à un
besoin immortel de l'esprit hUmain et spécialement à un
besoin de notre époque. Bon gré, malgré, en effet, jeunes
F:ens, il faudra bien que vous y arriviez; ses grands pro7
.blèmes viendront inévitablement se poser devant vous;·
mais, pour avoir négligé d'étudier la philosophie sous une
de
sage direction, dans les chefs-d'œuvre de
Bossuet, de Fénelon, j'ai bien peur, qu'à l'heure où ces
questions redoutables commèncéront à vous obséder, vous
ne trouviez sous votre main d'autres guides· que ces livres
empoisonnés, fruits mortels du scepticisme, que nous
avons vu foisoùner autour de nous, et où les plus dangereux paradoxes s'étalent avec un dogmatisme effronté. C'est
· contre ces périls que je voudrais prémunir votre jeunesse;
c'est contre cette philosophie du mal que je
vous
armer de bonne et saine philosophie; Vous avez été élevés
chrétiennement, .je le veux. 1\'Iais, pour défendre votre
espritet votre
sophismes,de J'erreur ou de
�........ 3a
la passion,
n'est pas trop, croyez-moi, qùe la raison
éclairée. concoure avec la foi, et que ·la. sagessè humaine
vienne confirmer les principes de votre éducation religieuse.
· Cela ditl je ddis convenir, pour être juste; qu'en tout le
reste, le niveau moyen des examens s'est élevé. Le résultat
Jamais
d'ailleurs le proclame avec une éloquente
]es vainqueurs n'ont été en une aussi grande proportion.
Sur 125 candidats, 77 ont été reçus ;. près des deux tiers.
L'an dernier, la proportion était de 58 pour 100. Je· ne
crois pas qu'il y ait d'Académie ren France, oùl'on puisse
rencontrer un résultat plus satisfaisant. Faut-il s'en étonner, quand on compte dans le ressort des Lycées si florissants pour mener le chœur, et tant de colléges ou de grands
établissements ecclésiastiques, qui les suivent avec une
généreuse émulation? Mais, èrt outre, où trouverait-on
ailleurs une jeunesse plus studieuse et plus disciplinée, qui
comprenne mieux les nécessités de. son temps, et accepte
avec plus de courage les labems de la vie?
Sin; ces 7 7 candidats heureux, 2 ont été admis au grade
de bachelier avec la note PaJfaitement bien. Ce sont Messieurs Picard et Leconte.·
9 avec la mention Très.:..bien : Çollignon,
Maggiolo, Schlosser, Quenette, Burtin, Lévy, Mengin et
Claudot.
·
10 avec la mentiOn Bien; 21 avec Assez Bién; et 35,
avec la note Passablement.
· Comme vous le voyez d'après ces chiffres, Messieurs,
l'inégalité reste toujours à peu près la. même dans: ce ressort, entre le 'nombre des candidats de l'un et de l'autre
Baccalauréat. La majorité de nos enfants continue à ·se
porter de préférence vers les carrièresscientifiques, etvers
les examens qui en ouvrent l'accès. C'est hien naturel. Nos
enfants, en effet, ne font que suivre là le courant du siècle,
qui tourne toutes les forces intellectuelles vers les
�36
..,....
de la nature et leurs
applications. Car (soit
que l'on applaudisse à cette tendanèe dominante de notre
ùpoque, soit qu'on la déplore), le trait caractéristique de
]a civilisation du xrx• siècle, sera dans l'avenir la toutepuissance de l'industriè éclairée et fécondée par la science.
Aujourd'hui Prométhée règne, après avoir détrôné Jupiter. Les fondateurs de la société moderne, ce n'est ni
Voltaire, ni Rousseau, ni Mirabeau c'est James ·watt,
c'est Volta et Lavoisier.
ENSEIGNEMENT.
Après cette statistique de· nos Examens,. je vous dois
rendre compte de· nos Cours. Je voudrais être bref sur ce
point. Je vois ici un grand nombre de nos auditeurs assi- .
··dus. Pour eux ces analyses de notre enseignement de l'an
dernier sont superflues; quant aux sujets, que nous nous
proposons de traiter cette année, chacun de nous, dans sa
prochaine leçon d'ouverture, s'en expliquera d'une façon
plus complète et plus intéressante. Quelques mots cepen·
dant à ce sujet.
:Philosophie.· M. de Margerie, vous le savez, .Messieurs,
retraçait l'an dernier l'histoire de la Jfora/e dans l' Antiquité grecque et romaine. Après avoir recueilli les premiers
. préceptès de la sagesse profane dans les œuvres d'Hésiode ·
et dans. les vers àttribués aux Sept Sages, il a suivi les
développements successifs de la philosophie mo.rale jusqu'aux dernières luttes du Stoïcisme et de l'Ecole néoplatonicienne contre le Christianisme naissant. Socrate,
Platon, Aristote, les stoïciens l'ont surtout arrêté. Ce sont
les principaux maîtres, en effet, de liJ. sagesse antique.
· Soàate. en ramenant enfin la philosophie égarée à l'étude
�-
37
de.la nature ho.rnaine,.qu'elle est destinée à éclairer. eL à
guider dans les voies de ra vie, avait. été- le véritable
teur de la Morale. Dans Platon, vous avez admiré un su+
blime effort du
pour rattacher cette science toute
pratique à ses sources divines. Aristote, à son tour, VOl}S a
étonnés par sa profonde connaissance de la nature .humaine. Enfin, voùs avez justement apprécié, avecle Professeur, la haute idée. que les stoïciens sè faisaient .de la
·vertu, et le généreux sentiment qu'ils avaient des liens. qui
unissent tous les membres de la famille humaine et des
devoirs qui en résultent. Mais, tout en rendant hommage à
ces nobles conquêtes de la philosophie grecque, M. de
Margerie a di'r montrer, qu'avec tout leur génie; ces· grands ·
:hommes, dominés par l'influence de leur temps, n'avaient
abouti en théorie, qu'à une morale toujours incomplète et
souvent fragile, ét niavaient ni réussi jamais, ni même
songé à faire passer dans les mœurs les grandes
qui
devaientêtre le privilége dela civilisation chrétienne.
Cette année; le Professeur (reprenant pour l'approfondir
une question déjà effleurée en :1 858) se propose de traiter.
de la Phîlosophie de tart, en étudiant successivement dans
l'âme humaine, puis dans la nature. et enfin dans les
. œuvres artistiques elles-mêmes,. les jugements, les sentiments et les objets, qui se rapportent à l'idée du beau.
Evidemment, c'est au fond de notre àme, en effet, qu:il doit
· d'abord· porter son analyse, pour .y démêler les éléments
du jugement esthétiqùe et la nature de cette émotion par- '
ticulière que produit en nous le spectacle de la beauté. Il
se demandera ensuite à quoi tient, d.ans certains objets,
Je, pouvoir d'éveiller
nous cette idée et ce sentiment;
et, après avoir établi, d'après cela, les conditions de la
beauté réelle, iltâchera de soulever quelque peu .un coin
du voile qui nous cache la beauté absolue.- Ces prinCipes
de l'esthétique· une fois.fonc;lés, il en veut suivre l'application dans une étude philosophique des arts. Quelies sont
�38
les causes, par exemple, qui font. naître et grandir Part
chez les péuples civilisés? A quelles. lois l'art est-il assujetti? et à quelles conditions lui est-il Q.onné de réaliser
son idéal? Par quels liens étroits tient-il à la morale ; et
jusqu'à quel point peut-il influer sur les mœùrs et en
subir l'influence à son tour l Quelles ·circonstances enfin
peuvent contribuer à son progrè·s et à sa décadence? Voilà
quelques-unes des questions, que M. de Margerie veut examiner avec vous .. -· Puis, passant en revue les différents
arts,· il s'attachera à montrer le caractère particulier de
chacun d'eux, l'idéal que chacun doit poursuivre, et les
moyens qui sont donnés à.chacun d'y atteindre. Enfin, il
essaiera de comparer l'art moderne à l'art antique, et de
mettre en lumière les traits les plus saillimts qui les distinguent. C'est surtout ici qu'il se propose d'exposer en les
critiquant les principales théories esthétiqu-es, depuis celle
de Platon jusqu'aux plus modernes. Ce sera pour lui l'occasion de. s'élever contre deux
dont les œuvres
contemporaines ne nous révèlent que trop la funeste influence; l'une, que l'art est indépendant de la morale;
l'autre, que l'art n'a que faire de l'ipéal et ne doit viser
qu'à l'exactitude de l'imitation.-· Quel sujet plus oppor-'
tun, Messieurs? En quel tçmps, en effet, les vraies notions
de l'art ont-elles jamais été plus obscurcies, qu'elles ne le
sont aujourd'hui ; et la décadence des œuvres d'imagina-tion a-t:-elletrahi davantage cette défaillance des principes?
On voudrait seulement que cet enseignement. de M. de
Margerie (au ;lieu d·'être renfermé dans l'étroite enceinte
de notre Faculté), pût être entendu de tous les artistes.
Espérons·du moins que, plus tard, ce maître bienfaisant
consentira à faire de son Cours un livre, comme il l'a fait
avec tant de succès pour ses leçons de l'avant dernière
année sur la Famille et ses Devoirs. La fortune de ce dernier
ouvrage en effet lui présage,, pour tout ce qu'il voudra
donner désormais au public, l'accueil Je plus flatteur. Car
�-
-
ce livre a été partout goûté, comme il l'avait étéièi.Qu'iL
me suffise d'en faire mèntion devant vous. Mieux .que je ne
saurais le
dans cette salle même, le Président de.
l'Académie de Stanislas vous a dit, au milieu de vos applaudissements, tout ce que vous en penl')iez. Mais déjà, à
peine l'ouvrage avait-il paru, que chacun de
.s'em:·pressait d'enfaire.comme.un manuel quotidien.et un guide
pour l'éducati?n de ·ses enfants;· heureux ·d'y
dans toute leur fraîcheur èt leur vie ces leçons qui l'avaient
enchanté.
Histoire. M. Lacroix; l'an dernier, avait d'abord eu le
dessein d'embrasser dans un t.ableau d'ensemble l'histoire
de .France sous les règnes de Louis XIV, deLouis XV et de
Louis XVI, jusqu'à là date. mémorahlede 1789. Il voulait
s'attachèr surtout à démêler, dans cette étude du xvu"
et.dù·xvm" siècles, les causes de la grandeur et dela décadence de l'ancienne monarchie, et nous préparer ainsi à
mieux comprendre la Révolutionw. Mais, quand il. a vu de
plus près, et l'abondance des matériaux, et la grandeur des ·
.
r
événements, et l'importancè des questions qui s'offraient à
lui, il a reculé devant l'immensité de sa tâche, .et il s'est
borné alors à nous retracer l'histoire de Louis XIV; depuis
le momept où prince commenc._e à régner par lui-même; .
jusqu'à sa mort (1661-1715). C'est déjà une assez longue·
périoâe, et assez féconde en grands événements, où, d'ailleurs, l'édifice de l'ancien régime, à peine arrivé .à son
· complet achèvement, ne laisse que trop entrevoir déjàJes
causes de dissolution qui bientôt précipiteront sa ruine•
Après nous avoir indiqué ce que Henri IV, Richelieu et
Mazarin avaient fait pour préparer la grandeur de la ,
royauté en France; et celle dé la. France en Europe, le
Professeur s'est hâté de mettreen scène lejeune Roi, dis...
sipant, pour ainsi dire, par sa splendeur,les derniers ora. ges de Ja Fronde; et saisissant les rênes de l'Etat avec
ce
�40
autant de. vigueur que de succès •. Car Louis préside luimême à cette vaste et admirable réforme administrative,
qui embrasse pour les réorganiser tous les services publics,
et qui met en ses mains toutes les forces de la France, Vous
avez vu comme tout se plie à ses desseins, et sourit à sa
fortune. Comment ce prince ne se serait-il pas enivré cependant de 'sa toute-puissance, de l'idolâtrie de ses sujets,
et de l'admiration du monde? Aussi, l'ambition bientôt
commence à l'égarer : il aspire à ·la gloire des. conquêtes;
il déserte la politique traditionnelle de ses prédécesseurs;
il menacé la Hollande, inquiète l'Empire, et provoque
contre la France les coalitions,.qui jusqu'alors se formaient .
contre la maison d'Autriche. Car désormais l'équilibre du
monde est changé ; c'est la France, qui sera dès-lors condamnée à soutenir contre l'Europe conjurée des luttes
toujours nouvelles; pour l'accabler, elle verra le monde se
grouper autqur du prince d'Orange, cet implacable ermede
mi, qui prend habilement contre Louis XIV; le
Henri lV contre Philippe JI, et qUi par les désastres de. la
France prépare la prépondérance de l'Angleterre au xvm•
siècle. On sait comment l'indépendance et l'unité de la
patrie ont même été mises plus d'une fois en péril par les
revers, ·au milieu desquels ce .grand règne a expié l'abus
de sa première fortune. _:_.. Mais en même temps que la
France s'épuisait au-dehors dans ces guerres
au
dedans elle était hisse de ce despotisme, qui s'était usé
par
excès mêmes, et qui désormais avait perdu son
prestige. Nul. toutefois ne pouvait prévoir encore quelle
révolution terrible le grand Roi léguait· à ses successeurs.
- En étudiant une époque d'un si grand enseignément,
M. Lacroix n'a pas dissimulé sans doute les fautes de ce
règne à outrance; mais du moins ces erreurs de l'orgueil,
et les désastres qui en ont été la punition ne l'ont pas empêché derendre justice à tant de grandes choses, dont la
France est redevable à Louis XIV, et qui font, malgré tout,
�-
41
de son règne, l'une des plus glorieuses époques de nos
annales.
.
Plus tard M. Lacroix se réserve de reprendre cette his-:toire au point où il l'à laissée, pour la conduire à travers le
xvm• siècle jusqu'à l'explosion de ,89. - Mais, cette
année, le Règlement le ramè'ne àl'Histüire'Ancierrne. Jus:qu'ici il ne vous avait point eucore entretenus de la·
Grèce. Pour réparer cetoubli (qui, chez un ancien membre' de I'Eéole d'Athènes, pôûrrait ressembler à, de l'ingratitude), il a pris cette fois le sujet de son enseignement
dans l'histoire hellénique. Il se propose de retracer sous
vos··yeux la lutte gigantesque et vraiment ijéroïque, qui,
pendant trois siècles, mit aux prises laGrèce et la
et qui, commencée par la victoire de Miltiade à Marathon,
s'acheva· après tant de vicissitudes diVerses aux· plaines
d'Issus et d'Arbelles par l'épée d;Alexarrdre. Drame immense, qui met en présence les detJx nations au moment
· le plus intéressant de leur vie historique, et oppose dans
leur antagonisme le génie de la Grèce libre et la civilisa'tion du vieux monde Asiatique.· Car, ·p6ur mieux· comprendre la nature de cette inévitable lutte entre la Grèce
et l'Orient, le Professeur ne se bornera pas à êonsidérer
les faits par le côté pùretnentpoli(ique èt extérieur; mais il
ve_11t étudier le génie de chaque race, comparer leur•s
mœurs, leurs lois, leurs institutions, se rendre compte
enfin de ce que représente cette civilisation hellénique, qui
s'oppose avec tant d'orgueil aux barbarés de l'Asie. Peutêtre parviendra-t-iJc(en_ empruntant, pour éclairer ses re- ·
cherches, toutes les lumières de la science moderne), à
préjugés, que les Grecs ontaccrédités aù ·
sujet de leurs ·adversaires, et a· moritrer·que la nàtion Per..:
sane par sa civilisatiblr; bien que différente de celle 'des · ·
Grecs; était pourtant bien digne de cette suprématiê;
qu'elle avait conquise et qu'elle a longtemps gardée dans
Mais, err montrant sous un jour plus
l'Asie
4
�-
42
vrai ce que fui ce pays de Zoroastre,, M. Lacroix ne saurait
toutefois dissimuler une prédilection bien naturelle ,pour la
Grècei cette terre prédestinée de la civilisation; et il ne
pourra qu'applaudir au triom.phe définitif du peupl'e, qui
sl:)mble avoir combattu pou da Ii bert( du monde, et qui a
plus qu'un autre contribué au progrès providentiel de
l'humanité.
Littérature Ancienne: -· Par une heureuse rencontre,
M.· Burnouf, dans son Cours de cette année, va côtoyer
lui...mêrue cette époque de l'histoire hellénique que ·
M. Lacroix a choisie pour le sujet·· de ses leçons .. Car il se
propose d'étudier l'Eloquence Grecque, laquelle, éclose
avec laJiberté, périt avec elle, et qui est comme l'ârrie de
ces grands événements. C'est à Athènes particulièrement
qu'il se plaira à recueillir les premiers essàis de la parole
publique; il s'attachera surtout à montrer, comment de
bonne heure, chez ce peuple artiste, les règles d'un art
savant et précis viennent se combiner avec les inspirations'·
du génie pour produire ces chefs-d'œuvre d'habileté et de
naturel tout.ensemble que nous possédons; Car, sachonslehien, déjàchezPériclès,l'artétait arrivé à sa perfection;
et les premiers rhéteurs n'ont. ett dès lor.s qu'à rédiger en
règles savantes une· pratique accomplie; A ce propos,
M. Burnouf compte bien reprendre quelques-unes de ces
questi.ons• ·si lon,gtemps débattues de l'éloquence et de la
rhétorique; il
voir, par quelles études particulières
etquelle discipline industrieuse, les Grecs; dès le commencement, ·se préparaient à la c,arrière si difficile et si ambitionnée de l'orateur,. sans que les règles minutieuses
auxquelles ils s'asservissaient aient jamais gêné le libre et
naturel essor de leur parole. Ce tableau de l'éloquence
grecque s'animera par Fétu de. ,dès œuvres immortelles,
que l'antiquité nous a légtiées, et le spectacle dramatique
des événements qui les ont suscitées.-· Après avoir suivi
·
�-
43 -·
'
cette histoire de l'art oratoîre depuis sés originesjlisqu.'à
]a niort de
le dernier champion de l' éloquence et d.e la liberté, le Professeur se propose de faire,
dans Je second semestre, une étude analogue de l'Eloquence
Outre l'intérêt éternel ·d'un tel sujet, les
auditeurs de
Burnouf savent combien les questions, qui
semblent souvent les plus usées, se renouvellent par sa
critique si originale et si pénétrante. L'antiquité n'a point
pour lui de secrets : ce qu'il n'en peut apprendre, ille
de.:vine.
'
Son .Cours de l'an dernier sur la Poésie Lyrique a été
pour nous tous comme tine révélation. Nous autres mêmes,
les vieux familiers de Pindare, ,dans quel monde d'idées
nouvelles M. Burnouf ne n()us a-t..;il pas introduits? Qui de
nous, en effet, se figurait ce qu'était dans l'antiquité
Grecque cette Poésie Lyrique, mélange merveilleux et puis- ·
sant de paroles rhythmées avec la musique? Après en avoir
rétabli
caractère essentiel et jusqu'ici méconnu , . ef
après avoir distingué cette poésie étrangère à tout système
de versification des divers genres poétiques, que le préjugé universel avait toujours confondus avec. elle,·. ir a ·
montré que les Grecs seuls avaient· rencontré les vraies
conditions de l'Ode; que,·· chez eux· seuls en' 'effet,' la
musique a été à ce point comme l'âme et la vie de la poésie
lyrique, que l'une et l'autre, dans leur histoire comme
dans leur théorie, ne sauraient être séparées. - C'est à
l'exposition de ces doctrines si neuves qu'il avait consaèré
son premier semestre. Dans le second, s'attachant à suivre
Ia Poésie lyrique, dans ses destinées, il, a fa:it voîr combien
les poëtes Romains av&ient déjà perdu le secret de sa
nature mystérîeuse. Mais à mesure surtout qu'on descend
à travers les bas siècles de l'antiquité et à travers le: Moyen
Age, la séparation des éléments constitutifs de la Lyrique
Grecque devient de plus en plus profonde; si bien qUe, .
pour les modernes, la notion même de ce qu'avait été cette
·ancienne poésie est entièrement perdue.
le
�44
-
Eri même temps que M.. Burnouf nous étonnaitdans sa
chaire par ses ingénieux aperçus, aux heures de loisir il
préparait une secopde éditiondesa Grammaire sanscrite
déjà épuisée et vivement réclamée par les savants; et il
publiait dans les
de l'Académie de Stanislas U!l
Mémoire justement remarqué ·sur l'accélél'ation ou le
ralentissement de la vitesse des courants électriques dans
, lesfils de nos télégraphes. Car c'est dans ces recherches
scientifiques., que ce curieux et universel esprit aime à se
délasser d'ordinaire de ses travaux
française. - Le cours de nos études nous
avait amené l'an dernier au seuil du xvme siècle. Ce n'est
pas sans appréhension (je l'avoue) que je suis entré dans .
cette phase orageuse des lettres françaises, qui excite l'enthousiasme des uns, la colère des autres, et qu'il est encore ,
aujourd'hui si difficile de
sans passion. Que de problèmes en effet, suscités . par ·ce mouvement. prodigieux
des esprits, restent encore suspendus sur nos têtes, sans
qu'il soit donné à personne d'en pénétrer la solution à
travers l'obscurité de l'avenir? Toutefois, le temps en a
déjà en partie criblé les doctrines. En bien des choses, le
xvme siècle a poussé .à bout, à travers les ruines, ses desseins de rénovation sociale ; et bons ou mauvais, nous
pouvons juger de l'arbre par ses fruits.
· Dans le tableau, que nous vous avons présenté de la
première moitié du siècle, Vol,taire a surtout attiré notre.
attention. Nous avons cherché à être juste envers ce roi
de l'opinion; nous n'ayons point entièrement répudié son
héritage.; mais n!)us avons cru qu'iUallait y savoir choisir.
En admirant son prodigieux esprit, son bon sens, son
talent plein de prestiges; en lui sachant gré de plus d'une
pensée généreuse, nous avons dû flétrir .l'usage qu'il en
a fait trop souvent et signaler sa pernicieuse influence. -.
Nous voici ar.rivé au point où le siècle va accélérer son
�...,_
45
cours ori}geux, 'en emportant dans ses eaux fangeusesles
restes du passé. Désormais, il semble, en effet/que l'esprit
de Voltaire soit devenu l'esprit de la nàtion entière.
Voltaire même est bientôt débordé par la tempête d'idées,
qu'il a le premier déchaînée; son épicuréisme sceptiquè
frivole- dérive de plus en plus vers un matérialisme dogmatique sans âme et sans Dieu. Cependant, .sous les sombres ilUSpices de cette philosophie du néànt,- la France
entière semble travaillée de la fièvre du changement; c'est
partout une incroyable ardeur de détruire tout ce qui
demeure du passé, pour préparer Iaplaèe à la reconstruction de la société moderne· sur un plan plus conforme à···
la raison humaine. Dans cette foule de sectaires acharnés_
à la ruine de l'ancien régime, j'entends pourtant une voix
discordante qui s'élève : c'est la voix de Rsmsseau. Mais si
le noqvel apôtre du progrès se sépare des Encyclopedistes,
et défend de sa parole éloquente les principes de la religion ..
etde la morale, c'est .pour se retourner avec plus de pas- ·
sion encore contre. les iniquités de l'ordre social et en
accélérer la chute. Rousseau sera le théoricien rèdoùtable
et le tribun de la révolution qui se prépare. Nous suivrons,
.cette année,.. ce mouvement des esprits jusqu'à la veille de
effervescence généreuse et
89 : nous assisterons à·
téméraire, qui emporte- les esprits confiants vers une
réforme sociale, dont le monde attend la justice et le
bonheur. ;Nous verrons .ces générations inexpérimentées se
livrer aux plus vaines illusions, ardentes à détruire sans
sàvoir pourquoi, avides de tout créer de nouveau, en
croyant que le monde peut se· transformer au.gré d'une
idée. Nous dirons quelle erreur a faussé tant d'espérances;
quel mal secret a corrompu les meilleurs dessèins; pourquoi tout s'écroule, sans que rien nf) se répare. Mais aussi,
parmi les ruines amoncelées, nous chercherons à
tout ce que nos pères. ont semé de germes généreux et
féconds, d'où devait sortir, après une effroyable tempête,
et
�-
46
--
. ' la société· moderne. Car les. crimes, ·où s'abimecette
époque, ne doivent pas nous voiler· le spectacle de ses,
grandeurs, ni tant de conquêtes définitivement acquises à
la civilisation. - Cette tâche a ses périls sans doute. Plenum opus àleœ (puis-je dire). et incedo per ignes suppositos
r.àeéri doloso. Mais d'une part, pour faire ce discernement
des idées qui ont dirigé et parfois égqré nos pères, nous
sens
avons la leçon de l'expérience; d'autre ,part, je
soutenu par votre sympathique confiance. Vous respectez,
vous aimez toutes les opinions honnêtes et sincères, alors
même que vous ne "les partagez pas entièrement; et la
parole loyale d'un homme, qui cherche le vrai de bonne
foi, est tOujours écoutée ici aveefaveur.
, Littérature étrangère. - M. Mézières, l'an dernier,
étudiait la Littérature Italienne, en y recherchant particulièrement cette inspiration vivace du sentiment national, .
qui, après avoir com.me fermenté depuis des siècles au
et avoir été
cœur de. tous les grands hommes de
l'âme de leurs productions les plus originales, a fini par
l'explosion dont nous sommes aujourd'hui les témoins.
C'est l'influence des lettrés, en effet, qui a
l'Italie
à l'independance, comme la France à la révolution. Depuis
vœux- enflammés l'affranchisseDante, qui appelle dè
ment de la patrie italienne, tous ses grands· écrivains,
Pétrarque, Boccace, Machiavel, ont poursuivi le rêve d'une
Italie délivrée dés barbares et enfin unie, grande et libre.
Que les invasions de l'étranger, que les discordes intestines, que le morcellement du territoire ne soient pas parvenus à effacer jusqu'au nom de l'Italie, c'est au culte
commun de la nation pour ses grands poëtes nationaux,
qu'il faut en. grande partie l'attribuer. C'est encore la
plainte .que de loin en loin les écrivains jettent
ciel,
c'est
protestation contre les malheurs de leur pays,
qui interrompent Ja prescription de la servitude. Chose
�-
47
étrange même! au delà. des
le
;de la
patrie semble
les destinées des 'lettres
au temps où les·
pour se rantrr1er avéc .·
elles. Voyez, en effet, au xvn• fit au'
sièéles, qù '
littérature ne prodüit plus que des i:éùvres frivoles· où
pédantesques, on dirait que le cœur de la nation
'
de battré. A la fin du siècle dernier, au contraire,. sur ·cet .
horizon longtemps obscurci, apparaît soudain un' génie
les
et les âmes èngourdies:
original qui va
c'est à sa passion pour la liberté et_ p<11fJ!Îe, ·q"!l;À.lfiéri
doit tout son éclat et --sa puissance; et il semble, qv'à so'n
appel, l'Italie entière ait frémi depuis les Alpes.jùsqu'à.
l'Etna. Sam; doute les sentiments et les idées semés par le .
poëte germeront plus vite dans l'ardente
de la ·
Révolution française, qui pour un tewps entraîne l'Italie
dans sa destinée, lui qonne ses libres institutions
,de
l'esprit de 89, et réunittous ses enfants sous un. même
drapeau. Mais c'est depuis ce temps surtout; que la vieille,
idée, la vieille passion d'une Italie enfin rendue à ellemême, et unie pour la défense commune de son indépendance, n'a plus cessé. de grandir
cœurs i en dépit
de l'oppression étrangère, . cette religion de la patrie a
·multiplié ses apôtres, ses martyrs.
qùi'inspire
à Manzoni ses romans pleins d'une ironie arp.ère .contre la
domination étrangère, à Leopardi. ses odes enflarrùnées;
C'est pour cette emise sacrée, qJI'Ugo Foscolo :valanguir
dans la pauvreté et l'exi] ; que C?nfaloniéri est attaché au .
. pilori; que Silvia Pellico d$pédt ·.au Spitzberg ·
ce
carcete duto, que nous avons tous
de 110s J:)leÙrs.
Ces études empruntaient des événements actuels nn inté-:
rêt plus vif et les éclairaient d'une lUmière nouvellè. · . .·
Cette année,· M. Mézières, p'our obéir au règlement, qui
. l'oblige à chercher de nouveaux
cqmpte, VOQSrame. ner en Angleterre. Quel contraste? Vous quittez l'Italie, si
mobile, si imprudente, si amoureuse de chimères, si pas- · ·
a
la
�-
48
__;.
sionnéè, pour visiter peuple.le plus sensé, au contraire,
le plus pratique et le plus opiniâlre en·
C'est
I'espr,it même,
.sont les mœurs. de Ja nation anglaise,
què le Professeur cette fois sç propose surtout d'étùdier
dans les o1,1vrage,s de ses écrivains. Pourçela, il s'attachera
de préférence
théâtre, aux. romans et au ;x. correspon-da]lces. Car, si l'on a ditque la littérature d'un peuple est
d'ordinaire Urie image deses mœurs, c'est da,ns les œu.vres
de ce genre particulièrement, que l'on peut. mieux saisir
traits caractéristjque:; et la physionomie originale d'une
société. M. Mézièr.es veut suivre
tour
dans
sa vie privée et sa vie publique. Le Vicaire de ll' akefi.eld!
Clarisse HarloU)e, Tom Jones, nous ouvriront l'intérieur
de la famille ; nous y verrons des. mœurs sévères sans
doute, mais souvent jusqu'à la dureté, des caractères fortement tremp$s; mais, à .côté de ces vertus viriles, d'es vices
souvent non moins énergiques dans leur.grossièrefé. Mais
surtout, à la source de presque toutes les qualités bonnes
ou mauvaises de cette forte race, nous retrouverons l'orgueil, qui est comme la maladie générale et tout ensemble
la yertu et ie ressort d.e la société britannique. Car, si
l'Anglais par son arr.ogance est insupportable aux autres,
c'est là. aussi qu'il puise cette conscience de la dignité
humaine et cette initiative puissante, qui lui ont fait faire
tant de grandes choses. En somme, c'est encorè dans la vie
privée, que nous aimerons mieux le fréquenter. On respiré ,
en général dans les romans anglais comme dans une pure
atmosphère d'idées morales ;
y vit le plus souvent en
compagnie d'honnêtes gens, et l'on en sort meilleur : on
adn:iire lê pays qui fournit à ses romanciers de telles peintures de mœurs, et qui sait lui-même s'y complaire. Ce
n'est pas pourtant que l'Anglais., même quqnd nous le suivons ainsi dans sa· vie domestique, nous .séduise sans ,
réserve; mais là du moins, sans gagner notre sympathie
(pour céla il diffère trop de n6us), il force notre estime.
au
�-.·
49
C'est assurément son meilleur côté. Considérez-le en effet,
après cela, dans les relations de la vie publique et surtout
dans ses rappwts avec les étrangers ; étudiez..,le, par
exemple, dans lé Spectateur d'Addisson, le Voyagesentimental, et particulièrement dans les Lettres de Lord Chesterfield, et vous serez frappés, avant tout, de son âpreté
hautaine et de son égoïsme. Mai3, c'est ·principalement
dans le domaine de la politique, et lorsque M. Mézières
étudiera les luttes parlementaires, les actes et les paroles
d'un Burke, d'un Fox et d'un Pitt, que 'vous verrez éclater
dans sa brutalité cette personnalité arrogante qui caractérise le patriotisme anglais. Ici, plus de justice, plus de
respect des droits d'autrui; encore moins de sympathie
généreuse. ,Ces vertus de la vie privée ne sont plus de mise
dans la politique. L'intérêt de l'Angleterre est la loi
suprême : tout y doit être· sacrifié : et cette liberté même,
que le peuple Anglais pratique chez lui avec tant de bon
sens, il ne l'aime que pour lui, et l'étouffe sans pitié partout où elle poun·ait ailleurs créer un danger pour sa
grandeur. Tout en réprouvant, Messieurs, cet odieux
patriotisme, et en nous montrantjustement fiers que notre.
France ait pris, dans les destinées du monde, un tout autre
rôle, ne soyons pas injustes cependant envers cette grande
nation anglaise, et que cela ne nous empêche pas d'admirer les exemples de sagesse, de bon sens pratique et de.
dignité, qu'elle nous donne.
Par ces Programmes, Messieurs, vous pouvez apprécier
la fécondité des ressources, avec lesquelles notre Faculté
s'efforce de renouveler chaque année sori enseignement.
Du reste, l'intérêt qu'y prend cette ville intelligente et
polie stimule encore notre zèle. Il n'est guère de villes en
France, en effet, où les Cours des Facultés aient été jusqu 'à
présent mieux suivis. Nancy a parfaitement justifié par là
sa prétention à redevenir un centre de hautes études; la
.
�50
·des Cours est entrée désormais, •je ·l'espère,
dans les habitudes et dans les rriœurs'; ·et j'ai pfus d'une
fois ouï dire, que >l'on seritirait ici un vide irréparable, si
jamais devait disparaître cette fête des esprits sérieux; En
vous voyant aujourd'hui même vous presser autour de
nous dans çette enceinte, je reconnais avec bonheur qu'ici,
du moins, notre temps n'est pas encore devenu aussi
étranger aux pures jouissances de l'intelligence, qu'on le
dit généralement. Non, malgré ses miracles de chaque
jour,· la civilisation matérielle ne saurait suffire à elle
seule et supplanter la civilisation morale. Qu'il y ait saüs
doute bien des àn'les vulgaires, entièrement absorbées aux
intérêts de l'existence matérielle et qui ne voient rièn au
delà, j'en conviens. Mais aussi il y aura toujours parmi
vous de ces natures généreuses, que cette vie de langueur
et d'hébétement ne saurait étouffer, et qui tressaille'ront
toujours, quand on ramènera leur regard vers le ciel.
Le palais de l'Académie, qui s'achève près d1ici, té..-.
moigne aussi
côté du culte, que cette noble
a
gardé aux choses de la
Les Muses vont y trouver
·un temple splendide: Pourvu que la faveur publique, qui
les entourait jusqu'ici dans leur pauvre asile: les suive sous
ces lambris. Car ce n'est point tant la magnificence du temple, qui réjouit les regards de ces filles du ciel, que le nombre de leurs adorateurs; Or, tout en se montrant heureuses
de la piété de celte ville à leur égard, lesbienfaisantesDéesses
voudraient plus encore. Elles aimeraient surtout à comptèr parmi leurs fidèles un plus grand nombre de jeunes
hommes. C'est à eux, en effet, que
sont particulièrement destinés. Ce sont eux, qui, au début de la vie
active, auraient plus que personne besoin de se prémunir
par une forte. éducation libérale contre les tendances du
siècle, et de venir par intervalles oublier ici dans la contemplation des vérités éternelles 'Jes choses de la terre.
Outre les fruits, qu'i!s pourraient recueillir dès à, présent
�-
5t
de ces généreuses études, ùls savaient. seulement queUes
ressources 'on se prépare en outre pour la suite de la vie,
en contractant de bonne heure avec les lettres une de ces.
amitiés, qui doivent être plus tard si fécondes en. douceurs
et en consolations de toute sorte. « Ah ! Monsieur (disait·
Talleyrand à une personne .qui s'excusait d'ignorer le ·
whist) quelle vieillesse vous vous préparez ? Le mot était
il est d'une profonde vérité.
piquant: appliqué aux
-· Mais à vingt ans, en pleine activité, on ne songe pas aux
lieures du repos nécessaire; en. pleine espérance, on ne
s'imagine pas qu'on puisse jamais ni souffrir, ni vieillir.
La vie, jeunes gens, se chargera de vous donner .malgré
vous cette triste et rude expérience. Heureux alors, ceux
qui auront appris à' temps ce· que les lettres nous tiennent
en réserve de remèdes pour nos blessures ! Il y a tant de
maux, en outre, qu'on trompe, en les oubliant: les lettres
seules donnent cet oubli.-· Il sera temps d'y recourir alors,
dites-vous. ·Non, non: il faut les avoir aimées de bonne
heure, pour savoir y revenir un jour, quand on aura vu le
fond de la vie;
·
Venez donc, jeunes. gens, venez'le plus souvent que ·
vous pourrez dans cet asile consacré au culte des lettres,
Edita doctrina sapientum templa serena,
comme a dit le poëte. Venez y oublier un moment les misères dè la vie quotidienne, et y respirer un air plus pur.
}ci du moins, vous apprendrez à vous retrouver vous-mêmes;
·ici tout ce qu'il y a dans vos cœurs de généreux prendra
son libre essor, et vous échapperez un instant par la pensée
à cette réalité mesquine (qui, pour être la loi de riotre vie
ici-bas, n'est pourtant pas la vocation de notre âme) pour
vous élever vers les sphères idéales. Ici l'on vous entretiendra de la vie morale et des instincts plus nobles et
ment'divins, par lesquè!s notre cœur protèste de sa céleste
origine et de son immortelle destinée. Ici encore, on vo4.s
�52
-
transportera ·en esprit a:u milieu- des grâi.ldes scènes du
passé, dont l'expérience doit servir à éclairer vos pas dans .
le présent et vers l'avènir. lcienfin-, on vous prodiguera
les trésors .de toutes les littératures; et vous apprendrez à
goùter de plus en plus le commerce de ·ces orateurs, de
ces poëtes, de ces grands écrivains de tous les siècles, auxquels il a été donné d'instruire èt d'enchanter le monde
parJeur parole, et dan.s les ouvrages desquels on sent tou..:
jours respirer leur âme et leur grand cœur palpiter.
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Title
A name given to the resource
1860 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 20 Novembre 1860
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6. </li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-16. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.17-25.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.27-52. </li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1859-60, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la session de Novembre 1860. p.53-58. </li>
<li>Prix accordés par S. E. Le Ministre de l'Instruction publique. - Mentions Honorables. - Résultats des concours.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1860
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
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Université Impériale / Académie de Nancy
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Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Contributor
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Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1860
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Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Text
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LE
1.8
NOV.EMBRE
1.86!.
NANCY,
yc RA YB 0 I S, 1MP RI lUE iJ R DE V AC AD É l\TI E,
Rue ùu faubourg Stanislas, 5
��DE
CH.· BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
MoNSIEUR LE REcTEUR,
MoNsiEuR LE MARÉCHAL,
MoNSEIGNEUR,
MESSIEURS,
Nous avions espéré faire cette fois notre rentrée dans le
_. Palais, que la munificence /de cette ville généreuse vient
d'élever aux Lettres et aux Sciences. Après avoir campé
pendant sept ans et abrité nos Dieux sous un hangar, nous
avior1s hâte de les voir établis enfin dans un temple digne
d'eux. Mais, avec quelque. activité qu'aient été poussés
les travaux d'appropriation, c'est à peine si les salles qui
nous sont destinées ont pu être prêtes. La saison d'ailleurs
trop avancée ne permettait plus d'assurer pour l'hiver les
de l'édifice. Aussi, tout' en rendant grâces au Magistrat libéral, qui préside à l'administration de notre ville,
de son active sollicitùde; tout en remerciant de son zèle
et de son inépuisable complaisance l'éminent Architecte
�28 -·.
qui s'efforçait de répondre à l}Otre impatience, nolls avons
cru qu'il était plus sage d'ajourner encore notre installation, et de ne pas imposer à nos fidèles pendant l'hiver
un trop pénible pèlerinage. Nous rentrerons donc pour
six mois encore, et jusqu'au jour de l'inauguration solennelle du Palais, dans les modestes salles qui furent notre
Nous nous y résignons sans trop d'ennui. Là
sont en effet les souvenirs d'enfance de notre Faculté; et
·nous serions. ingrats, si nous ne revoyions pas avec une
émotion pieuse ces 1ieux, où se sont formés les premiers .
liens eQtre nous et la popu]ation de cette ville éclairée;
Leurs murailles austères étaient parées par l'auditoire.
C'est là, qu'en attendant l'édifice de pierre, vous avez dès
le premier jour construit aux Muses, avec vos esprits et
vos âmes, ces pierres vives, lapides vivi, le vrai temple
qu'elles aiment; et depuis, vous êtes restés fidèles à leur
religion. Ç'a été autre chose, en effet, que la vogue passagère d'une nouveauté. Votre goùt pour ces doctes entretiens ne s'est guère démenti; et. nousaimons à croire, qu'il
est tellement entré dans les habitudes et dans Jes mœurs;
désormais Nancy ne saurait plus s'en passer. Notre
vjlle, par son empressement à en recueillir les bienfaits;
a plus quejustifié le Ministre qui lui rendait ses Facultés;
et montré qu'elle avait le droit d'espérer plus encore.
Le temps (il faut en convenir) où nous sommes venus
déhutèr ici, n'était pas aux Lettres. Partout on se plaignait
·qu'elles étaient délaissées. Après avoir dominé le monde,
les Lettres s'étaient trop infatuées de Ièur empire; elles
ont dû expier par l'abandon leurs prétentions présomptueuses. Comment d'ailleurs les Lettres, quLenchantent la
vie mais ne l'enrichissent, pas, n'eussent-elles pas été
éclipsées, pour quelque, temps du moins, par les merveil-
�-
29
-
les des sciences physiques et naturelles, ·qui chaque jour ·
étonnent les imaginations par une nouvelle conquête surla nature et les secrets du Créateur, .en même temps
qu'elles promettent à un_ siècle positif la. fortune et ses
jouissances?· Toutefojs {nous ·avons le droit de le dire)
dans cette ville vraiment privilégiée, on devait moins
qu'ailleurs ressentir ]es effets de cet ab.andon. Les Lettres
ici n'ont pas cessé d'être en honneur tout autant que les
Sèiences. J'ajme à le proclàrner, moins par orgueil, que
pour glorifier l'esprit élevé et généreux qui règne ici.
S'il noùs revient à nous-mêmes quelque part dans ce
succès, je vous laisse, 1\fessieurs, Je soin de nous la faire ..
Je puis à cet égard m'en fier à
Votrè estime pour
nous n'a pas médiocrement contribué à notre bonne re·
nommée. Et certes notre Faculté a le droit d'être fière de
s<:( fortune. Elle semble être l'objet
sa réputation et
d'une distinction toute particulière de la pat't de l' Administration supérieure. Voyez : ori dirait que nulle chaire
illustre ne peut devenir vacante dans le haut enseignement; sans qve l'Université ne jette les yeux sur un des
nôtres pour y pourvoir. A peine, vous le savez, notre
Faculté était-eUe fondée, que Paris lui enlevait déjà son
Professeur de philosophie, M. Lévêque, qui, avant d'avoir
' pu se faire entendre parmi vous, était déjà disputé par la
Sorbonne et le Collége de France. Peu après M.
son suppléant, prenait la même
M. de l\'Iàrgerie
seul pouvait nous dédommager de cette perte.
Uno avulso, non dellcit alter
· Aureus.
Un instant nous avons pu craindre de perdre·· aussi
�-
30
-
M; Burnouf. Le Ministre avait jeté sur lui les yeux, pour
donner à la Faculté de Strasbourg un Doyen, quel a France
pût opposer avec orgueil à la docte ·Allemagne. Heureuse- .
ment que M. Burnouf a préféré Nancy. Cette année, la
Chaire de littérature étrangère étant-devenue· vacante à la
Sorbonne, c'est ici encore que l'Université est
en
choisfr l'héritier : car M, Mézières, une fois entré dans la
place, saura bien, je l'espèrè, par son talent en achever là
conquête. Ceux qu'il nous laisse, le Ministre seplaît de
loin à reconnaître et à honorer leurs.services. Vous avez
tous applaudi comme nous, Messieurs, à cette décoration
de la I..égion d'honneur, que l'Empereur, sur sa proposition, accordait à M.. Lacroix, notre cher et honorable
collègue, et que votre estime lui décernait depuis Jougtemps.
EXAMENS.
Les l.ettres, en France, pourront éprouver des éclipses
·passagères ; mais on y .reviendra toujours. La· civilisation
est particulièrement leur ouvrage·; C'est aux Lettres que la France a dû surtout son ascendant dans 1e
monde; et c'est par là. qu'elle doit conserver dans l'avenir
son hégémonie glorieuse. Aussi, un irrésistible instinct y
ramène de plus en plus l'opinion. La statistique des Examens en rend un éclatant témoignage. Magnum proven-
tum Laureatarum kic annus tulit.
Jusqu'à présent, en effet, le chiffre des candidats aux
Examens du Baccalauréat ès Lettres n'avait guère dépassé
120; et voilà que cette année ce chiffre âtteint 226. A
quoi tient que leur nombre ait si brusquement doublé?
�-
31
A ce1à, il y a plus d'une raison sans doute. -· Dans ce
.
renfort, en effet, comptons d'abord les jeunes gens, qui se
destinent à la
et qu'une mesure réparatrice· a
récemm'ent restitués au Baccalauréat ès Lettres. - Ajoutons-y que, chaque année, notre Faculté prend plus corn.:..
piétement possession du ressort académique, et que, tandis
qu'autrefois beaucoup de candidat$ fuyaient sa juridiction
dans la vaine espérance de trouver ailleursun succès plus
facile, aujourd'hui désabusés de leurs préventions, les
élèves de nos Etablissements reviennent à -peu près tous
vous de Nancy.- Mais dans cet accrois.;,
fidèles. au
sement du- nombre de nos Bacheliers, il faut surtout,
Messieurs, voir une réaction des esprits en faveur des
études littéraires. Après plusieurs années de surprise et
d'expérience malheureuse, on a compris tout ce qu'avait
de défectueux cette éducation prématurée p·ar les scienèes,
qu'on avait substituée à la sage discipline de nos pères. Le
bon sens du pays proteste chaque jour davantage contre
cette prétention singulière de former des âmes d'hom111es ·
et de citoyens avec l'histoire. naturelle et la géométrie.
Aussi, aujourd'hui les meilJeurs élèves, qui se destinent
aux sciences, n'usent:..ils plus du droit de déserter les
.études littéraires après la Quatrième : mais ils veulent
poursuivre ces. études au mo.ins jusqu'en Rhétorique, et
tiennent à honneur d'entrer à l'Ecole polytechnique avec
le titre de Bacheliers ès Lettres.·-' Vom• avez bien raison,
jeunes gens. Avant d'appliquer spécialement vos-esprits à
l'étude des sciences exactes, développez largement toutes
vos facultés par la culture des Lettres. Car seules, ces J""et'lres, 'qu'on a si bien nommées humaniores litterœ, peuvent
former des hommes complets, parce que seules elles parlent à la fois à l'esprit, à l'imagination et au cœur, parce
�-
32
-
.qu'eUes agrandissent et fortifient l'âme en même temps
qu'elles l'éclairent,
en instruisant. Soyez
assurés que, pour vos .études scie11tifiques elles-:mêmes,
Lettres vous auront préparés plus.
ne le croit
généralement, comme la meilleure gymnastique de l'intelligence. Relisez, en effet, les listes annuelles d'admis.;..
sion à l'Ecole polytechniqùe. Tous les noms qui y tiennent
les premiers rangs sont(ou peu s'en faut) .ceux des candidats qui avaient.fait des études complètes. Que si, parmi
ceux-là mêmes, il s'en trouve quelques-uns, qui n'arrivent
pas tout d'abord aux premières places, attendez, ils. monteront infailliblement la seconde année. -· Vous êtes donc
dans la bonne voie, jeunes gens ; continuez. C'est pour
vous y engager, que, dans sa haute sagesse, notre Ministre,
· en répartissant les conditions. d.es examens, a d'avance
assuré tant d'avantages paur le Baccalauréat ès Sciences
aux candidats qtü seraient déjà Bacheliers ès Lettres.
En mêiile temps que .s'accroît le nombre des candidats,
le mveau des examens s'élève. Je ne crois pas en vérité
· qu;il y ait dans tout l'Empire une province, qui ait otTert
à cetégard une moyenne supérieure à la. nôtre. Nous devons rendre cette justice à nos Etablissements d'instruction
publiqùe et privée, qui concourent avec unè si louable
émulation à ce commun succès de l'enseignement. Dans
ce témoignage, n'oublions pas surtout nos Colléges communaux, qui nous ont
plusieurs de nos meilleurs
candidats. A côté des Lycées de Nancy, de :1\'Ietz et de Bar,
à côté du Collége Saint-Clément et de. celui de la Mal.;..
grange, les Colléges communaux de Lunéville,, d'Epinal,
de Verdun, et même celui de Commercy tiennent dans ce,
concert une place honorable. Aussi, ne sommes-nous pas
étonnés, qu'annuellement des .élèves, qui sortent de ces
�33 maisons pour achever le cours de leurs études dans lés
de Paris, y prennent d'emblée le preniier rang, et
glorifient le nom de leur ville natale aux solennités du
·.grand Concours.
Cependant l'examen du 'Baccalauréat ne s'améliore pas
aussi vite dans l'Épreuve orale que dans les Compositions.
C'est de ce dernier côté que les candidats portent actuelle:ment leur effort; ils savent quelle importance nous attachons à ces compositions, qui sont en effet à nos yeux ·la
véritable mesure d'une éducation classique. Le Discours
latin surtout, si longtemps délaissé, est devenu l'objet
d'une étude de plus en plus sérieuse, depuis qu'un Minis-..
tre, ami des Lettres antiques et formé lui-même à leur
école, relevant d'une main pieuse leur sanctuaire à demi
ruiné, a fait de cette composition comme la pierre anguet l'épreuve souveraine du
laire d'une instruction
Baccalauréat. A chaque session, nous sommes heureux de
voir, comme elle se relève dans la discipline de nos études
classiques, cette belle et forte langue latine, qui a été
jusqu'ici la meilleure école de l'esprit humain, et qui reste
toujours :le plus excellent exercice pour apprendre à.écrire.
On dit même que, dans les classes, le latin a presque détrôné le français. Mais qu'importe? S'exercer en latin,
n'est-ce pas encore, en effet, la meilleure manière d'apprendre à écrire en français ? n'est-ce pas chercher le
français à sa source laplus pure? Nos grands écrivains
du XVII" siècle n'ont pas connu d'autre méthode.- La
Vttsion latine, du reste, nous prouve.·assez, que la langue
française ne perd rien, au contraire, à être ainsi étudiée
à travers le latin. On y sent, avec une intelligence·
fine et plus complète des textes, une .traduction plus
et plus aisée tout ensemble. Aussi, sur 226. candidatk;.; ·
3
.
···\J
�34 -:
avons-nous eu la satisfaction d'en admettre 156 à l'épreuve orale, c'est-à-dire, plus de 69 pour 100.
L'Epreuve orale (avons-nous dit) ne se relève pas si
vite: Graditur noù passibus œquis. Si la 1;1lupartdes candidats regardent avec nous les compositions comme la
partie la plus importante de l'examen, beaucoup oùblient
trop que ce n'est pas la seule. L'épreuve orale nous a paru
assez négligée, même par les meilleurs. Peut-être, en
laissant trop voir notre partialité pour les compositions,
avons-nous pu nous mêmes encourager cette négligence
déplorable. Sans doute, jeunes gens, un bon discours latin
-est le meilleur gage du succès, mais il faut achever la victoire. D'oü vient, en effet, que plusieurs d'entre vous,
après avoir débuté sous les meilleurs auspices, n'ont sou-vent abouti qu'à la note passable, comme les plus humbles
combattants? Pourquoi? C'est que la préparation des Au.;.
teurs avait été trop délaissée, bien que le cercle étroit, dans
lequel le programme s'est de plus en plus resserré à cet
égard , laisse désormais cette négligence sans excuse.
Pourquoi encore? c'est que l'Histoire. est mal étudiée dans
d\\rides rnanuels, et pour être oubliée le lendemain : Tout
entières au présent, nos jeunes génél'ations n'ont nul souci
du passé, et ne croient pas que cette expérience des siècles
ait quelque chose à leur apprendre. Pourquoi enfin? Ah!
c'est surtout parce que la Philosophie et les Sciences sont
sacrifiées par beaucoup de nos candidats conime choses
accessoires.
Je ne cesserai de le répéter, la cause du mal, c'est toujours la désertion de la classe, de logique : Inde mali labes.
Plus de la. moitié de-nos candidats en effet sortent de rhétorique. C'est toujours parmi eux un empressement déplorable d'esquiver commè inutile l'année de philosophie.
�35 Amiée perdue, dites vous. Qu'y
-· N'est-ce
donc rien à votre·compte, jeunes gens, que cette science,
que Bossuet, 'dans un livre qui est entœ vos mains, a si
bien nommée la Connaissance de Dieu et de soi-même? La
nature de notre âme, la sciènce des opérations de notre
esprit, les principes et les lois· qui régissent notre nature
morale : enfin notre destinée et les moyens qui nous sont
donnés d'y atteindre, est-ce donc là des questions pour
vous· sans intérêt?· Imprudents !· dans la vie. où vous allez
entrer, contre tant d'obscurités, de redoutables problèmes,
de passions inquiètes, qui vont assiéger votre âme, vous
ne sauriez jamais être assez prémunis par une philosophie
tutélaire. Quand je vous vois si videsenCOI'e et si inexpé. rimentés, sans boussole et sans gouvernail, vous lancer
à l'aventure sur cette mer du monde, immense et pleine
d'écueils, puis-je ne pas m'alarmer de ce qui vous attend?
Que si cependant cette étude des sciences morales ne suffit
pas pour vous retenir, songez qu'en outre, dans cette
année de logique surtout, vous devez être plus complétement initiés aux mathélilatiques et aux secrets de la nature
Ne dédaignez pas ces coimaissances, jeunes
gens. Tandis, en effet, que hi pratique des sciences exactes
contribue à vous former à l'enchaînement des idées et au
raisonnement rigoureux, la physique etla chimie vous
préparent à comprendre ces prodigieuses conquêtes, par
lesquelles le génie de notre siècle âssuj'éttilles forces de
glorifie pàr là crune .
la matière au service de
manière si éclatante là toute-:-puissancé du
Voilà le complément d'étude, qui manque à un trop
grand nombre de nos candidats, comme ne l'atteste que
trop l'Épreuve orale; Voilà pourtant ce qui donne à l'édu;..
cation classique sa maturité et son harmonie. Aussi, ne
et
�saurions-:-nous assez louer la
de certaines maisqns,
où, il est .formellement inter<Ht .!mx .élèves d,e se.
.
d'avoir achevé leùr cours de phi!ospphie .
.Mais, me
ppur y suppléer, ne pouve:z-vous
qonc vous m.ontr,er plus sévères à l'ExaJllell suries ques. tipns
qui tou client :;tUX sciences et à la philosophie?
()ui sans doute,nous le voudrions : mais nous ne le pouvons pas. toujours. Deypns-nous en effet écarter par une
égale rigueur cette .estimable catégorie de candidats, toujours si nombreux dans nos provinèes de l'Est, qui, tout
.en se destinant aux Écoles. spéciales, ont voui u rester dans
la section (}es lettres jusqu'en rhétorique, mais qui pourtant ne sauraient ainsi prolonger leurs études littéraires
une année de plus, sans compromettre leur avenir? Ne
leu·r faut-il pas. tenir compte avec quelque condèscendance
de leur bonne volonté? Pour ces candidats, je l'avoue,
nous nous montrons volontiers plus faciles. J'ajoute même,
que, quelque me,sure qu:on prenne, pour retenir de force
}es élèves dans .la
de logique, soit .qu'on rétablisse
le cer:tific&t d'études, soit qu'on ajoute au .Baccalauréat
u.ne.dissertation dephilosophie, j'y voudrais toujours une
eXception en faveur· de ces braves jeunes gens, qui, hien
que pressés ,par l'âge et réclamés par les sciences, ont
mais dont on ne saurait
tenu bon jusqu'en
exiger ;davantage. Ceux là, en effet, ont leur excuse. Mais
il en est tant d'autres, que ri.en ne presse :
intérêt,
mieux cOmpris ne suffira-t-il pas pour les retenir en philosophie?
mes alllis, cette impatience fiévreuse
d'abréger le noviciat de la vie? Atltrefois, le chemin des
écoliers était toujours le plus lo1,1g. Pourquoi mutiler ainsi
vos études, au moment d'en recueillir le fruit? après avoir
�porté le poid·s rlu jour, pourquoi délaisserlanioisson?.JL __
est 'temps, sôngeons·y; qùê ;lâ plii'!Usophie -tèprêifdi dâns ·.
nOtre éducatitHi·,.ciassiquela
.·.
dlî perdre; car îa géhérâtron', qûFauraiî dé;érté ces nobles
études; seraifcomdannéé à une irtérhëdiable infériorité. · ·
faihlessès de l;Epr.eu·ve oràle
pas em- .·
presqué
eaildidats
ravaientétê admis,
d'Ûre. reçus bàëhèl{ers.
y sont restés
fdrt ah ...
espérances de leurs
i et
·
hérds sont
vulgàire ·
darts url sôëCès équivoque. Eh sdmme,: sur J 36' candidàts
admis! un seul, M. Guérin de Lunéville, l'a été avec la
,
.nbte parfàitenjent bien, et1 0 .avecla-Iiote três-bz'en; à savgir'; :
Boullet, de ;Conty, Ric'hard, :Qèlacroi,x, .
Pierrot,
Adam, Bl'etagpe, Fitte ietnfemiudin.
20 bandidats. ont ()btenu la mention bzen,
· 38' ld in'chtibri:'asie:Z bien>
et les 67 autres n'ont
la notepassable. .
.
ment.
En total, Messieurs,c'est' i 36
que nous. avons
satisfa'ction; d(freëëvoir .1:5a:èhe1îérs·· M
stff .226
qui' s'étà'ieiit 'présentés·
·
1
dès sütcès n avait•pàs: dépassé..581ioür' 100; Iùi, 'eest'.pliis·
dcf 60' ·pour· 1 o, pr.ês\des •
·
o
deux tiefs.··Glorifions.:.n&u'SV
sieurs, df cette'' proportion'loujours 'crôiss'ânte, qui ·n@.us
offre là stàtistique· la plus sûre dé·
édi.rèàtion'cliissiquê
et
de nos· enfants. Mais sÜ'rtoûf; o
faisdtl'S
ma'ge·de·te 'suêcès au· MiniStre;' amidé>'l'Universüé, · . c}ui a
su.· d'une mai·ri habile et ·.
failes··au ·,système 'de nos 'étüdes et' Y apporter tdutès'les '
amélioration· ·prati.éablés. ·
s
··
· Ces
qui
'
.
·.
�38
d'Avril.
50
11
. - ·
.d'Août.
156
45
..
12
'
2
5
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18
1- --1-·-·1- ·.
·· · -
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- ·.- . - ·- · -· - ·-·. ·,- - ·- 1
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1
de
60
16
Novembre.
Tom'
220 --:-.
8
24
2
.'
5
10
21
56 1
-:
La
n1.e stpas encQrê entrée dans une
voie de progrès ausl';i decisifs. Plus il y faut de .fortes études; et plus, Jongtemps on s'y ressentira dtt discréqit qui
avait un instant frappé .les. lettres antiques: Ce n'est
la·b,onne volonté qui manque à nos jeunes maîtres. Mais
presque tous nous arrivent avec de. premières études iüsuffisantes et trop )ongtempsinterrompues; U leur faut reprendre leur instruction littéraire par ses fpndements,
pour en réparerl'édifice entier. La plupart du moins, qui
se sont mis vaillan1menl à :l'.<buv;re, ont vu leur perséCette année, la
vérance couronrtée d'un infaillible
II10isson a été plus ample que jamais. Sur trois candidats,
�39 ' ·- ·
.
qui s'étaient présentés. dans la session. de
f860;
deux ont été reçus, à savoir: M..l'abbé Marin,
été
appelé depuis à la chaire . logique du .co]lége d'Epinal,
et M; Dubreuil, régent au collége deVerdun. ---' A Jaséssion·de Juillet 1861, sur onze·.•candidats, nous avons eu la
satisfaction d'en rencontrer sept dignes dU: grade de licen"'
cié, à savoir -: . .
.,
MM. DELBOULLE, chargé de la quatrième au Lycée de _
Reims.
CHEMINOT; alors maître d'études au collège de LU-"
néville, aujourd'hui ré'gent de seconde dans le
même collége.
_
.
CAMUS, Maître élélflentaire au lycée de Nancy.
VouAux, Maître répétiteur,
id.
HOUDART, étudiant.
CARÉ, surveillant général au lycée de Nancy. CoNSTANT, Maître répétiteur au lycée de Bai·;
se sont fait rerparquer:,par la _olidité et la variété
s
de leur littérature; .plusieurs par leur talent de parole :
chez ces derniers déjà -?n
le professeur. Cet.heureux -rés\,lltat de nos · examens 'de · Licence a .·d'aûtàntplus
réjoui notre cœur,· que nous.'étioris eù drOitdecroire; que,
soitpar· nos Conférence- , soit par nos· conseils pal'ticulicrs, ·
s
nous en avions depuis longtemps préparé le succès.
.
i
.
•
.
Doctorat • ....... Enfin, Messiêùrs, •t1ôus avons eu pour'la
première foi's depuis sept ans une stnitenance dethèsespour
le Doctorat. Jusqu'alorsauè1uiedes
qui ho us avaient
été présentées, ne nous avait semblé digrie de cette honneur,
et leurs auteurs avaient été chercherfotlune auprès d'au'"
tres Facultés. 1\fais, ; pour inaugurer avec éclat la liste de
nos docteurs, nous ne pouvions certés souhaiter un candi-
�...;_
4ô : .......
dat plus honoràble que M. Soullié; professeur dé logique au l.ycée'd'Angc;>ulème, et mon ancîen coridiscipka l'École
normale. Sa thèse latine sur Thé'ocrîté est une œuvre exëellente d'érudition eb;le goût; on: y sent ·une 'longue
ritédu critique âvec le·poëte, qu'il aime, pour ·ainsi dire,
d'un amour d'enfance; Les idées ingénieuses, queM .Soul-"
lié a développées à ce sujet sur la poésie de la ·vie domesüque, eLle style si: délicat et si pur; dans lequelillès a
exprimées, ·donnent à ce sujet, qui pouvait pa- aître usé,
r
une ·originalité et un charr:ne tout nouveaux. C'est là une
de :ces Œuvres rares; que·PUniversité 'de:Fr<lrice ·peut opposer avec orgueil aux travaux les plus distingués d'outreRhin. ___.La thèse française de M'.· SouUié; sans valoir sa
de 'très-grands
thèse latine, se recommande encore
mérites. Ici, il a pris pour sujet l'Hîstofre . de l'Apologue
fusqu' d Lafon.taîne. Remontant jusqu'à ·l'Inde, l'antique
berceau . de la fable,_il suit l'Apologue ·à 'travers les ·âges et
.
les peuples divers; ·pour montrer comment
génie et sa
c
forrriese-modifienten . hangeant de thé.âtre; selon le caracà tour;
tère .e tJes
et 11
à notre
grand fabuliste,.qui; en :recueillant cet·héritage des ·sièdes,
fixe enfin,l'Apologue·dans sa forme ideaie ·et définitive. Si
défaut
le plan .de .ce ;vastè travail est parfois
esthien racheté parJ'intérêt des
L'œuvre gagnera
toutefois à..être:rernaniée darîs une noUvelle -édition. Telle
-est 'néanmoins, .elle fait .déjà :grand honneur à
l\'1. S:oullié,.et:fout ensemble à la Faculté, ,dont il s'est ef,.
forcé de conqqéri: -lessuffmges pàr des•travaux si.consir
soutenan_ce ouvriron't, .je
- dér(!bles ; , Ces ouyrages et
l'cs_
père, à)\1.; .Soullié
de l'Enseignement su périe uT;
�Il me
Messieu:rs, ' à. vbus:rendre compte de rios
Cours.. Là ;dess-us; je sèrai,bi·ef.N'êtés-vciuspas - effet·
en
pour la plupart lesr audite.urs assidüs ·dë -nos -leçons? Ce
que nolis avons -fait l'an: dernier, nùl: dlentre -vous ne .
l'ignore; et quant à ce ·que:nous·,allorïs faire' cette année;
chacun de nous s'en ·expliquera··daris sa .proéhâ:ine·leçon
d'ouverture ·d'·unefaÇon'plüs:co.t:nplèhr et·:plusintérêssante:;
Quelques ·rriots cependant à·ce sujet;
·
·Philoiophie. --=-· M de Mar·gerié, ·vous le savez, a ·con:.:.
:;
sàcré son Cours · de ·l'alrdernier à la philosophie de l'Art.
Après avoir_ rechirché· au fond de l'11me ·humaine. ellemême les principes · de
il a tiré 'tirie ·défi:..
nition générale du beau· 'et urie · admirable théorie dès
Bëàux·;.arts •.Quel e'sfl'objet:·de'l'à!'fef ·sa missiÔillégitime?
.
a·,quelles ·lois est:..it- assujettf7"efX
conditio'ns ' lÙi
-êst-il donné de réaliser soit idéal? .·par quelslien's : ehfih;
tient"-il à la morale,: et jusqu'à' quel' point -peut:.:il influer
sur les mŒurs·· et èn subir.l'inflûence· à :son·totii'? Telles
sont les questidns générales, . ·
de 'Margerie a vôtllu,
traiter ·d'abord; · avec quëlle :: elévatioil 'et/ qüellè ·· dêlica:tesse? voùs le savez; Puis, passàrità:1'éhtdê ·dés
arts·, ill es a.tour à tour àppeles à··rendre·témoignage à ·sa ·
théorie. Poésie, ·éldqqence r pèin tùrè, 'statuaire, •· arc hi tee:_
tul'è,
tous lés
; rit: été
o
ùans lëur
esse:nce et · les moyens i particuliers '
lesquels :chacun ··
1
d eux peut exprimer ·Ja·,· beauté. Guidés par ceLespriV si
sûr, vous
remontés ;ces· sources di-vines de l'esthé.;..
en:
a
�--
42-'
que Platon avait entrevues. Qu'est-ce qtJe l'artiste,
en effet, Messieurs, qu'est.,..ée? sinon le prédestiné; qui,
ravi en esprit dans le monde idéal,' s'efforce ensuite de
, rendre sensibles aux autrés les visions qui _l'ont .ébloui
mééonnu _dans ses
dans son extase. L'Art
principes et dans son but, a été ainsi'rendu à· sa ·vocation
· supérieure. A cès leçons ·inspirées ·par· le spiritualisme -le ,
plus élevé, que n'ai-je-pu c·onvier ,foiis les artistes? J'espère
du moins, que, de cet: enseignement, si opportun, M. de
Margerie fera un livre, comme il l'a fait avec tant de
· succès de son Cours sur là Famille; cô'lnrnë ·cettë· année
encore il l'a fait si heureusement dë -· quelques Leçons du
plus piquant à propos sur les Fables de Lafontaine. Car,
en t-raitant dans sa Conférence des ·Moraliste_ ·français au
s
XVII" siècle, il s'était arrêté un instant à notre-fabuliste;
1
et lé public a su.infiniment degvé à
de Margerie d'a.:
_voir, :en imprimant ses spirituelles Téflexions à ce sujet,
prolongé le charme de l'entendre.
,
Cette année_ reprenant l'enseignement de .la Morale au
pOint:où il il',avaitlaissé il y a
ans, ·lors de ses _éçons
l
le
se .propose d'étudier les rap-'
sur-da
ports et lés devoirs- de_l!homm.e dans la Société civile.
Après·avoir montré dans sa vérité :ce que •c'est que l'Etat,
il en examinera la mission, lesdl;'oits e( les devoirs, en
remontant aux . p_incîpes _
r
éternels; _ ·Dieu lui-même a
que
donnés pour
toute • ociété humàine. A quel
s
titre e_ jusqu'où l'État peut-"H intervenir\dans · les relations
t
privées et ·
des citoyens? Comment et dans ·
quelle mesure doit:.il concourir au progrès _ e la moralitéd
,
de . l'intelligence, dë ' la
publiques? .
·en
droit'
·(les citoyens en retour · de cette
qu'il
Quelles sqnt les armes, dont· il dispose ·
�..,..,... 43.
contre Jes délits ·qui troublenLle bon
but le législateur.,doit il se proposer dans l'établis;;
lo,l
cet _
énoncé sommaire, vous _
.
entrevoyez, _Messie1,1rs,• _l'intérêt de cê Cours; Questioqs
flît
en ·présence -dè
. d'ailleurs opportunes,
·tant de doctrin, s politiques, qui se sontproduites en :qos
e
jours de-sophisme et de con.fusion, où l'on a vu nos mola puissanc_ et les
e
dernes Lycurgues agraud.ir. sans
d!
)voirs. de l'Etat, pouryap_Q
s vber, pour ysubmerger l'in:dividu, _
lafamilie, réduireJes citoyens àn'être .plus que
les rouages stupides d'un
mécanisme; ="'
Je professeurtraiter:a des relations de peuple à peuple, et
•· se dt]mandera, si ce_
sont)à de, ces choses; où la morale_or- _dina ire n'a rien à voir : ou. si, au .contraire, ces rapports,
par ces règles: de
comme ceqx des .individus,
desgens, et qu'on.
justice éternelle, .qui cogstituent le.Droit_
ne sauraitenfreiQdre·sans crime.
et
Histoire.
l'iJ.n dernier, vous avait ramenés vf)rs Ja
antique. JI retraçaU s.ous vos yeux cette
Jutte gigantesque et héroïqué ,- .qui pendant. trois -siècles-.
mit_
aux prises,la Grèce et la .Pe.rse; et qui;inaugurèe par
Miltiade à Marathon, s'acheva, après. tant -de vicissitudes -•
diverses, aux - laines .d'Issus . et d'Arbelles par Pépée d'A- ·
p
lexaudre, .Drameimme,nse, .quirnit
présence lés de.ux
vie histori'"'"
nations au moment le plJ,Is
que, et qui a- été pour le Professeur Foècasion: d'opposer
dans leur antagpnisme le génie· de, Ja>' GI'.èce libre avec ]es .
croyances eUes mœurs de l'antique Orient, et de .montrer
comment_l'un et l'autre élément
eo.ncouru_ la civilià
sation _du monde , - .Cette annég, le- Professeur, vous
au cœur du Moyen.
y va rencQrürer.une
�44 '
lutte anàlôgue, maisbieri aùlremëriffofmidable
ddent' et · l'Orieqt. .
des' Croisades} qtùl'se
prOpose d'en1brâssèr dans ·sôn · enserrible,'depuis
joür
oi.tla France, où l'Europe; à la voix de :Pierre-l'Hermite
et 'd 'Urbain JI,
lèvent. pour com·ir à''la délivràl'lce du
saint ·Tonibkau; jusqu'à ·cèhii où sàint..Loüis
au
rivage de Tunis, etoù, avec lui, semble s'évanouir la
pieuse et héroïque inspiration qüi avait animé cette épôque chêvaleresque. L'horizon sans doute esfbien •changé;
et pourtant;· dans .ce 'tableâli; que derapprbéhëtneilts:aY.ec .
les guerres niédiquesse ptésenteront ·ellèot'e à vos yeux?
·fiers ' de notre• pays'I Messieurs; Dans cette lotte
du Moyen Age; c'est la France·quijoue eti' Eu'-'
rope ·le:rôle ·d'Athènes au 1p ilîe.tl de la:Confédération"hellénique; c1 est elle, qüi; sous les auspides de Rome', mène
et setüble·être!latête et -le· bras de la Répübli.:.
que chrétienne. Ici encore; deux civilisa:tionsen :prése·nce;
Quid.oitl'emporter, dans ce contlitsolennel, de la société
,chrétienne·'Ou 'd()' 'Ce ni onde dé l'Odëüt;·què': Maho1néla vec
·sdn· Corancsel))hle av.oir' rëssùsci.te à •une ·vie nouvéllè et
-qui mena.è_ ' d:e.nvahir .J'Europ(;l? . · ·.· De
e
qüe :M'- Li:t'cuoix cme:ttaiVen p:féSell'Cé; l'ari dernier, . les idéés -et leS'
mceurs <de rJa•. Gr'èce' aritique et 'de l'.Ira:n; pour juger eü
quoi 'l'une
société avaient>
dil:concourir .au progrès de· la civilisation; pq:reiUernent; .cétte année, il Oppo:..;.
sera le: Christianrsm·e 'à l 'Isla'misme:>et ·montrera comment'
c'est aux priricipes<que l'Eglise a; fa:it··prévaloit da'ns le
monde, que : Ie genre ht(main est' redevable de tous ses
progrès, tal'ldis que les Etats musulmans; après üll ' éèlat'
éphémère, . étaient voués à ùné . irr'émédÜ.lble et • rapide
décadence/ - ·.:- Màis;· entre: ·}e . draine ·antique · et , le
derne·; combien . d'a)Jtrf:?s an.alogies ne devront...:.elle:s •pas'
mo-
�:·;45
pro:voqucr encore -vos
?De n1ême qü::aü leridèi -.ll1'-'in !:le ta
se .qi vise eL
:les ,r\y- fitês
a
de ;la
.
Ja ÇhtêtiepJé,
à l'a[)archie, \et
f!.-l'inspiration de
-Rome:qqine
Dieu et ]a croisaqé .contre l'Jnfiqèle, Se déçhire ,en · d. sluttes pNlone
gées; .qui ouvrent:
Musulmâtls l'accès ,de :I': Europe; -II
·y a.plus ·) e quatre cents>a.ns;
d
à p.os discordes,
une hord: _de Tartares, après
e
•Co.nsta11tü.Jople,
çaU1pe dans cette • antiqqe capitale :ât.f
C:oJTimmlt
.cette dorrünatiori stupide et hp;rbare s'est_i longtemps, si ce n'est .p!lr nos mutuelles
s
jalo11.sies? A qui donc
-de:r,ésoudre ,eet.te .éternelle _
divisée . contre. ell!Hilême,
· question d'Orient?
attendra--;t-elle _ un Jl!'l tre .
qu'.•-. vienne trancher•.Je
nœud _
g.qrdien ayec J'épée, et qu'un J10UVel en1p.ire . dé
Maçéçloine, se
·aevatlt no_us;- I)]ènace.l'indéperidance -des n_tions? ""--- •
a
Màis poürquoi
dans 'les
·préocêüp(;l.tions·dè-Ia·
contempor-aine? Ce que j'en
--:dis là. su(fit, pqur vous laisser_
pressentir ;q_uel ii1térêt peuvent e11core offrir, pou ries q_uestions pençl!!Qfes,
études
êvèpexneuts
. histodq_ues çlu
à -trav.ers les siècles . par r,nille Jier1s Illystét·ieyx. Le .passé
expliqpeJe
J',aveQir •.
ancienr,te. -- . Van ·.de,rf)Î'N';· M; , ;gurn.ouf-, de
.son . eôté, retraçait-l'histoire d,e }::Elol:p,i..ellte grecqu.e-depuis
etil su,ivait dans son
Thém.istocle
d_évelopperrient et ses: retours Çette.pllro1e p\lhlique; qu.i
fut c()mfile
4e l'ipdépgti'c1ance <hellénique;. et qui;
la liberté, _
pérÙ etxesla'
elle dans
�--"--
46
la {mussière 'de Chéronée.àmiée, il'se propo'se de
vous ràmener dans·:Pinde et,d'étüdier dans le Véda, ce
monument le plus a:ùcièn de la langue âryenne, l'enfance
aux 'bords de 'l'Indus. chez un
de la civilisation
peuple de pasteurs: · C'est tout un monde; jusqu'alors à
peu près voilé à rios regards; que M. Burnouf prétend
faire ' revivre
faire sortir de la nuit profonde :dtf·passé
sous nos yeux avec ses croyances, ses rnœurs; sa poésie . .:::_
Nul, .au reste, ne le connàÜ mieox qiie··liü.· Il y a long..:
temps que la Littérature sanscrite est l'objet de ses éltides·.
Héritier,· et digne hérîtiet d'.un nom celèhre dans ia science
des langues de l'Ori(mr, et h:tettal1t l'imagination d'un
poëte eile .coup d' œil: exercé du philosdphe âu service de
sa vaste érudition, ii 'éclaire · ainsi d'tine vive iumière les .
traditions, les
la littérature, la gran1maire de ces
races aussi vieilles que le monde > Ses travaux sur ce sujet
.ont déj'à mie •renommée européenne. Les savants :Anglais
s'empressent de mettre à sa. disposition les ouvrages qiü
lui S()Ut necessaires. ·Grâëe à sa vivante imp1Jlsiori, Nancy
oriètltalistes.
est dev.enu l'un desplus·aétifs
Sans' doute ·la> bonne ..fortune de notfe ,. jeune savant lui
dè rencontrer· dans notre ville tme élite de philologues prêts à' le secon'dër. Auprès de M. ·G: du MaSt, il
a trouvé l'appui le plus hieriveillanf, une mine d'idées .
fécondes, un sûr contrôle de ses études. L'érudit M. Leupol, qui s'efface avec un trop modeste désintéressement,
x partagé avec lui l'œuvre de cette Grammaire sanscrite,
qui, par .sa simplicité ingénieuse, a , attiré l'attention du
monde savant, et dont la seconde éditiort 'ya pàraître. Un
prépàre par lamême
DiCtionnaire
Enfin l' Académié de "Stanislas, pour seconder d'es
qui:J'honorent;. a, fondé· cette annee une imprimerie
et
en
�....;.;. ·47
caractères· dévanagaris, la seule qui existe en Frariee èn ·
dehors de l'Imprimerie
Sacrifice bien entendu.
Car M.Burnouf ·ne · m anquerapas depayeren renomll)ée
à cette société génél'e1.lsela dette de. sa reconnaissance. -·
J'insiste sur ces travaux. Il convient que notre pays les
connaisse et que le Ministre, chargé .p ar FEmpereur du
gouvernement des choses de l'esprit et de la récompense
du talent, sache· ce que telle ville de province renferme
de laborieux savants, quHravaillenUoin du soleil de
à soutenir la gloire de l'érudition ·· française . ....;;._ Mais ne
croyez .pas, .Messieurs, què ·ces travà.ux;quelqüe tonsidéra:O···
bles qu'ils soient, sUffisent à l'activité cUrieuse de
Burnouf. Dans ses loisirs, et comme en sejouantt cet esprit
si bien doué vient encore d'introduire dans la Télégraphîe .
une merveilleuse amélioration, qui permettra
désormais (au lieu de c15 ou20: mots, . qu'on pouvait à
grand' peine transmettre par minute à travers uil fil) 'd'en
faire passer dans le même temps jusqu'à cent et plùs.
L'Empereur, qui veut que la France ne soit 'pas· moins
grande par hi sèience et par l 'jndustrie que par les armes,
ilevinant tout d'abord la portée de ces ingénieuses
ches, a ordonné qu'on mît à la disposition de M. Burnouf
et de M. Guil'lemin, son collaborateur; .toutes les ressources
nécessaires àleurs travaux.
Littérature française. 7"" Le .cours régulier de l'histoire
des Lettres et de l'Esprit en France, que nous vous retra-:- •
çons depuis ses
nous a Conduits à là
veille de 89. Nous avons vu, l'an dernier, comment le
siècle, à mesure qu'on approche de ce moment solennel,
accélère son cours orageux, et commè tous les . esprits>
travaillés de la fièvre du changeni'ent, s'acharnent à l'énvi
�--
'.48
..,._, ' .
' à détruire tout ce qui ,demeurait du
la·,re,çqnstrw::tion ,de. l,a soci,été
_ _ ,plan plus
sur,un
,conforme.à··'· · . ., -,.,._, .- ·--·-· - · ..- · Au moment .de fl'anchir
.Ia.raisonhumaine .
''
,,, ,
..
. ,
Je seuil dela,Ré.v.ohHi 0 n, mon cœur se .trouble etj'hésit.e.
j\fais,
Révolution, en bi.en comme en mal, est
pour la plus grande partie l'œuvre des Lettres françaises;
. ce.sont nos écrivains .du X:.VIII•
qui l'.ontfaite; elle
appartient.d oneà ce
.. Je tâcherai, -en traversant rapi"aem,e nt _
cette
épocp1e, .d'en juger les œuvres
u
Car.les. cri.:.
.aveé J'impartialité' qu'!.ln •.tel s_ jet
ce temps ne. doivent p:Is nous voiler le spectacle
çle .§ès. grandeurs;- _
niAant de
définitivement
acll.t!Ïsesà la civilisation. -•.·. En. sign:1Iant donc lesJauteset
-.
erreursd(:)la
nous recueillerons d'une main
les
pieuse tout-ce que nos pères ont semé, parmi les ruines, de
féconds, d'où devait sortir après J'orage Iii société
nobles illusions et·
m,oderne. Mais, tout en admîr:1nt
l' epthousiasQJe gél}éreu:x..qui alors entraînaitmt :tant d'à mes
enivrées, nous no.us .demanderons quelle caus(:).fatale a si
vite t.our.néau
(,l'espérances .etcqrrompu ,les rneilet ht paix s'embrassant
sy!.) a terre d'u.n
et soudain voir cette société si ,polje transformée en une . horde _ cannibales ! ,
de·
Quel réveil?. Au plus fort de ]a tempête, nous entendrons
Joseph de Maistre, comme illuminé par ces sinistres
.• procl(lil1er d.'une·voix prophetique sur Jes .ruines
del;1 société les vérités méconnues, qui-en s.ont J'indispensable fol} dement. C'est lui qui nous dira,.pourquoi la Révomarçher.- au progrès,
Jution s'.était égarée. Le .siècle
en tournant le dos
lLsemble que, pour
humjliercette société enivrée d'elle-meme, Di.eu se soit
retjré
à l'impuissance et a.ux
,;
,.
__
..
·,
.
·•·..
.
•'
•
'
·
... ,- ..
·--
�,:_ '·'49 ...:..._
bre.s de' sa raison. Le ·ciel s1éta.it voilé, el :hJOrJ.dêà:yait ·.
.. ··
.·pe1;du sa, :v.oie.>,,.-;o Wlais,.,voiciqu'apr;ès une
loureuse, la. divine Providet1ce
.
un ré'paratèur, qui clôll'anarchie,>et recueillant à la fois
etJes dé}:)ris·.du passé. ·que 'le
avait
sans ,discernement, et les bienfaits durables. de Ja Révo...l_ tion, .s'efforce .a:vec ces divers
u
société moderne • ...,...,...· Pour cette œuvre de
le premier (}otlsulJrouverl;l, ,.4an3
de.
teaubriand deux admirables .
Aux
il ..
àppartenait de réparer les ru.inesç que les Lettres ayaient
faites.· .La première; vr(lim;entsuMrieure .par l'éte11due
etl'impartialit$ de sori génie, .à. l'heurt), mênw 9i1 ·l'esprit
humain instruit par tant ,de mécomptes doutait Je plus
de
la vraie doctrine du w:ogrès; le :se•
.cond, . éclairé._ parJe lpa!heur, replaQJe . Ja.croix .
les ayenües d,e l'esprit hum.ain, :
C'est surtoutàees deux gr<trtds 'génies ·què nous
cherons . de
lorsque, ·après: avoir trave:rs(r •la
tourmente révolutionnaiœ, nOusétudieJ'ons la littérature
.
-nouvelle qui a. germé }m
effet; que la voix des autres écrivains: ne sE)rnble qu'un
écho, pro
du XVIU" :siècle, pn sent
deux
maîtres Vinspirati()l1 nouvelle etpuissante de J'avenir: ils
inaugurent glorieusement1'un ·et l'àutre 1Jt'l. siècle qui sera
grand entre tous daris les choses de I"t3sprit .
Etrcrngêre •. .....:.M,
avait commencé
l'an .d ernier une piquante étude .des mre]Jrs
do ca,racses
tère de la nation Anglaise . d'après
écrivains, quand iUutsoudain àppeléàla,S.9r}:)ot1ne, p9ur ·
.. remplir conüne suppléant la chaire illustre de Faurielet
4 .
�50' -
'd;Qzanam. ·Nous avc>'ris senti ·toùt''d;abord ;· qüe.Ni( Mézières
éta'tt perdu sans retour. Car si ce grand enseignement ne
luiîlil d'abord délégué qùe d'une faÇonprovisoh·e) M. Mézières, avec ce talent si aimable et si sùr què vous lui connaissez, saura s'y créer 'des titres durables. L'Académie
française vienf d1y ajouter son éclatant sùfft'age, en couronnant le bèâ:u'
de'· M. Mézières sur -Shakspeare,
'
· que vous avez 'vu se · former soUs vos yèux. Regrèttôns
. pour nous
Mézières,
à
ce succès du talent - t du travail, soütenus parle plüs hoe
norable caraètère.
Nous venonsd'appréndre seulement quel est Je sucees. se orque l'Universitëlüi réservaR. Cet-héritage, ·Messieurs,
'é té vivetfiërît 'désiré; En'tre tous les candidats :qui: en
brigm\ientl'honneur, il
qttel\1. Blanéhet, profes-seur derhél6rique au lycée de Strasbütn•g, aJlait'.être désigné, quand, au retour :d'un voyage èri Ailgleterre, dont
nous devions rêcu'eiiJ-ir lés' prémices, éèjèüi1e
été
dérobé. à nos espé'ranees
mort prémal\lrée; C'est
sur M._Hnguenin qüe s'est alors fixé le 'choix ··du · · Nlinistre.
·M. Huguenin, :depllis·un'an professeur deJiftératureétran"'
gère à la Fac'ulfé des Lettres dè Grenoble, eil échangeant
sa chaire 'poûf 'celle de Nàilcy,
estimé heurèux - de .
'renlrefaihsi pres'que ·; dans sônpays.<Jl est de Melz; · c'est
aÜ .lycée de cefte .
qu'ila ·pal'COÙI'U prêsque loÜte sa
carrière universihiire; ··e't ir y a laissé les plùs ·honorilbtes
souvenirs. Unaffrèux malheur, qui vient de frapper son
cœur paternel, ·l'émpêthe én ce momen f d?être près de
toute la
nous. Sa fille lui a été 'ravie par la mort
fleur ·etl'esperânce de sa jeun'esse: Pb isse son retour parcornpattioles, apporter
mi nous, qui ·sommé;
quelque adoucissement à celte inêonsolnhle douleur.
ville
�-51
: tiaJlt-àJ'e&prif,-' qui .conlil)uéJ'a de
Q
semble de nos COlirs; vous le .connaissez,
tw ·:;omrnes;plus
par.m.i yous. Nous
aujourd'hui IJotre bail aux, conQ,itions. du
.. Av,èc u11e
·diversi;té, saos ,doute; <te
et
qu'auto:,rise le
libéral de l'Ên&eigneot.ent supérieur, n.ous
no_s renco1,1trons
u
moit). dan.s -la
s
pensée
cÙUure
d'uni:rJes Lettres à l1;1 morale,
du ,goùUréclaker la.
d.e Ja; vie
et à inspirer l'amour du .bien. Cc
-d'hui, i:ln effet, · ue le .çor,nrnercc des Lettres .chàrme- nos
q
loisirs; il faut qu'il nousr.endeJxleilleJ-n;s_ .
•
_- re!igipn à nwintenir
lét
t()ut.le- rlustreJès .ét(.!_•nelles
p
1
Nélïités, qui Jo nt la vie, (oree e,t Ja
,des sÇJcii lés :
é
opposer aux intérêts ·cteJ:é.goïs,IPe.,
et aux sophismes p,ervers, les.
gé,nér.eux,. par .
lesque);s lft-.nature
kcJate:dans sa
.sa
d_
ivine _ .ramener spu.!)Jl.OSj'eui
;
.ralede
- pJus v,iY,e, J'amQllr
hl
la patrie en . ses .f'Orroes .)es :pi:us ·& blipes, :la m:éémi'u
. · n,eu.çe jJ)flliénabl_ -de- a
e
!
vét·itÇ, de la, yerJu,
s(;leré,e.cte.s. Lettres• f?lpsmit:re
v.oilà aujourd'hui
en,,effet, .est ..eJ)lrfltllé . rers
jopissances
riel! es par les ..
d- l:
e a
et
modernes., plus .il,est
que,.les Lettres s'efforc_.nt,
e
ppur leJ.Ir
vjrile,
.rélab\-if (éjpüÙbre .de
·
ture morale .
sommes fiers, Messieurs.
.
de notre temps par le génje
sur .forces
._ hysique, a,ss, p:ie,s Ms.or.r,Qai.s .: à se,s hesoips _. et
p
e
:
nous .avons rai_Qn..
s
t_hqmme :llP ,se ,prod.uisjt
puissant et plus :fort. Ad,mixf:ins (.:e,s>
,rniracJes fie La.m#a,..
�!!9
' iJ"'
.nique·;
le_
bieiï;.;êtrê qü'elli répand âutoùi-;d'êHe:
Mais prenom
ce n'est pas là 'qu\:ist lê progrès'
véritable ef ..'complet. Cette prospérité h1atérlelle dtîvien+
dràit mêrrie redoutable, \ i 'le .
moral he mai·chait
pas ensemble ; si Ia-'PhilosO'phie·, si les Lettres, de concert
àvec la Religion, né s'efforçaient pas de relever vers· les
cho'Ses d'en ·haut les âmes frop ii1CÎinées vers ta terre: A·
mesure en effet, que la science .nous ouvre des sources
nouvelles de. puissance et de bien-ètre, i1 y à danger que
l'hommene s'y enfonce; ne
et rie ·perde de vüe
sa destinée. L'Industrie meme tourné en' fléàïl'; quand elle
n'est pas conteime efdorriirîée par üùe · irîflm\nce' morale,
et qu'elle prétènd a ·· êtrê lé bu'fsuptêiile dê l'homme sur
la terre; car elle_faif bientôt là société à son image : _
eHe
fabrique dés âmes cruelles :comme des machines et des comme ses produits.
.
cŒurs
Français, souvenons.,.noûs Stfrtout, que, ' dans Je .
loppemenfdes divers éléments
constituent la civilisa.:.
tion du monde, ç'a touj?urs été le rôle de
France de
faire prévaloir les 'intérêts mOraux, l'idée. Au milieu des
aùtresnations dé TEurqpe qui
avantages
particuliers, là ·Frandisemble réservée par la divine Providence à·être re champion detoutesles nobles causes et
comme la conscience morale du genre humain. La· France
a toujours été ·la terre , dés -grands 'élans; des instincts
élevés; des syrnpathies désintéressées. Aussi voyez, c'est
d'·elle que le monde attend et reçoit le branle ; tous les
yeux sont tournés·.vers ielle; tous les ·opprimés se réclament d'elle. Il y a longtemps que Rome l'aproclamée la
fille aînée de l'Église, et'
son peuple comme le
·peuple de Diéu dans ·Iestemps mod_ rnes.-Ne perdons pas
e
de vue, Messieurs, cette rioble mission de la patrie;
que
la
�.3
o
·lons-nous que, cette reli- ion dê l'idéaf, qui lu! a
g
si grand ascendant dans le inonde, la Francè là doit en grande partie ià son cuite des Lettres. Pour ne
·.a moindrir en !lOS mains ce ;g lorieux héritage, conservons
donc nous-mêmes un ·culte fidèle à ces Lettres, qui ont
dans un comtant contribué à notre grande1,1r.
merce assidu ces nobles pense1,1rs, ,ces grands écrivains
de tous les pays et de tous .les siècles, qui, par leur' géniè
et leur éloquence, ont comme consacré .dans ,une forme
d'une immortelle he.auté les vérités morales, dont vit la
civilisation. Nourrissons-en nosàmes. Qu'à son, appel; la
France nous trouve toujours prêts à comprendre, à aimer
les grandes choses et à nmis dévouer pour elles.
��
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A name given to the resource
1861 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 20 Novembre 1861
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6. </li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-18. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.19-26.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.27-53. </li>
<li>Rapport sur l’Année scolaire 1860-61, présenté par M. Ed. Simonin, directeur de l’École de médecine et de pharmacie au Conseil Académique dans la session de Novembre 1861. p.55-66.</li>
<li>Notes. p.67-75. </li>
<li>Prix accordés par S. Ex. M. Le Ministre de l’instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.77-78.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1861
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1861
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
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Language
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/a5bb05d98bb307dcccda9a6f20dd0cab.pdf
1958718eddc06301604a4a48074f457f
PDF Text
Text
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�RENTRÉ,E SOLENNEI;,LE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ÈT DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
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DE NANCY,
LE 1'1 NOVEMBl\E
NANCY,
ve
RAYB OIS, IMPRIMEUR D:È
' Rue du
Stanislail, 3,
1862
i;ACADÉMIE,
��R-APPORT
DB
M, CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTE DES LET'fR,ES.
MONSIEùR LE RECTEUR,
MoNSEIGNEUR;
. M-.ESSIEURS'
Il semblé qü'aujoutd'hüi, après huit ans déjà écoulés
depuis la fondation de nos Facultés, nous tecommericions
une phase nouvelle d'existence. Nous voilà, en effet, installés enfin dans le noble édifice que cette ville généréusè
a voulu consacrer aux Lettres et aux Sëil:!ilées. Les Musés
ont trouvé ici un temple digne d'elles. Mais, tout en
prenant possession avec reconnaissance de cette nouveile
demeure, nous ne pouvons cependant ne pas adressèr un
pieux adieu au modeste réduit qui nous abtita longtemps
et où se sont formées nos premières amitiés; Tout àustère
en effet, q11e fût notre vieille salle,, l'àccoutumalièè nous
y avait attachés; et il nous a s'emhlé, en la quittant, qüé
nous y laissions une partie de
Mais non, je
me trompe; nos âmes ne s'étaient pàs attàèhées aux pierres
�--:-
50
de l'édifice. C'est vous, Messieurs, qui étiez la parure de
ces murs sévères; ce sont vos cœurs qiü y frémissaient
comme un écho de nos paroles émues; c'est à vous que
nous tenions. Or, vous nous avez
vous nous suivrez
dans cette demeùre nouvelle. Sans doute il vous faudra
venir ptus loin à travers la grande place. Mais votre zèle
pour ·les choses de l'esprit est éprouvé ; et nous avons lieu
de croire que nos entretiens littéraires sont désormais
entrés dans les habitudes durables et les mœurs de cette
ville.
Nancy, par la splendeur même de l'édifice, a montré
une fois de plus l'estime qu'il fait des choses de ]a pensée.
Qu'il me soit permis, Messieurs, en cette occasion solennelle, d'exprimer toute notre gratitude à l'administration
municipale, qui a pourvu avec tant de munificence aux.
besoins de l'Enseignement supérieur présent et futur ; et
surtout à l'homme de tête et de cœur, qui y préside èt qui,
se souvenant du passé de notre ville et se confiant à sa
fortune dans l'avenir, la pousse d'une main si ferme et si
libérale vers sa destinée. Déjà le Ministre de l'Instruction
publique s'est fait l'interprète de notre cœur. Par amitié
pour M. le haron Buquet, en même temps que pour rendre·
hommage à la générosité de Nancy, M. Rouland a voulu
présider lui-même à l'inauguration du Palais et témoigner
ainsi de la reconnaissance publique.
Ni lui, ni nous, Messieurs, n'oublierons de longtemps
et sa cordiale démarche et l'accueil que notre ville lui a
fait. Déjà, Messieurs, le Ministre avait été touché de l'ardeur avec laquelle vous aviez sollicité autrefois le rétablissement de votre Université, et de votre zèle à profiter de
ce qui vous était rendu. Ce qu'il a vu depuis n'a. fait
�-
51
qu'augmenter son estime. Dans un temps où les affaires,
l'industrie, ·le cours de la Bourse fascinent, àbsorbent
toutes .les âmes, il a rencontré une ville, où, tout en
ciant aux vrais progrès du siècle, on a. conservé le goût et
le-culte désintéressé des sciences et des lettres, et où les
Muses ne trouvent
seulel1lent un brillant sanctuaire,
mais (ce qui vaut mieux) un grand nombre de fidèles adorateurs. En venant ici, il a
compris que Nancy est
une de ces cités vraiment royales, que leur avenir autant
que leur passé appelle à devenir le centre d'une grande
sphère et un foyer de hautes études. Il a senti que ce
n'était pas sans raison que nous réclamions avec insistance
le complément de notre établissement universitaire; et il,
a laissé entrevoir que le vœu d'une Ecole de Droit pourrait
être réalisé un jour. Quand ce jour viendra-t-il? peu importe : il .ne s'agit que d'attendre. En principe, notre
cause est gagnée, la raison fi.nit toujours par avoir raison ;
et le bon droit hérite du temps.
Cette visite du Ministre été une fête tout aimable dans
effet, ,Messieurs,
sa solennité. Vous n'avez pas oublié
. tant de paroles affables et surtout ces mots pleins d'à-propos avec lesquels cet hôte, charmé lui-même, distribuait
les Croix dans un Champ de Mars d'un nouveau genre. Je
suis sûr que Je Ministre, qui de loin pensait sans doute
acquitter pleinement avec ces Croix la dette de l'estime
publique, a regretté alors d'en avoir si peu à décerner, au
milieu de tant de mérites divers. na su choisir à merveille,
sans doute; et vos applaudissements ont prouvé que "ous
'choisissiez comme ·lui. Mais pourtànt que d'hommes distingués pour lesquels il a fallu ajourner encore notre espérance, et qui ne feraient pas moins d'honneur à la Croix
par leur caractère que par leur talent 'l
a
�-
52
EXAMENS.
Doctorat. Noùs n'avons pas euj celté année comme la
précédente, l'occasion de décerner le grade de Docteur,
Est-ce que personne ne songe plus à le conquérir? Non
pas. Deux candidats fort distingués, au- contraire, nous
destinaient leurs thèses. L'un d'eux est M. Fialon, ce
maître excellent que le Lycée de Nancy est heureux de
garder encore cette année, et qui depuis longtemps pré-pàrait deux remarquahles ouvrages, l'un en latin sur
Atticus, l'autre en français sur saint Basile. Mais, dans
notre estime pour ces deux -thèses, nous avons cru devoir
donner à M. Fialon leeonseil trop désintéressé peut-être
de se présenter de préférence à la Sorbonne pour y recueillir sur un plus g-rand théâ.tre le succès plus éclalant
dont il était digne. C'est pousser sans doute Lien loin
l'abnégation. Mais pouvons-nous nous flatter de soutenir ici
.ce grade contrele discrédit attaché depuis longtemps à tort
ou à raison aux Doctorats de province? Nous avons la conscience assurément, qu'un docteur chez nous ne sera pas
ttdmis à moindre prix qu'un docteur de Paris. Mais de son
grade lui tiendm-'t-on autant de compte dans l'UniYersité?
Cela le recotrunandera-t-il autant pour sa carrière? Le préjugé est plus fort que nous.- L'autre candidat s'annonçait·
avec deux thèses
piqùante curiosité, l'une sur la
légende de Faust, l'autre sur le joli poëme où Musée nous
conte les a0.1ours et la mort romanesque d'Héra et de
Léandre. Nous étions disposés à faire fête à ce candidat
�-
55 -
plein de promesses. Mais il semble que les conseils, que
nous lui donnions dans le but d'améliorer encore son
œuvre, l'aient découragé, et qu'il ait cherché fortune
ailleurs.
Licence. La Licence de son côté ne nous a produit,
cette année, qu'une moisson bien modeste. Est-ce la faute
des candidats? Dieu me garde de leur adresser à ce sujet
aucun reproche. Témoin assidu au contraire de leurs
efforts, je dois louer leur laborieus{) persévérance. Mais,
pour la plupart, ils appartiennent maintenant à ces générations moins heureu-ses qui ont grandi et se sont formées
languissaient,
alors que les Lettres latines et
frappées de discrédit par les évènements. Il est difficile de
remédier plus' tard à ce défaut de l'éducation classique.
Plusieurs toutefois se mettent à l'œuvre avec courage;
mais la route est pénible et le but éloigné. Nos candidats
d'ailleurs, maîtres répétiteurs pour la plupart dans nos
Lycées, ou régents dans les colléges col!lmunaux, absorbés
par les devoirs de leur tâche quotidienne, ont trop peu de
loisir pour leurs études personnelles. N'y saurait-on remédier, Messieurs? Ne serait-il pas désirable, que, sinon dans
tous les Lycées, au moins dans ceux qui sont placés auprès
d'une Faculté, on doublât le nombre des maîtres répétiteurs, et que la surveillance ainsi partagée laissât à ces
jeunes gens quelque répit pour travailler et assurer leur
carrière? Ce serait, au dessous de l'Ecole normale, comme
autant de pépinières où l'administration pourrait choisir
4-Di .
des maîtres aussi bien préparés pour l'enseignement
_,
pour la discipline. Cette idée n'est pas nouvelle.
savons même
a déjà été prise en très-sérieuse
/
.
5
\ .
\
�-
54
-
sidération. Mais nous en hâtons l'accomplissement de tous
nos vœux. En attendant, remercions M. le Recteur des
encouragements qu'il donne à la jeunessB universitaire,
en réservant, autant qu'il le peut, à nos licenciés toutes
les chaires d'humanités. Cette prime pm·aît toutefois insuffisante encore pour exciter l'émulation. Car dix Candidats seulement se sont depuis un an présentés à cet
èxamen: à savoir, 3 en novembre 1861, et 7 en juillet
1862. Dans la première Session, deux sur trois ont été
jugés dignes du grade de Licencié, MM. de Roche du Teilloy et Thouvenot. Dans la seconde, trois Candidats seulement ont été admis, MM. Rosmann, maître répétiteur au
Lycée de Reims, maintenant chargé de Cours au Lycée
de Brest; Schnox, maître répéti!eur au Lycée de Nancy;
et Adam, élève libre de la Faculté.
Baccalauréat. Ici, Messieurs, au contraire chaque année le nombre de nos candidats s'accroît et le niveau
moyen de l'Examen s'élève. L'Éducation classique, tant
ébranlée, il y a tantôt dix ans, par des mesures que semblait alors exiger l'esprit public, se raffermit de plus. en
plus sous la main discrète d'un Ministre, ami des lettres
qui, en gardant les avantages reconnus du système, en
corrige peu à peu les inconvénients. Car, à n'en voir que
les dehors, il semble que c'est toujours le même édifice ;
_mais des changements
la distribution intérieure l'ont
trànsformé sans bruit et rendu habitable. - Le Ministre
de l'Instruction publique est le Ministre de l'avenir. C'est
à lui qu'appartient de préparer la prospérité future du
pays par l'éducation qe la jeunesse, et de diriger l'esprit· des générations nouvelles dans ces conquêtes de la
�,....-
i);)
-
pensée, qui ne sont pas une des parts les moins glorieuses
de l'activité de la France. Voilà ce que l'Empereur attend de lui, l'Empereur, qui veut que notre patrie reste en tête
de la civilisation du monde, et qui n'est pas moins jaloux
de la grandeur moralè de la France que de sa
industrielle et du prestige de son épée. Avec le sentiment
profond de sa mission et la conviction qu'il n'y a pas
d'éducation libérale, dont les Lettres ne soient le fondement, M. Rouland n'a cessé de travailler à rendre aux
Lettres dans nos études la place qu'elles n'auraient jamais
dû perdre. -Mais ajoutons que, dans ses mesures réparatrices, il a été admirablement secondé par le bon sens
public. En France, il peut y avoir des moments de surprise et d'engouement. On a pu croire que les Sciences,
si fécondes de 'notre temps en grandes choses, pourraient
suffire à la culture des esprits et aux besoins de l'imagi..:
nation; que les langues vivantes seraient substituées avec
plus de fruit aux langues mortes de la Grèce et de Rome;
et qu'il valait mieux être en état de causer d'intérêts avec
un Allemand OH un Anglais, qu'admirer à grand'peine à
travers un texte mal compris les chefs-d' œuvre de Sophocle
et de Démosthènes. Pour un siècle livré aux affaires,
c'était plausible. Mais, chez nous, ces erreurs du sens
commun ne sont pas longues. On a bientôt compris
combien il était insensé de couper en deux l'esprit
humaîn, tandis qu'il faudrait au contraire par l' éducation en rapprocher les deux parties , si elles étaient
séparées. L'instruction littéraire et l'instruction scientifique sont faites, en effet, pour se compléter mutuellement.
A l'éducation littéraire appartient de commencer le développement intellectuel et moral des esprits. Puis, quand
�56 les Lettres, après avoir éveillé toutes les facultés et
donné l'essor aux nobles instincts de l'âme, nous auront
appris ainsi à penser et à sentir, alors seulement l'intelligence ainsi façonnée pourrà être appliquée avec succès
aux branches diverses de la science et de l'activité humaines. Que les Lettres donc soient encore la meilleure
préparation à l'étude des Sciences,. c'est ce que nos jeunes
gens, tout pressés qu'ils soient d'arriver au but, ont eu le
bon sens de comprendre eux-mêmes. Quelques-uns peutêtre ont eu besoin d'y être quelque peu aidés par l'excellente mesure, qui invite de la façon la plus éloquente les
candidats de Saint-Cyr et de l'Ecole forestière à se faire
recevoir bacheliers ès lettres, en attachant à ce grade une
grâce efficace pour leur en ouvrir les portes. Mais la plupart venaient d'eux-mêmes au Baccalauréat. Voyez CJ?:
effet les candidats à l'Ecole polytechnique ; le plus grand
nombre et surtout lesmeilleurs, quo.ique le baccalauréat
ès lettres ne leur àssure aucun privilége, ne se montrent
de s'en parer. Dans leur noble ambition,
pas
il ne leur suffit pl us d'être" des ingénieurs ou des officiers :
ils veulent aussi être des hommes ; et ils sentent de plus
en plus que,. pour le devenir, la chimie ni l'algèbre ne
pas.
L'an dernier,· nous comptions 226 Candidats ; cette
année 275, c'est-à-dire, 49 de plus. Sur ce nombre, 165
ont été admis, et 1 '10 ajournés. Les vainqueurs sont donc
dans la proportion de 59 pour cent. Toutefois, si le niveau moyen des examens s'élève, les brillants succès
semblent deven.ir plus rares. Personne, en effet, n'a atteint
la mention Parfaitement bien. La note Très-bien a même
�-
57
-
été donnée rarement; 1 1 Candidats seulement l'ont ohténue, à savoir :
Blondel
MM. Percez
Bayer
de Vienne (Henri)
Lemaire
An cel
Martin
Ferry
Petiti.
Vincent
Briard
La note Bien n'à pas été plus fréquente : nous n'avons
pu l'accorder non plus qu'à '12 Candidats: tàndis que
54 Candidats ont été admis avec la mention Assez bien;
et 88 Passablement.
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SESSIONS
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d'Avril.
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13
1
14
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153
51
12
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2
3
7
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�58 . .._
Le bataillon d'élite, comme on linoit, est peu nombreux.
A quoi cela tient-il? Est-ce que la discipline actuelle
des ·études, en soutenant mieux les médiocrités, déprimerait le talent? Je ne sais. Mais, tout en reconnaissant
qu,e nos enfants aùjourd'hui travaillent plus que jamàis, je
vois avec regret que beaucoup le font trop en mercenaires,
et non pour le goût de savoir et d'ajouter ainsi à la valeur
de leur être. La noble éducation classique a perdu en
grande partie son caractère libéral. Le baccalauréat, qui
n'en devàit être que le contrôle, en est devenu le but. Le
Manuel pour la plupart de nos écoliers est le livre de
chevet, l'abrégé de toute la science humaine; leur curiosité
et leur ambition ne vont pas au delà. Science bien superficielle et bien indigeste, mais qu'on n'amasse que pour
un jour marqué, et dont on se débarrasse Ie lendemain.
Le Discours latin même, dans la pensée de plusieurs, n'est
encore qu'une machine de guerre, qu'on s'exerce à construire de pièces plus ou moins assorties, une espèce dé
Cheval de bois, avec lequel on se flatte de pénétrer par
surprise dans les murs d'Ilion. On apprend par cœur des
tirades d'auteurs latins, qu'on est bien décidé à faire
entrer de gré ou de force dans la composition, quel qu'en
soit le sujet. Le sujet cependant se dérobe quelquefois à
toutes leurs prévisions et à leurs efforts : et il est triste
alors de voir ces pauvres désappointés s'agiter par terre
commes des papillons, auxquels on a coupé les ailes.
Cette discipline mécanique des études et la superstition
des programmes sont aujourd'hui généralement dénoncées comme un fléau de notre éducation classique. Les
maîtres de l'enseignement s'en sont émus : plus que
personne, l'hon1me prévo-yant, qui préside aux destinées
�-
59·-
'·
de· l'instruction, et qui, après avoir tant fait déjà pour
raffermir les études, s'inquiète si justement encore de Jes
voir s'abaisser trop souvent à n'être plus que l'apprentissage d'un Examen. Il connaît la source du mal. On avait
trop peut-être asservi les études littéraires à des règlements minutieux :plus de liberté pour le travail spontané,
d'essor pour l'initiative personnelle; p1us de loisir même
pour les lectures. Nos Lycées risquaient de devenir semblables à une caserne, où les esprits seraient obligés de se
régler sur le ·tambour et de marcher au pas uniforme.
Notre Ministre (comme il l'a dit en nobles paroles à Ja
distribution des prix du Concours général) se préoccupe
de mieux concilier avec la discipline nécessaire une certaine liberté des esprits; et dans le cercle régulier des.
devoirs de ]a classe, il veut ménager une part légitime .
d'indépendance au développement des goûts et des apti- ·
tu des particulières. Après tant de réformes heureusesapportées déjà aux épreuves du baccalauréat, il songe surtout à
en diminuer autant que possible les hasards, en sorte que
le grade de bachelier .goit.réeUement désormais le témoignage sérieux, et comme la consécration de la vraie
éducation classique. {< N'est-il pas désirable (ajoutait-il)
>> que èet examen devienne une épreuve plus intelligente
» et plus sûre, quand elle n'est encore trop souvent qu'une
» gymnastique dé la niémoire, et qu'elle pousse ainsi à la
)> désertion d'études solides èt régulières, pour favoriser
» les préparations hâtives et trompeuses? Ces questions
>l éclairées par l'expérience, sont dignes de la sollicitude
» de l'Université, qui prend l'engagement de les étudier et
>> de les résoudre. » Jeunes gens, fiez-vous en à la parole
de ce Ministre si prudent et si décidé tout ensemble. Chez
�-
40
lui, la mesuré suit de près la promesse. Livrez:vous donc
à vos études de tout votre cœur, et brûlez vos manuels.
ENSEIGNEMENT,
Je vous devais,
ce compte de nos Examens,
à vous, qui suivez avec tant d'intérêt la marche de notre
éducation nationale dont ces examens sont comme la
statistique, et qui, dans la tendance du présent, interrogez
les promesses de l'avenir. Laissez-moi maintenant vous
parler de notre enseignement, qui ne vous intéresse pas
moins. Je tâcherailà dessus d'être bref. Vous connaissez et
nos Cours, et l'esprit qui les inspire.Dans les voies diverses, où nos études nous engagent, vous le savez, une
même pensée nous anime, c'est que le beau et le bien se
tiennent étroitement unis, et que dans l'enseignement des
Lettres on ne saurait séparer l'art et la morale.
Philosopme. M. de Margerie, l'an dernier, traitait de la
.Morale sociale, c'est-à-dire, des droits et des devoirs de
l'homme dans la Société civile. Après tant de sophismes,
par lesquels les fanatiques du Contrat social avaient fini
par obscurcir et troubler la con:::cience publique, il ne
faut pas se lasser de rétablir en leur lumière les vrais
principes de l'organisation politique. Pour cela, :\f. de
Margerie a voulu remonter jusqu'aux lois éternelles. que
Dieu lui-même a données pour fondements aux sociétés
humaines. Quelle est l'origine et la raison d'être de la
Société civile et politique? Quels sont les éléments constitutifs du
dans lequel elle se résume? Ql!el est le
�-
41
rôle et la m1ss10n de l'Etat dans l'ordre économique,
I'ordr·e intellectuel et l'ordre moral? Jusqu'où doit .s'étendre
action légitime? Qu'est-il en droit d'exiger à
son tour des citoyens,
re'tour de la protection qu'il leur
accorde?- Après avoir derpandé à la métaphysique même
la solution de ces questions, et ainsi établi sur des bases
inébranlables les principes de ·la Science politique, :M. de
Margerie a repris à leur tour chacun des grands problèmes
sociaux les plus controversés de nos jours. Ainsi, le principe tant attaqué de la Propriété, les questions si graves et
si actuelles de l'Esc1avage, du Paupérisme, de 1' Assistance
publique, de la Loi pénale et du Régime pénitentiaire, ont
été discutés par lui avec cette solid'lté et cette haute sagesse, auxquelles il vous a depuis longtemps accoutumés.
La tln de l'année l'a surpris, avant qu'il n'ait pu compléter
son Cours (comme il se proposait de le faire) par une étude
des principes du Droit internalionnal. Aussi, les premières
leçons de celte année seront-elles consacrées à acquitter
cette dette. Puis seulement après, le Professeur entamera
. son nouveau programme.
se propose, cette année, de
vous retracer à travers les âges l'HiStoire de cette même
Philosophie morale et politique, dont il a établi l'an dernier
les principes, et de suivre les transformations successives
du Droit civil depuis l'antiquité jusqu'aux temps modernes, en cherchant ainsi la confirmation ou la contre
épreuve des doctrines qu'il a établies, dans l'expérience
du passé. C'est à Athènes et à Rome, qu'il ira donc d'abord recueillir tout ce que la civilisation ,antique, à son
époque la plus brillante, a répandu de lumière sur les
questions sociales. Puis, se transportant au cœur du Moyen
Age, il vous montrera les principes d'une civilisation plus
�-
42 - .
haute et d'une morale plus pure émanée de l'Ë!vangile arrivant peu à peu à se faire jour à travers la violence de la
conquête barbare et la confusion des temps féodaux. Enfin,
dans l'âge moderne, vous assisterez à l'enfantement labo...;
rieux d'un nouvel ordre social, .où la raison s'efforce de faire
prévaloir de plus en plus les principes de justice dans les
· relations mutuelles des peuples, des gouvernements et-des
individus, et y réussit d'autant mieux:. qu'eUe s'inspire
plus directement des idées chrétiennes et spiritualistes.
Dans cette revue historique des systèmes, où les questions
sociales et les questions politiques sont sans cesse mêlées,
M. de Margerie (avec son tact ordinaire, et cette parole à
!a fois discrète et Ioyàle, qui lui permet de tout aborder
sans péril) s'attachera surtout aux premières; et il ne
touchera aux secondes; que dans les généralités, et par les
seuls côtés où la politique est subordonnée à la métaphysique et à la morale.- Les deux années formeront (comme
vous le voyez) un Cours complet de droit public. Espérons
que de ces leçons M. de Margerie fera un livre (comme
ill' a fait pour ses leçons sur la Famille). Ce sera un excellent Manuel pour l'homme d'état et le citoyen.
Histoû·e. L'an dernier, M. Lacroix nous a retracé un
tableau des Croisades, et nous a transportés en esprit au
milieu de cet âge héroïque, où un commun enthousiasme de foi et d'ardeur guerrière soulève et réconcilie
l'Europe entière, pour l'entraîner à la délivrance du Saint
Sépulcre. Il lui a été facile aujourd'hui, aux clartés de la
critique moderne, de dissiper les préjugés des politiques
et des historiens, qui en avaient presque jusqu'ici méconnu la sage inspiration et la grandeur, pour n'en voir
�-
45 -
que les fautes et les revers. Dans ce duel eritrè l'Occident
etl'Orient, M. Lacroix s'est attaché à nous montrer, que
ce n'était rien moins que la civilisation chrétienne tout
entière qui était en péril ; et tout en confessant que
l'exécution a trahi en partie la pensée de cette grande entreprise, en regrettant que la sainte cause ait été désertée
par ses défenseurs fatigués de désastres, alors qu'il aurait
suffi d'uù peu plus de persévérance pour en assurer le
complet· triomphe, il a établi que l'Europe n'en fût pas
pas moins sauvée par cet effort héroïque, et le flot de
l'invasion musulmane pour jamais refoulé en Asie. A ses
leçons, nous avons ainsi appris à mieux comprendre et à
davantage admirer ce grand souvenir de notre histoire.
Car c·eue guerre sainte, glorieuse pour le monde, l'a particulièrement été pour la France, qUi en a donné le signal
et soutenu surtout l'effort; la première arborant sa bannière aux tours de Jérusalem; la dernière à verser son sang
pour la même cause aux plages d'Egypte et de Tunis.
Restons en fiers, Messieurs. Ah! si, d'u reste, la France
s'est prodiguée dans cette èause généreuse, nulle nation
en Europe n'en a plus qu'elle recueilli les fruits. Quels
fruits? direz-vous. La trace des Croisés en Orient ne s'estelle pas aussitôt effacée, comme le sillage d'un navire?
Non pas : il est des conquêtes plus durables que celles
d'un coin de terre. Pour prix de, son noble rôle, la France
restera désormais parmi les peùples une nation prédestinée. Elle sera l'attente du monde, l'espérance de toutes
les nobles causes opprimées, et comme la conscience du
genre humain. Elle gardera surtout en Orient un prestige
immortel. Son épée sera voUée à protéger tout ce qui est
saint; jadis Jérusalem, hier les chréjuste, tout ce qui
�-=
44
.'
.
'
tiens de Syrie, aujourd'hui
Et en ses jours de péril
il semble que la Providence fasse des miracles manifestes
pour la sauver elle- même. Voilà la destinée, que les
Croisades lui ont faite.
Lacroix va nous. entraîner dans un
Cette année,
monde bien di·fférent. C'est le siècle de Louis XV, ou
plutôt de Voltaire, qui sera le sujet de ses leçons. Il y a
deux ans, vous le savez, M. Lacroix avait étudié les progrès
et l'organisation de la monarchie absolue .sous Louis XlV.
Cependant, tout en vous en déroulant le ·majestueux .
tableau, il vous avait fait entrevoir déjà tout ce que ce
grand règne, au temps même de ses splendeurs, laissait
éclater de symptômes de ruine. Ce despotisme à outrance,
à force d'abuser du pouvoir, de la richesse, de la gloire,
a fatigué la fortune et la patience des hommes. Du vivant
même du grand Roi, déjà l'idée d'une réforme fermentait
partout. A sa mort, le sentiment d'une immense lassitude
fait explosion. Mais c'est sous le règne surtout de son arrière petit-fils, que tout semble conspirer, et la faiblesse
des dépositaires du pouvoir et l'ardeur de l'esprit nouveau, à la dissolution de l'ancien régime. Ce travail de la
décomposition sociale , à travers laquelle s'élabore en
même temps l'œuvre de la société future, voilà le sujet
que M. Lacroix a choisi pour ses études de cette année.
Sans négliger sans doute l'histoire de la politique étrangère, il a'attachera donc surtout à suivre dans ses phases
diverses cette fermentation intérieure, et le mouvement de
l'opinion, qui commence dès lors à jouer sur la scène du
monde le principal rôle. Il vous< montrera les idées novatrices, les unes vraiment justes et fécondes, les autres
subversives, minant d'abord en silence et souterrainement
�- MS les fondements de l'ordre politique; puis, à mesure que le
succès les enhardit, toujours plus agressives, plus violentes,
et finissent comme un tm•rent par entraîner vers l'abîme
dans leurs· ondes, troublées les débris du vieux monde.
En suivant ainsi la marche des idées et des. événements
de 1715 à 177 4, M. Lacroix vous acheminera vers la Révolution Française, 'cette Révolution unique entre toutes,
qui s'est faite au nom de la raison pure, plutôt qu'en vue
d'une amélioration prochaine et positive dans la consti.:..
tution, et dont on ne saurait sans _cela comprendre ni la
nature, ni la marche, ni les excès, ni tant de redoutables
problèmes, qu'elle a légués à la société moderne, et dont
Ja plupart pèsent encore sur notre avenir; comme ces
nuées d'orage, qui apportent à la terredans leurs flancs
obscurs l'épouvante ou la fécondité:
Littérature ancienne. A mesure qu'on gravit les pentes
de l'Himalaya, sans doute on voit sur sa tête grandir de
nouveaux sommets, mais aussi au-dessous de ses pieds
s'étendre un plus vaste horizon. Ainsi M. Burnouf, remontant d'antiquité en antiquité presque jusqu'au berceau
du monde, nous a initiés l'an dernier au plus ancien
monument de la civilisation Aryenne, et à ce livre des
Vêdas, qui de tout temps à été comme la bible des populations de l'Indus et du Gange, et
la source sacrée,
d'où sont sorties les croyances religieuses, les institutions
sociales, les idées philosophiques ou littéraires de l'Orient.
-Cette année, il se propose de faire une étude analogue
de la Grèce aux temps. héroïques, en considérant cette
jeunè société hellénique dans les tableaux qu'Homère nous
en a laissés. Sans doute les épopées homériques sont de
�46 beaucoup postérieures aux hymnes du Vêda, et ne représentent plusni les doctrines, ni l'état social des plus anciens
temps de la Grèce .. Toutefois, malgré les altérations, que
la primitive civilisation de la Grèce a
subies à cette
époque,_on entrevoit encore aisément que les idées, les traditions, .la poésie helléniques sont sorties de la même
source que celles des Vêdas.- Parti lui-même, pour ainsi
dire, des bords du Gange pour arriver en Grèce, M. Burnouf pourra éclairer ainsi d'une lumière nouvelle les antiques symboles de la mythologie homérique, si défigurés
leur
depuis par la fantaisie des poëtes, et leur
primitif esprit. Dans la comparaison, qui se prés'entera
naturellement à lui entre cette race des hellènes et les
peuples de l'Orient, il s'arrêtera à signaler les traits distinctifs de ce génie Grec, si flexible à la fois et si original,
qui transforme à son image tout ce qu'il prend ailleurs, et
le caractère propre de cette jeune et active société, qui
semble s'être organisée, pour donner plein essor à toutes
les facultés de la nature humaine.- Pour cette étude
comparée des plus anciennes civilisations du monde, qui
est mieux préparé que M. Burnouf? Depuis des années, il
vit dans un commerce intime avec ces antiques langues et
ces peuples de la jeunesse du monde; il a conversé avec les
brahmanes et les rhapsodes; et il a deviné ce qu'ils prétendaient lui cacher. En étudiant de plus près à leurs sources
les idées et les sentiments de ces peuples d'autrefois, il a
compris qu'il n'y avait pas seulement là une curiosité du
passé, mais encore un intérêt d'avenir. L'Inde d'aujourd'hui, Messieurs, est encore un mystère en effet pour qui ne
connaît pas la vieille histoire de ses idées et de ses mœurs.
Et maintenant que l'Orient semble de plus en plus s'ou-
�-
47 -
vrir à la conquête de notre civilisation
nous
ne pouvons nous flatter d'y exercer une influence efficace
et. dur!lble, qu'à la condition d'en bien connaître le tempé\
rament intellectuel et moral.- Voilà surtout la pensée
généreuse, qui inspire M. Burnouf dans ses études sur
l'Inde : voilà ce qui lui a fait entreprendre ses Livres élémentaires, sa Grammaire, son Dictionnaire destinés à
populariser parmi nous la langue sanskrite. Cette noble. et
intelligente am bi ti on a frappé depuis longtemps l'esprit
du Miüistre de l'Instruction publique. En venantà Nancy,
il a promis à ces travaux tous les encouragements, dont
il peut disposer. Mais en même temps, il a été heureux
de profiter d'une occasion si solennelle, pour donner à
M. Burnouf cette décoration de la Légion d'honneur, que
votre estime et celle du monde savant lui décernait depuis
longtemps ..
Lzttérature françaiSe. L'an dernier, nous avons retracé le
tableau des Lettres Françaises pendant la révolution, avec
le dessein de le continuer jusqu'à la fin de l'Empire. Mais
l'espace pour cela nous a manqué. Nous étions restés trop
longtemps au pied de la tribune de rAssemblée nationale,
tout émus des grandes luites de l'éloquence parlementaire;
et nous n'avons pu qu'à grand'peine arriver à l'époque, où
la France, épUisée par cette crise formidable, se repose un
instant et se recueille à l'abri de l'ordre nouveau, que de
sa main puissante vient d'organiser le premier Consul.
A l'appel du pacificateur, on voit peu à peu revenir les
Muses, que l'orage avait dispersées. Sans doute, de quelque
temps, l'attention publique sera distraite encore des œuvres de la pensée par Ja grandeur des événements politi-
�48'ques et militaires : la vraie épopée' alors s'écrit à la poirite
du glaive : plus tard elle sera chantée par les poëtes. Le
premier Consul toutefois a trouvé d'abord pour son ,œuvre
de restauration sociale deux admirables auxiliaires dans
Châteaubriand et Mme de
Le premier, recueillant du
naufrage, où est venu échouer le dix-huitième siècle, les
débris des institutions et des croyances qui ne devaient pas
périr, rattache la France nouvelle aux traditions de son
glorieux et religieux passé. L'autre, au milieu du scepticisme, où étaient tombés les esprits découragés après tant
_d'illusions déçues, ranime la foi au progrès et s'élance
pleine d'enthousiasme vers l'avenir. Vous savez, Messieur.;;,
si l'influence de l'un et de l'autre fut puissante; si elle fut
féconde la moisson, dont ils avaient jeté les semences dans
une_ terre profondément remuée. Le grand mouvement
philosophique, littéraire et poétique, qui éclatera bientôt
sous la Restauration et en fera une des brillantes époques
de l'esprit français, est leur ouvragé. Grâce à leur double
impulsion, notre littérature, en s'affranchissant des préjugés d'un faux classique, a renoué sa vieille et fertile
alliance avec la vraie antiquité grecque et latine, en même
temps qu'avec l'antiquité' chrétienne. Grâce aussi à ces
deux novateurs, ,l'esprit français, qui s'appauvrissait dans
un isolement dédaigneux , initié enfin aùx littératures
étrangères, y va puiser une foule d'inspirations heureuses,
et se renouvelle à ce contact. Byron, Walter Scott, Schiller, Gœthe susciteront chez nous une poésie nouvelle. Pourquoi 'faut-il, que cette révolution merveilleuse dans
les Lettres, ainsi que la Révolution politique et sociale
de 89, dont elle était comme le contre-coup dans. les
choHes Œe l'esprit, ait été comprOmise et ait avorté en
�-
49 -
partie par ]es excès de quelques esprits .ardents et étroits;
fanatiques à outrance, qui ne s'arrêtent que dans l'absurde? En dépit de leur folie cependant, nous verrons
combien de grandes œuvres demeurent de cette époque
mémorable, pour entrer dans le trésor immortel de l'esprit
humain.
Littérature étrangère. La Chaire de Littérature étrangère
a été quelque temps voilée d'un crêpe. Après être restée
six mois vacante depuis Je départ de M. Mézières, M. Huguenin en effet n'a fait qu'y apparaître, pour s'y consumer dans un suprême effort et y mourir. Ce, regrettable
Collègue, qu'on avait appelé ici de Grenoble pour le rapprocher de Metz, sa ville natale, y apportait avec lui déjà
le germe de la maladie, qui nous l'a bientôt enlevé. Mais
surtout, de la perte récente d'une fille unique, il gardait
au cœur une blèssure mortelle. Depuis ce temps, le malheureux père avait la nostalgie du ciel, où il devait aller
rejoindre son enfant; et il semble que Dieu, en le rappelant à lui, ait pris pitié de son deuil paternel et ait voulu
abréger l'absence. Malgré le rapide déclin de ses forces,
Huguenin cependant a rempli jusqu'au bout sa tâche de
professeur ; il se traînait de son lit à sa chaire. Sa pâle et
mélancolique figure, où déjà l'on voyait le sceau de la
mort, s'animait alors (vous l'avez remarqué maintes fois)
d'un rayon surnaturel, mais dont la flamme achevait de le
dévorer. On peut dire de lui, qu'il est tombé au champ
d'honneur.
Nous n'osions alors espérer que le vide, qu'il laissait
parmi nous, serait de sitôt comblé. Cette Chaire, depuis
un an à demi déserte , allait-elle donc languir encore?
4
�-
!50 --
Mais non; le Ministre, pour ajouter a:ux bienfaits de sa
bienvenue parmi nous, nous amenait àvec lui M. Emile
Chasles, destiné à compléter notre enseignement. Beaucoup d'entre vous connaissaient à l'avance notre nouveau .
Collègue par sa coopération dans nos grandes Revues littéraires et pàr l'éclat de son doctorat. Mais tous, vous l'avez
aussitôt vu àl'œuvre. Son Cours en quelques leçons seule•
ment sur la Chanson du Cid, vous a permis. d'apprécier
son talent, et sa manière si nette, si piquante, si originale
de commenter avec l'histoire ce vieux monument poétique.
Ên vous jetant au cœur de cette croisade séculaire de l'Espagne contre l'Islamisme, le Professeur vous a montré en
ce fier Campéador, en ce batailleur infatigable, comme
une image idéale, où la Castille du Moyen-âge aimait à se
contempler pleine de jeunesse, d'orgueil et de foi. Ce n'est
pas cependant, que, de cette grande figure, quelque altérée qu'elle ait été depuis par la légende populaire,
toire ne doive tenir un compte sérieux. En réalité,_ Rodrigue Diaz était digue par ses exploits de devenir un héros
national. Si ensuite la tradition l'a ceint de l'auréole
poétique, ne doit-on pas dans cette espèce de transfiguration rechercher et reconnaître encore ce que rêvait, ce
que voulait l'Espagne à cette époque 1
Vous avez accueilli, Messieurs, avec faveur, cette pre;.
mière excursion dans la Littérature Espagnole. Aussi bien,
était·ce un champ encore inexploré parmi nous. M. Chasles
se propose cette année d'y rester, et d'étudier le développement progressif de cette Littérature du onzième au dix-septième siècle. Après avoir suivi l'histoire du génie castillan
et ses variatjons sous l'influence successive de la France,
de la Provence, de l'Italie, et jusqu'à un certain point aussi
�-
!H
....:..
de la poésie arabe, il. se hâtera d'arriver aux deux écrivains, qui, vers la fin de cette période, en résument en
eux-mêmes avec le plus d'éclat et de fidélité tout ensemble
la double inspiration, sainte Thérèse et Cervantes. Sainte
Thérèse en effet représente, comme en sa plus pure
expression, cet enthousiasme de la foi et cette ferveur
mystique, auxquels l'Espagne doit plus de la moitié de son
génie, et qui éclatent dans toutes les œuvres de la sainte
avec une singulière éloquence .......... Cervantes, au contraire,
nous donnera comme le revers du génie castillan, lui qui
et mo-.
personnifie au plus haut degré cet esprit
queur, dont les ironiques créations ne forment pas la part
la moins riche et la moins originale de la littérature
gnolê. Car nul n'a mieux montré comment la raillerie, en
prenant le contrepied de l'enthousiasme, peut devenir à.
son tour une sour<;e non moins féconde d'inspiration.
Dans le génie si opposé de ces deux grands écrivains,
l'un, qui nous emporte vers les régions éthérées sur les
ailes enflammées de la foi et de l'amour; l'autre au eontraire, qui nous rejette en riant du haut de l'idéal en
pleine et vulgaire réalité, M. Chasles se plaira à étudier
comme les deux pôles extrêmes, entre lesquels la littérature espagnole a oscillé, également féconde et puissante
dans cette double sphère de son activité.
Vous voyez, Messieurs, d'après cet exposé sommaire,
combien ces Cours, sans cesse renouvelés, offrent à votre
sérieuse curiosité de variété et d'intérêt. Nous espérons
j'y conviè
qu'ils seront suivis comme par le passé.
surtout nos jeunes gens. Ils ne se doutent pas assez de tout
ce que vaut ce noble aliment des hautes études littéraires
�-
52
pour se préparer à .}a vie. Qu'ils sachent hien pourtant,.
que les temps où ils doivent vivre, grands sans doute à
hien des égards, sont difficiles. Les principes n'ont été que
trop ébranlé:; par nos révolutions. La poussière, que. soulèvent.ces grandes ruines, et les fumées qui s'élèvent encore
même après que l'éruption semble éteinte, voide
lent souvent aux regards la lumière du ciel. Aussi, la route
est quelquefois obscure; on s'avance à tâtons vers un avenir
inconnu, sans guide, sans barrières; D'un autre côté, le
monde matériel, quoique asservi à nos besoins. par l'industrie, nous domine, nous absorbe : notre pensée s'enferme
et se borne dans les jouissances de la terre ; inclinée en
bas, elle a trop perdu de vue le soleil des âmes, Dieu; il
semble que le bien-être soit devenu l'unique objet de
notre destinée. Aussi, quand les jours d'orage sont venus,
nous ont-ils surpris incertains, éperdus ; et nous avons été
nous-:-mêrnes étonnés de notre faiblesse. -Ce malaisé des
esprits, tout le monde le sent; toutle monde en appelle le
remède. Or, après ]a Religion, qui non-seulement a l'infaillible flambeau pour éclairertoutes les situations de la
vie, mais qui surtout nous donne la force de vouloir et
d'agir, je ne sache rien encore de plus effiéace et de plus
propre que le commerce des bonnes Lettres, pour soutenir
les courages, pour rallumer le foyer de tous les sentiments
généreux, pour remettre en lumière les éternelles vérités,
qui font la grandeur, la dignité et la force de notre vie
morale.
Qu'est-ce donc, en effet, que cultiver les
Messieurs? qu'est-ce? sinon vivre en société intime et journalière avec les beaux génies de tous les temps ; avec ceux
qui ont su trouver la forme immortelle pour exprimer
�-
B5
-
toutes les grandes pensées etles nobles sentimimts de.notre
âme? Car on n'est grand écrivain qu'à cette
La
haute poésie et l'héroïsme s'inspirent aux mêmes sources;
et il n'y a point de sublime éloquence,. que la vertu au fond
ne sou.tienne et n'échauffe. En un mot, le beau, (comme
on l'a dit) n'est que la splendeur du bien.
Qui de vous, Messieurs, n'a ressenti maintes fois la contagii:m généreuse qu'exerce cette fréquentation des grandes âmes, et les divins prestiges de l'art sur nos imagina;..
lions? Grâce à je ne sais quelle admirable illusion, nous
entrons dans toutes les pensées, dans les héroïques élans
de l'orateur ou du poëte; leur âme devient la nôtre. En
, par exemple , Démosthènes , dont la flamme
brûle encore après tant de siêcles dans ses discours, ne nous
associons-nous pas aux résolutions magnanimes de son
patriotisme, et ne protestons-nous pas avec lui, qu'il valait
mieux pour Athènes tomber avec honneur dans la poudre
de Chéronée, que de se sauver en donnant les mains au
barbare pour l'asservissement de la Grèce? Avec Rodrigue,
ne se sent-on pas èapable de sacrifier sa vie à son amour,
et son amour à son devoir? Est-ce que Polyeucte ne nous
ravit pas avec lui dans son religieux enthousiasme? Avec
lui exaltés par l'ardeur du martyre, ne nous croyons-nous
pas prêts avec lui à confesser notre foi jusque dans la mort?
-Non,, non: ce n'est point là une stérile illusion, dont
notre imagination est dupe, et qui ne laisse rien après elle.
L'âme entière en garde l'impression profonde. En l'associant ainsi avec une ardente sympathie à la destinée du
héros, non-seulement cette espèce d'émotion iritellectueHe
lui a fait connaître, par la grandeur morale d'un autre,
tout ce qu'eUe a en elle-même de facultés en réserve pour
�54
juger, pour sentir, poÙr oser; mais.eÜe seressentira long'"'
temps de ce contact avec l'héroïsme. En· sortant .de ces
spectacles ou de ces lectures, comme de l'entretien avec
un homme de bien, nous valons pour un temps mieux que
nous-mêmes. Que cette expérience se prolonge et devienne habituelle, et cette élévation de pensées et de sentiments finira par être comme le tempérament de notre
âme. Notre ei\prit restera naturellement ouvert à mieux
comprendre tout ce qui est grand, vrai, juste; notre cœur
plus prêt à embrasser ce qui est bien. A quelque épreuve
désormais, que la vie nous appelle, nous nous trouverons
mieux au niveau de notre rôle. Les Muses, ainsi cultivées,
nous assisteront dans toutes les situations. 0 douces Lettres
(comme dit Cicéron), après avoir formé notre jeunesset
vous restez les plus fidèles et les plus charmantes compa•
. gnes de notre vie ; délaissés, vous peuplez notre solitude;
petit\:i et dédaignés, vous éclairez d'un reflet doré notre
existence obscure ; que la fortune au contraire nous appelle
à un poste élevé, vous nous guidez de vos clartés, et nous
soutenez de vos conseils. Dans l'épreuve vous êtes encore
là, pour relever et calmer notre courage, en fixant notre
conscience sur nos devoirs ;·et c'est encore vous, vous tou-"
jours, que nous retrouvons pour enchanter nos douleurs
aux heures de l'adversité.
�
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A name given to the resource
1862 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-12.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.13-27.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.29-54.</li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la sesison de Novembre 1862. p.55-68.</li>
<li>Notes. p.69-70.</li>
<li>Prix accordés par S. Ex. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/3ed200b9cc4cb2a8573096514e44730d.pdf
7973dad1502dac80ecd2e5af70c7d659
PDF Text
Text
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"
"
!
�RENTRÉE SOLENNELLE
DE
L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
�Ul\lVEHSITÉ L\IPÉHIALE.
ACADÉMIE DE NANCY,
RENTRÉE SOI1ENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTlŒS
ET DE
-L'ÉCOLE DE
ET DE PIIAHà'IACIE
DE NANCY,
LE 1.6 NOVEMBRE :1863.
NANC Y,
ye RAYBOIS, DIPlUl\IEUR DE J,'ACADÉJ\IIE,
Rue du faubourg Stanislas, 5.
18ti3
��RAPPOHT
DE
Cu.
DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
MESSIEURS,
Cette fois encore j'ai cru que vous échapperiez à l'ennui
·de nos Rapports annuels. La question a été de nouveau
agitée de transformer cette séance. Au lieu de la consacrer
à un Programme des Cours et à une Statistique d'examens,
on songeait à donner à tour de rôle la parole à l'un des
Maîtres de nos Facultés ou de notre École de Médeciue,
pour qui ce serait l'occasion, ou ùe développer quelque
vérité générale sur la science qu'il professe, ou de vous
initier à quelqu'une des grandes questions, vers lesquelles
lC monde savant tourne actuellement les
C'eut été
un régal plus digne d'être offert à celte élite de notre ville,
si amoureuse des choses de l'esprit. Mais il y faut encore
une fois renoncer.
Ce qui soutient du moins notre courage dans cette tàche
ingrate de nos Comptes rendus, c'est l'intérêt, que vous
avez toujours pris à cette Statistique de nos éludes. Ces
chiffres sont pour vous des révélations du mouvement des
�-
'22
-
esprits. Après tant de remaniements,. qu'à subis depuis
quelques années le système de notre éducation nationale,
vous interrogez avec sollicitude nos Rapports, pour connaître les tendances de la jeùiiésse et les promesses de
·l'avenir. Si vous êtes curieux en effet dé savoir les ressour.ces militaires de la France, la situation de son commerce '
.
de son industrie, de ses finances; ·vous n''<lttachez pas tln
moindre priX à connaître l'esprit de nos Ecoles, les
.riations de nos études, les ressources morales, que l'édu. cation publique prépare aux générations qui nous vont
succéder dans la vie. Quel est l'état des études littéraires
e\ scientifiques dans notre Académie? Comment notre
jeunesse se partage-t-elle entre les unes et les autres?
· D'aprèsle niveau actuel de l'éducation publique, que peutconJecturer de ce qu'elle apportera d.ans la vieactive
de chlttirc ·intellectuelle et d'élévationmor.aJe,eeltl3
.
de
qui
et qtü
..
futures, dé
.pays'?
. - ..
de·
avec nous
.de
renseigne,mcnts et
chiffres: Après avoir suivi
pendant
années fes Lettres dans
CODVainêus'flUè 'Je ur culte
être
>,-'_:·.
.'
;_:
'"
·Lf:·, J.-.
.1-;;- .:·!:
: ,
en
sansentramer un a,ba1ssement dans le
national et dans la. gnindëur mÔrà!e de la patrie,
dtes heuretlX de
voir rèprendrc dans
·
publique leur grande et légitime influence.
Ctîré'est là '·ce qùe vous constaterez parle Compte rendu
·de nos Examens.
L'opinion, un insfant
est revenue avec fa.,.
aux Lettres, en dehors desquelles il ne peut y avoir
d'éducdtion vraiment libérale;· et le Ministre de l'lnstwc- ·
tion publique, qui vim1t de
son
par
.
,1
nè
�....:
23
-
tant de mesures généreuses et hardies, n'a fait. que suivre
Pimpulsion de plus en plus décidée de l'esprit public,
quand, complétant l'œuvre de son prédécesseur, .il a,élargi
encore la part des
instruction nationale,
et lui a rendu la philosophie pour couronnement. Peutêtre, dans le temps troublé encore et plein d'incertitude, ·
qui. succédait à uri' prùfon'd ébranlénerH
avait-il fallu restreindre la carrière de la pensée exaltée
jusqu'àÎ'ivresse; peut..:être quelque défiânce
contre les Lettres, qui avaient toujours j()ué un si
grand rôle dans l1os révolutions. Peut-être aussi 1e:dévenotre industrie nationale, elles merveilleux
progrès d(;ls Scicnces,appliquées, cxig,eaient-ils qu,e i' àn fit
à ces Sciepçes de la
une plus large part dans I: in,s-: ..
truction d.ês enfants du XIX• siècle. Mais,, nu:Jsurt; qp·c
lcsoragess:doignaiqnt,l'Empereur, qui A.cmble ne profiler
que pour faire un pas
èn avant vers Ialibèrté, .l'Empereur a: voulu quel'éduea..:
tion nàtionalevint se retremper à ses sorirées
généreuses, et qûel'Universtté, avant deprépa1·erles jeunes
ge-ns aux diverses professions, s'efforçât sm;tout-d'éleyer
les.esprits d,e former des.âmes viriles. Vou.s 1'entendi.ez
(il y .a quelques années) dans un 1\Ianifeste
ré célèbre convier le génie national à .reprendre tlaus.tous les .
Arts son. glorieux essor ..C'est sous l'inspiralion dela mèrne
par lui dans l'{Jniversilé, a
restauyé dans
gràndeur sii1cèr·e Pétude dé la
phiê. Avec le· rôle que 'la Francea repris désormais en
Europe, il: est nécessaire qu'unè forte éduèàtiôn morale
à soutenir dignement ces nobles dbstinéès.
préparç nos
le
�-
24
-
1.
ExAMENs.
.
Quelques mots d'abord sur nos Examens .
/Jaccalauréat-ès-Lettres. Le nombre des Candidats au
Baccalauréat-ès-Lettres continue à s'accroître dans notre
Académie. L'an dernier, nous en comptions 275; et je
croyais, en considérant la population de nos Ecoles, que
nous avions atteint le maximum . .Mais en voici 299 cette
année. A quoi lient
augmentation continue? Constatons d'abord que ee mouvement intelligent, qui
depuis quelques années ramène aux Lettres l'élite de notre
jeunesse, se prolonge ct s'étend de plus en plus. Mais en
outre bien des Candidats étrangers au ressort Académique
de Nancy viennent ici de préférence se présenter à l'examen. Gràce à son réseau de chemins de fer, Nancy devient de plus en plus le centre d'une vaste région,
déborde bien au delà des limites de notre vieille Lorraine,
ou de la circonscription actuelle de notre Académie. Les
Ardennes, la Haute-Marne, la Haute-Saône, la l\Iarne
même et l'Aube tendent à se grouper autour de celte
capitale de l'Est. Symptômes de bon augure, que j'aime
à signaler, parce qu'il mc
que la fortune se plaît
à dessiner ainsi d'avance la circonscription de l'École de
Droit promise à notre ville.
Si le nombre des candidats s'est élevé, la moisson aussi
de cette année a été assez bonne. Jamais l'Epreuve préliminaire des Compo:;itions ne nous avait permis d'admettre
�-
25
-
une aussi grande proportion de Candidats à
orale: 196 sur 299, qui s'étaient présentés, c'est-à-dire, les
deux tiers. De plusieurs de ces jeunes gens, nous avons
même obtenu des morceaux de Latin aussi distingués par
la pensée que par le style. Si la plupart des autres se
tiennent dans une médiocrité assez banale, leur travail
témoigne cependant, qu'il n'est point encore d'exercice
plus propre que cette pratique du Discours Latin, pour
former de jeunes esprits à l'art de penser sévèrement et
d'écrire avec fermeté. On voit bien que ce n'est pas sans
fruit, qu'ils ont pour cela fl'équenté les maîtres de la pensée antique, et essa)'é de leur dérober les formes de leur
style. Peut-être même l'étude du Français est-elle un peu
négligée pour celle du Latin. Car, en général, nos jeunes
gens entenden,t mieux qu'ils ne traduisent le texte d'une
Version : ils en sentent les nuances; mais, à vouloir suivre
de près dans leur traduction la phrase antique, leur style
s'embarrasse, se traîne et souvent se hérisse de soiécismes;
il faut avoir le Latin, pour deviner leur Français.
:Mais c'est à l'Épreuve orale, qu'on sent peut-être encore
davantage cette lacune du Français dans nos études classiques. Les Candidats sont toujours hien mieux préparés
sur les Auteurs Grecs et Latins, que sur les nôtres; et
nous avons lieu de croire, qu'en maint Collége l'étude de
nos grands écrivains n'a pas encore pris sa place à côté de
l'explication des chefs-d'œuvre de J'Antiquité. Je crains
bien qu'on n'abandonne le plus souvent aux élèves la lecture de ces ouvrages d'un plus facile accès. On a tort : il
·est si peu de jeunes gens qui sachent lire. Cette facilité
même, avec laquelle ils parcourent les chefs-d'œuvre de
notre langue, ne leur permet pas d'en approfondir la pensée et d'en sentir le style. La plupart d:t reste ne prennent
�-
26
-
lirè ce
riorhbre 'd'œùvres'ûc
que letirJmpose le; Pfôgiamme'; ils aiment mie
'e'n' ctnptüntt:rdcsrésumésarides et 'somn1aires' à leurs
Ma'nûels! te ,proéctlé ·sans doute ne. leur réussit grtère : à
hi
l'Examinàtèur les a désarçonnés, mais
srli:kêtre
encore à les désabuser de cette
tu're's'upetficieilê et'dè faux aloi.
·
.
Èn somme, on .ne s'aperçoit(jtte trop encore, à cette
éprèu've orale, de l'impatience qu'ontla plupart des C.andidafs de finir let1rs' éttide3. Ils en sacrifient d'ordinaire la
dèfnièreannée, l'année de Philosophie, qui devrait en
être le couronnement. -,- Nous excusons encore cette préchez les jeunes gens pressés par
l'age, qui, leurs qtu'des littér,&ires terminées, ont à reprendre. ensuite l'étude·· des sciences en vu-e d'une
Mais que nous voudrions voir rétablir le Certificat d'Études, pour retenir .de force en Philosophie tous ces imprudents déserteurs, gui (se destinant au Droit, à la Médecine,
aux
à .l'E,nseignement}
s'y pourraient
rriieux préparer, qù;èn. laissant Je ur ·intelligence mûrir
consacrée, non-seulement à l'analyse de
dansune
l'es phi 4umàln et à la méditation des grandes questions
notre
mais encore à
de l'Histoire et 'dé
tQutes cès Sciehces des nombres et cle la nature, auxquelles
Uil hohoêté".hoinnié.,au XIX" siècle ne saurait plus deitteuFeietràrlger? '
·'
Vous; avez pu, jeunes gêns, être' tentés de déserter la
J?Iîilosophiè,. quarid vous l'avez' vue amoindrie et reléguée.
qu1on vient de lui restituer ses honneurs
et sà'légltime influencé dans votre éducation, revenez à sori
èÎllte tr0plo'rlghm1ps rnéprisê. Ne dites plus que vous
avez qUe faire; quevous laissez aux rêveurs les quesla pèille
�..,.._
27
-
agite; que, fixés sur les principes
hCvie, vous ne
dé
1\Ôn; malgré quevous
tôt
tar,d, n.
.faudra hien jr:arri v,er et faire. ,votre phîlosqplilè.l On supprime pas Ja réflexiénfà'son gré,,éfl;on ne
peut se.
son.
dans un éternel
.
·En qépit du bruit de vos _affaires o,u de
plaisirs, .un joUr
·où
de
vous
vqùs obséder, vous
Mais'alors,jeùnes gens, conibien ne
,vouspas, dénués d'ul1eforte doctrine philosophique, sombien
pas dé voùs égarer, lorsque
serez
saisiS"et envelop'_t)és par cette atmosphère de
systèmes
et de sophismes malsains qui obsc.urcissent laÎulllière de
notre siècle, lorsque, sans gouvernail ni boussole, vous
serez entraînés sur cette mer orageuse, 4on,t .. vous ne conni lès ecueils, ni les étoiles? Il n'y a qu'un Cours
solide de
au sellîl
1a vic où, vous allez eninsétrer, qui puisse vous prémunir contre
p.arahles
spéculations de 1a pensée. Il n'{a que, la.naie
philosophie, qui puisse guerir.)es
« Sans la philosophie (disait
i(
·Ja
n(l
ni scie'nee
)) trù1es se.: sont
>>
qu'il
son
Side pernicieuses, ifocalm', c'est à eite n01l d
·>>
Jeunes
l'éeoie aes grands philqsopl{es,
XVII" sièêle, des Descartes, des Leibl11tz, des
des
deà
et, des Fénelon;
Y() us
auprès d'eux de science et de raison.
.vous, dHendre
contre les attaques du faux savoir,
avec. Ia. cqnsciei1ec
leur. erreur et
périls.·
.
èlodtrincs folles ou pervèrses, qui comn1encent p<ir' nous
�-·
28
--
confondre nous-mêmes dans le vaste sein· de la ùature,
pour yànéimtir ensuite Dieu lui-même. .
· En insistànt encore sur ces lacunes d'une éducation inje dois ajouter pourtant,' que, chaquè année, la
situation s'améliore, et que le niveau moyen des Examens
s'élèvé. Toùtcfols 'en signalant le mieux, ir faut aspirerà
plus
- Or, .s11r 196 Candidats admis à l'Epreuve·
orale, nous avons eu la satisfaction sans doute d'en déélarér 172 dignes du Grade de Bacheliers-ès-Lettres;
mais la majorité d'entr'eux n'a pu qu'atteindre le but, sans
'le dépasser. 98, en effet, n'ont été admis qu'avec l'humble
mention Passablement; 48 avec la mention bien modeste
. ericorè d'Assez Bien - t 5 seulement ont mérité la Note
Bièn : 9 la Note Très-Bien.
Ce sont:
MM .. LÉVY-BING
1-JÀNHSSE
AuBERT
MARTIN (Michel-Alexandre) CouvAL
PILLON
MUTEL
Rot.LET
.
: Enfin 2 Candidats, MM; DENYS et 'RoniER orit obtenu la
Mention Parfaitement Bien.
En somme, 172 C.andidats admis, sur299 qui se,sont
présentés à l'Exameri, 'nous offrent pour le succès une proportion de plus de 57 pour 100. C'est .un chiffre qui té.:..
moigne assez de la prospérité des•études dans notre rèssort
Académique, !nais qui n'étonnera ici personne; car on
sait, êômbien notre Province. renferme d'Établissements
publics ou privés d'Enseignement secondaire, qui rivali:..
sent avec unè généreuse émulation dans cette grande
œuvre de Téducation nationale; et l'on connait assez
l'excellent esprit de r1otre jeunesse Lorraine si
'
.
�-
-
laborieuse, si appliquée et si docile. Certes, on a le droit
de dire avec orgueil, qu'il n'est point de Région de l'Empire qui présente à l'Examen des Facultés, comme au
Concours des Grandes Ecoles, un bataillon sacré plus
vaillant et plus nombreux.
Quand nous signalons ces résultats, qui attestent le raffermissement de nos études classiques, il est juste de payer
ici notre dette de pieuse reconnaissance au :Ministre si
avisé et si sage, qui vient de quitter l'Instruction Publique
pour la Présidence du Conseil d'Etat, et qui a laissé de si
bons souvenirs parmi nous. C'est lui qui, en effet, par
une série de mesures discrètes et habilement graduées, a
commencé à réparer peu à peu les brèches déplorables,
•
1
1
SESSIONS
1
1
-1
d'Avril.
1i0
12
7
19
•
2
2
8
19
51
1
1
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d'Août.
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Novembre.
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6
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24
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2
9
Hl
48
24
56
1
TOTAL.
J-
98 t72
i
�-
30
-
-esprit d'aveugle prôvcntiQn avait faites .daO:s le.:
sysJème de notre édueation classique .. -:- Pou rachever sorr
rouVre de rcstauratioti, M. Rouland a laissé son héritage
en bonnes mains. M. Duruy est un vrai .fils de l'Université,·
un maître de nos Lycées, qui, dans
longue pratfque
de l'Enseignement, a vu l'effet des Programmes
et qui, après avoir de près jugé l'arbre par. ses fruits,
.au Pouvoir avec une pleine expérience, une convie-.
tio? fa'ite, et-une
hien
profite.r du hien, .
de corriger le maL Aussi J'Université .a-1:-elie été tout en:-.
semble heureuse et fière de ce 1\Iinistre choisi dans ses
rangs .. Elle.et luiavaiEmt appris de loin à se co:nnaître pa,t: ·
une estfme et une affection mutuelles. La France du reste.
n{ pas'.tardé de
elle-même l'esprit .libéral de
M. Duruy. On a vu son activité à imprimer partout une
impulsion féconde. Chaque jour, pendant .ces vacances:. ·
nous apportàH une mesure im.portante. Hier, C'était le
Cours de Philosophie véritable rétabli· .dans ,nos Lycées;
auJourd'hui, c'est la récobciliation
des études
et littéraires,. qu'un Îà.cheux divorce avait
trqp séparées depuis dix an,s; puis, c'est la réorganisation
d'un enseignernent plus rationnel des ·langues vivantes;
puis, l'institution etendue et régularisée d'un enseigne.,-,.
ment pro(essioonel. En même temps que le Ministre a
v6ulu fortifier par une plus solide
pltilosophi:_
que et littéraire l'éducàtion des jeunes gens destinés aux
fonctions publiques et aux carrières libérales, il travaille
ainsi, dJun autre côté,
]e vœude notre siècle)
nager à ceux de nos fils, qui se proposent d'enlrer dans le
commerce et l'industrie, un enseignement mieux appro,..
prié à leur vocation et, aux' besoins de notre société française. Tout sous sa main se transforme et s'organise à la
une
:"
.
.
'
�-
31
fois, mais selon un plan longuement médité à l'ava11ce.
Car toutes ces mesures sont le fruil d'une anèienne expérience. Aussi est-cc avec une pleine confiance, que l'Université, sous un pareil pilote, s'élance vers l'avenir à
voiles déploJ•ées.
Licence ès-Lettres. La Licence, cette année, n'a produit
que d'assez modestes résultats. A la Session de Novembre
1862, nous n'ayons pu admettre au Grade aucun des Candidats qui s'étaient présentés. A celle du mois de juillet,
six Caudidats seulement ont subi les épreuves de l'Examen.
Bien d'autres, qui y aspiraient, ont consenti d:après nos
Conseils à attendre. Comme nous sommes en rapport avec
la plupart d'cntr·'cux par une correspondance assidue,
nous pouvons, sur les compositions d'essai qu'ils nous
envoient, dissuader les imprudents, ajourner ceux qui
nous semblent encore trop faibles, et prévenir ainsi des
échecs probables. Gràce à ces conseils, nos jeunes Maîtres
n'affrontent ces épreuves qu'avec des chances sérieuses de
succè3. - Les Candidats de juillet étaient tous des
pies de nos
ou de ceux que nous guidons de
loin par correspondance. Trois d'cntr'eux ont étô jugés
dignes du titre de Licencié è3-Lellt·es :
MM. BRIARD,
TnoMAS,
GÉRARD.
Le premier, l'un des plus brillants élèves sortis du Lycée
de Nancy, a voulu, en même temps qu'il commençait
son Cours de Droit, poursuivre ses études classiques ct
mûrir et fortifier son esprit dans cette haute discipline.
Noble alliance des Lettres et de la Jurisprudence, qui a été
la gloire de notre ancienne Magistrature, et dont l'heureuse
�--
32 -
traditioi1est perpétuée ainsi avéc eclat par quj:lqucsjeunes
gens d'élite destinés à être un jour
de notre
barreau. M. George
il y a quelques
ouvrait vaillamment la voie. M. Briard l'y a suivi avec
une émulation généreuse; et son exemple, nous le savons,
ne sera point perdu. 1\ll\t Thomas et Gérard sont Maîtres•
répétiteurs au Lycéè de Nancy; îls promettent à l'enseignement publie des professeurs d'un esprit net, d'un goût
cultivé, d'une littérature étendue, et à l'agrégation des
conèurrents sérieux.
n.
ENSEIGNEMENT,
Sm· notre Enseignement, je tâcherai d'être bref. Nos
Cours de l'an dernier, la plupàrtd'entre vous les connaissent aussi. bién que moi. Quant à ceux de cette année, d'ici
à quelques jours, chacun de nous vous en exposera le
sujet et l'esprit, bien mieux que je ne puis le faire moimême.
Pldlosophie. M. de Margerie a complété pendant le
premier Semestre de l'an dernier son Cours sur le Droit
intemational. En étudiant surtout la question de la Guerre,
et en traitant à ce propos des causes qui la justifient, des
règles qu'elle doit observer, du droit des Neutres, des
Traités de Paix, il a montré C()mment les principes de la
Morale ne sont pas moins obligatoires dans les relations des
peùples que dans celle des individus. Il n'y a pas, en effet,
deU.x justices; etjamais l'intérêt public, pas plus que Cèlui
�-
33
-
des pnrticuli·ers, ne saurait (quoiqu'en dise Machiavel)
prévaloir contre :la Mora.Je,. et justifier. l'iniqtülé .. Le"t;.
èrimes·des'natiorrs. s'expient comme ceux des pm'licuEers,
et :par une punition d'ât1taut .plus inévitable. même én' ce
momie, qu'il n'y a pas pour lès nations de vie future, ct
q\1-etouteJeut\ destinée doit se consommer ici
le second S·emestre, le Professeur a repris l'histoire du Droit
international, dont il •avait ·exposé· la philosophie.- E.n se
plaçant toujours au point de vUe de la Morale uni.verselle,
qui. doit finir par. régner un jour dans les rapports des
peuples entre eux, il a développé et jugé successivemel)t les
plus célèbres doctrines politiques et sociales enseignées par
les philosophes depuis Platçm .et Aristote jusqu'à MQntesquieu, ou pratiquées par les Gouvernements depuis les
Répul:lliques grecques jusqu'aux. ·Monarchies modernes,
en insistant particulièrement' sur les modifications profondes apportées par le Christianisme dans la science .la
vie sociales . ...,..- Ces intéressantes études, que le Professeur
n;a pas ·eu le loisir d'achever; seront reprises pl\r
plus de détail cette année dans ses Conférences d·u vendredi.
-,-,·Le Cours du mercredi sera consacré à Fensei;gl)ell}ent ·de
la Théodicée.. Dans une série. d'études philosophiques,,
M. de Margerie se propose de résumer t()ut ce que' la.
.
humaine, éclairée et. fortifiée .par le Christianiswe,
peutdéinontrer avec certitudetouchant les choses diviqes
A savoir : qu:il est un Dieu; que ce Dieu est parfait ;:qu'il
est dlslinct .du monde créé par ui1.acte
toutc-pJiis..:.·
sance; qu,'il a
cet univers ..
.. un <Rla.n.
rnervèilleux:, dont les sciences nous révèlent de plus tm
plus Ja grandeur èt Ia beau lé : que sa
conduit,
Jè monde pardcs voies mystérieuses vcr3 un but digne, de:
sa sagesse et de. bonté
P!lis,
.
5
�-
M-
de Dieu vers l'homme, le professeur montrera que ce Roi
de la création a élé associé, en vertu de'soh intelligence .et
de sa liberté, à l'accorpplissement du p1an divin; qu'il est
. uni à son CréateUr pan des liens 'nécessaires; et tenu envers
lui à des devoirs, qu'une saine philosophie peut: proclamer
sansdoute en principe, mais qu'ilappartientàla religiqn
seule d'enseigner avec précision et avec une .autorité
·souveraine. Car, pour s'élever de1atèrre au ciet ilfaut
que la ràison et la foi se prêtent un' mutuel appui. La raison gravira bien seule les premiers
de la merveilleuse échelle de Jacob; mais, à mesuré qu'elle s'élève, sa
vue se
dans la vision céleste; ilfaut alors que·la
foi l'emporte sur ses ailes jusqu'au sacré parvis.
Quoique M. de .Margerie, dont vous avez assez éprouvé
la discrèta
se garde bien de mêler la polémique à
ses spéculations élevées, peut-être ici lui sera-t-il pourtant
difficile de l'éviter toujours. Le .scepticisme moderne,;
après avoir tout ébranlé dans la conscience humaine, s'est
attaqué enfin à l'idée même de .Dieù, ce fondement de
toute philosophie, de toritc religion, de toute morale. Vôus
le savèz, ME)ssieurs, tandis que la Philosophie .dite positive
prétend ouvertement à expulser
dé l'univers et du:
cœur de l'homme, pour i1e plus laisser dans le monde
solitaire· que les forces de la nature; l'Ecole Hégélienne,
dans sa théorie panthéistique, arrive au mème résultat, en
dénàturant l'idée de Dieu, qui n'est plus pour elle que
l'ârr)e du monde, le principe de la vic universelle. Pour .
. défendre corlfre ces dangereux sophismes la métaphysiqùe
religieuse, il est néèessaire que le Professeur descende sur
le terrain choisi par ses ad\'ersaires potlr le combat; qu'il
expose ces doctrines trop aisément accueillies ·par l'esprit
ihcerlaîn de notre siècle;
elles-tnêmes:;
�-
35
-
d'montre qu'eUes aboutissent, non-setilement à1'anéan:tis$enient de toute moralité, mais encore au renversetncrit
de:touteraison. En présence de ces attaques insidieuses de
l'athéisme moderne contre les principes sur lesquels repose
le salut du monde, il est impossible que la philosophie
spiritualiste ga,rde le silence. Vous savez, Messieurs, que
nul, par son talent et son caractère, n'a plus que M. de
Margerie, le droit de se porter sur la brèche en cette
J:Cnce et de sefaire le champion de 'la morale et du bon'
sens.
Histoire. M. Lacroix s'était engagé l'an dernier à
raconter en entierle règne de Louis XV. Il seflattait
lui serait possible d'embrasser ainsi, dans cette période de
plus d'un demi-siècle, le tableau de la décadence continue
de la société française et de la maison de Bourbondescendant des hauteurs du XVII" siècle jusqu'à l'abîme, où la,
Révolution doit les précipiter; Mais l'àbondance ·des maté-,
riaux, l'importance des événements, la variété des
. lions de toute sorte quile sollicitaient à chaque pas de sa
ont retardé sa marche: il n'a pu remplir que la
moitié de sa course. Il se propose de l'achever cette
annéè. vous avait conduits jùsqu'aù terme du pacifique
Ministère du Cardinal de Fleury, pendant lequel la France·
se reposait des guerres du règne précédent, et s'appliquait
. à en réparèr les désastres. Cc sera son point de départ. Au lendemain de la mort du vieux :Ministre, tout va prendre.
une physionomie nouvelle. Tous les ferments :d'agitation,
dont la société française et l'Europe entière étaient tra:vaillées, et que
avait assoupis jusqu'alors dans. un
calme trompeur, vont faire à la fois cxplosfon. Une !géné:ration nouvelle apparàit sur la scène; inquiète,remuanle,
n
�-
36
--
téméraire, tourmentée d'un vague
·lassée d1 i11sti.:.
tutions politiques ct sociales en désaccord de plus en plus
manifeste avec ses idées et ses mœurs, aspirant au chan.:.
· gement, et sapant aveë un adiarnement unanime le vieil
pour hâter ravénemerit dJun ordre·nouveau plus
confol'll1è à. la justice et à la ra:ison. ba faiblesse du pou voit
et son i'Flfil.mieoe,cotütibum!ltpas mé'diocrêment à encou.:.
rager les attaques de l'esprit philosophiqùe. Comment
la France aurait-elle pu respecter encore cette royauté,tombée aux mains des Courtisanes ? Pour couvrir cette
honte du Gouvernement, il ne reste pas même la gloire des
armes. Ce n'est pas toutefois que la France ait pu se défendre de prendre-part aux grandes luttes, qui:-recom;_
mençaitm.t alors autour d1eHe. Càr, sur la tombe à peine
f<Wmée de Fleury, la guerre, que le vieux 1\linistre semblait
tenir enchaînée, éclate. partout à la fois. C'est une mêlée
universdle des pui;;satices Européennes, pour se disputer
la prépondérance sur le continent et l'empire des mers.
Si la France cependant a; encore le goût de la guerre, elle
n'enR
ie génie; ses soldats.soni tpujouPsbraves: mais
les généraux lui manquent. La victoire 'lésèrle ses armées,
et ses campagnes
n'amènent que de honteux
traités, ·qui blessent prof0ndémen t l'honneur national. La.
triche et la Guerre de Sept ans
Guerre de la Succession
consomment l'abaissement politique de notre pa-ys. C'est
alors que l'Angleterre suscite contre nous et contre l'Autriche la Monarchie Prussienne, qui va changer sur le continent l'équilibre Européen ; et que, sur les ruines de notre
empire colonial, elle établit sa souveraineté maritime. Sur
la fin du misérable règne de Louis .XV, le partage de 'la
Pologne .. vient révolter encore la conscience nqtionale, et:
témoigner du niépris, où le gouvernemènt França.is ést
�37 to,IJ1hé• Tant d'humiliatjons et de revers ne fcmtqu 7àccroHrè
encore le dégolît du présent et la démangeaison des
vfl(!Utés. Dans cette impuissance
'I<l, Cour et, des Classes
directio11 des affaires échappe ,
des
le Tiers-État, qui sent qu'ènlin.sonjour
aspire à se placer à son tour à la tête de l'Ètat, et il .y est·
,porté pa,rle flot montanLde la nation
Aussi, vers
la fin du règne de Louis XV, verrez-vous l'ancien
social s'affaisser,de toutes parts sur lui-même; On sent venir
.une :Révolution menaçante, que ne sauraient déjà plus conjurer, ni·les vertuspopu1àires du jeune Roi qui lui succède·,
ni ses intentions loyales. Voilà, Messieurs, les traits pri.ncipaux de l'époque, qut.J vous allez parcourir av:eq M. Lacroix,
votls prometun intérêt toujours croissant, ·à
mesure.que vous verrez le torrent accélôrer son cours orageux, et que vous entendrez de plus près lé bruit de la
cataracte, où l'ancien régime va s'abîmer pour jamais.
Littérature ancienne. L'an dernier,
Burnour avait
pris pO!lr S\lj-et · les .Poëmes ·homériques •..En étudiant
Jfe p·rès et .en
ensemble Î'Iliad,e .e.t r'ôdyssée,
vous avez été amenés à. conr.lure avec lui, que cês d(luX.
.poëmes ne sauraientappartenir ni au même .autem;, nt aü
même pays,. ni à,la même époque de la ci.vilisation
Aux yeux du ·Professeur., et désormais aux vôtres, l'Iliade
est au moins cl' un siècle antérieure à l'OJyssée, tant le speètacle du
et de la terre a. changé dans l'int,ervalle ;. ét
tandis que laprcmière épopée a eu manifestement j)OUl'
berceau
régions de l'Asie Mineure voisines du théâtre de
la guerre de Troie., jl est probable que la recoude <lu cqntraire, qui est l'épopée non plus des guerriers, niais des
marim, a dû naître dàns les Ilesloniennes ou sur les riva-
�-
38 -
ges prochains du Continent
Après: avoir ainsi
établi que ces deux poëmes ne peuvent plus ètre réunis
désormàis sous le nom unique d'Homère,
Burnouf les a
étudiés séparément, comme de curieux monuments de.
l'état des mœurs, des usages, desinslitufions,descroyances
religieuses et des idées philosophiques, dans les deux phases
différentes de la civilisation Grecque, auxquelles ils corres":'
pondent.
Cette année, 1\'I. Burnouf se propose dè faire de l'Enéide
de Virgile une étude analogue. Seulement, au lieu d'une
Epopée primitive, dont un Chantre de génie n'avait eù
sans doute qu'à reéueillir et à coordonner les ·• matériaux
préparés pendant des siècles par l'irnaginatîon
il aura ici affaire à une Epopée d'imitation, composée par
un <).rtiste habile, à une époqUe de littérature avancée et
savante, sur le modèle des poëmes homériques. Il analysera
du moins, dims ses matériaux ct son harmonie, cette œuvre
artificielle, où le poëte. érudit et créateur tout ensemble est
parvenu à unir, avec une si heureuse
aux légen-desGréco-troyennes, qùeluia.vait léguées la PoêsieCyclique,
les maigres et douteuses traditions, qu'il avait recueillies à
sur le sol si peu poétique du Latium; H
essaiera de surprendre ainsi dans ses secrets et ses jointures
cet art délicat, avec lequel Virgile, fondant ensemble les
traditions nationales, les imitations du passé, les passions
huinaines et sa propre
et animant le tout de
son génie, a su faire d'une œuvre d'érudition une Epopée
interessante et durable.- Auguste, dans son essai de res.;.
tauralion religieuse et
avait demandé au
te
Géorgiques cette Epopée nationale ; il espérait par làravi..::
ver dans les âmes les soùvenirs et le culte d'un passé de
plus en plus enseveli dans les derniers bouleversements de
�-
3()
-
la République, et plus encore dans les accroissements démesurés de ]a puissance Romaine. 11 fallait consacrer de
nouveau la Religion de la patrie, en lui rendant sa vénérable antiquité. Et rien assurément ne pouvait mieux que
l'Enéide répondre au vœu du réparateur
Si Pergama dextra
Defendi possent, etiam hâc defensa fuissent.
Si l'œuvre du poële et de César a échoué, c'est que déjà le
Christianisme alors se levait à l'Orient, seul capable de
sauver le monde de sa ruine, et de fonder sur le Capitole
l'Empire immortel. Ce n'était plus à ce passé mythologique,
ressuscité par Virgile, que pouvait se rattacher l'univers
romain en détresse de périr. II lui fallait une autre foi,
d'autres espérances. La pensée chrétienne, sortant des
Catacombes avec une irrésistible puissance, fera évanouir
les croyances antiques et l'œuvre d'Auguste, comme des
songes au lever du jour.
En même temps que lVI. Burnouf trouve ainsi chaque
ànnée le mayen de nous ramener par des routes toujours
nouvelles à la vieille antiquité, il poursuit activement, en
dehors de ses Cours, la publication de ce Dictionnaire
sanskrit, qu'attendent la France et l'Europe savantes. Car
vous savez déjà, :Messieurs, que, grt.ce à l\1. Burnouf et au
concours de quelques zélés collaborateurs, Nancy est devenu
l'un des foyers les plus actifs de ces études sur les vieilles
langues de l'Asie, dont la connaissance doit bien autant que
le succès de nos armes contribuer à nous ouvrir l'accès de
l'Orient. Quand M. Rouland est venu ici, il a été frappé de
la grandeur ct de l'importance. de ces travaux, et il a prodigué à M. Burnout les plus nobles encouragements. Nous
�-
4:0
-
. ne·'doutons pas que M. Duruyrr'a:céepteà son tour; comme
une des plus, belles parts de son héritage, ce patronage rle
l'Ecole orientaliste de Nancy •.
Lz'ttérature Française. De puisque f ai:O:uwerlmon.Cours,
je n'ai jamais pu remplir mon Programme. La fin de l'année ·
me surprenait à la moitié du chemin. L'an dernier, je me
proposais d'embrasser i'histôire ··complète dés Lètfr'es et de
l'Esprit en France sous l'Empire et la Restauration. Mais,
séduits par Chateàuhriand et Madame de Staël, qui inaugù.-:-.
rentavec tarit d'éclat l'ère nomelle de notre Littérature,
nous nous sommes arrêtés avec complaisance à étudier leurs
dontl'influcncea étésidécisivcet si féconde: Nous
reprèndronsJa suite de ce tableau en 18HL Vous savez que·
c.'est surtoutde cette époque, que dateJe: grand mouvement
littéraire du XlXc siècle. Jusque là' Chateaubriand. et
Madame de Staël avaient été dès génies précurseurs, m11is
·solitaires;. Le génie des armmroccupait seul alors; la scène ..
Ce fut enfin le tour de l'esprit, rafraîchi par mrlong silence
etimpat1ent dè prendrèla parole;.Nousredirotlsl'ardeur de
· ln:France à cette époque, etsesespérances, et ses illusions.
Nousmoutrerons avec queUe Cùnfiànce généreuse et parfois
ténréraire, mais aussiavecquelincomparable éclat la pensée
s'élance dans tous les·.voies. Poésie, histoire, philosophie,·
éloquence, tout prend àla fois un brillant essor. C'est alors
seulement que le sol, profondément remué par la révo-"
lution, va produire sa moisson, étque la passion de la gloire
et les rêves de feü de l'Empire vont se tourner vers
ses de l'esprit.·Si la France a perdu ses conquêtes, du moins
dans son con taGt avec r étranger,' son génie s'est éveillé à
de·s inspirations nouvelles, Byron;
Scott, Schiller,.
Gœthe nous ouvr.ent les horizons de la Poésie
�-
41
-
La Littérature française
des traditions
ques, dans lesquelles elle s'était jusque-Jà.trop étroitement
renfermée. Elle fait son 89. à son tour; ·elle en a surtout les
espérances. Mais la France sait-elle s'arrêter dans sa poursuite de l'idéal? Le Romantisme aura aussi son 93. Les violerlts, en poussant à outrance les principes de la Révolution
littéraire3 en compromettront le succès. - 1830 sera le
terme de notre course. Toul en regrettant les fanatiques
ardeurs de l'Ecole romantique, nous. nous féliciterons
c_ependant des conquêtes libé:ales et durables, par lesquelles elle a élargi le champ des Lettres françaises; et nous
aurons à signaler une multitude de grandes œuvres, susci;..
tées par ce mouvement généreux, qui demeureront pour
être à jamais l'honneur de cette époque mémorable.
Littérature Etrangère.M. E. Chasles a consacré son Cours
de l'an dernier à l'étude de la Poésie Espagnole au Moyen
âge. Après avoir essayé d'en.surprendre le premier essor
au milieu desobscuritésd'une époque barbare, il en a suivi
le développement spontané Jusqu'au XVI• siècle. Vous
entendu d'abord dans Jetir naïveté pieuse ou
ce·s
Chansons populaires, que Je Professeur allait recueillir à
travers le Romancero. Pendant que de vaillants Capitaines
ltiUàient pied à pied pour refouler l'invasion de l'Islamisme, le peuple chantàit la Croisade. - Aprè.s le peuple,)es
Rois ont consacré à leùr tour les souvenirs de l'héroïsme
national. Vous.avez écoulé les pages éloquentes d'Alphonse
le Savant; les apologues de l'Infant Juan Manuel; les paroles austères de l'historien Ayala; œuvres bien diverses de
forme sans doute, mais semblables par l'inspiration patriotique ct chrétienne qui les anime. Cette histoire progressive
du génie Castillan nous a conduit jusqu'à cette heure de
�-
Mi -
ren:·aissanèe,' ·où'.'l'Espagn'e,;_; affrànchie ;enfin ët pacifiée, se
ir'èrs
pénétrer de plus en plus
pat l'inflîience ·.Bttérairè de :la France et' de l'Italie·. Arrivé
ainsi' au·
'sièCle si• féêond·:eil-'éèrNairfs·immûr..
M. ·Chasles: a dû
Ù 1es.t à: Cervantes, le plus
gtiridgéniê
qù?ïl:·slesi d:aMrdattat1hé: déjà'
voUKëh avêz· étudié a'Vec lui la vüi 'ètles;œuvrés; dû moins:
dafi!:r leu:r''suite et ·leur ensembleT Unesseulê :partie 'de ses
éerits; a é;té:résèrvéejila.plus
la moin's eonnue : je.veux ·
de· ses œuvres dramàtiqué·s.
par l'à• que l:lt
parlèr
Ciras1es; se; propose'' de .conimenc'êr :Fhistoi're· ·:du· théâtre'
Espagnol,: qui sera l'objet de son cours de cette
QueUe
'curieuse: èt'·plus intéressîïnte, que·d' en.,;.'
trer, avec<ùrdel giüde, dàns ce· trésor·d'œu+rcs théMràlè's
de toute sorte, où tragiques et comiques de tous les pays
sont:venus puiser à pleines mains, et. qui r-éserve fant :de
rië,b.esses:àqut:saura'•err ûser?:Ori coi:Inaît::la ,féconaité
merveiUéuse de Lope, de Caldér'on; qui mènent ce chœur
glorieüx'&s paètes âramatrqucs'de l'Espagne: mais on· ne
saitopas·assez 1ei.tr génie. •Pour·
origim\<lesj
vous le
!trouve denis• sa falnillè c'omi:ne: un
hél!Üagè de• scie\t1ce
So.n .père; i.S()n •oncle; 'lui
ontfrayé la voie avec: éclat' Lui.!.mème<vousamoritré assez,
·curiosité:â'Zèsprit,:il'
péné;;.
trer dansle génie de ces œuvres étrangères;' Avec la littérat'Utë étènd'uèiqu'il
eu'étudiant ces'
prèces;.d'ën rapprocher les imftations·ou les thèmes bril:lants; qüe JàscènëEsprlghole :h.:a
tliéàtres de l'Europe, depuis Corneille ·et
jusqu'à
Moz·artet:niêrrre'à:Byron.
·
·
;Si nolis· nous efforçons chaque année
ain.si
�-
43
-
le sujet de nos entretiens, nous devons dire aussi àvec
gratitude l'intérêt soutenu, que prennent à ces leçons de
notre faculté tous les esprits cultivés de notre ville. Après
tantôt dix ans, la faveur, avec laquelle ces Cours sont
suivis, est aussi vive qu'au premier jour. Notre intelligente
cité a fidèlement prouvé son goût pour les choses de l'es'prit. On ne saurait plus contester, que Nancy semble plus
particulièrement destiné, entre toutes les villes voisines, à
redevenir un foyer d'études, une capitale universitaire. Le
premier essai, qui a été fait dans ce sens par la création
des deux Facultés des Sciences et des Lettres, est désormais justifié par le succès. On peut maintenant, à coup
sûr, compléter l'institution, en nous accordant enfin l'Ecole
de proit, tant désirée et presque promise. Nous espérons
bien que l'honorable M. Rouland n'aura pas emporté ct
enseveli dans sa retraite ses promesses et nos espérances,
et que son successeur tiendra à honneur de remplir ses
engagements.
Car, pour que les Facultés exercent une influence vraiment efficace·, il est nécessaire, que, réunies en faisceau,
elles sc prètent un mutuel concours. Lorsqu'au début du
siècle une main puissante releva l'Université parmi les
rUines du passé, ct rétablit dans une hiérarchie plus solide
que jamais l'enseignement·national, cc fut une regrettable
erreur de disperser sur le sol de l'Empire les diversès
Facultés, comme si l'on voulait par ce partage satisfaire
plus d'ambitions particulières. On les condamnait ainsi à
languir dans l'isolement. Il est vrai qu'alors les Facultés
des Sciences et des Lettres ne semblaient destinées qu'à
conférer des grades ct à préparer au Professorat. l\Iais
aujourd'hui une plus large carrière leur est ouverte : les
Examens ne sont plus que leur moindre tâche; l'Ensei-
�-
·4:4 -::-
gnemel}t"a p,ûs
-la ,premiète
{les, Eacul-:"
tés .son,t;app.elées de ,plus eniplus à ré,pf!.ndre, du haut de
,leurs. chaires) et à populariser autour d'elles par la parole
les ,progrès de la science moderne; en même •temps·
culte des grandes
qu'à entretenir,; ·avec Je
_pensée,s, q.ui font
9e
.patrrwoine particulier de la France. Or.,. en
•les
Façult-és des Sciences et des Lettres; des autres ·EcoJes.de
l':enseignem(mt ,supérieur,, ou leur enlève leur auditoire
naturel, on paratyse en partie leuractiqn. Lesjeul1es gens
sonttr0.prarcsautour de nos chaires. C'est à eux pourtant
nos(;ours sont surtout destinés. ,_....,Ce qu-i assure aux
trniv:ersités allemandes àu contraire une si forte influence
surjajeunesse de ce.pays, c'est .•qu'elles]éunissent dans
un,e sorte.d'enseignemeqt
toutes
bran....
ch.es ·.de Ja
h.umai,ne; e:t qu'elles saisissent les
jeun,es gens à la fois, par toutes led .vocations et. toutes les
curiosités de leur esprit, en leur offrant dans l'ensemble
coordonné .de leurs Cour,s comme un vaste concert de
toutes}(}s Sciences,; qui se donnent lamain ·sous lesauspices
réunies <:lans un
de' ta Phiîosophie. cé concours des
même. culte,
cations plus complètes :la Faculté
de Droit s'appuie. sur ·celle çles
la Faculté de
cil1e
toutes s.ur chacune; et les
villes ainsi choisies pour être lesiége d'une Université,.devien:nent autant d.e capitales de Ja pensée et des études;
y respire)a science qomme l'air du ci.el. J'ai souvent,.
mes rêves,
pour Nancy une destinée
D-ans notre région de l'Est, Je me
à faire .de. notre
ville. une grande Ecole des Arts do l;l Paix, eomme Metz
se.rait l'Ecpledel) Arts la Guerre.
.
Nul pays n'a un enseignement secondaire rnieux
t<ms
�- 45 ..;:._
nisê que la
Certës, nous poü·vons
avëc:
.
nos Lycée& aux ttablissements analogues des
naiions voisines; Mais cles·t au délà de nos Lycées·, que·
la discipl:ime d:e. nos études àf:l!i!'e· de; regrettables· lacuLe lien, qui 1Ù1il entre elcles les Sciences morales,
de la ·nature, est trop· tôt:hrisé: A péine
ou les,
échappés .du Lycée, nos fils s'enfoncent trop vi'te dans
des:
spécial ès; ·l!'!}ur la plupart, ifs auraient grand
heso.i;a po:urtant'
un commeree plus p·l!olengé: aV.èc :l'es hautes é:'tudps.
àe· ·
philosophie, dJy mû:tir le-u11•àme) {Fy.' étendllelite·
leur-s. idées, et. d!y nourriD leurs esprit-s de· g·vandes et gé:n,éreuses:penséesi Car; pour les
fonction:s.oida/vre··
les appelle, cette libévale préparation devie:nfcha.que jeur
plus, nÇcessaire, ·L'
modarn.e:;. en; eft'eû, ne; les"ih:.:;.
clinera que. trop aux. choses de }a.terr.e:, aux intérêts étroits.
et· aux mesquines
Si notr-e siècle est' Justerrlent
de ses conquêtes., sur. la; na hire) s,!if
:wec
sance ses manufactuP.es, ses chemins de fer., ses immenses
. capitaux, peut-:.êtrç a;.,.1;.,il trop oubljé,que Fhomme ne vit
pas
de pain, et que ce n'est point là l'unique
:d,13.Fhumanité. Qomme1adis . J:es ·H,uhreux.âans•Je•
à Aaron, nous avons dit à
Rais:nous.des Bieux quz>mœrehent devant nous; ét la ma..;
. tièœ nous.à crCé des Dieux de bois, de fer. d'eau et' de.
feu :.Dieux tout,-puissants, mais aveugles CQIDme
Dieux
des peup)es anliq;ues, et incapables de guider lë môl}de
dans. les voies mystérieuses de Pavenir.• --- Pêrsonne assurément n'admire plus que moi les merveilles de
trie, ni. tout ce qu,e le génie de
ouvre chaque
jour de source.s fécondes, pour•
.,JàAottùne· {uxbliqtuh •}lais ·
là. l.e.tou.t d.e llp,omme, et. la fii11 de.· s,a dest!pée; ici
�-
46
-,-,
baslÜl'Qez la terre t(.lnt qu'iLvous plaira, creuset-la, fotlil,..
lez;.,Ja dang ses, dernières profondeurs, nivelez montagnes
et ;vallt}es; vantez-vous, tant que :vous \:oùdrez, de votre victriomphez>' faites votre:
Là·
toire ;su da,
pdurt(!.nt n'est pas le nœud de l'énigme humaine.. Car
q.près; cela, vous ne trouverez jamais sur la terre que ce
que. hi. terre po$sède, les inqùiétudes, les sueurs; amères, le
néant des .choses finies, le temps qui dévore tout, et pour
couron11ement; la mort, au delà de làqüelle s'achève notre
destinée. Vous ne supprimerez jamais ces .inévitables· misères, ces grands problèmes qui déconcertent tous no·s
rèves ,de bonheur en ce
- Aussi, quand notre
Société moderne, perdant de vue les choses .de l'àme,
s'absorbe,. s'égare,. s'oublie si aisément aux choses de la
terte,: pouvons nous jamais assez. prémunir no!;jeunes
gens par une forte éducation morale et religieuse contre
le sou'ffle du siècle 1 Pouvons:..nous jamais noustrop effor;.. ·
cér de relever leurs régàrds.et leurs cœurs vers les vérités
morales. et les choses éternelles?' Sursum corda!- C'est·
pour cela même, que je réclame une plus etroite union ·
entre les Facultés consacrées aux Sciences morales, et ces
autres 'Ecoles spéèiàles, ·où nos jeûnes gens se préparent
aux carrières libérales ou aux fonctions publiques. C'est
pour la mieux déféndre, cette chère jeunesse, notre
rance:. contre l'inféodation à la matière; que je la voudrais
reteliir plus longtemps dans la méditation des immortelles
et splendides doctrines du genre humain; justice, amour,
beauté, immôrtalité,, conscience; plaisirs de l'àme, tradi.;.
lions, de toùtes.Ies intelligences, qui, après a·voir éclairé ct
ornéles temps passés, doivent encore, comme une nuée'
lumineuse, guider
ùes, temps nouveaux. que :votre éducation appelle. à être un jour
Jeu:nes
�-
47 --.
comme la tête et Je cœur de votrè pays, gardez-vous de
borner aux intérêts matériels les destinée3 de la société
moderne; mais croyez' qu'une mission plus haute lui a été
assignée par Dieu, de poursuivre sur la terre le triomphe
de la vérité et du bien.
que
Nous sur•tout, fils de la France,
notre patrie semble avoir reçu particulièrement d'en
un rôle .providentiel au milieu -des nations. Que les
autres peuples ne vivent que pour eux et leurs intérêts, personne ne s'en étonne. 1\Iais on attend autre
chose de la France. C'est le seul pays (a dit fièrement
l'Empereur) qui se lève pour une idée. Ne dirait-on même
est investie de la mission. divine de
-pas, que la
veiller pour. tous sur la vérité et la justice, et de défendre
les intérêts supérieurs de la civilisation?: Elle est comme ]a
conscience du genre humain. Si jamais au·droit brutal de
la for.ce, on doit, dans les relations internationales, substituer l'arbitrage d'un tribunal souverain, investi par les
peuples eux-mêmes du droit de pacifier leurs querelles,
c'est. à la France, que reviendra rhonneur d'en avoir pris
l'initiative. En attendant, partout oil un droit est violé, un
.·peuple opprimé, la France apparaît; elle fait entendre' sa
protestation généreuse, par delà les Alpes, par delà le Liban,
par delà la Vistule : elle réclame ,au nom de la morale
éternelle : au besoin,· elle étend son épée protectrice. La
France a été la terre classique' de la Chevalerie. Noble rôle,
qui, explique toute notre histoire, depuis ]es Croitmdes jus,
qu'à nosjours. _, Un tel passé, jeunes gens, vous oblige.
Songez donc, songez à rester dignes de la, mission, que nos
pères nous out léguée. Pour cela, ne négligez rien de ce
qui peut eutrefenir dçms vos, âmes cette religion des hautes
pensées et des nobles sentiments, qui sont comme la marque particulière de la vocation de la France.
1
��
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A name given to the resource
1863 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 16 Novembre 1863
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal. p.5-6. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.7-19.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.21-47. </li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1862-1863, Présenté par M. Ed. Simonin, directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la session de Novembre 1863. p.49-62.</li>
<li>Notes. p.63-70. </li>
<li>Ecole de médecine et de pharmacie de Nancy. Prix accordés par S. Exc. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des Concours. – Nomination des préparateurs des cours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1863
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1863
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
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Language
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/645f7e5c63521baa6a7787e8dcc7611a.pdf
7ea3a0ddb01bcf5eb79206559b62bb88
PDF Text
Text
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*)*"-=-/6!0,.'6*9"
"
"
!
�UNIVERSITÉ
iMPÉRIALE
ACADÉMIE DE NANCY
SOLENl'ŒLLE D'INAUGURATION
DE LA
ET DE
RENTRÉE DES FACULTÉS
DES SCIENCES ET DES LETTRES
ET DE
.L'ÉCOLE DE MÉDECINE &DE PHARMACIE
DE NANCY
1Je 25 novembre 1884
NANCY
Vc RAYBOIS, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE DE S1'ANISLAS
Rue du faubourg Stanislas,
1864
��RAPPORT
In:
i\1. Cu. BENOIT, DOYEN J)E LA FACULTÉ J)ES LETTlŒS.
MESSIEURS,
J'abrégerai désormais mon Rapport. Non pas que je n'aie
toujours un grand plaisir à vous entretenir de nos examens
et de nos éludes, auxquels vous prenez un si vif intérêt.
l\lais c'est qu'il convient maintenant, il convenait surtout
aujourd'hui, de laisser la parole au Doyen de cette Ecole
de Droit, que nous avons enfin le bonheur de voir inaugurée parmi nous.
Qu'il me soit permis du moins (avant de vous parler de
nous) de souhaiter, au nom de tous, la bienvenue à ces
nouveaux collègues si longtemps désirés, et de nous féliciter avec vous, l\lessieurs, que cette Faculté de Droit
vienne enfin compléter notre Université renaissante de
Lorraine. - Le 'Ministre de l'Instruction publique a daigné, non-seulement nous dire à nous-mêmes, mais encore
�-
'
· ···:
.
.
..J-4.
;
-
..
... ·,
..
·•.·
proclamer dans son rapport à l'Empèl'eur', que la fortune
de nos Facultés des Lettres et des
ëtalt"ûti' dè;
meilleurs arguments, qui avaient plaidé auprès de lui cette
noble cause. Que nous ayions pu contribuer à ce succès,
cet aveu sera assurément la plus belle récompense de nos
efforts. - Mais vous tous, Messieurs, vous avez le droit de
revendiquer dans cet heureux événement votre large part.
La sympathie constante dont vous avez entouré notre enseignement, la façon libérale
Jaqu,eJ!e noh:e ad1llinistration municipale a doté ses
que
notre ville aux choses de l'esprit, l'assiduité d'une population d'élite à nos Cours, tout a prouvé
était
vraiment prédestiné à devenir un foyer de hautes études ;
que nul séjour ne pouvait être mieux choisi pour une jeunesse studieuse et destinée aux carrières libérales.
J'aime aussi, je l'avoue, les conditions auxquelles l'Em'pel·eur nous a accordé ce bienfàit. En cédant aux vœux
réitérés de notre province, l'Etat livré la Faèiilté dë'Droit
i A.
•. ... : \ . •, . '. ; { ',; ;
..
a sa fortune ; et notre ville de son
·entre hârdiment
dans ce pacte, et ne recùlê
afoi dans sa destinée; efle '1ie; dohtè
ne justifie son ambition. Déjà le
:lufdonne 'taisifri·.
D'ici à peu d'années, la Faéulté dé
vlvi-11 par' ellemême; et
Gouvernement, en 1'adopta.nf 'flori,ssànté,
en couronnera ainsi et en consacrera la. fortune. Voilà ,
Messieurs, à mon sens, l'essai le plus intelligent et le
plus généreux qu'on pût faii·e du principe de la décèn-tralisation. Que chaque province, que chaque 'Ville, au
lieu de vouloir tout obtenir de,
montre ce qu'elle
peut faire par elle-même ; . qu'elle justifie ses 'pretentions
par ses actes ; et vous voyèz ·qu'un Gôuvêrnèment libérid
'\
.
•
• '
:
1.
.
f ••
�-
!};1
-
de,
d;initiative
ces nobles mouvements
· ,
I.
EXAMENS.
Après cette explosion bien naturelle d'un légitime orgueil, je reviens à mon propos; et selon l'habitude de ces
rapports annuels je vais vous dire quelques mots de nos
Examens et de notre Énseignement.
Baccalauréat èsLettres. -Le nombre de nos Candidats,
après s'être accru constamment d'année en année, est dependant la dernière période. Cette statistique, dans laquelle Je nouveau plan d'études avait jeté
un grand trouble, il y a tantôt douze ans, après hien des
oscillations, semble avoir atteint son chiffre normal dans
notre Académie; et l'on peut croire que le nombre des
aspirants à chacun des deux Baccalauréats mesure exactement désormais l'équilibre des études littéraires et scientifiques dans notre province, et la distribution de la jeunesse Lorraine entre les diverses carrières. - La plupart
de ct>s,cçm(ljdats appartiennent à notre ressort. Quelquesuns
nuent à 1Îous venir des Académies voisines.
à
de fer et à sa position centrale,
Nancy
sa sphère d;influence au delà des limites de
son
et il reste ou redevient la capitale intellectuelle . \seP,t. 9.U huit départements . '
.«'
,., ... ,.,, ·,;
,., . .
�-
54
-
Le niveau
l'Examen ne s'est pas plus élevé que le
nombre des aspirants au grade. Peut-être pourra-t-on y
constater du moins une médiocrité plus égale : mais l'élite
semble devenir de plus en plus rare. Je crains bien que
l'organisation actuelle des études, hien qu'elle tende à s'élargir et à se dilater, n'exagère encore trop néanmoins la
discipline dans les exercices de l'esprit, et qu'en soutenant
davantage sans doute les plus faibles, elle ne laisse pas au
talent assez de liberté. Les meilleurs esprits, en marchant
avec les autres au pas uniforme, risquent d'y perdre quelque chose de leur spontanéité et de leur ressort. La culture
libérale des Lettres semble réclamer un peu plus d'indépendance. Sans doute l'Administration supérieure met toute
sa sollicitude à remédier à cet abus de réglementation.
Elle a fait déjà beaucoup. Peut-être cependant doit-on encore souhaiter davantage. -Je n'ignore pas combien ici,
comme ailleurs, cet accord de l'ordre et de la liberté est
chose délicate; il est plus facile de rêver un système d'éducation idéale, que de trouver dans la pratique les moyens
d'y atteindre.
Mais je puis m'en fier pour cela à la prudence éclairée de
notre Ministre. De récentes communications témoignent
assez que c'est l'objet de sa constante sollicitude. ll se préoccupe de débarrasser, autant que possible, les Examens
(tout au moins Jes examens littéraires) de cet encombrement de programmes, qui dénaturent nos études classiques, en y substituant je ne sais quelle science indigeste,
superficielle, odieuse , laquelle ne laisse dans les esprits
qu'un long dégoût d'apprendre. cr Il voudrait (disait-il en
» une occasion solennelle) ramener Examen du baccalau·
r
réal ès Lettres à un artiCle unique : Les candidats seront
» tenus de faite preuve d'humanités. »
>>
�55
à. cette constitutionlibérale, que nous-mêmes nous
n'avot}S cessé de tendre, du moins dans la mesure d'indépendance qui nous était faite. Voilà pourquoi, par exemple,
nous accordons dans notre. jugement une vertu
rante aux Compositions. C'est là, en effet, que l'on peut
saisir d'une façon presque infaillible ce qu'ont été toutes
]es études classiques d'un candidat. Ce qu'il a été d'abord
dans son cours de Grammaire, puis dans son cours d'Humanités; non-seulement ce qu'il a lu en latin et en français, mais encore le fruit qu'il en a tiré, le développement
de son intelligence, le tour de son esprit, la culture de son
goût, l'usage qu'il a de la composition et de l'art d'écrire;
tout se trahit à la fois, pour un regard expérimenté, dans
ces exercices de Discours latin et de Version, qui devien' nent ainsi par leur nature l'épreuve suprême et décisive
du Baccalauréat.
Eh hien, ces Compositions ne signalent que trop communément un défaut de matmité chez nos candidats. Beau ..
cQupd'enh·e:eux,
par le.besoin de se livrer ensuite
sans partage aux études mathématiques, nous viennent à
seize. ans .de. rhétÇ!rique; et..
eux, bien d'autres (auxquels le çhoix de Jeur c,arrièrf\ laisserait pourtant un plus
impatients d.e déserter
libre es.pace) .se
leurs études. Une année, de philosophie leur serait cependant si nécessaire, pour.niùrir et compléter leur éducation
classique! est là seulement qu'ils apprendraient à ordonner leur esprit, à discipliqer la réflexion, à féconder ainsi
leurs pensées par la méthode, et .à exposer ensuite un sujet avec clarté. Car voilà surtout. ce qui leur manque. En
dehors de la routine (lu Conciones, ils.ne savent plus composer; sortez-: les des
banales, ils demeurent muets ou s'agitent tout essoufflés dans le vide.
c·
�-
56
-
Je ne cesse, jeunes gens,
voùs'ne m'ccouiez pas.
l'esprit
notre temps, vous ràmenez vos études au.strict nécessaire.
Cès nobles 1Ùudes
ont perdu le,u,r
hé t'al ; elles fi'e sorit plus qué
Le
diplôme du bachelier en est devenu l'objet unique.: A vos
yeux les
de tout ce qu'un honnête hqniine d.oitsav()ir. ,Vous auriez
peur d'aller au delà:. Etudiùpour le.bopheur savoir, et
le rioble orgueil d'ajouter ainsi_l l'étendue de vos facultés
el 'à 'la vàleur de ·votre êfrè est
chimériquè,
que vous laissez aux gens de l'âge d'or. Fàut-:il s'étonner
après cela, qùe les Muses se soient en(uies _du ..milieu de
vous, en se voilant la face de leurs ailes? - ·
Dans tin pareil état des esprits,
dû applaudir, quand nous J
:! '.
·1
titum:'cetfe ànriée u·n
_ta provincè
et reliiver_
,,,
plus" noble_, bül? L,a
,:
qu'on. en .a fait; rrtôntre
..
:
. ..
_.;
....
... '
sairè. La plUpart de il os
ont ,!
été déconcertés pàr la noû'veâuté et.l'!lmpletn·
leur était propose. On eût âit
:cage, ,
qui ne savent pas
mées: On voyait des esprits timides,
à s'enfer-.
mer dans
et
__ des divers
chefs de là
n"osant'pasmoritrer du talent, et mettant 1ou'iê iem' iüdusfrie à ' '. :- :' -' J v • '' - ·. " pas risquer .
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.......
quelqu'e' sottise et ·p,our' ofl'i·ir ainsi moins de prise à l'adversité. Et l'
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valaient mieux que lem;s ma:igres compositions, ...... Nous
ne doutons pas que cette espèce de· carrière olyrnpiqu·e
ouverte aux plus vaillants de nos colléges, en offrànt à leur
émulation un plus noble idéal, ne suscite les talents, n'enflammé lés courages, et he contribue à rendre aux études
classiques, trop atteintes par l'esprit pratique et mercenaire de notre temps, cette inspiration généreuse, qui doit
être l'âme des humaniores Lz'tterœ.
Tout en accordant la prépondérance aux Compositions
dans l'examen du Baccalauréat, nous ne voudrions pas
toutéfois que l'Epreuve Orale fût trop négligée. Or,, les
textes grecs et latins, quoique si restreints par le Pro:'"
gramme, ne sorit encoré que trop souvent étudiés par
fragments. Quant aux auteurs français, philosophes, his•
oû mêmes poctes, on les a rarement lus : on y
supplée à l'aide dè quelque notice empruntée au
C'est au point que je crains que nos enfants, dans leurs
études actuelles; en pèrclatlt fe loisir dè lire, ri; en pèrdent
en même' temps le goût. L'histoire même semble n'avoir
. plus pour eux nulle curiosité;' on ose à peine les presser
sur ce point, tant est chétif et ùidlgeste le éompèndiurri
historique qu'ils se sdnt pteparés pot.Ir l'examen.
Cette épreuve orale est si généraiement terne, qu'il nous
faut accepter définitivement presque tous lès Candidats qui
y ont été admis, mais avec la· ment!on la plus modeste.
Ainsi, sur 307 candidats, q1,1i se sont présentés dans le
cours de l'année classique, 17 f ont été admis à l'épretive
orale (c'est-à-dire 55 1/2 pour cent); et f48 ont obtenu
leur diplôme de bachelier ès Lettres (c'est-à-dire, 48,2'
pour cent.)
Dans ce bataillon de vainqueurs, la compagnie d'élite est
�-
•
58
-
peu-nombreuse. Sur nos 148 bacheliers;
ont
été admis avec Ja.mentio_p
'è·; .• ,.
<· ,
Gazin, Gallot. · . .:·,,
"
·•;_ ·:· .
17 avec la mention Bien:::,· Ce .sont 1\fM. Zœp.feJ 1 .,Gallé,
Thirion, Habert, Hungauè,r;:Aubry, Réchenard:.· Bauret,
LacailJe, Picot,
,:·O.ky, .Vicq,. Fournier•
Lejeune, SommervogeLet. Waliszweski'.
. , , . ...
37 avec la mention Assez Bien; et92 avec l'humble note
Passablement. L'année dernière élai_t ;plus hel!reuse. Mais
de ces inégalités il ne faut tirer aucu_ne_c_t:mclusion· téméraire : Il y a des veines _plus ou moins::fécoodes. Parce
qu 1une moisson aura été moinsabondanJe, la terre n'a
rien perdu pour cela ùe sa fertilité.
/ -: i":.
Nombre
Eliminés
des
candidats
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Session
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Novembre
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56/
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59
-
Licence. -Le concours pour la Licence a été plus nombreux cette année que les années précédentes, sans être
beaucoup plus fort. Si aucun des candidats ne s'est placé
hors de pair, ici encore la plupart du moins ont lutté avec
plus d'égalité. Cinq candidats s'étaient présentés à la Session de novembre f 863, et treize à la Session de juillet
1864. En novembre, nous n'avons pu conférer le grade de
Licencié qu'à M. l'abbé Boucher, professeur au collége
Saint-Vincent, de Senlis. -l\'Iais en juillet cinq candidats
ont été admis; au premier rang M. l'abbé Fitte, élève de
l'Ecole des Carmes, qui par son examen a fai\ honneur aux
bonnes études de cette Ecole normale ecclésiastique, si
jeune encore et déjà si féconde. C'est un succès de hon augure pour Jes jeunes prêtres de notre diocèse, que leur
'Pasteur se plaît à y envoyer comme à la maison paternelle,
d'où lui-même il est sorti. -M. Lambert, qui s'est placé
au second rang, est connu de vous; un vrai poète en même
temps qu'un homme de cœur, que nous souhaitions depuis
longtemps voir entrer dans notre famille universitaire,
, alma mater; doué avec prédilection par les l\1uses, il lui
suffisait pour cela de rapprendre à ces filles de l'Hélicon à
parler la langue de Platon et de Virgile, leur langue maternelle. -Après eux, viennent M. Genay, régent au Collége de Remiremont, que son succès consciencieux invite
à se présenter à l'agrégation de Grammaire et à entrer dans
nos
-Le jeune JJJ.ichaud, qui, à l'âge de 17 ans, a
su se préparer à la fois à la Licence ès Lettres et à l'Ecole
polytechnique, et montrer par la vigueur de son talent
qu'un bon esprit est également propre à l'étude des Sciences et des Lettres; - Enfin M. BenoiSt, de Lunéville, s'est
signalé comme un bon professeur d'humanités, et, grâce
�-
60
-
ù son; heureux examen, a
celte quaHté
dans:Jei!
ollégede,sa ville
Mai.nts autre;;, candi-;.
dat!Pilnt montré du talent auquel il ne manquait qu'un
soleil de plus po)Jr les mûrir. Nous :aimons à voir en eux
une seconde récolte pleine d'espérances.
II.
ENSEIGNB.\IENT.
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., P;lus long au sujet de ilps
n'aurais voulu 1
alors. ce que ·rai à
.. de ... nos Com·s.
.. Vô.us savèz d'aiÏieurs,
'ta:· plupart; quel a
été rohjèt de notre enseign,ement Ï'an
Je laisserai
à.chacun de mes
vous exposer bientôt en détail dans.sa ieçon d'ouverture.ie sujet qu'il achqisi pour
enseignement de cette
Quelques
donc ici
sutflrbnt.· ' . .
. . . . . ..
. ' ..
pour
PhiloÛJpltie;
L'ail dernier, M. de l\largerie traitait.dela Tlléodù:ée :
Provoqué ·par les audacieuses:.rattaques .du· matérialisme
contemporain contre toutes .Jes ·!Vérités ·èssentielles de la
religion· et de la morat·e) il à·· cru.quliL ·était du devoir de
tout philosophe de travàillèr,,à dissiper les.. ,ténèbres, dont
tine sophistique spécieuse 'cherchait· à· obscurcirJa. notion
de Dieu parmi les hommes·.. Ge panthéisme· :effréné ne
saurait résister à cette épreuve dü
;des-seules lu=-
�-
'61
de ;la rnison oot) suffhu professeur pour rendre à
'"êJ.lités _:fondamèntales •<Jeur irrésistible
·
Diéu 'de nos.pèrèsson existenee'peFS6n.,.
·sa tôute-puissanee créatrice et· sa .pœvidenee pater.nelle.
"'·
·, ·.<1tCette année, 1\1. de Margerie reste sur la brèche. Car il
a pris pour sujet de son Cours PHistoire de la Philosophie
française au XIX• siècle; et il va sur ce terrain retrouver
la plupart des mêmes questions. Sans doute c'est là un sol
encore brûlant ; mais après·toutr-ce mouvement philosophi:..
que, qui a rempli en France la première moitié de notre siècle,_ a clos aujourd'hui son
etappartient désormais
à Jihistoire. Si le.. sÜjetd"aHJétirs àva'it encore'des pél'ils,
1
la sagèsse • dttmaitre
·Après nous·
.. donc fait assister. au
'deh." philosophiè spiritualiste;,
qui, au lendemain de la
sort, pour ainsi
du tombeaù,
'le sensualisme du XVIIf slècle'bi:'oyart
l'avoir ensevelie pour jamais; après' "avo"ir sùiviles progrès
de cette réaction
Romiguière jusqu'à
· Royer-CoUard, Cousin et Maine de Biran, et nous avoif
montré dans une autre sphère-les efforts de Châteaubriand,
de Bonald, de La
.pour
la raison à la foi,
M. de l\fargerie s'attachera' à étudier la grande Ecole spiritualiste, '-qui, aprè;Vav{)ir achevé la défaite du.lisme, devaitrégner·en France pèndant un qua-rt de
sous le nom d'Eclectisme,· et :qui semblait porter en -elle
la promesse de l'avenh'. ...._On aime en effet à en par-tager
respérance, quand on ,voit celle Ee{)le répudier à son dé...
but ces éléments· panthéistes-, aveè lesquels elle nous
venue d'outre-Rhin, et s'éloignant de plus en plus de Hé-:gel pour· se ·rapprocher dè -Descartes. 1\fais,
�6'2
-
vrant .d'elle.,.même, elle commet l'irrémédiable faute de
rompre de parti pris avec le Christianisme ; et elle prépare
ainsi, sans le vouloir et sans le savoir, le retour agressif
des doctrines négatives les plus radicales et les plus redoutables.
J'entendais dernièrement le chef illustre de cette Ecole
gémir sur cette résurrection sinistre du matérialisme, à
laquelle nous assistons aujourd'hui, et inviter philosophes
et Chrétiens, tous ceux qui croient à Dieu et à l'àme, à se
donner la main pour défendre la vérité contre l'ennemi
commun. M. Cousin était heureux d'apprendre la vaillante campagne de M. de Margerie. « Nul, me disait-il,
u ne peut signaler avec plus d'autorité ces écueils, où la
» raison humaine peut encore faire naufrage ; nul ne sait
» mieux quelles peuvent être aujourd'hui pour la philoso» phie spiritualiste les conditions du succès, dans la lutte
» qu'elle est appelée à soutenir contre la sophistique con» temporaine. ))
Histoire.
M. Lacroix, l'an dernier, a complété son tableau du
règne de Louis XV ; et en vous signalant la décadence rapide de l'ancien ordre social et le désaccord toujours croissant des institutions avec les idées et les mœurs, il vous a
fait entrevoir la Révolution inévitable. Entraînés par le
torrent des choses, vous avez pu entendre déjà de loin le
bruit de la cataracte. Il-se réserve de compléter plus tard
ce grand enseignement.
Cette année, M. Lacroix est ramené par la règle tt·ien-
�-
63
-
nale de nos Cours à l'histoire
;..;. ::.. Vous àllez
donc sortir avec lui de l'atmosphère toujmirs orageüsè
des temps modernes, pour rentrer dans les région!rcalmes
et sereines de l'histoire classique. Il y a quelques
il vous retraçait le tableau des Guerres Médiques, où Athènes, exaltée par l'orgueil de sa liberté et l'enthousiasme
de la patrie, avait défendu presque seule contre toutes les
forces de l'Orient l'indépendance de la Grèce et du
monde. Cette fois, il vous fera assister au contraire à la
décadence de la Grèce, qui, subjuguée par ses vices intérieurs plus encore que par les armes ennemies, finit par
devenir la proie des longues convoitises de Rome.
Vous verrez donc toutes ces brillantes mais frêles monarchies, formées du démembrement du royaume d'AJexandre, s'abîmer les unes après les autres dans l'Empire
Romain. CeUe conquête de Rome ne sera pas l'œuvre d'un
jour, comme l'avait été ;l'invasion d'Alexandre en Asie; et
sa domination ne sera point passagère, parce que le Sénat
Romain, prenant le temps pour complice de son œuvre, y
a déployé plus de patience encore que de force.
- Ce sera pour vous, Messieurs, un spectacle instructif de
voir, d'une part, comment la Grèce, malgré des velléités
soudaines de patriotisme, déchue de plus en plus des vertus qui avaient fait sa grandeur et sa liberté, prépare ellemême son asservissement; et d'un autre côté, de suivre
les ·progrès lents, mais infaillibles de la politique constante et astucieuse de Rome, laquelle, convoitant de loin
sa conquête, déguise cependant son ambition sous le masque d'un protectorat désintéressé, et qui, se montrant et
se dérobant tour à tour, s'insinuant tantôt par la ruse, ct
tantôt intimidant par· les' armes;,·· séduisant, ••caressant ,
�-
64
-
écrasant au besoin, a;vance, ,avance toujours, quoiqu'avec
.des .!;lscillations, et :finit, .comme Ja marée de l!Qeean, par
tout
et tout engloutir. Œuvre prodigieuse . asla plus grande peu:t-être .;qu'ait accomplie la
politique humaine, .et qui, dans sa jmaréhe ·irrésistible à
travers plusieurs siècles, semble avoir quelque .chose rle
Fordre fatal du destin.
. ..
1\'1. Lacroix vous retracera les péripéties de ce drame,
depuis le jour où Rome, victorieuse de Carthage, commence à entamer Je monde Grec;.jusqu:'au jour, où sous
les Césars, tout, depuis les rives du Slrymonjusqu'à
de l'Euphrate, est devenu province Romaine. A ce ,spectacle, vous ap.prendrez à quelles conditions se font ]es conquêtes, sinon légitimes du moins solides, et comment un
peuple, en perdant ses vertus civiques,. a mériité, de' perdre
sa liberté.
Littérature Anczèrme.
!f
M.:Burnouf ale dessein d'étudier cette année .la Tragédie
Grecque au siècle de Périclès. Cc sera d'abord Je drl.\me
sacré et national d'Eschyle, qui transporte dans ses œuv,res
grandioses et pleines du destin l'enthousiasme des Guerres médiques. Sophocle ensuite, l'incomparable artistet
donne à ces puissantes ébauches de la Tragédie la beauté
suprême et l'harmonie, qui feront de ses pièces les modèles immortels du théâtre. Enfin le romanesque Euripide cherche à renouveler les sujets usés. de la scène, en y
substituant de plus en plus l'homme au héros et la fatalité
de la passion à l'implacable destin.
�-,Ji;)
-
·· ·PoUF mieuttentr.er 'tlansrl'esp'fi.t @le ces•dratnes ar»tiqt:tes,
}(N Ruofe$eurr -qui :semble; avoir ·vérin: 'avee••!es. nFlCiens,
.vous replacera au rriiHeu. des
œuvres se sont prodaites,•et comme
la
leur horizon. Mais en outre:à cette étude de Pa:Ft .dtatitr,efois, il se.proposc .de
questions:d.',un·intérêt
moderne, à mesure qu'elles s'offriront chemin faisant à
son espr,it curieux•.
ainsi; par exemple,
compte
nous parler de ·la li bel'té :rdu théâtre chez les· Gr-ecs•, .tde
·préahrble des· pièèes•owde la censure, des :représentations· gratuites', ·eto. Il necherchera aussi jusqu'à quel
point, dans cette mise en.scène·solennelle, la Musique s':al·
liait à ·la poésie, et.pouvait:en.faire quelque,chose de semblable àd"Opéra.nioder·ne.;•.quclle.pouvaît être ïinfluence
mor.alei de la &uène tragique;· quel: étai
i que
proposé les poètes dramatiques, etc. - Cela l'amènera
naturellement à comparer en détail l'antique Tragédie
Grecque avec la Tragédie et le Drame moderne. Ainsi,
tout en restant au cœur de la·grande poésie Grecque, afin
de mieux s'accommoder aux goûts des jeunes gens, qui, en
faisant leur, Droit, voudraient tout ensemble connaître de
plus près ·ces rouvres classiques, à peine entrevues dilins
leurs
d'humanités,
Burnouf usera des ressources
de son érudition: si. diverse, :pour en varier les points: de
vue. et en ra,ieunil' ·la curiosité et.l'.intérêt.
Littérature· Française.
Je comptais terminer l<'an dernier mon premier voyage
à travers la Littératl:lrec,franç.aise;·;Mais.ma
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Ln?·tir;•;<; ''''!"';
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pose de vous retracer le tableau littéraire du XIII" siècle,
et de vous faire assister au merveilleux développement de
notre génie national ..
les sciences
et la philosophie à cette époque si
et jusqu'ici
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mo,ndé
la
de
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qu'àprès l'hé,roïque effort dès Croisades, où Ja
tout..
.. échappa à. son héroïq1Je.
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son aètivité
de la
Si la IÎl?js,S?,';'J
par cette. msp1rahon
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sur ·te; sol ,.qui; l'avait'
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a .·:-::: · les coms du monde seront Jêconds .. Car, ·
tous . . .. -_'._ .:
dans ès Littêraturés nationales des divers peuptes de l'EuMoyen
directe. ,
et
... · . ·· . . ·
P-uisque je dois l . ._,.
ce "J:lapport les travaux
même étrangers à nos Cours, par lesquels nous
efforçons d'étendre en ,dehors
enseigne-.
ment,' je rappellerai ici q'Ue 'rA:êadémiefranÇaise accordé
le. prix 'd'Eloquence à
J''•"vou:e·,
a
':
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...
•.•
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que, si j'aid1erché ce succès, et si j'ai, été heureu.xde l'obtenir,
dans Je désir'
hoimeur contribuât en-.
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ture'Halfenrie âi{NIOyên.
mieux que je
ne .
faire
lotit èe què Ies"-·pays,
de Jèu''f"poesie nationale, ont dû
.·
à
_l'exë'iriple' du·
de ·la France. Car ·
recl.leilii l'héritage. de
4
XIIIe
Tapdis qu'en'be notre langue trahissait
.:.poèlès, .ët ·qrie''nos Trouvères ne hÎissaient
que de.puissarites'ébauches; auxquelles manquait l'art du·
vivre"les œiivres d'imagination,
Darlte
'Iêu'rs _d}sciple's, 'usant. d'une langue ..
pl us· héüreûse,. e( formés à
des· anciens,· donnaient
au coptraire à' léÜr .piys des
immortelles. La •vt.:
vine CoritédiêèCies Çaiizonê se1:·orifle
"' '··a· '' llt
'I'':
.
.. ·
Cours e nt. "Ch·•.as es. ; ....·. .- . ·.' .
Dans ces
le' ·Professeur étudiera tout leur
Pétrùqùe:;: èn même temps qu'il clôt la liste d'es
Troubadours, éveÙitdê sentiment de l'art, renoue la fra- .
dition ·ailthjue· ef prépare la Renai'ssance Italienne : Dante,
tourné davàntage vers le'passé, coÎisacre en un monument
d'un'e splènd'eur'mervëilleusc, les aspirations, les pensées, .·.
les croyances, les tristesses, les espérances, les passions,
qui avaient été comhiè'l'ânie sa patrie au Moyen Agè. .
fran
�-
68
-
NuUe
a$sm:é.ment. n;<!.
de
commentée par l'hi.sJoire,: -· Vous.savez déjà,
·
Messieurs, avec. quelle sagacité péqétrante
excelle a éclairer ainsi ces livres d'autrefois à la lurn'ière dEls
événements contemporains. Il fera pour l'Italie ce qu'il a
fait dans ces dernières années pour l'Espagne, rapprochant
les œuvres littérairès des. circonstances où elles se sont
produites, pour les expliquer les unes par les autres. Le
voyage , qu'il vient d'accoippli.r au. delà
Pyrénées
pour compléter ses recherches, lui a. fait sentir ençore
vantage que ces œuvres indigènes, pour être comprises,
nées.
ont besoin d'être replacées &ur le sol où elles
De ces études, mitries ainsi. à travers les Castilles, sortira
bientôt, je l'espùre, un liv.re neuf et fécond en vues origi-:nales, qui propagera au loin l'influence et la lumière de
ses intéressantes leçons.
{:.
En reprenant
dans.!
M
choses au commencement,
une ère nouvelle pour notre Faculté des Lettre_s,_ désormais
associée à l'Ecole de Droit.
comptons bien, en effet,
que cette jeunesse, appelée à
par l'in_stitution de
notre nouvelle Ecole, viendra grossir l'auditoire ordinaire
de nos leçons. Le règlement lui en fait une obligation :
mais nous voulons que ce soit pour elle un attrait encore
plus qu:un devoir.
Nous ne négligerons.rien, quant à nous, pour contracter
dès le début et
en plus avec le temps
cette. alliance fraternelle de .deux: Facultés si bien faites
par -leur nature pour se donne:r: la main. Sans que la
présence de ces nouveaux hôtes altère sans doute en rien
�-
;(i9
-
le c.araclère lih.é.ral de notre .ensejgnement, it est juste
pouritant que nous nous préoccupions ·désorm,ais du 'fruit
qu'ils sont en droit d'en attendre pqur leur carrière.
rien de plus naturel, que cheurin Jaisant }c Pro:..
fesse ur, en vue de ces jeunes genS., 1'-espoir. de notre barreau et de notre magistrature, s'arrête ave.c plus de
comphiisa11ce à toutes les ·questions de philosophie, de
morale ou d'histoire, qui se rappodent plus par.ticulièrement à leurs études, .ou enc0re s'occupe avec pr.édilection
de ces grandes œuvres de l'éto·qucnce., qui restent encore
pour les orateurs de Pavenir les meilleurs modèles.
A votre tour, jeunes gens, nous espérons bien, que vous
saurez apprécier les avantages de cet enseignement littéraire, qui ,·ous sera offert ici, non-seulement dans nos
Cours, mais plus particulièrement encore qans nos Conot
férences. Vous y trouverez les -Magistrats les plus autorisés
de notre ville pour vous donner l'e:x:emple: leur présence
assidue à nos leçons vous apprendra à honorer comme
eux les Lettres, auxquelles ils ont dû eux-mêmes en grande
partie le succès de leur carrière et le charme le plus doux
. delcurs loisirs. Croyez en leur expérience, vous qui n'avez
guère connu des Lettres jusfiU 'à présent que l'apprentissage
assez ingrat de vos études classiques. Quant l'heure est
enfin venue pour vous d'èn recueillir les fruits., gardez-vous
de les dédaigner;
Vous le verrez, jeunes gens. La Philosophie, par exémple, que vous avez peut-être négligôe au Lycée, sera pour
vous encore la meillëure introduction à vos ét)ldes de
Droit. Elle vous apprendra à retrouver au fond de l'âme
humaine comme gravés par le doigt même de Djeu ]es
prjncipes souverains et l.es lois élernelle.s, dot)t t.ou.tes n:o.s
�-
.70 --
.. institutions politiques:et;civile.s::ne .-sont què,Je:sdéNeloppemen.t :et !'-application aux besoins,:dts;soeiétés·;hUlililaines;
· :euJmême temps que la discussion; des :grands
de·Ja vie •morale élevera votre. esprit, affer-mira V•O:trejugcment, et vous exercera à la discipline de la pensée. L'Histoire, de son côté, en vous montrant à travers· les
vicissitudes de la vie des• peuples, .comment. lese-lois ·de
chaque pays se modifient: selon ·le génie; les· mœu.rs•.{}e
chacun et les progrès de la· civilisation; vous instruira à
mieux discerner au milieu deces. transformations ce
y a d'essentiel et d'immuable: dans .le: code :des: diverses
nations, et ce qui, amené au contraire>pa:r des -circonstances particulières, a pu disparattre·a.vea elles:iMais·l1histoire
de France surtout vous.. expliquera .mieux, .qu'imcun:·autre
commentaire, le concours··d'événèmentsJ qui ·ont 1préparé
les 'éléments de notre Code. civil';: de :ce:·•Céde,; ·q.ui-uestera
.une des plus grandes gloires du Premier Gotisul,.-en. même
temps qu'il est destiné à.
le ·•Code .universeL du
monde civilisé.
·::,;.c_ :;·.:.,:,, .•. _.
•. <''
· Qu'ai.;.je: besoin en
du Littérature, quarid;·ç'a:"loujo.u'rs:lété·line;des nobles
traditions de notre barreau .français:,d 1
.unir··àAa; jurisprudence le culte des Lettres.?,Car,oplus oque·touté's les;autres
nations 'de l'Europe, Ja, France. s'e_s:t pottée •1'itéritière<.ïre
l'éloquence de la Grèce et de Rome.
bien dire,
et:v-aut être à la -fois convaincue '.et· ;IJharméeJ·pil:r;·:ses: carmteurs. Vous tous donc, obligés. par état d'être-: éloquents,
venez ici, venez apprelidre à>r<wimaîtr.e·rlans;:un::cummerce
plus intime ces Maîtres anciens ·ou modernes:·de f}a::.iparole
humaine, dont nous. sommes eharg.és.,de;,voùsd}n-trètènir.
Venez vous instruire à
'VOUSÜlOUJ'I'ir
'
{
�_, 71
-
de·teurs' pensées·, vous inspirer de:leur àmer Cavdmnisf:ne
sommes ici·q:u·e· leu:rs:interprêtes ·:.nous :nou,s: •eff0tçons rde
renrlre:b vie sous vos. yeuX:''à leurs œuvres éteintesy•et:ile
surprendre, 'pour vous les livrer, les secrets de leur géntie.
Vous surtout, jeunes ·gens; l'avant.;garde du siède,
vous devez ·partager cette généreuse curiosité de savoir,
qui en France aujourd'hubra.mène de plus
plus :les
esprits un instant dévoyés mrx choses de hrscience et, dé la
pensée., eL qui sem hie- avoir pënélré dans toutes les: classes.
c·ar on voit·_ partout·se ·manifester cette noble· ambition;- et
notrel\linistre n'a!fait que céder:·à: cette soif-générale de
s'instruire qui éclate ·de tnutes parts, lorsque, comptant: sur
le s·yrripathique concours de ·tous :les gens d'intelligence et
de .cœur, il invitait les
des Sciencès etdes.Lélt-res
• dans unecréCente·èircul<rire à>:étendre selonlesbesoins des
esprits.leursphèred'activité etàmultipli:er leur influence.
Certes ce Mhiistre, ·bien :inspiré par son âme,. avait Ie
droit· de compter icH;ur Je'IGOncoors le plus dévoué pour
seconder son intention libérale. Ava nt son a-ppel, déjà nous
avions deniandé< à: associer 'ànnotrè.œuvre les. hommes qui,
· animés.du zèle efde Ja charité de·: la Science, :voudraient
hien partager àvcc nous .J!honneur. d'enseigner :dans: :nos
(veus
1\LFrédéric :Passy,
·qui a inaugüré·cetan\pllithéâtre par desleçons d'Economie
mist& justt)lment: •.estimé, ,que mous possédons au
de nous, reprit -cette
:eommencée_., Tout. homme,
sénieux:;·et\élevé,
qui
.est :sûr d'être :accueilli dans:nos '•trangs' .avéC'' ·une·• cordialité
fr.aterneHe,,=_Quiconqu:e, aspire1 ·à ;;éclairer-les·bommes: :par
la parole et· à les::rendre;JneiUe.litrà, :-est,tdesrinôtres. ,:Entre
nous nulle jalousie, sinon celle d'être utiles.
�7'2
Pareillement nous avons été vi veinent touèhés de l'invitation, que plusieurs villes du ressort nous adressàient récemment, de venir à certains jours entretenir des choses de
l'esprit l'élite de leur population. Malheureusement, parmi
nous, les uns avaient déjà engagé dans des œuvres d'une
que leur laisse l'enimportance majeure le peu
seignement; (et nous nous consofo.ns du moins ·pài' la pensée que ces p:ublications atJront une il!fluence non moins
salutaire et un retentissement bien autrement considérable) ; 'lés autres prématurément épuisés par le travail,
ont peine à suffire à leur tâche
et ne sauraient
plus rien entreprendre au delà. Nous sommes donc toùs
actuellement dans l'impuissance d'étendre au dehors la
sphère de nos leçons. Peut-:être même tel d'entre nous,
usé avant l'heure par l'enseignement devra-t.:..il bientôt
à sot:l poste par un
demander au MinisJre d.e.JQ,
.Maître plus jeune, qui, vaillant comme nous l'avons été
nous mêmes, porte au loin le drapeau de notre Faculté et
en étende le domaine. A chacun sa tâche. En constituant
le Ro)'aume de Macédoine, Philippe a préparé polir Alexandre )a conquête du monde.
�
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Title
A name given to the resource
1864 - Séance solennelle d'inauguration de la Faculté de droit et de rentrée des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 25 novembre 1864
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-7. </li>
<li>Discours de M. Giraud De l’Institut, Inspecteur général des Facultés de droit, Délégué de son exc. Monsieur Le Ministre de l’Instruction publique. p.9-15. </li>
<li>Discours de M. Jalabert, Doyen de la Faculté de droit. p.17-31.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.33-49.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres. p.51-72. </li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1863-1864, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecin et de pharmacie de Nancy, au Conseil Académique dans le session de Novembre 1864. p.73-90. </li>
<li>Notes. p.91-98. </li>
<li>Allocution de M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.99-103. </li>
<li>Toast porté à la santé de l’empereur, par S. Exc. M. Le Maréchal Forey. p.105-107.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1864
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1864
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/68b035382970aedaad8d9068d733ee61.pdf
5f9d0b30f6e35085cedd1249118222eb
PDF Text
Text
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*)*"-=-/6!0,.'6*9"
"
"
!
�UNIVESITÉ
IMPÉRIALE.
ACADËMIE DE NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES
FACULTÉS DE DROIT,
DES SCIENCES ET DES .LETTRES
ET DE
DE MÉDECINE &DE PHARMACIE
DE NANCY,
Le 16 novembre 1.865.
-··--NANCY,
V• RAYBOIS, IMPRIMEUR DES FACULTÉS,
Rue du faubourg Stanislas, 3.
MDCCCLXV.
��,RAPPORT
DE
CH. BENOIT, DOYÈN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
M61'isi1mR LE •.
MONSIEUR LE RECTEUR,
MESSIEURS.
On consentirait à vieillir, si l'on conservait toujours
autour de soi toqt son monde, et si de temps en. temps
quelques changements ne venaient avertir tristement de la
fuite des années. Depuis la fondation de notre Faculté,
Paris nous a pris déjà plusieurs de nos Professeurs; et je
m'étonne en vérité qu'il ne nous en ait pàs pris davantage.
Cette fois, c'est M. Emile Chasles, que la Sorbonne nous
enlève, ce Professeur aimable et savant, qui n'a gUère fait
que passer parmi nous, mais assez .pour y laisser un long
souvenir, et que vos propres suffrages ont désigné au choix:
du Ministre. Il va rejoindre M. Mézières à la Fàculté des.
�' -
48
......
Lettres de Paris, et y partager àveclui l'enseignement des
Littératures étrangères. En regrettant ce Maître distingué,
soyons fiers, Messieurs, de voir ainsi notre Faculté garder
son privilége de recruter les hautes Chaires de la Capitale;
et remercions le Ministre, qui, pour suppléer M. Chasles,
nous ramène un enfant de notre ville, un des fils prédestinés
de notre Faculté, et dont la jeunesse, mûrie sous le ciel de
· la
et de l'Italie, a donné déjà plus que des
M. Gebhart, connu déjà par des publications importantes
sur l'histoire et la· philosophie de rart; et versé. dans toutes
nos langues modernes, promet à la Chaire de Littéràture
étrangère un brillant Professeur.
M. Dunoyer aussi, notre vénéré Récteur, nous
défaut
aujourd'hui. Je suis sûr de répondre à vos pensées, en
payant ici le tribut d'un pieux souvenir à cet homme de
bien, qui laisse des regrets d'autant plus vifs à ceux qui
l'ont connu davantage. Car, enentrantdans son intimité,
on étaif charmé de tout ce que l'on re11ççmtrait sous ses
dehors discrets de qualités excellentes, surtout chez un supérieur; d;:piture admirable d'esprit et de cœur, respect
scrupuleux des droits de chacun,
paternelle
pour tous les intérêts confiés à ses soins, plus d'action.effi. cace que de promesses; enfinJe comn1erce le: plus sûr en
même lemps que le plus cordiaL Aussi avions-nous appris
à l'aimer et, à le révérer comme un père. Puisse, cet
hommage de notre filial attachement réjouir son cœur dans
sa retraite, et lui montrer qu'il.ne serà pas; oublié .parmi
nous. Son successeur applaudira, j'en suis sûr,· à notre
piété :fidèle; il estimera nos regrets; comme jadis Stanislas, en entrant à Nancy, respectait la, tris lesse avec
laquelle les vieux Lorrains gardaienUa mémoire ,dtHeurs
�.,-- 49
-
Ducs. et se··félicitait·lui-même d'être appelé à régner spr
un si bon peuple.
Tout en parlant plus volontiers des absents, j'ai bien le
droit de dire id, :Monsieur le Recteur, que nul choix ne
pouvait mieux pour nous réparer la retraite de M. Dunoyer,
que celui qui vous ramenait parmi nous. Nous y comptions
du reste. Car nous savions que c'était dans vos vœux comme dans les nôtres. Vous rentriez (on le peut dire) dans
votre pays, où vous aviez laissé à 1a fois les meilleurs sou;;.,
venirs et une partie .de votre ârne. Soyez le bien revenu.
Vous avez pu voir déjà, combien, grâce au concours de tous,
]es choses ont prospéré dans votre Académie·. Nancy,. qui
n'était. qu'un chef-lieu de Département, est devenu la
capitale intellectuelle d'une vaste province. Tout en restant
de plus en plus française d'esprit et de cœur, la vilJe de
Charles lU, de Léopold et. de Stanislas a recouvré quel;;.
des joyaux de sa couronne ducale; et se ·souve...
nant de son grand passé; elle a voulu que l'avenir y répon-;
.dît. Elle n'a pour cela rien épargqé, nul effort, nul sacri·fice. Les circonstances sans doute l'ont servie. Mais aussi
ses magistrats, comme des pilotes habiles, n'ont
.manqué de déployer les voiles aux vents . favorables.
à leur activité généreuse, grâce surtout au gran4
cœur d'un Maire, à la retraite duquel eUe ne ·se· résigne)
,rait jamais, notre ville a pris de plus en plus
da:ns sa fortune : son ascendant est assuré désormais.
;Nancy ne saurait plus être confondu à l'avenir. a:ve<.; les
villes ordinaires de province. On sait, on sent qu'il y a icj
un foyer de pensées, un centre de travail. Pour soutenir
dignement cette destinée en è.e qui nous concerne, Mon.,..
leReéteur, nous.sa:vons que :pous pouvons
4
�...,_ 30 ...;_
· sur votre bienveillant appui, coimne :vous-même vous
assuré de notre plus dévoué concours.
Dans êette œuvre libérale, quelle part revient ii: notre
Faculté? Une .noble part sans doute:, mais aussi. délicate,
et non sans difficultés. C'est à nous surtout qu'il appartient
d'entretenir et de transmettre aux générations nouvelles
ce culte des lettres et ce goût des choses de l'esprit, par
lesquels notre villé entre toutes se distingue. Une Faculté
des Lettres doit êtré comme une sorte de sanctuaire des
Muses, où l'élite des esprits aime à. venir contempler les.
vérités. morales dans les plus· glorieux exemplaires que
le passé nous en ait légués, mais où la jeunesse surtout
doit apprendre à s'intéresser aux nobles intérêts de la pen•
sée et s'enflammer d'une passion généreuse pour les grandes
œuvres, qui sont comme les titres d'honneur de l'esprit
humain. -Dieu sait, et vous aussi, 1\fessieurs, que, pour
remplir cette mission, ce n'est pas le zèle qui nous man,...
que. Mais it faut que nous y soyions aidés par la bonne
volonté de tous. Les temps sont difficiles, Les esprits, chez
les jeunes générations surtout, né sont pas tournés vers ces
spéculations désintéressées. Sans doute on est revenu des
préventions que l'on avait contre elles; on ne' croit plus
qu'elles ne soient bonnes qu'à faire des chimériques: mais
on les délaisse; l'indifférence a succédé à l'hostilité. Les
\
sciences pratiques, et leurs merveilles, et les sources de
richesses qu'elles nous ouvrent par leur application à l'industrie, ont fasciné les imaginations. 1\Iais aussi les œuvres
convulsives et malsaines de la littérature contemporaine
n'ont que trop blasé et affadi les esprits, qui ne sauraient
plus g()ûter l'austère et généreuse saveur des grandes âmes
et des époques saines. Ajoutez..y en outre chez beaucoup
�.-,.
!H
-
de nos jeunes gens }'éloignement qu'ils Qhf garde de leUT.S
études pour les lectures sérieuses. Tel est le résultat funeste
de ces programmes, qui ont pesé si longtemps sur
cation littéraire de nos. Collèges, .et dont un Ministre aussi
expérimenté que libéral vient enfin de nous affranchir.
Façonnés par une discipline mécanique, habitués à n'avoir
pour stimuler leur ardeur que le cauchemar des Examens,
nos jeunes gens n'ont pas assez savouré les. vraies lettres,
pour en conserver le culte et l'amour. C'est pour beaucoup
un souvenir d'ennui.
Aussi regrettons-nous, encore plus que nous ne nous en
étonnons, de ne pas voir en plus gr:md nombre autour de
nos Chaires les ltlèves de nos ltcoles supérieures. En rendant justice à cette élite de nos Etudiants, qui ont assez pro:fité de leurs études classiques, pour sentir le profit de· ces
entretiens élevés, je dois dire que beaucoup trop d'entr'eux
se bornent à se faire inscrire à nos Cours et abusent quelque peu de notre tolérance. Ou bien leurs autres ét.udes
les· absorbent, ou ils nousdonn.ent à penser, ,que lgur cul.:.
ture d'esprit a été insuffisante,. pour porterce facile complément d'une éducation 1ittéraire. A quoi cela sert-il?
disent-ils.---' Vous ne savez pas, jeunes gens,
dans
les carrières libérales où vous voulez entrer, ce superflu
devient le nécessaire; et combien votre esprit peut gagner
à élargir ici la sphère de ses idées, à sortir de lui-même et
de son métier, et à voîr les choses sous une perspective
plus large. Est-il donc inutile d'échapper par intervalles
aux préoccupations vulgaires et aux intérêts mesquins de
la vie, pour venir respirer un instant dans les sérieuses
régions de la vérité et de l'art, et s'entretenir avec ces
grandes âmes et ces beaux génies du passé, qui nous ont
�-
il2 ·_;;.,.
laissé dans leurs œuvres
la pure moe:Ue de
leurs pensées et la flamme de leur cœur? Non, la roséè,
·qui après un jour brûlant descend sur les plantes altérées,
n'! pas plus salutaire et plus rafraîchissante que ce corn.:.
st
meree journalier avec les grands esprits de tous les temps.
-Est-il donc inutile en outre, d'avoir appris à connaître
dans l'étude des littératures étrangères le génie des autres
peuples? Est-ce inutile, d'avoir vu comment les lois des
nations, immuables dans certains principes, se modifient
dans leurs applications selon les mœurs, le caractère, et
les institutions politiques et religieuses de chacune d'eUes?
Est-il donc
surtout de nos jours, d'avoir prémuni
son âme par les doctrines d'un noble spiritualisme, qui
nôus éclaire dans les obscurités de la vie, nous soutienne
dans ses défaillances, nous fortifie dans ]es luttes qui
l'attendent? Mais en outre de quelle lumière, jeunes gens,
la philosophie n'illumine-t-elle pas vos études de Droit,
en vous ramenant aux principes éternels d'où toute loi
découle? Et vous, jeunes médecins, quand vous scrutez les
mystères de l'organisme, combien n'avez-vous pas souvent
besoin, pour ne pas vous y égarer, qu'une science approfondie de l'âme vous explique mille phénomènes, dont la
plus savante physiologie ne saurait rendre compte? Et l'histoire à son tour, quel concours ne prête-t-elle pas à cette
éducation morale par les lettres? Nous ne savons plus suf- .
fisamment ce long passé du genre humain, qui nous intéresse, et qui peut tant servir à nous expliquer le présent.
Le monde en effet, est Je théâtre d'un Drame immense, où
chacune des générations qui se succèdent est appelée à
jouer un rôle à son tour. Il y a longtemps que la pièce est
commencée. Au moment d'entrer en scène, pouvons-nous
�.......
!53' ..;;...; .
la comprendre, et y faire convénabtëmeni ·notre personnage, si l'histoiré, tomme un ,programmé du' Drame; n'è
riousntet aueoUI'ant des péripétiès antérieures?.
Voilà, Me·ssieurs; sôminairemertt ce compiéméh:t, t{ûè
vous dèvèz ventr d1e1'cher ici, d'tine éducation libérale;'
C'est dans ce commerce prolongé des Lettres, que l'on
devient ce qu'au xvn· siècle on appelait un honnête
homme et un galant hom:me, è'esf-à..:dire, un: esprit ou'Vert à toûfès les idées, ün ccêur à: tons les nobles sentiméllts. Voyez les hommes, à qui ce'Hë culture par Jès
Lèttresa manqué, quelque soit leur mérite
que
de lltèàtres dans leur intelrigence ét surtout dans leur àmèf
Sans lès Lètfres, et cette élévatlo'ri qu'elles communiquent
à l'esprit' le plus instruit même d'ailleurs n'est guère
qu'un manœuvre. Enfermé dans ses études spéciales, it
ne voit rien, ne comtyrend rien au delà. Avec lui, nul
commerce. Lui-même; aux moments de loisir, a peur de
se rencontrer avec soi, tant il se trou\le sot et ennuyeux.
Et quand arrivent lés heures du déclin, l'âge de la réJ
traite, que Dieu parfois nous; réserve pour vivre enfin;
avec noùs'-mêmes, il n'en: sait pàs l'emploi; il ne conn:an
pas les doux entretiens des
Il n'échappe à l'ennui
de sa vie maussade et vide, qu'en s'abrutissant ·
f.
Mais alors, me direz-vous, si l'éducation littéraire de
rios jeunes gens ne les a pas assez préparés à goûter l;Èm-
�-
-
seignement supérieur, pourquoi, vous,. chargés de vêiller
aux: portes du Baccalauréat, qui sépare les deux: périodes
des études, pourquoi leur ouvrir ces portes si aisément?
Pourquoi? Parce qu'il faut bien s'accommoder aux: temps,
aux dispositions des esprits, à l'état général des études,
à la nature des examens, à la préparation des candidats.
Baccalauréat ès Lettres. En général l'examen du Baccalauréat ès Lettres ne s'élève guères au...dessus d'une honnête
médiocrité. Comme la discipline militaire, le régime actuel de nos études forme plutôt des corps de troupes
solides ·que des héros ; il est vraiment démocratique. Je
n'ai rien à dire des Examens de cette année, que je n'aie
déjà .maintes fois répété. Les Compositions manquent de
maturité et de réflexion. En dehors de certains moules du
Conciones) la plupart df! nos Candidats sont muets, ou ne
savent plus que paraphraser les lieux communs les plus
vulgaires. L'Epreuve orale, non plus, n'est guères brillante;
. U9Sjeup.es gens ont peu lu, et s'efforcent d'y suppléer par
quelque notice superficielle empruntée au Manuel. Si le
Concours Académique ne nous avait pas offert une excellente Composition d'histoire, nous croirions pareillement
que l'histoire et surtout l'histoire ancienne ne garde pas
dans les études de nos Colléges la place qui lui appartient. ·
Le résultat des épreuves cependant (grâce à une nouvelle
supputatîon des points) a donné à peu près les mêmes
chiffres que les années précédentes.
Sur 338 Candidats, qui se sont présentés dans le cours
de l'année classique, t 98 ont été admis à preuve orale
(c'est-à-dire 58 pour 100); et 183 ont obtenu leur diplôme dé Bachelier ès Lettres
54 pour iûû).
ré
�-
lf5
-
Dans ce nombre 3 Candidats seulement ont été reçus
avec la mention Très-bien.
'"
Ce sont:
MM. LEMERCIER-MOUSSEAUX
HIRTZMANN
GERDOLLE
32 ont obtenu la Mention Bien.
83 la Mention Assez-bi'en.
Et 65l'humble note Passablement.
SESSIONS
d'Avril.
24
19
i
4,.8
i6
29
11----------------d'Août.
HH
6
77
s5
•
2t
49
28
98
-1-· - - - - - - ·I-lle
Novembre.
44
104
2
7
26
21
o6
11--------------ToTAL,
558 1 140
1
1
Si ce résultat ne nous donne pas encore le droit d'être
fiers, hâtons-nous d'ajouter cependant, que nous avons
soùvcnt éprouvé, que nos jeunes gens valaient mieux que
�__.....
M
..-
leurs Exan1ens. Le Concours Académique) sans répondre
encore à toutes nos
a e»eitè une grande ému:-...
lation et porté déjà, surtout en philosophie, en histoire,
en version et en thème Latins des fruit& assez heureux.
Nous attendons beaucoup de cette instituti{)n:. qui, au lieu
de borner l'ambition des meilleurs élèyes au Baecalauréat,
relève leurs regards et leur cœur vers une plus noble
palme.
Licence. La Licence, non plus, n'a pas rempli toutes ses
promesses. Le Ministre, en établissant au Lycée de Nancy
un certain nombre de Maîtres auxiliaires, auxquels il
laissait presque tout leur temps pour se préparer à la Licence, était en droit d'attendre d'eux plus de zèle à profiter
de son bienfait. Chez les uns trop peu de- constance ;
incertitudes d'une vocation hésitante chez les autres; ·les
séductions dl1 loisir peut-être ; enfin notre disposition à
à trop cornpter sur leur bonne· vol{)nté et à nous· abs-tenir
de toute contrainte à leur égard, tout cela a fait, qu'ainsi.
qtiè dans. fa Parabôle du Semeur, la récolte aù· jour de la
moisson a· é.té assez chétive. L'expérience du. moins nous
profitera; et j'aime à croire que les jeunes gens, qui ont
soHicité pour cette année avec tant d'ardeur ces places de
Maîtres a:uxiliairi'ls, comprendront aussi cette leçon.
de NovemSix C!l!ndidats se sont présentés à la
bre, et sîx à celle de Juillet., En novembre, nous n'avons
Vautrzn et
pu conférer le grade de Licencié qu'à
Bourguignon. Le premier, qui avait manqué l'entrée de
l'Ecole Normale, s'est vengé à la Licence de l'aveugle fortune ; et par la solidité de· son instruction., non moins que
par la fértilité de son· esprit et son él6cution nette et si;n.,...
�-
51' -
c'ère, il a prouvé combien il était digne d'entrer dans
l'Université. M. Bourguignon, qui avait consacré sajeu.;..
ùesse aux devüi'rs de la piété' filiale, d-evait aussi nous revenir, quoique tardivement, ramené par une irrési:sti'ble
vocation : C'es1: un vrai classique, d'un esprit méthodique
et d'une parol'e magis-trale.
La Session- de Jumet a été
plÙs brillante. Quatre Candidats ont été ad'mis. Au premier
rang, M. Pierson de Nancy, un esprit heureux et aimable,
que l'Université est charmée d'enlever à la littérature facile·, et de fixer désormais dans les études sérieuses et lBs
graves devoirs du Professorat. - Après lui, M. l'abbé
Hyver, avec sa littérature variée, la justesse de son esprit,
son goût cultivé, sa parole délicate et nette, et ]a chal'eur
de son âme, a fait honneur àla fois à l'Ecole des CarmBs,
dont il est l'Hè,ve, et au Petit·S'éminaire de
son, où il professe les humanités. -· · Quoiqne moins
briUants que les précédents, M. Paquier, alors Régent au
Collége de Neufchâteau, aujourd'hui à Mirecourt, et
M. Grosse de Thionville ont <:lignement répondu à Yespé:...
rance, que depuis longtemr>s léur travail nous avait fait
concevoir, et
à_
d'es Maîtres' aussi,
d'évoués qu'instruits.
II.
ENSEIGNEII;lENT.
Selon mon
je veux ici moins vous Fend-re· eornpte
Climrs,de Vau derrllev, que voNS' exposer
�-
!)8
-
rement l'objet de notre enseignem.ent pour l'année pro..:
chaine.
Philosophie. M. de Margerie vous retraçait l'an dernier
le réveil de la Philosophie spiritualiste au début du
XIX• siècle et ses vicissitudes. - Après les déplorables
excès des doctrines sensualistes au XVIII• siècle, le spiritualisme renaissait enfin, en même temps queles esprits
étaient ramenés par un besoin mélancolique de croire vers
le Christianisme. Puis bientôt vous avez vu l'École éclectique s'emparer de la direction de ce mouvement philosophique; École pleine d'espérance à son début, mais à
laquelle il a manqué pour durer d'aller jusqu'au bout de
la raison, c'est-à-dire jusqu'à la foi. Aussi le rationalisme
'trop étroit de cette École n'a-t-il pas tardé à être battu en
brèche de toutes parts par ces systèmes absolus et négatifs,
dont le retour sinistre n'alarme que trop justement notre
époque troublée. - De cette expérience le Professeur
était en droit de conclure, que, de nos jours, comme dans
tous les temps, la vraie philosophie ne saurait trouver
d'ass·iette solide, qu'en contractant avec le Christianisme
une alliance intime, qui protège la raison contre ses propres écarts, tout en la maintenant dans la plénitude
légitime de ses droits.
Cette année, ramené par le Règlement à la Psychologie,
M. de Margerie étudiera la nature humaine, telle qu'elle
se révèle à nous par l'observation intérieure. Rien de plus
difficile sans doute, mais aussi rien de plus utile que cette
science de nous-mêmes. Après en avoir posé les règles,
ce Maître si pénétrant et si délicat analysera successivement .toutes nos facultés dans leurs opérations les plus
Là encore il va retrouver devant lui les
�...._
59
trines négatives du matérialisme contemporain, mais pour
en combattre les fùnestes sophismes, et pour raffermir
dans nos âmes la foi à la raison et à la liberté, c'est:..à-dire, .
la foi aux principes éternels du vrai, du hien, du beau;
la foi au devoir et à la responsabilité morale; la foi à
l'action de Dieu sur les âmes et au but divin de la. vie.
Car les études psychologiques sont la hase essentielle de
toute.s les sciences morales : et selon l'esprit qui les dirige,
elles prêtent le plus solide appui à toutes les vérités, ou
bien elles vont à ruiner les fondements de tout principe
et de toute croyance.
Hz'stoi're. M. Lacroix nous retraçait, l'an dernier, l'instructive
des événements qui avaient précipité la
décadence de la Grèce, et l'avaient amenée, vaincue. par
la corruption de ses mœurs encore plus que par les armes,
à subir la domination romaine.
Cette année, il se propose de vous· transporter au cœur
9u l\foye.n-Age, et ·de vous raconter en particulier le
siècle, .si grand dans l'histoire du monde et surtout
dans celle de la France. Aujourd'hui, en effet, ce siècle de
Saint Louis et d'Innocent Ut .longtemps méconnu, apparaît dans une splendeur de plus en plus vive, et attire la
curiosité des esprits autant par ses actes que par ses productions littéraires. Car c'est là surtout que le. monde du
Moyen-Age s'achève, et que le monde moderne commence
à poindre. La lutte prolongée entre Frédéric Barberousse
et le Saint-Siége occupera dans le tableau de 1\f. Lacroix
le devant de la scène. Au milieu de la fermentation générale d'une société en travail de transformation, vous verrez
déjà s'agiter les questions religieuses et politiques, qui
xm·
�-
so -
vont tenir longtemps le monde· en suspens. En même ·
temps qu'elle défend la doctrine dont elle e'st dépositaire
éoiitre les hérésies renaissantes, et contre des philosophies
séparées et négatives, l'Eglise, appuyée sur l'op'inion,
lutte avec une indomptable énergie contre les prétent.ions .
de Frédéric, qui, en qualité d'héritier des Césars, aspire à
la domination universelle, et songe à remplacer ra papauté dans sa grande hégémonie spirituelle et temporelle
sur toutes les nations de la république Chrétienne. Le
duel sera terrible. Mais c'est qu'if s'agit aussi pour l'Église
de sauver, avec l'indépendance des peUples, la liberté dès
consciences. L'Église sortira de ce combat victorieuse à la
fois et blessée; et dès la fin du siècle, elle verra dédiner
cet empire, qu'elle avait exercé si longtemps sur l'es
affaires de la Chrétienté.- Pour vous reposer du
tacle de ces orages, le Professeur aimera par intervalles à
revenir auprès de Saint Louis. Ce ne sera pas le moindre
intérêt de ce drame saisissant, que d'y suivre le rôle de la
France et l'attitude de sort Roi, dont la vénération
selle fait alors f'arbitre du monde. M. Lacroix dira toutes
les grandes choses faites sous le règne de ce prince, qui <(
troirv:é le gériie dans la saintefé, et aèèompli tant d'œuvres
fécondes et glorieuses, èn cherchant à réal:iser sur la terr'e
le règne de DieU. La politique s'est rencontrée alors avec
la justice et la vérité; et, à la gloire de la religion, jamais
elle n'obtint un plus complet succès.
Littérature Française. Tel' est l'attrait de ce gran·d
xrn·
si;èèle, qu'après l'avoir pris moi.;mème pour sujet de
Cours l'ail dernier, je ne puia m'en détacher. J'avais en:...:
{repris de' retra'Cer le mouvement
esprits et t'hiatoire
�__,.
·""""'
des Lettr_es en .F1·ance à 'cette époque;· mais· c'est
sL fai pu remplir la moi lié de ma tâche:. A»ssi lli-:ie
demandé l'au:torisation de poursuivre cette année .cette
carrière interrompue; et j'aitne à, croire ql!e
q'entre
vous qui m'ont suivi·dans mon exploration à travers cette
et féconde époque, seront heureux avec moi <l'y
revenir,
Lz'ttérature Ancùmne. M. E. Burnouf, l'an· derlJier,
traitaü de la Tragédie Grecque au temps de Périclès; et
après en avoir recherché les éléments primitifs, et les lois
essentielles, il essayait d'en retracer le type idéal, tel que
l'avaient rêvé les Athéniens, et tel que leurs poëtes s'étaient efforcés de le réaliser dans leurs œuvres les plus
parfaites. -. Pendant le premier semestre de cette année;
il se propose de faire sùr là Comédie Grecqqe une étude
analogue. Après avoir signalé les circonstances où, cette
Comédie est née, et qui ont influé sur son développement,
il-s'appliquera à déterminer aussi les règles de·sa composition idéale, son canon parfait, comme disaiènl les Grecs:;
et s'attachera après cela à suivre les variations apportées à
ce modèle dans les diverses pièces d'Aristophane et de
contemporains. -. C'est ensuite dans les pièces Latines
imitées du Grec par Plaute et Térence, que le Professeur
pcmrsuivre cette histoire de la ComéQ.ie Athénienne à travers les métamorphoses successives, que lui
imposèrent les révolutions de la liberté politique.
j
Lüté?,a)ure Étrangère. M. Émile Chasles, l'an d:etnier vous expliquait Dante , avec quelle érud_ition et
queHè lumière? vous le savez. '"'"""'""
sa méthode
.
�- 6' -:-
habituelle, poùr commenter l'œuvre du· grand poëte,
il la replaçait au milieu des conditions
où
elle s'était produite. Au terme du XIII" siècle si brillant
à la surface, mais si travaillé au dedans par l'enfantement
du monde moderne, vous avez vu apparaître au sein de
l'Italie déchirée ce sombre prophète de l'avenir, _apostro.,
phant tour à tour de sa parole enflammée le pays qu'il
aime, la papauté qu'il révère, Florence qu'il a gouvernée,
et,
un mélange extraordinaire de malédiction et d'amour, prédisant à son pays les. destinées orageuses, qui
pendant cinq cents ans seront celles de l'Italie. Soit que le
Professeur vous ·montrât· dans les sombres parties de la
Divine Comédie le reflet. des événements et l'écho des
passions contemporaines, soit au contraire qu'il vous ravit
avec le sublime rêveur aux régions de la sple.ndeur étermme, vous admiriez, avec l'étendue de. ses connaissances
égale- à son vaste sujet, la variété de son talent, l'heureuse
souplesse et le mouvement de sa parole.
·· En vérité c'est un noble héritage, que recueille aujourd'hui M. Gebhart. Mais tout jeune que soit le suppléant
de M. Chasles, il a déjà justifié la prédilection du Ministre
par les titres les plus honorables. Pour
Cours de cette
année, M. Gebhart n'a pas cru pouvoir mieux faire, que de
reprendre en partie les traces de son devancier. M. Chasles
n'avait pu compléter son étude de la Renaissance poé_tique. en Italie au XIV" et au XV" siècles •. M. Gebhart se
propose d'étendre et d'achever ce tableau, mais en
se plaçant à un nouveau point de vue : car il veut embrasser dans un même regard l'histoire des Lettres et des
Beaux-Arts en Italie, et commenter tout d'abord, par
exemple, avec l'Œuvre de Dante les fresques puissantes de
�-
63
Cimabue, d'Orcagna, de Giotto, et les marbres des sculpteurs Pisans. Après avoir établi dès le début de son Cçurs
cette communauté d'inspiration entre la poésie, la peinture et la statuaire Italiennes et leur· influence réciproque,
il poursuivra cette histoire parallèle à travers les siècles
suivants, ramenant sous un même rayon, avec les Journées
de Boccace ou les vers de Guido Cavalcanti les peintures
de Donatello: Raphael et Corrège à côté de l'Ariosteet du
Tasse. L'objet de ces rapprochements pour M. Gebhart
sera surtout de glorifier le génie de ce peuple Italien
si heureusement doué pour les Beaux-Arts, et de montrer
dana quelle admirable harmonie ses artistes de la Benaissance ont su marier ensemble, avec l'inspiration personnelle, la tradition de l'art antique et le sentiment moral et
religieux du Christianisme. - Grâce à ses études particulières, le jeune voyageur, en vous entretenant de l'Italie,
peut encore être entièrement neuf dans une carrière
maintes fois déjà parcourue par ses prédécesseurs. L'Italie
en effet est pour lui comme une autre patrie. Il ]a sait si
bien, il en a si bien goûté les œuvres, admiré la nature,
respiré l'âme, que ce sera plaisir de le suivre tout d'abord
en un tel sujet, qui est la vocation dominante de son
esprit et de son cœur.
�. -.-
64 -
m.
· PuBLICATIONs,.
Nous n'avons pu, vous le savez, .répondre à l'appel' du
Ministre, alors qu'il nous invitait à répandre notre enseigoement dans les villes voisines qui nous. y convieraient.
Poilr plusieurs d'entre nous, le labeur ordinaire excédait
déjà nos forees; d'autres étaient engagés dans des travaux
considérables. Certes on a pu voir, dans le cours de cette
· année, de quelle façon les Professeurs de. notre Faculté·
emploientlesloisirs, que leur peutlaisser l'enseignement,.
·La moisson a été généreuse. Tous y ont apporté Iimr gerbe.
ne parle pas .de mon Etude sur Château/m'and, qui a
paru annotée au commencement de l'année. Mais j'ai le
droit d'être fier de tant .d'œuvres excellentes, par les,..
quelles mes Collègues ont si justement attiré l'attentü;rn
du monde savant sur notre .Faculté des Lettres, et montré
.combien la.Provi:nëe peut être favorable par son recueillement aux œuvres sérieuses et mûries.
C'est d'abord M. Burnouf, qui, après avoir enfin terminé son Dictionnaire de la Langue sanskrite, si savant
sous une forme si simple, écrivait dans la Revue des Deux
]J1ondes ses deux articles tant remarqués sur la science des
Religions. On peut à ce sujet différer d'opinion avec l'auteur ; ainsi on ne lui accordera pas volontiers que les Religions ne soient qu'un produit naturel du cœur de l'homme,
qui,aspirant à l'idéal, et voulant contempler l'infini, lè
�...::- ·6l> . -
manière, .et lui .dOJlllEl: une for.J;Ue yariahfe Se•<·
lmtJe gépie des d.if'fér.eçtE)s
.on admir;erll.Ja
l'éten<;lue
.
,; et .. par7 d.essus io1.1 t. Ja .s.incérité .de. sQn ip.te,n;iiWl·
.QJJantà,moi,de .ne suis ,pas de çe}lx •<Jll;i,ont peur dq }a
seien.ce; je me fie à la
.diviq.e et à
humfline, .bien
d'avance •. qve, q11els que
êtreJes résultats de la critique, la vérité
.ne.po,tlrra ·qu:en •$Ortir.plus éclatante et _plus victoriepse.
-Si çepeQd(lnt,. dans. Jes.questjons,d:histoire ..re)igie:':lsl3t.:9P
n'accepte pas. toutes les .conclusions ,actuelles ,de, M: RIJ·r,...
.n.ouf,
revaileb:e Qn le
avec
..
•quan9il 11e s'agit plu.s ql!e d'étudier l'Asie, et
,
;): A.:;i.e, ·lill1i j
poqr
.un J;llyslère, et dont la
d'mm:; Iè.. pa.ssé
. effet,
. être
par..les, arif1es
non
ju.squ'ici parJeur
autre. monde,·
.d'abord, pour; avoir prise sur l;ui. Or
.ep. Europe .n'en>saH mie vx ql}e.
Bp:rnouf. la,.; p,ensé,e;Îptime,)es
les ··I?œurs, les
.
,rév,élé}e. présent, On a vu, il y <l:
..t,tn
de la
a;vec quell.e
les conditions jusqu'alors,
qui
seule;srend:;tient
la, conqtJète mprale de
,
Tput autre est l'esprit, qui a inspiré
et
de Mq;rgerie.les·,qeux grands ouvrages qu'ils y\e.11neht. de
p,l1.})lier, Je.
sur la. Philosophie; de (h{stoire;,•
..
sur k'fdée de .Pieu._Philpso.phes,
. .
chrétiers tous de,u:x:, et to.us deux inquiets des
de
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66
..;...
ce
et d(fcêtte critique négative, qui de rios
jours,travaillent sans relâche à chasser Dieu du monde et
du cœur de l'homme, ils ont voulu, l'un, rétablir la
science de :Pieu dans ses vérités essentielles et. fondamentales; l'autrè, montrer au milieu des événements dê l'histoire l'action à la fois mystérieuse et éclatante de cette
Provideüce divine, qu'un fatalisme aveugle en voudrait
écarter en vain.
Enlisant le Livre de M. de Margerie, on se sent heu'-reuxen vérité d'éGhapper à ces vapeurs malsaines, donUa
sophistique contemporaine obscurcit nos yeux, pour rentrer. dans le hon sens et la vétité ; et de voir se renouer
d'une façon si lumineuse cette cha:îne des vérités éternelles, dont le dernier.anneau se rattache autrône même
Pour démontrer ce Dieu personnel, créateur;
, de·
•:distinct de son œuvre et veillant sur le monde sorti de ses
mains avec une Providence paternelle; pour en signaler
lés attributs suprêmes, rnais surtout pour déterminer le
rôlè assigné parlui à l'homme dans le plan de sa création,
·les seules lumières de là raison auraient suffi à 1\'1. de Mar· · gerié. Mais la raison n'a toute sa force·et sa sécurité, que
dans son accord avec la foi. La. raison entrevoit sans doute
··les vérités divines; maisi pour les embrasser dans toute
leur plénitude et les affirmer avec une autorité souveraine, .
elle a besoin des clat·tés d'en haut.._ Voilà H1 conclusion
du Uvre de M. de Margerie, l'un des ouvrages assurément
les plus remarquables, qu'ait suscités la lutte actuellement
engagée entre la philosophie spiritualiste et les systèmes
·· matérialistes. Aussi sa. fortune est-elle assurée. La seconde
Edition vient de paraître"' Tous les esprits sérieux l'ont
voulU lire : màis particulièrement toutes les âmes ohsé-
�-
67
-
dées
Jes grands et "redoutables problèmes.qui troublent
notre siècle y· viennent respirer :la ·lumière et la
·A
J'ascendant d'un raisünnement qui vous saisit ef vous en-:
traîne victorieusement, l'écrivain, J'allais dire l'orçüeur;
joint je ne sais quelle chaleur intime, qni. pénètre tout
l'ouvrage; on sent palpiter. son âme à travers ces· pages
On recomiaît à cette flamme que cela .a été·ufi
Cours, avant d'être un Livre. Pour vous,
ne l'aviez pas oublié. ·
Telestaussi le caractèredu Livre de· M. Lacroix, qtii.a
pour tHre Dix Années d'Enseignement à la Facultédè
Nancy. Chaque année M. Lacroix a, vousJe . savez;
tude d'inaugurer son Cours par unDiscour:s d'ouverture,
où, se plaÇant au sommet du sujet qu'il se prop.ose de.traiter, il établit, en en indiquant les .événements
les principes et les lois morales; qui semblent en avoir
gouverné Je cours; C'est ainsi que, dansl'espa'ce de dix
années, il a pu embrasser les principales questions de l'histoire· cdu ·monde, et en faire sortir une philosopliie âe
l'histoire. Ces discours ordonnés et réunis composent uh
corps complet de doctrine, OEuvre opportune, s'il en fut!
Car,· dans les grandes œuvres historiques de notre siècle,
on peut regretter trop généralement, que, pour en éclairer les faits et en tirer .·l'enseignement" il Y' marrque ridée
religieuse et moràle. Une philosophie de Fhistoire, qui ne
voit rien au delà de la nature et de l'hommè; et qui professe qu'en dehors des lois de .l'une et de la liberté .de
l'aùtreil n'yarien, dontla science .doive tenir compte,
ne peut aboutir en effet qu'à des conclusions incomplètes et erronnées.
L.' homme s'agite et Dieu le ,mène,
a-t-on dit. Convaincu donc que le. monde moral a
�---,
-
·:M; .!:fuaL:.
a:ri :fond 'de 'Ces gra:nds ·sp!ectac·bes Ide ·l':Jrrist'oire,
·quelles sont èes lois :morales,· par 'jlestp:mHes
'destin:ées dés tlâtiof1&,
srti:p>rê'mes, qui nécontraigtreiit'pàs sai'ls:doute'la lifuerté'huiuaine,
tmds qu'e les
ret les hommes ne sauraient enfr:eind:re:, sans'enéxpier!ta
;par des catastrophes-.
c'est à la}lhilosophie chrétienne, que M. Lacroix
pôtJT <lon.._
.naître .ctls lois mysfér.ieuses, qui président a-insi à la fortuné des 'ilatÎ'ons et 'awx 'VÏ-ê'i'ssltudés des oetllp.res; 'ct ·,jJ en
Ja
'eti'l'appt:iquant à tous les grands
.faits de l'histoire ancienne et moderne:
.;A.cetteœevtte des travaux de notre :Facu:bté, 'J'·ai ·Je phiiM. Cbasim;:publie eri ce ,ri:wnre-nrt
·:sur la Vie et/es fEuvresde Cervantês. 'Cet ouvrage; 'vous
rle.conrraissez en pàrtie>avant ile l'avoir lu; ·car vousl'a'\'e.z
·enti:!ndm ;it a 'été prhfessé ici à)la sui:te (t'un pèlerinage que
;venait de fa:ire en Espagne pour en recueillir
:les .matériaux. Le Professeur s'est proposé de nous 'inOTI'!tté:r 'que fauteur de Don Quixot:te n 1éta.it pas se.ulement un
a!lliiirable:esp:rit, mais un noble, caractère 'et uu cœur rhérdique; et:eette biographie.iJOuvel:le en :vérité nons enré.V:élantfout ce qu1il y :avait de grandes
vues;
et de vaillance dans ce génie
satirique, qui nous a)aissé ull'e si amusante mais en même
temps:si profonde parodie du<monde chevaleresque.
Dans ·ces œuvres si :diverses, éd ate non-s'eu1ement
,tivité Jéeonde ide ·notre' Faculté, mais encore 'la liber;té de
2p.énsoo, ·,qui
:à •chacun totHe :lloriginal ité
··notre ms prit. Animés :tous d'une émulation 'commune pour
&e:nlr.Mé
fqî@dè >Jih:Jsiqlie' rs!es
l'ac-
�-
69
la science et la vérité, nous avons cependant chacun notre
allure et
notre voie. Tandis que les uns croient
pouvoir demander compte de tout à. la seule raison, les
autres cherchent le vrai dans l'art et dans la vie à la lumière du Christianisme_. Cette liberté. contenue (hien en.:...
tendu) dans de discrètes limites par la sagesse de chacun,
est le privilége et la vertu de l'enseignement supf)rieur,
destiné
sa nature à provoquer la pensée. Chacun de
nous donc suit l'indépendance de son esprit et les convictions de son àme. Et vous, Messieurs,. dans notre sage et
sérieuse province, vous nous rendez cette liberté facile, par
sympathie avec laquelle vous accueillez toute pensée
loyale et toute parole sincère. La franchise accordée à l'un
atteste et assure celle des autres. La divergence d'ailleurs,
qui peut exister entre nous sur plusieurs points, n'empêche
nullement, on le sait, ni l'harmonie des esprits ni la fraternité des âmes. C'est l'ordre dans la liberté. Cette sincère
ori'ginalité de la parole est à la fois l'honneur de l'auditoire
et la force du Professeur.
de
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Title
A name given to the resource
1865 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 16 novembre 1865
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-7. </li>
<li>Allocution de M. Le Recteur de l’Académie. p.9-13. </li>
<li>Rapport de M. Jalabert, Doyen de la Faculté de droit. p.15-31. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.33-46. </li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.47-69. </li>
<li>Rappord de M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmarcie. p.71-83. </li>
<li>Rapport sur les concours de la Faculté de droit de Nancy (Année scolaire 1864-1865), par M. Lombard, professeur à la Faculté. p.85-100. </li>
<li>Distribution des prix. p.101-103. </li>
<li>Prix accordés par son Exc. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mention Honorable. – Résultats des concours. p.105-107.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1865
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Veuve Raybois, Imprimeur des Facultés, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1865
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
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Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/ffc25f9c3edb991a02a2d14a885adb1a.pdf
7d79e48158560020636ae873a41374db
PDF Text
Text
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�SOLENNELLE
DES ÉTABLISSEMENTS
D'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
��UNIVERSITÉ IMPÉUIALE. - ACADÊMIE DE NANGY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DE DROIT
SCIENCES
DES
DES LETTRES
ET DE
,
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L'ECOLE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
Le 18 novembre 1887
NANCY
Vc RA,YBOIS, HIPIU!UEUR DES FACULTÉS
Iîue du faubourg Stanislas, 3
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MONSIEUR L'INSPECTEUR,
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,d1une Ji':ae.ulté: Noi&ine , •Soi;l : p,o;pr Je
4
�46
-
Collége de France? Mais M.. Burnouf se gardait pour
l'Ecole d'Athènes. Car il .ne faHaù pas moins pour le
détacher de notre ville, dont il était devenu citoyen, et
plus que citoyen. Athènes avait toujours été le vœu secret
de son ambition, l'objet de ses rêves, la patrie de son
esprit et de s.es études. Cette Direction de l'Ecole et lui
avaient l'air de s'attendre réciproquement. Car en vérité,
parmi nous tous, qui avons passé, il y a tantôt vingt ans,
il n'y en. avait point, qui, pour
par cette Ecole
y retourner· en qualité de Directeur , fût plus désigné que
M. Burnouf par son mérite et sa renommée dans le
monde de la science, et qui fût plus propre par les diet heureuses aptitudes de son esprit à donner aux
et féconde.
travaux de cette Ecole une impulsion
brillante cependant que soit sa destinée ,
M. Burnouf n'a pu nous quitter sans regret. Elles résonnent encore, Messieurs, à vos oreilles ces paroles émues,
qu'ilavaittenu à vou3 adresser.darisune dernière leçon pour
prendre congé de vous; et en même temps· pour vous laisser une sorte de programme de l'enseignement qu'il n'avait
pu achever au milieu de vous. Ce dernier entretien nous
livrait sa pensée et s 0 n âme toute entière ; il·y dressait
comme un phare sur ce ·rivage loitJtain; vers lequel il
aurait voulu vous ·conduire; et à l''émotion .mutuelle que
nous à·l'en.,..
nous éprouvions tous, lui à nous parler,
tendre, nous sentions plus que jamais çombien it nous
appartenait et quehide il allait laisser parmi nous: Il s'en
va donc! et avec lui se détache un des plus beaux fleurons
�-
·
47
-
de notre couromie ! Vous partagerez,
ces justes
regrets de notre Faculté pour: ce Collègue de plus de douze
années, qui lui faisait tant d'honneur. Mais nous, nous
perdons en outre. un excellent ami; Bien que nous pussions sur certains points différer d'opinion, rien cependant
ne nous séparait, tant était sincère et dévouée l'ardeur qui
le poussait à la recherche de la vérité et du bien .. « Puis·
'' sent toutes les divinités favorables de l'Olympe, puisse
» surtout le Père des vents guider ta course , ô' navire.;
» à qui je confie, et qui nous dois ce cher voyageur!
>> Dépose le heureusement, je t'en _conjure, sur le rivage
» de l'Attique ; et garde. nous cette bonne part de notre
.
.
'
» cœur!>>
/
Sie te, Diva potens Cypri,
Sié' fra tres Helenre, lu ci da sidera, ·
Ventorumque regat Pater,
Obstrictis aliis, prreter Japyga,
Navis, qure tibi creditum
Debes Virgilium ! Finibus Atticis
Reddas incolumem, precor,
Et serves animre dimidium meal!
Ce n'était pas un ,médiocre embarras .de remplacer
M. Burnouf. Quand je m'enquerrais avec une sollicitude
bien naturelle de son successseur : t< Rassurez-vous, ·me
répondait notre Ministre; j'ai autant à cœur que vous1llême la fortune de votre Faculté .de Nancy; je vous veux
donner un Collègue digne de sa.bonne renommée. » -;-En
nous envoyant M. Eugène Benoist., de Marseille, M.Duruy
�,_ /:4!'8
1
'à itênu
P@ur'niGi, il-y·nlongtemps
:<féj1r 1qb1e je·' c{)nlJ!àis
'nzyu:veatl
·ll'ni e()m.pté
'Pfft'mi
'mëillëlifs 1é'lèves,· '"qi.lànd ·J'é'ta:is'
"Prôfessêür 'à.'F EcoFe Nor.màle.• ' fhtf signa1a'ît àlôra tléjiqm,r
etfa
S.0n' 'vif goûl'de's
icfh.\:)ses'tle''l'ari'f·iquité,
:.ettrlènsei r:eës
eue SOli esprit'e1:"sa·J'f.Î't1e'sse
ofifirêp'Ondu ià 'tootes'Irtùs
'e''tlstqa Friltl'ce lettrée; rou :plutôt
<t'rè'st'lP.Eùrope: savaiiie;Jqtti ·cdnhàît 'la' spirituelle étude de
MP'Befi'Üist 'mit lès
di!' Plaute, ·ses excèl:lentès '
'Erl+tfo:ffs ·annotees ''f:le plttsieurs prèees 'th!· 'fhàtre <tttfin,
&tlrt6U.t' le ·}lrgnîtèr··
cime·,
·
de Virgile, qui fait le plus grand honneur à son'
è't
à l'Université; tant l'éditeur y a déployé de. science et de ·
goût dans sa notice préliminaire.;
montre de
cité dans la restitution et l'd.utefprétati@n·.des textes. Je
ne parle ici ni de l'intéressant 'tfiftra"gè'
Benoist sur
l'Histoire de
. il à faites
à Florence sur les Lettres de. ConJVJlJI'fl_(Js., .Je me tiens aux
études de Littérature !Latille.; •hO'Ù·A:a
en plus
ramené sa vocation. M. Benoist est à la fois un savant du
êt·dl1XI'X"'.
Fâéulté''des'Léttres
:fi'ê'Paris, if'y aHerlx
présenter ses'G'a:ndidàts
'J)Oùr'liêtlair'e·d;EMquence
qtit:flâfuorf'âé Pin
iticlor'Lfi
·fin
à
tle'lliire
''fig'urer 'sur sa liste ce jeune et 'habile ·reprësènta:nf'i!'e
(,·ù M.
depuis surtie de
sa
�..,.-
4JQl
ce jeüile': Mài·tre,•.eil:tfte
Maisi .· Be:nQis.t
s8lill qu:il)
ici uiu,ei cité;
qllQ;i;ns
la cité; Phocée.n1!l:ei, .et qtlli ne:
choses de
d,ê
ôUtl!e
renco;ntrera:dans:. notre Fl\cul:té.. un.e. fatromel
Depum.. quinze"jours
dQ\t J14j; .
sentin
urt des.
.
nous sommes: he:ûl'eU:lt' déjà.;.de· llPUSi pater, de
e,t«le>
cou•nQonet à: Bavance :n0.t1Je Eac.ulté de 1
savant .. ·On s'est accoutumé depuis
a:nn;ées il:
regard.er Nancy comme l'un des ptus
deS!
science·s lil;e;POrien.t.l\t. Beno,ist, à
tour:, JiiloPt!w:r:&:
par ses.travaux, :que,. pO!ur, la philologie
cu;ieuse;
l'é)i)uration des. tex:tes Gtte,cs>el LatiD&; niltl!'i'·
n"a'{OI'is: plus ri:en à enviero à la docta patrie .des
·
des· Hermann et des Mommsen.·
Littérature Anciennf!.
E. Benoist,
plusieurs années avec Virgile, a pris I'Enéide pour le sujet
de son
de
pn(ll.posant de .. grouper à l'entour "ne histoire complète
Latin,e depuis ses
11ixième
de l'ère Chrétienne. --Il 11e s'arrêtera aux vieux
populaires cte la J;tonw antique,. que pour vous cQp1'aincvw
que ,ces fragl'l:lents n'ont pu
ni les éléJpe:nts, ni
�-
50 -
débris d!une Epopée primitive. La vraie poésie épique à
Rome en effet ne fut, comme' tous les autres genres de
poésie, qu'une œuvre factice et savante, imitée dela Grèce.
Après avoir étudié dans leurs ruines les lourds monuments
épiques de Livius Andronicus, de Névius, d'Ennius, puis
les essais de ·Cicéron et de Catulle, et ensuite •la grande
Epopée de Lucrèce sur la Nàture; M. Benoist abordera
enfin l'Enéide, cette œuvre éomposite d'un· art··Iaborieux·
mais exquis, ·et qui à ce titre provoque tant d'intéressantes
questions de critique. ·,_;,;. Ovide ensuite et Lucain Je:
retiendront particulièrement. Puis il descendra rapidement le cours des siècles de la décadence, en passant en
revue Silius Italicus, Valerius Flaccus, Stace, Claudien;
et il vous montrera la puissance vivacé de cette poésie qui
s'inspire toujours de la mythologie d'Homère, et qui,
malgré les révolutions de la pensée, la décadence de l'art
et l'inhabilité de ses derniers interprètes, conserve cependant une séduction immortelle pour les imaginations, et,
alors même qu'on ne croit plus aux Diedx, continue de
charmer les derniers jours de cette société payenne, dont
elle avait jadis enchanté la jeunesse.
Littérature Française. -'-"Je comptais l'an dernier vous
exposer l'histoire de l'esprit et des lettres en France pendant la première moitié du. x
siècle, et vous faire ainsi.
assister comme au printemps et à la puissante mais
laborieuse éclosion de notre grande littérature classique. Mais je me suis oublié au règne de Henri IV; ce
vue
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Hi
-
de ces aventures qui n'arrivent qu'à moi. Si cepen,..
tJ:aol vous vous ,.l êtes oubliés avec moi, je n'en aurai
'Toùtefois; pour achever ma tâche. il me
nul
reste encore une longue carrière à parcourir. Depuis la:
mort du Béarnais jusqu'à l'avénement de Richelieu,·
nons àurons à traverser ·une orageuse, niais ·intéressante
époque de troùhlës, qui jette à la fois dans l'Etat et dans
les esprits une pénible anarchie. Mais enfin le Cardinàl
parvient à imposer son génie et sa volonté à la Françe et
au Roi. Sous sa. m'ain despotique, mais irrésistible. tout
se range et se règle en: frémissant; et la France, entrant
enfin en possession de ses forces et de son génie , va
reprendre en Europe par les armes et les lettres à la. fois
Ja.·suprématie qu'elle avait perdue· depuis les Croisades.
L'homme d'Etat dompte etcontient, mais sans les
toute cette séve de passions, cette ardente ·énergie· des
âmes, 'Cette flamme; que· les luttes dn;siècle précédent
avaienfàlhm1ée ; et, secondant avec un· admirable instinct
du génie de la France. et de ses destinées, le mouvement
des esprits·, il prépare et voit édore autour de lui •toute
cette moisson de grands hommes, qui bientôt dans tous·
les genres porteront si· haut la gloire de la patrie française.
Peut.:..;être serez-vous d'avis, en présence de cé spectacle,
que Richelieu en vérité eût hien autant mérité que
Car
Louis XIV, de donner son nom à notre grand
Louis XIV, qui hérita de cette gloire, recueillit ce qu 7il
n'avait pas semé. Cette foule de grands hommes, qui
illustrèrent 'son règne, dataient du règne précédent ; et
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lè déVeloppem<ent
ristiqtt.e' .en!. Arl'gleteili:r'ê!, péndantr tou ti le
·sièch:r;. maÎl$1 il èSt .rfl:sM•,<.comme' moi;:
ttôp
œuvres· du théàtre"' Cetté?
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cèUe ,étude i .
rl9mancieFsJJes iflb.Iùphlé:tai:l'es et lê6 V;oyagoo:Fs;:, en aqm..,
Swift 1' le Voltarre::ang,l.a·is-;· et· sQ<n
G.ùll:i'wir;. plus amer :encorei que Gandùie 1 ,sousî
sa:fèllmé
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Pr(i)métlïJfé"
derla· poésie: modei:ne, q.ui clôtl résume en lui avecJan.t
de-_gl'and,euJt un:sièéle
.méll}nc<>lie et de
et
sur
,.dans· . • uu, sombre.
f·
e»prime av_ec uneironique et: sublime ht Di}al<J."'
d.i)e. do&t
c%t travaillé. Ilh()UlOlC<i aû·
siècle') semble avoir perdu; ;avec.:: leL.sens religieux,
le: sens .de là ;1 t6ùr. iL tour il
en son
ou'. se prend; en :pitié,,Borné aux choses·. de l'eûstence pré•
sente 1il::y :voudrait en vain rassasier son. cœmt'; nâa!i§ non;
rien utUJép6nd assez; ,à sôn rêve;
brutale .
sob âme que: devore la· :fièvre. de J'idéa:l::. unê.:.ardeur
inquiète Je ronge c<>mme le· :vaüt.our du Titan •. Noti:s: entrons dàns l'époque. orageuse et maladive des Werther•.
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maine avec plus deH!yrligffie.·
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Mais je laiss.e à M. Gebhart de vous exposer bientôt
.:le<:.sujeket,il' e$-prit;:, de:.cei
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j'aimer naielJX· '\1Qu5( Itappeley. •
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vallée de, V:1\i't:iadiè, .Q.Ù!'le Sly:x,,
r,nblanoolique. caSGade deé: monts Au08inieas, va; se
er)SU!tte .da:Qs ·les'abimel!l<,i.
que Ja
péuplée;desâmes des;
,révérait: comme,,une,
au.Xl·SOinbresr.demeures,.;. C:ét,
est·, p!ein. d\1 :sQu:venii'.
dè, c.es' lieux.) On !''l seiit vivement,
·
!:lp.echtelé
naluwe MmJ;Uente.et fait. mieuJ;
encore aujourd'hui:· les, choses> d1:1. passé,.,.On. ,y.·stllii;ti en.
quelque sorte; la géographie du
.saisitsuu
le fait, pour ainsi direjlà ,irfrnsfo'rmaliorLdes vagues et
primitives traditions religieuses, emportées jadis du fond
de l'Asie par les peuplàd'es pél!lsgiqlles qui 'vinrent habiter
la Grèce; on voit
ces
..se't;Ontrajeunies
en se localisant, quand, dà'ns: leurs migrations, elles rt!n-
�lf4.
contrèrent des lieux, où une nature analogue les atti'rait,
les fixait, et en réalisait·la co:nception idéale.··.;_;_ Cet ·article, en ouvrant- à M.. Gèbhart avec éclat une Revue, :où
tout écrivain de.talent tient à honneur
acquitte
en même temps 'le plus honorablement du· inonde Ia;dette
de l'ancien Membre de l'Ecole d!Athènes.
· Histoire. -Dans son Cours de l'an dernier,
Lacroix:
amenait
règne. de Louis XVI jusqu'à hr veilfe ·de la
Il vous montrait,·ce prince généreux s'entou;.;.
raut des Ministres les plus
et· essayant d'entre;..
prendre avec eui la réformation politique et sociale, dont
Maisl'œuvre était au..:dessus
le besoin travaillait les
de ses forces :ces tentatives loyales n'ont pas assez répondu
à l'attente d'u:ne·natiou impatiente,· qui va chercher àlors
à accomplir elle.;..même sa transformation.··- Ici s'ouvre
une •ère solennelle da11s l'histoire de la France ét du ,
monde 1·'l?ère de 89.
Lacroix se propose cette année
d'exposer à vos yeux le spectacle de cette crise où s'abîme
le xvm· siècle, et qui, après avoir débuté au milieu de
tant d'espérances avec la convocation des Etats généraux,,.
aboutit à ce coup d'Etat du i8 brumaire, où le jeune
vainqueur d'Egypte
maitre clore à la fois par sa
dictature l'anarchie etla République ..
Motum ex Metello console civicum
.
' .
.
.
Bèllique causas, et 'vitia et modos,
Ludumque Fortlime, ·gravesque
Principum amicitias,. arma
Nondum expiatis uncta cruoribus,
-
;
-
�-
!Sl.l -
J?ericulosftl plenum opus aleœ,.
Tractai, et incedit per ignes
ciùeri doloso •.
En affrontant ce
· forrnidablej plein de problèmes
non: encore résolus, et qui demeure l'éternel ·champ de
bataille des plus ardentes controverses, M. Lacroix n'a pas ·
la prétention ·de porter un jugement définitif· sur ces
redoutables .questions, .et de deviner l'énigme du Sphinx.
Il ne veut qu'étudier et établir exactement ·les faits, pour.
recueillir ensuite· l'enseignement immédiat qui en sort.
Ainsi, aprèS avoir. exposé d'abord ce que voulait la:nation,
quand elle se leva en 89 d'un accord unanime, pour
réclamer une organisation sociale plus conforme à la jus.:.
ti ce. et à la. raison, iL vous• montrerà ensuite où ont abouti
ces espérances,· quand on _a essayé de les .réaliser;.
ment un certain esprit de perfection chimérique et de
réforme absoluè, prévalànt de plus en plus dans les rêves
du'plus logicien des
a fini par l'entraîner à la
destruction radicale du passé et aux systèmes les plus
tyranniques. Jamais plus effro.yable oppression en effet. ne
s'établit au nom de la liberté. Si ·hien. qu'après dix· ans
d'efforts.et de souffrances inouïs, la France épuisée, meur..
trie, découragée,. avide
tout. d'ordre et de -repos,
pour sortir enfin d'une ·intolérable anarchie , abdique
volontiers ses aspirations les plus libérales :d'autrefois, et,
se bornant à garder de ses conquêtes révolutionnaires
l'égalité civile, se range ·avec empressement sous l'autorité
de ·l'homme; qui, au prix de sa liberté, la. protégera
�contre l'ennemi· du dehors< ·et surtautl conltre 'elle-même.
. 4e ce drame
Pour traverser sans troubl'ë
terrible, .M. Lacroix n'a qu'à rester fidèle aux principes de
ee·ttffif!h:Hosophi:é moralé de ·L'·hîstoHte;;
'lu• ,a:· servi
q;&'içi:de'·gm·ide
tna:ve:tts
époques:Jes: plusr
diverses.· du: ·mondiè; Ja:que,bJè eunsiste• 'à:,
le'
sruns ·r.ieni.aJ,tférêlr llllF cllf,ssiJ:Quler;, à:•,ju:g1'lr' }es l!liètion:svdesl
ou,no,m,;' par Je!! règhes.
t:honnêta;'et à n1admett1'0 poif!Ir 1es·
oHr' les:
aucu:n&deie(j\s
les sophiste&
de nosr;jot.JL'S9 eu in,voqua•rrtr soi'lfla:·fa!talité, s.oifla:soiJve.,..
raiweté ·lil;I!J
Il
pas deu:f, morales· em eff'ét; e'tnul
résultât t'ue; saura.[t, j Mstiper' Je· crinie>:': Ll};!!istoire doit. être'
Uni tl'libt!lnœaLoù'siége:avant:to\l!t
oontJe5 arrêts
,trotfvelr un
la
·; .•. ·
J!Yiilvsophiè:• .;.;;.. Apl'èS! •· a,voir ,. dans un . Cours . de deux
anl1ees.,,. itrwiillé' à ,fo:pcLJies
les' plus ün:portantes,
qukconcerrterit lf! na,ture de notre'
M. de Margeriè.
re\'ierît·.cette1anitêe aJ1hisf6ire d·e la philoso,phie..•. na pris
·pour
S,Mrtl!te ;: .er il· se propose de ·l'étudier
sa
pel'fS<Jttne; sa:' doctrhre· ets<'m'ittfluence.:Sujetaticien.sans
.dôate,: mais! flôù'rtai'lt de circonstance :en nos.jours·,:où nous
voyons; ênCOt'é léS· VéritéS leS: plus essentielles obscurcies de
nouveau par· .one so:p&istîque· trop semblable à ceHe""'là
même, que Socrate avàit confondue. Clest au point que
souvent le Sage. d1H y· a deux mille ·ans vous semblera
répondre aux Sophistes contemporains. Non-"seuleri:tent
�-
1\f;,t de :Matrgcrie
1!);1
sniNlla' Soôrate · dans ;'9es
fenoooo; ••ipai'
J
fat}on:;pl'us::manifeste
sé{l!lfe
la'
r.awssi
qne· •\lârr là::mét;ll0de;: l:Enfin' il:
;àf.
•dail:islles di>vernes ::Eéolés ·nées· jd:è l'i tlSf>irntion :soci'n.tîfJ:itlê;
;et ·féc<Ynfile ptlttèe idui
'sage
•a ;pJ.Ws il'initiati;Ve·;' 'lMah;' ·è'est surt<ro:t ·a\r.ee ·Sodrate·:jlui.-.
·même:qtt'il·se:ptOpùse r.de:
an mUf.éll' de 'cette ëpoqulHorŒgeuse: iet4;:NUante·,
'Je.:répiatier;
Meux Jcoi:n<pvermlve
.:sôn'ifÎôlej •s<>n "gétM!è.
rfamUiér:'êt
'Sl!llb'lime ·
subli1s
·-pourrez
tvotfSlmè·més tsnr ttôures:rœs
dë· 1logi{pie,.:de pst·t!Wlùgie,
naJf:u.;..
1
relie, de morale, d'esthétique, d'économie politiqUë ,f1JtPil
aimait à traiter dans ses entretiens. - Je ne sache pas, en
vérité, de sujet plus
ehplus dramatique à la fois.
C'est une manière de vivre par la pensée pendant un an
QJ;t:J\IS J.Hl
l'esprit
le commerce familier du plus sensé et du plus
représentant de la sagesse .antique. Avec M. de Margerie,
·,poùr' 1vous . itilrodûirè :ën·.iee moUde
plaisir;·:Car4Hë:conrràRtbien; !il. est ct'ù 1:1àys,"èt:H
erilparlella langue'à
:avez
;mroi,
dürlO'gues de,Plaèlon','qùi étaient·d&safacon; -'- ;Qttelq.ues:pages
pour
�-
!58
(pour.le dire èn passant) ont été. encore récemmenUort
goûtées dans ce beau et vaillant
sur la Théodicée,
que 1'Académie française
dans son dernier Concours,
de consacrer par son suffrage, en décernant à notre collègue un de ses plus nobles prix. Car vous le· savez, Messieurs,
M. de Margerie revient au milieu de nous, le front ceint
d'une de, .ces couronnes qui sont la· plus haute ambition
d'un ,homme de lettres. Félicitons-nous ensemble:, Mes.,..
sieurs, du succès éclatant. obtenu par M. de Margerie
auprès de l'Académie française; car cet ouvrage couronné
; il a été composé ici ; ce livre
nous appartient
n'est qu'un Cours,
l'on sent encore vibrer la parole
.de .l'orateur. Cette victoire du .reste continue glorieuse':'"
lllent la tradition de la Faculté de. Nancy, . qui chaque
année, ou peu s'en faut, rapporte sa couronne des Con.cours de l'Académie française. A qui le tour pour l'an
prochain?
EXAMENS.
Nous n'avons pas eu céttè année de candidats àù Doctorat.
Lz"cence. -. Mais nous pouvons dire que l'Examen de
Licence. tend de plus. en plus à prendre son vrai niveau.
Pàrmi nos candidats des dernières sessions, il en est que
nous aurions vaillammentenvoyés concourir à Parjs, avec
les élèves de l'Ecole Normale. C'est le résultat de la noble
.
.
. . .
.
.
.
.
�-
59
..,.....
que suscite chez nosjeunes.MaUres de l'Université
l'cétablissement de cette Maison de
fondée
ici par Mgr Lavigerie; pour les jeunes ecclésiastiques;qui
·se: destinent à .l'enseignement Pendant :lt)s premières
années, le Prélat envoyait ses: jeunes Jettrés à l'Ecole des
Carmes, dont il avait étéJui-même un des premiers élêvèS.
Mais bientôt, quand il connût mieux les ressource!" qu'il
trouvait ici même, <pour cette. haute éducation classique,
il vint se concerter avec nous; dans le dessein de ramener
à Nancy sa jeune colonie de savants. Ces jeunes gens' for;..
ment désormais, avec les Maîtres.,.répétiteurs du Lyèée,
l'élément essentiel. de nos Conférences , · .doivent· être
pour euxJ'objet d',ùne émulation généreuse.·
En novembre 66 , nous avions pu déjà conférer· ce
gl'ade ,de Licen.cié ·à trois jeunes humani.stes vraimênt
distingués : à M. Zœppfel, élèv_e du .Lycée de Nancy, qui
a pris là Je premier rang, comme il le prend partout ; à
'fA.JJaguena'!)lt de Puchesse 1 un jeune Licencié enDroit
qui nous était :venu< du dehors; et. enfin à; M. l'abbé Klein:.
un élève de l'Ecole des Carmes, qui tenait à rèntrer par
la brèche dans son pays.•
Je suis heureux .qu'à la session de juillet le Lycée ait
gardé sa place à .la lutte et au succès. C'est M. Odile qui
après avoir trop longtemps hésité, s'est chargé .Jlen soutenir l'honneur. Les deux premières places, dans ce· Con-"cours avaient été prise& par. M. l'abbé .L"!frlthieu, professeur
au Petit Séminaire de Pont-à-Mousson et par M. l'abbé
Demange, professeur à l'Iqstitution de la Malgrange. Tous
�-
*CiO
-
d;ep,x:,sori.t
humaltistes;
éteti:..
sûl!e, d1ungou1 :fin i<etferme,;rd'une ipm:role4'aoi4èlet
aqimée.,lMaisdM'.i
:se distiilg;tie lpâ:r·rla: re.;..·
:roa,rquab:le
son
:tal:eat.
l
ren;eont'Fé' iparéîlle
.de
·il :;me ·'Rappelait·, }es:
. 1plus
··, !JU:ei j':aiva:is:. :eus •fpendaùit ;mon;· profes.Sorat :à
Nurnialifl;. ;M. ,1':ab:bé 'Mathieuqpeut
prése;:nternà
Maggrégation,desilllasses;.snpénieures:;;;j'e me::;po;rte garant
ile
·.:s;uc.eès.
· '
'JGeJttes: netre Jaouvelle ·M:ai:Son·des &utes
eeclé"".
.
.
.
:Siastique1>ittie pOUV;(l)Ïi:débhteriSO.US dé• mèiUewrs
D'un autre côté;::noits :sommes••a8suvéSlqiu:i.4e'
jus•
qu?à: :pnésent âuX'iéttidescet'là
'Ùê la 'jeun(!ssoè:,
aqopt.era; de ,itout::&!JU 'eœu,r r.bettéii.QS,ttttitiôn
pré:..
comme,lltmelde-s
î:Dalns ·saJra\pide
ai:s:l:intt)n\ti!ilit iléalatéJrr,patmi:
st{J soUiëitùllè ;pour \,:Je's
eHë:ne se
pas que l'un de ses premiers
de
il!'Eeol:e:.lllel[)t:ofilüqetre M·a:fson
où
.il:es, fàmi:Nes'1éloignées'pêuvre:n f J
fsécu,f,i:té':,-envoJer
·leursdiiS, V\JUr' 'Y !faiFe ,, ·l:na.:
quë< lèN'liS üétùd'i;S,
-llappre'l!ltissage
:honnète·ti'bert'é ; >t;rtique: 'son
·:der:niêr' ;acte ·a,'•étè!;déimettre· sa:Maison: des Hautes; Etl:l'des
is(j}"u:s' le
.Fa:èufté:;des iLettres •.. n
cdirapa:st!
r:nous, qu'il
à,s:applaudir;,,de'•MUe
mesure.
�-
.
:gi
{jUEY
quelques tn'ùt$ a:dire
et •]0 ·'f:i!nig• .Aussi. hie tt je ne· p:ou·t•hifs
qûe l'éjlétel} à ce sujet.
)lai dejà'
fois •. aas :candidats Slf sohtpréserrtés :a l1èxâmêl1 da:
èalahrêat ès•
dans le .c'O'llt'l?S
cre:tte a,tlllirée
que; 226, à Jt se!i\siou d'
et 1 t2 â la ses'$ion récente
de
là
d'Acvriheststtpprrmtà'edé
une segsion éxtraordinaire·amit éth sàns· doute autorisée
en: Mai, én
de!;, candidats à St.;.{!yv,. mais bien:.t:a:rd',
pour qtrê Jes
pussent se mettN en mesuré
·.,
profibJr. ·
, .·
·
· Sur ees 3•3·8 candid!llts•,· ·. 185 ont été' ·éliminés apres tes
Gompositiomt H3 seblertumt, après FEpneuve orale et
i 90 Ol1t
à :divê:rs Ùtrès au grade de Bacheh'tlr
ès Lettres.·
Ce résultat t&n6'i:gne tme fois de plus de. l'importance
:des Comp0sitions. Pour nous en effet. qui vo.thirions :discré•
diltt la; pr-éparation spéciale
et'tame!mt· .
l'Examen à n'être plus que la preùvê ei
tia:ssiqnes .tégulières ,. i'l est naturel qu:e· iitôus , ac·cord:ions 'une vtlleur prépondérante .à .cèt ensemble ;Je
si bien. assorties pour rendre .un tromplet
témôignage de l'éducàtion littéraire de nos jeuones gens
et d.u pron:t qu'ils en ant tiré. A ce propcis;, ··nous né poutvous trop nous féliciter de la mesuué, qui.adepuîs un .àn
:ajouté à l'Epreuve.écrite'iaDisseiltation ·dce philtJsaph.i'é;
carle résultat a dépassé notre·attente. Assurément· la Phi·
losophie a
désormais dans les études la ·place que
�62
nous n'avions jamais cessé de. revendiquer pour",elle.
Notre sage Ministre, au lieu de rétablir I:illibéralcertificat
d'études, en imposant ·à J'examen
dissertation de
plus, a rendu. le Cours de philosophie indispensable. Sur
338 candidats, je ne suppose pas qu'il y en ait plus de 10
qui aient affronté l'épreuve :en sortant de Rhétorique; et
leur hardiesse ne leur aura' pas porté bonheur. A l'avenir
donc, nul ne terminera plùsson éducation. classique, sans
l'avoir couronnée·de :cette: aimée de philosophie, dont
·l'étude est si nécessaire pour éclairer . et ordonne;r, les
·autres études, pour discipliner l'esprit et l'exercer. .au
raisonnement; mais surtout pour prémunir ces chers jeunes gens, au moment .où ils vont entrer dans Jawie;,contre
les troübles du siècle, Jes ·sophismes de l'erreur eLles
entraînements des passions. Non, mes pauvres,.·amis, :ce
n'est pas tro,p, pour traverser le monde où vous allez
·mettre le p.ied" que de fortifier encorè les tra:ditions et les
habitudes d'une
chrétienfle,
principes
et forte philosophie.
,
· . La .Version Latine reste toujours 'ùne de nos meilleures
compositions. On y sent des .élèves habitués à lutter avec
un texte antique, et ayant appris par cet exercice à développer leurs pensées avec ordre, à. construire une, phrase
savante., à chercher les nuances laborieuses d.ed'expression et la précision difficile, en un mot les secrets de l'art
d'écrire.
Mais le. Discourg Latin ·laisse toujours fort à
désirer, plus encore toutefois pour le fonds que pour le
Faute d'histoire, le développement tourne le plus
�-
63
-
souvent dans la plus banale phraséologie. Jl est inouï vraiment, qu'aprè!:l avoir vécu pendant tant d'années par l'es.;.
prit en Grèce et à Rome, nos jeunes gens en ignorent à
ce point les événements les plus importants et les plus
grands hommes.
s'est plaint
qÛ'ils fussént
aussi familiers avec les choses d'autrefois, .qu'étrangers à
l'histoire de leur temps. L'histoire moderne a pris aujourd'hui sur l'ancienne une terrible revanche; je
qu'elle en aitprofité; mais pl11s que je n'y crois. L'Epreuve
or·ale, en effet, ne nous offre guère sur ce point qu'une
bien médiocre compensation. A l'exception des élèves qui
se destinent à St-Cyr et qui retrouveront l'histoire moderne à cet examen, la plupart des autresne nous apportent qu'une science historique bien superfic_ielle. Ils semblent se réserver pour plus. tard d'enfairè une étude plus
solide. Mais pl us tardJen auront-ils le loisir ou le goût?
F.tcependarit la vie des nations. n'a de sens, leur a:venir n.e
s'éclaire de quelque lumière, qu'à la condition d'eQ. connaître un péu le passé. Car nous entrons tous dans le
(
.''
y
monde comme au théâtre pendant une pièce commencée;
nous ne pouvons nous mettre au courant de l'action,,et
à plus forte raison y jouer un rôle, si ia fortune ·nous y
appelle, qu'à. la condition que l'histoire nous aura donné
le programme dela pièce et qu'elle nous en aùra expliqué
la suite et les personnages, en nous en racontant les actes .
précédents.
L'explication des auteurs offre. toujours bien des lacunes; en dehors du texte, on ne sait presque. rien de ce
�;64
-
piît'ir en
<}Wi
a:
le s'e'ià; Maik on
Bos Nû\:eurs
eHfore
nüls
ti'nfii
pius
on k'en.
cfuCnè lês Iis{{nt
iQuâücf
qùifÎ'e
ies Üffi aux
Progfarrùne se borné à· leur
:d)\in:e '861i-
.icÙn'è ae 'petits;·
qul isoili ëôiliilie tbm1Jilieü\ noiré lWtêtâtùre
·ho's jè'ilhès
<fu
:t!ë se dorliler fê }lr<tîsW ;âe ·ab&i-·aër
mÎêui
})tir ëœ'ûr1à plus
ta
1
donc p1iis Ie
n'ré? liu
cp.\ela'fât'iHté àés pf-oddcFibus fri\io1 qùî •horrs
l'ês
ifioflid'eiit iêhr 'ôtê le 'goht, dès
;srtirrës?
' 'ëes
'à lia' gPahà·é
rros
MàillfgÎia'nl Je iliè li&te d.'a)'butéf, 'ql1e: da'néte
1Jiie'n
·ntsiiibfle,
boris.
dè
·mâiiils
qui lêiÎîoi'gnent.
iî eUx ·sieû1s Hê c'é· qu'e
rêssot't.. il fàat. jsigrfalef ëh.
'lié
·tfuî
là iiô\ie
'1\f.
qüe' 'dë
hii tioû's ·
t'âfiâ'illaîs qUfdnf olltenü 1'à:
ëe
:
DervQgne} Noël;·
Granpgur,y, A1;1..brN, de
Nigond,
Th0;uvenin. Lieber,
Lalle;ma,nd ..Je :Mon,t,
.
Toussaint, Voizard, Warion,
Zab,el. . ·
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fo4 Cà'bdidà\s oîinté
'65 avec Ja Mentiôh Pâsiâôlê:
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Tout en félicitant de tout mon cœur nos BacheÜers de
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9N. J..
t9),ü#?:it
nne
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l!ltatistiqùe deJl •llbtâmenil:
, ADMIS.
ÉDIMINÉS
NOMBRE
·.
!}1·
,H)
Hll
�66
et 'qu'ils en savent autant qu'honnête homme en peut et.
doit 5ttvoir . ....:.. Vous n'avez guèrejusqu'iCi appris encore qu'à
appreridrè; on n'à pu qu'ouvrir à vos espritsle'monde de
la pensée, et vous fournir les'indyens de vous Ydiriger, et
d'y marcher par
'A chacun de vous· donc
dè poursuivre vos études selon les facultés que
Dietl voùs a données, et laearrièN{oit votre vocaiion
appelle. Quelle que soit du reste la route que vouschoisistâchez, au milieu
de\1oirs particuliers dé votre.
profession, de réserver toujours ul1e placê à. la culture des
lettres, à la philosophie, àThîstoire ; en un mot, à toutes
ces études libérales, qui nourrissent en nous le· zèle des
iriférêts 'dê l'âme
l'amout'sacre du hien et du beau.
Câr c'est ce côté des choses de la vie morale, qûe '\COtre
génération doit surtout porter son effort, parce que c'est
dans. sens contraire que notre équilibre so.cial
da van tage de se rompre.
-En parcourant naguères le Palais de tEx position, au
Champ ,de Mars, V()l!S avez dû . vous enorgueillir, comme
de votre te111 ps, et être
fiers des.
arts dela France, et des merveilles qu'elle étale aux yeux
des aut,res
Comme un autre Prométhée, le génie•
secre.ts .de,. la
de notre siècle â su deyiner presque tous
en conquérir les forces même les plus rebelles,
les enchaîner, et les ·faire,. comme autant. de serviteurs
intelligents et dociles, obéir à ses volontés et servir à ses
besoins. L'homme est vraiment
le :roi de la création, ët ,il peut s'admirer avec complaisance dans son
�-
67
-
ainvre. Oui, soyoùs en 'fiers et remercions en Dieu. Tout
êéla, .eri. èffet; èori_tribue au progrès. de l'humanité.
Toutefois tùm ·cfoyei pas eeàx qui nè voient de progrès
que là. Ce n'en est qu'une part
Le vrai progrès, le progrès cènnplefne sàu'fa:it;èônsistér que dans lê
développement ·-harmonieux et·Iejusteéquilibre du.bienêtré matériefefdes. fà.cÙltes morales de l'homme. Ne nous .
oubli'ons donc pas à joùir üniiflleinenFd'es fruits de la
terré. lia
'de l'homme esf plus haute ; · et si Dieu
nous a permis de' nous ;•affrànchir de plus· en plus par les
conquêtes du génie, des nécessités de.la vie·et de' la servitude du travail n1anuel; c1est pour tourner au profit de
nos •âmes, la liberté ét le loisrr qui 'nous sont donnés.
Or, Messieurs, à cet ·êg«l11d/ Jè:xrx•· siècle a.:.t..:illfi'di'OÎt
d'être aussi fier qu'au sujet de son industrie? La main sur
le cœur, valons-nous mieux, à mesure que la science et
le travail nous assurent plus d'aisance et -de bien-être?
Nos âmes s'élèvent-elles avec la richesse publique? Je ne
sais. Mais il me semble que, tandis qu'en France autrefois
on ne faisait cas que de l'esprit, etqu 'on montrait un ridicule dédain pour les choses de la matière, nous autres,
nous avons bien changé tout cela ; nous avons bien plutôt
lieu de craindre aujourd'hui que l'âme ne soit un peu en
disgrâM, et que la matière nè prenne sa revanche d'un
trop long mépris.
C'est à vous surtout, jeunes gens, à vous, destinés à ces
professions libérales, d'où vous êtes- appelés à exercer sur
les autres hommes, par votre exemple, une active influence,
�c',est à
rfmgir:
un
N9us}
-=
.fli$,;.ie:c4\l.'il
,f}f
qu
p.a,r
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Title
A name given to the resource
1867 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, des sciences, des lettres et de l'École de médecine et de pharmarcie de Nancy, le 16 novembre 1867
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté de droit. p.1. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des sciences. p.2. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des lettres. p.2. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. École Préparatoire de médecine et de pharmacie. p.3-4. </li>
<li>Procès-Verbal de la séance. p.5-7. </li>
<li>Allocution de M. L’Inspecteur d’Académie. p.9-14. </li>
<li>Rapport de M. Jalabert, Doyen de la Faculté de droit. p.15-28. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.29-43. </li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.45-68. </li>
<li>Rapport de M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie. p.69-81. </li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy pour (année 1866-67), par M. Vaugeois, Professeur de Code Napoléon. p.83-101. </li>
<li>Distribution des prix. p.103-106. </li>
<li>Ecole de médecine et de pharmacie. Prix accordés par son Exc. Le Ministre de l’Instruction Publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.107-108.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1867
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Veuve Raybois, Imprimeur des Facultés, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1867
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/6c1b9f78ec85682c9b98b41ba23eea53.pdf
666731ba1350c99123a64d1f36cfbc93
PDF Text
Text
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!
�RENTRÉE SOLENNELLE
DES ÉTABLISSEMENTS
D'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
��UNIVERSITÉ IMPÉRIALE. - ACADÉMIE DE NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DE DROIT
DES SCIENCES
DES LETTRES
ET DE
L'ÉCOijE DE MÉDECINE
DE PHARMACIE
DE NANCY
,
Le 18 novembre 1888
NANCY
V•
OIS, IMPRIMEUR DES FACULTÉS
Rue du faubourg Stanislas, 9.
��BAl?PORT
DE.
M. Olt BÈNOlT, DOYEN DE _LA FACULTÊ DES LETTRES,
1\foNSIEUR
LE RECTEUR,
l\fESSEIGNEÙRS,
MESS lEURS'
C'est avec un douloureux serrement deccéur, que nous
voyons cette Séance solennelle de notre Rentrée, veuve encofed'u chef àiiné, qui la· présidait d'ordinaire. Déjà l'an:
dernier sa santé atteintè l'obligeait à déléguer cette présison fidèle Inspecteur d'Académie, mais avec l'espoir alors que la séparation üe serait pas longue. Et voilà
qu'encore aujourd'hui notre réunion est attristée par son ·
absence prolongée. Puisse cet homme excellent, dont vous
avez tous pu apprécier (mais nul plus que moi) la droiture
et I'a:ffabHité, èt Ie com:nierce à la fois si cordiai et si sûr,
puisse-t-il être bientôt rendu à sa famille universitaire' !Il
a fléchi un instant sous le poids du travail et de l'active sollicitude, qu'il porfait partout dans ses fonctions. En
�...._
-
voyant défaillir ainsi les plus forts, nous sentons que la vie
de l'esprit a aussi ses. durs labeurs. Aussi, pour les hommes de l'enseignement, les années· de service devraient..
eH es compter double; car ils sont toujours en campagne.
Je sais trop moi-même, comme on s'use à ce métier.
Quoique l'Enseignement supérieur passe en général pour
être le canonicat de l'Université, je suis déjà tombé plu ..
sieurs fois sur le chemin. L'an dernier, au lendemain même
dè la Rentrée, ma santé m'obligeait à suspendre mon Cours,
pour m'en .tenir à ma Conférence; et cette interruption
·s'est forcément prolongée jusqu'à la fin de l'année. Je
viens aujourd'hui reprendre toutes mes fonctions, mais
non sans perplexité, et avec plus de courage que de force.
Du moins cette fois, si ma santé devait encore me trahir,
j'ai demandé au Ministre d'agréer .l'offre généreuse, que
m'a faite un ami et collègue dévoue, de poursuivre mon
Cours à ma place. Quoi qu\l advienne de sa noble
marche, qu'il me soit permis de lui exprimer publiquement toute ma reconnaissance.
Selon l'usage, je vais successivement' vous entretenir en
quelques mots de nos Exarnerzs et de notre En1eignement.
l.
EXAMENS.
1° Baccalauréat ès Lettres. L'an dernier, 338 Candidats,
s'étaient présentés à l'examen du Baccalauréa-t ès Lettres,
et i 90 avaient été reçus, c'est-à-dire 56 environ pour 100.
-Cette année, lenombre des Candidats s'est élevéà 360,
�-
!:H>
-
et celui des admis à 193 seulement: c'est une proportion
. moindre de 53,6 pour 100 environ.
A la session d'Août nous comptions 226 Candidats, et
133 Bacheliers; à la session de novel.1lbre qui a été close
hier, 103 Candidats et 55 Bacheliers.
Je ne rappelle guère que pour mémoire l'insignifiante
session du .Mois de Mai, qui, exclusivement réservée aux
jeunes gens aspirant à Saint-Cyr, ne comptait que 11 Candidats, sur lesquels 5 seulement ont été reçus. U est souhaitable que la faveur de cet examen exceptionnel soit
étendue aux Candidats des autres Ecoles, qui veulent préalablement prendre leur double Diplôme; et qu'au lieu de
les assigner au Mois d' Aoùt pour subir tout ensemble les
deux Examens, on leur permette de subir le premier en
Mai, et d'avoir quelques mois d'intervalle, pour se préparer plus particulièrement au second.
Depuis quelques années le chiffre de nos Candidats allait
toujours s'élevant dans une progression lente, mais égale,
qui ne semble pas devoir continuer. L'Enseignement spé-.
cial, en effet, est trop conforme à l'esprit de notre siècle et
aux besoins de notre industrieuse province, pour ne pas
détourner (une fois complètement organisé) une bonne
partie de notre jeunesse vers ces études, mieux appropriées
que notre éducation classique au commerce et à l'industrie.
Attendons-nous à voir cet enseignement se développer tous
jours davantage, surtout dans nos Colléges
Il aura aussi ses Diplômes, poQr garantir le savoir des élèves et satisfaire leur amour-propre. C'est là comme un
autre Baccalauréat, destiné à faire concurrence au nôtre.
Je ne m'en plains pas. Car il est bon qu'à l'avenîr l'éduca;;.
Hon de nos enfants s'accommode mieux que par le passé à
�-
!:i6
-
la diversité _des carrières et des aptitudes. Je regretterai
encore moins cette concurrence, si l'instruction classique;
en redevenant une sorte de privilège; se relève d'autant
plus, et si les élus,. qui l'auront reçue, s'efforcent d'y faire
honneur par la supériorité de leurs études. A la quantité
nous préfèrerons la qualité.
Je ne m'étonne pas en vérité, que, pour bien des esprits
enrôlés aujourd'hui, souvent un peu malgré eux dans ces
études
le résultat soit médiocre, et que la
tique des.,Examens laisse toujours tant à désirer. -Sur
nos 360 Candidats en effet, deux seulement ont obtenu la
mention Très-Bien. M. Lombard, qui a noblement soutenu
à l'Examen l'honneur de son nom et l'éclat d'une victoire
dont notre province est fière, et M. Marchal. de Bar, qui
l'an dernier, a été aussi en Rhétorique un des lauréats du
Concours général.
7 Candidats ont. obtenu la mention Bien: Ce sont MM.
Le Bars, Lévy (Jules), Kuntzmann, de Conigliano, Choux,
Many et Hutinel.
76 ont été reçus avec la Note Assez Bien,
Et 108 avec la mention Passablement.
Sur ii37 Candidats ajournés, 141 Font été après l'Epreuve
écrite, et 26 seulement après l'Epreuve orale.
Que l'Epreuve écrite élimine dans une si forte propor. tion, on s'en scandalise quelquefois. On voudrait que nous
admissions un plus grand nombre de Candidats à réparer
à FEpreuve orale les malheurs de leurs Compositions. Mais
il va sans dire, que nous acceptons, que nous désirons
cette compensation, toutes les fois qu'elle est possible, et
que nul n'est condamné après l'Epreuve écrite, que celui,
qu'aucune Epreuve orale, même la meilleure, ne saurait
�-'-
!J7
,_
relever .......... Les Compositions, du i·éstej sùnt ma:iritenant
combinées de telle façon, qu'elles peuvent rendre 1üt côm"'
pl et et presque infaillible témoignage des études lîHérairès
de nos Candidats, et du früit qn'ih eri ont recueilli. Nous·
voyons là ce qu'ils ont été dans toute là suite de leurs
classes, s'ils se sont préparés de bonne· .heure à l'Epreüvé
qui les termine par un labeur régulier; ou si, par de tar:...
difs, mais généreux efforts, ils orit tâ:ché vers les dernières
années d'en combler Ies premières lacunes. Ces Composi,;,.
tions en effet, dans leur ensemble, nous racontent tout
d'abord l'histoire de toutes leurs études, et nous fonf juger
'l'a:bleàu. statistique des Examens.
,.,_
ADMIS
ÉLUUNÉS
NOlUBRE
des
=!p
..
res- B' . "' "' as- ;a
. ·.
s
· Épreuve J T OTAJ.. T • 1 1en 1"'·,;a sable 1 Sitlons.
. .
. .Bien
1 Corn
. ,
CANDIDATS.
Session de
1
11
4
2
6
97
16
''115
40
8
48
.
2
7
66
•
1
•
1
5
..
...
1
Session d' Aoûi,
1
l
246
Session de Novemb.
105
1
. .)
58 H5
47
8
55
1
TOTAL.
Il
H1
560
-
26
-
167
7
2
< '
>
76 108 195
.
-·
�-
58
-
de la culture actuelle de leur esprit. Aussi accordons-nous
à c,ette
de J'Epreuve une importance, non pas. exclusive, ;mais prépondérante, surtout dans le dessein que nous
avons de discréditer de plus en plus la préparation artificielle du Baccalauréat, le despotisme du Manuel. et les
stériles efforts de mémoire des ouvriers de la dernière
heure, pour ramener l'Epreuve à n'être tout simplement
que la preuve et le contrôle d'études classiques régulières.
Un bon élève ne prépare pas son examen, ou plutôt il l'a
préparé de loin sans s'en douter. Ille prépare depuis ses
Classes élémentaires, en s'acquittant exactement de ses devoirs journaliers.
Cependant, je le confesse, la plupart de nos Candidats
n'ont pas assez songé à cette préparation lointaine. Le
Discours Latin surtout. s'en ressent. L'histoire moderne
leur a fait absolument oublier l'histoire ancienne, qui
d'ordinaire sert de cadre à cette Composition. Rome et
Athènes leur sont devenues des villes étrangères; on dirait
qu'ils n'ont jamais entendu parler de la guerre Médique,
de la guerre du Péloponèse, ou .de la lutte suprême de
Démosthène contre Philippe pour l'indépendance de la
Grèce. Tous ces grands et généreux lieux communs de
l'éducation classique n'éveillent plus en leur âme nul souvenir, nul écho. Aussi nos écoliers en sont-ils réduits,
pour Ja plupart, à paraphraser la matière dans une
amplification banale et stérile, où la phrase roule dans le
vide comme une poulie folle qui n'engrène plus. Le style
fait défaut comme la pensée; son mince tissu laisse trop
apercevoir le français à travers un Latin transparent. La Version Lat.ine en général vaut mieux, et semble plus
à la portée de la moyenne de nos élèves; tous, pour sûr,
�-
3.9
-
ont beaucoup gagné à ..cet exercice de la. traduction.: qui
est encore. le plus efficace apprentiss.age de l'art diffieiJe
d'écrire. - Mais, des trois Compositions, la DissertâtiQrt
de Philosophie est certainement la, meilleure,-Non-seulement cette Composition,
a.ux deux autres, a eu
pour conséquence immédiate de. repeupler les Classes de
désertées par des imprudents trop
philosophie,
pressés d'abréger leursétudes, mais encore elle a dépassé
par. ses résultats nos meilleures espérances. Elle nous a
montré, combien la plupart de ces jeunes esprits profitent
dans ce commerce d'un an avec les grandes questions agitées devant eux; et combien cette discipline du raisonnemenUes forme à la méthode, à l'exposition régulière et à
l'expression exacte de leurs
Ils .doivent donc s'applaudir eux-mêmes de cette nouvelle obligation de leur
Examen; car, outre le gain intellectuel et moral qu'ils
auront tiré d'tine année de philosophie, beaucoup d'entre .
eux, insuffisants d'ailleurs, ont dû à cette Composition
meilleure, d'être admis, par voie de compensation, à
l'Epreuve orale, et partant au succès.
Sur l'Epreuve orale, je n'insisterai pas; je n'aurais qu'à
répéter les remarques des années précédentes. Je dirais
assez satisfaisante, mais
que l'explication du Latin a
que l'étude du Grec semble en déclin ; que l'on n'a plus
de la grammaire qu'un vague souvenir; mais que surtout,
à l'ignorance singulière du sens des mots, on sent combien la suppression du maussade mais si utile Jardin des
Racines . Grecques a laissé de lacune dans les études de
nos enfants. Les Auteurs français de leur côté ne semblent pas avoir pris encore dans Ies Classes toute la place
que leur assig·nenf nos Programmes. Quelques candidats
�- 60 ont l'air de connaître à peine de nMn_ces chefs'-d'œuvré, sur
lesquels ils sont tenus de rê pondre, soif qu'ils ri' aient plus
le loisir de lire ce que nous apprenions par cœur autrèfois1
· soit que le goût de la littérature contemporaine leur ait
ôté la saveur des gràndes œuvres dè:s siècles passés. Faût..
il ajouter enfin, que, selon l'iron1que définition, que
donnait Gœthe de l'éducation franÇaise, nos jeunes gens
se distinguent trop encore par ieur ignorance de la géographie 1 et qu'enfin, au dix-neuvième siècle, un honnête
ho ni n'le; ayant reçu .une éducation libérale, ne devrait
plus négliger, au point où quelques candidats lé font, les
éléments des sciences, et se condamner ainsi à rester
étranger à l'intelligence de tant de merveilles, que lè
génie scientifique de notre temps multiplie sous nos yeux?
Mais je craindrais, en insistant sur ces lacunes, d'avoir
l'air d'un morose, qui maugrée contre le présent;
Difficilis, querulus, laudator temporis acti
Se puero.
J'ai pensé, il y a quelques années, en constatant lamédiocrité de l'Epreuve orale, que les Programmesétaient
trop chargés 1 et qu'on pourrait, en les allégeant, en exiger la stricte exécution. Une partie du bagage a été jetée
à la mer; et la barque n'en navigue guère mieux. A qui
la faute? Faut-il s'en prendre encore au Programme, ou
bien accuser la mollesse de nos jeunes gens, qui se relâchent davantage) à mesure qu'une discipline plus libérale apporte à leur égard plus de èondescendance? Je
ne sais; mais il me se mole parfois, que ces jeunes générations sont trop atteintes déjà de la contagion du temps, du
besoin de jouiL' avant d'avoir acquis; oubliant h'op, que
�-:-
.a ;m:iJi .la
et le mérHe
. pri;x.
qu'Qp S<Umltt
roJ)f ce.JabprieUJ
Qe la
arriyer sans a, voir
()htenir le prix sanJ; l'efl()rJ.
!ussi, pour plpsleurs, le
ressemhhH-i}.à
réveil pénible, Ils ne se doutaient pas que.1e suçcèssç prépare de loin, et qu'on n'a rien sans peine; etils
Jiair
de se heurter pour la première fois aQx cQl1ditions (je
vje •
. L/cence ès Lettres. La Session de novemllre. i86'i a
été sans résqltat. Auctw des candidats, dont npus dirigeon&
les 6t»des, p'étfl,it en ét&t de se présenter avec succè,s. Un
seuL Ca,11didat
du dehors iJ. tenté
tr,wis a
dn
écarté après les Cpmpositions.
l'out autre. a·· été la derrlière
de Juillet, Jusqu'ici eJ:l effet. no}ls ll'avions pas enCOre rencontré un
groupe de
aussi nombrel-'!1': et aussi solidement
préparés. Non que je
que, parmi leurs
il
n,'y ait eu parfois dEJs snccès ;plus hrilla11ts. Mais ici .c'était
UQ
cowpactJl,
d'une, f()rce plus égale .
. Aussi, sur 12, avons nous el1 la
,·. - - d'en admettre 8 a\l Grade de L.icen.ciés,
Voilà, Messieurs,
9e la mesure, par
la.qveUe Son
le Ministre <le l'Instruction pnblit}Ue a réguhtrisé l'institution de ces.
que
nou$ avion,sdès le pri11cipe organisées ici à côté de nos
Cours. lV(. Durt1y, dont la sollicitude açtive s'étend à toutes
les })ranches de l'éducation publique, sentait combien, en
dehors c:l.e l'Ecole Normale supérieure, les jeu11es gens
qu,i aspirent au Professorat, sont· d,énués de · ressoqrces,
'
.
.
'·
�62
-
in.
réduiÜi pùur la
des études insuffisantes et
capables dè .les poursuivre sans direêtiori' sahsiconfrôle .
saris; encouragetnen t, n' àyantpas même quelqûèfois la con.:
science de ce qui leur manque et des efforts à faire pour se
mettre au niveau de leur tâche. Des Conférences littéraires
été organisées pour eux. Mais ce n'était pas assez de
leur fournir les moyens de s'instruire, il fallait leur en
assurer le loisir. De là cette heureuse idée d'établir dans
chaque grand Lycée, placé auprès d'une Faculté, un corps
de Maîtres répétiteurs auxiliaires, chargés seulement de
quelques heures dè .suppléance dans la maison, pour y fai!'e .
l'apprentissage de la discipline, et soulager par intervalle
les vrais Répétiteurs dans leur service, mais qui doivent
rester libres de consacrer le reste de leur temps à l'étude.
Idée généreuse et féconde ! Si cette institution jusqu'ici
n'a pàs encore produit tous les fruits qU'on est en droit
d;en attl:mdre, soit que le recrutement de ces jmmes auxi:..
Haires n'ait pas toujours été assez sévère, soit qu'ils n'aient
pas eux-mêmes embrassé assez vaillamment la salutaire
discipline de travail qui leur était imposée, ce n'est pas
1;1ne raison pour se découragér, mais pour faire mieux à
l'avenir. M.· Perrin, Ma:îlre auxiliaire au Lycée
Nancy,
reçu Licencié à la dernière session, jutifierait à lui seul le
bienfait de cette mesure par son travail et son succès.
Il faut qu'une noble émulation s'établisse désormais
entre les Mâîtres de notre Lycée et les jeunes Ecclésiastiques de la Maison des Hautes Etudes. Car vous savez,
Messieurs, que Mgr Lavigerie a établi ici près de nos Facultés une sorte d'Ecole des Carmes, que Mgr Foulon,
sori successeur, a adoptée à son tour avec un généreux
empressement, et où de jeunes prêtres, destinés à l'ensei., .
-,
:
'
.
.
. .
de,
J
�-
63
-:-
gnement, viennènt se prépare'r aùx Grades univ'ersitaires.
Moins distraits de leurs' étUdes par d'autres de:Yoirs, les
disciples de cette Maison ont répondu à toute n,otre attentè
et bien mérité de la Faculté.
Nos huit Licenciés de juillet sont: .
MM. l'abbé Dubois, Professeur dans l'Institution de Senlis.
Perrzn, alors 1\Iaître.auxiliaire au
de Nancy.
· l'Abbé Masson, de la Maison des Hautes. Etudes.
Jacouü:t, Maître répétiteur au Lycée de Nancy.
l'Abbé .leanmaire, de la Maison des
Etudes.
· Renaux, profeseur .au collége de Pout-à-Mousson.
Antoine, Elève libre de notre Faculté.
l'Abbé Charbonnier, de la Maison des I:Iautes Etudes.
Chez tous, on peut dire que l'Enseignement de l'Etàt
ou l'Enseignement libre trouveront également des Ma'Üres
bien préparés. Mais en les recommandant avec
à l'Administration Académique ou Episcopale, nous invitons en même temps ces jeunes gens à ne point s'arrê. ter dans leurs études. Il ne faut pas qu'ils se reposent
désormais sous les lauriers de leur Licence. Cet examen
n'est pour eux qu'une étape. Nous invitons ceux surtout.
qui sont placés dans notre voisinage à conserver avec nous
.
d'utiles rapports.
Une conférence nouvelle va se fonder ici, qui leur est
particulièrement destinée. M. Eugène Benoist, en_ effet,
dans son désir de répandre Je goût de l'érùdition et
d'une exactè philologie, se propose d'inaugurer ici prochainement des entretiens destinés à quelques disciples de
choix, qui aspirent à l'Agrégation ou aù Doctorat. Ce sera
proprement le Cours des Professeurs.
�-
64<
=
Cette année notre savante Collègqe preiJ.,d pour sujet
l'explic11ti.on du x· L.ivre de l'lnstitutzon oratoire de- Q·uin....
tilien.
En comparant entr'eux ]es textes principaux de cet
vrage, non seulement ceux; de Dussault, de Spalding, de
Zumpt et de Bonneil, mais encore les Manuscrits de la Bibliothèquelmpériale, qui lui seront communiqués pour cet
objet, et èn en discutant les Variantes, il pourra initier
ainsi· ces auditeurs intimes à la Paléographiè Latine ; en
même temps que son sujet l'amènera à traiter, ou à faire
traiter par eux en détail une foule d'intéressantes questions concernant la littérature Latine et l'histoire de la
Rhétorique.- M. Benoist réalisera ainsi, dans l'ordre de
ses études, la libérale pensée du Ministre, qui veut faire
désm;mais de ses principales Facultés comme autant de
foyers, où poqrront s'allumer les vocations scientifiques.
L'ouvertp.re de èette Conférence sera ultérieurement annoncée.
4
II.
ENSEIGNEMENT.
Nos Cours s'ouvriront lundi prochain, 23 Novembre,
immédiatement après la Session d'Examen pour la Licence. Chacun de
Collègues, dans sa Leçon d'ouverture" vous exposera en détail l'obj.et et l'esprit de son enseignement de cette année. Qu'il me suffise donc de vous
en donner ici une indication sommaire, en même temps
que je remettrai en qQelques m()ts sous vos yeux les sujets
traités l'an dernier par chacun d'eux •.
�-
65
-
Littérature Antienne. L'an dernier M. Eugène Benoist
s'était proposé d'embrasser dans son ensemble l'histol:re
de l'Epopée Latine .. Mais une fois arrivé à Virgile, il
n'a pu ·s'en déprendre. Nul de vous, Messieurs, ne l'a regretté, tant le savant Professeur avait de découvertes à
faire dans l'œuvre de ce grand poëte, que la critique
semblait avoir épuisée. Chez Virgile en effet, l'art merveilleux de la composition et du style nous avait trop
dérobé jusqu'ici la grandeur originale et la puissante con·"'
ception de son Enéide, cette Epopée si profondément nationale.
Pour pénétrer ainsi dans le génie du poète et le sens de
son œuvre, personne assur.ément n'était plus autorisé que
M. Benoist. Car il achevait en même temps cette belle
édition de Virgile, dont le premier volume a si vivement
attiré l'attention du monde savant, et dont les deux derniers vont p{lraîtrè., Soyons fiers, Messieurs. du renom, ·
qu'une telle œuvre acquiert à la Faculté de Nancy.
savez quels illustres suffrages en ont honoré le premier
Volume, que M. Sainte-Beuve a signalé dans un charmant
a fait une place si considéraarticle, auquel M.
ble dans son Rapport officiel sur l'étude des Lettres Latines, et que M. ·wagner, l'éditeur du Grand Virgile
d'oQtre:..Rhin, regarde comme un de ces ouvrages destinés à rendre à la science ft·ançaise la place qu'elle occupait autrefois dans l'étude et l'interprétation des textes
antiques. Les Volumes suivants nous appartiendront encore davantage, puisqu'ils ont été préparés ici, et que
M. Benoist nous en a donné comme les prémices dans ses
leçons.
Cette année, le Professeur passe de la poésie à la prose,
ti
�-
66
-
et de l'Epopée à l'Histoire, dont il se prol!ose de suivre les
premiers développements en-Grèce et à Rome. Après avoh·
montré les tâtonnements de l'art historique, qui s'essaie à
redire les choses du passé à mesure que s'éteint le· souffle
épique, il s'arrêtera à l'œuvre d'Hérodote, où l'on peut
étudier avec tünt d'intérêt cette transformation. Mais c'est
l'ouvrage incomparable de Thucydide, qui sera Je centre
et l'objet principal de son Cours; monument étonnant dù
génie, élevé pour toujours, xrnp.d el; del; où l'art de·
toire, au lendemain de son premier essor, atteint déjà
une perfection qui ne sera plus dépassée, et où la philosophie rporale, qui vient à peine de naître, pénètre déjà
profondément et éclaire le dr[\matique spectacle des événements. -Dans le second Sémestre, :M. Benoist étudiera
l'Histoire à Rome. Mais à Rome, l'Histoire, comme tout
le reste, n'est qu'un emprunt fait à la Grèce. Vous n'y
trouverez rien qui ressemble à une histoire véritable,
avant que les écrivains Latins ne se fussent formés à l'Ecole
des Grecs; le vieux: Caton lui-même y prendra ses modèles, tout en rechignant. Parmi ]es historiens Latins.
M.. Benoist ne pourra étudier cette fois que ceux du temps
de la République, en s'attachant en particulier à Salluste,
cet artiste habile .sans doute, mais plus jaloux de son talent que de la vérité; et surtout à César, l'écrivain le plus
attique de Rome, qui, en ne voulant que rédiger des Mémoires, a laissé une œuvre d'art accomplie dans son genre.
Le Professeur aime mieux s'en tenir à ces deux écri"Vains, que d'essayer un tableau d'ensemble, et partant
superficiel, de l'art historique à Rome. Des comparaisons
d'ailleurs 1 qui s'établiront naturellement entre les his'toriens qU'il a choisis, et ceux des temps postérieurs, lui
�-
67
permettront de porter au moins quèlques
. néràux sur cette branche si
dé la
ture Latine.
.;l
ge-
Littérature Française. Je n'aspiré cette année qu'à
reprendre Je sujet brusquement interrompu l'an dernier
après une première Leçon, et de vous exposer, si je puis,
le développement de l'esprit et des lettres en France sous
Richelieu et pendant la minorité de Louis XIV. Nous
verrons que, si l'ordre remis dans l'état et dans la société
par le Cardinal a exercé une heureuse influence sur la
discipline des esprits, c'est surtout à ]a pensée chrétienne,
qui se réveille avec ferveur au lendemain du seizième'
siècle, qu'il faut attribuer principalemenjl'inspiration des
lettres à cette grande époque et leur merveilleuse fécondité.
Littérature étrangère. M. Gebhart, quittant cette annéè
l'Angleterre pour l'Allemagne, a le dessein d'étudier la
révolution intellectuelle et littéraire, qui s'est accomplie
au delà du Rhin dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, et qui s'est personnifiée dans Goethe avec tant
d'éclat. C'est proprement le génie de la Renaissance, qui,
après avoir pénétré de l'Italie deux siècles plus tôt chez les
autres nations modernes, a fini par vaincre tardivement
les antipathies de l'esprit Germanique. On s'étonne assuré;.
ment, Messieurs, que l'Allemagne, déjà si savante au début
du seizième siècle, soit restée si longtemps en dehors dê ·
ce mouvement des esprits que l'art retrouvé de Fantiquité
provoquait dans toùte l'Europe, et se soit soustraite à
l'enivrante fascination dé l'Italie. Majs c'est qu'alors
�-
66
-
lemagne était absorbée dans l'œuvre laborieuse de sa Réforme, non moins
contre la civilisation élégante et
presque payenne, dont Rome était alors le foyer, que
contre sa suprématie religieuse. Elle portait en outre dans
cette lutte contre Rome les ra'Pcunes d'une hostilité séculaire., les vieîlles passions ravivées des. Gibelins et des
Guelfes, et par dessus tout les répugnances profondes de
son génie, de ses mœurs et de ses traditions pour tout ce
paganisme littéraire de la Renaissance Italienne. Que pûtelle faire ensuite pendant tout le dix-septième siècle, que
de se reconstituer péniblement, au milieu des ruines qu'a- .
vait faites la Guerre de Trente ans? C'est cette longue
anarchie des états et des âmes, qui a ainsi ajourné la
Renaissance en Allemagne jusqu'au milieu du dix-huitième siècle, où deux critiques de génie, Winckelmann et
Lessing, devinant d'instinct la beauté de l'art grec, s'efforcent d'affranchir leur pays de l'imitation de. la France,
ponr ramener leurs compatriotes au sentiment de ]a nature, et tout ensemble aux sources antiques et nationales.
-M. Gebhart se propose, cette année, de reprendre depuis l'origine cette histoire de l'esprit et du goût en Allemagne, pour en apprécier les tendances, et en suivre les
vicissitudes; puis, arrivant à la révolution littéraire du
dix-huitième siècle, il en étudiera les premières tentatives
chez les pl us grands précurseurs de Gœthe, Lessing, Winckelmann, Herder et Kant: ce sera la tâche de cette année.
JI se réserve pour l'année suivante d'apprécier ]a partie
vraiment hellénique et payenne de l'œuvre même de
Goethe, ce puissant génie et cet incomparable artiste, qui
représente si bien à lui seul, même dans ce qu'il a d'incomplet, presque toute la littérature de son pays, dont il
�..._
69
a été le grand organisateur, Ie
laient ses contemporains.
-
Musagète, comme l'appe·
·
Histoire. M. Lacroix, prenant pour sujet de son:cours,
"'il y a deux ans, Je règne de Louis XVI, racontait les der:..
ni ers jours de l'ancien régime, et les efforts du jeune _Roi
pour préparer l'avènement d'une société nouvelle. L'année
suivante, le torrent l'avait saisi. U fallut suivre daris son
débordement ce déluge des grandes eaux, qui, avec tant
de ruines; devait laisser sur le sol dévasté et renouvelé de
la France tant de germes féconds pour l'avenir. Le Professeur a su, d'un ferm.e regard, envisager dans son ensemble
cette révolution prodigieuse, en détacher les épisodes les.
plus propres à en marquer les caractères, et d'une main
à la fois discrète et hardie remuer les principales questions
, politiques, sociales, religieuses et économiques, que provoquait ce formidable événement; problèmes redoutables
pour la plupart; qùe le sphinx dévorant a posés aux générations nouvelles, et dont les suites mystérieuses se dérou-lent à nos regards, en attendant le jugement définitif de
l'avenir.
lVI. Lacroix, rentrant dans les régions plus
sereines, et assurément mieux connues de l'antiquité, a le
dessein de retracer l'histoire de l'Empire Romain et de
l'Eglise pendant les trois premiers siècles de l'ère chrétienne, c'est-à-dire, depuis Auguste, qui substitue le gouvernement d'un seul au régime républicain, jusqu'à Constantin, qui abjure enfin le paganisme, pour abriter désormais l'Empire qui croule, sous la direction spirituelle de
l'Eglise. Quel contraste présente ce rapprochement 1 AÙ
tableau de la Révolution française. qui a renversé l'an-
�-
70
......;..
cienne monarchie, et· compromis ses conquêtes et les destins de la société moderne, en s'efforçant d'envelopper
l'Eglise et tout le Christianisme .dans cette destruction
aveugle du passé, le Professeur fait succéder l'étude de
cette période de l'histoire Romaine, où tout au contraire
s'est constituée la plus vaste monarchie qu'ait jamais vu
s'élever le monde, et où s'est fondée en même temps cette
Eglise, que son obstination à durer et à survivre aux Empires, en dépit de tout ce qui travaille à l'anéantir, fait
reconnaître pour une œuvre de main divine. Quel enseignement, Messieurs, pour ceux qui ne cherchent pas
lement dans l'histoire un spectacle des yeux, mais qui en
méditent les leçoœ? Quel intérêt surtout, quand, dans·
l'histoire de ces événements si complexes et qui déconcertent souvent la prudence humaine, on se. sent conduit par
la main d'un guide d'une sagesse éprouvée comme l\'1. Laocoix, qui non-seulement expose les faits, mais les juge,
et dont la philosophie historique, essayée, pour ainsi dire,
à tous les âges de la civilisation et de la vie des peuples,
est fondée sur ce principe, que la conscience morale est,
comme
ailleurs, le critérium infaillible pour
apprécier la conduite des nations, aussi bien que des individus.
Philosophie. M. de Margerie, l'an dernier, nous entretenait de Socrate et nous montrait ce sage, qui a poussé le
hon sens jusqu'au génie, au milieu des ruines des systèmes
contradictoires, retrouvant dans la psychologie les voies
de la Métaphysique et les fondements de la Morale. Après
avoir étudié cet apôtre de la raison dans sa vie et son
action immédiate, il a suivi les développements de sa doc-
�7t
-
_trine dans les principales Ecoles qui en sont issues; et
après en avoir parcouru la magnifique çt féconde propagation. ·il· a été réduit·à confesser pourtant
où fut cette philosophie socratique (qui semblait devoir
renouveler Je monde ancien) d'exercer en réalité une
action décisive sur la moralité et la raison humaine, que
le Christianisme seul pouvait relever de Jeurs ruines. ·
Cette année, M. de Margerie, en revenant à des
tio'lls contemporaines, sera moins loin de Socrate qu'il ne·
semble, car il va rencontrer encore la Sophistique; et il
devra reprenqre les armes de Socrate, pour combattre ces
doctrines erronées et funestes, jadis confondues déjà par
le sage de la Grèce, mais toujours prêtes à renaître, sur-tout dans certaines époques confuses, où les passions ont
obscurci la lumière des intelligences. Il est en effét des
époques plus sereines, où le philosophe peut se livrer en
paix à la.spéculation recueillie des vérités éternelles,
Edita doctrina sapientum templa serena.
Mais il est d'autres temps, où il doit au contraire se porter
aux frontières de la vérité menacée, pour repousser les
barbares. Aujourd'hui s'élèvent de toutes parts les cris
discordants de mille systèmes ennemis, qui, au nom de la
sCience et du progrès modernes, insultent à la foi du
genre humain, et s'apprêtent à donner l'assaut à la philosophie spiritualiste et chrétienne. C'est là qu'est le péril.
Sans s'arrêter longtemps au Panthéisme et au Matérialisme, dont il s'est déjà occupé maintes fois pour en montrer les contradictions et la commune impuissance où
sont ces deux âoctrines de rien sauver de l'ordre moral,
�-
-
le. Professeur insistera hien- davantage sur le Positivisme,
qui e.s.t une des plus décevantes tentations de notre temps,
et il montrera combien son nom est usurpé; comme les
réalités sensibles, les seules qu'admette cette Ecole, sont
bien moins positives et moins réelles que les vérités métaphysiques, niées par elle, etqui en sont pourtant Pindîspensable fondement. - Puis, choisissant toujours, entre
les questions, les plus actuelles, :M. de Margerie discutera
les bases de la Morale dite Indépendante, moins assurément à cause de sa valeur scientifique qui est à peu près
nulle, qu'à cause des séductions qu'elle exerce sur des
esprits moins clairvoyants, et à cause aussi d'un certain
état maladif des âmes dont elle est le symptôme. Il lui
sera facile de démontrer, que, vouloir constituer la Morale
indépendante de Dieu, c'est constituer l'homme indépendanfde la Morale; qu'isoler en effet la Morale de la Méta·physique et de la Religion, c'est ôter au devoir ses principes et sa sanction. La Morale indépendante est une
chimère. le conçois que des. esprits honnêtes et sincères
aient pu à cet égard se faire illusion; il les faut éclairer.
En é<:outant M•. de Margerie, ils ve.rront que ce noble et
valeureux champion du spiritualisme chrétien ne fait, en
relevant le défi, que défendre la cause de la Raison humaine et de l'ordre moral tout entier.
Combien M. de Margerie a étudié tous ces systèmes de
la philosophie contemporaine. et comme il les connaît
dans leurs aspirations spécieuses et leurs faiblesses intimes, c'est ce qu'ont pu déjà apprécier les auditeurs assidus de ses Cours. C'est ce que savent aussi _tous les esprits
sérieux de notre temps, attentifs à suivre cette lutte
ardente des doctrines, et
dans nos Revues et nos
�-
73
-
.Journàux les plus accrédités, voient M. de Margerie sans
cesse sur la brèche et au premier rang parmi les plus zélés
et les plus illustres champions de la philosophie spiritualiste en périL J'en atteste ces nombr_eux articles publiés
dans le cours seul de cette année par la Revue d'Economie
chrétienne sur la Spi'rùualité de l Amè et le Matérialisme
moderne, sur la Science positiv.e et la Métaphysique, sur
l'Histoire de la philosophie; sur 1' Economie politique et le
ChriStianisme,' etc., sans compter tant d'autres articles de
critique littéraire, aussi charmants que profonds, où ce
facile esprit, défendant encore la même cause dans les·
questions d'art et de goût, montre avec tant de souplesse
et d'éclat cette variété singulière de talent, que vous lui
connaissez.
Encore un mot, Messieurs, et j'ai fini. Mais en vérité,
quand je me trouve en présence des jeunes gens de nos
Ecoles, je veux leur dire que nous souhaiterions de les
voir en plus grand nombre à nos Cours et à nos Conférences. Nous n'avons jamais voulu user avec eux du
Règlement .qui les oblige, et faire ·d'appel.
éludes
libérales manqueraient à .leur titre, si elles prétendaient
forcer les sympathies. C'est par l'attrait seul, et le sentiment de leur propre intérêt, que nous voulons réunir et
garder autour de nos Chaires une élite d'étudiants sérieux, et ayant fait d'assez bonnes études pour en conserver le besoin et le goût. Mais tous, mes amis, en mûrissant
davantage, ne sentez-vous pas de plus en plus l'incomplet
de votre éducation classique? Ne comprenez-vous pas,
combien, pour vos études professionnelles
et pour la carrière où vous vous proposez d'entrer, ·)q
�-
n-
philosophie, l'histoire, les lettres doivent contribuer à
étendre les vues de votre esprit et à en éclàirer la marche?
Mais outre cet intérêt plus immédiat, nous voudrions que
vous éprouvassiez le désir de venir entendre parler ici
par intervalle des choses de l'esprit et del' âme, qui n'ont
guères cours. dans le coi:nrùerce ordinaire de la vie; ou
plutôt encore de venir converser directèment, dans une
sorte de société intime et familière, avec ces beaux génies
de tous les siècles, dont nous ne sommes que les interprètes, et qui n'ont survécu, que parce qu'ils avaient su
· trouver la forme immortelle pour exprimer toutes les
grandes pensées et tous les nobles sentiments de notre
cœur.
�
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Title
A name given to the resource
1868 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, des sciences, des lettres et de l'École de médecine et de pharmarcie de Nancy, le 18 novembre 1868
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté de droit. p.5. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des sciences. p.6. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des lettres. p.6. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. École Préparatoire de médecine et de pharmacie. p.7-8. </li>
<li>Procès-Verbal de la séance. p.9-11. </li>
<li>Allocution prononcée par M. Maggiolo, Chargé des fonctions de Recteur de l’Académie de Nancy. p.13-22. </li>
<li>Rapport de M. Jalabert, Doyen de la Faculté de droit. p.23-38. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.39-51. </li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.53-74. </li>
<li>Rapport de M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie. p.75-95. </li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy pour l’année scolaire 1867-1868, parM. Jules Liégeois, Professeur. p.97-110. </li>
<li>Distribution des prix. p.111-114. </li>
<li>Ecole de médecine et de pharmacie. Prix accordés par son Exc. Le Ministre de l’Instruction Publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.115-116.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1868
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Veuve Raybois, Imprimeur des Facultés, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1868
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
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270965c95ab6e6c1c730c50ae6f06348
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Text
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"
"
!
�SOLENNELLE
. DES
ÉTABLISSEMEI!ITS
D'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
��UNIVERSITÉ IMPÉRIALE. -· ACADltMIE DE NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTES
DE DROIT
';
DES SCIENCES
DES LETTRES
ET DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE .
DE NANCY
Le 16 Novembre 1.888
NANCY
SORDOILLET. ET FILS, IMPRI!\ŒURS DE L'ACADÉ!I-IJE
Rue du Faubourg Stanislas, 3
��RAPPORT
DE M. CH. BENOIT
DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES
MoNSIEUR LE RECTEUR,
MESSIEURS,.
1.
fO Baccalauréat ès Lettres. -Je ne sais si nos études clas-
siques ont un peu fléchi, ou .bien si la Faculté, dans le désir de
le.s relever,. s'est montrée cette fois plus sévère ; mais dans les
Examens du Baccalauréat ès Lettres, mème à la Session d?août,
le chiffre des Candidats admis est resté au-dessous de la moyenne .
des années précédentes. 53,35 seulement pour 100 orit été reçus Baèheliers. C'est encore un peu plus de moitié sans doute;
et je conviens que ce chiffre même de moitié est rarement atteint
dans les ·autres Académies de l'Empire. Nous étions accoutumés
toutefois à un meilleur.succès. Et certes la prospérité des Etablissements publics ou privés d'Instruction secondaire dans notre
ressort Académique, la généreuse émulation qlli-les anime, la
�-
44
-
force de leurs études, le mérite et le- zèle ·de leurs Màîtres, 1; es...,
prit laborieux de notre jeunesse Lorraine, tout justifiait assez
cette supériorité de nos Examens ..
Pourquoi donc n'y compterions-nous .pas encore? - Certes
les éclatants succès des Elèves de notre pays au dernier Concom·s
général montrent assez ce que vaut l'élite de nos classes.
c'est le gros de l'armée, qui a moins répondu à notre attente.
Pourquoi'? Je ne sais. Peut-être n'est-ce là qu'une circonstance
fortuite, dont il serait téméraire d'assigner les causes. Il y a là
en effet, comme partout, des veines plus ou moins heureuses;
toutes les moissons ne se ressemblent pas. Peut-être aussi faut·il
regretter que notre éducation moderne n'abrite pas toujours assez
la jeunesse, qui aurait besoin de mûrir en silence dans l'étude désintéressée, contre les souffles troublants du dehors et ces agitations anarchiques des idées, où les âmes se consument et s'énervent. La liberté de la Presse, avec les inévitables abus de la
critique qu'elle entraîne, nécessaire dans un Etat libre, n'est pas
de mise au Collége. Avant dedevenir contemporains et d'entrer
dans les préjugés et les passions de leur siècle, je voudrais voir
les enfants grandir et se former aux viriles pensées dans la pure
et sereine atmosphère dù monde antique. L'écho de:s voix du
dehors trouble et dispef,se leurs esprits.
ce n'est pas par èe côté seulement que je les trouve trop·
de leur
L'impatience, qui est un des défauts de notre siècle,, la passion de jouir sans avoir pris la peine d'acquérir, et de
recueillir ce qu'on n'a pas semé; ce mal, dont notre société moderne est travaillée, a atteint aussi nos jeunes générations. Nos
enfants aussi, à peine partis, 'VOUdraient arriver; ils aimeraient à
emporter le prix sans l'effort, et à supprimer le travail, cet indispensable apprentissage de la- vie. Et leurs familtes, avec les
meilleures intentions, secondent· trop souvent cette impatience
Iuneste. En général nos enfants commencent leurs études trop
�-
ta -
jtJuRes •. A,ussi -parfqis n'en; retirent"' ils, avec. beaucoup· de labeur,
qu'un médiocre profit. Toujours ·par. leur .âge au-dessous de .la·
classe otà ils sont, incapables malgré leurs efforts d'ouvrir leur
jeune âme à tout l'enseignement qui y est donné; rhétoriciens,
quand le développement de. leur esprit est à peine au niveau de
la troisième; philosophes, quand ils devraient encore cultiver
leur imagination dans les classes d'humanités; ils n'arrivènt ainsi, .
le plus souvent à grand'peine, qu'à faire .des études superficielles,
ingrates, en partie stériles, dont ils n'ont connu que les épines,
sans en goûter lechat'me, et qu'ils ont hâte de finir pour n'y revenir plus. Toute chose doit être faite en son temps; cette culture hâtive de la serre ne produit d'ordinaire que des fruits sans·
couleur ni saveur. On ne le voit que trop dans ces Examens du
Baccalauréat, où, jugeant les études dans leur ensemble, nous
pouvons constater quel modeste bagage la plupart de nos en.fants, pour· traverser la. vie, emportent de leur éducation hâtive
et prématurée.
L'an dernier, 360 candidats s'étaient présentés à l'Examen du
Baccalauréat ès Lettres, et· 193 àvaient été reçus. (Proportion
'de 53,6 pour 100 environ.)- Cette armée, nous avons compté
4\03 Candidats; à savoir 16 à l'insignifiante Session du. mois de
mai; 262 à la Session d'aoùt, et 1'25 à la récente Session de
. novembre, èlose à peine d'hier.
Sur ce nombre, 215 candidats ont été admis au grade et i 88
ajournJs. (Proportion de 5.S,35 pour 100.) Chiffr,e modeste.
Mais modestes aussi ont été en général les mentions obtenues par
les Candidats admis.
6 seulement ont mérité la nole bien. Ce sont : N!NI. Davau,
Lagneau, Louis, Veil, 'Petot, Mayran.
4 ont été reçus avec la note assez bien, et 167 avec l'humble
men ti on. pass·ablement.
En tout, 215.
�-
46. -
Sur f 88 éandidats ajournés, 1 b6 }'ont été après l'épreuve
'éc1·ite, et 32 seulement après l'épreuve m·ale (1).
L'épreuve écrite reste toujours, comme volis voyez, l'épreuve
décisive. On le conçoit bien, quand on sait comment elle est aujourd'hui constituée, avec trois compositions combinées ensem.-.
ble de telle sorte qu'elles peuvent rendre à elles seules un complet et presque infaillible témoignage des études classiques de
nos Candidats, et du fruit qu'ils en ont recueilli. Et à ce sujet, je
ne puis que répéter encore ce que j'ai déjà maintes fois dit ici.
C'est que des trois compositions, la dissertation philosophique
(1) Tableali, statistique dês Examens.
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.est décidément la meilleure. Elle est incontestablement supérieure
au discoitrs latin, qui, pour là plupart de nos Candidats; reste
une œuvre tout artificielle, où non-seulement l'éloquence mais
encore l'histoire et le bon sens demeurent· étrangers, et qui consiste uniq,uement dans l'art d'ajouter avec plus ou moins d'industrie à un sujet quelconque des lambeaux disparates du Concione.s. En dépit du Dictionnaire historique de Bouillet, désormais
laissé en lèurs mains, l'histoire même continue d'y être absente;
et la phrase 1 dénuée de faits et d'idées, s'étend en une amplification banale et stérile. Heureusement pout' beaucoup de ces jeunes gens, qu'ils ont (à côté de leurs discours) la version, pour
témoigner de leurs étudQs latin,es. Mais surtout il est avantageux pour plusieurs que la dissertation françat'se de philoso:..
phie ait été depuis quelques années 'ajoutée aux deux autres
compositions; Car bien des Candidats, insuffisants d'ailleurs,· ont
dù au mérite de leur dissertation de racheter la médiocrité de
leur discours latin, et d'être admis par voie de compensation. Ils
nous prouvaient, dans cette composition, qu'ils avajent appris à .
penser avec justesse et avec méthode, et qù'au mo.ins en français ils sàvaient exposer leurs pensées avec clarté, exactitude et
correction.
En publiant hautement notre dessein d'attribuer à cet ensemble
de compositions une importance. prépondérante, je ne voudrais
pourtant pas avoir l'air de conseiller à nos Candidats la négligence dè l'ép1·etwe m·ale. Beaucoup, en effet, paraissent ne pas
préoccuper assez; et · cette seconde partie de
quoique réservée seulement aux' meilleurs, laisse toujours fort
à désirer. On se tire encore passablement de l'explication des
auteurs latins; mais l'étude d'u g1·ec est négligée; et nos clas..;
siques français n'ont pas encore trouvé leur juste place dans
notre éducation nationale. Il est rare, en effet, que Fon ait vrai-
�-
48
-
·
lu les quelques
Prqgrarmne. ,._,.,,
pltitosop.hie. du moins .ici, comme. dans fépreu/ve éf;rite, tient
mieux son rang• Mais que dire ,de }:ltistoire. et. de la géographie'!
Pour avoir le droit d'oublier l'histoire ancienne à I:Examen, nos
enfants n'en savent guère mieuJ< l'histoire ·de leur temps. On n'a
rien gagné à alléger le programme; ils ont fini presque par le
supprimer.
remarque à l'endroit ,des sciences. Aussi plusieurs Candidats, après avoir satisfait .aux autres conditions de
l'Ex<lmen, se sont-ils exposés à ètre •refusés po.ur leur i:nsuffisa,nce en physique et en mathématiques. C'est encore à cette
lacune qu'il faut s'en prendre le plus souvent, si nous paraissons si avares d'honorables mentions. C'.est que nous entendons
que nul ne s'afiranchisse d'aùcune partie du Programme •. Le
Baccalauréat ès Lettres doit représenter l'ensemble des
sances qui constituent aujourd'hui l'éducation d'un honnête
.homme : et en vérité, les sci!:mces occupent une trop grande
place d!lns notre siècle., pour qu '.un homme bien
ne soit pas
tenu d'en posséder atJ moins les éléments.
Lice.nce ès Lettres. - L'Exnmenpour Je grade de licencié
nous a donné une moisson généralement meilleure. 6 C(\ndidats
1 sur 9 ont été admis à la Session de novembre /868; et 4 sur
10, à la Session dernière de juillet 1869.
'
.'
'
,
,
Ce sont,, par ordre de mérite, en novembre :
MM. l'abbé Thouvenin, de la Maison des Hautes Etudes
siastiques.
L'abbé··!Jforel, ·,Professeur· au Petit·Séminaire,de
Mousson.
Mélése,.
. Élèves de Faculté.
Thomas,
La font, 1\'Iaître 1'épétiteur aù Ly,cée. dè Metz.
�A'la SéSsiiJln de jrtiUet :
Lombard, Elève de; rà Facol!tê.
lira, ,Professeur au Collège de' RemÎrëmonfr.
Ma;rti1i, Pr{)fesseur au Cfjllége de Sedàrh
Gaîllot,
at:rxîliàireau Lyceè de'Nancy.
Au sujet de ces Candidats; je ne 'puis mieû1daife que de êitèr
le témoignage tendû. par la Commission qui est chargêe au
Ministère d'apprecier la v::ileur relative dés épreuves. « Dans la
» comparaison (y est-il dit) qui a été faite des résultats dés E'xa:..
• ·mens de "licence dans les dhers re'ssorts, l'Académie de Nancy
»· oéè<rpe une placé honorable, tant poûr· le nombre des Cândi» dats qui ont paru dignes du grade, que p-out le mérite réel de
"
d7entre eux. »
Qnelque èllèourageaht qtm soit ce re'Sûltat, et tÙùt ·eh M;llS
félicitant des vaillantes rècrues :qtrè notre Licèncè foùrn!tàl'-en:;..
seignemt:lnt, ce n'est pas à dire toutèfois qu1ici encore nous
rfayons â exprimer plü's d'un regret. Quelque ample que soit ·Ia
récolte en effet, assurément èHè n'a pas ehtol'è asSëz répondu rii
aux bienfaits de l'Université; ni à hos efforts, ni à nos légitimes
espérances; .......- Un des
actes de l'administration. de
M. DQruy avàit été de constituer auprès de chaque Faculté des
Lettres comme une succursale de l'Ecole nbrmale supérieure.
'à Nancy ,.îl n'a eli pour cela qu'à.régularîser les Conférences, que
depùis plusietirs années déjà nous avions spontanément organi.;..
sées J.lûur la prépal'ation des gràdès supérieurs. Mais en outr·e,
pour compléter cette œuvre excellente, il a institué, vous le savez, à· côté de nous, aù Lycée, un corps de
aüxiliaires, destiné à accueillir les jeunes gerJS qui se destinent à
l'Université, et qui ont l'ambition généreuse de se frayer leur
carrière par le travail et le mérite 'personnel. En même temps
que ces jeunes gens .doivent y faire l'apprentissage de la disci4
�-
no -
pline, qui est une des vertus dri Professeur, le. Lycée doit leur
laisser le loisir de poursuivre leurs études. - Institution simple
et féconde, .s'il.enfût., et en même temps des. plus nécessaires.
Car où donc, en dehors de l'Ecole normale, les aspirants à l'en-·
seignement trouveront-ils ailleurs une direction, des conseils, un
ensemble d'études superieures à la fois et pratiques, pour les
guider. vers la Licence, l'Agrégation et le Doctorat?
Pourquoi cependant cette excellente institution n'a-t-elle pas
porté jusqu'ici tous les fruits qu'on en devait attèndre? Pourquoi
le choix des jeunes gens qui recherchent ce bienfait, n'a-t-il pas
toujours été plus sévère? Pourquoi n'ont-ils pas mieux compris
les avantages qui leur sont offerts? Pourquoi plusieurs se sont-ils
si aisement decouragés, quand on a dû leur faire sentir et la faiblesse actuelle de leurs études, et les efforts qu'ils devaient s'imposer? Croyaient-ils donc que la Licence n'était qu'un second
Baccalauréat, ou quë ce grade se donnait à l'anchmneté? Quoi
qu'il en soit., le zèle et le succès de quelques fidèles, auxquels la
Faculté témoigne publiquement sa satisfaction , ne suffit pas
.pour nous <:onsoler dela négligenc'e des autres. Nous espérons
du moins qu'à l'avenir cette. Institution des Maîtres auxili(lires, à
mesure.qu'elle sera mieux connue.et mieux appréciée, deviendra
enfin ce qu'elle doit être, un objet d'ambition pour notre jeunesse universitaire et une féconde pépinière pour l'enseignement
public. Nous pensons que nos jeunes Maîtres (outre la légitime
ambition de leur avenir' et le dés ii' de s'élever par l'instruction)
se piqueront encore d'une généreuse émulation en présence de
ces ecclésiastiques réservés aussi par leur Evèque pour l'enseignement, et qui, appréciant mieux les ressources de ces Conférences, les suivent avec tant de zèle et en sortent avec tant de
succès.
Tous nous peuvent rendre cèttejustice,.qu'à leur bonne vo-
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1H
-
lontéjarnais la nôtre n'a fait défàÙt. J'ajoute que, pour la prospérité de ces Conférences, jamais notre Faculté n'a été mieux
organisée qu'aujourd'hui. - Elle vient de faire encore pour cela
une acquisition précieuse.
Hérnardinquer (qu'il suffit ici de
nommer) et que tout le monde conn ait comme un !\'laitre du goût
le plus délicat et de la plus sûre érudition, a été autorisé par le
Ministre à me suppléer, pour ce semestre, dans la Conférence
de littérature grecque. Obligé par ma santé de restreindre mes
fonctions, je puis me reposer sur lui en-toute confiance. M. Gebhart garde la Conférence de franç;3is, dont il s'acquitte si bien.
Quant à M. Eugène Benoist, qui reste chargé des études lati;;.
nes,je n'ai pas besoin de dire sa compétence. L'Europe savante la
connaît. Mais vous surtout, jeunes'gens, qui avez. suivi ses Cours et
ses Conférences, ou qui avez recouru â ses conseils, vous avez
pu apprécier sa passion de vous être utile et son zèle infatigable.
4 Ce que vaut un tel enseignem.nt, vous l'avez bien senti, vous particulièrement, Messieurs, qui, l'an dernier, accouriez le jeudi, des
• villes les plus éloignées de notre. ressort académique, à ce Cours
complémentaire de philologie supérieure, que M. Eugène
Benoist a créé ici de son propre mouvement à l'usage des lUaîtres
déjà licenciés, et que le
s'est plu à faire entrer sur-lechamp dans le cadre de son Eéole des hautes Etudès pratiques ..
Puisse M. Eugène Benoist nous rester assez longtemps pour
constituer ici cette Conférence supérieure d'une façon permanente, et puisse l'élite de nos jeunes Maîtres avoir le bon esprit
· d'en profiter!
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52
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IL
Après nos Examens, fai été ainsi amené par la suite de mon
sujet à vous parler de
Enseignement. Quelques mots seu..lement. à cet endroit: car, dans quelques jours d'ailleurs, chacun
de mes collègues et moi-même, dans notre
d'ou"\fertu:re,
nous nous en expliquerons devant vous d'une façon plu:s complète. Je me borne donc ici à rappeler en un mot l'objet du Cours
de l'an dernier, et à esquisser aussi brièvement le programme
des Cours de l'année qui va s'ouvrir.
Philosopltie.
L'andernier, M. de Màrgerie avaifentrepris
l'étude critique de cette philosophie
de nos jours,
sous .divers titres, s'attaque au nom de la scie!lêe à tous les prin"
cipes de l'ordre moral; doctrine.s sombres et malsaines, qui,
sous quelques noms qu'eUes se produisent, fatalisme ott pa:nthéisme, athéisme ou matérialismê, \positivisme· ou rt:wrale indépendante, commèncent. en effet ou aboutissent égalëment par
supprimer l'âme et Dieu. Il a été facile àù Professeur de montrer, non;-,.s(O)ulementà queUes
et funestes éonséquences
de tels systèmes arrivent dans la pratique, mais èncore combien
ils sont peu fondes à prétendre à la rigueur de la méthode
rirrientale, quand à chaque pas ils sont nécessairement infidèles à
ce procédé scientifiqcre,
cependânt ils se flattent de tout
réduire. Tout l'écha(auduge de cette prétendue philosophie positive, qu'on veut substituer à la métuphysique, s'écroule, dès
qu'on l'examine avec le sens :commun. Non, ]a méthode des
sciences naturelles, transportée dans l'ordre des choses morales.
�rie saurait suffire à tout expliquer; Aussi, après
avec le. Prof'6sseur ces systèmes assombris par une ·philoso.p;hie
sans conseiènçe et sans meu, qu'on est heureux, guidé par lui',
de sortir de ces régions ténébreuses, et de .rètrouver la lumière
des éternelles vérités, brillant dans un plus pur éclat!
Cet enseignement si opportun a fo!lrni à M. de Margerie la· matière de maints articles, qu'il a publiés dans plusieurs de nos
Revues. les plus autorisées, et où, descendant de la chaire pout
se mêler aux discussions de la science contemporaine, il s'est
fait contre ces théüries du matérialisme mo'derne l'éloquent champion de la philosophie spii·itualiste et chrétienne, et a été remarqué dans cette lutte comme un de nos publicistes les plus instruits
et les plus vaillants.
Cette année, 1\J. de Margerie, sans changer de question, ch\lnge
de théâtre.
en Angleterre qu'il se propose d'étudier le
:mouvement philosophique, depuis Bacon jusqu':aux penseurs q\lÏ
y représentent actuellement l'esprit spiritualiste et l'esprit
rialisre ou positiviste. Si l'Angleterre n'est pas le pays de la
grande métapnysiquè, si elle n'a eu ni un Descartes ni .un Leibnitz
à opposer à la France et à l'Allemagne; si un certain e&prit pra- tique y retient les philosophes plus près de la vie, et les empêche
:d'aller au bout de leurs systèmes, çe défaut (qui estsouvent
gesse) n'ôte.ricn assurément aux qualités scientifiques de l'esprit
anglais. t:ar, sans parler de Bacon, dont se
égalei::nent
les deux. càmps philosophiques, quelle traceprofonde., d'un côté,
Clarke, Adam Smith, Reid et toute l'Ecole écossaise; et de l'autre
côté, Hobbes, Locke, Hume, Stuart-Mill, n'ont-ils pas laissée dans
toutes les questions qui nous passionnent enèore aujourd'hui?
N'est.. ce .pas Locke, en ·effet, qui con1mence la réaction contre
l'Ecole cartésienne, et prépare 1a dominatiQn dti
.en
Fr;mce?
pas à l'Ecole de Reid, que Royer.,.Collard èt
�-
54
-
Victor Cousin ontappris à réfuter Con.dillac? N'est-ce pas enfin
à Stuart-Mill, que nos plus sérieux positivistes empruntent encore
leùrs plus spécieux arguments contrelà métaphysique? Si bien
qu'on ne saurait rien comprendre à l'état actuel de nos contra..;:
verses philosophiques, qu'à la condition d'en chercher les antécédents de l'autre côté du détroit, aussi bien qu'en
_
Or, pour une telle excursion, vous savez que vous ne pourriez
de Margerie, ni sûrement
trouver tin guide mieux instruit que
uri Maîtré qui expose avec plus de clarté les systemes même les
plus abstraits, et les juge avec plus d'autorité.
·
Histoi1·e. -L'tm dernier, l\f. Lacroix s'était proposé d'étudier
la période qui s'étend d'Auguste à Théodose, én menant de front
l'histoire de l'Empire romain et celle de l'Eglise, pendant les
. quatre premiers siècles de leur existence. H avait commencé à
vous retracer les origines et lè caractère propre de ces deux
· grandes institnüons, qui ont été, sans contredit, ce qui s'est
·jamais' fondé de plus considérable pour le double gouvernement
spirituel et temporel du monde. Il allait ensuite vous exposer
Hmr
pendant cette lùtte de trois siècles, qui aboutit.
enfin à les réconcilier au pied de la Croix victorieuse, lorsqu'un
douloureux événement de famille est venu l'interrompre et rem-·
pêcher de terminer son programme.
Cette annee,· le Professeur va reprendre ce_tte histoire de
l'Empire et de l'Eglise au moment où le grand édifice politique
et religieux de Constantin et de Théodose, à peine achevé, commence à menacer ruine. Déjà sourdement minée par ses propres
. vices, l'immense monarchie reçoit en outre du dehors·dès coups
qui l'ébranlent et la font bientôt tomber d'une chute irréparable.
Au lélldemain de Théodose, l'Empire s'écroule en Occident ; les
barbares s'en disputent les lambeaux; et les tribus germaniques
�-
5!)
-
s'inst:1llent sur ses
dont elles feront entrer les matériaùx
épars daris la création de nat.ions nouvelles . .,.....-Ici, s'ouvre le
Moyen Age, dont M. Lacroix a le dessein d'étudier au moins la
première période, de Théodose à Charlemagne ; période confuse
de quatre siècles, où s'achève la destruùtion de l'ancien Monde,
ets'ébauche l'organisation du
moderne. Quant à l'Eglise;
vcus la verrez échapper à ce naufrage de la société politique,
comme une arche qui surnage eur: l'abîme, .portant dans ses
flancs les destinées de l'avenir. Restée seule en face des barbares,,
elle saura amortir, par son action bienfaisante, la violence de
leur choc, et les amener frémissants, mais soumis, à reconstruire
de leurs mains un nouvel Empire, où domineront r esprit du
Christ et les lois de l'Evangile. - Epoque confuse, sans doute,
mais féconde, où germe sous les ruines un monde nouveau.
Plus que toQt autre, le spectacle de cette époque peut nous révéler quelles sont les conditions essentielles d'existence des Sociétés, en nous faisant comprendre ce qui les ·fait mourir et ce qui
· les fait vivre. Voilà l'enseignement que M. Lacroix s'attachera
surtout à dégager de cette étude; voilà l'intérêt toujours actuel
que peuvent offrir ces grandes leçons du passé.
LÜtértûu2·e àncienne. -L'an dernier, l\L Eugène Benoist,
s'attachant à l'étude d'un seul genre, le Genre historique, en a
suivi le développement successivement en Grèce et à Rome,
depuis ses humbles origines, jusqu'an jour où, dans l'une et
l'autre langue, ce genre est arrivé à produire des chefs-d'œuvre.
C'e8t ainsi que, chez les Grecs, il nous a montré la narration
encore à demi-poétique d'Hérodote succédant. aux tentatives in.certaines des Logographes, et bientôt après Thucydide révélant,
dans son œuvre puissante, à quelle hauteur. de pensée et de style
peut arriver no homme de génie, qui est à la fois un politique,
un philosophe et un artiste. - Chez les Romains, à leur tour,
�-
56
après une revue rapide.des·.essais·1ie
teurs, le. Professe1,1r $'tJ&t.arrêté surtout à l'œuvre à la fois sin:...
gu,lière et forte de.
ilhoulir ·aux· auteurs de !\l'émoires,
et
ces CQ,mmimtaîrcs de César, où l'art 1".\istorique a ·
atteint aussi à Rome son expression la plus parfaite.
Cétte anhéè, M E. Benoist a adopté pour son Cours un nou..
veau plan. Au lieu de trai:ter, .c,omme les années précédentes',
questions spéciales sans lien dii•ect eDtre elles, il se propose
de C\immencer avec vous une histoire .complète de la Littératurè
latine, dont. il poursuivra le.
régulier les années
suivantes. Le CO:urs de Littérature ancienne à 'la Faculté de
Nancy a déjà produit une remarquable histoire de la Littérature
grecque. Espérons que, dans quelques années, le digne sucees.;.
seur de
Burnouf nous donnera à son tour une histoire de la
Littérature latine, dont nous aurons eu ici la primeur, et dont
notre Faculté s'honorera d'avoir été le herc.eau. Cette année,
Benoist, .remontant les siècles de. Rome, s.''l!ttachera aux ori...
gines, et étudiera d'abord
divers éléments dont s'est formée
cette nation prédestinée, son. caractère, son génie, sa langue
réservée à une si haute fortune., et enfin la culture et les
.intlu,ences d'où d.evai,t soi'tir la Littérature r.omaine. L.'intelligi'Jnce rDm;lioe est .lente à se débrouiller. Tournée toute entière à
futilité et à l'intérêt
elle ne commenee .à s'ouvrir aux
arts que dans son contact avt:)e la Grèce de l'Italie méridionale.
Mais alors. une .noble ém'U,lation ·pour cette civilisation brillante
des vaincus s'empare de quelques esprits d'élite. Benoist suivra avec soin les: premiers. essais, encore à demi-barbares, que
provoque chez les Latins ce.tte émulation généreuse. Il s'arrêtera
moins aux ébauches épiques ou historiques, dont il vous a
tenu l:es années précédènte,s., pour s'occuper davantage des
eeuv,res;
ttui sont encore la meilleure pari de cette
�-
57-
latin.e. au
· <}e$ (joerres Puniques.
de Plaute, ses. !Hic....
lesquels il s'efforcera de démêler ce qU:i
à.
des modèles grecs et ce que le Comiqu>è
latin y a mêlé de mœurs romaines. Enfin, au bout. de cette. péil retrouvera Caton,, chez lequel il. étudiera particulière- _
l'orateur, après avoir, ran
l'historierl'• .c'est
par cet h0rnme d'une physjonomie si originale et si
qu'il se propose de dor\'l cette époque, Fune dct;Js plus
santes assurément de l'histoire intellectuelle de Rome.
1e
p0ètes
Outre son enseignement multiple, notre savant Collègue poursuit la publication des Classiques latins de la grande édition
Hachette, dont le soin lui a· été confié. Au tommenèement de
cette année, il donnait le second vo1ume de son Virgile, précédé.
d'une excellente introduction, où il expose son système de cri-..
tique, et· où il nous fait surtout pénétrer avec une sàgacité lumineuse dans l'inspiration et le plan de l'Enéide, dont il nous fait
ainsi comprendre la grandeur et l'intérêt national. - Bientôt le
troisième volume va paraître, attendu avec une vive curiosité par
le monde savant. Car le renom de l'auteur est fait. Dès son preInier volume, justice a été refjdue à
œuvre reil1arquable
-d'érudition .et de goût, par les témoîgnages de la plus· compéJ..
tente autorité, qui lui ont assigné une des meilleures places
parmi les ,travaux de la science moderne. Sainte-"-Beuve, qui a si
bien loué ce premier volume, n'a pas eu le temps d'apprécier le
second. Mais les critiques d'outre-Rhin; Hoffmann de Vienne,
Wagner; le virgitisant par excellènce, ont salué dans M. Bug.
Benoist un de ces savants que la France pourrait opposer désormais à l'orgueilleuse Allemagne. Latiniste consommé, et Il1ême
l'un des premiers, au dire des bons juges, versé dans les méthodes critiques de la philologie, il a àppliqué au texte de Vir-'-
�-
1)8
'
'
gile les principes les plus sùrs de restilti!ionet âe correction ; et
ses heUreuses conjectures, déjà dcvènues ·classiques, ont prouvé
sa pénétration et sa compétence. Etonnée elle-même d'im tel
succès, .la maison Hachette tient en réserve pour M. E. Benoist
les auteurs latins les plus considérables. Déjà M. Benoist prépare
de loin un César , Horace viendra ensuite, puis Plaute. C'est
un honneur pour notre
que de tels travaux soient datés
de Nancy. Cela ne contribuera pas médiocrement à augmenter
la réputation savante que nos aînés ont faite à notre ville.
LiUéi'atu;·e ·française. - L'an dernier, je vous retraçais le
tableau des. Lettres françaises sous le patronage de Richelieu,
qui se faisait une si haute idée du rôle de la France 9ans le
monde, et de l'ascendant qu'elle était appelée à y exercer par
son génie et par sa
veux poursuivre, cette année,
cette histoire du grand siècle. Mais avant d'arriver aux beaux
jours de Louis XIV, pendant la Régence d'Anne d'Autriche et le
ministère de Mazarin, nous aurons à traverser unE) époque troublée. L'anarchie de ·la Fronde, avec ses passions mesquines et
ses ambitions ridicules, ne se fera pus moins sentir dans les
Lettres que dans l'Etat. L'esprit franç<lis hésite dans ses voies; le
goût s'altère ; la fantaisie domine de nouveau. C'est le règne du
pamphlet, de la caricature, des vers satiriques et burlesques.
Le vieux Corneille s'éclipse : c'est Chapelain qui régente le Parnasse; c'est cet avorton de Scarron qui est en vogue, l'auteur
de l'Enéide travestie. - Mais, après cette orgie, tout rentre
dans l'ordre comme par enchantement. La France l!lcclame son
jeune Roi, qui clôt enfin ,cette frivole anarchie, et consacre par
la gloire la Monarchie absolue. Et l'on voit en même temps le
génie national, un instant troublé et arrêté dans son cours,
reprendre son développement splendide et fécond, et multipliet'
ces merveilles qui font de cet âge une des ères les plus brillantes dans l'histoire de l'esprit humain.
�-
59
-.
Littérature étrangère. -'- 1\L Gebhart se propose,
année, d'entrer par l'Epopée des Niebelungen dans l'1.1istoire de
la poésie allemande au .Moyen Age, et de poursuivre.cette histoire
jusqu'à la ,veille de la Réforme. L'an dernier, il ne faisait que
.préluder à ce tableau, quand il étudiait le Paganisme germanique, et qu'il nous exposait les
et les légendes popu.;.
laires de ces antiques Religions du Nord, en les comparant aux
Mythes helléniques et orientaux, qui en ont été la source loin-:taine. - C'est
effet, l'on ne saurait pénétrer dans le génie
de cette poésie si originale et si profonde de la vieille Allemagne,
qu'à la condition d'être ainsi remonté à ses mystérieuses origines ;· il faut avoir assisté au' développement de ces croyances
primitives des fils d'Odin sut' la vie,.universelle, sur la nature et
sur le monde surnaturel; il faut avoir vu comment c<'s notions
primitives persistent encore, même en se transformant· dans
l'imagination populaire sous l'influence du Christianisme. Le Pro" fesseur vous fera suivre la perpétuité de cette mythologie orjgi nelle, .jusque dans les œuvres de cet Age d'or littéraire, où
éclate en plein Moyen Age le géniè poétiq1,1e de l'Allemagne,
alors qu'on le croyait encore plongé dans la barbarie. Ainsi vous
retrouverez encore presque intacte l'antique tradition païenne et
héroïque dans les Niebelungen, et même dans le Roman du
Renar.t. - Déjà cette inspiration se modifie et est renouvelée
par la foi chrétienne. dans les grands poëmes chevaleresques et
mystiques du Titurel et du Parcival. - Elle finit par disparaître entièrement dans les Chants des Minnesingers, ces troubadours de la Germanie, qui, en Souabe et sur les bords du
Rhin, semblent déjà, dans leurs pqésies amoureuses, préluder à
Pétrarque. M. Gebhart, en retraçant ce tableau, ne négligera
aucune des circonstances extérieures, qui .ont profité alors àu
génielittéraÎI'e de l'Allemagne. Ici ce seront les Croisades;
loin les luttes de l'Empire 'avec le Saint-Siège, qui mettront l'es-·
�......;.
60
-
prit gei>manique en contâet :rvec T-üriênt:, 6a âvec les arts de la
civilisation renaissante· en Italie.
En J!larcourant avëé vous la vieille AllemagM, et ses sombres .
:oroyanëes, et sa·mélancolique poésie, M. 6e!Jhart tl'e saurait ce.,
pendant oüblier la Grèce, cette patrie de prédilection de son
imagination et ;de ses éi!Pdes. Cette année même, il publiait un
savant et ingénieux travail sur la peinture de genre dans tan;..
tiqûitê, qui est une véritable découverte. U ne s'en tiendra pas
là.
il veüt poursuivre ses recherches sur les arrs des peuples anciens, en allant les étudièr, comme ill' a fait jHSqù'ici, dans
les mon;tlments qui en sont restés, et comme dans la
qui
les a vus naitre. Ce lJi'emier essai nous mo'fit re· que ce n'est pas en
artiste Seulement qu'il fait sès explorations, n'lais que c'est BD COre
poète et en philosophe. Car ilse plaît à rapprocher
t()us les ar:ts, toutes 'les prodneüons de la pensée d'un siècle, pour
en éclairer les œuvres plastiques qu'itétudie.., et nous en montrer
la eoncurdanee harmonieuse. C'est que, chez une race et à une
:époque originales, toutes les manifestations .de l'esprit. concourent
·à èxprimer en un parfait concert une in&pirati6n et des idées
identiques.
C'est i·e mème point de vue (Jtii a suggèré à M. Gebhart son
.étude sur la Vie épi&urienne à
C'est en effet dans ces
villas voluptüeu:ses de la baie de Naples, qui vous enivrent d'une
molle et douce langueur, que s'encadre le. mieux cette philosophie du plaisir .. Nulle part l'oorivain. ne nous a fait en cote plus
vï:vefuent sentir combien la contemplation des lieux nous donne
mieux que les· lîvres le vivant commentaire et le sentiment des
·thosces dn passé;,
A nos Cours ordinaires va s'âjouter cette
ànnéè un enseignement- nou'\'eau. Un des dernièrs actes d'e
M. Duruy, en quittant le Mitltstère, a été d'autoriser M. Pi:ngaud,
Géographie.
�-- M
Professeqr d'histqire au
à fajre
notre
qn
CO!f4rs cqm.plém«nt{lire de géoqra.phie. La Faculté des LetWes
Paris avait. seule Jusqu'ici une chaire
à cette
qui,. après avoir été si longtemps n,ég\i,gée en france, revepdiqiJe
· roàint.enant l1:1 place qui
.est due dans nQtre .instruction.supérieure.
grâce au zèle· spontané de. notre jeane Collè.gue-,
aura la bonne fortune d'inaugurer cet enseignement en province, ·
Je n).i pas besoin de. vous signa) er l'importruxce de ces Cours,
Non-se.ulement la gé.ographie
l'auxiliaire. naturelle et indispensable de l'histoire, dont elle éclaire Ie.s événements en les replaçant sur leur théâtre; non-seul.ement elle. n,ous explique les
de$ races et souvent le cours des faits par.les mille in...:
fluences du sol, du climat, des productions, ètc,; mais encore à
elle seule, eUe inspire de
en plus é!U:X esprits sérieux le plus
vifintérêt. Observer en effet Je glob.e où nous vivons, ses conditions d'existence, les lois selon lesquelles les diverses productions de la nat lire y sont
examiner surtout la variété
des peuples qui l'habitent, leurs cara.ctères, leur puissance, leurs
. ressources, leu.r action; voilà certes un admirable champ ouvert
à notre curiosité, et d'où l'ot;l peut retjrer les enseignements pra·
tiques les plus utiles. - Mais particulièr\)ment à uQe époque
_ comme la nôtre, où s'achève la découverte de la terre entièret
poursuivie depuis trois siècles partant de hardis explorateurs;
au morpeqt où la scifmce appliquée à l'industrie rrmltiplle, avec
ses voies· de fer et ses fils télégraphiques, les communications
entre les peuples, les études géographiques .ne s'imposent-elles
pas de joUr en jdur davantage aux sociétés modern.es?
Quelle que. soit d'ailleurs la grandeur
événements dé notre
siècle, .c'est peùt-être encore. par l'impor.tance de ses découvertes
géographiques, que notre âge laissera s.a tl'ace là plus durable
et la plus éclatante dans l'histoire du monde. Nous la voyons en
effèt s'achever enfin de nos jours, la 'grande œuvre de la con-
�-- .62
'--
.et
quête du globe, ébauchée par ;les Vasco de Gâma les
phe Colomb. Le roi de la création arrive enfin à prendre en\iêre
possession de son empi:e.
rhomme ne veut ras seulement
joùir de ses conquêtes sur l'inconnu; il les veut mesurer; en
apprécier l'importance, en saisir à l'avance les résultats. Il veqt
·franchir les derniers obstacles que là nature élevait devant lui; il
va, au delà des terreshabitables, à travers les sables brûlés de
l'Afrique ou les glaces· du pôle, demander à la terre ses derniers
secrets. De là les grands voyages de découverte des Bat'th, des
LiYingstone, des Humboldt, des
des Franklin; explora::.:
tions. vaillantes et fécondes,. qui résument les progrès récents de
la géographie, et par lesquelles 1\L Pingaud se propose d'inaugurer son Cours comme par une introduction nécessaire.
Mais en même temps que la science prend possession du globe,
les peuples civilisés sentent un besoin de plus en pins pressant
de multiplier leurs relations entre eux. Notre géographe étudiera
. donc tout ensemble les nouveaux moyens de communication que
la science et le génie de l'homme ont crééa de nos jours entre
les nations les plus éloignées. Pour ouvrir en effet de grandes •
voies au commerce et à la navigation, l'industrie humaine fait
servir toutes les
domptées de la 'nature. On inaugure en
ce moment le percement de l'Isthme de Suez, qui met le vieil
Orient à nos portes : on' s'apprête à percer celui de Corinthe;
Pana!na aura son tour. En attendant, les Etats-Uüis jettent d'une
mer à l'autre leur chemin de fer du Pacifique. Les routes du
monde sont changées; ses parties les plus éloignées se rapprochent sous la main de l'homme. En vérité, la géographie est aujourd'hui un chant de triomphe en l'honneur du génie de l'humanité et à la gloire du Créateur, qui, en appelant l'homme à une
telle destinee, lui a donné les moyens de l'accomplir. Certes
M. Pin gaud ne pouvait entrer dans èet enseignement nouveau par
un sujet plus heureux.
�-- 63 -Je compte, Messieurs, qu'une jeunesse sérieuse et avide- d(l
s'instruire saura profiter . de cet enseignement multiple,. que
l'Etat met si libéralement à sa disposition .• Parmi nos Etudiants
en Droit, ceux de première année surtout devraient se souvenir
que, si on leur a ménagé. tant de loisir au début de leur nou-.
velles études, c'est pour leur laisser le moyen de poursuivre leur
éducation littéraire, historique et philosophiqu.e, que le
·n'a pu qu'ébaucher.
Aujourd'hui plus que jamais, jeunes gens, vous avez besoin de
vous préparer à la vie qui vous atteqd par une virile instruction,
déet de vous prémunir contre l'esprit délétère du siècle et
faillances, par le
l'application sérieuse, les habitudes
d'une d-iscipline studieuse et la science solide. Car les temps où
êtes appelés à vivre sont difficiles. Les principes de l'ordre
politique et social n'ont été que trop ébranlés par nos révolutions;
les sophismes les plus étranges obscurcissent la lumière du jour,
et les chimères les plus funestes se mêlent souvent. même aux
plus généreuses aspirations. Notre siècle s'avance comme à tâ-.
tons vers l'avenir inconnu et redoutable. Et quand parfois incertain, éperdu, il s'arrête un instant sur son chemin semé, de ruines, pour interroger ses gÙides,il n'écoute le plus souvent que
la voix de ces prétendus sages et de ces faux prophètes, qui
(essayant de transporter le royaume du ciel sur la terre et· de
donner le change au rêve de bonheur qui nous poursuit) bornent
ici bas toùte notre destinée morale, et, en échange de notre avenir divin, font à l'homme déchu un bonheur à sa portée dans la
satisfaction de ses appétits. Ce nouvel Evangile cependant n'est
que trop accueilli par des esprits de plus en plus inclinés vers la
vie sensuelle. Car, tandis que l'homme (à mesure qu'il asservit
davantage par son génie la nature à ses besoins) devrait profiterde sa noble conquête, pour relever son âme 'plus haut; on dirait,
au contraire, qu'il s'absorbe de plus en plus dans les choses de
�-- 94 '-la mati:ëre, et qu'il'finit par perdre elltièfement de vttè 'et le but
de sa vie.; èt le soleil de son âme, qui est Dieu. Ii s'emble quete
bièn•êWe suit devenu J'iùniqueubjet de notl'e destinée. Aüssi, aux
jours d'orage, fàut•iF s'étonner de voir tant de trouble
et
de défmllance dans lès caractères! _Cette incertitude dès ):lrinei"'"'
pes', cette faiblesse des ·courages désorg:misés par l'egoYsn1e,
'èett·e langueur des âmes énervéE$ par lè septicisme· est comme
une épidémie de notre siècle; tout le monde le sent, tout le
m·obde en appelle le remède. Mais ce remèdè, où est-W!
Où est-if! Avant d\entrer dans la carrière de la vie,. vous ne
sauriez assez \rl:lus prén1unil', jeunes gens, dè lumière et de discipline, pour vous y;diriger et vO'us y soutenir; il faut que
missiez votre conscience sur des principes inébranlables; il faut que
vous appreniez à retever vos regards en haut, sursum corda, vers
les vérités morales, qui doivent être· le flamheaù. et· la Yertu de
vt>tl'e conduite. Il faut que vous sachiez les sources, où l'on petit
venir se retremper· par intervalles dans tous les sentiments élevés
t)UÎ font la grandeur et la dignité de la natul'e
II faut,
qu'après a'Voir goûté à l'idéal, vous en conserviez dans votre âme
la soif inextinguible.
Or,
(apFès la· Religihn, •qui non..setHemei'lt a rînfail""
lible flambeau pour éclairer toutës les situatiolls de la vi·e, mais
qui surtout nous donne seule là vertu devouloir·et d'agir)" je ne
sache
de pius efficace, que le commetce des bonnes
, lettres, pour relever ainsi les âmes, pour remettre sot'lstiùS yeux
. . .
. .
.
les 'éternellês vérités qui rendent à notre vie un nbjêt digne de
· .flous 'et rallument dans nos cœurs l'e fèu sacré des sentiments
généreux. Qù'est-ce en effet que le comm'erce des lettres, sinon
une société intime (que l'on retrouvè quand on le veut) avec les
grandes âmes de tous les
t::\11' petit-on être un gr.and écri'vain·, qu'â la condition d!av6ir un grand cœur, et d"ayoir su trouver, pour rendre dè hautes p'ensées et de nobles senthntmts,
'
�--
6!S
--
une expression qui les égale'! Il m'a toujours semblé; quant à
moi; que l'éloquence était l'écho naturéJ d'une grànde âme, et
que le génie et l'héroïsme étaient presque synonymes; que c'est
de la mème source, en effet, que s'inspirent à 1!1 fois les pensées·
élevées et les· grandes actions.- Non, l'on ne saurait, sans un
grand profit pOUl' son âme, hanter assidûment ces maîtres de la
pensée et de b vie humaine, qu'on appelle
Platon,
Cicéron, Corneille, Bossuet, Fénelon et tant d'autres, dans l'entretien desquels notre intelligence s'élève, notre conscienGe s' éclaire et
et notre cœur s'échauffe d'un noble enthousiasme. Leur élévation de pensée nous gagne ; leur grandeur
devient presque le tempérament de notre âme. Et ce n'est pas là
une influence passagère. Non, désormais, en sortant de ces entretiens salutaires avec eux, notre intelligence reste plus <mverte
à mieux comprendre tout ce qui est vrai, grand et juste; notre
.tœurplus.prêt à embrasser ce qui est bien. A quelque épreuve
ensuite que la vie nous appelle, nous serons moins surpris
et nous nous trouverons mieux au niveau de notre rôle.
0 Lettre.s bienfaisantes, douces compagnesde la vie, vous avez
pour toute rencontre une lumière, un conseil, une force, une
consolation! Vous· êtes le charme de nos heures heureuses ;
_dans la crise, vous êtes encore là pour relever notre courage,
en fixant notre conscience sur nos devoirs; et c'est encore vous,
vous toujol]rs, que nous retrouvons pour enchanter nos douleurs
aux jours de l'adversité 1
��
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Title
A name given to the resource
1869 - Rentrée Solennelle des Facultés de droit, des sciences, des lettres et de l'École de médecine et de pharmarcie de Nancy, le 16 novembre 1869
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté de droit. p.5. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des sciences. p.6. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des lettres. p.6. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. École Préparatoire de médecine et de pharmacie. p.7-8. </li>
<li>Procès-Verbal de la séance. p.9-11. </li>
<li>Allocution prononcée par M. Maggiolo, Recteur de l’Académie de Nancy. p.13-20. </li>
<li>Rapport de M. Jalabert, Doyen de la Faculté de droit. p.21-29. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.31-41. </li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.43-65. </li>
<li>Rapport de M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie. p.67-76. </li>
<li>Note. indication des travaux des Professeurs de l’École de médecine et de pharmacie en 1868-1869. p.77-78. </li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy pour l’année scolaire 1868-1869, par M. Ernest, Dubois, Professeur. p.79-88. </li>
<li>Distribution des prix. p.89-90. </li>
<li>Prix des conseils généraux de la Meurthe, de la Meuse et des Vosges. p.91-92. </li>
<li>Ecole de médecine et de pharmacie. Prix accordés par son Exc. Le Ministre de l’Instruction Publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.93.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1869
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sordoillet et fils, Imprimeurs de l'Académie, Rue du Faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1869
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/607ce824a59b499b798f9c6c0b414412.pdf
cbf181fe3189ae8bc5bc85d9b1367833
PDF Text
Text
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!
�RENTRÉE SOLENNELLE
DES
FACULTÉS DE NANCY
��DE FRANCE. -
ACADf:Mm DE
RENTRÉE
DE DROIT
DES SCIENCES
DES LETTRES
ET DE
VÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
Le 15 Novembre 1871
NANCY_
SORDOILLET' ET FILS, IMPRIMEURS DE L'ACADÉi'tliE
.,
5, rue du Faubourg Stanislas, 5
1871
��R,APPORT
DE
M. CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES
1\lor.;sîEUR LE RECTEUR,
En reprenant la parole rlevant vous après une si longue interruption de notre vie universitaire, j'éprouve une émotion semblable à celle de l'exilé qui rentre dans son pays, un mélange de
joie et de mélancolie à la vuede tant d'objets chers retrouvés, et
nous
des vides qu'a faits l'absence. M. M;:Jggiolo, tout
quitte , après avoir exercé les fonctions de Recteur dans des ,
jours difficiles, où il a montré, avec une expérience consommée ·
des affaires, une ardeur au niveau de toutes les tâches, ct au
moment même où il s'efforçait de recueillir et de rendre à la
patrie françDise tant de fonctionl)aires de l'instruction publique
proscrits par l'annexion. Que notre gratitude le suive dans sa
retraite, où sa généreuse activité saura bien trouver le moyen
d'être utile encore.
Son successeur, à peine arrivé d'hier, est déjà un des nôtres
par le dévouement avec lequel il entre dans tous les intérêts de
notre province académique. !\'lais sa première mission est surtout
d'imprimer â nos Etablissements d'enseignement supérieur une
�RENTRÉE SOLENNELL\'
impulsion nouvelle, d'étendre et de fortifier leur influence. Le
Gouvernement, qui veut essayer de reconstituer quelques Universités provinciales, en y concentrant comme t-n quelques
foyers principaux .tontes les ressources et toutes les forces du
haut enseignement, et qui a senti que Nancy, dans la situation
surtout que les derniers Çvèncments ont faite à la France, était
la ville prédestinée à tenter la première cette fortune, ne pouvait
pas choisir un homme plus autorisé que M. Dareste de la Chavanne, pour présider à cette organisation. - Pour le seconder,
il trouvera en nous tous le concours le J'lins dévoué. Nous vo.u- ·
lons, sous ses auspiCes, redoubler encore, s'il est possible, d'üctivité cl de zèle, pom soutenir la fortune de notre Faculté, pour
justifier la prédilection elu Gouvernement, et pour entretenir ct
pr;opager autour de nous l'ardeur sacrée des lettres.
Dans cette œuvre, malheureuscmént, l'on de nos plus 'utiles
collaborateurs nous manquera, 1\I. Eugène Benoist, notre savant
profeeseur de littérature ancienne, dont vous avez pu apprécier
la solidité et le zèle pendant les quatre années qu.'il a passées
'parmi nous. Je croyais que Paris seul nous ravirait ce Maitre, q9i
f,lit tant d'honneur :il' érudition françnise. Mais c'est la Provence
qni nous l'a repris, la Provence, où il avnit passé sa jeunesse,
où il s'était marié, et qui n'y avait jamnis renoncé entièrement •
. Quant. à'nous, nons perdons en lui à la fois un professeur de la
plus grande autorité, en même temps qu'un collègue· et un ami
de l'esprit. le plus ferme ct le plus judicieux, du cœnr le pins
loyal ct le plus droit. Le Ministre sait tout ce qu'il nous a fallu
d'abnî'>gation pour en faire le sacrifice ; je lui suis reconnnissant
de tout ce qu'il a bien voulu tenter lui-même, pour nous consersi précieux. - 1\t Campaux, appelé à. le
ver un
rcmplacet·, n'aura qu'à reprendre les excellentes traditions de
M. Eugène Benoist. Pour nous, cc nous est un précieux dédommagement de pouvoir en cette rencontre offrir J'hospitalité à run
de nos fr'ères exilés de Stt·asbourg. C'est à nous, dans ces grands
�DF. LA FACULTÉ DES LETTRES.
45
désastres, qui ont arraché à la France l'Alsace et 'uhe partie de
notre Lprraine, c'est à nous qu'il appartient les prèn1iers de
recueillir ces naufragés. M. Campanx vient reprendre ici l!J. chaire
même qu'il occupait à la Faculté des lettres dh Strasbourg, précédé de sa juste réputation d'homme de science et de talent. Il
sera reçu parmi nous comme dans une famille de frères : puisse
notre cordiale confraternité lui adouèir les tristesses de l'exil.
ExAMENS.
Yous savez,
combien les événements de la guerre
nous ont gênés depuis un an dans l'exercice de nos fonctions. Au ·
mois d'août 1870, la session du baccalauréat s'était acbeYé'e au '
milieu du tumulte de l'invasion ennemie. La session ordinaire de
novembre ne put s'ouvrir. Nos salles alors étaient occupéès pal'
l'ennemi, nos candidats pour )q plupart sous les drapeaux. Ce ·
n'est qu'à Pâques qu'il nous fut possible de reprendre nos fonctions.- A la session d'examen que nous tinmes alors pour le
baccalauréat ès-lettres, 58 candidats se hâtèrent d'accourie, sur
furent admis au grade, et '29 ·njournés. Leur prépalesquels
ration avait souffert du trouble des temps. Mais, dès ln seesion du
mois d'août de cette année, les études semblaient avoir repris
complétement leur train accoutumé. '239 candidats s'y présentaient à l'examen, ct leur préparation ne demeurait. pas trop
au-dessous du niveau ordinai:'e. Et pourtant, combien la discipline des études n'avait..:.elJe pas été déconcertée cette ::mnée,
surtout en notre province livrée depuis un an à toutes les anxiétés
et à toutes les misères d'une guerre désastreuse, alors que tous
nos établissements publics ou privés d'éducation étaient transformés en casernes ou en ambulances, et que tant d'élèves s'empressaient de sé dérober à la police ennemie pour se rendre à
l'appel de la patrie en péril?
En songeant à tant d'obstacles et au trouble que jetaient en
�46
RENTRÉE SOLENNELLE
outre dans les esprits les malheurs de la France, nous ne pouvons
assez admirer avec quelle énergie maîtt·es et élèves .ont lutté
contre des circonstances si défavorables. Les études ont été
reprises sans perdre un jour, une heure, dès que cela a été possible; en maints endroits la rentrée s'est faite au jour mnrqué,
en dépit de toutes les difficultés ; les classes se tenaient dans
des Maisons encore encombrées de soldats. Là où la reprise des
études avnit été forcément ajournée, l'émulntion a été d'autant
plus ardente à réparer le temps perdu.
Dans ce témoignage d'estime, nous n'oublierons pas surtout
nos braves enfants de l'Alsace, qui, après avoir à grand'peîne
achevé leur études à travers tant de difficultés et de douleurs,
venaient vers nous, comme des exilés, pour nous demander
encore, dans le diplôme de bachelier, comme un nouveau titre
de citoyen français. Certes nous n'avons cru être que justes, en ·
apportant la pins grande condescendance à l'égard de ces pauvres jeunes gens, nuxquels toutes ressources avaient manqué
pour terminer leurs études. Que nous aurions voulu les recevoir
tous, ces enfants bien-aimés et déshérités de la France, qui
venaient se réfugier entre ses bras !
Sur les
candidats, qui, eri avril et en août, ont subi les
épreuves du baccalauréat ès-lettres, 113 seulement ont été éliminés après les compositions, et
après l'épreuve orale; en
1
(1)
ÉLIMINÉS A 1
/
SESSIONS
=..,.., '"' o; .,
"""'
-"'
ou
""Oi
z"'
"'
-Q
!
1
Pas de session en novembre 1870.• , ..
TOTAL
..
·r:.:l"ll)
;:...,
-- --
-
24
89
.,
=
»
a
"
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iii
-- -- •
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§
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g
1
.0
::::....
29
:lB 104
259
- - - - - - -·'
20 155
ToTAux ••• 297 115
D'Avril •• ,,,,.,,,
D'Août ••••••••••
'
1
. .
os
ADMIS
c..
"'
- - -\
29
25
28 102 155
-- -- -a 54 12a 1164
6
-
1
TOULl
a
�DE LA FACULTÉ DES LETTRES,
47
tout 133. - 164 au contraire ont été à divers titres admis au
grade, à savoir :
5 avec la mention bien: MM. Burdin de Péronne, Gardeil,
Poincm·é, Lombard et Küss (Charles) le plus jeune fils de ·cet
·. héroïque maire de Strasbourg, mort des blessures de la patrie;
34 avec la mention assez ,bien;.
Et 125 avec la note passablement ;
En tout 164 (c'est-à- dire 55,2 pour· 100).
En somt;ne, gràce au zèle de nos enfants, pour faire en six
mois une
d'études, la moisson n'a pas été trop inférie,ure
ni en quantité, ni en qualité à celle des années précédentes. Vu
les circonstances, nous devons donc nous tenir cette fois pour
satisfaits. - Est-ce à dire qu'à l'avenir nous soyons disposés à
nous contenter à ce prix? Non, il faut que les études gagnent
4> en sérieux et en solidité. Car l'examen, qui nous en rend témoignage, laisse tonjours fort à désirer.
Le discours latin (si l'on en excepte quelques compositions
vraiwent distinguées, pour ne considérer .que la moyenne) continue à pécher autant par le fonds que par le style. On y sent
trop des enfants, qui, pour avoir fuit leurs' études avant l'àge,
n'en ont tiré, même au prix de bien du travail, qu'un résultat
médiocre et ingrat. Leur esprit n'était pas au niveau de leur
classe ; aussi le fruit de cette culture hàtive est-il chétif et sans
saveur. C'est la pensée surtout, qui fait défuut dans leurs devoirs.
De là cesamplifications stériles, oû ils s'évertuent à développer
· un sujet sans idées, à déployer
le vide les replis flottants
d'une vague et sonore période ; habitude déplorable, que l'on
ne sam·ait trop combattre; car la déclamation n'est que trop déjà
une des. maladies de notre tempérament nationaL Ils· donnent
dans ce défaut, parce qu'ils n'ont du sujet nulle idée. Nous avons
beau prendre la matière de ces compositions dans le courant le
plus banal de l'antiquité classique. Nos écoliers semblent avoir
renpuvelé contre "Rome le serment d'Annibal. Ils ont oublié
�48
RENTRÉE SOLENNELLE
Rome et la Grèce, où ils avaient
passé ies meilleures
::mnées de leur jeunesse, sous le pr'étexte d'appren:}re l'histoire
contemporaine. Mais cette histoire (qu'il faut savoir sans doute) ne
saurait suffire à des jeunes gens appelés aux carrières libérales.
Je sais bien que, dans les classes antérieures, on leur a enseigné
cette histoire ancienne que je regrette ; ils ont appris que le
monde ne date pas de la Révolution française, ni même de
Louis XlV. Mais comme cette histoire des temps antérieurs ne
figure pas au programme des examens, et qu'on délaisse tout ce
qui n'est pas consacré par cette sanction redoutable, elle n'a pas
t<Jrdé à être reléguée dans les c<Jtacombes. Heureusement la
version latine, et surtout la dissertation de philosophie nous
permettent souvent de compenser l'insuffisance du disrours
latin. Quelques bons et vifs esprits, que paralyse l'obligation
d'écrire en latin leurs pensées, faute d'avoir assez pratiqué cet
utile exercice, se trouvent .plus à l'aise en français; et quand ils
ont fait :ivec fruit leur classe de philosophie, ils parviennent
souvent à racheter un peu par là l'incomplet de leurs études
cl<Jssiques.
Dans l'épreuve o1·ale aussi, pour être franc, il faut signaler
encore de regrettables lacunes. Les études grecques surtout qontinuent à décliner. Sans doute, on trouve. enco1·e des Maisons et
des M<Jîtres, qui luttent vaillamment contre cette décadence .
.Mais le mal s'étend de plus en plus. On ne sait plus la grammaire, mais particulièrement on ne sait plus le sens des mots,
depuis qu'on a déraciné le petit recueil des Racines g1·ecques de
l'usage de nos classes ; livre modeste, aux rimes étranges, et
dont on s'est bien moqué, mais qui, sous une forme abrégée,
mettait un dictionnaire presque complet dans la tête de nos enfants. Si l'on vent maintenir les études grecques dans notre éducation classique (et je crois que c'est indispensable, tant que la
France voudra rester elle-même), il faut qu'on leÙr rende un
fondement plus solide et une plus forte discipline. - Que dire
�DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
en outre' de nos àuteurs
'! Quelques œuvres de nos
ir11mortels écr·i\'aifl's' sünt au prograt11me du bacctrlauréat. 1\'Iuis le
plns souvent on ne les a pas lus ; on s'est bomé à en étudier
quelque supert1cielle et sotte analyse. Nous nous demandons en
vérité si nos élèves n'mlt j·amais apf)ris à les comprend're et à les
goûter dans leurs classes d'humanités, ou bien si l'attrait malsain des· lectuves: f'rivoles leur a ôté le go(tt de ces nourrissantes
et sàvoureuses lectures; où l'esprit s'élève et se fortit1e.
En somme, l'examen continue à trahir enez heaucaup de nos
enfants une cduçation supert1cielle et hâtive. On sent trop aussi
qu-e maints candidats, après s'etre longtemps négligés, se ravisent tardivement en vue du baccalauréat, comme si le diplome
éfait pour eux l'unique but des études. Quand ils arrivent en vue
de l7ëpreuvè, ifs surchargent lem' mémoire d'une science préci:pitée et indigeste, qui leur est du reste d'un mince secours. Car
nous, dans l'examen, nous songeons bien plus à interroger rintetligence du candidat que sa mémoire ; et il nous est facile de
nous assurer si son savoir est artificiel et de la veille, ou s'il est
lè fruit et comme le dépôt lentement accrl! des années bien employées. Nous voudrions, qu'au lieÙ de tant se préoccuper du di-.
plôme, nos enfants étudiassent avec un esprit plus sérieux, plus.
libre et plus désintéressé, pour le plaisir de savoir et d'accroître
par leurs connaissances la valeur de leur intelligence et de leur
àme.
Bien des fois déjà nous avons
nos plaintes à cet endroit. Aujourd'hui, au nom du patriotisme, nous vous demandons, jeunes gens, de redoubler à l'avenil', dans vos études,
d'application et de zèle; C'est là une dos choses que la France
attend de vous pour sa régénération _morale. C'est sur vos tètes
quereposent ses destinées
Or, vous Je savez, dans ses
désastres inouïs l'ignorance frivole a une bonne part à réclamer. Nous instruire désormais plus solidement, apprendre pour
savoir, pom' mûrir et élever nos esprits et nos àmes par cette
4
�5Q
'RENTRÉE SOLENNELLE
généreuse discipline des études, et nous mettre ainsi au niveau
de. toutes les circonstances, de tous les efforts, de tous les besoins de. la patrie, voilà notre première et plus urgente re•
vanelle.
Licence. -- La guerre ayant supprimé en novembre 1870 la
session d'examen pour la licence comme celle du baccalauréat,
une seule session a eu lieu en Juillet 1871, et dix candidats s'y
sont présentés. C'est plus que nous n'espérions, après une pareille amiée. Sans doute, au plus fort de la guerre, pendant que
nos salles étaient occupées par l'ennemi, nous avions trouvé le
moyen de continuer chacun chez nous des conférences
nes pour la préparation de la
nous n'y réunissions
que quelques disciples plus jeunes, qui ne pouvaient songe.t' que
de loin encore à l'examen. Les plus mûrs .étaient pour la plupart dispersés au loin dans nos armées; et ce n'est qu'a la paix
qu'ils nous revenaient, les uns d'une laborieuse campagne, les
autres de la captivité . .Malgré ces circonstances contraires, nous
avons pu, après l'examen, présenter cependant à là sanction du
Ministre une liste de candidats au grade, qui ne le cédait en va.,;
leur à aucune des précédentes et promettait de bons maîtres à
l'enseignement public. Sur les dix candidats qui se sont présentés, six ont été reçus licenciés ès-lfJW·es. Ce sont Messieurs :
Tlti1·ion, ancien élève du lycée de Metz ;
Dontenville, élève de la Faculté;
Guyon, maître-répétiteur au lycée
Nancy ;
Riandey, maître-répétiteur au lycée de Reims ;
Antoine, élève de la Faculté; ·
Dubreuil, ancien élève du lycée de Metz.
Je regrette, dans ce nombre, de ne compter qu'un seul maitre..;
répétiteur du lycée de Nancy et aucun élève de la
des
Hautes-Etudes ecclésiastiques. Mais vous savez que cette maison
n'a pu se rouvrir que bien tardivement à ses élèves dispersés :
et à peine reprenait-elle ses études interrompues, qu'elle voyait
�DE LA FACULTÉ DES LET'ffiES.
51
languir et mourir, peu de temps avant l'examen, l'élève qui devait lui faire le plus d'honneur, l'abbé Nicolas, ancien élève du
séminaire de Verdun, où il devait bientôt retourner comme professeur. Grande perle pour soa Evêque :car l'abbé Nicolas promettait un excellent maître d'humanités, d'une érudition solide,
en même temps qu'un esprit distingué et une âme charmante et
généreuse;
Nous ,souhaitons aussi qu'àl'avenir notre Lycée fasse à la licence une plus grande figure. Certes, cela avait été orie idée
excellente de .M. Duruy, d'attacher à chaque grand lycée placé
près d'une Faculté un corps de Maîtres-auxiliaires, qui s'y préparassent aux fonctions de l'enseignement, en y faisant l'apprentissage de la discipline scolastique/en même temps qu'ils poorsuivraient leurs études sous notre direction. Thbis, jusqu'à
présent, cette institution si libérale n'a pas produit les fruits
qu'on était en droit d'en attendre. A qui la faute? Je ne sais. Je
puis dire seulement, que ce n'est pas de notre côté que le zèfe a
fait défaut. Espérons que, par le concours, ce corps se recrutera
à l'avenir d'une façon plus heureuse. Il importe, en effet, à l'Uni·
versité, que cette école des maîtres·auxiliaires, qui jusqu'ici n'a
presque existé qu'à titre d'essai, se consolide et grandisse :
nulle institution ne fut plus opportune ; l'avenir de notrè enseignement secondaire en dépend. Car, en dehors de l'Ecole normale supérieure, qui ne reçoit g,uère chaque année qu'une trentaine d'élèvès pour les sciences et les lettres, où donc les autrés
jeunes gens qui se destinent à l'instruction, où donc ont-ils pa
jusqu'ici chercher ailleurs une direction pour leurs études, une
discipline pour lem· travail ? Pourquoi donc les laisser sans ressources, quand l'Etat, dans chaque Faculté, a sous sa main tant
dë. professeurs aussi zélés que savanfs? Pourquoi ne pas détourner, au moins en partie, l'enseigneh1ent supérieur ponr un
emploi si rationnel et si nécessaire? Partout où il y a une Faculté des Lettres et' une Faculté des Sciences, .l'Etat peut; pres-
�R)>NTRÉE SOLENNEI,LE
que :;.ans
ériger une succursale de l'Ecole nornJ!lle. b.'essai
est commePcé. Que faut:- il pout: cornplét.ei;l:institut\on. '? Att)rext :\·
ces écoles l'élite de nos jeuo,es maîtres par des a,vaptage:? Cel'tains, et surtO;ut par une part de loisirs assurée
leurs ét.u:"'"
des ; élever alors par le concours le.s conditions d'i!dmission,,
exiger d'eux enst;Jite que, pour remplir une, fonction di!l1s l'en:-.
seignement
ou pour se présenter à
ils
justifiel}t d'avoir participé pendnnt deux ou.tro.ls nns, d'une fa.çon
nctive, aux études d'une Faculté. Est.- ce trop que de dema.nder ·
à des professeurs, qu'ils. aient appris d'al:}ord, et qu'ils sachent.
eux-mêmes ce qu'1ls doivent enseigner '?
ENSEIGNEMENT.
Comme nos (lxqmens, nos. cours devaient rester· bien long-.
temps suspendqs ! On cnmpait ici. Les chaires restaient: muéttes ;
l'au.ditoire êiait dispersé pnr l'ornge: nos jeunes gens avaient
couru, pom· la plupart, à l'nppel de la patrie.
qu.i
n'aviez pu suivre vos fils sur les champs de bataille, votre cœur
était trop plein de vos poucis et des douleurs de la France, pour J
pouvoir prêter une oreille libre à d'autres entretiens. Et nous,
de notre côté, quand même l'on nous eût permis alors d'élever
là voix, de quoi aurions-nous pu vous parler, obsédés pur les
alarmes journalières ? Est-ce que notre esprit, est:-ce que notre
cœur s'appartenaient danR ces' alternatives cruelles d'espoir et
de découragement, à
cette tempête prolongée, où il
semblait que la France, ,notre chère Fl.'ance, allait sombrer'?
Toutes nos pensées étaient là où l'on combattait, où l'on mourait
pour elle. Qu'il y ait des esprits calmes, impassibles, C<lpables
de s'abstraire et d'oublier dans le re·cueillement solitaire de
le.urs études les malheurs de leur pays, nous ne saurions, quant
à nous, ioûter cette égoïste quiétude qu'on appelle la vertu du
snge. Nos âmes étnient en proie ; aussi, quand, après huit mois
�DE LA FACULTE DES LETTRES,
53
d'angoisses et de silehèe, il nous fut donné de reinonter enfin
dans nos >chaires, le premier besoin de notre cœur, en vous retrouvant autour de noüs., fut de pleurer ensemble sur les malheurs de la patrie, mais non pas des 'larmes stériles ; hoU:>
échangions nos tristes reflexions sur nos désastres, non pas pour
nous abandonner au découragement, mais pour comprendre la
leçon des événements et pour chercher, avec une résolution
'irile, à la fois les causes de nos malheurs et le;; fléments de
notre régénération morale.
C'est à notre philo:>ophe surtout, à M. de Margerie, qu'il appartenait de nous guider dans ce courageux examen de conscience. Nul ne pouvait y apporter un regard plus pénétrant et
plus d'autorité. Cela a été l'objet de l'enseignement de son trimestre. Il ·rious a montré (avec quelle précision et quelle éloquence? vous le savez) que, si les folies d'une politique aventureùse ont trop contribué à provoquer la catastrophe où nous
avons failli périr, nous étions tous pour une grande part coupables des événements, et que notre désastre pouvait paraître logique. Nous nous étions trop laissés distraire par le bien -être
d'une paix prolongée des devoirs et des vertus, qui peuvent
seuls assurer la force et la grandeur d'un peuple. La jeunesse
légère, frivole, paresseuse pour tout effort, se
montrait surtout iiède et sceptique à l'égard des gran dt s choses
de la religion et de la patrie : elle aimait à prendre la vie
une pàttie de plaisir, !>opprimant volontiers le tmvail et l'effort,
et rêvàht une carrière facile, la m9isson sans avoir pris la peine
de labourer et de semer. en signalant nos plaies morales a''cc une courngeuse franchise, M. de Margerie nous en indiquait en mème temps le remède. Quelque cruelle qu'ait été
l'épreuve, il ne faut pas la regretter,- si la France, à la lueur sinistre des erénements, se retrouve ; èt si; comprenant le sens
du malheur, elle sait profiter du terrible enseignement que la
P1·ovidence lui inflige. Déjà, nux jours de sa détresse, com!Jicn
�RENTRÉE SOLENNELLE
ce noble cr malheureux pays n'a-t-il pas fait éclater aux yeux
du monde étonné d'héroïques efforts, d'énergie morale, de vertus chrétiennes, de dévouement, de charité? 0 chère France,
foyer sacré de tous les sentiments généreux, mème en dépit de
tes fautes, plus que jamais, à ce Cours de noti'e Collègue, j'apprenais à ne point désespérer de ton avenir. Sanglante, mutilée•
humiliée par des désastres inouïs, déchirée mème par les mains
de fils parricides, je n'en garde pas moins un invincible espoit'
dans ta
Dieu a besoin de toi pour ses desseins sur le
monde. Si tu périssais, que deviendrait donc en effet la conscience morale du genre humain ? Qui donc protesterait encore
::m nom du droit contre la force? En qui espéreraient les
ples opprimés? Non, ton rôle n'est pus Jini, et Dieu n'a pas
· bris.é son meilleur instrument. C'est vers ,le ciel, que M: de Margerie ramenait nos regards, pour en fuire redescendre la foi et ·
J'espérance; c'est au christianisme qu'il demandait surtout lu
lumière et la force, pour nous guider dans ces voies de la
nération qu'il nous ouvrait, et nous y soutenir. Enseignement
généreux, inspiré par le plus ferme bon sens et Ie.dévouement
.
/
Je plus ardent ù la patrie. Ces leçons, uuxquelles nous aurions
voulu convoquer la ville entière ou plutôt toute lu
nous
<1vons demandé du moins an professeur de les publier sans re.tarcl. Puisse ce .livre chrétien et p<ltriotique toul ensemble p!'Opager partout sa flamme, et enseigner à tous les esprits sérieux
comment les nations, qui semblaient périe, peuvent ressusciter!
Je voudrais vous
aussi, selon mon usage, des uutres
Cours qui se sont faits ièi depuis Pâques. Muis je n'en ni plus le
Je ne vous. parlerai pus davantage du sujet de nos Cours
pour cette année. Chacun de nous, dans sa leçon prochaine
d'ouverture, saura, mieux que je ne le puis faire moi-même ici,
vous retrucer le cadre et l'esprit de son enseignement. Vous
venez d'appeendre d'ailleurs, en écoutant 1\1. flnspecteur général,
le cadee de tiotre
·doit s'élargir cf,
�DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
55
quelles ressources inattendues notre Faculté sera en mesure
d'offrir cette année à la population studieu'se de notre ville. Le
Ministre a voulu, en nous dotant de Chaires nouvelles, .constituer
ici une Faculté de premier ordre. Puissions-nous, de notre côté,
répondre à sn généreuse attente, et justifier ce bienfait par un
plein succès. Pour nous, nous y ferons nos efforts. Vous
sez notre zèle. Depuis dix-sC'pt ans que nous professons au milieu
de vous, vous nous avez vus à l'œuvre. Mais nous ne pouvons
rien sans vous. Il est nécessaire que vous répondiez à notre appeL Nancy a la réputation 'd'une ville intelligente, curieuse des
choses de l'esprit, prédestinée entre toutes les villes de province
à décentraliser la haute culture intellectuelle. C'est sur cette réputation que le Gouvernement en a voulu faire un foyer plus
complet d'enseignement supérieur .Il fant remplir cette
Notre honneur y est engagé.
C'est surt0ut à la jeunesse que je m'adresse ici. Un Allemand
me demandait récemment, si tous les jeunes gens qui se destinent
aux carr.ières libérales en France, n'étaient pas tenus de suivre
les cours de la Faculté des Lettres. Je fus obligé de lui avouer
qu'ils n'éta:ent astreints qu'aux inscr,iptions; que sans doute· on
pourrait exiger d'eux l'assiduité aux Cours, mais qu'on avait
mieux aimé jusqu'ici les laisser libres, en espérant que Je goût
de l'
une naturelle curiosité, l'intérêt bien entendu de leur
carrière suffiraient pom· leur inspirer le désÏI' de cette cuifure
vous savez combien, en général,
prolongée des Lettres. les faits ont mal répondu à cette
Nos jeunes gens,
même ceux auxquels ces Cours s'adressent de préférence, sont
toujours trop rares autour de nos chaires. Nous voulons croire
qn'à l'avènir, mûris par les événements, instruits par l'expérience de J'insufOsance de leurs étuâes, ils sauront apprécie!'
davantage cette éducation supérieure que l'Etat leur offre si
libéralement.
Sans doute , Penscignement supérieur des lettres et des
�56
REt-/TRÉE SOLENNELLE
sciences n'a pas pris encore en France, dans l'ensemble de nos
études, la place légitime qui lui appartient. Nos Facultés ont l'air
d'une chose de luxe, que la France se donne pour n'avoir pas
l'air de déserter- ses nobles traditions et le rang qu'elle a toujours tenu dans la culture des choses de la pensée. Et de leur
côté, nos jeunes génération5, besogneuses, pressées et positives
semblent ne plus guère se soucier de ce superflu, pourtant si
nécessaire. Espérons que de prochaines réformes restitueront à
cette éducation supérieure toute sa vertu et son efficacité, en la
rendant obligatoire pour la plupart des carrières libérales, et
qu'on restreindra enfin la liberté de l'ignorance, dont la jeunesse
.est trop tentée d'abuser. - Il est nécessaire d'abord qu'une Faculté des lettres ait, comme une Faculté de Droit, ses élèves,
pour entrer dans l'enseignement public, justifient par des
examens qu'ils en ont été. les disciples laborieux et assidus. Mais
n'est-il pas souhaitable, en outre, que tous les jeunes gens qui
aspirent au barreau ou à la magistt'ature soient tenus (en ménie
temps qu'ils étudient le Droit) de participer dans une cm'taine
mesure à cette culture littéraire plus élevP.e? Cela avait toujours
été une des nobles traditions de notre vieille Magistrature franl
ça ise, d'associer étroitement le culte des lettres à l'étude de lu
jurisprudence.
Mais, en attendant ces inévitables réformes, une Faculté, consacrée à Tenseignement supérieur des lettres et libéralemenC
verte à tous, ne devrait-elle pas être d'autant plus fréquentée
dans nos jours troublés, qu'on y trouve comme un asile et
sorte de sanctuaire, où l'on peut venir, par intervalles, respirey
un air plus pur et rasséréner son âme dans l'atmosphf\re des
hantes pensées? Quoi! à l'époque tourm.cntée où nous vivons, et
en présence
avenir si plein de mystères, quand tant d'âmes,
même vigoureuses, meurtries an contre-coup de si terribles événements,
sentent lasses et vaincues, n'éprouvez-vous donc
le besoin de sortir un instant de !;1 région des orages et de
�DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
57
venir pacifier ici vos esprits blessés au contact de la vie ; d'y.
chercher, d'y retrouver, dans la tradition du genre humain et
dans le commerce de ces grMds esprits et de ces glorieux êcrivains, dont nous sommes auprès de vous les interprètes, les
principes immuables et immortels de l'ordre moral et social, et
d',échapper aux passions du temps, pour entrer dans la sphère
des pures idées? Non pourtant, la rosée, qui se répand le soir
sur les plantes fatiguées de la chaleur dn jour, n'est pas plus
salutaire que cette paix intérieure, que les lettres versent comme
un dictame merveilleux sur nos cœurs troublés par le spectacle
des choses.
Car, pour parler d'abord des Cours de littérature, quel, est
donc leur objet principal, sinon de nous faire revivre par la
penaée dans les grands siècles et avec les grandes âmes du
passé? Ces
tres anciens ou modernes, en effet, de la p3t'ole
humaine, ces orateurs, ces poètes, ces écrivains de toute sorte
que nous étudions, qu'est-ce donc nprès tout que les esprits les
plus éminents ou les plus nobles cœurs, qui, pour consacrer les
pensées et les sentiments de leur temps, ont su trouver une.
expression d'une immortelle beauté? En les lisant ensemble,
nous apprenons à les mieux comprendre, à mieux goûter dans
leur intimité la science de la vie et du cœur humain dont ils sont
pleins, à nous en faire des amis qui soutiennent nos courages aux
jours de crise ct nous consolent dans l'adversité.
L'histoire des lettres françaises, en particulier, nous apprend
à aimer la France enco1·e davantage ct à être liers de cette noble
patrie, qui a produit tant et de si bèaux génies, l'honneur éternel
de l'esprit humain. Si la supériorité des armes a pu nous être
un instant disputée, nous sentons qu'il est une autre supériorité
que l'on ne saurait de sitôt nous ravi;r, la puissance de l'esprit,
la gloire des lettres. En étudiant cette histoire de son génie,
nous comprenons davantuge l'ascendant que celte nation prédestinée a exercée sur Je monde, et comment elle a pu être tour ù
�58
RENTRÉE SOLENNÈLLE
tour pour les autres peuples, selon qu'elle restait plus ou moins
iluèle à sa mission, un objet d'amour, d'envie ou d'épouvante.
Même quand nous étudions les .lettres antiques, nous autres
Français, nous sommes encore chez nous. Ne sommes-nous pas,
en effet, les. héritiers directs de la Grèce et de Rome? Notre
pensée, notre Inn gue ne sont- elles pas, pour la plus grande
partie, filles de la leur? En vérité, la France ne se comprendrait
presque plus elle-même, si elle rompait avec cette grande tradition et cessait de s'étudier dans ses origines classiques.
Autrefois, dans notre enseignement, nous ne sortions de
France que pour étudier Rome ct Athènes. Mais aujourd'hui, l'étude des littér·atures étrangères est entrée dans le cercle classique de notre enseignenicnt supérieur, comme l'étude des langues
. modernès dJns notre enseignement secondait·e. A sortir enfin de
J'isolement, où l'on nous reprochait de nous enfermer pour nous
admirer exclusivement nous-mêmes, nc.us avons peut-être appris
à goûter et à aimer encore davantage notre pays. Mais nous
avons appris en même temps à comprendre le génie des autres
nations; l'horizon de notre esprit s'y est élargi, notre goût y est
devenu plus libéraL Si cependant cette étude des littératuds · ·
étrangères était jusqu'à présent pour nous une simple curiosité,
nujourd'hui c'est un besoin. Il fant entrer dans l'esprit, les
mœurs, la science des peuples étl'angers. Cm· notre ignorance,
il cet -égnrd, nous n exposés il de trop cruelles surprises. Aujourd'hui, tout homme qui pense , mais surtout tout homme
appelé à exercer une influence quelconque Eur les affaires· de
son pays (et qui, à cette heure, n'y est np pelé?) doit connaître
ses voisins aussi bien que la France. C'est une sorte de géographie morale, que nous ne sommes pas moins tenus d'étudier
déEormais que la géogrnpl1ie physique.
Cette Géographie physiquè elle-même, dont l'enseignement a
été inauguré ici depuis deux ans par l\1. Pingaud, semble destinée à prendre enfin sa place régulière dans l'ensemble des hautes
�DE LA FAC.ULTÉ DES LETTRES.
59
études comme dans les classes des lycées. Il n'est personne ici
qui ,ne .comprenne l'importance d'une chaire particulièrement
destinée à cet enseignement de la géographie. Car nous avons
tous à faire notre éducation sur ce point.
Quant à l'Histoire, plus que jamais il convient qu'elle garde
ce caractère élev.é et philosophique,
M. Lacroix a imprimé
volontiers dès le commencement à ses leçons, et qui sied si bien
à l'enseignement supérieur. Il s'agit moins ici, en effet, d'entrer
dans le menu détail des faits et de s'attacher au côté anecdotique
des événements, que d'en faire ressortir l'instruction morale,
politique et religieuse. Plus que jamais, dans la crise obscure
que nous traversons, il importe de dég:1ger, pour en faire l'ap.,..
plication à notre situation actuelle, les lois qui semblent présider
aux évolutions des peuples, et d'évoquer les enseignements de
.. la philosophie de l'histoire. Le monde est vieux et a bien des
choses à nous raconter. L'histoire de la France, en particulier,
nous enseignera que, quelque désastreuse et sombre que soit la
tempête que nous traversons, notre patrie, dans sa longue et
merveilleuse destinée, a essuyé déjà de plus redoutables ornges
sans y sombrer;. et que la divine Providence, qui semble l'avoir
choisie pour en faire l'instrument essentiel de la civilisation chrétienne dans Je monde, n'a jamais manqué de !ni tendre sa main
secourable. pour la tire:' de J'abîme; comme si elle ne la chàtiait
duns sa miséricorde, quand elle est infidèle à sa vocation; que
pour la ramener à lui et à elle-même.
0 passi graviorn, dabit Deus his quoque finern.
Mais c'est particulièrement nu Cours de philosophie que je
vous convie tous, ô mes jeunes amis, surtout quand il est confié
à ce Maître éprouvé, qui a vraiment lé feu sacré de la vérité et
de la patrie. Dans cette confusion des idées, où notre société
s'agite, dans cc malaise dont tant de systèmes insalubres
pressent votre pensée, venez chercher ici un terruin solide pour
�60
!tENTR'ÉE SO"LËNNELLE.
y poser vos pieds, une sûre luinière pour éclairer votre
Peut-être 'dejà, déçus par de spécieuses chimères, àvez--vous
été tentés de chercher en dehors de la philosophie èhrétie:trne J:a
solution des problèmes moraux et ·po:litiCftnlS qui nous ·obsèdent?
que vous ont donné ces fanx prophètes, d1ercha:nt dans
sansDieu c:t·san8 vie fumre, fexpJi;catio:n dê l'énigorùe et Je remède à nos maux? Vous avez vu à quels nl::iîmes
'entraînent ces th-éories, que l'nrguèil humain préte:nduit élêver
à la hauteur de principes, pour guider le monde moderne dans
des voies noonUeih Esp·érons que les espl'its se dêsabtlsent de ces ·
chimtli'es. En Vèlin, nos reformateurs Sé félicitaient déjà de nous .
avoir à peu près débarrassés de
il faut bien que, malgré
eux, l'âme renaisse. Justice, amnur; beauté, immortalité, éons ...
ci!
nee, plaisirs de l'âme, traditions de toutes les intelligences
qui ont édairé et orné les temps passés, mi 'sont point encm'è
choses surunnées ct dûment ensevelies. Non, quoiqu'aussi vieilles
que le monde, il faut, plus que jamais, qu'elles resplendissent
sur la tète des nations modernes, comme la nuée lumineUse du
désert, pour lt!s guider vers la terre pron1ise. Il faut que les dé;
mocraties modernes :'m'tout, si elles ne veulent pas se condamner à une honteuse intériorité à l'égàrd des pouvoirs qui les
ont précédées, al'borent ces éternelles et splendides doctrines du
, genre humain. Vous devez donc revenir aux lieux où s'en éon-serve pom· ainsi dire Je dépôt sacré. lei, la philosophie spiritua 'liste et chrétienne vous attend pour éclail·er à vos yeux tous
!es problèmes de Ia vie. de l'homme et de la vie des nations,
pour vous enseigner les devoirs ct les droits de l'homme et du
citoyen uvee l'autorité d'un bon sens invinèib!e.
Ne vous étonnez pas, Messieurs, si aujourd'hui je m'efforce
d'intéresser à vos études votre patriotisme. " La France » disait
!Il. Casimir Périer dans wn rapport sur le Budget de 1871 « se
« remettra avec le temps des épreuves qu'elle subit, mais à la
« condition de n'oublier un seul instant ni ce que lui coûtent ses
�DE LA FACULTÉ DES LETTRES;
61
malheurs, ni ce qu'exige d'elle le soin de les réparer. • Voilà le mot d'ordre qui s'impose à nous et nous fait à tous des
devoirs plus rigoureux dans tous les sens de la vie. Tous, nous
devonsnous mettre ardemment à l'œuvre, pour ·toutes les réformes
publiques et privées qui, en nous régénél'ant, nous remettront à
notre rang d:ms le monde ; obligation que nous ne devons pas
perdre de vue , si nous ne voulons pas que notre génération
reste responsable, devant l'histoire, de lu décudence d'un pays
qui fut si grand. Trop longtemps nous avons vécu
le glorieux héritage du passé, oubliant que noblesse oblige. Il faut
reprendre notre place parmi les nations et notre rôle dans la civilisation du monde par le travail sérieux, par l'étude austère,
par la passion d'accroître par la science etla vertu notre valeur
morale, par le culte de notre glorieux passé et notre émulation
à en demeurer dignes. Quant à nous, nous nous proposons plus
•que jamais de. dil·iger notre enseignement dans ce sens à la fois
élevé et pratique. Et certes pour cela, ce n'est ni la conscience
de nos devoirs qui nous fera défaut, ni le zèle pour les accomplir : que Dieu seulement égale nos forces à notre courage !
«
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Title
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1871 - Rentrée des Facultés de droit, des sciences, des lettres et de l'École de médecine et de pharmarcie de Nancy, le 15 novembre 1871.
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Administration Académique. p.1. </li>
<li>Académie de Nancy.Conseil Académique. p.1. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté de droit. p.2. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des sciences. p.2-3. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. Faculté des lettres. p.3. </li>
<li>Académie de Nancy. Personnel des Facultés et de l’École de médecine et de pharmacie. École Préparatoire de médecine et de pharmacie. p.3-4. </li>
<li>Procés-Verbal de la séance. p.5-7. </li>
<li>Discours de M. Jourdain, Inspecteur Général de l’Enseignement Supérieur. p.9-17. </li>
<li>Allocution prononcée par M. Dareste De La Chavanne, Recteur de l’Académie de Nancy. p.19-23. </li>
<li>Rapport de M. Jalabert, Doyen de la Faculté de droit. p.25-35. </li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.37-42. </li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.43-61. </li>
<li>Rapport de M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie. p.63-69. </li>
<li>Notes. p.70-71. </li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy pour l’année scolaire 1870-71, par M. E. Lederlin. p.73-81. </li>
<li>Distribution des prix. p.83-85. </li>
<li>Ecole de médecine et de phamarcie. p.86-87.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1871
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sordoillet et fils, Imprimeurs de l'Académie, Rue du Faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1871
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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A language of the resource
fr
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The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
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e1423cdf0315579c0ec07a0d96393191
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Text
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�UNIVERSITÉ DE ];'RANCE. -
ACADÉMIE DE NANCY.
INAUGURATION
DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE
ET
RENTRÉE DES FACULTÉS
DE DROIT, DES SCIENCES ET DESLE'l'.TRES
DE NANCY
I.e
1"
NoveIubre
1
NANCY
IMPRIMERIE DE BERGER-LEVRAUL'l' ET Cie.
11, nUE JEAN-LAMOUR, 11
1873
��R.A.PPORT
DE M. LE DOYEN DE LA J?ACULTÉ DES LETTRES
MESSIEUnS,
Aujourd'hui tout l'intérêt de notre séance de rentrée s'absorbe dans l'installation de cette Faculté de Médecine et de
Pharmacie, qui vient) après dix-huit ans d'attente, compléter
notre Université de Nancy. Car voilà dix-huit ans déjà que
nous inaugurions ici l'enseignement supérieur avec une
Faculté des Sciences ct une Faculté des Lettres, mais pleins
de foi dans la fortune de cette jeune Université, dont nous
venions jeter les fondements, et dans l'avenir de cette vHle.
Le succès a justifié notre confiance. Dix ans après, en 1864,
la Faculté dc Droit nous était donnée, dès son début si florissante. Aujourd'hui, c'est la Faculté de l\Iédecine de Strasbourg, dont Nancy recueille l'héritage. Le faisceau est complet.
Pourquoi faut-il que nous ayons acheté ce dernier avantage
au prix de si grands désastres de la patrie, et que dans ces
nouveaux collègues que le sort nous amène, nous accu cillions
des exilés! Puissent-ils elu moins trouver ici dans notre hospitalité quelque adoucissement à leurs regrets! Puisse la nouvelle destinée, qui s'ouvre ici à leur Faculté, leur faire oublier
la douleur de l'exil!
Je reviens à notre Faculté des Lettres, qui, elle aussi, devait particulièrement recueillir quelques épaves dans cc douloureux naufrage. Car elle hérite, de la Faculté des Lettres
de Strasbourg, deux chaires nouvelles, qui lui permettront
�02
RENTRÉE SOLENNELLE
de donner désormais plus de développement à l'enseignement
de la Littérature ancienne et aux études d'Histoire et de
Géographie.
Quelques mots sur nos Examens de 1'an dernier, et sur la
distribution do notre enseignement pour la présente année.
1. -- EXAl\tIENS.
Point de Doctorat cette année. Nous écartons d'ici les
thèses médiocres; et les thèses distinguées vont (souvent sur
notre conseil) chercher le grand jour de Paris et une utile
renommée. Une soutenance toutefois aura lieu ces jours-ci;
et le mérite connu du candidat, aussi bien que la solidité de
ses thèses, nous promet une brillante épreuve.
LICENCE. - Vous savez que nous avons ici des Conférences
spéciales pOUl' préparer les jcunes gens à co grade de licencié ès lettres. Dieu sait que nous n'y épargnons pas nos
soins ni nos peines. Et cependant, dans les examens de cette
année, ce sont d'ordinaire les candidats du dchors qui ont
obtenu les premiers rangs.
Ainsi, à la Session de novembre 1871, SUl' les quatre candidats admis, le premier, M. Fénal, n'appartenait que de loin
à notre Faculté; lVur. les abbés Boissière et Gaulle nous
étaient venus des Carmes; M. Dumont seul avait été un de
nos disciples assidus.
Ainsi encore, à la dernière Session de juillet, nos candidats
admis étaient pareillement pour la plupart des étrangers. Sur
treize qui se sont présentés, les sire qui ont été jugés dignes
du grade n'avaient guère eu avec notre Faculté que cles rapports éloignés. Ce sont: M. Marchal, cle Bar<le-Duc, esprit
heureux et cultivé avec soin, qui préludait clans nos examens
au concours de l'École normale, où il vient d'entrer avcc
distinction. -l\t1.l'abbé I froncy, élève de l'éeole des Carmes.
- l\tI. Lombard, celui-là un cles nôtres, qui soutient dignement l'honneur clu nom paternel et marche vaillemment sur
�DES FACULTÉS.
G3
les traees de son aîné. - lYI. Simon, qui était .alors un des
meilleurs professeurs du collége de Pont-à-lYlousson, et qui
vient d'être appelé au lycée de Versailles. - lYI. KTantz, que
nos espérances et nos vœux désignaient, comme Marchal son
émule, pour l'École normale, et qui assurément, s'il veut
persévérer, y a sa place marquée. - Et enfin, M. l'abbé Latty,
élève de l'école dcs Oarmes et chapelain de Sainte-Geneviève.
En louant ainsi cette élite de nos candidats, dont le succès
a couronné le travail et le talent, je dois cependant rendre
justice à ceux de leurs rivaux, qui, en approchant plus ou
moins de la borne du stade, n'ont pu encore la doubler. Plusieurs d'entre eux étaient bien jeunes et n'avaient pu assez
mûrir et féconder leurs études par la réflexion. Ohez d'autres, la première éducation classique avait laissé bien des
lacunes à combler. Du moins, sans pouvoir encore les admettre, nous avons su apprécier leurs louable., efforts et
mesurer leurs progrès accomplis.
BACCALAURÉAT. - 479 candidats se sont présentés à cet
examen dans le cours de l'année. O'est le plus haut chiffre
que nous ayions encore atteint; héritage en partie des provinces annexées. Oes jeunes gens, victimes de la conquête,
semblent chercher, dans le diplôme de bachelier, comme un
titre de citoyen français: c'est leur option. Mais je n'ose
espérer que ce chiffre se maintienne. Avec Metz, en effet,
notre Académie a perdu deux établissements considérables
d'instruction secondaire, le lycée d'abord, et ensuite le collège Saint-Clément, qui vient d'être proscrit à son tour, et
dont les maîtres et les élèves sont condamnés à se disperser
dans des maisons 10intail1es. L'Académie de Nancy a pOl'du
là deux des plus beaux fleurons de sa couronne.
Si, l'an dernier, nous avons dû user de quelque indulgence
pour biel1 des jeunes gens dont la guel're avait troublé les
études, l'examen, cette année, a pu reprendre son juste niveau. Peut-être même pourrait-on dire qu'en somme, depuis
la guerre, les études ont gagné dans nos coI1éges, et que la
�UE:'!TUÉE SOLEè\è\ELLE
leçon cruelle cles événements n'a pas été entièrement perdue
pour notre jeunesse. Sans doute, ce n'est pas dans le Discours
latin, co fruit de tout os les études accumulées, que cette
amélioration se fait sentir: on ne refait pas à la veille de
l'examon une éducation classique manquée.' Nous y remarquons toujours trop, combien l'histoire moderne a fait oublier
à nos élèves l'histoire ancienne, qui sert ordinairement do
oadre à cette composition: Rome et Athènes leur sont devenues
des villes étrangères, et tous les grands et généreux lieux
communs de leur histoire n'éveillent plus en leurs cœurs l1l1!
souvenir, nul écho. De là ces amplifications banales, ces paraphrases stériles de la matière, où nos enfants n'apprennent
que l'art funeste de déclamer dans le vide. La Version en
général vaut mieux, et prouve oombien cet exercice de traduction (en mêmo temps qu'il fait mieux pénétrer dans le
génie de la langue latine) est propre à leur enseigner les
ressources de la langue française et l'art du style. Mais la
meilleure des trois compositions est encore la Dissertation
philosophique. On y peut apprécier combien la plupart de ces
jeunes esprits profitent il, vivre un an dans le commerce de
ces hautes matières, et combien cette discipline du raisonnement les façonne à la méthode, à la rigueur scientifique
et à l'exposition exacte de leurs idées, en même temps
. qu'une saine doctrine contribue à les armer à l'avanee contre
les chimères dangereuses et les systèmes malsains, qui vont,
au sortir du collége, assaillir leur jeunesse. Bien des candidats, insuffisants d'ailleurs, ont dû à cette composition meil..
leure d'être admis par voie de compensation à l'épreuve orale,
et partant au succès définitif.
Car lc nombre des candidats, qui échouent sur cette seconde
partie de l'épreuve, est relativement assez restreint. Non pas que
cet examen oral soit bien brillant. Sauf quelques exceptions,
il est même généralement asscz terne. Qu'en dirai-je que je
n'ai maintes fois déjà répété? Que le grec est toujours en
déclin; que l'explication des auteurs
soutient mieux,
�G5
DES FACULTÉS.
mais que l'étude des auteurs français continue à être singulièrement négligée dans notre éducation classique. Que la
philosophie fait assez bonne figure à l'examen oral comme
aux compositions; mais que l'histoire et la géographie sont
loin encore d'avoir conquis dans nos études leur rang légitime.
En revanche, la moyenne des examens sur les éléments des
sciences physiques et mathématiques s'est fort relevée dans nos
récentes épreuves. Nos candidats, au témoignage de leurs
examinateurs, auraient été, sur ce point, supérieurs à la plupart des candidats au Baccalauréat ès sciences, et auraient
en ontre montré combien une cultnre littéraire pIns complète
donne à l'esprit plus d'étendue et de ressort.
Je m'étonne que, dans notre province, nos candidats en·
général ne mettent pas pIns d'empressement à réclamer
l'examen facultatif snI' les lal1gnes vivantes. La connaissance
d'une ou deux langues modernes devient désormais indispensable dans une éducation libérale; il est temps qu'elle
devienne dans un examen littéraire une condition obligatoire.
Sur les 479 candidats (qui se sont présentés dans les trois
sessions de novembre 1871, de mars et d'août 1872), 251 ont
été admis (52,4 pour 100) et 228 ont été éliminés, à savoir:
177 à l'ép1'euve écrite et 51 à l'épl'euve omle.
Parmi les 251 candidats heureux, 2 seulement ont été
admis avec la note très-bien: MM. Hémardinquer et BeligmanLui. - 6 avec la mention bien: MM. Chavegrin, Manœuvre,
Burckhardt, Huet, Balland et Gruchet. -73 avec assez bien.
170 avec la modeste note passablement (1).
(1) Tableau de la statistique des trois Sessions.
ÉLIMINts
ADMIS
"
:a
SESSIONS.
----- - - - - Novembre 1871 ••
Mars 1872 • • •. . .
Aoftt 1872. • • . •.
TOTAL. • • • • ••
131
46
302
54
13
110
14
8
29
-,- - - - - - - 68
21
139
1
4
55
21
94
3
63
63
25
163
-- -177 - 51 - - : - - - - 73 - - - 479
228
2
6
170
251
5
�66
RENTRÉE SOLENNELLE
Ainsi le chiffre des aélmis dépas'3e à peine la moitié du
nombre des candidats. N'est-ce pas un résultat déplorable?
Quand cet examen du .Baccalauréat n'a pour objet que dG
constater des études classiques régulièrement faites, comment
se fait-il que tant de candidats n'y puissent pas satisfaire?
Sommes-nous donc trop sévères? et sommes-nous justement
maudits? Non, certes. Mais est-ce notre faute, si on laisse
monter de classe en"classe des élèves incapables, qu'on devrait
arrêter par de sérieux examens de passage dans la classe inférieure,jusqu'à ce qu'ils fussent en état d'être admis sérieusement à la classe supérieurc? Doit-on s'cn prendre à nous,
s'ils arrivent de la sorte à l'issue de leurs études, sans qu'on
les ait avertis jusque-là de leur insuffisance, pour être alors
arrêtés devant la grille qui est placée au bout? Dans sa récente circulaire, le Ministre de l'Instruction publique insiste
sur cettû nécessité de poser les barrières à chaque degré des
études, au lieu de laisser les élèves avancer librement jusqu'à
cette porte du Baccalauréat, que la moitié d'entre eux a tant de
peine de tourner ou de prendre d'assaut. Que cette discipline
nécessaire soit sérieusement appliquée, et je m'engage d'honneur, d'ici à quelques années, à recevoir tous les candidats
qui se présenteront pour obtenir le grade de bachelier.
II. -
ENSEIGNEMEN'l'.
Je vous disais, Messieurs, que le Ministre de l'Instruction
publique, en même temps qu'il groupait à Nancy quatre
Facultés en une véritable Université,avait voulu développer
et fortifier chacune de ces Facultés, en les dotant de chaires
nouvelles, pour répondre à toutes les vocations de la science,
moderne et à tous les besoins de notre temps.
Ainsi, dans notre Faculté des Lettres, la chaire de Litté·
1'ature ancienne de
j transférée ici, a permis de
dédoubler l'enseignement de l'Antiquité classique. Depuis
un an déjà, DOUS avons pour cet objet deux chaires distinctes:
�DES FACULTÉS.
67
l'une consacrée à la Langtle et à la Littérature grecques,
l'autre à la Langue et à la Littémtm'e latines. Le Ministre a
pensé, sans doute, qu'au moment où la 'part de cet enseignement classique allait être réduite dans le plan des études,
il était convenable de l'augmenter dans l'Instruction supérIeure.
M. Campaux, qui, l'an dernier, en succédant directement
à notre bien regretté collègue Eugène Benoist, avait pris
possession de la Grèce comme de son domaine naturel, mais
qui n'est pas moins chez lui dans l'antique Rome, enseignera
désormais la Langue et la Littérature latines. Il cède l'enseignement de la Langue et de la Littérature grecques à un
jeune helléniste, M. Decharme, qui, dès l'École normale,
mais surtout à l'École d'Athènes, annonçait sa vocation particulière pour l'érudition hellénique, et qui, à ce titre, semblait
prédestiné surtout pour cette chaire. Ses leçons de l'an dernier
sur la mythologie homérique ont pleinement justifié cette
espérance.
D'un autre côté, en transférant ici par un récent décret la
chaire d'Histoire de la Faculté de Strasbourg, le Ministre
l'affectait spécialement à l'enseignement de la Géographie,
faisant ainsi une part expresse dans l'Instruction supérieure
à une science jusqu'ici trop négligée, mais qui prend désormais son rang parmi nous comme de vive force et par droit de
conquête. Pour inaugurer cette chaire nouvelle, il y appelle
un jeune professeur, M. Vidal-Lablache, que ses succès déjà
anciens à l'Agrégation d'histoire et ses travaux à l'école
d'Athènes désignaient entre tous pour cet enseignement.
Dans la chaire même d' Histoire proprement dite, nous
avons te bonheur de conserver, comme suppléant de M. Lacroix, M. Petit de Julleville, dont nous avons tous pu apprécier le talent élevé dans ce COurs éloquent de l'an dernier,
où il nous retraçait d'une façon si instructive et si pathétique
les destinées de la Grèce sous la domination romaine.
Enfin, dans le courant de la dernière année, lVI. Gebhal't,
�68
RE:.'!TRfE SOLENNELLE
nommé titulaire à la place de l'fI. Chasles, entrait en possession définitive de la chaire de Littérature étrangère, à laquelle il s'était acquis tant de titres depuis huit ans qu'il
l'occupait comme suppléant.
C'est ainsi que notre Faculté des Lettres se renouvelle et
se rajeunit d'année en année par l'infusion d'un sang nOll.veau. Je demeure aujourd'hui seul de la fondation. Tous les
autres sont partis, pour suivre ailleurs leur fortune. Mon
cher Lacroix, qui datait comme moi des premiers jours, ne
nous appartient plus que d'esprit et de cœur; la Sorbonne,
qui nous l'a emprunté, sans doute le gardera. - Du moins
M. de Margerie, qui vint ici dès la seconde année, nous
reste. Il s'est attaché à notre ville et à notre Faculté, dont il
est l'honneur, comme à sa patrie, par tout le bien qu'il y
faisait. Nous en sommes, à nous deux, les hommes des anciensjours et comme la tradition vivante au milieu des changements qui transforment successivement notre personnel.
En verité, si, comme Nestor, le vieux doyen ne peut se défendre d'un sentiment de mélancolie à voir se succéder ainsi
autour de lui ces jeunes générations de professeurs, du moins
il éprouve une satisfaction généreuse à suivre en esprit ceux
qui nous ont quittés, les Mézières, les Burnouf, les Lacroix,
les Eugène Benoist, lesquels continuent à faire tant d'honneur par leur fortune à la Faculté de Nancy, à laquelle ils
ont appartenu; et, d'un autre côté, il a le droit de se glorifier
du soin qu'apporte l'Administration supérieure à désigner
leurs successeurs. En considérant autour de moi ces jeunes
et vaillantes recrues, qui viennent depuis un an renforcer
notre bataillon sacré, mon premier sentiment est de remercier le Ministre de cette sollicitude, avec laquelle il li choisi
les maîtres chargés de soutenir la renommée des anciennes
chaires et d'inaugurer les chaires nouvelles. Assurément,
en face de cette ample Université germanique, que l'Allemagne vient d'instituer à Strasbourg, et qu'elle dote avec
une libéralité superbe, j'espère que l'Université de Nancy
�DES FACULTÉS.
69
sera en mesure de faire bonne figure. - Pour justifier la
confiance du Ministre et mériter ce poste d'honneur qu'il
nous a assigné, nous redoublerons d'efforts de notre côté.
Vous savez, Messieurs, que pour remplir cette mission, ce
, n'est pas le zèle qui nous manque. Mais il faut que nous y
soyons aidés par la bonne volonté de tous. Nous ne pouvons
rien sans votre concours.
Notre enseignement, vous le savez, a un double objet. D'un
côté, dans des Conférences d'un caractère plus intime et plus
austère, nous groupons autour de nous un petit nombre de
disciples, qui se préparent sous notre direction pour le professorat. - D'un autre côté, dans des Cours ouverts indistinctement à tous les auditeurs curieux des choses de l'esprit, nous nous proposons de répandre et de populariser
autour de nous tous les progrès de la science moderne, en
même temps que nous nous efforçons de ranimer et d'entretenir dans les esprits, avec le goût des lettres, le culte des
grandes pensées, qui font l'honneur de l'âme humaine et
comme le patrimoine particulier de la France.
Par les Conférences d'abord, il n'a certes pas tenu à nous,
que notre Faculté ne soit depuis longtemps devenue une succursale de l'École normale supérieure et une pépiniére de
jeunes maîtres pour l'Université. Assurément, il n'est pas
d'ambition plus légitime et plus opportune. Car, -en dehors
de l'École normale, qui ne reçoit guère chaque année qu'une
trentaine d'élèves pour les Sciences et pour les Lettres, il
n'y a pas d'autre centre d'études que nos Facultés, où tous
les autres jeunes gens qui se destinent à l'instruction puissent trouver une direction de leur travail. Bien des essais
sans doute ont été déjà tentés dans ce sens. Je crus la chose
assurée, quand M. Duruy, Ministre de l'Instruction publique,
résolut d'instituer, dans chaque grand lycée placé près d'une
Faculté, un corps de Maîtres - répétiteurs auxiliaires j auxquels on réservait un suffisant loisir pour leurs études. Mais, soit que l'œuvre n'ait pas été constituée tout d'abord sur
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RENTRÉE SOLENNELLE
un pied assez large et assez libéral, soit que le recrutement
de ces maîtres ne se soit pas fait avec de suffisantes ga-·
ranties, jusqu'ici le résultat n'a pas assez répondu à nos efforts et à nos espérances. Ce n'est pas que je me décourage.
Il faut seulement que l'institution s'élargisse et se régularise;
qu'en attirant à ces écoles par des avantages eertains l'élite
de nos jeunes maîtres, on puisse dès lors élever davantage
par le concours les conditions de l'admission. Enfin, ne pour.
rait-on pas exiger que, pour être admis à des fonctions dans
l'enseignement secondaire ou se présenter à l'Agrégation, on
fût astreint à participer pendant deux ou trois ans, d'une façon activé, aux études d'une Faeulté? Ce n'est qu'à ces conditions que cette création excellente de M. Duruy pourra
porter tous les fruits qu'on est én droit d'en attendre.
Quant it nos Cours publics, nOus aimerions à y voir en
plus grand nombre les jeunes gens de nos Écoles. Nous n'avons jamais voulu user avec eux du règlement qui les y
oblige. C'est par l'attrait seul et le sentiment de leur intérêt
bien entendu) que nOus voudrions réunir et retenir autour
de nos chairés ceux qui ont fait d'assez bonnes études, pour
en conserver le goût des lettres et des choses de l'esprit.
C'est à ces jeunes étudiants, en effet l que ces COurs s'adressent de préférence. Mais ils n'en sentent pas assez le
prix.
Je sais bien que les temps sont médiocrement favorables,
et que les esprits, surtout chez lesjeune générations, ne sont
guère tournés en ce moment vers ces études désintéressées
des Lettres. Les seiences positives et leurs merveilles, et les
sources de richesses qu'elles nous ouvrent pal' leur application à l'industrie, ont fasciné les imaginations et entraînent
l'attention ailleurs. Peut-être aussi les œuvres frivoles et
malsaines de la littérature contemporaine ont-elles trop blasé
et affadi les esprits, pour qu'ils puissent goûter encore l'austère et généreuse savèur des grandes âmes et des époques
saines. Ajoutez-yen outre, chez beaueoup de nOs jeunes
�71
gens, l'éloignement qu'ils ont gardé de leurs études pour
les lectures sérieuses. Tel est en effet le résultat funeste de ces
programmes, qui ont pesé si longtemps sur l'éducation littéraire de nos colléges, et dont un Ministre aussi sensé que
hardi essaie enfin de nous affranchir. Façonnés par une discipline mécanique, habitués à n'étudier que sous l'aiguillon
des examens, nos jeunes gens semblent n'avoir emporté de
ces études qu'un souvenir d'ennui.
Aussi, pour la plupart, les inscriptions prises à la Faculté
des Lettres ne sont-elles qu 1un impôt. Nous avions espéré,
cependant, que les grands et terribles enseignements que la
guerre nous a infligés, et les)umières sinistres qu'elle ajetées
sur nos misè,res morales, frapperaient davantage les âmés de la
jeunesse, en lui révélant ce qui nous manque surtout de solide dans le caractère, de sérieux dans l'esprit, d'exact dans
notre instruction. Mais le besoin de nous refaire un tempérament moral plus vigoureux, d'éclairer notre esprit et de fortifier nos cœurs pour toutes les crises, ne paraît pas encor':) être
suffisamment ressenti. Au lendemain même des catastrophes
inouies où la France a failli périr, plusieurs de nos professeurs dirigeaient volontiers leurs leçons vers la solution des
recloutables problèmes du présent et de l'avenir. - M. Petit de
Julleville étudiait d'une façon transparente, dans la Grèce
ancienne 1 comment les nations dépérissent, mais comment
aussi elles peuvent ressuseiter. M. de JYIargerie, au milieu
des ruines que les révolutions ont faites, et du trouble que
tant d'extravagantes utopies ont jeté dans les esprits, s'effor·
çait de dégager les principes immortels du droit et de la
morale sociale. A ces Cours si opportuns, qui ne se serait
attendu à voir toute la jeunesse de l'École de Droit? Les
professeurs en donnaient l'exemple. Mais les élèves, où
étaient-ils? Est-ce qu'ils étaient trop absorbés ailleurs par
leurs études spéciales? Mais, pendant la première année au
moins, n'a-t-on pas allégé tout exprès leurs études de Droit
pour leur laisser le loisir de poursuivre leur éducation phiDES FACU.LTÉS.
�72
RENTRÉE SOLENNELLE
losophique et littéraire? On croirait vraiment que, trop accoutumés à s'en tenir au strict nécessaire et à repousser tout
ce qui ne figure pas au programme de leurs examens, ils
ont peur d'une culture supérieure de l'esprit. A quoi cela
sert-il? disent-ils. Vous ne savez pas, jeunes gens, combien,
dans les carrières libérales où vous voulez entrer, ce supcrflu
devient le nécessaire; et combien votre esprit pourrait gagner
à élargir ici la sphère de ses idées en dehors de vos études
professionnelles, à sortir de lui-même et de son métier, pour
voir les choses sous une plus large perspective.
Mais, particulièrement en nos jours critiques et sur le sol
mouvant où nous marchons, vous est-il donc inutile, à vous
qui par vos fonctions devez prendre la tête du mouvement
social et servir aux autres d'exemple, vous est-il donc inu,.
tHe de chercher dans la science de l'âme et de la vie morale
une solution raisonnée à tous les problèmes qui nous assié.
,gent, de vous éclairer de l'expérience des siècles passés, et
d'affermir votre foi en remontant aux vérités immortelles?
Or, après la Religion, non, je ne sache rien enCOre qui soit
plus propre que le culte des Lettres (tel que nous l'entendons
ici), non-seulement à vous guider à travers les obscurités de
la vie, mais encore à fol'tifier vos courages contre les défaillances et à vous armer pour les combats qui vous attendent.
Mais en outre, vous, jeunes étudiants en :lYIédecine,quand
combien n'avez·
vous scrutez les mystères de
vous pas besoin, pour ne pas vous égarer, que la science
approfondie des. choses de l'âme vous explique mille phéno.
mènes dont la plus savante physiologie ne saurait vous renm'e
compte? Que je redoute même pour vous l'influence de.
l'amphithéâtre, si vous n'y entrez pas profondément pénétrés
des doctrines spiritualistes? Absorbés dans l'étude des organes, et comme fascinés par le mécanisme du cerveau, quo
je crains que vous ne perdiez parfois de vue cotte âme immatérielle et immortelle, à laquelle Dieu a donné pour instrument cet admirable organisme? Et .vous, étudiants en
�DES FACULTÉS.
73
Droit, quelle meilleure introduction pouvez-vous avoir de vos
études juridiques que la Philosophie et l'Histoire? La Philosophie vous apprend, en effet, à retrouver au fond de l'âme
humaine, comme gravée par le doigt même de Dieu, les
principes souverains et les lois éternelles, dont toutes nos
institutions politiques et civiles nes ont que le développement
et l'application aux besoins des sociétés humaines; en même
temps que la discussion des grands intérêts de la vie morale
élève votre esprit, affermit votre jugement et vous exerce à
la discipline de la pensée. Et l'Histoire, de son côté, en vous
montrant, à travers les vicissitudes de la vie des peuples,
comment les lois de chaque pays se modifient selon le génie,
la croyance, les mœurs de chacun et les progrès de la civilisation, l'Histoire vous instruit à mieux discerner, au milieu
de ces transformations, ce qu'il y a d'essentiel et d'immuable
dans le code des diverses nations, et ce qui, au contraire,
amené par des circonstances particulières, a pu disparaître
avec elles. Mais nous tous, du reste, plus les temps sont obscurs et l'avenir voilé, et plus nous avons besoin de recourir à
cette expérience de l'Histoire. Nous ne savons plus suffisamment, en effet, ce long passé du genre humain qui nous intéresse et qui peut tant servir à expliquer le présent. Car le
monde est comme le théâtre d'un drame immense, où chacune
des générations qui se succèdent est appelée il. jouer un rôle
à son tour. Il y a longtemps que la pièce est commencée, et
c'est aujourd'hui notre tour d'entrer en scène. Or, pouvonsnous comprendre le sujet et le sens du drame, et y faire convenablement notre personnage, si l'Histoire, comme un programme de la pièce, ne nous lllet au courant des actes
antérieurs?
Que dire maintenant des Cours de Lettres proprement dites?
Qui osera contester aujourd'hui la nécessité d'apprendre à
mieux connaître, par l'étude des littératures étrangères, le
génie des autres peuples? La guerre a rompu violemment le
cercle, où nous aimions à nous enfermer chez nous avec une
�74
SOLENNELLE
fatuité ridicule et paresseuse. Si la cùnnaissance de l'étranger n'était pour nous jusqu'ici qu'une simple curiosité, aujourd'hui c'est une nécessité. Il faut prendre à l'étranger ses
sciences, mais pour en faire un meilleur usage. Voilà la première conquête à laquelle nOus devons songer.
Qu'aiie besoin en outre,jeunes gens, de vous recommander
nùs cours divers de Littérature, quand ç'avait été jusqu'ici
une des nobles traditions de notre Magistrature et de notre
. Barreau, d'unir à la jurisprudence le culte des Lettres ?Souvenons-nous toujours qu'entre toutes les nations de l'Europe,
c'est la France, qui s'était autrefois posée comme l'héritière
de l'éloquence de la Grèce et de Rome. La France a toujours
aimé le bien dire: elle veut être à la fois convaincue et
charmée par ses orateurs. Vous tous donc, obligés par état
d'être éloquents, venez ici, venez alJprendre à connaître, dans
unc société plus intime, ces maîtres anciens et modernes de
la pensée et de la parole humaine, dont nous sommes chargés
de vous entretenir. Venez vous instruire à leurs propres
leçons, vous nourrir de leur pensée, vous inspirer de leur
âme. Car nous ne sommes ici que leurs interprètes. Nous
nous efforçons de rendre la vie sous vos yeux à leurs œuvres
éteintes, et de surpendre, pour vous les livrer, les secrets de
leur génie.
Aujourd'hui nous invitons la jeunesse de nos Écoles à
venir ici compléter .ses études littéraires. J'espère que bientôt on l'y contraindra. Ce sera, en effet, une des conséquences
inévitables des réformes, que M. le Ministre de l'Instruction
publique essaie en ce moment dans le système de notre éducation secondaire, si fréquemment remanié depuis vingt ans,
sans produira pour cela jusqu'ici des moissons plus fécondes.
Vous connaissez tous, Messieurs, cette récente circulaire,
où ]YI. le Ministre invitait les proviseurs et les professeurs de
nos Lycées, à alléger ce bagage d'études multiples, dont on
avait surchargé jusqu'à présent l'enseignement secondaire.
Il était temps. Car jusqu'ici on n'avait songé qu'à y faire en-
�DES FACULTÉS.
75
trer suecessivement toutes les sciences anciennes et modernes,
comme si le lycée dût suffire à tout, et par une instruction
universelle pourvoir à la fois un jeune homme de dix-huit
ans pour toutes les carrières de la vie. C'est ainsi qu'en
; maintenant intact le vieux fonds de l'enseignement classique,
on avait fait place à l'étude des langues modernes à côté du
latin et du grec. Non-seulement à l'histoire on avait justement rattaché la géographie, mais encore on avait étendu
l'histoire jusqu'à l'époque contemporaine, et on y avait fait
entrer la stastistique, le commerce, l'industrie, l'économie
politique, etc. Pareillement l'histoire de la philosophie était
venue s'adjoindre à la philosophie elle-même. Voilà pour les
lettres. Pour les sciences, à l'arithmétique, à la géométrie,
aux élements d'algèbre, On ajoutait l'histoire naturelle, l'hygiène, la physique, la chimie, la cosmographie. Et au milieu
de ces études si diverses et si multiples, il fallait encore
trouver le temps pour les exercices du corps, afin de maintenir autant que possible un harmonieux équilibre entre le
développement physique et 10 développement intellectuel.
Nos programmes présentaient ainsi, en abrégé, COmme une
encyclopédie de toutes les connaissances humaines. On ajoutait toujours, on ne retranchait jamais. On n'oubliait que deux
choses, c'est que la journée pour nos écoliers n'a que vingtquatre heures, et qu'une tête de seize à dix-sept ans ne
mesure qu'une certaine capacité.
De là cette faiblesse des études, malgré les efforts et l'habileté des maîtres; de là cette «moles indigesta rerum» sous
laquelle l'intelligence des enfants reste parfois ensevelie; de
là ee savoir hâtif qui s'évapore si vite. L'étendue des programmes, en effet, condamne les élèves à ne :savoir que par
à peu près, et à ne eonnaÎtre que la surface des choses; de
là ce dégoût que nos jeunes gens gardent de leurs études;
car ils ont dû s'en tenir à des nomenclatures, à des formules
arides, qui surexcitent la mémoire aux dépens de la raison
et ne laissent qu'un souvenir d'ennui.
�76
RENTRÉE SOLENNELLE
La barque était surchargée. Tout le monde en tombait
d'accord. Que va-t-on cependant jeter à la mer? Notre Mi:uistre, sans rien sacrifier d'essentiel, voudrait au moins simplifier quelques méthodes, et eommence par débarrasser nos
études de plusieurs exercices inintelligents et surannés. Stms
doute on sera divisé d'opinion sur l'étendue et le choix des
sacrifices qu'il comeille. Il appelle lui-même sur ces projets
la libre discussion. Ce n'est pas lc lieu ici d'apprécier ces
réformes. Je me borne à dire, que des esprits expérimentés
ont pu craindre que l'étude si essentielle des langues anciennes ne fût affaiblie par une transformation de méthode si
radicale. Assurément la part qui leur est faite sera amoindrie dans le nouveau plan d'études. Aussi je ne doute pas
que le 1\1inistre, qui sent si bien l'importance de ces études
pour une éducation libérale, ne se préoccupe de leur retrouver une place quelque part. Car il semble que la France
serait atteinte dans son génie, si cette antiquité classiquc,
dont elle a fait entrc toutes les nations modernes son glorieux
patrimoine et dont elle s'est nourrie, perdait quelque chose
de son inflnence dans l'éducation de nos jeunes générations.
Qu'est-ce que la Grèce, en effet, sinon l'esprit humain dans
toute la splendeur de la jeunesse? Qu'est-ce que Rome, sinon
le bon sens et le patriotisme dans toute sa grandeur? L'une
et l'autre ont été pour nos P(l'CS la grande école de logiqué,
de sentiments généreux, d'héroYsme; et plus que jamais nos
fils ont besoin de cette discipline morale.
Sans doute, avec le temps qui nous presse, et les diverses
études qui la solli<ûtent, nous ne pouvons plus retenir toute
notre jeunesse pondant de longnes années dans ce commerce
salubre et élevé des beaux génies et des grandes âmes de
l'antiquité. 1\fais du moins, comme compensation, il faut que
ceux de nos enfants qui se destinent aux carrières libérales,
après leurs études secondaires terminées, trouvent le moycn
et le loisir de prolonger ailleurs une fréquentation si utile de
Rome et de la Grèce.
�77
C'est naturellement aux Facultés des lettres, qu'il devra donc
appartenir désormais de compléter cette éducation littéraire.
Chaque chose aura repris sa place. La Faculté sera dans son
rôle et le Lycée dans le sien. Car le jeune homme doit sortir
, du Lycée plutôt apte à tout apprendre, qu'avec la prétention
de tout savoir i il ne doit pas avoir l'air de croire que toute
culture littéraire se termine au baccalauréat, et qu'il n'a plus
rien à apprendre en philosophie, en histoire, on lettres anciennes et modernes, quand il ontre à l'École de Droit ou
à l'École de Médecine.
Quand on aura ramené les études du Lycée à la mesure
où elles auraient dû toujours se borner pour être efficaces,
le Ministre voudra compléter cette réforme, en exigeant
qu'au sortir de l'enseignement secondaire, l'enseignement
supérieur saisisso régulièrement le jeune homme; et quo
nos Facultés des Sciences et des Lettres, au lieu d'un auditoire bénévole, trouvent là de véritables élèves. Il faudra
qu'à l'avenir, après l'examen du baccalauréat ès lettres, los
aspirants au moins à certaines fonctions publiques soient astreints, pendant la durée de leurs études professionnelles, à
l'enseignement supérieur littéraire ou scientifique, suivant
leur vocation.
Maintenant quel examen leur imposera-t-on, pour sanctionner cette obligation? La licence ès lettres actuelle dépasserait le but. Telle qu'elle est aujourd'hui constituée en effet,
avec ses compositions en vers latins et en thême grec, elle
demeurerait exclusivement réservée aux jeunes gens qui se
préparent au professorat. - ThIais au-dessous ou à côté de cette
licence professionnelle, il Y aurait lieu de constituer tout
exprès pour nos élèves en Droit une autre licence d'un cm'actère moins spécial, où, avec un morceau de critique ou
d'histoire littéraire écrit en français ou même en latin, on
demanderait aux candidats une composition d'histoire et une
dissertation de philosophie; et où ils seraient interrogés à
l'épreuve orale sur les littératures classiques grecque, latine
DES FACULTÉS.
�78
RENTREE SOLENNELLE
et française, et sur telle littérature étrangère qu'ils désigneraient. Ce serait ainsi une licence plus large, plus mondaine,
en quelque sorte, et mieux accommodée à la carrière de ces
jeunes gens. Après avoir dégrévé l'adolescence pendant les
premières études en réduisant le baccalauréat à des proportions plus modestes, ce serait le moyen efficace de contraindre
la jeunesse, à ne ,pas oublier au lendemain du baccalauréat,
tout ce qu'elle a appris au lycée, et à fortifier son éducation
classique.
Ce vœu que j'exprime u' est pas nouveau. Il s'est fait jour
déjà de partout depuis plusieurs années. Déjà en particulier
le Conseil académique de Douai, sur la proposition du doyen
de la Faculté des Lettres de cette ville, a formulé, dans ce
sens, le désir le plus explicite. Au nom de nos études littél'aires, dont l'avenir intéresse si vivement l'avenir même de
la patrie, je demande au Conseil académique de Nancy de
vouloir bien s'associer à une démarche si opportune.
Je ne dois pas finir cc Happort, sans ajouter quelques mots
sur les travaux particuliers do mes collègues. Je serai court.
D'ailleurs les plus jeunes, absorbés dans la préparation de
leurs Cours, n'ont guère pu vaquer à des œuvres personnelles.
Ils amassent des matériaux pour l'avenir. Les autres, en ces
temps où nous sommes, croient devoir délaisser en partie les
études de science purement spéculatives, pour faire l'œuvre
de citoyen. Ainsi M. de Margerie reste sur la brèche, se pOl't!J,nt partout avec une vaillance admirable où l'ordre moral et
social paraît menacé. S'il y a des jours en effet calmes et se·
reins, où la philosophie peut poursuivre en paix les recherches
de la science pure, elle doit, dans les temps troublés, sortir
parfois de son sanctuaire pour se jeter dans la mêlée des
hommes, pour lutter contrc les fausses doctrines, pour dissiper les ténèbres des esprits et rétablir dans leur lumière
les vérités qui sont le fondement de la société et de la vie
morale. C'est ainsi qu'au lendemain de la guerre, M. de Margerie, sous le titre de la Restauration de la FJ'ance, publiait
�DES FACULTÉS.
79
un beau volume, Où il étudiait avec une clairvoyance patriotique les misèrcs morales qui avaient amené nos désastres,
et les remèdes par lesquels la patrie pouvait encore être
sauvé.e. C'était un cours du semestre précédent, dont on
; l'avait prié de faire profiter la France entière. - Aujourd'hui
on lui demande pareillement de publier son cours non moins
opportun de cette année sur la Morale sociale. Voilà comme
ce noble esprit et ce bon citoyen, en s'accommodant aux
temps, trouve moyen de servir à la fois la science et son
pays.
On peut rapprocher ,à bien des égards, de l'œuvrepatriotique
de lYI. de Margerie, la charmante œuvre poétique que vient
de publier M. Campaux, sous le titre de Maisonnette. Virgile,
dit-on, aurait composé ses Géorgiques à la prière de Mécènes,
pour réveiller chez la population de l'Italie le goût de l'agriculture et le culte des vertus rustiques, qui avaient fait jadis
la grandeur de Rome. Tel semble être l'objet de la touchante
et salubre épopée pastorale, où M. Campaux s'est attaché à
exprimer la vertu de la vie champêtre pour rendre l'homme
à lui-même. On y respire en effet la saveur la plus vraie et
la plus saine de la vie des champs. La description des travaux de la ferme pourrait maintes fois être rapprochée des
peintures si exactes et si pittoresques des Géo1'giques. Un
roman plein de grâce et de chaste passion anime en même
temps tout le poëme. C'est une œuvre moderne par l'exquise
délicatesse des sentiments, mais vraiment antique par le
sentiment de la nature, la vérité originale des détails, et
parfois la perfection du style. Aussi personne ne songera à
reprocher à M. Campaux son infidélité à des muses plus
austères pour cette aimable équipée dans le champ de la
poésie. Sa .JUaisonnette déjà est des plus fréquentées: on
aime à y venir respirer la fraîcheur et la paix. En faisa11t
œUVle de poëte, il a fait lui aussi acte d'homme de bien.
J'aurais presque le droit de revendiquer encore au compte
de notre Faculté des Lettres, plusieurs livres de lU. Eugène
�80
RENTRÉE SOLENNELLE
Benoist, notre ancien collègue, aujourd'hui professeur ù
Aix en Provence. Car, bien que ces ouvrages aient été publiés
depuis son départ d'ici, l'auteur les avait composés dans
l'asile de notre Faculté, et il les a dédiés à ses anciens amis
et collègues de Nancy. Ce sont des notes excellentes sur le
VC livre de Lucrèce. Mais c'est surtout le IIIG volume de
cette édition de Virgile, qui fait tant d'honneur à la science
française et à l'Université. Ce volume couronne dignement
une œuvre qui avait excité tant d'espérance. Je sais qu'en
parant notre Faculté de Nancy de ces savants ouvrages de
:U. Eugène Benoist, je réponds encore au vœu secret d'un
excellent collègue, que nous n'avons possédé que quatre ans,
mais qui de cœur nous appartient toujours.
�
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1872 - Inauguration de la Faculté de médecine et rentrée des Facultés de droit, des sciences et des lettres de Nancy, le 19 Novembre 1872
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Administration Académique. p.1. </li>
<li>Académie de Nancy.Conseil Académique. p.1. </li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de droit. p.2. </li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de médecine. p.2-4. </li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des sciences. p.4. </li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des lettres . p.4. </li>
<li>Procés-Verbal de la séance. p.5-7. </li>
<li>Discours de M. Le Recteur. p.9-18. </li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté de droit. p.19-36.</li>
<li>Discours de M Le Doyen de la Faculté de médecine. p.37-46. </li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des sciences. p.47-60. </li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres. p.61-80. </li>
<li>Rapport de M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie. p.81-87. </li>
<li>Notes. p.88. </li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy pour l’année 1871-1872, par M. Paul Cauwès, agrégé. p.89-100. </li>
<li>Distribution des prix. Faculté de Droit. p.101-104. </li>
<li>Distribution des prix. Ecole de médecine et de pharmacie. p.105-106. </li>
<li>Lettre de M. Jules Simon, Ministre de l’Instruction Publique à M. Le Doyen de la Faculté de médecine. p.107-116.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1872
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Berger-Levrault et Cie. 11, Rue Jean-Lamour, 11
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1873
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)