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http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/d8ca0cd13fba9fbe2f4d2f846461fb5c.pdf
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�UNIVERSITÉ DE FRANCE -
ACADÉMIE DE NANCY
RENTRÉE SOLENNELLE
DES
ET DE
L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE
DE NANOY
Le 28 Novembre 1882
NANCY
IMPRIMERIE BERGER-L EVRA DL '1' ET Cie
Il,
UUE JJ>AN-LAMOUU,
1883
Il
��RAPPORT
SUR
L'ENSEIGNEMENT ET LES EXAMENS
DANS LA FACULTÉ DES LETTRES DE NANCY
1881-1882
Chaque année apporte des changements considérables à
l'organisation de notre enseignement, ainsi qu'au personnel
de notre Faculté des lettres. Il ya longtemps que je reste
seul des membreS qui vinrent avec moi laJonder en 1854.
L'un d'eux, qui, en nous quittant il y a dix ans pour aller
suppléer M. Wallon dans sa chaire de la Sorbonne, gardait toutefois parmi nous le titre de professeur honoraire,
M. Lacroix nous a été enlevé au début de cette année par
une mort bien brusque, alors que sa joyeuse et forte constitution nous permettait l'espoir de le conserver encore de longues
années, pour l'amitié, pour les travaux historiques qu'il·
avait en vue, pour toutes les œuvres de charité auxquelles
il prodiguait son temps, sa bourse et son cœur. Il avait laissé
autant d'amis ici, qu'il avait connu de personnes; et, malgré
bien des années déjà de séparation, le deuil de sa mort a été
bien vivement ressenti dans cette ville de Nancy, qui était
devenue pour lui comme une seconde patrie.
Nous ne nous attendions guère au départ de M. Gérard,
�118
SÉANCE DE RENTRÉE.
quand, à Pâques, il nous apprit à l'improviste qu'il quittait sa
chaire de philosophie pour le rectorat de Grenoble. Quand,
il y a déjà quelques années, nous l'appelions de nos vœux à
la J1-'aculté de
lui, un enfant de notre ville, ct qui
longtemps n'avait pas eu d'autre ambition que d'y revenir,
nous nous fiattions de le conquérir pour longtemps. Son séjour abrégé parmi nous n'en laissera pas moins une trace
profonde. Sans transformer encore entièrement son Cours public, toujours accessible à un auditoire d'élite, il a cependant
dirigé de plus en plus son enseignement vers les concours
d'agrégation et les examens de licence, s'accommodant à
cette œuvre multiple avec une merveilleuse souplesse d'esprit. Mais cette tâche, où il ne se ménageait pas, avait ses fatigues et ses heures de défaillance. C'est en un de ces moments qu'on lui a proposé une place de recteur, et qu'il l'a
acceptée. Il s'acquittera de sa tâche nouvelle en homme de
cœur, comme toujours. Mais puisse-t-il, dans ces soucis de
l'administration, ne pas trop regretter la sphère sereine des
idées pures et des études élevées et généreuses, où il avait
jusqu'à présent abrité sa vie!
M. Gérard a eu du moins, en nous quittantj l'assurance de
laisser son héritage de la Faculté en des mains vaillantes, et
que les élèves, dont il avait dirigé les études avec tant de
soin, trouveraient dans M. Victor Egger un guide excellent.
Avant de venir à Nancy, M. Egger avait fait, depuis cinq
ans, ses preuves comme Maître de conférences à la Faculté
des lettres de Bordeaux. Le premier rang d'ailleurs qu'il
avait conquis à l'agrégation de philosophie, et les thèses qu'il
avait soutenues ensuite pour le doctorat ès lettres devant la
Faculté de Paris, l'avaient particulièrement distingué dans
notre estime, et nous avaient inspiré l'ambition de l'avoir
parmi nous. Sa thèse française sur la Parole intérieure nous
signalait un psychologue d'une rare sagacité; sa thèse latine
sur Diogène Laërce, un érudit, portant déjà avec éclat le nom
glorieux de son père. Pourquoi faut-il que, devenu profes-
�FÀCULTÉ DES LETTRES.
119
seur titulaire, il persiste à enfermer encore tout son en'seignement dans des conférences intimes?
M. Zeller, à son tour, le suppléant si goûté de M. Rambaud dans la chaire de Géographie, vient de nous quitter,
avant que nous ayons eu la satisfi1Ction de le fixer parmi
nOus par un titre définitif. Il sait bien que c'était notre plus
grand désir; mais il n'a pas eu la patience d'attendre que la
chaire devînt vacante. Il était pressé de s'assurer une situation mieux assise; et il a pensé la trouver dans l'administration, comme inspecteur d'académie à Laon. Assurément, je le
regrette. Je ne sais si lui-même ne regrettera pas quelquefois
le haut enseignement. Mais je sais qu'il laisse un grand vide
dans la Faculté, et de vifs regrets
ce nombreux public
si fidèle à ses leçons de géographie.
Il sera remplacé dans la suppléance de cette chaire par
M. Homolle, qui,jeune encore, s'est acquis déjà, par ses travaux et ses voyages archéologiques une renommée euro"
péenne. Du reste, vous le connaissez déjà, depuis quatre ans
qu'il nous appartient comme Maître de conférences. Esprit
souple, pénétrant, curieux, il portera dans l'étude de la géographie hilStorique cette sagacité et cet intérêt l cette érudition précise et forte, que nous avons pu apprécier dans ses
leçons d'archéologie ou dans son enseignement des Institutions grecques et romaines. Nous remercions l'Université de n'avoir pas attendu son doctorat pour nous le rendre dans ces fonctions nouvelles.
M. Homolle, à son tour, aura pour snccesseur dans ses
conférences d'histoire et d'archéologie 1\1. Dubois, qui, reçu
comme lui le premier à l'agrégation d'histoire, a dû, comme
lui, à son succès d'aller passer trois ans en Grèce, en qualité
de membre de l'École d'Athènes. Cette heureuse recrue
semble à mes yeux ra:jeunir notre Faculté des lettres de
Nancy, qui a été fondée il y a vingt-huit ans par une colonie
athénienne, et qui, depuis ce temps, a eu maintes fois la
bonne ÎOl'tune de se retremper à la même source. Pour moi,
�120
SÉANCE DE RENTRÉE.
Je doyen des premiers jours, ces Athéniens sont comme des
fils de prédilection. Le choix de M. Dubois nous promet que
l'étude des choses de l'Antiquité, si solidement organisée ici
par :M. Homol1e, continuera à y fleurir avec honneur:
Uno avulso, non deficit alter
Attreus.
J'ai trouvé même, dès SOn arnvee, ce jeune :Maître de
conférences si plein de zèle, que je n'ai pas hésité à lui demander, outre ses conférences réglementaires, une Leçon publique sur l'histoire de la Grèce ancienne. Quand un hôte
nous arrive de Grèce, tout brûlant encore de la flamme sacrée qu'allume dans nos cœurs un séjour prolongé en ce
pays des merveilleux souvenirs, il faut en profiter. Il y a
dans la parole de ces nouveaux venus une fraîcheur d'impression incomparable; c'est comme le charme d'un premier
amour.
Un mot encore sur le doctorat de M. Krantz, un de nos
premiers Maîtres de conférences, qui, par ce titre de docteur
ès lettres, s'est rattaché encore plus étroitement à notre Faculté des lettres, laquelle, de son côté, aime à compter de
plus en plus sur lui pour sa fortune. - Il y a longtemps qu'on
le pressait à ce sujet i on n'a rien perdu pour attendre. Le
mérite de ses thèses et le succès qui les a couronnées, ont am·
plement compensé ces retards, et répondu à l'espérance de
l'Université. Dans chacune d'elles, IVI. Krantz, aussi savant
critique qu'agréable écrivain, montrait sa rare aptitude à
traiter tout ensemble les questions philosophiques et littéraires. Il avait quelque droit à me dédier sa thèse latine sur
l'Amitié, d'après Aristote. Sa thèse française, surtout, gardera
une place distinguée dans l'histoire de notre littérature classique. On avait bien pressenti jusqu'ici l'influence profonde
de la philosophie cartésienne sur toutes les œuvres artistiques et littéraires du XVll e siècle. Mais M. Krantz en a fait
comme une démonstration en règle, la démonstration à la fois
�FACULTÉ DES LETTRES.
121
la plus spirituelle et la plus piquante, en même temps que la
plus solide. Là. même où la pensée s'offre a vous avec une vivacité paradoxale, on est obligé de se rendre; on sent combien
l'auteur, au fond, a raison. Ceux qui ont assisté a la soutenance nous ont dit combien elle avait été brillante. J'y
comptais bien. Aussi, est-ce à l'unanimité des voix que la
Sorbonne a proclamé M. Krantz docteur ès lettres. Notre
Faculté est fière de ce succès. Et
qui ai toujours été si
jaloux de sa fortune, si ambitieux, quand un vide se faisait
dans nos rangs, d'y appeler des hommes de talent, je puis
désormais songer à la retraite, assuré de trouver chez ce
jeune maître, qui partage avec moi depuis six ans l'enseignement de la littérature française, un vaillant successeur.
Puis-je terminer enfin cette revue, sans nous féliciter du
succès tout récent de M. Pellissier au doctorat ès lettres?
Car depuis un an, M. Pellissier est entré dans notre famille
de la Faculté, comme Maître de conférences supplémentaire;
et il semble que ce nouveau titre lui donne davantage encore
droit de cité parmi nous. Ses deux thèses, l'une sur les
théories poétiques de notre XVIe siècle (De sexti decimi in Fran·
cia artibus poeticis), entre lesquelles se distingue l'œuvre de
Vauquelin de la Fresnaye; l'autre, sur la vie et les œuvres
de Du Bartas, ce Milton manqué de notre épopée biblique,
ont si bien signalé sa science littéraire, son talent et son
goût, que j'ai déjà bien peur que Paris ne songe à nous le
ravir. C'est la destinée de notre Faculté, que Paris ait toujours les yeux sur nous, et songe à s'y recruter en toute occasion.
I. -
ENSEIGNEMENT.
Autrefois, presque tout l'enseignement des Facultés des
lettres s'adressait à un public libre. C'était une sorte d'Athénée institué dans quelques-unes de nos grandes villes pour y
entretenir le goût de la haute culture intellectuelle, l'amour des
�122
DE HENTHÉE,
choses de l'esprit, ces traditions d'élégance et d'art, qui J'es.
taie nt comme la Heur de notre civilisation française. On venait
s'y retrempà dans l'étude des grands siècles, qui sont l'éternel
honneur de l'esprit humain, et vivre dans le commerce des
beaux génies et des grandes âmes de la Grèce antique, de
du XVIIe siècle. Ou bien encore, on
Rome et de notre
aimait à venir y respirer un air plus pur à l'école généreuse
d'une philosophie spiritualiste, qui dissipait aisément par Ea
lumière les miasmes des erreurs contemporaines. Certes,
c'était là une utile et salutaire mission, dont nous nous acquittions avec zèle; mais elle ne suffisait pas à notre amGition.
Quand nous voyions autour de nous tant de jeunes gens
s'engager dans l'enseignement avec une instruction insuffisante, sans guide pour diriger leurs études, incapables pour
la plupart, si on les abandonnait il, eux-mômes, d'arriver nOn
seulement à l'agrégation, mais même à la licence, condamnés iL languir toujours dans des fonctions ingrates et su oa1ternes, j'éprouvais avec mes collègues un immense
de
leur venir en aide. Je venais de quitter, pour venir ù Nancy,
l'École normale supérieure, où j'avais été professeur. Je
voulus instituer dans la Faculté quelque chose de selllGlab1e,
des Conférences à l'usage des maîtres du Lycée, pour les préparer au grade supérieur. Dans maintes autres Facultés, on
manifesta les mêmes intentions, on tenta le même essai. Une
administration libérale y répondit) et fit, de nos tentatiVl's
iS0lées, une institution régulière. Pour faciliter aux llwîtrel;
1'6pétiteurs des Lycées la fréquentation deees conférenceli,
elle multiplia les maîtres auxiliaires et les maîtres adjoints.
En même temps, elle secondait la bonne volonté des professeurs de nos collèges éloignés, qui venaient le jeudi s'associer il ces conférences, en les défrayant des dépenses (le leur
voyage. Puis elle dota la Faculté d'un certain nom Gre de
Bourses de licence données au concours, puis de Bourses
d'agrégation, pour ceux de nos élèves qui voulaient poursuivre jusque-là. Je crois que l'administration n'a pas cu il
�FACULTÉ DES LETTRES.
123
sc repentir de noUs avoir ou suivis ou poussés dans cette
voie. Car, tandis qu'autrefois les divers concours d'agrégation
ne semblaient accessibles qu'aux seuls élèves de l'École normale, aujourd'hui ces élèves, bien que toujours choisis et
préparés dans des conditions exceptionnellement favorables,
trouvent dans nos boursiers des rivaux sérieux et parfois redoutables.
Cependant il a fallu pour cela que notre enseignement se
transformât en partie. Le professeur a commencé par se partager également entre les Cours publics et les Conférences.
Puis, certaines Conférences se multipliant, l'enseignement de
plusicurs chaires s'y est absorbé. C'est ainsi que l'histoire de
la littérature grecque et de la littérature latine a dû prendre
d'abord ce caractère intime. A leur tour, les cours d'histoire
et de géographie, tout en gardant leur rôle pubEc pendant le
semestre d'hiver, ont tourné entièrement pendant l'été en
conférences, dont le besoin du reste se fait sentir de plus en
plus à mesure que l'époque des examens approche. Les cours
de Littérature française et de Littérature étrangère conservent
seuls aujourcl'hui leur entière publicité pendant toute l'année. J'aurais vivement désiré que la Philosophie, de son
côté, consacrât aussi une leçon au moins par semaine au
grand public. Alors que le monde moral est troublé par tant
de problèmes confus et redoutables, et que les esprits se
tournent tout entiers aux intérêts matériels, on voudrait que
les intérêts supérieurs de la pensée et de l'âme trouvassent
dans chaque Faculté un interprète pour les représenter et les
défendre.
La revue de notre enseignement de l'an dernier se partagera donc entre les leçons publiques et les conférences.
Leçons publiques.
Philosophie. - Dans son cours du premier semestre,
M. Gérard étudiait à la fois, en les opposant, l'idéalisme de
�124
SÉANCE DE RENTRÉE.
Platon et l'empirisme d'Aristote; étude féconde et d'un immortel intérêt. Car ces deux systèmes ne contiennent-ils palt
le problème éternel de la philosophie, ce problème, dont les
expressions peuvent varier sans doute selon les di verses
époques, mais qui ne cesse de tourmenter et de fécond cr l'es.
prit humain, et qui reste comme le fond d'où partent et aboutissent toutes les recherches philosophiques'2 M. Ravaisson
n'a-t-il pas légitimement rattaché toute l'histoire de la philosophie au développement de la métaphysique d'Aristote?
1\1:. Gérard se proposait de consacrer tout le semestre d'été à
la préparation des questions générales et des thèses particulières de l'agrégation de philosophie. C'est cette tâche qu'il a
léguée à M. Victor Egger; l'héritage était remis en bonnes
maIns.
Littérature étrangè1'e. - M. Grücker arrivait cette année
au grand siècle du théâtre allemand. Chose singulière dans
l'histoire littéraire, c'est la critique en Allemagne qui avait
préparé les créations du génie: c'est Lessing qui avait frayé
la voie à Gœthe et à Schiller. 'route l'originalité du théâtre
allemand est dans ces deux poètes, émules glorieux qui
créent de concert le drame romantique. L'œuvre de Gœthe a
une force et une grandeur vraiment originales; mais celle do
Schiller a surtout la sensibilité, le mouvement et la vie: clIc
est bien plus humaine, malgré sa tendance ver-s l'idéal. - Le
proftsseur est allé tour à tour de l'un à l'autre poète, commontant leur œuvre par leur biographie, et signalant l'influence
réciproque qu'ils exercent l'un sur l'autre. Il sait l'Allemagne comme l'Allemand le plus instruit; mais il la juge
avec le bon sens français, aiguisé d'esprit.
Histoire. - M. Debidour, pendant le premier semestre, a
suivi les vicissitudes de la question d'Orient au XIX" siècle.
Certes, on s'étonne que cet empire ottoman, si barbare et si déchu, s'étale encore en Europe dans la région, qui, avec un autre
peuple, serait la plus belle et la plus puissante du monde. Cal'
la destinée de Constantinople est d'être la reine de la l\Iédi-
�FACULTÉ DES LETTnES.
125
terranée; et il faut vraiment la jalousie des nations rivales
pour soutenir aux bords du Bosphore la race ctndamnée qui
y domine encore. Il y a longtemps que cet empire est en
ruine; et chaque effort qu'on fait pour le régénérer en précipite le déclin. Après avoir établi la situation de l'empire
ottoman au début du siècle, le professeur en a suivi les révolutions intérieures, et signalé successivement les parties
vermoulues qui s'en détachaient. C'est la Grèce d'abord, qui
force l'Europe, après une insurrection sanglante et prolongée,
à reconnaître son indépendance. C'est la Serbie, c'est la Roumanie, qui s'en détachent à leur tour. En 1840, l'Europe intervient pour arrêter Méhémet-Ali marchant sur Constantinople. En 1854, c'est la France et l'Angleterre qui se liguent
contre la Russie, pour lui arracher une proie depuis si longtemps convoitée par elle. Le Congrès de Paris ne fera que
suspendre la crise. La guerre des Balkans, en effet, va bientôt éclater. Qui dira maintenant pour combien d'années le
traité de Berlin prolongera l'existence de cette nation condamnée à rentrer en Asie? - Voilà le sujet du cours de cette
année. C'est là sans doute de l'histoire bien contemporaine,
pleine encore de problèmes non résolus, et parfois toute
frémissante encore de passions opposées. Certes, j'aimerais
mieux, quant à moi, que l'enseignement des Facultés se
maintînt dans les régions sereines et pacifiées du passé, et
ne remuât que des questions dont les événements ont donné
le dernier mot. Mais c'est pourtant cette histoire contemporaine qui intéresse le !1lns le gros du public, celle aussi qui
paraît d'une utilité plus immédiate. Maintenant que le régime démocratique appelle tout le monde à participer aux
destinées politiques du pays, il peut sembler opportun de
mettre à la portée de tout le monde ces questions complexes,
dont la solution suprême est encore suspendue.
Géographie. - M. ZeUer, qui s'était arrêté pendant les
premières années de son enseignement à l'étude de l'Afrique
(ce pays encore plein de mystères, sur lequel tous les yeux
�126'
SÉANCE DE RENTRÉE.
aujourd'hui sont tournés), est revenu cette année à la Franee,
avec le dessein de l'étudier en détail. Après en avoir esquissé l'aspect général, il s'est particulièrement attaché li. la
région des .Pyrénées, qu'il nous a appris à parcourir en touriste, en naturaliste, en géologue, en géographe ct en historien, pour descendre ensuite dans le bassin de la Garonne,
étudier le golfe et les landes de Gascogne, ct le curieux
estuaire de la Gironde. Pour ce cours, notre habile et ùévoué
collaborateur, :M. Barbier, a dressé les premières feuilles
d'une vaste carte murale de la France, qu'il continuera, ct
pour laq uelle je tiens à lui témoigner hautement notre gratitude. Le goût de la géographie, si vif déjà dans notre ville,
a redoublé pour la connaissance de la France; et l'on a vivo·
ment regretté que ce Cours, suivi avec tant d'intérêt penùant
l'hiver l ait été suspendu à Pâques pour se transformer en
conférence de licence et d'agrégation.
Histoire ancienne. - :M. Homolle, alors :Maître de conférences d'archéologie, a repris cette année, à l'usage des
jeunes maîtres qui se destinent à l'enseignement historique,
les questions essentielles d'histoire ancienne, trop oubliées
déjà de la plupart d'entre eux, admettant du resle iL ces leçons les auditeurs libres qui pouvaient s'y intéresser. C'est
ainsi qu'il a étudié successivement l'antique Égypte, J'Assyrie, la Perse, la Phénicie et les peuples de l'Asie·Mineure.
Puis, revenant à la Grèce, après en avoir recherché la population primitive, il a esquil?sé l'histoire d'Athènes. jusqu'à
Solon, de Sparte jusqu'aux guerres :Médiques. Il s'est arrêté
davantage à cette lutte héroi'que d'Athènes contre l'Asie
conjurée, et à la guerre du Péloponèse qui lui succède. En
même temps que le professeur racontait les événements en
homme qui en a vu le théâtre, il se plaisait à exposer simultanément le tableau des œuvres du génie grec et des beauxarts, surtout au siècle de Périclès; commentaire merveilleux
qui complète et illumine d'une splendeur glorieuse l'histoire
de cette nation prédestinée.
�FACULTÉ DES LETTRES.
127
fmnçaise. - L'an dernier, le professeura retracé
l'histoire des idées et des lettres en France au XIVe et au
xv e sit!cle. L'histoire des décadences est triste sans doute,
mais
semble alors que le llloyen âge ait épuisé
Ea sè\'o la plus généreuse à produire le siècle de saint Louis.
Au lendemain de la mort du saint l'vi, tout décline et s'assombrit. Le règne de Philippe le Bel précipite encore la crise,
et inaugure tragiquement un nouvel état politiqUé et social.
Puis voici les misères infinies et les catastrophes de la guerre
de Cent ans. Mais, au fort de la tempête, la bourgeoisie apparaît sur la scène et prélude de loin à ses grandes destinées. Sous le règne de Charles le Sage, une éclaircie entre
deux orages, on dirait que la France touche à la Renaissance.
:Mais elle va être de nouveau entraînée dans l'abîme. Elle
allait périr, si Dieu n'eût suscité Jeanne d'Arc pour l'arracher à 1a mort inévitable, Bientôt elle achève de se relever
sous le règne de Charles VII et de Louis· XI. C'est comme
une nation nouvelle. Elle-même n'a que trop déjà oublié son
passé, rompu ses traditions: elle ne connaît plus les sources
sacrées oùjadis s'alimentaient sa vertu et son génie. La scolastique radote i la poésie ne sait plus que raffiner les fades
allégories du Roman de la Rose. L'esprit du moyen âge est
mort. Que l'antiquité grecque et romaine reparaisse maintenant dans la beauté de ses œuvres immortelles, et la France
s'empressera d'abdiquer son génie et de déserter son passé,
pour s'approprier ce glorieux héritage. Nous touchons à la
renaissance du XVIe siècle.
. Conférences.
Outre ces Leçons publiques, qui, pendant le premier
mestre, avaient lieu tous les jours à quatre heures, des Conférences se succèdent pendant toute la journée, surtout le
jeudi] dans nos petits amphithéâtres, pour les divers ordres
de licence et d'agrégation.
�128
SÉANCE DE RENTRÉE.
Conféj'ences de licence.
On sait que désormais la Licence ès lettres, comme l'Agrégation même des Lycées, se partage en plusieurs branches, de
manière à mieux s'adapter à la diversité des vocations, ct il.
fournir aux diverses chaires de l'enseignement classique
des professeurs préparés par des études spéciales. Outre la
licence littéraire, qui nous donne des professeurs d'humanités
et de grammaire, il y a aujourd'hui une licence d'histoire et
une licence de philosophie.
Sans doute, une grande 11artie de l'épreuve est commune
anx candidats des trois catégories. Tous sont tenus de faire
preuve d'une solide instruction classique. Ils doivent tous
avoir été exercés ft composer en latin et en français, et avoir
préparé l'explication des auteurs du programme dans les trois
langues classiques. Voilà le fonds commun. - Les candidats
des diverses catégories ont ensuite leur préparation et leurs
épreuves spéciales. Les Humanistes ont le thème grec, la composition de grammaire, et, à leur gré, les vers latins, s'ils tiennent à mieux marquer encore par là leur vocation littéraire.
- Les Philosophes, à l'épreuve écrite, ont à faire deux dissertations de philosophie, l'une dogmatique, l'autre historique, et sont interrogés pareillement à l'épreuve orale sur la
philosophie et sur son histoire. - Les Historiens, à l'epreuve
écrite, ont aussi deux compositions spéciales, l'une
grecque ou romaine, l'autre d'histoire du moyen âge ou d'histoire moderne, à laquelle On joint une question de géographie; et à l'épreuve orale ils sont interrogés pareillement sur
ce vaste programme historique.
Assurément cette nouvelle organisation de la licence répond mieux aux différentes aptitudes des esprits et aux différents besoins de l'enseignement. Mais elle exige aussi,pour
la préparation des candidats, une multiplicité de Conférences,
auxquelles nos Facultés de province ont grand'peine à suffire.
�120
FACULTÉ DES LETTRES.
Par surcroît, il a été décidé ainsi que chacune de nos LittératureS classiques, grecque, latine et française, au lieu d'être
entrevue seulement dans quelques-uns de ses grands écrivains, serait étudiée désormais dans l'ensemble et la suite de
son développement historique. - Toutefois, grâce au zèle
des professeurs, qui se sont multipliés eux-mêmes, et à l'utile
concours que nous ont prêté en outre MM. Collignon et
PclIissier, professeurs de rhétorique au Lycée, nous avons pu
à peu près y pourvoir.
LŒngue et Littérature g1'ecqnes .-M. Decharme a exposé l' histoire des lettres grecques depuis les origines jusqu'à l'époque
des guerres Médiques, en s'efforçant de renfermer le vaste
objet de son cours dans un cycle de deux années. Il a partagé en outre avec M. Pellissier, l'explication des auteurs
grecs et la correction des versions et des thèmes grecs.
LŒngue et Littératu1'e latines. -M. Campaux, chargé d'en. seigner dans sa suite l'histoire des lettres à Rome,' après en
avoir éclairé les origines, en a suivi le développement jusqu'au siècle d'Auguste. - De concert avec M. Collignon,
son Maître de conférences, il a ensuite expliqué plusieurs
auteurs latins du programme de la licence, en choisissant de
préférence ceux qui figuraient aussi sur les divers programmes d'agrégation. Tous deux encore ont alterné pour diri·
gel' les exercices de dissertation latine et les leçons orales
des, candidats.
Langue et Littérature !1'ançaises. - M. Krantz, qui partage
avec moi ces conférences, et qui est chargé de faire l'histoire
générale des lettres en France, a commencé cette histoire
par l'étude de la Chanson de Roland) et l'a poursuivie jusqu'au XVie siècle. C'est lui, en outre, qui dirige seul les
- Pour moi, je me suis
exercices de Dissertation
rés.ervé particulièrement l'étude des auteurs français du programme et les exercices des Vers latins, dont je m'efforce de
prolonger de mon mieux la culture et le goût. Car si cette
pratique de la poésie latine a pu être sacrifiée dans l'enseiFACUf..'rBs.
9
�130
SÉANCE DE RENTRÉE.
gnement secondaire des élèves, elle ne saurait disparaître daus
les études des maîtres. Qu'est-ce, en comparaison, que cette
science mécanique de la métrique grecque et latine qu'on y
a substituée? Faire des vers latins, c'était apprendre à pénétrer dans toutes les délicatesses du style, dans tous les secrets
de la langue, de l'imagination et de l'harmonie, à mieux sentir
tout ce que le choix et la place d'un mot heureux peut ajouter
à la beauté de l'expression; c'était la fleur de l'art d'écrire.
Grammaire et Métrique. - M. Thiaucourt, chargé de cet
enseignement spécial, a traité cette année de la syntaxe générale dans les trois langues classiques. Il exerce les candidats à des compositions écrites et à des examens oraux sur
ces matières, qui prennent désormais à la licence littéraire
une place considérable.
Institutions de la G1'èce et de Rome. - Ces mêmes candidats
sont interrogés à l'épreuve orale sur ces institutions antiques,
dont la connaissance est nécessaire pour l'intelligence des
textes grecs et latins. Nul ne pouvait mieux les instruire à
cet égard que M. Romolle, voué à cette science de l'antiquité par ses études personnelles, et qui d'ailleurs avait été
déjà chargé d'un enseignement analogue à l'École normale.
Ces Conférences pour la licence littéraire proprement dite
ont été suivies assidûment par une vingtaine de candidats,
boursiers de licence, maîtres répétiteurs et maîtres auxiliaires
du Lycée, professeurs de l'enseignement libre, élèves de la
Faculté de droit, lesquels y participent d'une façon plus ou
moins efficace, selon le loisir qui leur est laissé.
Philosophie et Histoù'e. - Pour préparer la licence d'histoire
et de philosophie, les élèves sont le plus souyent réunis aux
candidats de l'agrégation correspondante. Il ya en effet pour
les uns et pour les autres bien des études communes: et le
professeur s'efforce le plus souvent de se tenir à un niveau
moyen qui soit à la portée de tous, en réservant de temps en
temps des conférences spéciales ou des exercices particuliers
pour ceux de là première ou ceux de la seconde catégorie.-
�FACULTÉ DES LETTRES.
131
La conférence de Philosophie, dirigée d'abord par M. Gérard)
puis par}\rI. Egger, avec le concours de M. Krantz, comptait
cette année trois candidats à la licence philosophique. - Les
conférences pour la licence d'Histoire ont été suivies, de leur
côté, par une dizaine d'élèves. Elles ont été dirigées par
1\1. Debidour pour l'étude des temps modernes, par M. Zeller
pour le moyen âge, et par M. Homolle pour l'antiquité. Les unes et les autres sont de véritables conférences, où les
élèves partagent le travail avec le maître, soit par des compositions qu'ils préparent sous sa direction, soit par des leçons
ou discussions, où ils s'exercent devant lui à l'exposition d'un
sujet et à la parole publique.
Conférences d'Agrégation.
Si maintes conférences de Licence ne pouvaient en même
temps servir en grande partie à l'Agrégation, jamais nous ne
pourrions pourvoir convenablement à tant d'exigences. Mais,
de part et d'autre, c'est le même fonds général de connaissances à acquérir. L'agrégation des lettres
fait en grande
partie, en effet, que reproduire la licence littéraire, compositions, leçons, explication des auteurs grecs, latins et français, mais à un degré supérieur. On en peut dire presque
autant de l'agrégation de grammaire, depuis surtout qu'une
li'
dissertation grallimaticale a été ajoutée aux compositions de la
licence. - Pareillement, pour l'agrégation d'histoire et de
philosophie, sauf un certain nombre de questions spéciales
indiquées au programme de chaque année, les candidats ont
à se munir du même fonds d'études philosophiques ou historiques que pour la licence, et à s'exercer de même à des dissertations et à des leçons analogues, mais en approfondissant
davantage les sujets, et en s'appropriant leur matière d'une
façon plus solide, plus intime et plus originale. Nous avons
dit, d'ailleurs, que, pour les élèves de chaque catégorie, nous
réservons en outre des conférences spéciales, en proportion
de leur besoin.
�132
SÉANCE DE RENTRÉE.
Cette année, MM. Egger et Krantz èomptaient dans leur
conférence de Philosophie trois candidats sérieux à l'agréga._
tion, MM.
et Dessez, boursiers de la Faculté, ct M(tldidier, professeur au collège de Verdun. Ils ont <Iü leur con.
sacrer la plus grande partie de leurs soins. Le succès cepen.
dant n'a pas répondu cette fois à nos espérances les plus lé.
gitimes. M. Maldidier, sentant combien il lui était difficile
de se préparer ainsi de loin, a demandé et obtenu pour cette
année une bourse d'agrégation, qui l'attache plus étroitement
à la Faculté. M. Dessez, arrêté pendant plusieurs ruois par
l'état de sa santé, n'a pu subir à temps l'examen préalable
du baccalauréat ès sciences, et ne s'est pas trouvé cn règle
pour le concours. Mais nous comptions sur M. Müller, un
esprit singulièrement philosophique, pour faire honneur il. la.
Faculté et à son enseignement. Je ne sais quelle fatalité l'a.
arrêté en chemin. Mais je ne doute pas qu'il ne prenne sa
revanche avec éclat l'an prochain. Il est marqué ail front
pour le succès. Aussi faut-il convenir que la fortune est bien
aveugle, pour tie pas l'avoir distingué tout d'abord.
Pour l'Ag'l'égation d' Histoire, nous n'avions qu'un bou!'l:;ier,
M. OUot, et quelques professeurs de notre ressort académique, qui venaient assidûment le jeudi, quelques-uns de fort
loin, pour assister aux conférences accumulées ce jour-là par
MlYI. Debidour, Zener et Romolle. Mais lYI. Oliot ne pouvait pas
en un an être prêt pour le concours, et ses obligations de
famille ne lui permettaient pas de rester boursier plus longtemps. Il achèvera de se préparer à l'agTégation au Lycée
de Valenciennes, où il a été chargé d'un cours d'histoire. Les
autres champions, envoyés par nous, n'étaient pas non plus
arrivés enCOre à cette solidité d'études qui promet le succès.
Ils ont pu du moins, en affrontant l' épreu ve, mesurer de plus
près au prix de quel travail et de quelle science acquise on
peut réussir.
Deux boursiers nous avaient été attribués cette année
pour l'Agrégation des cl(iSSeS supérietwes; MM. Henriot et
�FACULTÉ DES LETTRES.
133
Lerzïtin. Ce dernier vient de tenter prématurément l'épreuve,
mais sans s'être assez assuré de chances par son travail. Quant
11 1[. Henriot, il était en mesure, s'il l'avait voulu, de réussir
dès sa première année, tant il réunit cet heureux ensemble
dc qualités d'esprit, de connaissances et de goût, qui fait l'humaniste. Mais, comptant sur deux ans pour se préparer au
concours, il s'est mis au large dans ses études. C'est partie
remise à l'an prochain. En attendant, nous sommes heureux de compter parmi les vainqueurs du dernier concours,
JI.
gui s'est formé pendant bien des années sous
notre direction, et qui a justifié avec éclat les promesses de
son talent et de son travail.
A l'Agrégation de Grammaire, nous comptions cette année
quatre admissibles, deux de nos disciples de l'année précédonte, ]\11\1. Piètrement et Lavé, et deux de nos disciples
actuels, MM. Galland, boursier d'agrégation, et Jl,Iagnier, professeur au collège de Lunéville. Je ne sais en vérité comment le second de nos boursiers,l\L Oudinot, a manqué luimême son épreuve éCl'ite. Car nous comptions sur lui. Son
rang l'année prochaine le vengera, je l'espère, de soI). échec
de cette année. - J'vlaintenant, sur nos quatre admissibles,
deux' ont poussé lem succès jusqu'au bout, MM. Galland et
Pièb'ement, qui ont été nommés agrégés de grammaire avec
les numéros 11 et 12 sur une liste de 32.
Ces jeunes gens ont vaillamment soutenu la bonne renommée de notre Conférence de Grammaire, la première qui
ait été organisée ici en vue de l'agrégation, grâce à l'initiative de MM. Decharme et Riemann, avant qu'on songeât
à nous donner des boursiers d'agrégation, et à indemniser
de leurs frais de voyage, les professeurs du ressort académique
empressés à profiter pour leurs études des ressources d y la
Faculté. M. Riemann nous a été enlevé, il y a un an, par là
Sorbonne et l'École normale. Mais M. Thiaucourt avait été
parfaitement préparé par ses leçons à continuer sa tradition
savante. Il s'est chargé à son tour de l'étude de la Grammaire
�134
HÉANCE DE RENTRÉE.
dans les trois langues classiques, et avec cela de la correction des compositions latines en thème, en version et en -vers,
et de l'explication des auteurs latins du programme. _
M. Decharme, de son côté, garde pour lui le grec, oi! il est un
maître si autorisé. Versions grecques, thèmes grecs, préparation des auteurs grecs indiqués pour le concours partagent
cette conférence, placée, comml'l celle de M. Thiaucourt, le
jeudi, pour la plus grande commodité des maîtres de Nancy
et du dehors.
Enfin notre conférence, si bien organisée par lU. Grücker
pour préparer les jeunes maîtres à l'Agrégation et ail Certificat
d'aptitude à l'enseignernent de l'allernand, a bientôt acquis une
juste notoriété. Jamais œuvre, du reste, n'a 'été plus opportune
qu'en ce moment, où, en multipliant l'enseignement de l'allemand dans nOs collèges, il a faUu multiplier aussi les professeurs. Assurément, les maîtres qui savent bien la langue
allemande ne manquent pas dans notre pays; mais ils sont
plus rares les professeurs d'allemand, qui possèdent assez la
littérature classique, pour faire figurer dignement l'enseignement des langues vivantes dans le cadre des autres études du lycée. - La conférence de M. Grücker est parfaitement appropriée à leur besoin. Leçons littéraires, exercices
de dissertations en allemand et en français, analyses d'auteurs, études de textes, versions et thèmes, trouvent place
dans une conférence hebdomadaire, qui se prolonge deux ct
trois heures. Si le zèle du professeur est grand, l'assiduité de
ses douze disciples de l'an dernier y a bien répondu. Il en
venait de Verdun, de Bar, d'Épinal, de Remiremont, même
de Chaumont. Personne ne manquait, tant ces disciples du
jeudi appréciaient l'excellence et l'utilité de ces entretiens.
Le succès au concours en a d'ailleurs consacré les résultats.
Parmi eux,M. Wolfrom, professeur au collège de Verdun,
a été classé parmi les adrnissibles à l'agrégation i M1L HessIen et Hirsch, l'un professeur au collège d'Épinal, l'autre au
collège de Remiremont, ont obtenu au conCOllrs le certificat
�FACULTÉ DES LETTRES.
135
d'aptitude. - Pour récompenser ces succès, l'administration
a bien voulu doter notre Faculté de deux bourses d'agrégation
pour les langues vivantes, et attribuer ces bourses à nos deux
victorieux.
II.
EXAMENS.
Licence ès lettres.
Nous u'avons pas eu cette année de soutenance de thèse
pour le Doctorat.
Mais en revanche la Faculté, outre ses deux sessions ordinaires pour la licence ès lettres, a ouvert une session extraordinaire en mars, à l'usage des candidats qui souhaitaient
de se présenter encore à cet examen dans les conditions de
l'ancien programme. Car, dès le mois de juillet 1882, le nouveau règlement de l'examen devait être mis en vigueur, qui
changeait profondément l'organisation des épreuves.
A la session de novembre 1881, sur 6 candidats qui se sont
présentés à l'examen, 4 ont été admis au grade dans l'ordre
suivant:
MM.
maître répétiteur au Lycée de Chaumont;
LE::\!ARQUIS, boursier de licence ;
id.
CnonLL Y,
RESSLEN, professeur à Épinal, cor;espondant de la Faculté.
BEAUJARD,
En mars 1882, sur 9 candidats, 2 seulement ont été jugés
dignes du grade:
MM. HARTER, professeur au collège de Pont-à-Mousson;
DÉNERY, maître répétiteur au Lycée de Nancy.
Enfin à la session de juillet 1882, où nous faisions pour la
première fois l'application du nouveau programme, qui divise
la licence en plusieurs branches, 16 candidats se sont présentés, 12 pour la licence littéraire, 1 pour celle d'histoire, et
3 pour celle de philosophie.
�136
SÉANCE DE RENTRÉE.
Ont été jugés dignes d'être admis à la licenre litféraÏ1-e:
boursier de licence, admis depuis à l'École
normale supérieure;
NOIRET, élève de l'École des Carmes;
MARTEAUX,. boursier de licence;
GŒTTSCHY, professeur au collège de Neufchâteau, con'espondant de la Faculté.
MM. KESTERNICH,
A la licence d'histoire:
M.
GODARD,
professeur au collège de Commercy.
A la licence de philosophie:
M.
WYREWSKI,
boursier de licence.
Aux épreuves purement philosophiques de ce dernier ordre
1
de licence ont été autorisés en outre à se présenter, MM. lIIaIdidier et Dessez, lesquels, déjà munis antérieurement de la
licence, avaient souhaité dé pouvoir ajouter à lenr titre ce
caractère spécial, qui les recommande particulièrement ponr
l'enseignement de la philosophie. Tous les deux, d'ailleurs,
dans cette épreuve supplémentaire, ont amplement justifié
leur ambition et notre attente.
En somme, en dèhors de ces deux candidats exceptionnels,
6 candidats seulement sur 16 ont été admis au grade à la
session de juillet; en tout dans l'année, 12 sur 31.
C'est là en vérité une proportion bien modeste, quand on
songe à toutes les ressources que nos candidats troll vent désormais auprès de nous pour se préparer. A quoi cela tient-il?
A bien des causes. D'abord il faut constater que, malgré le
concours établi pour les bourses ou pour les places de maître
auxiliaire dans nos Lycées, beaucoup des candidats même
qui les ont obtenues, nous arrivent avec des études classiques
encore bien défectueuses Le système actuel J-e l'enseignement
secondaire, en effet, a bien affaibli cette culture de l'esprit par
les langues anciennes, qu'on appelait autrefois du beau nom
d' humanités. Il faut entièrement rapprendre à ces jeunes gens
�FACULTF; DES LETTRES.
137
la Grèce ct Rome, qu'ils ont trop rapidement traversées, et
dont ils ne savent presque plus
croyances,
la langue. Il faut qu'ils en étudient de nouveau la grammaire
avec nous d'une façon plus délicate et plus solide, qu'ils s'exercl'nt à en écrire la langue en prose et même en vers, de façon
à se mieux pénétrer de son génie. Si cette culture antique
s'est affaiblie chez les élèves de nos lycées, il convient qu'elle
sc fortifie d'autant plus chez les maîtres. N'est-ce pas, en dfet,
11 cette culture généreuse par les lettres antiques, que l'esprit
et l'art français doivent engrand:e partie l'éclat et la solidité
qui leur ont assuré l'empirfl dans le monde moderne? C'est
la source sacrée où notre génie national a besoin de revenir
se retremper sans cesse; nous ne saurions la déserter, sans
perdre une partie de notre vertu. - Plusieurs cle nos candidats
cependant n'ont pas la patienc'e de refaire ainsi avec nous leur
éducation classique. Ils se présentent à l'examen avant l'heure,
se faisant illusion sur leur préparation. Ils sont atteints cle la
maladie de leur siècle; ils ont hâte de jouir avant le travail, et de récolter ce qu'ils n'ont pas semé. Ils vont à la licence,
comllle an baccalauréat. La licence cependant est un grade
sérienx, le grade des maîtres. Aussi plus nous offrons aujourd'hui aux jeunes gens de moyens pour s'y préparer, plus nous
avons le droit d'en maintenir les épreuves à un juste niveau.
- Quelques-uns en outre, en s'empressant désormais de préparer une licence spéciale d'histoire ou de philosophie, oubliaient trop qu'on exige préalablement de tous un fonds
commun d'études classiques. Ils commençaient par la fin.
Dieu merci, tout en organisant ainsi des licences particulières, pour répondre aux vocations spéciales, on a eu soin
d'imposer à tous une instruction littéraire et une pratique de
l'art d'écrire indispensables, Qu'on soit histori en ou philosophe,
c'est à merveille, mais après avoir appris d'abord à manier
les textes antiques, et à lire et à écrire non seulement en français, mais encore en latin: car l'un ne va pas sans l'autre.
�138
SÉANCE DE RENTRÉE.
BACCALAURÉAT ÈS LETTRES.
Dans le cours de l'année classique 1881-1882, 602 candidats se sont présentés aux deux examens du baccalauréat ès
lettres, 366 pour la première partie (15 de plus que l'année
précédente) et 236 pour la seconde (50 de moins). A quoi
tient cette diminution pour la seconde catégorie de candidats? Peut-être à la rigueur du jury chargé de cette partie
de l'examen. Les candidats vont chercher ailleurs des con
ditions meilleures.
1. Examen dn premier deg1'é. - Sur les 366 candidats du
premier degré, 166 ont été éliminés à l'épreuve écrite, et 28
à r éprenve o1'ale; en tout 194 (53 p. 100; un peu plus que
la moitié); et 172 ont été déclarés admissibles (47 p. 100).
C'est un peu plus que l'année précédente.
J'avais espéré d'abord que les modifications apportées à cc
premier examen du baccalauréat ès lettres en rendraient
l'accès plus facile. Mais, en vérité, il faut reconnaître que
c'est sans profit pour les examens qu'on a si profondément altéré l'ancien système de notre éducation classique.
Les études accessoires y ont pris trop de place; la part
de l'antiquité grecque et romaine a été restreinte. On ne
croirait presque plus que l'adolescence de nos collégiens
passée dans le commerce intime de la Grèce et de
Rome, tant ce monde antique, si merveilleusement approprié pourtant au développement intellectuel ct moral de
leur âge, leur est demeuré étranger. On sent trop aussi combien la pratique prolongée du style latin leur a manqué pour
les former au style français. Car c'était là la véritable école
de notre langue. Sans doute, le baccalauréat a conservé la
version lat'ine, pour laquelle nous pouvons nous montrer plus
exigeants, mais qui ne témoigne que trop aussi combien la
science de l'antiquité s'est affaiblie, et en même temps la
correction du langage. Heureusement que le thènU! allemand
�FACULTÉ DES LETTRES.
139
intervient le plus souvent pour relever la note moyenne des
candidats. C'est là sans doute une compensation opportune.
Mais, non, jamais les langues vivantes ne pourront suppléer
à la culture du grec et surtout du latin, pour le développement proportionné et harmonieux des esprits et des âmes.
A l'épreuve orale, sur les 200 candidats qui y avaient été
admis, 28 encore ont succombé. C'étaient ces douteux, auxquels on aime à réserver cette chance suprême de salut, et
qui n'ont pu y racheter toutefois l'insuffisance de leurs compositions.
Au sujet de cet examen, je ne puis que reproduire quelques-unes des observations que j'ai déjà faites antérieurement. Nous avons pu apprécier que l'explication des textes
grecs avait gagné à être ramenée à un petit nombre d'ouvrages au choix du candidat. Mais beaucoup d'élèves ont
toujours la présomption d'expliquer leurs auteurs latins à
livre ouvert; et ils en négligent la préparation. Du reste, il
faut se borner avec eux à l'intelligence matérielle du texte:
très peu sont en etat de le commenter. - Pour l'étude des auteu1'S français, au contraire, d'excellents ouvrages de critique
littéraire, publiés dans ces dernières années, commencent à
faire sentir leur heureuse influence. - Quant au choix que
font les élèves sur les listes des auteurs grecs, latins ou français, ce sont toujours les plus. courts qui ont toute leur prédilection. - L'histoire et la géographie semblent en général
mieux étudiées que par le passé; j'entends l'histoire moderne, car de l'histoire ancienne il ne faut plus parler. Enfin, l'interrogation sur les langues vivantes ici, comme pour
les compositions, apporte un appoint assez considérable aux
notes des candidats. L'allemand a pris désormais une place
sérieuse dans l'ensemble de notre éducation classique.
Sur les 173 candidats déclarés admissibles à la suite de
cet examen du premier degré,
.
21 l'ont été avec la note bien. Ce sont: MM. Albert, Bertrand, de Bonnay, Chatelain, Didierjean, Dimay, Frachon,
�140
stANCE DE
Lapicque, Lecourt de Bérn, LefebVl'e, Legrain, Mù-lwn,
Millot,Monal, Pierre, Renel, Roch, de Saint· Vincl:ilf, Toussm:nt, V1'gneTon,
44 avec la note assez bien;
et 107 avec la mention passablement.
On voit, par ces résultats, combien la nouvelle supputa.
tion des notes obtenues par les candidats a changé la mention totale attribuée à leur examen. Tandis que, dans toute
l'année dernière, nous n'avions pu décerner il, aucun la mention bien, à la dernière session d'août seulement, 20 candidats l'ont obtenue (16 p. 100). Cette façon de compter me
sem.ble plus équitable, et donne une meilleure idée de la
valeur des épreuves.
II. Examen dtt second degré. - Ici, la proportion des candidats définitivement admis au 'grade de bachelier est encore
inférieure à celle des aclmissl:bles du premier degré, Et pOllr·
tant, les candidats à ce deuxième examen ont été dqjà. triés
sur le volet par la première épreuve qu'ils ont subie à la fin
de leur rhétorique. Le chiffre des refusés est vraiment afIligeant. Sur 236 candidats en effet, qui se sont présentés,
127 seul ement ont été admis à l'épl'ettve orale, et !lS reçns
enfin bacheliel's ès lettres (41 p. 100).
Mais sur ces 98 candidats admis au grade,
2 l'ont été avec la mention tl'ès bien, que nous n'avions pas
eu la satisfaction de décerner depuis longtemps:
MM. Nêtre et Chambry;
6, avec la mention bien: MM. Bastien, Clandcl, Conigliano, Lang, Pierre et Saint-Remy;
Hi, avec la mention assez bien;
et 74, avec la note passablement.
L'an dernier, la proportion des candidats admis au grade
était d'environ 48 p. 100. Cette année, elle est descendue
à 41 p. 100. Faut-il, de cette comparaison des chiffres,
conclure à une infériorité chez nos candidats actuels? Non
pas. Il ne faut s'en prendre qu'à une nouvelle. réforme dans
�FACULTÉ DES LETTRES.
141
les conditions de l'examen, qui en rend l'accès de plus en
plus difficile. Bien que tout le monde en effet soit frappé de
l'exagération des programmes, et de cette science encyclopédique qu'on s'est efforcé de faire entrer dans l'enseignement secondaire, on ne remanie pourtant jamais ces programmes que pour les surcharger encore. Le baccalauréat'
ès lettres, outre les études littéraires qu'il comporte, empiète
de pluil en plus sur le baccalauréat ès sciences. Cette année,
, 1:1 physique, la chimie, l'histoire naturelle, les mathématiques ont pris place à l'épreuve écrite. La philosophie, de son
côté, qui partage l'examen avec la science, est en train de se
transformer, et prétend à une rigueur de méthode et à une
érudition positive, auxquelles ni maîtres ni élèves, dans la
plupart de nos collèges, ne sont encore accoutumés. Aussi,
l'examen, très propre sans doute à mettre en relief les esprits distingués, comme l\Ll\I. Nêtre et Chambry, est-il redoutable pour les médiocres, qui ne savent que ce qu'on leur a
appris, et dont les études se sont maintenues dans une honnête moyenne, jusqu'à présent
suffisante. C'est pourquoi il serait nécessaire que le bon sens dcs juges, éclairé
par l'expérience de l'enseignement secondaire,
un
peu dans l'application la rigueur des programmes, et qu'ils
ne décom:ageassent pas les études, en voulant en élever le
mveau.
Si maintenant l'on rapproche le nombre des candidats qui
se sont présentés dans le cours de cette année à la première
épreuve du baccalauréat, du chiffre de ceux qui sont sortis
de la seconde épreuve bacheliers ès letb:es, 011 est effrayé
d'une si faible proportion: 98 baeheliers pour 366 candidats,
c'est-à-dire 26,7 p. 100, un peu plus du quart. Non, je ne
puis croire que le baccalauréat ès lettres, qui ne devrait être
que le contrôle et la sanction d'études régulières, ait trouvé
là sa véritable mesure. Que signifie ce résultat? Est-ce à
l'affaiblissement des études tiraillées en trop de sens contraires, qu'il faut l'attribuer? Est-ce à l'excès des programmes?
�142
SÉANCE DE RENTRÉE.
Est-ce à leur application trop rigoureuse ? Je ne sais. Mais,
assurément, le régime de notre enseignement classiquc n'a
pas encore trouvé l'équilibre et l'équitable sanction que l'on
cherche depuis longtemps.
Je ne suis pas le seul d'ailleurs que cette question inquiète.
Be,aucoup de juges compétents, convaincus qu'il faut s'en
prendre plutôt aux vices des programmes qu'à l'abaissement
du niveau des esprits et des études, proposent la suppression
radicale du baccalauréat ès lettres. C'est une logique toute
française. Au lieu de chercher un aménagement plus rationnel et plus commode de la maison, on trouve plus simple
de la raser, sans savoir par quoi on la remplacera.
Quant à moi, je De suis pas pour ces mesures radicales.
Gardons l'institution: elle est bonne. Mais si vous voulez
que le baccalauréat ès lettres soit la consécration d'unc véritable éducation littéraire, débarrassez-le de cette surcharge
d'études accessoires, dont vous écrasez l'esprit de nos jeunes
gens. Ne prétendez plus leur tout enseigner dès le Lycée,
comme s'ils ne devaient plus rien apprendre au delà. Que
vous fassiez dans ce grade littéraire une part aux Sciences,
j'y consens. 1\1ais bornez-vous aux éléments. Craignez que
cet enseignement démesuré de mathématiques, de physiquc,
de chimie, d'histoire naturelle, d'histoire moderne et dc géographie, après avoir fatigué ces jeunes esprits par une culture intensive et indigeste, ne leur la\sse à l'avenir pour
en éloigne désorces études qu'un dégoût profond, qui
mais. Aujourd'hui, leur cerveau est tellement encombré
d'idées, ou plutôt de faits, qu'ils y ont perdu la faculté de
penser par eux-mêmes. Que la philosophie à son tour, qui
doit courOllller leurs études, se borne à coordonner toutes
leurs connaissances dans un harmonieux ensemble; mais
surtout qu'elle leur enseigne la science suprême de l'âme)
pour les conduire dans la vie. Pourquoi compliquer cette
sciC11ce, déjà assez vaste, de la revue sccptique de toutes les
contradictions des écoles et des systèmes chimériques de la
�1413
FACULTÉ DES LETTRES.
métaphysique d'outre-Rhin? On oublie trop que l'enseignement secondaire est moins destiné à faire des savants qu'à
former l'honnête homme, à cultiver et à élever son esprit et
son âme, à lui apprendre à penser avec justesse, à sentir
noblement, et à savoir exprimer ce qu'il pense. Il faut prendre
garde d'enseigner à cette chère jeunesse le superflu au détriment du nécessaire.
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PREMIER EXAMEN.
Sessioll dû novembre 1881
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51
255
115
11
62
17
18
132
30
49
Session de mars 1882.
Session de juillet-août 1882.
-_._- rrO'l'AUX.
366
20
-- -- 166
28
-
26
194
21
77
44
123
--
-
-
107
172
SECOND mXAMEN.
Session de novembre 1881
Session do mars 1882.
Session de juillet-aoilt 1882.
75
33
128
66
9
45
29
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7
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1882 - Rentrée Solennelle des Facultés et de l'École Supérieure de pharmacie de Nancy, le 28 novembre 1882
Description
An account of the resource
<ol><li>Académie de Nancy. Administration Académique. p.5.</li>
<li>Académie de Nancy. Conseil Académique. p.6.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de droit. p.7.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté de médecine. p.8-9.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des sciences. p.9.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. Faculté des lettres. p.9-10.</li>
<li>Académie de Nancy. Enseignement Supérieur. École Supérieure de pharmacie. p.10.</li>
<li>Procés-Verbal de la séance. p.11-12.</li>
<li>Discours de M. Le Recteur. p.13-27.</li>
<li>Darwin, Sa vie et son œuvre, Discours prononcé à la Rentrée-Solennelle des Facultés, le 28 novembre 1882. p.29-39.</li>
<li>Rapport de M. Lederlin, Doyen de la Faculté de droit, sur les travaux de la Faculté pendant l'année scolaire 1881-1882. p.41-53.</li>
<li>Paroles Prononcées sur la tombe de M. Ernest Duboix, Professeur à la Faculté de Nancy, par M. Lederlin, Doyen, le 9 avril 1882. p.64-57.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de droit pendant l'année scolaire 1881-1882. p.57.</li>
<li>Rapport de M. Tourdes, Doyen de la Faculté de médecine sur les Travaux de la Faculté de médecine pendant l'année scolaire 1881-1882. p.59-88.</li>
<li>Publications des Membres de la Faculté de médecine pendant l'année scolaire 1881-1882. p.89-92.</li>
<li>Rapport de M. Le Doyen de la Faculté des sciences . p.93-109.</li>
<li>Paroles Prononcées sur la tombe de M. Delbos, Professeur de Géologie à la Faculté des sciences de Nancy, par M. L. Grandeau, Doyen, le 8 juin 1882. p.110-112.</li>
<li>Publications des Professeurs de la Faculté des sciences pendant l'année scolaire 1881-1882. p.113-115.</li>
<li>Rapport sur l'Enseignement et les Examens dans la Faculté des lettres de Nancy (1881-1882). p.117-143.</li>
<li>Rapport de M. Le Directeur de l'École Supérieure de pharmarcie au Conseil Académique. p.145-153.</li>
<li>Publications des Membres de l'École Supérieure de pharmacie pendant l'année scolaire 1881-1882. p.154-155.</li>
<li>Rapport sur les concours entre les étudiants de la Faculté de droit de Nancy pendant l'année scolaire 1881-1882, par M. Gardeil, Agrégé à la Faculté. p.157-163.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de droit. p.165-167.</li>
<li>Distribution des prix. Faculté de médecine. p.167-169.</li>
<li>Distribution des prix. École Supérieure de pharmacie. p.169-170.</li>
<li>Table. p.171.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1882
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport sur l'Enseignement et les examens dans la Faculté des lettres de Nancy (1881-1882)
Subject
The topic of the resource
Rapport sur l'enseignement et les examens dans la Faculté des lettres de Nancy (1881-1882)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Berger-Levrault et Cie. 11, Rue Jean-Lamour, 11
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1883
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fichier placé sous licence Etalab (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence- ouverte-open-licence-5899923.html)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)