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-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/8fe18cebb18362259672bc036f0320c0.pdf
c4ee054e6edeeaa03fcc244bd85c5bee
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
"
Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
"
Ce" fichier" numérisé" est" le" fruit" d’un" travail" collaboratif" coordonné" par" le" Laboratoire"
d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
! Direction"de"la"Documentation"et"de"l’Edition"(Université"de"Lorraine)"
! Institut"François"Gény"(EA"7301"Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"des"Sciences"(Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"de"Droit"Sciences"économiques"et"gestion"de"Nancy"(Université"
de"Lorraine)"
! Maison"des"sciences"de"l’homme"Lorraine"(Université"de"Lorraine)"
! Bibliothèque!médiathèque"de"Nancy"
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et"sa"rediffusion"sont"régies"par"la"Licence"Ouverte"/"Open"Licence"élaborée"par"la"mission"
Etalab" au" nom" du" gouvernement" français" (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence!
ouverte!open!licence!5899923.html)."
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Le"choix"a"été"fait"de"mettre"à"la"disposition"des"chercheurs"et"du"grand"public"l’intégralité"
des" volumes" conservés" pour" la" période" 1854!1939." Toutefois," les" volumes" les" plus" récents"
n’étant" pas" encore" tombés" dans" le" domaine" public," les" responsables" de" ce" site" web"
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ses"ayant!droits."
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"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��INSTALLATION SOLENNELLE
DE
L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
PROCÈS-VERBAL
des cérémonies du 7 décembre 1854.
k'
t
Le rétablissement d'une partie du haut enseignement que comprenait l'ancienne Université lorraine, dû à la volonté de Sa Majesté
Impériale, à. l'initiative de S. E. le. Ministre de l'Instruction publique et des Cultes et aux votes des trois grands corps de l'Etat était
pour les départements de la Meurthe, ·de la •MëU.se, · des Vosges et
de la Moselle, qui aujourd'hui constituent la nouvelle Académie, un
fait trop important pour qu'il ne fût point dignement solennisé.
M. Faye, membre de l'lnstitut"-Recteur de
de Nancy,
voulant associer à l'installation des Facultés et de l'Ecole de médecine tous les hommes qui, par leurs fonctions ou par leUrs travaux
�-ôou par leurs sentiments, sont unis dans pensêe commune de
soutenir et d'accroître la gloire de la France à l'àide de tous les
dévouements, avait
de nombreuses invitations pour la
messe du Saint-Esprit, célébrée à l'église cathédrale, et pour la
séance tenue, immédiatement après', dans le gmnd salon de l'hôtel
de ville.
-t En conséquence d'invitations spéciales, les hauts fonctionnaires
ct les membres des conseils du département ct de la ville se réunissaient à dix heures et demie du matin, dans les salles de la
mairie, à l'administi•ation académique, aux professeurs des Facultés
et de l'Ecole de médecine, et se rendaient à onze heures à la cathédrale, pour entendre la messe du Saint-Esprit, dite par M. Delalle
l'un des grands vicaires, et à laquelle assistait, pontificalement, sa
Grandeur Monseigneur l'Evêque de Nancy et de Toul, premier
Aumônier de sa Majesté Impériale, entouré d'un nombreux clergé .
.Rien n'avait été omis par M. l'abbé Gridel, curé de NotreDame, pour donner de l'éclat à cette imposante cérémonie, à laquelle les masses chorales de l'école normale étaient venues apporter
leur important et puissant concours.
A droite, dans la grande nef, les membres des divers corps
constitues ont trouvé place, tandis qu'à gauche se trouvait M. Faye,
en costume de membre de l'Institut, accompagné des quatre inspecteurs de son académie, également en costume, et des inspecteurs
honoraires, suivis des secrétaires de l'administration. Venaient ensuite, revêtus de la robe universitaire, le Doyen et les professeurs
de la Faculté des Sciences, le Doyen eUes professeurs de la Faculté
des Lettres, le Directeur, les professeurs et les divers fonctionnaires
de l'École de médecine. Un grand nombre de membres appartenant à divers professorats de Nancy assistaient , également en
costume, à la cérémonie, et l'on remarquait M. le Directeur et
MM. les Professeurs de l'École impériale forestière, M. le Proviseur
et 1\IM. les Professeurs du Lycée. Le public formait une ceinture
compacte autour des corps officiels.
Après la messe du Saint-Esprit, la bénédiction papale a été
donnée par S. G. Monseigneur l'Évêque de Nancy et de Toul, et
un Te Deum a terminé la cérémonie religieuse.
la
�-
7-
a
A midi la séance d'installation de l' enseignementsupérieutf eu
lieu dans le grand salon de l'hôtel d.e ville, seulloGal suffisant pour
contenir les invités d'élite, et choisi, aussi, pour placer, en quelque
sorte, sous les auspices du Conseil de la ville de Nuney, l'enseignement supérieur qui doit sa dotation au vote si libéral des conseillers
municipaux.
Aux premiers rangs se trouvaient Monseigneur le. premier Au·mônier
S. M. 1., M. Albert Lenglé, préfet de la Meurthe et
M. leprince de Beauvau, président du Conseil général, suivis des
membres de ce conseil, M. le baron Buquet, député au Corps législatif et maire de Nancy, M. le baron Viard et M. A. Drouot, députés
au Corps législatif, MM. Paul Collenot, Ültenheimer et Bernard,
adjoints au maire et accompagnés des membres du Conseil municipal, M. le lieutenant général comte de Goyon, aide-de-camp de
S. M. l'Empereur, M. le premier Président Quenoble et
Jes
Présidents de la Cour, M. Lezaud, procureur général et MM. les
membres de son parquet, M. Poillouë de Saint-Mars, général
commandant la subdivision militaire, M. Akermann, recèveur général des finances; tous ces hauts fonctionnaires étaient én cos-·
turnes officiels et derrière eux étaient les membres de la cour,
ceux des tribunaux, du parquet, du barreau, les chefs de toutes les
administrations et les citoyens qui, dans toutes les occasions où
. l'honneur de Nancy est intéressé, accourent pour prendre leur part
du bien à réaliser. Les honneurs de la 'séance étaient faits par trois
professeurs désignés pm· chacun des trois corps d'instruction supérieure. Sur une estrade se trouvaient les fonctionnaires de l'Académie et les professeurs dont l'installation allait avoir lieu.
1. M. le Recteur a ouvert la séance et a donné la parole à M. Heurion, secrétaire de l'Académie, qui lu les divers décrets constituant la Faculté des Sciences, la Faculté des Lettres et réorganisant
• l'È:cole de médecine et de pharmacie, et les arrêtés ministériels contenant les nominations aux chaires créées et désignant les Doyens
des Facultés, le Directeur de l'École de médecine et le secrétaire
agent comptable près des Facultés.
1\1. le Recteur a ensuite prononcé une allocution qui a été suivie
de discours lus par M. Godron, Doyen de la Faculté des Sciences,
�- 8
par M. llenoit, Doyen de la Faculté des Lettres et par M. Edmond
Directeur de l'École. de médecine et de pharmacie. La
séance a été terminée par la proclamation faite par M. V. Parisot,
·secrétaire de l'École, des prix et-des mentions honorables accordés
aux Élèves et des résultats des concours qui ont eu pour but d'assur·er les divers services de l'École de médecine .
.La séance a été levée à deux heures.
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Procès-verbal des cérémonies du 7 décembre 1854
Subject
The topic of the resource
Discours officiel
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université impériale de Nancy / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine) ; Institut François Fény (EA 7301 Université de Lorraine) ; Décanat de la Faculté des sciences (Université de Lorraine) ; Décanat de la Faculté de droits, sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine) ; Maison des Sciences de l'Homme Lorraine (Université de Lorraine) ; Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fichier placé sous licence Etalab (https://www.etalab.gouv.fr/licence-ouverte-open-licence)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
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9b896a35a875c41fce743cc0b2fca35d
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
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Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
"
Ce" fichier" numérisé" est" le" fruit" d’un" travail" collaboratif" coordonné" par" le" Laboratoire"
d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
! Direction"de"la"Documentation"et"de"l’Edition"(Université"de"Lorraine)"
! Institut"François"Gény"(EA"7301"Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"des"Sciences"(Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"de"Droit"Sciences"économiques"et"gestion"de"Nancy"(Université"
de"Lorraine)"
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!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��INSTALLATION SOLENNELLE
DE
L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
PROCÈS-VERBAL
des cérémonies du 7 décembre 1854.
k'
t
Le rétablissement d'une partie du haut enseignement que comprenait l'ancienne Université lorraine, dû à la volonté de Sa Majesté
Impériale, à. l'initiative de S. E. le. Ministre de l'Instruction publique et des Cultes et aux votes des trois grands corps de l'Etat était
pour les départements de la Meurthe, ·de la •MëU.se, · des Vosges et
de la Moselle, qui aujourd'hui constituent la nouvelle Académie, un
fait trop important pour qu'il ne fût point dignement solennisé.
M. Faye, membre de l'lnstitut"-Recteur de
de Nancy,
voulant associer à l'installation des Facultés et de l'Ecole de médecine tous les hommes qui, par leurs fonctions ou par leUrs travaux
�-ôou par leurs sentiments, sont unis dans pensêe commune de
soutenir et d'accroître la gloire de la France à l'àide de tous les
dévouements, avait
de nombreuses invitations pour la
messe du Saint-Esprit, célébrée à l'église cathédrale, et pour la
séance tenue, immédiatement après', dans le gmnd salon de l'hôtel
de ville.
-t En conséquence d'invitations spéciales, les hauts fonctionnaires
ct les membres des conseils du département ct de la ville se réunissaient à dix heures et demie du matin, dans les salles de la
mairie, à l'administi•ation académique, aux professeurs des Facultés
et de l'Ecole de médecine, et se rendaient à onze heures à la cathédrale, pour entendre la messe du Saint-Esprit, dite par M. Delalle
l'un des grands vicaires, et à laquelle assistait, pontificalement, sa
Grandeur Monseigneur l'Evêque de Nancy et de Toul, premier
Aumônier de sa Majesté Impériale, entouré d'un nombreux clergé .
.Rien n'avait été omis par M. l'abbé Gridel, curé de NotreDame, pour donner de l'éclat à cette imposante cérémonie, à laquelle les masses chorales de l'école normale étaient venues apporter
leur important et puissant concours.
A droite, dans la grande nef, les membres des divers corps
constitues ont trouvé place, tandis qu'à gauche se trouvait M. Faye,
en costume de membre de l'Institut, accompagné des quatre inspecteurs de son académie, également en costume, et des inspecteurs
honoraires, suivis des secrétaires de l'administration. Venaient ensuite, revêtus de la robe universitaire, le Doyen et les professeurs
de la Faculté des Sciences, le Doyen eUes professeurs de la Faculté
des Lettres, le Directeur, les professeurs et les divers fonctionnaires
de l'École de médecine. Un grand nombre de membres appartenant à divers professorats de Nancy assistaient , également en
costume, à la cérémonie, et l'on remarquait M. le Directeur et
MM. les Professeurs de l'École impériale forestière, M. le Proviseur
et 1\IM. les Professeurs du Lycée. Le public formait une ceinture
compacte autour des corps officiels.
Après la messe du Saint-Esprit, la bénédiction papale a été
donnée par S. G. Monseigneur l'Évêque de Nancy et de Toul, et
un Te Deum a terminé la cérémonie religieuse.
la
�-
7-
a
A midi la séance d'installation de l' enseignementsupérieutf eu
lieu dans le grand salon de l'hôtel d.e ville, seulloGal suffisant pour
contenir les invités d'élite, et choisi, aussi, pour placer, en quelque
sorte, sous les auspices du Conseil de la ville de Nuney, l'enseignement supérieur qui doit sa dotation au vote si libéral des conseillers
municipaux.
Aux premiers rangs se trouvaient Monseigneur le. premier Au·mônier
S. M. 1., M. Albert Lenglé, préfet de la Meurthe et
M. leprince de Beauvau, président du Conseil général, suivis des
membres de ce conseil, M. le baron Buquet, député au Corps législatif et maire de Nancy, M. le baron Viard et M. A. Drouot, députés
au Corps législatif, MM. Paul Collenot, Ültenheimer et Bernard,
adjoints au maire et accompagnés des membres du Conseil municipal, M. le lieutenant général comte de Goyon, aide-de-camp de
S. M. l'Empereur, M. le premier Président Quenoble et
Jes
Présidents de la Cour, M. Lezaud, procureur général et MM. les
membres de son parquet, M. Poillouë de Saint-Mars, général
commandant la subdivision militaire, M. Akermann, recèveur général des finances; tous ces hauts fonctionnaires étaient én cos-·
turnes officiels et derrière eux étaient les membres de la cour,
ceux des tribunaux, du parquet, du barreau, les chefs de toutes les
administrations et les citoyens qui, dans toutes les occasions où
. l'honneur de Nancy est intéressé, accourent pour prendre leur part
du bien à réaliser. Les honneurs de la 'séance étaient faits par trois
professeurs désignés pm· chacun des trois corps d'instruction supérieure. Sur une estrade se trouvaient les fonctionnaires de l'Académie et les professeurs dont l'installation allait avoir lieu.
1. M. le Recteur a ouvert la séance et a donné la parole à M. Heurion, secrétaire de l'Académie, qui lu les divers décrets constituant la Faculté des Sciences, la Faculté des Lettres et réorganisant
• l'È:cole de médecine et de pharmacie, et les arrêtés ministériels contenant les nominations aux chaires créées et désignant les Doyens
des Facultés, le Directeur de l'École de médecine et le secrétaire
agent comptable près des Facultés.
1\1. le Recteur a ensuite prononcé une allocution qui a été suivie
de discours lus par M. Godron, Doyen de la Faculté des Sciences,
�- 8
par M. llenoit, Doyen de la Faculté des Lettres et par M. Edmond
Directeur de l'École. de médecine et de pharmacie. La
séance a été terminée par la proclamation faite par M. V. Parisot,
·secrétaire de l'École, des prix et-des mentions honorables accordés
aux Élèves et des résultats des concours qui ont eu pour but d'assur·er les divers services de l'École de médecine .
.La séance a été levée à deux heures.
�DÉCRETS
ET
ARRÊTÉS MINISTÉRIELS,
RELATIFS A t'ORGANISATION DES
FACULTÉS ET DE L'ÉCOLE PRf:PARATOIRE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE.
FACULTÉ DES SCIENCES.
DÊCRET.
NAPOLÉON, PAR LA GIIACE DE
EMPEREUR DES FRANÇAIS,
DIEU JlT
LA VOLONTE NATIONALE,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire
au département de
l'Instruction publique et des Cultes.
Vu le décret du 9 mars 1852 ;
Vu l'article 2 et l'article 6 du décret du 22 août 1854, sur l'organisation des Académies ;
·
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
ARTICLE PREMIER.
Sont nommés à la Faculté des Sciences de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de' mathématiques pures et appliquées, M. FAn, membre
de l'Institut, recteur de l'Académie de Nancy;
�10 Professeur de physique, M. SEGUIN, docteur. ès'-sciences, professeur
de physique au L:ycée de Caen ;
Professeur de chimie, M. NICKLÈS, docteur ès-sciences;
Professeur d'histoire naturelle, M. GoDRON, docteur ès-sciences, àncien recteur de l'Académie départementale du Doubs.
2.
ARTICLE
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction
publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 29 novembre 1854.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
au
Le Ministre Secrétaire d'État
département de l'Instruction
publique et des Cultes.
Signé: H.
FoRTOUt.
Pour extrait :
Le chef du Secrétariat"
Signé:
CnARLES FonTOUL.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÊTÉ.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852;
Vu le décret du 22 août 1854, sur l'organisation des Académies;
Vu le décret du 29 novembre 1854;
AmttTE;
ARTICLE PREl\UER.
M. GoDRON , ancien recteur, professeur d'histoire naturelle à la
Faculté des Sciences de Nancy, est nommé 'Doyen de ladite Faéulté.
�. ARTICLE 2.
' .M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 30 novembre 1854.
Signé.: H. Fonrout.
Pour extrait:
Le chef du Secrétariat,
Signé: CHARLES FoRTOUL.
FACULTÊ DES LETTRES.
DÉCRET.
NAPOLÉON, ru LA GRACE DE Dnm
EMPEREUR DES FRANÇAIS.
ET
LA voLoN'r:t'i NATIONALE,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
l'Instruction publique et des Cultes ;
Vu le décret du 9 mars 1852;
Vu l'article 2 et l'article 6,du décret du 22 août 18o4, sur l'organisation des Académies;
Avons décrété et décrétons ce qui suit
ARTICLE PREMIER.
Sont nommés :
A la Faculté des Lettres de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de philosophie, 1\L LEvtQUE, docteur ès-lettres, ancien
membre de l'École d'Athènes, chargé de la chaire de philosophie à la
Faculté des Lettres de Besançon ;·
Professeur de littérature ancienne, M. Em. BuRNOUF, docteur èslettres, ancien membre de l'École d'Athènes, professeur de logique au
Lycée Impérial de :foulouse ;
Professeur de littérature française, M. Ch. BENOIT, docteur ès-lèttres,
�-
12 •..:...
ancien· membre de l'É()ole d'Athènes, agrégé de la·· Faculté des Lettres
de Paris, maître de conférences à l'École normale supérieure;
Professeur d'histoire,M. LAcnmx, docteur ès-lettres, ancien membre
de l'École d'Athènes, ancien proviseui· du Lycée Impérial de Nantes.
ARTICLE.
2.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instructiôn
publique et des Culte.s est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 10 octobre 1.854.
Signé: NAPOLÉON.
Par .l'Empereur:
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l' /nstructim'll
publique et des
Signé: H.
FoRTOUL.
Pour extrait :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÈTÉS.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes;
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852;
Vu l'article 2 et l'article 9 du décret du 22 août t8o4, sur l'organisation des Académies ;
AutTE:
ARTICLE PREMIER.
M. MJlziÈli.Es, docteur ès-lettres, ancien membre de l'École d'Athènes, .
professeur de rhétorique au Lycée Impérial de Toulouse, est chargé de
la chairtr de littérature étrangère, à la Faculté des Lettres de Nancy
(Faculté nouvelle).
�-
15
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le iO octobre !854.
Signe: H.
FoRTouL.
Pour amplialion :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du decret du 9 mars i8o2 ;
Vu l'article 2 du décret du 22 août !854, sur l'organisation des
Académies;
Vu le décret du f.O octobre !8o4;
ARRtTJ!:
ARTICLI! PREMIER.
M. Cn. BEN()IT, professeur·· de littérature française à la Faculté des
Lettres de Nancy, est nommé Doyen de ladite Faculté.
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le iO octobre !854.
Signé: H.
FoRTOUL.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétan'at,
Signé: P.
CoLLIN•
�f4
-
PRÉPARATOIRE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE.
DÉCRET..
NAPOLÉON,
PAR
u
GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ NATIOl'UJ,E,
EMPEREUR DES FRANÇAIS,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
l'Instruction publique et des Cultes ;
Vu les ordonnances des 13 octobre 1840,12 mars et 18avril1841;
Vu l'ordonnance du 17 octobre 1843, qui constitue l'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy ;
Vu la délibération du Conseil impérial de l'instruction publique, en
date du 11 juillet 181>4 ;
Vu les décrets du !3 aoîtt et 10 octobre !854, qui ont réorganisé les
Écoles préparatoires de médecine et de pharmacie de Lyon et de Bordeaux;
Vu le décretdu 29 novembre !854 qui organise le personnel de la
Faculté des Sciences de Nancy;
A vons décrété et décrétons
qui suit :
ARTICLE PREMIER.
L'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy est
réorganisée de la manière suivante :
L'enseignement comprendra :
1o Anatomie et Physiologie;
2• Pathologie externe et Médecine opératoire ;
3• Clinique externe;
4° Pathologie interne ;
5° Clinique intenie;
'6• Accouchements1 maladies des feinmes et des enfants;
7° Matière médicale et Thérapeutique;
8° Pharmacie et notions de Toxicologie.
Ces chaires sont confiées à huit professeurs titulaires.
ARTICLE 2.
Le nombre des pr.ofesseurs adjoints de ladite école est fixé à trois qui
5eront attachés :
A la chaire de clinique externe;
�Hi
A la chaire de clinique interne ;
A la chaire d'anatomie et physiologie.
ARTICLE
3.
Le nombre des professeurs suppléants est de quatre, qui seront attachés :
Aux chaires de médecine proprement dite ;
Aux chaires de chirurgie et d'accouchements ;
A la chaire d'anatomie et physiologie ;
Aux chairfls de matière médicale, thérapeutique, pharmacie
et toxicologie.
ARTICLE
4.
Il est également attaché à l'École préparatoire de médecine et de
pharmacie de Nancy :
Un chef des travaux anatomiques;
Un prosecteur ;
Un préparateur de pharmacie et toxicologie.
ARTICLE
5.
Il ne sera pourvu définitivement aux diverses fonctions instituées par
le présent décret, qu'au fur et à mesure que la ville de Nancy aura
assuré, par un vote du Conseil municipal, les fonds nécessaires.
ARTICLE
6.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 6 décembre 1854.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur !
Le Ministre Sec1·étaire d'État au département de l'Instruction
publique et des Cultes,
Signé : H. Foarout.
Pour ampliation :
Le chèf du Secrétariat,
Signé : CHARLES FoRTOUL.
�-
1.6
..,....,
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. ET DES CULTES.
ARRtTÉS.·
Le Ministre Secrétaire d'État au département de
et des Cultes,
publique
Vu l'ordonnance du l3 octobre !840 relative aux Éooles prép:tratoires
de Médecine et de Pharmacie ;
Vu le décret impérial, èn date de ce jour, qui réorganise l'Éoole préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
AnntTE:
Sont nommés à l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de
Nancy,
Professeurs titulaires des chaires suivantes, savoir :
Anatomie et Physiologie.
M. Léon PAJnsoT;
Clinique externe.
M. Edmond SIMONIN.
Cliniqueinterne.
M. Victor PARISOT.
Accouchements, maladies des femmes et des
enfants.
M. Rouss11L.
Matière· médicale et Thérapeutique.
M. LAURENS.
M. BLONDLOT.
Pharmacie et notions de Toxicologie.
ARTICLE 2.
Sont nommés professeurs adjoints chargés des cours suivants, savoir:
Pathologie externe et Médecine opératoire.
M. BËCHET •
. Pathologie interne.
M. DEMANGE.
ARTICLE 3.
Sont nommés :
Professeur suppléant.
Chef des travaux anatomiques.
M. GuNDJEA.N.
M. PoiNcnn.
ARTICJ..ll 4.
M. Edmond StMONIN, professeur de clinique externe, est nommé Directeur de l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
�17
A,ll.TICLE
5.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de i'exécution du
présent arrêté.
Paris, le 6 décembre !854.
Signé : H. FoRTouL.
Pour ampliation ;
Le chef du Secrétariat,
Signé : CiiARLEs FontouL.
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction publique
et des Cultes.
,:"
ARTICLE
M. Victor PARisoT, professeur de Clinique interne, à l'École
ratoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy, est nommé Officier de .
t'Instruction publique.
ARTICLE 2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Faità Paris, le 6 décembre 1854.
Sz"gné: H.
FmtTOUL.
Ponr ampliation :
Le elie{ du Secrétariat,
Signé :
CHARI.JlS FOitTOUL.
SECRÉTAIRE AGENT cmtPTABLE.
Le Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'Instruction publique
et
Cultes,
Vu le décret du 22 août !804, sur le régime des établissements d'enseignement supérieur ;
Vu l'arrêté du 24 août 1854 ;·
�t8
ARJJ.tlTE:
.A.RTICLE l'Jil!MIER.
Sont nommés secrétaires agents comptables près les nouvelles Fa'"
cultés des Sciences et des Lettres des Académies dénommées
savoir:
Académie de Nancy.- M; GENGEMBRE, ancien secrétaire de l'Académie départementale de Seine-et-Marne (fonction nouvelle).
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 3:1 octobre 1804.
Signé: H. Fon·rouL.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
�DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
l'!foNSt:IGNIWR,
MESSIEURS,
Il y a moins d'tm siècle, Nancy possédait presque· toutes les
institutions nécessaires à la vie des capitales : comme tant d'au;..
tres centres de ces nationalités diverses, dont l'heureuse fusion
a constitué la France actuelle, Nancy a perdu d'un seul coup,
par la révolution, ces précieux élémeqts · de sa grandeur. Le
gouvernement lui .rend aujol1rd'hu1 tout ce qui peut assurer à
une gt·ande ville, centre d'une g•·ande province, la prépondé..;
rance otl même la souveraineté locale dans l'ordre de l'enseignement.
Naguère le rectorat de Nancy était restreint au seul département de la Meurthe: il corn prend aujourd'hui la Lorraine entière.
Naguère Nancy ne possédait aucune juridiction universitaire, et
pour que titres ou diplômes de toute espèce y fussent conférés, il
fallait que des commissions formées au loin y vinssent siéger en
étrangères, et rendre passagérewent leurs atTêts. Aujourd'hui le
gouvernement réorganise l'excellente Ecole de médecine que vous
possédiez; il lui confère de nouveaux privilèges, et ilne tiendra
qu'à vous, désormais, de la maintenir au rang des premières Ecoles
de l'Empit·e ; bien plus, il érige à Nancy une Faculté des sciences
et une Faculté des lettres: c'est presque dire une Université.
�-
_:
Quelle est la signification de ces actes réparateurs? Y verrez•
vous un simple revirt)ment des choses d'ici-bas, lesquelles semblent procéder par oscillations successives, allant toujours, en
apparence du moins et pour l'observateur superficiel, d'un excès
à l'autre, de la faute à la réparation, et quelquefois outrant tout,
même la réparation ?
Non,
il y a là un sens plus profond. D'ailleurs cet
acte n'est point un fait isolé dans le pays; il se rattache à tm ensemble de réformes dont il nous faut rechercher la valeur et la
portée, afin de pouvoir mesurer, nous, l'étendue des devoirs,
vous, Messieurs, celle de la reconnaissance.
La révolution est close aujourd'hui, de par la volonté trois
fois exprimée de la nation entière. Son œuvre exigeait, vous Je
savez, la plus vaste concentration qui ait jamais été tentée. Toutes
les forces vives du pays se portèrent vers un seul point, de même
que, dans l'homme, à l'instant suprême du péril et d'tm grand
effort, le sang reflue au cœur ou remonte au cerveau. L'erreur,
diso_ns plutôt le malheur des quarante dernières années, c'est
d'avoir voulu maintenir cette tension de tous les ressorts, cette
concentration anormale de toutes les ressources, cet appel dan- .
geretix vers une même ville de toutes les énergies, de toutes les
ambitions. Aussi devait•on croire que la révolution durait toujours,
suivant un mot célébre que citait récemment, dans une autre
€
nceinte (1), un orateur dont la parole élevée a laissé une vive impression dans nos esprits : mais, au fond, elle ne durait ql!e
parce qu'on en maintenait obstinément la forme et l'effrayante
organisation. Qu'en est-il résulté, Messieurs ? Ces forces, réunies
pour une œuvre depuis longtemps achevée, out fonctionné dans
le vide, et, comme pour ·avoh· quelque chose à faire, deux fois
les rouages de l'énorme machine ont broyé le mécanicien. De
même encore, dans l'homme donlje pal'lais tout à l'heure, si le
sang, qui afflue vers le
en quadrupler un instant
la puissance, reste-là, l'organisme tombe bientôt foudroyé par
l'apoplexiè.
(t) Séance de rentrée de la Cour Impériale de Nancy.
�-
21
Tout au contraire, Messieurs, le Pouvoir normal que la France
s'est enfin donné, et cette fois en pleine connaissance de cause,
le Pouvoir veut rendre à son tour à la
en pleine liberté de
nation sa vie régulière et son développement normal. Il ne réagit
point aveuglément contre le passé ; il ne décentralise pointjusqu'au morcellement; il se garde bien d'amoindrir Paris, cette tête
et ce cœur de la France; - mais il reconnait que le temps est
venu où les éléments originaux de la nation doivent se développer
désormais suivant leurs aptitudes caractéristiques, et où chaque
province doit au moins retrouver sur son propre sol les sources
si longtemps taries de sa vie intellectuelle.
Aussi, quand les délégués de vos principales villes allèrent plaider auprès de l'Empereur et de son Ministre la cause de la Lorraine, il leur a suffi, pour réussir, de montrer que cette noble
province a en France, elle aussi, plus que tout autre peut-être,
son esprit et son caractère particuliers, ses tendances propres
trop longtemps annihilées, son rôle à part, sa mission, si j'ose
m'exprimer ainsi; il leur a suffi enfin d'invoquer son droit historique que la révolution avait suspendu, mais non pas abrogé.
L'Empereur a fait droit à vos demandes, 1\'lessieurs; désormais
la Lorraine a une place et un rôle dans la vaste réorganisation de
l'enseignement public,. par laquelle un .Ministre éminent a. su,
dans sa sphère d'activité, traduire en faits et en institutions celte
pensée généreuse de notre Empereur, de faire produire à la
France toutes les grandes choses dont elle porte le germe, afin
de lui rendre dans le monde le rang qui lui appartient. '
C'est à vous maintenant, Messieurs, d'appuyer cette œuvre
réparatrice, disons mieux, cette œuvre d'avenir. C'est à vous de
faire comprendre à vos concitoyens la valeur pratique des institutions nouvelles, et de guider vers nos chaires cette jeunesse
lorraine qui sait si bien s'ouvrir toutes les .carrières à force de
travail et d'intelligence, mais que l'on condamnait à émigrer, en
quelque sorte, pour compléter son éducation et conquérir les grades ou les diplômes dont l'Etat fait sa première garantie. Alors
se
vous verrez un esprit public plein de séve et
tituer peu à peu au milieu de vous, for!J)ant son caractère moral
sur celui de la province,
cesser d'être éminemment français;
�alors tout ce
y a de noble, d'élevé, de vrai
dès
tions restées jusqu'ici individuelles, trouvera son écho au sein
d'une jeunesse généreuse et inte11igente, initiée sur son propre
sol, sous vos regards et votre tutelle, aux plus féconds enseignements des Lettres et des Sciences·. Plaise à Dieu que le foyer de
cette puissance intellectuelle exerce son attraction par delà nos
frontières, et qù·e vôtre Nancy, point de croisement de grandes
voies de communication, placé près des limites de la France et
offrant cependant un type si français, devienne, comme autrefois,
le rendez-vous de la jeunesse allemande, désireuse de connaitre
le génie de notre pays et de s'en assimiler les ressources.
pour hien faire connaître la portée des institutions nouvelles, il ne suffit pas d'indiquer simplement, comme j'ai voulu
le fait·e, la pensée générale qui a· présidé à leur création. Il faut
encore exposer en détail leur but commun et surtout leurs moyens
d'action si variés, depuis l'enseignement qui imprime à l'intelligence un caractère d'humaine noblesse, jusqu,à celui qui enrichit
le pays d'une pépinière d'ingénieurs et rend la science, comme le
voulait Bacon, productrice d'utilité publique; depuis l'influence
des leçons et des conférences, jusqu'à l'autorité des arrêts que les
Facultés rertdent lorsque l'E!at les constitue en tribunal et leur
confère le droit d'ouvrir ou de .fermer les plus belles carrières.
je laisse ce soin aux interprètes naturels des deux Facultés
ct de l'Ecole de
aux hommes distingués que le choix
du Ministre a si heureusement placés à leur tête. Je ne revendique·
pour !eRecteur, que le privilège de remercier ici, au nom du Ministre, de l'Instruction pub1ique, la Municipalité de Nancy dont
le zèle ct le patriotisme éclairé ont si hien secondé les. vues dù
Gouvernement; je voudrais que la France entière sût par ma voix
ql1'aucun sacrifice ne lui parait trop lourd torsqu'il s'agit de doter
]es Facultés nouvelles d'une mallière digne de la Lorraine qui
les accueille avec tant ·d'empressement, et de l'Empereur qui les
a si gracieusement octroyées.
�DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. GODRON, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
lUoNSIEUR
LE R.r;:crEuR,
MONSEIGNEUR,
MESSIEURS,
Si l'histoire des peuples est instructive; si leur$ institutions·
religieuses et civiles méritent une étude sérieuse; si enfin, les
actes par lesquels ils ont marqué leur existence, fournissent des
enseignements utiles, il en est de même des corps savants, et
leurs annales ne sant pas moins dignes d'intérêt. C'est que les
corps savants laissent également après eux des traces de leur
passage; leurs conquêtes, plus pacifiques, il est vrai, que celles
des peuples, n'en sont pas moins glorieuses, et, dans l'atmosphère
calme où ils se meuvent, ils exercent sur la civilisation une influence incontestable. Leur passé est de nature à nous éclairer et à
guider dans leur marche les institutions nouvelles, qui sont
lé es à recueillir et à étendre leur. héritage.
L'histoire des anciennes Universités serait éminemment propre
à nous donnel' ces enseignements, et je voudrais qu'il me fût
permis de tracer ici le tableau de }eur organisation, de suivre
avec vous les diverses phases qu'elles ont parcourues, d'énumérer
les découvertes précieuses dont elles ont successivement enrichi
les diverses branches des connaissances humaines, d'étudier enfin
leur action sur la marche de l'esprit humain et sur le développement de nos. institutions sociales.
�-
24 -
Mais celte tâche serait trop vaste, ét.c'est pQur moi une nécessité de me restreindre dans des limi.tes plus étroites. Je me
terai de vous rappeler, d'une manière générale, comment les
anciennes Universités ont préparé, peu à peu, les tendances qui
dominent dans nos sociétés modernes, et donné la première impulsion au mouvement scientifique qui nous entraîne et qui forme
le caractère le plus saillant de l'époque actuelle.
Au douzième siècle, les derniers représentants de la science
antique avaient disparu depuis longtemps de la chrétienté, et
c'est chez les Arabes que nous en retrouvons la tradition pendant
une longue période. Mais les croisades eurent pour effet de nous
initier aux connaissances que possédait encore l'Asie; un immensè
besoin de savoir se manifesta dans toute l'Europe
et
détermina l'époque de la renaissance des lettres. Des écoles
publiques de haut enseignement furent ouvertes et donnèrent
naissance aux premières Universités, qui, à partir du commencement du
siècle, reçurent une organisation régulière et.
travaillèrent 'avec ardeur à populariser la culture .des Sciences
et des Lettres. Mais, dès l'origine, elles épuisèrent leur activilé
sur les questions les plus ardues de ]a scolastique, et prirent une
part active aux luttes ardentes qui divisaient alors les écoles.
D'une autre part, la science proprement dite ne sut pas, tout
d'abord} se dégager de l'ornière que lui. avait tracée le moyen
àge; c'est en vain que Roger Bacon cherchait à faire revivre la
méthode de l'observation et de l'expérimentation ; l'alchimie et
Pastrologîe avaient pris la place de tout autre connaissance, et
la Science, détournée de sa véritable voie, n'eut plus pour objet
que la folle recherche de la pierre philosophale et des
humaines au sein des astres.
Aussi les découvertes' peu nombreuses, que nous offre ce(te
première période de l'existence des Universités, furent-elles
plutôt l'effet du hasard, que le fruit de recherches entreprises
d'une manière rationnelle, et , par conséquent, scientifique.
Toutefois les exercices scolastiques et les immenses travaux des
alchimistes ne furent pas complètement inutiles : en aiguisant les
esprits, en les habituant à de pénibles recherches, ils les façonnèrent à des études plus sérieuses et surtout mieux dirigées.
�H faut néanmoins remonte1· au X VI• siècle pour retrouvér la
science dans sa véritable ac'ceplion et pour constater des progrès,
en réalité dignes d'elle, Favorisée, du reste, dans, son développement par l'invention encore récente de l'imprimerie, elle arrive
plus sûrement à la connaissance de vérités nouvelles, et ses efforts sont bientôt couronnés par des découvertes importantes, qui
laissent bien loin en arrière l'antiquité païenne et bouleversent
les systèmes qui, jusque là, semblaient définitivement établis;
Je ne m'arrêterai pas à vous présenter l'historique des acquisitions successives, dont la science s'est enrichie dans le cours
des trois derniers siècles, et qui ont créé, dans nos sociétés
actuelles, une situation spéciale et des besoins noùveaux. Il
me suffit de déduire, de ce rapide exposé, cette conclusion
que, pour s'être lancée dans des recherches incertaines, sans
guide el sans méthode, la science s'est égarée dans une route
aventureuse, et ses immenses travaux n'ont abouti qu'à des résulta!s presque stériles.l\Iais du jour où un enseignement rationnel,
lui faisant abandonner les systèmes à priori et les recherches ,
empiriques, l'a replacée sur la voie de l'observation, elle a marché,
d'un pas ferme et assuré, à des conquêtes de plus en plus rapides.
Il faut donc distinguer, dans le rôle qu'ont joué en Europe les
anciennes Universités, deux périodes distinctes, l'une peu profitable pourla science, l'autre féconde en grandes découvertes.
L'ancienne Université lorraine, établie d'abord à Pont·à-1\lousson,
puis transférée à Nancy, eut l'avantage de naître dès les premiers
temps dè la seconde période ; aussi, elle évita l'écueil dans lequel
étaient tombées ses sœurs aînées. Créée en 1!'>72, en vertu d'une
plan que
bulle du Pape Grégoire XIII, et organisée sur le
les plus célèbres Universités de. l'époque, elle donna, presque
dès l'origine, un enseignement complet .. Vous savez tous,
cMessieurs, que richement dotée par le duc Charles III, son fon·
dateur, et pourvue de privilèges étendus, elle justifia par son en·
saignement la sollicitude toute paternelle, dont les anciens souverains de la Lorraine ne cessèrent de l'entourer .. Non-seulement
elle propagea dans le pays, pendant plus de deux siècles, le goût
de l'étude, mais c'est elle qui forma,
grande partie du moins,
cette pléiade de théologiens éminents, de jurisconsultes illustres,
�26
de littérateurs distingués et de savants médecins 'lui furent une
des gloires de notre ancienne province.
Il y a soixante-deux ans, Nancy était encore. un foyer d'enseignement supérieur des plus actifs, lorsqu'un décret de l'Assemblée
nationale, du 18 août 1792, vint tarir momentanément en France
les sources des hautes études, et y arrêter un instant la marche
progressive du mouvement scientifique.
Le décret réparateur du 17 mars 1808, qui fonda l'Université
impériale, substitua aux anciennes Universités, qui avaient vécu,
pour ainsi. dire, dans l'isolement les unes des autres, un système
d'enseignement supérieur se rattachant à. une même pensée et a
une direction unique. Comme tout ce qui sortait du génie de
l'Empereur, les Facultés qui furent alors créées reçurent une
organisation forte et durable, et continuèrent avec distinction le
rôle si utile des anciens c01·ps enseignants.
Mais les préoccupations politiques de l'époque, la lutte gigantesque et sans cesse renaissante, que la France soutenait avec
énergie contre l'Europe liguée contre elle, la pénurie enfin de
professeurs gistingués qu'avait dispersés la révolution, ne permirent pas alors de reconstituer tous les anciens centres d'études,
et Nancy fut ainsi privé de cet enseignement supérieur, qui, florissant en Lorraine pendant de longues années, semblait avoir
acquis définitivement dans ses murs le droit de bourgeoisie.
Je me trompe, Messieurs; l'enseignement supérieur n'y périt
pas tout entier. Vous savez tous que quelques-uns de nos concitoyens, sans autre ressource que leur zèle infatigable, entreprirent
de continuer à Nancy l'œuvre de l'ancienne Faculté de médecine
et du Collége·t:oyal de chirurgie. Ils OUVl'Îl'ent, dès les premières
années de ce siècle, des cours où un grand nombre de jeunes
gens vinrent acquérir }es connaissances, qui leur
d'exercer avec succès Part de
et dans nos communes rurales, et à la suite des armées. Telle est l'origine de l'Ecole de
médecine que possède encore Nancy, et tels sont les résultats qui
· ont marqué ses débuts, alors qu'elle n'était encore revêtue d'aucun
caractère officiel. Reconnue depuis par l'Etat sous le nom d'Ecole
secondaire, puis d'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, elle a continué jusqu'aujourd'hui à marcher résolumen!
�27
vers le bnt qu'elle s'était proposé. Je voudrais pouvoir, l\'Iessieurs,
vous exposer les servicés qu'die a rendus; mais celte tâche serait
pour moi bien délicate. Je ne puis oublier que c'est comme
professeur â celte école, que j'ai fait mes premières armes dans
l'instruction publique, et que, pendant seize années, j'ai été as.,.
socié â ses travaux. Qu'il me soit permis, toutefois, de fait·e
observer, qu'en conservant dans notre ville les anciennes traditions d'enseignement et en contribuant, pour sa part, à y entretenir l'activité scientifique, elle forme le lien naturel qui unit
l'ancienne Université lorraine aux Facultés que nous inaugurons
aujourd'hui.
Il était réservé au Gouvernement de l'Empereur Napoléon III
de complêter l'œuvre de l'immortel fondateur de l'Université
impériale, en rétablissant dans quelqnes-ùries de nos provinces,
depuis longtemps deshéritées, ces anciens centres d'instruction,
qui avaient lem· raison d'être, parce qu'ils donnaient satisfaction à
des intérêts de l'ordre le plus élevé. Les révolutions peuvent bien
renverser une institution, mais elles ne suppriment pas du même
coup le sentiment du passé, les traditions locales , les besoins
intellectuels d'une province.
Aussi, lliessieurs, vous avez tous applaudi à la penséebienveillante, qu'a manifestée le chef de l'Etat, de reconstituer à Nancy
des écoles de haut enseignement, et le Conseil municipal, dispensateur intelligent des revenus de la cité, n'a pas hésité à lui imposer des sacrifices considérables pour doter nos Facultés de
toutes les ressources matérielles que nécessite leur organisation.
Mais la sollicitude du Gouvernement ne s'est pas bornée- à la
création de quelques établissements nouveaux. La même pensée,
d'où émanent les modifications si importantes et si fécondes qû'a
subi le plan d'études de nos lycées, s'est étendue également'àl'enseignemènt supérieur, auquel elle donne une vie nouvelle en le
complétant et en l'appropriant aux exigences impérieuses de
notre époque.
Il me reste à indiquer, :1\fessieurs, les circonstances qui ont nécessité une réforme dans l'enseignement des Facultés des Sciences,
et à faire connaître le caractère que doit avoir désormàis cet
enseignement.
�28 Les Sciences avaient déjà pris, en. 1808, une extension telle
que l'ancienne Faculte des arls ne pouvait plus embrasset· les
connaissances si variées qui, dans les anciennes. Universi(és,.
avaient fait l'objet de ses études. Chargée à la fois de l'enseignement des Lettres et des Sciences, comme pour marquer l'lllliance
intime qui doit exister entre
elle ne suffisait plus à cette
tâche laborieuse, et elle dut être. scindée en deux Facultés nouvelles : le trivium, pour parler l'ancien langage scolastique, devinL
le domaine de la Faculté des Lettres,Je quadrivium, l'apanage
de la Faculté des Sciences.
Mais, depuis cette époque, le mouvement scientifique s'est accéléré de plus en plus ; des découvertes importantes viennent,
presque chaque année, frapper d'étonnement notre intelligence et
agrandir le champ déjà si vaste des connaissances acquises. Vindustrie, en s'appuyant de plus en plus sur la science, a suivi d'un
pas non moins rapide, l'impulsion qui lui est communiquée ; elle
a pris, à son tour, des développements inouïs, et qui tendent sans
cesse à s'accroitre. De nos jours, l'enseignement scientifique
pratique est devenu indispensable; il peut seul soutenir les progrès de l'industrie et féconder son activité. Et cependant, si l'on .
excepte quelques établissements spéciaux, ouverts seulement à
un petit nombre de jeunes gens, la France était jusqu'ici privée,
ou à peu près,. d'un enseignement qu'elle enviait aux nations
voisines. Les Facultés des Sciences n'ont plus aujourd'hui pour
but exclusif de développer/ parmi leurs auditeurs des connaissances purement théoriques, mais encore d'enseigner avec soin
les applications de ces connaissances aux diverses industries, qui
dominent dans chacune des nouvelles provinces académiques;
eUes ont, en un mot,,pour mission, non plus seulement de formet·
des hommes instruits, mais en outre de donner au pays des
citoyens utiles.
Aussi, Messieurs, dans les cours que nous allons ouvrir, les
théories purement spéculatives n'excluront pas les questions
vraiment pratiques. Les collections scientifiques
en physique, en .chimie, en histoire naturelle, en modèles de
machines, etc., dont le Conseil municipal a doté notre Faculté des
Sciences, collections qui viennent déjà de s'accroître d'un riche
"
�herbier dû à la générosité d'un de nos compatriotes (1), 'p.ermettront de placer constamment, sous les yeux desjeunes gens qui
·suivront nos leçons, les différents objets d'étude; des expériences
nombreuses viendront à chaque instant étayer les théories et
confirmer ces lois admirables, auxquelles_ obéissent tontes les
forces naturelles:
dont la connaissance offre non-seulement
l'immense avantage de lier dans notre esprit les faits épars, et de
les fixer dans la mémoire, mais encore de servir de guide dans
la recherche de vérités nouvelles.
dans les sciences d'observation, il ne suffit pas, pour se
les assimiler, de suivre les leçons d'un professeur; d'examiner
rapidement les objets qu'il fait passer sous les yeux de ses auditeurs; d'assister aux expériences sur lesquelles il s'appuie dans
ses démonstrations, il faut encore que ses élèves mettent euxmêmes la main à l'œuvre, s'habituent à manier les instruments, à
diriger une opération, à faire enfin toutes les recherches scientifiques, qui peuvent conduire à des résultats utiles. C'est ainsi seulement que la Faculté des Sciences pourra produire tous les
avantages qu'on est en droit d'attendre de son enseignement.
Désormais les collections, les laboratoires ne seront plus des
sanctuaires
et soustraits aux regards de tous ceux
qui désirent être initiés à la connaissance de l'arsenal de la science
et à la pratique des méthodes d'expérimentation. Des salles de
travail pour la chimie, pour la physique, pour l'histoire naturelle
ne tarderont pas à être organisées, et seront ouvertes aux jeunes
gens, qu'anime la noble ambition d'aller au-delà des études théoriques et d'acquérir l'habitude des manipulations.
Ce n'est pas seulement dans ses collections, dans ses laborataires,
que la Faculté ira chercher ses moyens- d'enseignement ; il est des
objets qu'il faut voir et étudier dans les lieux mêmes qui leur ont
été assignés dans l'harmonie générale de la création. La géologie,
par exemple, ne s'étudie pas complétem.ent dans lés livres et dàns
les musées ; ceux-là seuls possèdent réellement cette science et
(1) M.
membre du Conseil général de la Meurthe et Président de la
Société centralè d'agriculture de Nancy.
�-
50
peuvent utiliser .leurs connaissances dans ceUé branche si importante de l'histoire naturelle, qui sont aptès à reconnaître une roche
en place et à distinguer sûrement les unes des autres les diverses
formations qui constituent l'écorce solide de notre globe ; mais
l'exploration du terrain lui-même permet seul d'arriver à ce degré
d'instruction. L'étude du gisement des minéraux soulève la même ,
observation. Les mœurs, les habitudes, les tr\).vaux de certains
animaux utiles à l'homme ou qui lui sont au contraire nuisibles,
soit directement, soit par l'action: destructive qu'ils exercent sur
les substances indispensables à l'économie domestique, et sur les
matières premières qui alimentent l'industrie, ne peuvent être
étudiés d'une manière fructueuse que dans les localités où ces
animaùx habitent. Nous en dirons tout autant. de l'étude de la géographie botanique, de celle des relations que présente la végétation
avec la nature minéralogique et les influences
du sol, de
celle enfin de l'économie forestière, et des procédés en usage dans
la science par excellence, je veux parler de l'agriculture. Ici l'enseignement en plein air, au milieu de nos campagnes, peut seul
· atteindre le but et nécessitera des excursions qui seront dirigées
dans ce sens et qui auront lieu pendant le semestre d'été.
La Faculté des Sciences, étant spécialement chârgée de donner
à son enseignement une direction qui soit en rapport avec les
dustries principales du pays, non-seulement ne faillira pas à cette
tâche, mais elle espère pouvoir terminer les travaux de chaque
année classique parla visite de quelques établissements industriels,
où les élèves de la !!'acuité se livreront à l'étude des machines et
des procédés de fabrication. Ces excursions leur offriront également l'avantage de pouvoir étendre leurs études d'histoire naturelle au-delà des limites du territoire de Nancy.
L'enseignement de, la Faculté n'aura pas seulement pour effet
de. répandre autour d'elle des connaissances utiles ; mais le législateur lui a conféré le pouvoir de sanctionner par un certificat
d'aptitude.Ie travail de ceux de ses élèves qui seront reconnus
suffisamment instruits pour se livrer à la pratique d'une industrie
spéciale, dont elle peut ainsi leur faciJ.iter l'accès.
Enfin les Facultés des Sciences, chargées de conférer des grades
qui, jusqu'ici, n'étaient exigés que pour l'étude de la médecine
�31
ou pour l'admission dans les fonctions de l'enseignement, viennent
d'acquérir une importance nouvelle par l'effet d'un récent. décret,
rendant ob1igatoire le diplôme de bachelier ès sciences, pour les
jeunes gens qui se destinent, soit à l'Ecole polytechnique ou à
l'Ecole militaire de Saint-Cyr, soit à l'Ecole forestière et à différentes administrations publiques. Les Facultés des Sciences fortuent donc aujourd'hui une véritable magistrature, qui a pour ·
mission d'ouvrir l'entrée de !outes les carrières scientifiques, et
même la carrière des armes spéciales aux candidats qui se recommandent par leur aptitude et par des études sérieuses.
Telles sont, Messieurs, la voie dans laquelle doit entrer à
l'avenir l'enseignement des Facultés des Sciences et l'étendue nouvelle donnée à leur juridiction.
Tous ces détails, que nous venons de vous exposer, noùs inspirent une réflexion, qui sans doute a déjà surgi dans votre esprit :
c'est qu'on ne peut trop admirer la sollicitude du Gouvernement
de l'Empereur qui, au milieu des graves préoccupations qui
l'assiègent de toute part, vient de doter d'utiles réformes les
établissements de tous ordres, depuis les asiles de l'enfance
jusqu'aux écoles de haut eùseignement, et s'impose la noble
tâche de faire des élèves de ces établissements, une génération
mâle et forte sous la double influence des Lettres et des Sciences.
Ce sera là un des bienfaits les plus féconds que nous devrons â
la haute sagesse et. au génie du Prince qui a rétabli au dedans
et qui soutient aujourd'hui glorieusement au dehors les principes
d'ordre et de justice qui font la force des nations et qui président aux destinées des Sociétés humaines.
��DISCO'URS
PRO::S:ONCÉ PAR
M. CIL BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
l\'IONSIEUll LE RECTEUR,
MoNSEIGNEun,
1\'IESSIEURS,
Aujourd'hui que l'inauguration de nos Facultés réunit autour
de nous, en cette enceinte, l'élite de la cité, ma première pensée,
et la vôtre, Messieurs> est une pensée de reconnaissance envers
le Gouvernement de l'Empereur, qui est entré avec une bienveil·
lance si généreuse dans nos désirs et nos espérances, et qui a
voulu que Nallcy retrouvât enfin son Université. Grâces aussi
soient rendue!! en ce jour aux hommes dévoués, qui par leurs
· nobles démarches ont provoqué ce bienfait, et à vous, 1\'Iaglstrats
··de la ville, que l'Etat a trouvés si zélés à seconder ses desseins,
si généreux à doter notre institution de :tout ce qui peut eu assurer
le succès.
La faveur qui enhmre cet établissement dès. son début ne
m'étonne pas, ])lessieurs. Nanèy se souvient de ce qu'elle était
autrefois, .et de ce qu'elle se doit à elle-même. Déchue de son rang
de capitale sou.veraine ·depuis son annexion à la France, elle a
songé enfin à reprendre, à défaut de sa couronne à jamais perdue,
qùelques-unes du moins de ces nobles institutions, fondées par
ses princes,
elle se glorifiait autrefois, et dont la révolution
l'avait dépouillée. Elle se rappelle de quel éclat a brillé surtout
.5
�-54-pendant deux siècles l'Université fondée à Pont-a-1\Iousson par
le Duc Charles III, et transportée dans nos murs en 1768. Si en
1808, lorsqu'un Gouvernement réparateur restaurait l'enseignement et dotait de Facultés les principales villes de France, Nancy .·
ne fut pas d'abord comprise dans le partage, aujourd'hui du moins
elle n'a pas failli à ses droits, et dans la répartition nouvelle qui
allait être faite de ces grandes institutions académiques, des voix
citoyennes se sont élevées pour revendiquer les titres de la bité.
Votre cause était bonne, Messieurs, et le Gouvernement de l'Empereur trop éclairé et trop équitable, pour n'en pas reconnaître la
justice. Un ministre toujours ardent à seconder l'essor des esprits, .
partout où il se manifeste, a cru dans l'avenir de Nancy : il a
choisi notre ville, pour en faire un de ses nouveaux foyers d'enseignement qu'il voulait élever au cœur de la province. J'aime
à penser, que dans sa confiance il ne s'est pas trompé. Non, ce.
n'est pas en vain qu'une ville a longtemps été une capitale, et le
centre d'une vie nationale et énergique. Alors mêmé qu'elle a
perdu sa vie politique, elle garde pourtant toujours quelque chose
de son royal esprit d'autrefois. Ne dirait-on pas, que jusque dans
ses efforts pour se créer dans le commerce et l'industrie, cette
royauté des temps modernes, une autre destinée, urie fortune
nouvelle, elle retient encore ses traditions d'élégance et de goût,
elle demeure plus libérale : son industrie touche aux arts ; eUe Sê
livre aux affaires, sans s'y absorber: elle continue à .aimer les
choses de l'esprit; et quand la for lune vient la doter de quelque
institution généreuse, elle s'en empare naturellement, elle y entre
comme chez elle ; elle se retrouve.
Je n'en veux pour témoin,
que l'empressement, avec
lequel ont toujours été accueillies dans cette ville toutes les fondations propres à répandre les lumières et à rendre les hommes
meilleurs. Edification de l'intelligence ou du cœur, science ou
charité à mettre en commun, quelle grande idée vous a trouvés
indifférents'! quel bien à faire n'a pas excité votre sympathie'!
Que de fois, en vous voyant réunis en si grand nombre, partout
où l'on vous entretenait des intérêts de l'intelligence, me suis-je
senti ému et fier d'appartenir à une ville où toute parole généw
reuse trouvait tant d'échos ? Dès-lors, je souhaitais au fond du
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53 -
cœur, que Nancy devînf un jour, dans nos-'provinëes de l'.Est,. un
de
centres d'enseignement
où, mieux qu'àilleurs, .
ce semble, la jeunesse appelée aux fonctions}ibérales devait
ver, pour s'y préparer, Je recueillement si nécessaire aux fortes
ètudes, et aujoUrd'hui si rare.
. Voilâ ces vœux maintenant en partie accomplis. Nancy est dotée
à la fois de deux: Facu1tés. Je sais, Messieurs, que vos. désirs
vont encore au-delà. Vous aimez â espérer que dans l'avenir
une autre Ecole encore viendra prêter son appui à notre Faculté
des Lettres.
aujourd'hui, ne songeons. qù'à mériter par le
concours de nos efforts, que le Ministre . complète son bienfait;
et sacbons apprécier déjà les avantages de. l'institution actuellè.
Tout à l'heure, mon honorable col1ègue vous a laissé entrevoir
quelle impulsion nouvelle la Faculté des Sciences était. appelée à
donner aux études scientifiques en ce pays. Quel doit être .à son
tour le rôle de la Faculté des Lettres 'l quelle influence est-elle
appelée à exercer sur les études littéraires'! Il estsans doute plus
d'une personne parmi vous qui attend à ce sujet quelques expli":
cations.
Les Facultés, ainsi qu'on vous le disait tout à l'heu.re, sont ins...
tituées dans un double but. En même temps qu'elles .sont un. foyer
d'enseignement librement accessible à tous 7 elles ont mission de.
dispenser de la part de l'Etat les grades universitaires, et d,ouvrir
ainsi l'entrée des
Dès lundi prochain, commen. cera ici une session d'examen pour le baccalauréat ès lettres.
Vos fils, Messieurs, ne. seront plus obligés d'aller au loin se pré..,
senter à èes épreuves nécessaires. Mais ici même, sous vos yeux,
ils trouveront à la fois, et toutes les ressources, pour aider à leur
travail, et le titre qui en doit être le p1·ix. Ils apprendront à connaître de plus près ces examens, qui couronnent leurs études du
lycée, ou leur ouvrent la carrière de l'enseignement; ils
mieux, que désormais nulle préparation artificielle et hâtée. ne
saurait suppléer à des études régulières et sérieuses, et qu'il n'y a,
qu'un gage assuré du suecès, le travail. L'Etat, en reconnaissant
le droit sacré des familles dans l'équcationt en laissant toute liberté
aux méthodes, et en ouvrant l'enseignement à 1a concurrence,
n'a pas oublié pour cela, qu'il est responsable devant 1e pays du
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36 -
progrès ou de la décadence des lettres, qui sont une des plus
glorieuses parts de notre héritage national; et c'est nous, qu'il
a chargés d'y veiller, en environnant nos examens de garanties
sérieuses, et en maintenant par là le niveau des éludes à une hauteur digne de la Françe. ])lais en même temps que notre Faculté
sera pour vous, jeunes gens; comme une magistrature chargée de
vous dispenser les grades avec une prudence impartiale, vous
trouverez aussi en nous des maîtres dévoués, pour vous guider de
nos conseils, encourager vos efforts d'une voix amie, les récompenser avec bonheur; et dans nos cours, des ressources nouvelles,
pour vous préparer aux épreuves.
Car une Faculté des Lettres est en mêm,e temps destinée à
compléter l'éducation littéraire commencée da:ns les lycées. Pour
cela, elle ouvre libéralement ses cours, non pas seulement aux
hommes qui se destinent particulièrement à l'enseignement; et
prennent des inscriptions pour la Licence et le Doctorat, mais
encore, et sans distinction, à la jeunesse d'elite, qui. pense, qu'à
quelque profession que la fortune l'appelle, il est bon.d'y appor•
ter un esprit cultivé el mûri par l'étude. J'espère que la jeunesse
de cette ville saura profiter de cet avantage. L'étude des lettres,
en effet, pour être plus désintéressée que les autres études dans
son objet, n'en est pas moins utile; si elle ne conduit pas directement
comme les autres à telle ou telle carrière spéciale, elle prépare
à toutes, ou plutbt, elle prépare à la vie ; et ainsi que l'a dit
l'Empereur Napoléon I•r,atandis que les autres connaissances n'intéressent qu'un côté dé l'esprit humain, les lettres sont l'esprit
humain lui-même».
Cependant toutes ces vérités, qui autrefois auraient passé pour
des lieux communs, ont presque l'air aujourd'hui de paradoxes,
tant est grand le changement, qui, depuis quelques années,. s'est
opéré à cet égard dans notre pays. Ne nous le dissimulons pas,
Messieurs, le culte des léUres, qui avait fait si longtemps notre
gloire, s'est affaibli parmi nous; et un autre esprit n'a que trop
souvent prévalu, esprit positif, qui né mesure les choses qu'aux
avantages matériels qu'on en .peut immédjatement recueillir. Cet
de nos écoles; il
esprit du temps a pénétré jusque dans
saisit notre jeunesse au début même de la vie, pour étouffer dans
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-
Jeur germe ces nobles sentiments, ces amours de l'idéal, .ces :enthousiasmes de l'art et de la vertu, ces saintes chimères, si l'on
veut, qui siéent si bien à cet âge. Si l'on trouve encore quelque
part la passion désintéressée des lettres si commune en France
autrefois, ce n'est plus guères parmi nos jeunes générations. Nos
collégiens même se hâtent trop d'être à cet égard des hommes de
leur temps, et de calculer avec une maturité précoce ce que leur
rapportera chacun de leurs efforts; ils sont trop impatients, pour se
résigner à ces études deslettres, dont ils ne peuvent sentir encore la
lointaine efficacité. Ils sont pressés d'entrer dans la vie, et prennent
pour arriver plus vite le chemin de traverse; ils effleurent les études;
ils retiennent de chacune le moins possible, tout juste ce qu'il en
faut, pour l'escompter au plus tôt en diplôme; et ils se lancent
dans la carrière avec ce mince bagage. Heureux encore, lorsque
plus tard ils s'aperçoivent de cetteinsuffisance deleurinstruction,
et qu'ils ont le loisir et le courage d'y revenir.
Une autre circonstance a contribué encore à diminuer parmi
nous le goùt des lettres, en entraînant ailleurs la curiosité des .
hommes ; c'est le génie des sdences modernes, ce sont les merveilleuses conquêtes de l'industrie sur la nature. L'épopée de
notre siècle est l'histoire de la machine à vapeur, et la poésie est
aujourd'hui dans nos chemins de fer plus vites que la tempête,
dans l'électricité plus vite que la pensée. Loin de moi, Messieurs, de
médire de ces merveilles de la science moderne. Comment pourrais·
je en avoir la pensée, devant une telle assemblée, et devant l'homme
éminent, qui nous préside et donn_e ici tant d'éclat à l'enseignement
des sciences ? Bien loin d'en médire, je remercie Dieu, au contraire, de m:avoir fait assister à ces grands spectacles que l'industrie de notre temps a offerts à nos regards; mais c'est surtout,
pat·ce que j'attends de ces conquêtes de la science sur le monde
matériel, qu'en facilitant le travail de l'homme, et en ajoutant
à son bien-être, elles serviront en même temps à l'affranchissement
de son âme jusqu'alors courbée vers la terre avec son corps par
les servitudes d'un labeur sans repos. Qu'avec la richesse, l'homme
devienne donc plus libre, mais pour devenir en même temps plus
éclairé et
Que le loisir profite au développement de son
âme ; et que le fils affranchi de la terre apprenne à regarder
�58 davantage le ciel. Sursum corda. L'homme ne vit pas seulement de
pain; Si les inventions de l'industrie ne servaient qu'à accroître
en nous la soif des jouissances, et si le progrès moral d'un peuple
ne répondait pas à ses progrès matériels, prenons garde que ce
goût du bien-être ne nous devienne fatal. Il y a uri équilibre difficile à maintenir entre les choses d11 corps et les intérêts de la
pensée. Notre époque a entrevu quel chaos peut se .faire en certains esprits, quand la conscience morale venant à s'obscurcir,
l'homme, enivré de sa victoire sur la nature, a osé presque se proclamer Dieu dans son orgueil, se livrer aux plus honteuses.chimères, et sanctifier tous ses appétits. Rêves insensés ! dont le bon
sens public a fait vite justice; mais qui. n'étaient après tout que
l'exagération même des tendances matérialistes, auxquelles, tous,
nous avons plus ou moins cédé.
Aussi, Messieurs, est-ce avec une juste sollicitude, que le Gou..
vernement de l'Empereur, tout en élevant et en réglant l'enseignement des sciences, s'est si vivement préoccupé· de ranimer et
de fortifier les études littéraires parmi nous. Noble et. salutaire
pensée. Car, après la Religion, cette maitresse souveraine de
toutes les vertus, est-il rien de plus propre encore que le goût
des lettres, pour entretenir en nous la vie morale ? Philosophie,
histoire, littérature conspirent à l'envi, pour nous dérober aux
mesquines et égoïstes préoccupations de la vie journalière, élever
nos âmes vers la contemplation de vérités éternelles, et nous faire
vivre dans un commerce assidu avec les grands cœurs et les 1 plus
belles intelligences dont l'humanité s'honore. Car, qu'est-ce donc,
après tout, que ces penseurs, ces écrivains, ces poëtes, dont nous
venons vous entretenir, sinon les fils prédestinés du génie, lesquels, après s'être élevés plus on moins vers les régions divines
de l'idéal, nous en ont laissé dans leurs œuvres une splendide
image? Dans leur fréquèntation,
s'éclaire, le cœur s'épure,
l'âme s'aguerrit et sefortifie. Non, ce n'est pas impunément qu'on
vit avec ces grands hommes du· passé; ils nous associent à leurs
pensées, ils font battre nos cœurs aux sentiments dont ils furent
émus ; leur âme devient la nôtre :leur souffle généreux a passé
dans notre sein : nous vivons de leur vie, nous voudrions mourir
leur mort; et quand nous les quittons pour redevenir nous-mêmes,
�-
59 -
nous nous sentons longtemps encore agrandis par leur contact,
plus forts, plus dévoués, plus· amoureux de vérité' et de vertu.
L'écho, que leur noble parole a éveillé en notre âme, continue.enLaissons les aveugles traiter d'illusions ces raviscore à
nous, Messieurs,
sements de l'art, qu'ils n'ontjamais
qui avons éprouvé plus d'une fois les vives et d<mces jouissances
de ce commerce avec les grands esprits d'autrefois, reserrons err
de plus en plus les liens. Aimons à venir auprès d'eux oublier
par intervalles les médiocrités de la vie, à nous reposer dans ce
monde plus beau de la pensée, que nous poursuivons de nos
rêves, à nous retremper enfin, et à nous désaltérer à ces ·sources
vives de la poésie, qui semblent descendre du ciel. Puisse noh'e
Faculté devenir à vos yeux comme un asile sacré des lettres,
où vous prendrez plaisir à goûter dans le re.cueillement ces divines émotions de l;art. Certes,· les grandes œuvres de l'esprit
humain, dont noliS venons vous entretenir, peuvent trouver ail•
leurs de plus brillants interprètes, mais nulle part de plus passion ès admirateurs de tout ce qui est grand, beau et bon.
Notre Faculté comptera cinq chaires. D-I. le Ministre, dans sa
bienveillance particulière pour notre ville, a voulu que dès le
débull' enseignement littéraire y fût complet; et aux chaires de
Philosophie, d'Histoire, de LiUérature ancienne et de Littérature
française, il a daigné adjoindre une chaire pour l'enseignement de
la Littérature étrangère.
Quelques mots d'explication, Messieurs, sur chacun de ces
cours.
Si la
de l'Etat a cru devoir borner dans nos Lycées
l'enseignement de la Philosophie, qui, pour de trop jeunes esprits,
n'y avaitpas été toujours sans péril, c'était pour rendre à cette
science sa place véritable dans l'enseignementaupérieur. Ici viendront librement tous ceux qui s'intéressent aux choses de l'âme
et aux grands problèmes de la nature de rhomme et de sa destinée. Avec quel charme et quelle autorité de parole M. Lévêque
savait traiter ces .hautes questions, c'est ce que déjà vous avait
appris la renommée qui l'avait précédé en cette ville. Mais;
avant que ce maître, dont notre Faculté naissante était justement
fière, ait pu faire entendre parmi nous .Sun éloquente voix, la
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Sorbonne, qui nous l'enviait, nous l'a ravi. Nous ne. doutons pas,
du moins, qu'en son absence, 1\l.le Ministre ne lui donne un suppléant digne de lui, et qui sache par sa sagesse, non moins que pa1·
son talent, conquérir à cette chaire, ainsi que l'aurait fait M. Lévêque, l'influence salutaire qui lui appartient. Car , ,si la Philosophie excite de justes ombrages, quand, trop vaine de ses forces,
elle prétend résoudre les questions suprêmes qui dépassent la
raison, et où la voix d'un Dieu pouvait seule nous révéler ce qu'il
fallait croire, elle mérite au contraire d'obtenir tou le autorité auprès des hommes et de seconder les enseignements .même de la
Religion, lorsque, se tenant dans son légitime domaine, eUe
éclaire·des lumières naturelles de la raison tant de questions si
intéressantes déjà dans le problème de notre destinée, et nous apprend à relever nos yeux vers les éternelles vérités. - Laraison
et la foi, ainsi que le disait récemment à l'Académiefrançaise une
voix bien plus autorisée que la mienne, la raison et la foi descendent
également du Ciel; elles sontl'une ét l'autre filles de Dieu, sœurs, et
ne sauraient se contredire. A chacune sa sphère légitime : {)U plutôt,
qu'elles se prêtent l'une l'autœ un mutuel appui. La Religion,
en effet, pourrait-elle perdre de son autorité,. parce qu'elle se sera
trouvée d'accord avec une saine philosophie? N'est-ce pas, au contraire, pour nous, une force de plus, que de sentir la conformité de
]a doctrine chrétienne avec la nature humaine? En marquant .donc
à la Philosophie ses limites en face de la Foi, ne craignons pas de
lui accorder ses droits. A l'âge où les passions obscurcissent si sou;.
vent la conscience morale, que tout se réunisse, Philosophie et
Religion, pour affermir lesjeunes. gens dans le bien : que toutes ,
les voix s'élèvent pour les instruire, les exhorter, les défendre
contre les sophismes de la corruption. Assez et trop longtemps
l'Ecole et l'Eglise ont été séparées par un antagonisme funeste.
Il est temps qu'elles se donnent la main pourle salut du monde.
L'Histoire, Messieurs, est surtout la science de notre siècle.
Quelques maîtres de génie nous ont appris à retrouver, à force
d'impartialité et d'érudition, la vérité du passé. Replacés dans
l'horizon de leur temps, les événements d'autrefois nous ont apparu avec une physionomie nouvelle. Le génie des divers peuples,
le sens de leurs institutions, l'esprit des faits s'est manifesté de plus
�-U
en plus ; on a mieux connu, mieux compris le secret des siècles
écouÏés. L'histoire a dù prendre donc aujourd'hui une grande
place dans nos études. Déjà depuis longtemps cet enseignement a
été organisé dans nos Lycées sur de larges bases. Mais là èncorê,
il faut bien que le maitre. se proportionne· à l'âge de ses élèves.
C'est ici que cet enseignement iloit s'achever, en reprenant devant
des esprits préparés déjà, et déjà mûris par la réflexion et par la
vie, cette étude du passé, mais, pour pénétrer .plus avant dàns la
pensée intime· des événements, en suivre l'enchaînement mystérieux, et apprécier les circonstances qui ont influé sur la marche
de la civilisation: Le professeur, cette année, en vous rappelant à
l'histoire de Rome, s'attachera surtout à y étudier les révolutions
d'opinions, les luttes des partis, la transformation des mœurs publiques et du caractère national, qui ont entraîné la ruine de la
République et préparé l'étal:ilissement de T'Empire. Ne dédaignons
pas, Messieurs, cette histoire de Rome, parce qu'elle a ètonné et
charmé notre enfance. Ne nous plaignons pas que les Grecs et les
Romains continuent à régner dans nos écoles et nous détournent ·
de l'histoire de notre pays. Ç'a été le privilége de ces peuples prédestinés, de n'avoit· pas vécu seulement pour eux-mêmes, mais
pour le genre humain, et de rester à jamais l'enseignement du
monde. Ils sont nos vrais ancêtres dans la civilisation>' et leur histoire est déjà notre histoire nationale.
Nos·autres chaires appartiennent à l'enseignement des Lettres
proprement dit. L'une est consacrée aux Lettres antiques, grecques et latines, l'autre aux Let!res françaises, et la troisième à la
Littérature étrang·ère, Les deux premières s'appellent mutuellement. S'il est une nation mo deme, en effet, qui ait particulière-'
ment revendiqué l'héritage de l'antiquité classique, et qui ait justifié de sa prétention par l'éclat avec lequel elle en a repris la
grande tradition, c'est la France. A nous l'honneur d'avoir continué la Grèce et Rome, et d'avoir eu, commê la Grèce et Rome,.
une littératurè qui n'appartient pas seulement â uotre nation, mais
au monde entier. Là sont nos origines, nos modèles , nos inspirations; et nous cesserions de comprendre les œuvres de notre
littérature nationale, si nous laissions se rompre la chaîne de la
tradition
�_.; 42 """"'""'
Cette. année, Je. professeur de· Lettres ancienne•, remontant
jusqu'au berceau de la Poésie helléniqùe, dont il recherchera les
mystérieux rapports avec la Poésie sacrée dé l'Inde, s'arrêtera
SJirtout aux immortelles épopées d'Homère. Puis, de là, suivant
le libre et naturel développemenl de l'art en cette terre aimée des
Muses, il étudiera les religieuses origines du.drame en Attique et
ses. grandes productions. C'est à ce jeune maitre, Messieurs, qu'il
appartient surtout, entre nous tous, de montrer combien aujour-.
d'hui encore le séjour de la Grèce peut féconder l'étude de ses
antiques monuments. Car c'est en.Grèce qu'a commencé ce con··
cert d'études communes et d'amitié entre nous toùs, .que le Ministre, par une faveur spéciale·, a daigné réunir ici de nouveau,
comme en une autre Athènes, pour nous associer en un commun
enseignement. Mais M. Burnonf a prolongé plus que nous tous
son séjour dans cette patrie des arts, commentant avec les lieux
les œuvres des poëles, et apprenant ài mieux saisir la secrète harmonie du génie d'un peuple et de ses productions avec la nature
du pays où il a vécu. Ses leçons, partagées entre .des expositions
entièrement littéraires. et l'interprétation.· des textes mêmes ·des
auteurs anciens, s'adresseront, non pas seulement â ceux qui viennent se préparer ici â I'enseignemént; mais .à tous ceux encore .
dont la studieuse jeunesse
éprise pour tous ces doctes et ai"
mab1es génies de. l'antiquité, qui sont en possession depuis tant
de siècles d'instruire et d'enchanter la terre. Ils apprendront ici à
goüter davantage, dans son heureuse et puissante originalité, cet
esprit Grec, qui d'instinct a trouvé le beau dans tous les genres,
et laissé aux arts d'inimitables modèles. Rome apparaitra à son
tour, s'appropriant comme une conquête la civilisation de la Grèce,
]a transformant selon son fort et orgueiUeux génie, la portant avec
ses armes jusqu'aux extrémités du monde, et laissant partout une
empreinte si puissante de sa pensée que toute notre vie moderne
en est encore pleine.
La chaire de Littérature française ne .fera presquê que continuer
cet enseignement. Car,
la Renaissance surtout, notre Littérature. s'est développée sous la double inspiration de Ja pensée
chrétienne et de l'art antique, qu'elle est parvenue à réconcilier
dans une incomparable harmonie. C'est au glorieux siècle de
�..._ 45 Louis .XIV principalement què je. m'arrêterai, en toute occasion,
avec plus de :complaisànce. Rien n'égale encore,
effet, dans
l'histoire du monde, cet· admirable concert de grandes œuvres et
de beaux génies. Il faut y revenir avec ardeur. Car, peut-être, le
culte s'en était-il un peuatfaibli parmi nous;' àtfadis et gâtés par la
lecture malsaine des œuvres contemporaines, peut-être ne goutionsnous plus assez ces forts et sévéres ouvrages qui font tantd'honneur
à Ja'nature humaine. Retournons à. ces maîtres de la vie; réapprenons à les comprendre, â les sentir, à les aimer. Pour moi,j'en
sens si vivement le besoin que, dès cette année même, oû le Moyen
Age doit faire
principal de mon enseignement, j'ai voulu
néanmoins réserver déjà une place à des lectures et à des études
choisies dans les œuvres du grand siècle. J'y consacrerai parti cu ..
fièrement ma conférence dn mardi. Le samèdi
aura lieù
la leçon d'Histoire littéraire, dans laquelle je me propose de vous
exposer cette année le développement des Lettres françaises depuis la fin du XI• siècle jusqu'à la Renaissance. Car aujourd'hui,
Messieurs, grâce à de doctes recherches, lé 1\'loyen Age nous est ·
rendu. Relégué longtemps dans les ténèbres de la barbarie par les
injustes dédains du XVIe siècle, éclipsé par les splendeurs du
insulté et méconnu par le XVIII•, il a reparu, â notre époque impartiale, dans toute sa grandeur. Dans cette poussière du passé,
sous des formes et â travers une langlie qui étonnent d'abord notre_
goût classique, on a retrouvé toute une littérature, toute une civilisation, avec ses livres de science, dlhistoh·e, d'art et de poésie;
on a reconnu que le siècle de saint Louis avait étè pour le Moyen
Age ce qu'est le siècle de Louis XIV pour les temps modernes;
Aussi, désormais, n'est-il plus possible de faire l'histoire des
let!res françaises, sans remonter au moins à l'époque des Croisades et de Philippe-Auguste.
·
La chaire de Littérature étrangère complète cet enseignement
de notre Faculté : complément désormais indispensable.· Car, le
temps n'est plus, où la France, trop fière de son génie, affectait
d'ignorer et de dédaigner tout ce qui se faisait à l'étranger, où
Voltaire traitait Shakspeare de sauvage ivre, et souhaitait aux
Allemands plus d'esprit et moins de consonnes. Il était plus corn;.
mode pour notre vanité de mépl'iser, que de èonnaî.tre. Mais au-
�44 jourd'hui, que les barrières des peuples se soni abaissées, et
qu'au delà de notre horizon, de nouveaux mondes de la pensée
se sont ouverts pour nous, nous avons appris, après un premier
étonnement, à mieux juger un génie autre que le nôtre, et à go:ûter
avec une sympathique admiration les œuvres étrangères dans leur.
originalité. L'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, où le succès de nos
armes nous a tour à tour entraînés, nous avaient montré leurs
richesses littéraires : et cette conquête du moins nous devait demeurer. Car, si les armes reprennent souvent ce qui a été pris
par les armes, les conquêtes de la pensée n'out point de retour.
Depuis 1815, eu etret, les littératures des divers pays de
rope occidentale ne forment plus qu'une seule littérature, mais
où c'est toujours l'ambition et l'orgueil de la France de garder le
premier rang. Désormais donc, l'étude des langues et des littératures f:trangères devait tenir une large place dans
ment public. Et je ne doute pas que le jeune maître, à qui celte
chaire a été confiée, et qui y débute sous les auspices d'un nom "'
illustré déjà par son père, d'ans ce genre d'études,· n'assure ici
un succès dùrable à cet enseignement si varié et si curieux.
M. Mézières commencera celte année sa revue des littératures
étrangères par l'Italie, en s'attachant à l'histoire de la poésie ita...:
Henne, depuis la renaissance jusqu'à la fin du XVIII• siècle, et
en marquant surtout l'influence, qu'ont exercée sur son brillant
développement les lettres et les arts retrouvés de l'antiquité. La
Littérature italienne avait droit au premier hommage du jeune
, professeur. A son retour de Grèce, l'Italie a longtemps arrêté
M. Mézières: c'est la patrie de prédilection de se.s études. La
poésie italienne, d'ailleurs, est la première dont la France ait,
subi l'influence. Car c'est l'Italie qui, dans le réveil des arts au
XV• siècle, a devancé tous les peuples de l'Europe, en les éblouissant de ses splendeurs.
Tel est, Messieurs, dans son ensemble l'enseignement que
notre Faculté offrira â la jeunesse de ce pays? Puisse-t-il ne point
rester au-dessous de votre attente, et justifier par son succès les
espérances que vous avez fondées là-dessus, et l'empressement
gÇnéreux.
nos Magistrats municipaux à solliciter cette institution du Gouvernement, et à la doter d'une façon si libérale.
�Nous nous mettons du moins à l'Œuvre avec ardeur; mais nous
vous demandons, à tous en même temps, votrè bienve.illante coopé·
ration. L'Etat et la ville ont fondé l'établissement; mais c'est à
nous maintenant à fonder l'enseignèment, à nous tous, auditèurs
et maîtres. Car cette tâche est en commun, et nous nous devons
un mutuel et assidu concours. Pour nous, vous nous trouverez
toujours prêts à multiplier nos efforts, pour seconder les études
d'une jeunesse laborieuse; mais nous aimons aussi à compter sur
elle. Qu'une Université ici ne soit pas une vaine parure. pour la
vanité d'une ville, mais une institution efficace, qui porte de
vrais fruits. Quant à moi, j'ai foi dans notre avenir. Aussi, dés que
nos Facultés de Nancy ont été décrétées, n'ai-je pas hési(é à
rompre des liens anciens et chers, qui m'attachaient à l'Ecole
normale et à la Faculté de Paris, pour venir m'associer à cette
œuvre patriotique. Enfant de Nancy, élève de son Lycée, il m'est
doux, après hien des années, de rentrer au milieu de vous; et ce
n'est pas sans émotion que je me retrouve dans cette salle, où je
venais, écolier, recueillir mes premières couronnes, et devant les
hommes qui ont guidé mes premiers pas dans la vie, et m'ont ·
toujours suivi au loin de leur pieuse sollicitude. L'accueil qui
m'attendait ici a dépassé en-core mon espérance, et profondément
touché mon cœur. Mon vœu est accompli, de venir poursuivre
désormais ma carrière aux lieux où elle a commencé. J'ai reçu
ici les premières semences d'instruction ; aujourd'hui, que la maw
turité est venue pour moi, je voudrais, dans ma reconnaissance,
'\'OUS rapporter une plus ample moisson; mais telle quelle, je suis
heureux du moins de vous consacrer désormais, Messieurs, toutes
mes études et toute mon ardeur.
��+-
DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. EDMOND SIMONIN, DIRECTEUR DE L'ÉCOLE
DE MÉDECINE ET .DE PHARMACIE.
MoNSIEUR LE
REcTEua,
MONSEIGNEUR,
1\IEssmuns,
L'usage veut que, lors des séances consacrées uniquement à
l'instruction !supérieure, les Directeurs des Ecoles de médecine et
de pharmacie résument les faits intéressants qui appartiennent à
l'ordre _de la médecine. Mais avant de faire cette courte exposition, j'ai un devoir à remplir. Je dois adresser à M. Faye,
Recteur de l'Académie de Nancy, l'expression de la reconnaissance de l'Ecole pour le bien que sa haute position lui a permis
d'y réaliser, lui offrir l'assurance des sentiments de gratitude
des professeurs, pour la bienveillance qu'il a témoignée à chacun
d'eux, et le remercier personnellement d'avoir bien ,·oulu continuer avec le Directeur de l'Ecole, les rapports auxquels, depuis
plusieurs années, la bonté de MM. Caresme, Guillemin et Percin
l'avait habitué.
Après les deux discours qui ont marqué si nettement un point
·de départ dans le professorat de plusieurs parties du haut enseignement, je dois à mon tour indiquer, comme faits principaux,
les modifications 'générales qui viennent d'agrandir et d'élever
�48
la mission de toutes les Ecoles de médecine, et .faire conn ait re
surtout la transformation spéciale de l'Ecole de Nancy, rendue
possible par la création de la Faculté des Sciences de notre Académie. Après l'exposition de ces faits importants qu'une heureuse
coïncidence permet de solenniser dans cette réunion qui a pour
but d'inaugurer un nouvel avenir dans toutes les branches de l'enseignement supérieur,je devrai encore vous signaler les résultats
les plus sérieux et les plus récents de l'enseignement médical qui,
sous des titres divers, et avec des fortunes diverses, subsiste
depuis plusieurs siècles dans notre contrée.
Toutes les Ecoles de médecine et de pharmacie vont prendre
une importance et une vie nouvelle, par suite des prescriptions
du décret du 22 août dernier qui transporte, des jurys médicaux,
à ces établissements Je di'Oit de délivrer les certificats d'aptitude
pour les professions d'officier de santé et de pharmacien de
conde classe, pour celles de sage-femme et d'herboriste du second degré. La loi du 10 mars 1805 avait établi les jurys des
départements sous la pression d'impérieuses nécessités sociales ;
mais leur raison d'être ne pouvait se légitimer, après .quarante
années, en face de l'heureux développement donné à l'enseignement médical, par la création de ces annexes des Facultés de
médecine et des Ecoles supérieures de pharmacie, qui, connues,
dès 1806, sous le nom d'Ecoles secondaires de médecine, re.;
çurent, en 1840, le titre d'Ecoles préparatoires, dénomination
qui ne peut subsister longtemps encore, puisqu'elle ne se trouve
pas en harmonie avec les réformes radicales opérées par le
récent décret.
Dans une lettre (1}, à laquelle j'ai déjà emprunté plusieurs expressions, Son Excellence le Ministre de l'Instruction publique
et des Cultes,
de la manière suivante, l'institution des
anciens jurys. «Non-seulement cette institulion"tdevenait inutile,
mais elle créait une position singulière et fâcheuse à nos Ecoles
qui, chargées de l'enseignement médical et pharmaceutique, se
trouvaient privées du droit de vérifier l'aptitude de ceux qui aspirent à pratiquer la médecine et la pharmacie. Il appartenait à
ces écoles de maintenir et d'élever par l'enseignement le niveau
des connaissances médicales ; de répandre et de sanctionner lés
�49
meilleures méthodes, les plus saines doctrines, les .Pratiques les
plus sùres, et il ne leur appartenait pas de juger si ceux aux mains
de qui doit être remisela santé publique possèdent des connaissances offrant des garanties suffisantes.
Les nouveHes dispositions du décret font' cesser cette situation
anormale. Elles restituent aux Ecoles préparatoires une miss.ion
pour laquelle elles sont si compétentes, et ces dispositions ne
peuvent que profiler à l'art médical lui-même. En rattachant
cessairement la direction des épreuves pour la délivrauce des
grades à la direétiou de l'enseignement, elles impriment à ces
épreuves un caràctère d'unité qui les rendra plus sérieuses et
Iem· donnera plus de valeur. ,
ltlessieurs, je me hâte de le proclamer, ce décret, qui
donne une entière satisfaction à la logique, avait déjà reçu dans
noJre département une grande partie de son exécution. Depuis
longtemps le hon. sens général amenait à des études réelles,
sérieuses et publiques les candidats qui, aux termes de la loi dé
1.805, eussent pu motiver sur des certificats illusoires de pratique
leur comparution devant les examinateurs. Quant aux. membres
des jurys, ils étaient
choisis par l'autodté supérieure dans
le sein de l'Ecole de médecine; ils furent, pendànt bien des
années, nos maîtres avant que nous devinssions leurs èollègues, .
et la préoccupation constante qui les dirigeait, ainsi que les mem. bres qtti leur étaient adjoints, n'avait pour but que le bien public.
Aussi, à la veille de leur succëder, n'avons-nous qu'un seul
désir, c'.est celui de les imiter.
Au moment où les Ecoles de médecine et de pharmacie sont
investies du droit de conférer des grades définitifs, l'Ecolê de·
Nancy twuve, dans l'établissement de nos Facultés, un nouveau
moyen de sucèès pour les études et, peut--être aus.si, un nouvel
espoir pour l'avenir.
.
Cette récente création des Facultés donne une satisfaction, déjà,
hien vive, à.des désirs constants et que la tradition d'un passé
glorieux sèmble légitimer, de voir renaître, tout entière, notre
ancienne Univel!Sité, avec les modifications que doivent lui apporter, à la fois, et la tolérance, qui de nos jours élève si haut
dans l'estime publique les convictions religieuses, et les transfor-
4
�tiO
mations opérées dans l'étude des le Ures, dans celle ·du droit et
surtout,dans les travaux scientifiques.
Ne peut-on pas dire, aussi, pour justifier ces désirs, que dans
toute grande nation les diverses contrées, bien que réunies par les
liens puissants d'affection et d'unité complète de vue, diffèrent,
sous le rapport intellectuel et moral, comme sous le rapport physique,· et que des aptitudes diverses des populations résultent,
nécessairement, des goùts et des besoins différents ?
Oserai-je, devant un grand nombre d'auditeurs intéressés, ten·
te.r l'application de cette vérité à notre sol natal? Permettez-moi
de l'essayer, car si l'amour de l'impartiaLité et l'habitude des re-·
cherches qui appartient au professorat médical peuvent empêcher les illusions de l'orgueil, lorsque l'on tente de suivre le
précepte antique de se connaitre soi-même, à plus forte raison,
peut-on espérer de se préserver de l'erreur lorsque, au point de
vue physiologique et psychologique, l'on veut rechercher les traits
qui caractérisent l'esprit ou le génie propre à toute forte nation,
ou à l'une des parties importantes de son territoire.
L'esprit, dans les contrées qui furent la Lorraine, diffère, réel·
lement, du génie spécial aux: régions qui nous entourent, et il ne
faut pas être un observateur bien atténtif pour se convaincre
qu'il constitue une forme particulière de l'intelligence, placée,
comme transition, entre les formes que l'on rencontre au midi, et
celles qui dominent dans les contrées du nord. Cet esprit impropre, en général, à produire les brillantes et rapides .étincelles de
la pensée, qui, trop souvent, trompent l'OI·eille, comme l'œil du
voyageur est égaré par les lueurs fugitives, émanées des terrains
sans consistance, parfois pernicieux: et que la culture fait disparaître de jour en jour; ne se berce point, non plus, dans les rêveries qui semblent les produits de cerveaux souffrants, quand
elles ne sont point régularisées par une intelligence supérieure et
ramenées par elle à la réalité que le sens humain général a re·
connue. Identifié avec les sentiments les p1us vifs du cœur, mais
dont l'expression est toujours maintenue en de sages et fermes
limites, dirigé, sans cesse, par le mâle sentiment du devoir et de
la moralité, cet esprit me paraît, parmi les nombreuses définitions,
mériter celle de raison enjouée qu'a formulée M. Ampère.
�.N'est-ce point ce tempéràment particulier de l'esprit, dont la
ftoideur apparente donne la certitude de la sûreté et de la durée
des rapports sociaux, qui est l'origine d'une· certaine défiance, à
J'occasion de succès trop subits,. et de cette aspiration constante.
vers ce qui est vérité,. vers ce qui est hien et. vers ce qui est
beau, .à laquelle nous devons rapporter la naissance de toutes les.
associations littéraires, scientifiques, et artistiques,. et de ces
saignements nombreux et divers qui, dans nos contrées, ont établi
un trait d'union entre le passé éloigné de plus d'un
·
et un avènir devenu, en ce moment même, en partie, le présent.
N'est-ce point cette forme spéciale de Vintelligence qui a motivé.
cette aHianc.e heureuse, et toujours subsistante entre les esprits distingués, pour repousser la tendance contagieuse à se priver des
plaisirs de l'esprit et à remplacer ces nob1es, pures et saines jouissauces par des plaisirs plus sensuels, par le confortable sans distinction et par le luxe inintelligent. Doit-on s'étonner du désir ardent de
voir se rouvrir un sanctuaire des lettres dans un pays où chacun
connait les vers de Gilbert, dans une contrée où des élèves de
Itlichel Ange doivent à leur ciseau une immense renommée, et
qui fut la patrie de ce gt·and paysagiste, dont le nolll a été changé,
par le monde entier, en celui du Lorrain. Doit-on être surpris de
la noble ambition d'ajouter de nouvelles
scientifiques
aux travaux sérieux et utiles qui rappellent bmt de noms de
savants dont ]a liste ouverte, depuis bientôt frois siècles, par le
nom de Charles Le Pois se termine, aujourd?hui, par celui de.
M. Alexandre de
Pour ne point sortir de l'objet de cette,
cérémonie, destinée aux lettres et aux sciences;,je n'évoquerai
point les souvenirs qui, parmi nous, s'attachent, aussi, a.ux études
théologiques, ct aux études du
illustrées, de nos jours, par
des noms prononcés dans une solennité toute récente et qui
vibrent encore à nos oreilles charmées (2).
L'Ecole de médecine, vous le savez, Messieurs, s'est associée,
constamment, aux efforts que je viens de rappeler et dans ces der.,.
nières années elle a, volontairement, ajouté à ses travaux une
partie de l'enseignement d'une Faculté des Sciences dont elle
cherchait, ainsi, à préparer la venue.
Mais nous devons l'avouer, dans celte lutte de toutes les corn ..
�o2
;p·agnies et de lous les èorps savants, pout con$erver intacles de
recommandables traditions locales, pour satis-faire aux périlleuses
exigences du moment, tout en se préoccupant des succès futurs,
les travailleurs ressemblaient à une troupe peu nombreuse, se
tenant constamment sur la défensive, réparant; sans cesse, des
brèches incessamment reproduites, changeant d'armes et de but,
et se portant, sans relâche, d'un point à un autre pour ne céder
nullè. part. Désormais les conditions du· combat seront changées;
grâce à l'arrivée de puissants auxiliaires dont noils saluons la
venue avec bonheur, et avec l'espérance que l'affection· se joindra, bientôt, à l'estime et à Ia sympathie qu'ils ont déjà inspirée;
Tandis que l'une de nos Facnltés aidera lès littérateurs à sur..:.
monter les obstacles dans la route qu'ils ont déjà suivie, l'autre
affermira le drapeau de la science que l'Ecole de médecine a
.atboré et qui a couvert ses récents succès.
L'initiation d'une nombreuse jeunesse àux secrets des d·écouvertes scientifiques n'est pas Punique service que la Faculté est·.
appelée à rendre parmi nous. Le décret du 6 décembre f 854
qu'il ne faut pas séparer du décret du
aoitt, en réorganisant l'Ecole de médecine détermine entre elle et la F acuité une
fusion tellement intime que les deux enseignements, n'offriront
plus, en !J.Uelque sorte, à nos élèves qu'un seul· et vaste pro·
gramme d'études, au lieu de deux programmes ordinairement
séparés. Le doyen de la Faculté des Sciences a, tout à l'heure,
des- faits dont je ne dois plus répéter les détails; mais je
ne puis passer sous silence les conséquences sérieuses d'une
transformation qui, sanctionnée depuis hier par l'Empereur, a
placé l'Ecole de Nancy dans les conditions·heureuses, et enc-ore
exceptionnelles, où se trouvent, depuis peu; les Écoles de Lyon
et de Bordeaux. Cette transformation permettra le développement
de plusieurs de nos cours et la création de sources nouveUes. d'instruction pratique, par suite de la cession d'une partie de l'enseignementscientifique faite aux professeurs de la Faculté devenus,
ainsi, de nouveaux collaborateurs de l'E11ole de médecine, au
moment où Je décret qui a été lu tout à l'heuœ assure la valeur
et la continuité de ses travaux, en lui donnant le droit de porter
de dix à quinze le nombre de ses professt'urs (5).
�-
!)5
de nos cours ne subiront aucune modification.
Cinq cliniques seront ouvertes aux éléves cette année, comme
pendant les années précédentes, et huit autres cours seront destinés à l'anatomie théorique et pratique et à la physiologie, à la
pathologie chirurgicale et à la médecine opératoire, à la pathologie interne et aux accouchements. Les nouveaux résultats
décrétés en faveur des éléves seront dus à la transformation im.médiate de la chaire d'histoire naturelle et de matiére
et à celle de la chaire de chimie.
Dégagé d'une partie de ses devoirs, autrefois trop nombreux,
le professeur de matiére niédicale et de thérapeutique pourra
donner à son nouvel enseignement le développement et l'impor,tance que réclame un cours dans lequel le professeur, en faisant
connaître tous les produits qui sont convertis en remèdes, doit
développer l'intelligence de ses auditeurs, par des appréciations
de haute pratique, et par des considérations philosophiques, et
leur prouver que si la puissance du médecin peut être très-efficace dans la cure de certaines maladies, cette puissance a,
fois, des limites infranchissables, qu'elle doit être invoquée plus
rarement qu'on ne le croit, et, toujours, pour favoriser l'action
des lois qui régissent l'économie humaine, au même degré que les
lois qui président à l'ordre de l'Univers. Un de nos collègues, qui
s'est acquis une haute considération dans le cours de chimie,
devra à la modification de cé cours, transformé en chaire de toxicologie et de pharmacie, de pouvoir initier les élèves à ces études
sévères qui élèvent la médecine à la hauteur d'un tribunal sans
appel et qui, lors de débats solennels, font passer dans l'esprit
des jurés la conviction qu'elles ont inspirée à la conscience des
magistrats. Cette transformation de l'enseignement crée aussi un
cours nouveau de pharmacie, en faveur d'une catégorie nombreuse
d'élèves que le décret du 22 éloùt appelle, pendant plusieurs
années, dans les Ecoles de médecine, afin de faire participer,
désormais, tous les éléves en pharmacie, sans exception, aux
bienfaits de l'enseignement supérieur.
En remettant plusieurs parties de l'instruction scientifique aux
professeurs de la Faculté, l'Ecole ressent la satisfaction de voir
cet enseignement assuré, ct mis à l'abri de toute éventualité
�-
-
fâcheuse, parla libéralité de l'Etat répondant, ainsi, heureusement
au bien réalisé par le conseil municipal, et dont l'Ecolè de médecine aime a exprimer sa vive reconnaissance.
Si nos élèves ne peuvent guère concevoir l'espérance de s'occuper tous de l'objet du cours du, savant membre de l'Institut
qui nous préside aujourd'hui, ils devront tous assister, àssidûment, aux leçons de chimie, aux répétitions et aux manipulations qui doivent les faire fructifier; tous devront suivre Jes
herborisations et le cours d'histoire naturelle, que nous voyons,
avec plaisir, professé de nouveau par notre ancien Directeur,
et beaucoup d'entre eux iront chercher aux démonstrations de
' physique le complément de l'instruction déjà
dans les
lycées.
Beaucoup aussi, faime à le penser, puiseront, dans les divers
cours de la faculté des Lettres, une connaissance plus approfondie de l'histoire et des œuvres de l'antiquité et des temps modernes, aborderont sérieusement l'étude importante de la philosophie h·op négligée, et pourront, ainsi, perfectionner en eux, au
profit de leur existence entière, ce sentiment divin et poétique
de l'idéal qui empêche l'humanité de s'abaisser à la seule satisfaction de ses intérêts matériels, et qui, dans la littérature et
dans les sciences, comme dans les arts, élèv.e l'homme vers
Dieu, principe unique· et but unique de ses efforts.
Aujourd'hui, je ne vous retracerai pas les faits scolaires de
!1année qui vient de s'écouler. La proclamation des prix,. des
.mentions honorables et des résultats de plusieurs concours vous
prouvera que
les éleves ont mérité les récompenses .attribuées à l'assiduité et au travail, et j'ai hâte de vous signaler des
faits plus intéressants, parce qu'ils se rapportent aux services que
rEcole et ses élèves ont eu le bonheur de rendre à notre contrêe.
Lorsque les cit·constances politiques dans lesquelles le pays est
si noblement engagé, motivèrent le départ pour nos armées d'un
grand nombre de chirurgiens, dix de nos élèves furent chargés
par l'Intendance de remplacer nos confrères dans les hôpitaux
militaires. Mais c'est à l'occasion d'un malheur public que je dois,
surtout, vous signalerle dévouement que le .choléra a fait éclater
pàrmi nos élèves, au profit des malheureux. malades.
�Lorsque le fléau asiatique vint étendre ses ravages snr un grand
nombre de communes de notre département et des. déparlemélits
voisins, le personnel médical ne put suffire, pour porterpartout, et
au même instant, les secours qui étaient réclamés par des populations livrées à l'anxiété la plus vive.lli. le Préfet de la Meurthe et
les hauts fonctionnaires de la fi'Ioselle et de la Meuse, firent appel
à l'humanité des élèves de l'Ecolè de Nancy et leur confiance ne
fut pas trompée. Dans une seule matinée, presque tous les élèves,
dont le temps d'études offrait une garantie suffisante d'instruction,
se firent inscrire et je dus, à regret, éloigner de cette liste honorable les élèves, qui, trop nouveau-venus, n'avaient généreusement consulté que leur zèle. II fallait, en effet, présenter à la
confiance des populations, non-seulement des hommes capables
de formuler un bon avis, mais ayant en eux la puissance suffisante pour le faiJ·e exécuter sur le champ, et pour se créer,
scientifiquement, les protecteurs de plusieurs milliers de malades
qui, habituellement, reçoivent des soins de personnes très-honorables, mais étrangères à l'art médical, on qui sont dirigés par
tous ceux qui ont intérêt à profiter des erreurs de· jugement que ·
nous voyons se succéder sans relâche, sur tous les degrés de
l'échelle sociale, sans exception, comme paur prouver à l'homme
si vain de son intelligence, que cette intelligence n'arri\'e que
bien rarement à être complète. MM. les élèves, avant leur
missions, avaient étudié dans les cliniques tous les éléments connus de la question du choléra; ils partaient munis
d'instructions écrites, et, à leur départ, ils recevaient de plus
d'une bouche amie, les conseils qui pouvaient leur rendre moins
dangereux les divers écueils qui devaient, nécessairement, se
présenter, au début de leur pratique et au milieu de circonstances aussi exceptionnelles. 1\lais, du jour au lendemain, quelle
transformation devait s'opérer chez ces jeunes praticiens ! que de
nouvelles et rudes habitudes à contracter, sur le champ, dans
des localités ignorantes de tout bien-être, pauvres et d'autant
plus éprouvées ! que de fatigues du jour succédant, sans transition aucune, à la'vie calme des études! que de nuits consacrées.
aux nombreux actes du devoir, et au lieu de ce devoir sans
combat, et offrant un vif intérêt sans causer de fatigues, tel que
�les cliniques régulières des hôpitaux en offrent l'exewple journalier, que de discussions banales à subir, que de préjugés surprenants à surmonter, que de volontés inintelligentes à vaincre,
dans la seule vue de produire le bien ! Puis,- quel tris le spectacle
que celui d'assister, sans retraite possible, aux morts qui marquaient chaque heure ; et au milieu de ces efforts, soutenus non
pendant quelques jours, mais pendant plusieurs semaines, mais
pendant plus d'un mois, que d'illusions tombées à la lumière qui
venait, brusquement, 'éclairer les parties les plus cachées et les
moins nobles. du cœur humain ; que d'angoisses aussi, que de
chagrin, quand , après l'emploi des moyens qui paraissaient
avoir décidé les premiers succès, survenaient les revers qui révélaient 1'intensité de la cause du mal! Sans doute,
les élèves, vous que votre récente pratique vient de rapprocher
plus intimement encore de vos maîtres, par ce grave enseignement des faits sérieux que vous avez souvent dirigés, mais qui,
plus souvent, vous ont démontré l'impuissance de l'homme en
face des grands fléaux qu'il n'a pas eu la volonté ou la puissance d'éviter; sans nul doute, en écoutant les conseils que nous
formulions, d'une manière si positive, à votre départ, vous étiez
loin de supposer l'étendue de votre dévouement et quel serait le
poids de vos fatigues d'esprit et de vos fatigues physiques.
Aujourd'hui, vous comprenez combien vos professeurs devaient
vous suivre d'un œil inquiet et interroger tous vos actes pour
savoir si, à côté de votre science acquise, se trouveraient les
qualités du caractère qui devaient la rendre féconde, et le 'ressort
de l'âme qui permet de dominer les situations; pour savoir éga ..
lement si votre organisation physique aurait la trempe suf.fisanle
pour résister aux fatigues que plusieurs années de noviciat ne
font point toujours surmonter.
A mon premier appel, vos familles vous avaient envoyés, sans
hésitation, des extrémités de départements voisins, souvent même
sans connaître les localités qui devaient être le théâtre de vos
généreux efforts. Plusieurs. d'entre vous partaient, bien plus
souffrants que certains malades dont ils allaient relever le moral,
et quelques autres, forcés, au milieu de leur mission, de s'avouer
vaincus par la maladie, quittaient, après quelques heures ou
�n7
après quelques jours, leur lit de malade et retom:naienLàleur
poste si honorable, mais si périlleux. Vous ne doutez pas, aujourd'hui, de la secrète anxiété que nous éprouvions, en nous demandant, tout bas, si tous vous reviendriez de cette véritable campagne,
où par ces sentiments du devoir qui, en ce moment, unissent,
d'une extrémité de l'Europe à l'autre, tous ·les cœurs français, et
par des efforts moins brillants mais tout aussi patriotiques, vous
alliez vous associet· aux héroïques faits d'armes et aux nobles
actions de la chirurgie militaire de notre armée d'Orient.
Grâce à Dieu, votre dévouement n'a point coûté de larmes,
et cependant le succès de vingt-sept missions officielles a été
aussi complet que la nature grave et exceptionnelle des choses
permettait de l'espérer (4).
Je ne puis, Messieurs les élèves, citer ici vos noms, car j'ai
trop à dire à votre louange. Vous connaissez déjà la haute opinion que vos actes ont inspirée à vos professeurs; mais vous
ignorez encore combien votre tact, votre intelligence, votre dévouement, et je dois ajouter votre courage et votre- désintéressement, ont été appréciés des populations auxquelles vous avez, si
rapidement, apporté confiance, espoir et secours. De toutes parts,
des expressions de vive reconnaissance me sont parvenues. Les
administrateurs de tous ordres ont signalé combien votre présence au milieu de leurs administrés, laisserait de longs et honorables souvenirs. De hauts fonctionnaires se sont fait un devoir,
je cite ici leurs termes, de m'adresser des remercîments et de me
faire connaître leur entière satisfaction de vos bons services. Les
administrateurs de nos hôpitaux se sont associés à ces démonstrations, et M. le Préfet de la Meurthe s'est plu, dans un rapport
général, à exprimer tous les sentiments que votre dévouement a
fait naître en lui.
Le Gouvernement, je n'en doute point, ne laissera pas ces services sans récompenses, et, déjà, des propositions ont été transmises à S. Exc. le Ministre de l'instruction publique et à S. Exc.
le lUinistre de l'agriculture et du commerce. 1\:lais, Messieurs les
élèves, ce serait abaisser le carac(ère de votre mission, pendi}nt
l'épidémie du choléra, que de chercher à l'apprécier par une
énumération de récompenses officielles. Vous a vez. trouvé, dans
�-
;ss
votre conscience, la vraie récompense dè l'honnête homme, de
l'homme de bien, et la seule qui, dans cette carrière où vous .êtes
entrés déjà avec honneur, doit être l'unique mobile de tous vos
actes.
�NOTES.
(1) Lettre, en date du !i octobre 18!i4, de Son Excellence le Ministre de l'Instruction publiquè et des Cultes, à 1\1. Bérard, Inspecteur général de l'ordre de la
médecine.
(2) De l'influence des étndes théoriques sur l'application des lois et la pratique des
affaires. Discours prononcé, le 5 novembre 18114, à l'audience de rentrée de la Cour
impériale de Nancy, par l\1. Saudbreuil, avocat général.
(5) Voici l'indication des diverses formes de l'enseignement médical qui ont succédé à la chute des Universités provinciales frappées, comme tous les corps enscignants, par le décret rendu, le 18 août 1792, par l'Assemblée nationale.
1re FORME. Enseignement libre. Professorat volontaire. Traitement des professeurs constitué par les élèves. Diversité extrême dans les matières enseignées sans
contrôle. Plus tard certificats de scolarité admis par le gouvernement, non-seulement pour ces associations enseignantes, mais aussi pour l'enseignement donné par
tout docteur eu médecine. Ledécretdu22 août, 18!i4 a seul aboli les certificats de scolarité particulière que tout candidat au titre d'officier de santé pouvait utiliser devant
les jurys dont la mission est terminée depuis la fin de septembre 18!i4. L'enseignement libre s'éleva, à Nancy, presque immédiatement après la chute de la Faculté de
medecine, du collége de médecine et du collége de chirurgie.
,
2• FORME. Ecole secondai1·ede médecine. Professeurs choisis par le Ministre de
l'Instruction publique. Traitement des professeurs reposant encore sur le produit
des inscriptions dont la date et le nombre sont déterminés. Budget des cours assuré
par un vote de 1,000 fr., formulé par le Conseil municipal de la ville ou siége l'é-
�cole, ou par le Conseil général du département, ou par la Commission des hôpitaux
civils. Temps de scolarité ayant la valeur des deux tiers dn temps réel, mais obligation pour les élèves passant dans les facultés de donner une seconde fois les sommes déjà versées par eux aux écoles secondaires. En :185/î, l'Etat abolit ces doubles
frais de scolarité et depuis il a tenu compte à l'élève de toute somme versée.
gnement libre d'Amiens fut transformé le premier en 1806 ; celui de Nancy fut modifié Je dernier et ne prit rang dans l'Université qu'en 1822.
5• FORME. Ecoles préparatoires de médecine et de phctrmacie, Le chiffre des professeurs des écoles secondaires transformées en écoles préparatoires, à partir de 18t.O,
est porté de 6 à 10, non compris des attachés. Le traitement des professeurs est .assuré. Le budget ne peut s'abaisser au-dessous d'un minimum de 15,000 fr. Les
deux premières années d'études ont la valeur du temps passé dans les Facultés. L'école de Nancy est transformée l'avant-dernière, en 1845. Reims vient après. Orléans succombe. Quelques écoles préparatoires sont créées directement. En 18155,
il ne restait plus à transformer aucune des i8 écoles secondaires primitives; il
existait alors 21 écoles préparatoires.
Le décret du 22 août18rl& confère aux écoles préparatoires le droit de réceplion
des officiers de s.anté, des pharmaciens de deuxième classe, ùes
et
des herboristes du deuxième degré.
4'
La création des 16 centres littéraires et sdentifiques permet la création d'un type nouveau. Fusion de l'enseignement de la Faculté des sciences avec
l'enseignement medical, au profit des élèves. N01nbre des professeurs porté dans
l'Ecole de médecine de lO à Hi, plus les attachés. Budget élevé de 15,000 à 17,000
fr. Développement de l'enseignement médical. L'Ecole de Lyon reçoit la nouvelle
organisation le 15 août; Bordeaux, le 10 octobre et Nancy le 6 décembre 18lî4.
(4)
des missions confiées, en 18154, dans trois départements, aux élèves
de l'École de médecine, à l'occasion de l'épidémie du choléra, et dans les hôpitaux
8
militaires de la u division.
1°
MISSIO:-IS DONNÉES l'ENDANT LE CHOLÉI\A,
Voici par ordre alphabétique l'indication des localités où les élè1·es ont été envoyés
et celle du nom de ces élèves.
Département de la lfleurthe.
1\fl\J.
Allain-aux· Bœufs ....•..... ·.•.•.••••.•.•••.•.•• Bloch.
"Barbonville •••••..•••.••••.•.••••••••••••.•.• Bernard.
Blénoll-lcs-Toul .•••••••••••..••••••..••••.•••• Pommier.
�61
Bouzanville •.•.•.••••••.•.•. ; •.•.•...•. • •.•.•.
Champenoux. • . . . . • • . • . • . . . . . • . • • • • • • . . . • . • . •
Crépey ..•.••••.•.•.•.........•..•••..•.••.••
Choloy et Domgermain ...••......••••..•.•._. . . .
Fécocourt ••••.••••..•. ; ...•.•.•.•••........•
l\Jl\1.
Thiébaull.
Arnould.
Saiotin.
Douillat.
Kuhn.
Foug •• • . • · • .. · • · ..• · . · .• · .. · • · • · • ...•..••..
Freuard .• · •.....•..•..•.• · .•............. , ••
Germonville •••.••..• · .•.••••••••.••.•.••..•••
Gondreville. . • • . . • . . . . . • • • . . • . . • . • • . . . • • • • • • .
Lenoncourt •••. ·• • • . • • . . • • . . • • • . • . • . . • • • • • . •
Morey ..•..•.......•....••...•..•.•.•••.•.••
Ochey. • • . • . . . . • • . . . . • • . . . . • . . . . • . • . . . • . • • . •
Pulney. • • • . • • . . • • • • • . . • • • • . . • . . • • • • . • • . . • . .
Saizerais. • • . • . • • . • . . • . • . • . . . • . . . . . . . • • • • • • . •
Saint-Firmin ••••..••...•••..•..•...•.• ;.·; ...•
Vaudeville ••••••.•..•••••.•••.•.•.••.•.••.•••
Velaine-sous-Amance ..••....•.........••.•.•..•
Xirocourt. • • • . • • . . . • . • • . . . . . • . . . • • . . • • . . • . . .
Durand.
Chrétien.
llfinct.
Arnould.
Il.oùinol.
Chaudron •.
Tincelin.
Navarre.
Joyeux.
Pommier.
Arnould.
Il.ousselot.
Ilemelot.
Manson.
a conservé, pendant
A Nancy,
les vacances, six eleves de serVIce.. . • . . . . . . . . • • . . . Thiery.
\
,
Bouchon.
\ Bernard.
j
Départeme11t de la JJleuse.
Bar-le-Duc ...•..••..........•......••...•.•. Vasseur.
( Kuhn (Philippe).
Commercy. • • • . . • . . . • • . . . . . . • • . . • . • . • . • . . • . • Lepage.
Dépnrlemcnt de la !floselle.
Aumetz .••....•.•.•.•••......••.••....•..•.. Magot.
Ars-sur-Moselle. . . . • • . • • • . • . . • . . • . • • . • . . • . . • . . Christophe.
Dans les Vosges el dans la Haule·Marne, tr()ÎS élèvrs IPlumerel.
ont apporté égalcm_ent leur concours,
avoir reçu de
mission spéciale .•••••.•.•••....•..•••.•••.•••• (Bailly.
�62
2•
FONCTIONS CONFIÉES DANS-LA
l$e
DIVISION MILITAIRE.
1\IM.
Hô pilai militaire de Nancy. , • . . . • • • • • • • • • • • • . • • • • Pirou x.
.
.
.
• a
Fonctions d' ai'd e-maJor pres 1 garmson de Marsa1. • • • •
Th<
magot.
1\forel.
Tbiébault.
Hôpital militaire de 1\lelz. • • . . • • • • • . • • .. • • • • • • • • • • Margot.
Parant.
Chriotophe.
Hôpital militaire de Sarreguemines •••••••••••.••••• Vasseur.
Hôpital militaire de Thionville .• ,................. Saintin.
�PROCLAMATION
DES
PRIX ET MENTIONS HONORABLES
ET
DES RÉSULTATS DES CONCOURS.
Les professeurs de l'Ecole, réunis en conseille 1er et le 25 octobre 1854, ont décerné, dans l'ordre suivant, les récompenses .
annuelles.
·
PRIX ET MENTIONS HONORABLES.
1° ÉLÈVES EN MÉDEGINE.
PREl\HÈRE ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix unique.
M. FoRGEOT (Alfred), de Vignory
ANNÉE D'ÉTUDES.
Pt·ix.
J.\11. BAILLY (Jules), de Bleurville (Vosges).
JJ!ention honorable.
M. BRoCARD (Valentin), de Rogéville (Meurthe).
TROISIÈME ANNÉE D'ÉTUDES •.
!J!ention honorable.
M. DOUILLAT (Henry), de ]l[ailJy (1\{arne) •.
).
�.
.
PRIX SPÉCIAL POUR LA RÉDACTION. DES OBSERVATIONS.
}!. DoUILLAT (Henry).
JJ1enliom; honorables.
(Henry), de Bulgnéville (Vosges).
BLoCH (Emmanuel), de .Melzenvisse {1\'foselle).
2" ÉLÈVES EN PHARMACIE .
.Mention honorable.
BnÉJARD
(Alexandre), de Tanconville (1\'Ieurthe ).
RÉSULTAT DES CONCOURS.
Le concours pour la place de préparateur-aide du cours d'anatomie a eu lieu le 10 novembre 18!>4.
M. BoucHoN (Nicolas), de Nancy, a été nommé pJéparateuraide.
Le concours pour la place d'aide du cours de médecine opératoire et de dèligation chirurgicale a eu lieu le 14 novembre
18!>4.
M. CHRÉTIEN (François), de Lunéville, a été nommé aide de ces
cours.
4.-
Le concours pour la place de préparateur-aide de toxicologie
et de pharmacie, et pour la place de préparateur-aide de matière
médicale a eu lieu le 21 novembre 1854.
M •. CAsTEL, de Nancy, a été nommé préparateur-aide de toxicologie et de pharmflcie.
M. LEMERCIER, d'Epernay, a été nommé préparateur-aide du
cours de matière médicale.
�
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Title
A name given to the resource
1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Description
An account of the resource
<p>SOMMAIRE</p>
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
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Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
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Format
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Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/d29b900cc394442630c8801a531a9e8c.pdf
519d3c71ee6a004aacf70de86ebfca29
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
"
Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
"
Ce" fichier" numérisé" est" le" fruit" d’un" travail" collaboratif" coordonné" par" le" Laboratoire"
d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
! Direction"de"la"Documentation"et"de"l’Edition"(Université"de"Lorraine)"
! Institut"François"Gény"(EA"7301"Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"des"Sciences"(Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"de"Droit"Sciences"économiques"et"gestion"de"Nancy"(Université"
de"Lorraine)"
! Maison"des"sciences"de"l’homme"Lorraine"(Université"de"Lorraine)"
! Bibliothèque!médiathèque"de"Nancy"
"
Cet"ouvrage"numérique"est"proposé"gratuitement"en"l’état."Sa"réutilisation,"sa"reproduction"
et"sa"rediffusion"sont"régies"par"la"Licence"Ouverte"/"Open"Licence"élaborée"par"la"mission"
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n’étant" pas" encore" tombés" dans" le" domaine" public," les" responsables" de" ce" site" web"
s’engagent"à"retirer"tout"document"faisant"l’objet"d’une"réclamation"d’un"auteur"ou"d’un"de"
ses"ayant!droits."
"
"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��DÉCRETS
ET
ARRÊTÉS MINISTÉRIELS,
RELATIFS A t'ORGANISATION DES
FACULTÉS ET DE L'ÉCOLE PRf:PARATOIRE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE.
FACULTÉ DES SCIENCES.
DÊCRET.
NAPOLÉON, PAR LA GIIACE DE
EMPEREUR DES FRANÇAIS,
DIEU JlT
LA VOLONTE NATIONALE,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire
au département de
l'Instruction publique et des Cultes.
Vu le décret du 9 mars 1852 ;
Vu l'article 2 et l'article 6 du décret du 22 août 1854, sur l'organisation des Académies ;
·
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
ARTICLE PREMIER.
Sont nommés à la Faculté des Sciences de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de' mathématiques pures et appliquées, M. FAn, membre
de l'Institut, recteur de l'Académie de Nancy;
�10 Professeur de physique, M. SEGUIN, docteur. ès'-sciences, professeur
de physique au L:ycée de Caen ;
Professeur de chimie, M. NICKLÈS, docteur ès-sciences;
Professeur d'histoire naturelle, M. GoDRON, docteur ès-sciences, àncien recteur de l'Académie départementale du Doubs.
2.
ARTICLE
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction
publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 29 novembre 1854.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
au
Le Ministre Secrétaire d'État
département de l'Instruction
publique et des Cultes.
Signé: H.
FoRTOUt.
Pour extrait :
Le chef du Secrétariat"
Signé:
CnARLES FonTOUL.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÊTÉ.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852;
Vu le décret du 22 août 1854, sur l'organisation des Académies;
Vu le décret du 29 novembre 1854;
AmttTE;
ARTICLE PREl\UER.
M. GoDRON , ancien recteur, professeur d'histoire naturelle à la
Faculté des Sciences de Nancy, est nommé 'Doyen de ladite Faéulté.
�. ARTICLE 2.
' .M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 30 novembre 1854.
Signé.: H. Fonrout.
Pour extrait:
Le chef du Secrétariat,
Signé: CHARLES FoRTOUL.
FACULTÊ DES LETTRES.
DÉCRET.
NAPOLÉON, ru LA GRACE DE Dnm
EMPEREUR DES FRANÇAIS.
ET
LA voLoN'r:t'i NATIONALE,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
l'Instruction publique et des Cultes ;
Vu le décret du 9 mars 1852;
Vu l'article 2 et l'article 6,du décret du 22 août 18o4, sur l'organisation des Académies;
Avons décrété et décrétons ce qui suit
ARTICLE PREMIER.
Sont nommés :
A la Faculté des Lettres de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de philosophie, 1\L LEvtQUE, docteur ès-lettres, ancien
membre de l'École d'Athènes, chargé de la chaire de philosophie à la
Faculté des Lettres de Besançon ;·
Professeur de littérature ancienne, M. Em. BuRNOUF, docteur èslettres, ancien membre de l'École d'Athènes, professeur de logique au
Lycée Impérial de :foulouse ;
Professeur de littérature française, M. Ch. BENOIT, docteur ès-lèttres,
�-
12 •..:...
ancien· membre de l'É()ole d'Athènes, agrégé de la·· Faculté des Lettres
de Paris, maître de conférences à l'École normale supérieure;
Professeur d'histoire,M. LAcnmx, docteur ès-lettres, ancien membre
de l'École d'Athènes, ancien proviseui· du Lycée Impérial de Nantes.
ARTICLE.
2.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instructiôn
publique et des Culte.s est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 10 octobre 1.854.
Signé: NAPOLÉON.
Par .l'Empereur:
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l' /nstructim'll
publique et des
Signé: H.
FoRTOUL.
Pour extrait :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÈTÉS.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes;
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852;
Vu l'article 2 et l'article 9 du décret du 22 août t8o4, sur l'organisation des Académies ;
AutTE:
ARTICLE PREMIER.
M. MJlziÈli.Es, docteur ès-lettres, ancien membre de l'École d'Athènes, .
professeur de rhétorique au Lycée Impérial de Toulouse, est chargé de
la chairtr de littérature étrangère, à la Faculté des Lettres de Nancy
(Faculté nouvelle).
�-
15
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le iO octobre !854.
Signe: H.
FoRTouL.
Pour amplialion :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du decret du 9 mars i8o2 ;
Vu l'article 2 du décret du 22 août !854, sur l'organisation des
Académies;
Vu le décret du f.O octobre !8o4;
ARRtTJ!:
ARTICLI! PREMIER.
M. Cn. BEN()IT, professeur·· de littérature française à la Faculté des
Lettres de Nancy, est nommé Doyen de ladite Faculté.
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le iO octobre !854.
Signé: H.
FoRTOUL.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétan'at,
Signé: P.
CoLLIN•
�f4
-
PRÉPARATOIRE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE.
DÉCRET..
NAPOLÉON,
PAR
u
GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ NATIOl'UJ,E,
EMPEREUR DES FRANÇAIS,
A tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
l'Instruction publique et des Cultes ;
Vu les ordonnances des 13 octobre 1840,12 mars et 18avril1841;
Vu l'ordonnance du 17 octobre 1843, qui constitue l'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy ;
Vu la délibération du Conseil impérial de l'instruction publique, en
date du 11 juillet 181>4 ;
Vu les décrets du !3 aoîtt et 10 octobre !854, qui ont réorganisé les
Écoles préparatoires de médecine et de pharmacie de Lyon et de Bordeaux;
Vu le décretdu 29 novembre !854 qui organise le personnel de la
Faculté des Sciences de Nancy;
A vons décrété et décrétons
qui suit :
ARTICLE PREMIER.
L'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy est
réorganisée de la manière suivante :
L'enseignement comprendra :
1o Anatomie et Physiologie;
2• Pathologie externe et Médecine opératoire ;
3• Clinique externe;
4° Pathologie interne ;
5° Clinique intenie;
'6• Accouchements1 maladies des feinmes et des enfants;
7° Matière médicale et Thérapeutique;
8° Pharmacie et notions de Toxicologie.
Ces chaires sont confiées à huit professeurs titulaires.
ARTICLE 2.
Le nombre des pr.ofesseurs adjoints de ladite école est fixé à trois qui
5eront attachés :
A la chaire de clinique externe;
�Hi
A la chaire de clinique interne ;
A la chaire d'anatomie et physiologie.
ARTICLE
3.
Le nombre des professeurs suppléants est de quatre, qui seront attachés :
Aux chaires de médecine proprement dite ;
Aux chaires de chirurgie et d'accouchements ;
A la chaire d'anatomie et physiologie ;
Aux chairfls de matière médicale, thérapeutique, pharmacie
et toxicologie.
ARTICLE
4.
Il est également attaché à l'École préparatoire de médecine et de
pharmacie de Nancy :
Un chef des travaux anatomiques;
Un prosecteur ;
Un préparateur de pharmacie et toxicologie.
ARTICLE
5.
Il ne sera pourvu définitivement aux diverses fonctions instituées par
le présent décret, qu'au fur et à mesure que la ville de Nancy aura
assuré, par un vote du Conseil municipal, les fonds nécessaires.
ARTICLE
6.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 6 décembre 1854.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur !
Le Ministre Sec1·étaire d'État au département de l'Instruction
publique et des Cultes,
Signé : H. Foarout.
Pour ampliation :
Le chèf du Secrétariat,
Signé : CHARLES FoRTOUL.
�-
1.6
..,....,
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. ET DES CULTES.
ARRtTÉS.·
Le Ministre Secrétaire d'État au département de
et des Cultes,
publique
Vu l'ordonnance du l3 octobre !840 relative aux Éooles prép:tratoires
de Médecine et de Pharmacie ;
Vu le décret impérial, èn date de ce jour, qui réorganise l'Éoole préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
AnntTE:
Sont nommés à l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de
Nancy,
Professeurs titulaires des chaires suivantes, savoir :
Anatomie et Physiologie.
M. Léon PAJnsoT;
Clinique externe.
M. Edmond SIMONIN.
Cliniqueinterne.
M. Victor PARISOT.
Accouchements, maladies des femmes et des
enfants.
M. Rouss11L.
Matière· médicale et Thérapeutique.
M. LAURENS.
M. BLONDLOT.
Pharmacie et notions de Toxicologie.
ARTICLE 2.
Sont nommés professeurs adjoints chargés des cours suivants, savoir:
Pathologie externe et Médecine opératoire.
M. BËCHET •
. Pathologie interne.
M. DEMANGE.
ARTICLE 3.
Sont nommés :
Professeur suppléant.
Chef des travaux anatomiques.
M. GuNDJEA.N.
M. PoiNcnn.
ARTICJ..ll 4.
M. Edmond StMONIN, professeur de clinique externe, est nommé Directeur de l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
�17
A,ll.TICLE
5.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de i'exécution du
présent arrêté.
Paris, le 6 décembre !854.
Signé : H. FoRTouL.
Pour ampliation ;
Le chef du Secrétariat,
Signé : CiiARLEs FontouL.
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l'Instruction publique
et des Cultes.
,:"
ARTICLE
M. Victor PARisoT, professeur de Clinique interne, à l'École
ratoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy, est nommé Officier de .
t'Instruction publique.
ARTICLE 2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Faità Paris, le 6 décembre 1854.
Sz"gné: H.
FmtTOUL.
Ponr ampliation :
Le elie{ du Secrétariat,
Signé :
CHARI.JlS FOitTOUL.
SECRÉTAIRE AGENT cmtPTABLE.
Le Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'Instruction publique
et
Cultes,
Vu le décret du 22 août !804, sur le régime des établissements d'enseignement supérieur ;
Vu l'arrêté du 24 août 1854 ;·
�t8
ARJJ.tlTE:
.A.RTICLE l'Jil!MIER.
Sont nommés secrétaires agents comptables près les nouvelles Fa'"
cultés des Sciences et des Lettres des Académies dénommées
savoir:
Académie de Nancy.- M; GENGEMBRE, ancien secrétaire de l'Académie départementale de Seine-et-Marne (fonction nouvelle).
ARTICLE
2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 3:1 octobre 1804.
Signé: H. Fon·rouL.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P.
CoLLIN.
�
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1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
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Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie
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Discours Officiel
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Université Impériale / Académie de Nancy
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Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
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1855
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Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
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Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
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Ce" fichier" numérisé" est" le" fruit" d’un" travail" collaboratif" coordonné" par" le" Laboratoire"
d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
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des" volumes" conservés" pour" la" période" 1854!1939." Toutefois," les" volumes" les" plus" récents"
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!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
l'!foNSt:IGNIWR,
MESSIEURS,
Il y a moins d'tm siècle, Nancy possédait presque· toutes les
institutions nécessaires à la vie des capitales : comme tant d'au;..
tres centres de ces nationalités diverses, dont l'heureuse fusion
a constitué la France actuelle, Nancy a perdu d'un seul coup,
par la révolution, ces précieux élémeqts · de sa grandeur. Le
gouvernement lui .rend aujol1rd'hu1 tout ce qui peut assurer à
une gt·ande ville, centre d'une g•·ande province, la prépondé..;
rance otl même la souveraineté locale dans l'ordre de l'enseignement.
Naguère le rectorat de Nancy était restreint au seul département de la Meurthe: il corn prend aujourd'hui la Lorraine entière.
Naguère Nancy ne possédait aucune juridiction universitaire, et
pour que titres ou diplômes de toute espèce y fussent conférés, il
fallait que des commissions formées au loin y vinssent siéger en
étrangères, et rendre passagérewent leurs atTêts. Aujourd'hui le
gouvernement réorganise l'excellente Ecole de médecine que vous
possédiez; il lui confère de nouveaux privilèges, et ilne tiendra
qu'à vous, désormais, de la maintenir au rang des premières Ecoles
de l'Empit·e ; bien plus, il érige à Nancy une Faculté des sciences
et une Faculté des lettres: c'est presque dire une Université.
�-
_:
Quelle est la signification de ces actes réparateurs? Y verrez•
vous un simple revirt)ment des choses d'ici-bas, lesquelles semblent procéder par oscillations successives, allant toujours, en
apparence du moins et pour l'observateur superficiel, d'un excès
à l'autre, de la faute à la réparation, et quelquefois outrant tout,
même la réparation ?
Non,
il y a là un sens plus profond. D'ailleurs cet
acte n'est point un fait isolé dans le pays; il se rattache à tm ensemble de réformes dont il nous faut rechercher la valeur et la
portée, afin de pouvoir mesurer, nous, l'étendue des devoirs,
vous, Messieurs, celle de la reconnaissance.
La révolution est close aujourd'hui, de par la volonté trois
fois exprimée de la nation entière. Son œuvre exigeait, vous Je
savez, la plus vaste concentration qui ait jamais été tentée. Toutes
les forces vives du pays se portèrent vers un seul point, de même
que, dans l'homme, à l'instant suprême du péril et d'tm grand
effort, le sang reflue au cœur ou remonte au cerveau. L'erreur,
diso_ns plutôt le malheur des quarante dernières années, c'est
d'avoir voulu maintenir cette tension de tous les ressorts, cette
concentration anormale de toutes les ressources, cet appel dan- .
geretix vers une même ville de toutes les énergies, de toutes les
ambitions. Aussi devait•on croire que la révolution durait toujours,
suivant un mot célébre que citait récemment, dans une autre
€
nceinte (1), un orateur dont la parole élevée a laissé une vive impression dans nos esprits : mais, au fond, elle ne durait ql!e
parce qu'on en maintenait obstinément la forme et l'effrayante
organisation. Qu'en est-il résulté, Messieurs ? Ces forces, réunies
pour une œuvre depuis longtemps achevée, out fonctionné dans
le vide, et, comme pour ·avoh· quelque chose à faire, deux fois
les rouages de l'énorme machine ont broyé le mécanicien. De
même encore, dans l'homme donlje pal'lais tout à l'heure, si le
sang, qui afflue vers le
en quadrupler un instant
la puissance, reste-là, l'organisme tombe bientôt foudroyé par
l'apoplexiè.
(t) Séance de rentrée de la Cour Impériale de Nancy.
�-
21
Tout au contraire, Messieurs, le Pouvoir normal que la France
s'est enfin donné, et cette fois en pleine connaissance de cause,
le Pouvoir veut rendre à son tour à la
en pleine liberté de
nation sa vie régulière et son développement normal. Il ne réagit
point aveuglément contre le passé ; il ne décentralise pointjusqu'au morcellement; il se garde bien d'amoindrir Paris, cette tête
et ce cœur de la France; - mais il reconnait que le temps est
venu où les éléments originaux de la nation doivent se développer
désormais suivant leurs aptitudes caractéristiques, et où chaque
province doit au moins retrouver sur son propre sol les sources
si longtemps taries de sa vie intellectuelle.
Aussi, quand les délégués de vos principales villes allèrent plaider auprès de l'Empereur et de son Ministre la cause de la Lorraine, il leur a suffi, pour réussir, de montrer que cette noble
province a en France, elle aussi, plus que tout autre peut-être,
son esprit et son caractère particuliers, ses tendances propres
trop longtemps annihilées, son rôle à part, sa mission, si j'ose
m'exprimer ainsi; il leur a suffi enfin d'invoquer son droit historique que la révolution avait suspendu, mais non pas abrogé.
L'Empereur a fait droit à vos demandes, 1\'lessieurs; désormais
la Lorraine a une place et un rôle dans la vaste réorganisation de
l'enseignement public,. par laquelle un .Ministre éminent a. su,
dans sa sphère d'activité, traduire en faits et en institutions celte
pensée généreuse de notre Empereur, de faire produire à la
France toutes les grandes choses dont elle porte le germe, afin
de lui rendre dans le monde le rang qui lui appartient. '
C'est à vous maintenant, Messieurs, d'appuyer cette œuvre
réparatrice, disons mieux, cette œuvre d'avenir. C'est à vous de
faire comprendre à vos concitoyens la valeur pratique des institutions nouvelles, et de guider vers nos chaires cette jeunesse
lorraine qui sait si bien s'ouvrir toutes les .carrières à force de
travail et d'intelligence, mais que l'on condamnait à émigrer, en
quelque sorte, pour compléter son éducation et conquérir les grades ou les diplômes dont l'Etat fait sa première garantie. Alors
se
vous verrez un esprit public plein de séve et
tituer peu à peu au milieu de vous, for!J)ant son caractère moral
sur celui de la province,
cesser d'être éminemment français;
�alors tout ce
y a de noble, d'élevé, de vrai
dès
tions restées jusqu'ici individuelles, trouvera son écho au sein
d'une jeunesse généreuse et inte11igente, initiée sur son propre
sol, sous vos regards et votre tutelle, aux plus féconds enseignements des Lettres et des Sciences·. Plaise à Dieu que le foyer de
cette puissance intellectuelle exerce son attraction par delà nos
frontières, et qù·e vôtre Nancy, point de croisement de grandes
voies de communication, placé près des limites de la France et
offrant cependant un type si français, devienne, comme autrefois,
le rendez-vous de la jeunesse allemande, désireuse de connaitre
le génie de notre pays et de s'en assimiler les ressources.
pour hien faire connaître la portée des institutions nouvelles, il ne suffit pas d'indiquer simplement, comme j'ai voulu
le fait·e, la pensée générale qui a· présidé à leur création. Il faut
encore exposer en détail leur but commun et surtout leurs moyens
d'action si variés, depuis l'enseignement qui imprime à l'intelligence un caractère d'humaine noblesse, jusqu,à celui qui enrichit
le pays d'une pépinière d'ingénieurs et rend la science, comme le
voulait Bacon, productrice d'utilité publique; depuis l'influence
des leçons et des conférences, jusqu'à l'autorité des arrêts que les
Facultés rertdent lorsque l'E!at les constitue en tribunal et leur
confère le droit d'ouvrir ou de .fermer les plus belles carrières.
je laisse ce soin aux interprètes naturels des deux Facultés
ct de l'Ecole de
aux hommes distingués que le choix
du Ministre a si heureusement placés à leur tête. Je ne revendique·
pour !eRecteur, que le privilège de remercier ici, au nom du Ministre, de l'Instruction pub1ique, la Municipalité de Nancy dont
le zèle ct le patriotisme éclairé ont si hien secondé les. vues dù
Gouvernement; je voudrais que la France entière sût par ma voix
ql1'aucun sacrifice ne lui parait trop lourd torsqu'il s'agit de doter
]es Facultés nouvelles d'une mallière digne de la Lorraine qui
les accueille avec tant ·d'empressement, et de l'Empereur qui les
a si gracieusement octroyées.
�
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1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy
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The topic of the resource
Discours du Recteur
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FAYE, Hervé
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Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
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1855
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
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Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
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�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. GODRON, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
lUoNSIEUR
LE R.r;:crEuR,
MONSEIGNEUR,
MESSIEURS,
Si l'histoire des peuples est instructive; si leur$ institutions·
religieuses et civiles méritent une étude sérieuse; si enfin, les
actes par lesquels ils ont marqué leur existence, fournissent des
enseignements utiles, il en est de même des corps savants, et
leurs annales ne sant pas moins dignes d'intérêt. C'est que les
corps savants laissent également après eux des traces de leur
passage; leurs conquêtes, plus pacifiques, il est vrai, que celles
des peuples, n'en sont pas moins glorieuses, et, dans l'atmosphère
calme où ils se meuvent, ils exercent sur la civilisation une influence incontestable. Leur passé est de nature à nous éclairer et à
guider dans leur marche les institutions nouvelles, qui sont
lé es à recueillir et à étendre leur. héritage.
L'histoire des anciennes Universités serait éminemment propre
à nous donnel' ces enseignements, et je voudrais qu'il me fût
permis de tracer ici le tableau de }eur organisation, de suivre
avec vous les diverses phases qu'elles ont parcourues, d'énumérer
les découvertes précieuses dont elles ont successivement enrichi
les diverses branches des connaissances humaines, d'étudier enfin
leur action sur la marche de l'esprit humain et sur le développement de nos. institutions sociales.
�-
24 -
Mais celte tâche serait trop vaste, ét.c'est pQur moi une nécessité de me restreindre dans des limi.tes plus étroites. Je me
terai de vous rappeler, d'une manière générale, comment les
anciennes Universités ont préparé, peu à peu, les tendances qui
dominent dans nos sociétés modernes, et donné la première impulsion au mouvement scientifique qui nous entraîne et qui forme
le caractère le plus saillant de l'époque actuelle.
Au douzième siècle, les derniers représentants de la science
antique avaient disparu depuis longtemps de la chrétienté, et
c'est chez les Arabes que nous en retrouvons la tradition pendant
une longue période. Mais les croisades eurent pour effet de nous
initier aux connaissances que possédait encore l'Asie; un immensè
besoin de savoir se manifesta dans toute l'Europe
et
détermina l'époque de la renaissance des lettres. Des écoles
publiques de haut enseignement furent ouvertes et donnèrent
naissance aux premières Universités, qui, à partir du commencement du
siècle, reçurent une organisation régulière et.
travaillèrent 'avec ardeur à populariser la culture .des Sciences
et des Lettres. Mais, dès l'origine, elles épuisèrent leur activilé
sur les questions les plus ardues de ]a scolastique, et prirent une
part active aux luttes ardentes qui divisaient alors les écoles.
D'une autre part, la science proprement dite ne sut pas, tout
d'abord} se dégager de l'ornière que lui. avait tracée le moyen
àge; c'est en vain que Roger Bacon cherchait à faire revivre la
méthode de l'observation et de l'expérimentation ; l'alchimie et
Pastrologîe avaient pris la place de tout autre connaissance, et
la Science, détournée de sa véritable voie, n'eut plus pour objet
que la folle recherche de la pierre philosophale et des
humaines au sein des astres.
Aussi les découvertes' peu nombreuses, que nous offre ce(te
première période de l'existence des Universités, furent-elles
plutôt l'effet du hasard, que le fruit de recherches entreprises
d'une manière rationnelle, et , par conséquent, scientifique.
Toutefois les exercices scolastiques et les immenses travaux des
alchimistes ne furent pas complètement inutiles : en aiguisant les
esprits, en les habituant à de pénibles recherches, ils les façonnèrent à des études plus sérieuses et surtout mieux dirigées.
�H faut néanmoins remonte1· au X VI• siècle pour retrouvér la
science dans sa véritable ac'ceplion et pour constater des progrès,
en réalité dignes d'elle, Favorisée, du reste, dans, son développement par l'invention encore récente de l'imprimerie, elle arrive
plus sûrement à la connaissance de vérités nouvelles, et ses efforts sont bientôt couronnés par des découvertes importantes, qui
laissent bien loin en arrière l'antiquité païenne et bouleversent
les systèmes qui, jusque là, semblaient définitivement établis;
Je ne m'arrêterai pas à vous présenter l'historique des acquisitions successives, dont la science s'est enrichie dans le cours
des trois derniers siècles, et qui ont créé, dans nos sociétés
actuelles, une situation spéciale et des besoins noùveaux. Il
me suffit de déduire, de ce rapide exposé, cette conclusion
que, pour s'être lancée dans des recherches incertaines, sans
guide el sans méthode, la science s'est égarée dans une route
aventureuse, et ses immenses travaux n'ont abouti qu'à des résulta!s presque stériles.l\Iais du jour où un enseignement rationnel,
lui faisant abandonner les systèmes à priori et les recherches ,
empiriques, l'a replacée sur la voie de l'observation, elle a marché,
d'un pas ferme et assuré, à des conquêtes de plus en plus rapides.
Il faut donc distinguer, dans le rôle qu'ont joué en Europe les
anciennes Universités, deux périodes distinctes, l'une peu profitable pourla science, l'autre féconde en grandes découvertes.
L'ancienne Université lorraine, établie d'abord à Pont·à-1\lousson,
puis transférée à Nancy, eut l'avantage de naître dès les premiers
temps dè la seconde période ; aussi, elle évita l'écueil dans lequel
étaient tombées ses sœurs aînées. Créée en 1!'>72, en vertu d'une
plan que
bulle du Pape Grégoire XIII, et organisée sur le
les plus célèbres Universités de. l'époque, elle donna, presque
dès l'origine, un enseignement complet .. Vous savez tous,
cMessieurs, que richement dotée par le duc Charles III, son fon·
dateur, et pourvue de privilèges étendus, elle justifia par son en·
saignement la sollicitude toute paternelle, dont les anciens souverains de la Lorraine ne cessèrent de l'entourer .. Non-seulement
elle propagea dans le pays, pendant plus de deux siècles, le goût
de l'étude, mais c'est elle qui forma,
grande partie du moins,
cette pléiade de théologiens éminents, de jurisconsultes illustres,
�26
de littérateurs distingués et de savants médecins 'lui furent une
des gloires de notre ancienne province.
Il y a soixante-deux ans, Nancy était encore. un foyer d'enseignement supérieur des plus actifs, lorsqu'un décret de l'Assemblée
nationale, du 18 août 1792, vint tarir momentanément en France
les sources des hautes études, et y arrêter un instant la marche
progressive du mouvement scientifique.
Le décret réparateur du 17 mars 1808, qui fonda l'Université
impériale, substitua aux anciennes Universités, qui avaient vécu,
pour ainsi. dire, dans l'isolement les unes des autres, un système
d'enseignement supérieur se rattachant à. une même pensée et a
une direction unique. Comme tout ce qui sortait du génie de
l'Empereur, les Facultés qui furent alors créées reçurent une
organisation forte et durable, et continuèrent avec distinction le
rôle si utile des anciens c01·ps enseignants.
Mais les préoccupations politiques de l'époque, la lutte gigantesque et sans cesse renaissante, que la France soutenait avec
énergie contre l'Europe liguée contre elle, la pénurie enfin de
professeurs gistingués qu'avait dispersés la révolution, ne permirent pas alors de reconstituer tous les anciens centres d'études,
et Nancy fut ainsi privé de cet enseignement supérieur, qui, florissant en Lorraine pendant de longues années, semblait avoir
acquis définitivement dans ses murs le droit de bourgeoisie.
Je me trompe, Messieurs; l'enseignement supérieur n'y périt
pas tout entier. Vous savez tous que quelques-uns de nos concitoyens, sans autre ressource que leur zèle infatigable, entreprirent
de continuer à Nancy l'œuvre de l'ancienne Faculté de médecine
et du Collége·t:oyal de chirurgie. Ils OUVl'Îl'ent, dès les premières
années de ce siècle, des cours où un grand nombre de jeunes
gens vinrent acquérir }es connaissances, qui leur
d'exercer avec succès Part de
et dans nos communes rurales, et à la suite des armées. Telle est l'origine de l'Ecole de
médecine que possède encore Nancy, et tels sont les résultats qui
· ont marqué ses débuts, alors qu'elle n'était encore revêtue d'aucun
caractère officiel. Reconnue depuis par l'Etat sous le nom d'Ecole
secondaire, puis d'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, elle a continué jusqu'aujourd'hui à marcher résolumen!
�27
vers le bnt qu'elle s'était proposé. Je voudrais pouvoir, l\'Iessieurs,
vous exposer les servicés qu'die a rendus; mais celte tâche serait
pour moi bien délicate. Je ne puis oublier que c'est comme
professeur â celte école, que j'ai fait mes premières armes dans
l'instruction publique, et que, pendant seize années, j'ai été as.,.
socié â ses travaux. Qu'il me soit permis, toutefois, de fait·e
observer, qu'en conservant dans notre ville les anciennes traditions d'enseignement et en contribuant, pour sa part, à y entretenir l'activité scientifique, elle forme le lien naturel qui unit
l'ancienne Université lorraine aux Facultés que nous inaugurons
aujourd'hui.
Il était réservé au Gouvernement de l'Empereur Napoléon III
de complêter l'œuvre de l'immortel fondateur de l'Université
impériale, en rétablissant dans quelqnes-ùries de nos provinces,
depuis longtemps deshéritées, ces anciens centres d'instruction,
qui avaient lem· raison d'être, parce qu'ils donnaient satisfaction à
des intérêts de l'ordre le plus élevé. Les révolutions peuvent bien
renverser une institution, mais elles ne suppriment pas du même
coup le sentiment du passé, les traditions locales , les besoins
intellectuels d'une province.
Aussi, lliessieurs, vous avez tous applaudi à la penséebienveillante, qu'a manifestée le chef de l'Etat, de reconstituer à Nancy
des écoles de haut enseignement, et le Conseil municipal, dispensateur intelligent des revenus de la cité, n'a pas hésité à lui imposer des sacrifices considérables pour doter nos Facultés de
toutes les ressources matérielles que nécessite leur organisation.
Mais la sollicitude du Gouvernement ne s'est pas bornée- à la
création de quelques établissements nouveaux. La même pensée,
d'où émanent les modifications si importantes et si fécondes qû'a
subi le plan d'études de nos lycées, s'est étendue également'àl'enseignemènt supérieur, auquel elle donne une vie nouvelle en le
complétant et en l'appropriant aux exigences impérieuses de
notre époque.
Il me reste à indiquer, :1\fessieurs, les circonstances qui ont nécessité une réforme dans l'enseignement des Facultés des Sciences,
et à faire connaître le caractère que doit avoir désormàis cet
enseignement.
�28 Les Sciences avaient déjà pris, en. 1808, une extension telle
que l'ancienne Faculte des arls ne pouvait plus embrasset· les
connaissances si variées qui, dans les anciennes. Universi(és,.
avaient fait l'objet de ses études. Chargée à la fois de l'enseignement des Lettres et des Sciences, comme pour marquer l'lllliance
intime qui doit exister entre
elle ne suffisait plus à cette
tâche laborieuse, et elle dut être. scindée en deux Facultés nouvelles : le trivium, pour parler l'ancien langage scolastique, devinL
le domaine de la Faculté des Lettres,Je quadrivium, l'apanage
de la Faculté des Sciences.
Mais, depuis cette époque, le mouvement scientifique s'est accéléré de plus en plus ; des découvertes importantes viennent,
presque chaque année, frapper d'étonnement notre intelligence et
agrandir le champ déjà si vaste des connaissances acquises. Vindustrie, en s'appuyant de plus en plus sur la science, a suivi d'un
pas non moins rapide, l'impulsion qui lui est communiquée ; elle
a pris, à son tour, des développements inouïs, et qui tendent sans
cesse à s'accroitre. De nos jours, l'enseignement scientifique
pratique est devenu indispensable; il peut seul soutenir les progrès de l'industrie et féconder son activité. Et cependant, si l'on .
excepte quelques établissements spéciaux, ouverts seulement à
un petit nombre de jeunes gens, la France était jusqu'ici privée,
ou à peu près,. d'un enseignement qu'elle enviait aux nations
voisines. Les Facultés des Sciences n'ont plus aujourd'hui pour
but exclusif de développer/ parmi leurs auditeurs des connaissances purement théoriques, mais encore d'enseigner avec soin
les applications de ces connaissances aux diverses industries, qui
dominent dans chacune des nouvelles provinces académiques;
eUes ont, en un mot,,pour mission, non plus seulement de formet·
des hommes instruits, mais en outre de donner au pays des
citoyens utiles.
Aussi, Messieurs, dans les cours que nous allons ouvrir, les
théories purement spéculatives n'excluront pas les questions
vraiment pratiques. Les collections scientifiques
en physique, en .chimie, en histoire naturelle, en modèles de
machines, etc., dont le Conseil municipal a doté notre Faculté des
Sciences, collections qui viennent déjà de s'accroître d'un riche
"
�herbier dû à la générosité d'un de nos compatriotes (1), 'p.ermettront de placer constamment, sous les yeux desjeunes gens qui
·suivront nos leçons, les différents objets d'étude; des expériences
nombreuses viendront à chaque instant étayer les théories et
confirmer ces lois admirables, auxquelles_ obéissent tontes les
forces naturelles:
dont la connaissance offre non-seulement
l'immense avantage de lier dans notre esprit les faits épars, et de
les fixer dans la mémoire, mais encore de servir de guide dans
la recherche de vérités nouvelles.
dans les sciences d'observation, il ne suffit pas, pour se
les assimiler, de suivre les leçons d'un professeur; d'examiner
rapidement les objets qu'il fait passer sous les yeux de ses auditeurs; d'assister aux expériences sur lesquelles il s'appuie dans
ses démonstrations, il faut encore que ses élèves mettent euxmêmes la main à l'œuvre, s'habituent à manier les instruments, à
diriger une opération, à faire enfin toutes les recherches scientifiques, qui peuvent conduire à des résultats utiles. C'est ainsi seulement que la Faculté des Sciences pourra produire tous les
avantages qu'on est en droit d'attendre de son enseignement.
Désormais les collections, les laboratoires ne seront plus des
sanctuaires
et soustraits aux regards de tous ceux
qui désirent être initiés à la connaissance de l'arsenal de la science
et à la pratique des méthodes d'expérimentation. Des salles de
travail pour la chimie, pour la physique, pour l'histoire naturelle
ne tarderont pas à être organisées, et seront ouvertes aux jeunes
gens, qu'anime la noble ambition d'aller au-delà des études théoriques et d'acquérir l'habitude des manipulations.
Ce n'est pas seulement dans ses collections, dans ses laborataires,
que la Faculté ira chercher ses moyens- d'enseignement ; il est des
objets qu'il faut voir et étudier dans les lieux mêmes qui leur ont
été assignés dans l'harmonie générale de la création. La géologie,
par exemple, ne s'étudie pas complétem.ent dans lés livres et dàns
les musées ; ceux-là seuls possèdent réellement cette science et
(1) M.
membre du Conseil général de la Meurthe et Président de la
Société centralè d'agriculture de Nancy.
�-
50
peuvent utiliser .leurs connaissances dans ceUé branche si importante de l'histoire naturelle, qui sont aptès à reconnaître une roche
en place et à distinguer sûrement les unes des autres les diverses
formations qui constituent l'écorce solide de notre globe ; mais
l'exploration du terrain lui-même permet seul d'arriver à ce degré
d'instruction. L'étude du gisement des minéraux soulève la même ,
observation. Les mœurs, les habitudes, les tr\).vaux de certains
animaux utiles à l'homme ou qui lui sont au contraire nuisibles,
soit directement, soit par l'action: destructive qu'ils exercent sur
les substances indispensables à l'économie domestique, et sur les
matières premières qui alimentent l'industrie, ne peuvent être
étudiés d'une manière fructueuse que dans les localités où ces
animaùx habitent. Nous en dirons tout autant. de l'étude de la géographie botanique, de celle des relations que présente la végétation
avec la nature minéralogique et les influences
du sol, de
celle enfin de l'économie forestière, et des procédés en usage dans
la science par excellence, je veux parler de l'agriculture. Ici l'enseignement en plein air, au milieu de nos campagnes, peut seul
· atteindre le but et nécessitera des excursions qui seront dirigées
dans ce sens et qui auront lieu pendant le semestre d'été.
La Faculté des Sciences, étant spécialement chârgée de donner
à son enseignement une direction qui soit en rapport avec les
dustries principales du pays, non-seulement ne faillira pas à cette
tâche, mais elle espère pouvoir terminer les travaux de chaque
année classique parla visite de quelques établissements industriels,
où les élèves de la !!'acuité se livreront à l'étude des machines et
des procédés de fabrication. Ces excursions leur offriront également l'avantage de pouvoir étendre leurs études d'histoire naturelle au-delà des limites du territoire de Nancy.
L'enseignement de, la Faculté n'aura pas seulement pour effet
de. répandre autour d'elle des connaissances utiles ; mais le législateur lui a conféré le pouvoir de sanctionner par un certificat
d'aptitude.Ie travail de ceux de ses élèves qui seront reconnus
suffisamment instruits pour se livrer à la pratique d'une industrie
spéciale, dont elle peut ainsi leur faciJ.iter l'accès.
Enfin les Facultés des Sciences, chargées de conférer des grades
qui, jusqu'ici, n'étaient exigés que pour l'étude de la médecine
�31
ou pour l'admission dans les fonctions de l'enseignement, viennent
d'acquérir une importance nouvelle par l'effet d'un récent. décret,
rendant ob1igatoire le diplôme de bachelier ès sciences, pour les
jeunes gens qui se destinent, soit à l'Ecole polytechnique ou à
l'Ecole militaire de Saint-Cyr, soit à l'Ecole forestière et à différentes administrations publiques. Les Facultés des Sciences fortuent donc aujourd'hui une véritable magistrature, qui a pour ·
mission d'ouvrir l'entrée de !outes les carrières scientifiques, et
même la carrière des armes spéciales aux candidats qui se recommandent par leur aptitude et par des études sérieuses.
Telles sont, Messieurs, la voie dans laquelle doit entrer à
l'avenir l'enseignement des Facultés des Sciences et l'étendue nouvelle donnée à leur juridiction.
Tous ces détails, que nous venons de vous exposer, noùs inspirent une réflexion, qui sans doute a déjà surgi dans votre esprit :
c'est qu'on ne peut trop admirer la sollicitude du Gouvernement
de l'Empereur qui, au milieu des graves préoccupations qui
l'assiègent de toute part, vient de doter d'utiles réformes les
établissements de tous ordres, depuis les asiles de l'enfance
jusqu'aux écoles de haut eùseignement, et s'impose la noble
tâche de faire des élèves de ces établissements, une génération
mâle et forte sous la double influence des Lettres et des Sciences.
Ce sera là un des bienfaits les plus féconds que nous devrons â
la haute sagesse et. au génie du Prince qui a rétabli au dedans
et qui soutient aujourd'hui glorieusement au dehors les principes
d'ordre et de justice qui font la force des nations et qui président aux destinées des Sociétés humaines.
�
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1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
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Title
A name given to the resource
Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences
Subject
The topic of the resource
Discours du Doyen de la Faculté des sciences
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
GODRON, Dominique-Alexandre
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Format
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Type
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publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/546a24c7705b1f3d995f07ee28f9c3d4.pdf
a30f8c079c3a639ed026754a93bff9ae
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
"
Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
"
Ce" fichier" numérisé" est" le" fruit" d’un" travail" collaboratif" coordonné" par" le" Laboratoire"
d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
! Direction"de"la"Documentation"et"de"l’Edition"(Université"de"Lorraine)"
! Institut"François"Gény"(EA"7301"Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"des"Sciences"(Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"de"Droit"Sciences"économiques"et"gestion"de"Nancy"(Université"
de"Lorraine)"
! Maison"des"sciences"de"l’homme"Lorraine"(Université"de"Lorraine)"
! Bibliothèque!médiathèque"de"Nancy"
"
Cet"ouvrage"numérique"est"proposé"gratuitement"en"l’état."Sa"réutilisation,"sa"reproduction"
et"sa"rediffusion"sont"régies"par"la"Licence"Ouverte"/"Open"Licence"élaborée"par"la"mission"
Etalab" au" nom" du" gouvernement" français" (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence!
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n’étant" pas" encore" tombés" dans" le" domaine" public," les" responsables" de" ce" site" web"
s’engagent"à"retirer"tout"document"faisant"l’objet"d’une"réclamation"d’un"auteur"ou"d’un"de"
ses"ayant!droits."
"
"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��DISCO'URS
PRO::S:ONCÉ PAR
M. CIL BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
l\'IONSIEUll LE RECTEUR,
MoNSEIGNEun,
1\'IESSIEURS,
Aujourd'hui que l'inauguration de nos Facultés réunit autour
de nous, en cette enceinte, l'élite de la cité, ma première pensée,
et la vôtre, Messieurs> est une pensée de reconnaissance envers
le Gouvernement de l'Empereur, qui est entré avec une bienveil·
lance si généreuse dans nos désirs et nos espérances, et qui a
voulu que Nallcy retrouvât enfin son Université. Grâces aussi
soient rendue!! en ce jour aux hommes dévoués, qui par leurs
· nobles démarches ont provoqué ce bienfait, et à vous, 1\'Iaglstrats
··de la ville, que l'Etat a trouvés si zélés à seconder ses desseins,
si généreux à doter notre institution de :tout ce qui peut eu assurer
le succès.
La faveur qui enhmre cet établissement dès. son début ne
m'étonne pas, ])lessieurs. Nanèy se souvient de ce qu'elle était
autrefois, .et de ce qu'elle se doit à elle-même. Déchue de son rang
de capitale sou.veraine ·depuis son annexion à la France, elle a
songé enfin à reprendre, à défaut de sa couronne à jamais perdue,
qùelques-unes du moins de ces nobles institutions, fondées par
ses princes,
elle se glorifiait autrefois, et dont la révolution
l'avait dépouillée. Elle se rappelle de quel éclat a brillé surtout
.5
�-54-pendant deux siècles l'Université fondée à Pont-a-1\Iousson par
le Duc Charles III, et transportée dans nos murs en 1768. Si en
1808, lorsqu'un Gouvernement réparateur restaurait l'enseignement et dotait de Facultés les principales villes de France, Nancy .·
ne fut pas d'abord comprise dans le partage, aujourd'hui du moins
elle n'a pas failli à ses droits, et dans la répartition nouvelle qui
allait être faite de ces grandes institutions académiques, des voix
citoyennes se sont élevées pour revendiquer les titres de la bité.
Votre cause était bonne, Messieurs, et le Gouvernement de l'Empereur trop éclairé et trop équitable, pour n'en pas reconnaître la
justice. Un ministre toujours ardent à seconder l'essor des esprits, .
partout où il se manifeste, a cru dans l'avenir de Nancy : il a
choisi notre ville, pour en faire un de ses nouveaux foyers d'enseignement qu'il voulait élever au cœur de la province. J'aime
à penser, que dans sa confiance il ne s'est pas trompé. Non, ce.
n'est pas en vain qu'une ville a longtemps été une capitale, et le
centre d'une vie nationale et énergique. Alors mêmé qu'elle a
perdu sa vie politique, elle garde pourtant toujours quelque chose
de son royal esprit d'autrefois. Ne dirait-on pas, que jusque dans
ses efforts pour se créer dans le commerce et l'industrie, cette
royauté des temps modernes, une autre destinée, urie fortune
nouvelle, elle retient encore ses traditions d'élégance et de goût,
elle demeure plus libérale : son industrie touche aux arts ; eUe Sê
livre aux affaires, sans s'y absorber: elle continue à .aimer les
choses de l'esprit; et quand la for lune vient la doter de quelque
institution généreuse, elle s'en empare naturellement, elle y entre
comme chez elle ; elle se retrouve.
Je n'en veux pour témoin,
que l'empressement, avec
lequel ont toujours été accueillies dans cette ville toutes les fondations propres à répandre les lumières et à rendre les hommes
meilleurs. Edification de l'intelligence ou du cœur, science ou
charité à mettre en commun, quelle grande idée vous a trouvés
indifférents'! quel bien à faire n'a pas excité votre sympathie'!
Que de fois, en vous voyant réunis en si grand nombre, partout
où l'on vous entretenait des intérêts de l'intelligence, me suis-je
senti ému et fier d'appartenir à une ville où toute parole généw
reuse trouvait tant d'échos ? Dès-lors, je souhaitais au fond du
�-
53 -
cœur, que Nancy devînf un jour, dans nos-'provinëes de l'.Est,. un
de
centres d'enseignement
où, mieux qu'àilleurs, .
ce semble, la jeunesse appelée aux fonctions}ibérales devait
ver, pour s'y préparer, Je recueillement si nécessaire aux fortes
ètudes, et aujoUrd'hui si rare.
. Voilâ ces vœux maintenant en partie accomplis. Nancy est dotée
à la fois de deux: Facu1tés. Je sais, Messieurs, que vos. désirs
vont encore au-delà. Vous aimez â espérer que dans l'avenir
une autre Ecole encore viendra prêter son appui à notre Faculté
des Lettres.
aujourd'hui, ne songeons. qù'à mériter par le
concours de nos efforts, que le Ministre . complète son bienfait;
et sacbons apprécier déjà les avantages de. l'institution actuellè.
Tout à l'heure, mon honorable col1ègue vous a laissé entrevoir
quelle impulsion nouvelle la Faculté des Sciences était. appelée à
donner aux études scientifiques en ce pays. Quel doit être .à son
tour le rôle de la Faculté des Lettres 'l quelle influence est-elle
appelée à exercer sur les études littéraires'! Il estsans doute plus
d'une personne parmi vous qui attend à ce sujet quelques expli":
cations.
Les Facultés, ainsi qu'on vous le disait tout à l'heu.re, sont ins...
tituées dans un double but. En même temps qu'elles .sont un. foyer
d'enseignement librement accessible à tous 7 elles ont mission de.
dispenser de la part de l'Etat les grades universitaires, et d,ouvrir
ainsi l'entrée des
Dès lundi prochain, commen. cera ici une session d'examen pour le baccalauréat ès lettres.
Vos fils, Messieurs, ne. seront plus obligés d'aller au loin se pré..,
senter à èes épreuves nécessaires. Mais ici même, sous vos yeux,
ils trouveront à la fois, et toutes les ressources, pour aider à leur
travail, et le titre qui en doit être le p1·ix. Ils apprendront à connaître de plus près ces examens, qui couronnent leurs études du
lycée, ou leur ouvrent la carrière de l'enseignement; ils
mieux, que désormais nulle préparation artificielle et hâtée. ne
saurait suppléer à des études régulières et sérieuses, et qu'il n'y a,
qu'un gage assuré du suecès, le travail. L'Etat, en reconnaissant
le droit sacré des familles dans l'équcationt en laissant toute liberté
aux méthodes, et en ouvrant l'enseignement à 1a concurrence,
n'a pas oublié pour cela, qu'il est responsable devant 1e pays du
�-
36 -
progrès ou de la décadence des lettres, qui sont une des plus
glorieuses parts de notre héritage national; et c'est nous, qu'il
a chargés d'y veiller, en environnant nos examens de garanties
sérieuses, et en maintenant par là le niveau des éludes à une hauteur digne de la Françe. ])lais en même temps que notre Faculté
sera pour vous, jeunes gens; comme une magistrature chargée de
vous dispenser les grades avec une prudence impartiale, vous
trouverez aussi en nous des maîtres dévoués, pour vous guider de
nos conseils, encourager vos efforts d'une voix amie, les récompenser avec bonheur; et dans nos cours, des ressources nouvelles,
pour vous préparer aux épreuves.
Car une Faculté des Lettres est en mêm,e temps destinée à
compléter l'éducation littéraire commencée da:ns les lycées. Pour
cela, elle ouvre libéralement ses cours, non pas seulement aux
hommes qui se destinent particulièrement à l'enseignement; et
prennent des inscriptions pour la Licence et le Doctorat, mais
encore, et sans distinction, à la jeunesse d'elite, qui. pense, qu'à
quelque profession que la fortune l'appelle, il est bon.d'y appor•
ter un esprit cultivé el mûri par l'étude. J'espère que la jeunesse
de cette ville saura profiter de cet avantage. L'étude des lettres,
en effet, pour être plus désintéressée que les autres études dans
son objet, n'en est pas moins utile; si elle ne conduit pas directement
comme les autres à telle ou telle carrière spéciale, elle prépare
à toutes, ou plutbt, elle prépare à la vie ; et ainsi que l'a dit
l'Empereur Napoléon I•r,atandis que les autres connaissances n'intéressent qu'un côté dé l'esprit humain, les lettres sont l'esprit
humain lui-même».
Cependant toutes ces vérités, qui autrefois auraient passé pour
des lieux communs, ont presque l'air aujourd'hui de paradoxes,
tant est grand le changement, qui, depuis quelques années,. s'est
opéré à cet égard dans notre pays. Ne nous le dissimulons pas,
Messieurs, le culte des léUres, qui avait fait si longtemps notre
gloire, s'est affaibli parmi nous; et un autre esprit n'a que trop
souvent prévalu, esprit positif, qui né mesure les choses qu'aux
avantages matériels qu'on en .peut immédjatement recueillir. Cet
de nos écoles; il
esprit du temps a pénétré jusque dans
saisit notre jeunesse au début même de la vie, pour étouffer dans
�37
-
Jeur germe ces nobles sentiments, ces amours de l'idéal, .ces :enthousiasmes de l'art et de la vertu, ces saintes chimères, si l'on
veut, qui siéent si bien à cet âge. Si l'on trouve encore quelque
part la passion désintéressée des lettres si commune en France
autrefois, ce n'est plus guères parmi nos jeunes générations. Nos
collégiens même se hâtent trop d'être à cet égard des hommes de
leur temps, et de calculer avec une maturité précoce ce que leur
rapportera chacun de leurs efforts; ils sont trop impatients, pour se
résigner à ces études deslettres, dont ils ne peuvent sentir encore la
lointaine efficacité. Ils sont pressés d'entrer dans la vie, et prennent
pour arriver plus vite le chemin de traverse; ils effleurent les études;
ils retiennent de chacune le moins possible, tout juste ce qu'il en
faut, pour l'escompter au plus tôt en diplôme; et ils se lancent
dans la carrière avec ce mince bagage. Heureux encore, lorsque
plus tard ils s'aperçoivent de cetteinsuffisance deleurinstruction,
et qu'ils ont le loisir et le courage d'y revenir.
Une autre circonstance a contribué encore à diminuer parmi
nous le goùt des lettres, en entraînant ailleurs la curiosité des .
hommes ; c'est le génie des sdences modernes, ce sont les merveilleuses conquêtes de l'industrie sur la nature. L'épopée de
notre siècle est l'histoire de la machine à vapeur, et la poésie est
aujourd'hui dans nos chemins de fer plus vites que la tempête,
dans l'électricité plus vite que la pensée. Loin de moi, Messieurs, de
médire de ces merveilles de la science moderne. Comment pourrais·
je en avoir la pensée, devant une telle assemblée, et devant l'homme
éminent, qui nous préside et donn_e ici tant d'éclat à l'enseignement
des sciences ? Bien loin d'en médire, je remercie Dieu, au contraire, de m:avoir fait assister à ces grands spectacles que l'industrie de notre temps a offerts à nos regards; mais c'est surtout,
pat·ce que j'attends de ces conquêtes de la science sur le monde
matériel, qu'en facilitant le travail de l'homme, et en ajoutant
à son bien-être, elles serviront en même temps à l'affranchissement
de son âme jusqu'alors courbée vers la terre avec son corps par
les servitudes d'un labeur sans repos. Qu'avec la richesse, l'homme
devienne donc plus libre, mais pour devenir en même temps plus
éclairé et
Que le loisir profite au développement de son
âme ; et que le fils affranchi de la terre apprenne à regarder
�58 davantage le ciel. Sursum corda. L'homme ne vit pas seulement de
pain; Si les inventions de l'industrie ne servaient qu'à accroître
en nous la soif des jouissances, et si le progrès moral d'un peuple
ne répondait pas à ses progrès matériels, prenons garde que ce
goût du bien-être ne nous devienne fatal. Il y a uri équilibre difficile à maintenir entre les choses d11 corps et les intérêts de la
pensée. Notre époque a entrevu quel chaos peut se .faire en certains esprits, quand la conscience morale venant à s'obscurcir,
l'homme, enivré de sa victoire sur la nature, a osé presque se proclamer Dieu dans son orgueil, se livrer aux plus honteuses.chimères, et sanctifier tous ses appétits. Rêves insensés ! dont le bon
sens public a fait vite justice; mais qui. n'étaient après tout que
l'exagération même des tendances matérialistes, auxquelles, tous,
nous avons plus ou moins cédé.
Aussi, Messieurs, est-ce avec une juste sollicitude, que le Gou..
vernement de l'Empereur, tout en élevant et en réglant l'enseignement des sciences, s'est si vivement préoccupé· de ranimer et
de fortifier les études littéraires parmi nous. Noble et. salutaire
pensée. Car, après la Religion, cette maitresse souveraine de
toutes les vertus, est-il rien de plus propre encore que le goût
des lettres, pour entretenir en nous la vie morale ? Philosophie,
histoire, littérature conspirent à l'envi, pour nous dérober aux
mesquines et égoïstes préoccupations de la vie journalière, élever
nos âmes vers la contemplation de vérités éternelles, et nous faire
vivre dans un commerce assidu avec les grands cœurs et les 1 plus
belles intelligences dont l'humanité s'honore. Car, qu'est-ce donc,
après tout, que ces penseurs, ces écrivains, ces poëtes, dont nous
venons vous entretenir, sinon les fils prédestinés du génie, lesquels, après s'être élevés plus on moins vers les régions divines
de l'idéal, nous en ont laissé dans leurs œuvres une splendide
image? Dans leur fréquèntation,
s'éclaire, le cœur s'épure,
l'âme s'aguerrit et sefortifie. Non, ce n'est pas impunément qu'on
vit avec ces grands hommes du· passé; ils nous associent à leurs
pensées, ils font battre nos cœurs aux sentiments dont ils furent
émus ; leur âme devient la nôtre :leur souffle généreux a passé
dans notre sein : nous vivons de leur vie, nous voudrions mourir
leur mort; et quand nous les quittons pour redevenir nous-mêmes,
�-
59 -
nous nous sentons longtemps encore agrandis par leur contact,
plus forts, plus dévoués, plus· amoureux de vérité' et de vertu.
L'écho, que leur noble parole a éveillé en notre âme, continue.enLaissons les aveugles traiter d'illusions ces raviscore à
nous, Messieurs,
sements de l'art, qu'ils n'ontjamais
qui avons éprouvé plus d'une fois les vives et d<mces jouissances
de ce commerce avec les grands esprits d'autrefois, reserrons err
de plus en plus les liens. Aimons à venir auprès d'eux oublier
par intervalles les médiocrités de la vie, à nous reposer dans ce
monde plus beau de la pensée, que nous poursuivons de nos
rêves, à nous retremper enfin, et à nous désaltérer à ces ·sources
vives de la poésie, qui semblent descendre du ciel. Puisse noh'e
Faculté devenir à vos yeux comme un asile sacré des lettres,
où vous prendrez plaisir à goûter dans le re.cueillement ces divines émotions de l;art. Certes,· les grandes œuvres de l'esprit
humain, dont noliS venons vous entretenir, peuvent trouver ail•
leurs de plus brillants interprètes, mais nulle part de plus passion ès admirateurs de tout ce qui est grand, beau et bon.
Notre Faculté comptera cinq chaires. D-I. le Ministre, dans sa
bienveillance particulière pour notre ville, a voulu que dès le
débull' enseignement littéraire y fût complet; et aux chaires de
Philosophie, d'Histoire, de LiUérature ancienne et de Littérature
française, il a daigné adjoindre une chaire pour l'enseignement de
la Littérature étrangère.
Quelques mots d'explication, Messieurs, sur chacun de ces
cours.
Si la
de l'Etat a cru devoir borner dans nos Lycées
l'enseignement de la Philosophie, qui, pour de trop jeunes esprits,
n'y avaitpas été toujours sans péril, c'était pour rendre à cette
science sa place véritable dans l'enseignementaupérieur. Ici viendront librement tous ceux qui s'intéressent aux choses de l'âme
et aux grands problèmes de la nature de rhomme et de sa destinée. Avec quel charme et quelle autorité de parole M. Lévêque
savait traiter ces .hautes questions, c'est ce que déjà vous avait
appris la renommée qui l'avait précédé en cette ville. Mais;
avant que ce maître, dont notre Faculté naissante était justement
fière, ait pu faire entendre parmi nous .Sun éloquente voix, la
�-
40
Sorbonne, qui nous l'enviait, nous l'a ravi. Nous ne. doutons pas,
du moins, qu'en son absence, 1\l.le Ministre ne lui donne un suppléant digne de lui, et qui sache par sa sagesse, non moins que pa1·
son talent, conquérir à cette chaire, ainsi que l'aurait fait M. Lévêque, l'influence salutaire qui lui appartient. Car , ,si la Philosophie excite de justes ombrages, quand, trop vaine de ses forces,
elle prétend résoudre les questions suprêmes qui dépassent la
raison, et où la voix d'un Dieu pouvait seule nous révéler ce qu'il
fallait croire, elle mérite au contraire d'obtenir tou le autorité auprès des hommes et de seconder les enseignements .même de la
Religion, lorsque, se tenant dans son légitime domaine, eUe
éclaire·des lumières naturelles de la raison tant de questions si
intéressantes déjà dans le problème de notre destinée, et nous apprend à relever nos yeux vers les éternelles vérités. - Laraison
et la foi, ainsi que le disait récemment à l'Académiefrançaise une
voix bien plus autorisée que la mienne, la raison et la foi descendent
également du Ciel; elles sontl'une ét l'autre filles de Dieu, sœurs, et
ne sauraient se contredire. A chacune sa sphère légitime : {)U plutôt,
qu'elles se prêtent l'une l'autœ un mutuel appui. La Religion,
en effet, pourrait-elle perdre de son autorité,. parce qu'elle se sera
trouvée d'accord avec une saine philosophie? N'est-ce pas, au contraire, pour nous, une force de plus, que de sentir la conformité de
]a doctrine chrétienne avec la nature humaine? En marquant .donc
à la Philosophie ses limites en face de la Foi, ne craignons pas de
lui accorder ses droits. A l'âge où les passions obscurcissent si sou;.
vent la conscience morale, que tout se réunisse, Philosophie et
Religion, pour affermir lesjeunes. gens dans le bien : que toutes ,
les voix s'élèvent pour les instruire, les exhorter, les défendre
contre les sophismes de la corruption. Assez et trop longtemps
l'Ecole et l'Eglise ont été séparées par un antagonisme funeste.
Il est temps qu'elles se donnent la main pourle salut du monde.
L'Histoire, Messieurs, est surtout la science de notre siècle.
Quelques maîtres de génie nous ont appris à retrouver, à force
d'impartialité et d'érudition, la vérité du passé. Replacés dans
l'horizon de leur temps, les événements d'autrefois nous ont apparu avec une physionomie nouvelle. Le génie des divers peuples,
le sens de leurs institutions, l'esprit des faits s'est manifesté de plus
�-U
en plus ; on a mieux connu, mieux compris le secret des siècles
écouÏés. L'histoire a dù prendre donc aujourd'hui une grande
place dans nos études. Déjà depuis longtemps cet enseignement a
été organisé dans nos Lycées sur de larges bases. Mais là èncorê,
il faut bien que le maitre. se proportionne· à l'âge de ses élèves.
C'est ici que cet enseignement iloit s'achever, en reprenant devant
des esprits préparés déjà, et déjà mûris par la réflexion et par la
vie, cette étude du passé, mais, pour pénétrer .plus avant dàns la
pensée intime· des événements, en suivre l'enchaînement mystérieux, et apprécier les circonstances qui ont influé sur la marche
de la civilisation: Le professeur, cette année, en vous rappelant à
l'histoire de Rome, s'attachera surtout à y étudier les révolutions
d'opinions, les luttes des partis, la transformation des mœurs publiques et du caractère national, qui ont entraîné la ruine de la
République et préparé l'étal:ilissement de T'Empire. Ne dédaignons
pas, Messieurs, cette histoire de Rome, parce qu'elle a ètonné et
charmé notre enfance. Ne nous plaignons pas que les Grecs et les
Romains continuent à régner dans nos écoles et nous détournent ·
de l'histoire de notre pays. Ç'a été le privilége de ces peuples prédestinés, de n'avoit· pas vécu seulement pour eux-mêmes, mais
pour le genre humain, et de rester à jamais l'enseignement du
monde. Ils sont nos vrais ancêtres dans la civilisation>' et leur histoire est déjà notre histoire nationale.
Nos·autres chaires appartiennent à l'enseignement des Lettres
proprement dit. L'une est consacrée aux Lettres antiques, grecques et latines, l'autre aux Let!res françaises, et la troisième à la
Littérature étrang·ère, Les deux premières s'appellent mutuellement. S'il est une nation mo deme, en effet, qui ait particulière-'
ment revendiqué l'héritage de l'antiquité classique, et qui ait justifié de sa prétention par l'éclat avec lequel elle en a repris la
grande tradition, c'est la France. A nous l'honneur d'avoir continué la Grèce et Rome, et d'avoir eu, commê la Grèce et Rome,.
une littératurè qui n'appartient pas seulement â uotre nation, mais
au monde entier. Là sont nos origines, nos modèles , nos inspirations; et nous cesserions de comprendre les œuvres de notre
littérature nationale, si nous laissions se rompre la chaîne de la
tradition
�_.; 42 """"'""'
Cette. année, Je. professeur de· Lettres ancienne•, remontant
jusqu'au berceau de la Poésie helléniqùe, dont il recherchera les
mystérieux rapports avec la Poésie sacrée dé l'Inde, s'arrêtera
SJirtout aux immortelles épopées d'Homère. Puis, de là, suivant
le libre et naturel développemenl de l'art en cette terre aimée des
Muses, il étudiera les religieuses origines du.drame en Attique et
ses. grandes productions. C'est à ce jeune maitre, Messieurs, qu'il
appartient surtout, entre nous tous, de montrer combien aujour-.
d'hui encore le séjour de la Grèce peut féconder l'étude de ses
antiques monuments. Car c'est en.Grèce qu'a commencé ce con··
cert d'études communes et d'amitié entre nous toùs, .que le Ministre, par une faveur spéciale·, a daigné réunir ici de nouveau,
comme en une autre Athènes, pour nous associer en un commun
enseignement. Mais M. Burnonf a prolongé plus que nous tous
son séjour dans cette patrie des arts, commentant avec les lieux
les œuvres des poëles, et apprenant ài mieux saisir la secrète harmonie du génie d'un peuple et de ses productions avec la nature
du pays où il a vécu. Ses leçons, partagées entre .des expositions
entièrement littéraires. et l'interprétation.· des textes mêmes ·des
auteurs anciens, s'adresseront, non pas seulement â ceux qui viennent se préparer ici â I'enseignemént; mais .à tous ceux encore .
dont la studieuse jeunesse
éprise pour tous ces doctes et ai"
mab1es génies de. l'antiquité, qui sont en possession depuis tant
de siècles d'instruire et d'enchanter la terre. Ils apprendront ici à
goüter davantage, dans son heureuse et puissante originalité, cet
esprit Grec, qui d'instinct a trouvé le beau dans tous les genres,
et laissé aux arts d'inimitables modèles. Rome apparaitra à son
tour, s'appropriant comme une conquête la civilisation de la Grèce,
]a transformant selon son fort et orgueiUeux génie, la portant avec
ses armes jusqu'aux extrémités du monde, et laissant partout une
empreinte si puissante de sa pensée que toute notre vie moderne
en est encore pleine.
La chaire de Littérature française ne .fera presquê que continuer
cet enseignement. Car,
la Renaissance surtout, notre Littérature. s'est développée sous la double inspiration de Ja pensée
chrétienne et de l'art antique, qu'elle est parvenue à réconcilier
dans une incomparable harmonie. C'est au glorieux siècle de
�..._ 45 Louis .XIV principalement què je. m'arrêterai, en toute occasion,
avec plus de :complaisànce. Rien n'égale encore,
effet, dans
l'histoire du monde, cet· admirable concert de grandes œuvres et
de beaux génies. Il faut y revenir avec ardeur. Car, peut-être, le
culte s'en était-il un peuatfaibli parmi nous;' àtfadis et gâtés par la
lecture malsaine des œuvres contemporaines, peut-être ne goutionsnous plus assez ces forts et sévéres ouvrages qui font tantd'honneur
à Ja'nature humaine. Retournons à. ces maîtres de la vie; réapprenons à les comprendre, â les sentir, à les aimer. Pour moi,j'en
sens si vivement le besoin que, dès cette année même, oû le Moyen
Age doit faire
principal de mon enseignement, j'ai voulu
néanmoins réserver déjà une place à des lectures et à des études
choisies dans les œuvres du grand siècle. J'y consacrerai parti cu ..
fièrement ma conférence dn mardi. Le samèdi
aura lieù
la leçon d'Histoire littéraire, dans laquelle je me propose de vous
exposer cette année le développement des Lettres françaises depuis la fin du XI• siècle jusqu'à la Renaissance. Car aujourd'hui,
Messieurs, grâce à de doctes recherches, lé 1\'loyen Age nous est ·
rendu. Relégué longtemps dans les ténèbres de la barbarie par les
injustes dédains du XVIe siècle, éclipsé par les splendeurs du
insulté et méconnu par le XVIII•, il a reparu, â notre époque impartiale, dans toute sa grandeur. Dans cette poussière du passé,
sous des formes et â travers une langlie qui étonnent d'abord notre_
goût classique, on a retrouvé toute une littérature, toute une civilisation, avec ses livres de science, dlhistoh·e, d'art et de poésie;
on a reconnu que le siècle de saint Louis avait étè pour le Moyen
Age ce qu'est le siècle de Louis XIV pour les temps modernes;
Aussi, désormais, n'est-il plus possible de faire l'histoire des
let!res françaises, sans remonter au moins à l'époque des Croisades et de Philippe-Auguste.
·
La chaire de Littérature étrangère complète cet enseignement
de notre Faculté : complément désormais indispensable.· Car, le
temps n'est plus, où la France, trop fière de son génie, affectait
d'ignorer et de dédaigner tout ce qui se faisait à l'étranger, où
Voltaire traitait Shakspeare de sauvage ivre, et souhaitait aux
Allemands plus d'esprit et moins de consonnes. Il était plus corn;.
mode pour notre vanité de mépl'iser, que de èonnaî.tre. Mais au-
�44 jourd'hui, que les barrières des peuples se soni abaissées, et
qu'au delà de notre horizon, de nouveaux mondes de la pensée
se sont ouverts pour nous, nous avons appris, après un premier
étonnement, à mieux juger un génie autre que le nôtre, et à go:ûter
avec une sympathique admiration les œuvres étrangères dans leur.
originalité. L'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, où le succès de nos
armes nous a tour à tour entraînés, nous avaient montré leurs
richesses littéraires : et cette conquête du moins nous devait demeurer. Car, si les armes reprennent souvent ce qui a été pris
par les armes, les conquêtes de la pensée n'out point de retour.
Depuis 1815, eu etret, les littératures des divers pays de
rope occidentale ne forment plus qu'une seule littérature, mais
où c'est toujours l'ambition et l'orgueil de la France de garder le
premier rang. Désormais donc, l'étude des langues et des littératures f:trangères devait tenir une large place dans
ment public. Et je ne doute pas que le jeune maître, à qui celte
chaire a été confiée, et qui y débute sous les auspices d'un nom "'
illustré déjà par son père, d'ans ce genre d'études,· n'assure ici
un succès dùrable à cet enseignement si varié et si curieux.
M. Mézières commencera celte année sa revue des littératures
étrangères par l'Italie, en s'attachant à l'histoire de la poésie ita...:
Henne, depuis la renaissance jusqu'à la fin du XVIII• siècle, et
en marquant surtout l'influence, qu'ont exercée sur son brillant
développement les lettres et les arts retrouvés de l'antiquité. La
Littérature italienne avait droit au premier hommage du jeune
, professeur. A son retour de Grèce, l'Italie a longtemps arrêté
M. Mézières: c'est la patrie de prédilection de se.s études. La
poésie italienne, d'ailleurs, est la première dont la France ait,
subi l'influence. Car c'est l'Italie qui, dans le réveil des arts au
XV• siècle, a devancé tous les peuples de l'Europe, en les éblouissant de ses splendeurs.
Tel est, Messieurs, dans son ensemble l'enseignement que
notre Faculté offrira â la jeunesse de ce pays? Puisse-t-il ne point
rester au-dessous de votre attente, et justifier par son succès les
espérances que vous avez fondées là-dessus, et l'empressement
gÇnéreux.
nos Magistrats municipaux à solliciter cette institution du Gouvernement, et à la doter d'une façon si libérale.
�Nous nous mettons du moins à l'Œuvre avec ardeur; mais nous
vous demandons, à tous en même temps, votrè bienve.illante coopé·
ration. L'Etat et la ville ont fondé l'établissement; mais c'est à
nous maintenant à fonder l'enseignèment, à nous tous, auditèurs
et maîtres. Car cette tâche est en commun, et nous nous devons
un mutuel et assidu concours. Pour nous, vous nous trouverez
toujours prêts à multiplier nos efforts, pour seconder les études
d'une jeunesse laborieuse; mais nous aimons aussi à compter sur
elle. Qu'une Université ici ne soit pas une vaine parure. pour la
vanité d'une ville, mais une institution efficace, qui porte de
vrais fruits. Quant à moi, j'ai foi dans notre avenir. Aussi, dés que
nos Facultés de Nancy ont été décrétées, n'ai-je pas hési(é à
rompre des liens anciens et chers, qui m'attachaient à l'Ecole
normale et à la Faculté de Paris, pour venir m'associer à cette
œuvre patriotique. Enfant de Nancy, élève de son Lycée, il m'est
doux, après hien des années, de rentrer au milieu de vous; et ce
n'est pas sans émotion que je me retrouve dans cette salle, où je
venais, écolier, recueillir mes premières couronnes, et devant les
hommes qui ont guidé mes premiers pas dans la vie, et m'ont ·
toujours suivi au loin de leur pieuse sollicitude. L'accueil qui
m'attendait ici a dépassé en-core mon espérance, et profondément
touché mon cœur. Mon vœu est accompli, de venir poursuivre
désormais ma carrière aux lieux où elle a commencé. J'ai reçu
ici les premières semences d'instruction ; aujourd'hui, que la maw
turité est venue pour moi, je voudrais, dans ma reconnaissance,
'\'OUS rapporter une plus ample moisson; mais telle quelle, je suis
heureux du moins de vous consacrer désormais, Messieurs, toutes
mes études et toute mon ardeur.
�
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1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
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Title
A name given to the resource
Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Discours du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
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6cbe088d9612e7a37d54dc8faae02707
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
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Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
"
Ce" fichier" numérisé" est" le" fruit" d’un" travail" collaboratif" coordonné" par" le" Laboratoire"
d’histoire"et"de"philosophie"des"sciences"–"Archives"Henri"Poincaré"(UMR"7117"Université"de"
Lorraine"/"CNRS)."Les"partenaires"institutionnels"sont"les"suivants":""
! Direction"de"la"Documentation"et"de"l’Edition"(Université"de"Lorraine)"
! Institut"François"Gény"(EA"7301"Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"des"Sciences"(Université"de"Lorraine)"
! Décanat"de"la"Faculté"de"Droit"Sciences"économiques"et"gestion"de"Nancy"(Université"
de"Lorraine)"
! Maison"des"sciences"de"l’homme"Lorraine"(Université"de"Lorraine)"
! Bibliothèque!médiathèque"de"Nancy"
"
Cet"ouvrage"numérique"est"proposé"gratuitement"en"l’état."Sa"réutilisation,"sa"reproduction"
et"sa"rediffusion"sont"régies"par"la"Licence"Ouverte"/"Open"Licence"élaborée"par"la"mission"
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n’étant" pas" encore" tombés" dans" le" domaine" public," les" responsables" de" ce" site" web"
s’engagent"à"retirer"tout"document"faisant"l’objet"d’une"réclamation"d’un"auteur"ou"d’un"de"
ses"ayant!droits."
"
"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��+-
DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. EDMOND SIMONIN, DIRECTEUR DE L'ÉCOLE
DE MÉDECINE ET .DE PHARMACIE.
MoNSIEUR LE
REcTEua,
MONSEIGNEUR,
1\IEssmuns,
L'usage veut que, lors des séances consacrées uniquement à
l'instruction !supérieure, les Directeurs des Ecoles de médecine et
de pharmacie résument les faits intéressants qui appartiennent à
l'ordre _de la médecine. Mais avant de faire cette courte exposition, j'ai un devoir à remplir. Je dois adresser à M. Faye,
Recteur de l'Académie de Nancy, l'expression de la reconnaissance de l'Ecole pour le bien que sa haute position lui a permis
d'y réaliser, lui offrir l'assurance des sentiments de gratitude
des professeurs, pour la bienveillance qu'il a témoignée à chacun
d'eux, et le remercier personnellement d'avoir bien ,·oulu continuer avec le Directeur de l'Ecole, les rapports auxquels, depuis
plusieurs années, la bonté de MM. Caresme, Guillemin et Percin
l'avait habitué.
Après les deux discours qui ont marqué si nettement un point
·de départ dans le professorat de plusieurs parties du haut enseignement, je dois à mon tour indiquer, comme faits principaux,
les modifications 'générales qui viennent d'agrandir et d'élever
�48
la mission de toutes les Ecoles de médecine, et .faire conn ait re
surtout la transformation spéciale de l'Ecole de Nancy, rendue
possible par la création de la Faculté des Sciences de notre Académie. Après l'exposition de ces faits importants qu'une heureuse
coïncidence permet de solenniser dans cette réunion qui a pour
but d'inaugurer un nouvel avenir dans toutes les branches de l'enseignement supérieur,je devrai encore vous signaler les résultats
les plus sérieux et les plus récents de l'enseignement médical qui,
sous des titres divers, et avec des fortunes diverses, subsiste
depuis plusieurs siècles dans notre contrée.
Toutes les Ecoles de médecine et de pharmacie vont prendre
une importance et une vie nouvelle, par suite des prescriptions
du décret du 22 août dernier qui transporte, des jurys médicaux,
à ces établissements Je di'Oit de délivrer les certificats d'aptitude
pour les professions d'officier de santé et de pharmacien de
conde classe, pour celles de sage-femme et d'herboriste du second degré. La loi du 10 mars 1805 avait établi les jurys des
départements sous la pression d'impérieuses nécessités sociales ;
mais leur raison d'être ne pouvait se légitimer, après .quarante
années, en face de l'heureux développement donné à l'enseignement médical, par la création de ces annexes des Facultés de
médecine et des Ecoles supérieures de pharmacie, qui, connues,
dès 1806, sous le nom d'Ecoles secondaires de médecine, re.;
çurent, en 1840, le titre d'Ecoles préparatoires, dénomination
qui ne peut subsister longtemps encore, puisqu'elle ne se trouve
pas en harmonie avec les réformes radicales opérées par le
récent décret.
Dans une lettre (1}, à laquelle j'ai déjà emprunté plusieurs expressions, Son Excellence le Ministre de l'Instruction publique
et des Cultes,
de la manière suivante, l'institution des
anciens jurys. «Non-seulement cette institulion"tdevenait inutile,
mais elle créait une position singulière et fâcheuse à nos Ecoles
qui, chargées de l'enseignement médical et pharmaceutique, se
trouvaient privées du droit de vérifier l'aptitude de ceux qui aspirent à pratiquer la médecine et la pharmacie. Il appartenait à
ces écoles de maintenir et d'élever par l'enseignement le niveau
des connaissances médicales ; de répandre et de sanctionner lés
�49
meilleures méthodes, les plus saines doctrines, les .Pratiques les
plus sùres, et il ne leur appartenait pas de juger si ceux aux mains
de qui doit être remisela santé publique possèdent des connaissances offrant des garanties suffisantes.
Les nouveHes dispositions du décret font' cesser cette situation
anormale. Elles restituent aux Ecoles préparatoires une miss.ion
pour laquelle elles sont si compétentes, et ces dispositions ne
peuvent que profiler à l'art médical lui-même. En rattachant
cessairement la direction des épreuves pour la délivrauce des
grades à la direétiou de l'enseignement, elles impriment à ces
épreuves un caràctère d'unité qui les rendra plus sérieuses et
Iem· donnera plus de valeur. ,
ltlessieurs, je me hâte de le proclamer, ce décret, qui
donne une entière satisfaction à la logique, avait déjà reçu dans
noJre département une grande partie de son exécution. Depuis
longtemps le hon. sens général amenait à des études réelles,
sérieuses et publiques les candidats qui, aux termes de la loi dé
1.805, eussent pu motiver sur des certificats illusoires de pratique
leur comparution devant les examinateurs. Quant aux. membres
des jurys, ils étaient
choisis par l'autodté supérieure dans
le sein de l'Ecole de médecine; ils furent, pendànt bien des
années, nos maîtres avant que nous devinssions leurs èollègues, .
et la préoccupation constante qui les dirigeait, ainsi que les mem. bres qtti leur étaient adjoints, n'avait pour but que le bien public.
Aussi, à la veille de leur succëder, n'avons-nous qu'un seul
désir, c'.est celui de les imiter.
Au moment où les Ecoles de médecine et de pharmacie sont
investies du droit de conférer des grades définitifs, l'Ecolê de·
Nancy twuve, dans l'établissement de nos Facultés, un nouveau
moyen de sucèès pour les études et, peut--être aus.si, un nouvel
espoir pour l'avenir.
.
Cette récente création des Facultés donne une satisfaction, déjà,
hien vive, à.des désirs constants et que la tradition d'un passé
glorieux sèmble légitimer, de voir renaître, tout entière, notre
ancienne Univel!Sité, avec les modifications que doivent lui apporter, à la fois, et la tolérance, qui de nos jours élève si haut
dans l'estime publique les convictions religieuses, et les transfor-
4
�tiO
mations opérées dans l'étude des le Ures, dans celle ·du droit et
surtout,dans les travaux scientifiques.
Ne peut-on pas dire, aussi, pour justifier ces désirs, que dans
toute grande nation les diverses contrées, bien que réunies par les
liens puissants d'affection et d'unité complète de vue, diffèrent,
sous le rapport intellectuel et moral, comme sous le rapport physique,· et que des aptitudes diverses des populations résultent,
nécessairement, des goùts et des besoins différents ?
Oserai-je, devant un grand nombre d'auditeurs intéressés, ten·
te.r l'application de cette vérité à notre sol natal? Permettez-moi
de l'essayer, car si l'amour de l'impartiaLité et l'habitude des re-·
cherches qui appartient au professorat médical peuvent empêcher les illusions de l'orgueil, lorsque l'on tente de suivre le
précepte antique de se connaitre soi-même, à plus forte raison,
peut-on espérer de se préserver de l'erreur lorsque, au point de
vue physiologique et psychologique, l'on veut rechercher les traits
qui caractérisent l'esprit ou le génie propre à toute forte nation,
ou à l'une des parties importantes de son territoire.
L'esprit, dans les contrées qui furent la Lorraine, diffère, réel·
lement, du génie spécial aux: régions qui nous entourent, et il ne
faut pas être un observateur bien atténtif pour se convaincre
qu'il constitue une forme particulière de l'intelligence, placée,
comme transition, entre les formes que l'on rencontre au midi, et
celles qui dominent dans les contrées du nord. Cet esprit impropre, en général, à produire les brillantes et rapides .étincelles de
la pensée, qui, trop souvent, trompent l'OI·eille, comme l'œil du
voyageur est égaré par les lueurs fugitives, émanées des terrains
sans consistance, parfois pernicieux: et que la culture fait disparaître de jour en jour; ne se berce point, non plus, dans les rêveries qui semblent les produits de cerveaux souffrants, quand
elles ne sont point régularisées par une intelligence supérieure et
ramenées par elle à la réalité que le sens humain général a re·
connue. Identifié avec les sentiments les p1us vifs du cœur, mais
dont l'expression est toujours maintenue en de sages et fermes
limites, dirigé, sans cesse, par le mâle sentiment du devoir et de
la moralité, cet esprit me paraît, parmi les nombreuses définitions,
mériter celle de raison enjouée qu'a formulée M. Ampère.
�.N'est-ce point ce tempéràment particulier de l'esprit, dont la
ftoideur apparente donne la certitude de la sûreté et de la durée
des rapports sociaux, qui est l'origine d'une· certaine défiance, à
J'occasion de succès trop subits,. et de cette aspiration constante.
vers ce qui est vérité,. vers ce qui est hien et. vers ce qui est
beau, .à laquelle nous devons rapporter la naissance de toutes les.
associations littéraires, scientifiques, et artistiques,. et de ces
saignements nombreux et divers qui, dans nos contrées, ont établi
un trait d'union entre le passé éloigné de plus d'un
·
et un avènir devenu, en ce moment même, en partie, le présent.
N'est-ce point cette forme spéciale de Vintelligence qui a motivé.
cette aHianc.e heureuse, et toujours subsistante entre les esprits distingués, pour repousser la tendance contagieuse à se priver des
plaisirs de l'esprit et à remplacer ces nob1es, pures et saines jouissauces par des plaisirs plus sensuels, par le confortable sans distinction et par le luxe inintelligent. Doit-on s'étonner du désir ardent de
voir se rouvrir un sanctuaire des lettres dans un pays où chacun
connait les vers de Gilbert, dans une contrée où des élèves de
Itlichel Ange doivent à leur ciseau une immense renommée, et
qui fut la patrie de ce gt·and paysagiste, dont le nolll a été changé,
par le monde entier, en celui du Lorrain. Doit-on être surpris de
la noble ambition d'ajouter de nouvelles
scientifiques
aux travaux sérieux et utiles qui rappellent bmt de noms de
savants dont ]a liste ouverte, depuis bientôt frois siècles, par le
nom de Charles Le Pois se termine, aujourd?hui, par celui de.
M. Alexandre de
Pour ne point sortir de l'objet de cette,
cérémonie, destinée aux lettres et aux sciences;,je n'évoquerai
point les souvenirs qui, parmi nous, s'attachent, aussi, a.ux études
théologiques, ct aux études du
illustrées, de nos jours, par
des noms prononcés dans une solennité toute récente et qui
vibrent encore à nos oreilles charmées (2).
L'Ecole de médecine, vous le savez, Messieurs, s'est associée,
constamment, aux efforts que je viens de rappeler et dans ces der.,.
nières années elle a, volontairement, ajouté à ses travaux une
partie de l'enseignement d'une Faculté des Sciences dont elle
cherchait, ainsi, à préparer la venue.
Mais nous devons l'avouer, dans celte lutte de toutes les corn ..
�o2
;p·agnies et de lous les èorps savants, pout con$erver intacles de
recommandables traditions locales, pour satis-faire aux périlleuses
exigences du moment, tout en se préoccupant des succès futurs,
les travailleurs ressemblaient à une troupe peu nombreuse, se
tenant constamment sur la défensive, réparant; sans cesse, des
brèches incessamment reproduites, changeant d'armes et de but,
et se portant, sans relâche, d'un point à un autre pour ne céder
nullè. part. Désormais les conditions du· combat seront changées;
grâce à l'arrivée de puissants auxiliaires dont noils saluons la
venue avec bonheur, et avec l'espérance que l'affection· se joindra, bientôt, à l'estime et à Ia sympathie qu'ils ont déjà inspirée;
Tandis que l'une de nos Facnltés aidera lès littérateurs à sur..:.
monter les obstacles dans la route qu'ils ont déjà suivie, l'autre
affermira le drapeau de la science que l'Ecole de médecine a
.atboré et qui a couvert ses récents succès.
L'initiation d'une nombreuse jeunesse àux secrets des d·écouvertes scientifiques n'est pas Punique service que la Faculté est·.
appelée à rendre parmi nous. Le décret du 6 décembre f 854
qu'il ne faut pas séparer du décret du
aoitt, en réorganisant l'Ecole de médecine détermine entre elle et la F acuité une
fusion tellement intime que les deux enseignements, n'offriront
plus, en !J.Uelque sorte, à nos élèves qu'un seul· et vaste pro·
gramme d'études, au lieu de deux programmes ordinairement
séparés. Le doyen de la Faculté des Sciences a, tout à l'heure,
des- faits dont je ne dois plus répéter les détails; mais je
ne puis passer sous silence les conséquences sérieuses d'une
transformation qui, sanctionnée depuis hier par l'Empereur, a
placé l'Ecole de Nancy dans les conditions·heureuses, et enc-ore
exceptionnelles, où se trouvent, depuis peu; les Écoles de Lyon
et de Bordeaux. Cette transformation permettra le développement
de plusieurs de nos cours et la création de sources nouveUes. d'instruction pratique, par suite de la cession d'une partie de l'enseignementscientifique faite aux professeurs de la Faculté devenus,
ainsi, de nouveaux collaborateurs de l'E11ole de médecine, au
moment où Je décret qui a été lu tout à l'heuœ assure la valeur
et la continuité de ses travaux, en lui donnant le droit de porter
de dix à quinze le nombre de ses professt'urs (5).
�-
!)5
de nos cours ne subiront aucune modification.
Cinq cliniques seront ouvertes aux éléves cette année, comme
pendant les années précédentes, et huit autres cours seront destinés à l'anatomie théorique et pratique et à la physiologie, à la
pathologie chirurgicale et à la médecine opératoire, à la pathologie interne et aux accouchements. Les nouveaux résultats
décrétés en faveur des éléves seront dus à la transformation im.médiate de la chaire d'histoire naturelle et de matiére
et à celle de la chaire de chimie.
Dégagé d'une partie de ses devoirs, autrefois trop nombreux,
le professeur de matiére niédicale et de thérapeutique pourra
donner à son nouvel enseignement le développement et l'impor,tance que réclame un cours dans lequel le professeur, en faisant
connaître tous les produits qui sont convertis en remèdes, doit
développer l'intelligence de ses auditeurs, par des appréciations
de haute pratique, et par des considérations philosophiques, et
leur prouver que si la puissance du médecin peut être très-efficace dans la cure de certaines maladies, cette puissance a,
fois, des limites infranchissables, qu'elle doit être invoquée plus
rarement qu'on ne le croit, et, toujours, pour favoriser l'action
des lois qui régissent l'économie humaine, au même degré que les
lois qui président à l'ordre de l'Univers. Un de nos collègues, qui
s'est acquis une haute considération dans le cours de chimie,
devra à la modification de cé cours, transformé en chaire de toxicologie et de pharmacie, de pouvoir initier les élèves à ces études
sévères qui élèvent la médecine à la hauteur d'un tribunal sans
appel et qui, lors de débats solennels, font passer dans l'esprit
des jurés la conviction qu'elles ont inspirée à la conscience des
magistrats. Cette transformation de l'enseignement crée aussi un
cours nouveau de pharmacie, en faveur d'une catégorie nombreuse
d'élèves que le décret du 22 éloùt appelle, pendant plusieurs
années, dans les Ecoles de médecine, afin de faire participer,
désormais, tous les éléves en pharmacie, sans exception, aux
bienfaits de l'enseignement supérieur.
En remettant plusieurs parties de l'instruction scientifique aux
professeurs de la Faculté, l'Ecole ressent la satisfaction de voir
cet enseignement assuré, ct mis à l'abri de toute éventualité
�-
-
fâcheuse, parla libéralité de l'Etat répondant, ainsi, heureusement
au bien réalisé par le conseil municipal, et dont l'Ecolè de médecine aime a exprimer sa vive reconnaissance.
Si nos élèves ne peuvent guère concevoir l'espérance de s'occuper tous de l'objet du cours du, savant membre de l'Institut
qui nous préside aujourd'hui, ils devront tous assister, àssidûment, aux leçons de chimie, aux répétitions et aux manipulations qui doivent les faire fructifier; tous devront suivre Jes
herborisations et le cours d'histoire naturelle, que nous voyons,
avec plaisir, professé de nouveau par notre ancien Directeur,
et beaucoup d'entre eux iront chercher aux démonstrations de
' physique le complément de l'instruction déjà
dans les
lycées.
Beaucoup aussi, faime à le penser, puiseront, dans les divers
cours de la faculté des Lettres, une connaissance plus approfondie de l'histoire et des œuvres de l'antiquité et des temps modernes, aborderont sérieusement l'étude importante de la philosophie h·op négligée, et pourront, ainsi, perfectionner en eux, au
profit de leur existence entière, ce sentiment divin et poétique
de l'idéal qui empêche l'humanité de s'abaisser à la seule satisfaction de ses intérêts matériels, et qui, dans la littérature et
dans les sciences, comme dans les arts, élèv.e l'homme vers
Dieu, principe unique· et but unique de ses efforts.
Aujourd'hui, je ne vous retracerai pas les faits scolaires de
!1année qui vient de s'écouler. La proclamation des prix,. des
.mentions honorables et des résultats de plusieurs concours vous
prouvera que
les éleves ont mérité les récompenses .attribuées à l'assiduité et au travail, et j'ai hâte de vous signaler des
faits plus intéressants, parce qu'ils se rapportent aux services que
rEcole et ses élèves ont eu le bonheur de rendre à notre contrêe.
Lorsque les cit·constances politiques dans lesquelles le pays est
si noblement engagé, motivèrent le départ pour nos armées d'un
grand nombre de chirurgiens, dix de nos élèves furent chargés
par l'Intendance de remplacer nos confrères dans les hôpitaux
militaires. Mais c'est à l'occasion d'un malheur public que je dois,
surtout, vous signalerle dévouement que le .choléra a fait éclater
pàrmi nos élèves, au profit des malheureux. malades.
�Lorsque le fléau asiatique vint étendre ses ravages snr un grand
nombre de communes de notre département et des. déparlemélits
voisins, le personnel médical ne put suffire, pour porterpartout, et
au même instant, les secours qui étaient réclamés par des populations livrées à l'anxiété la plus vive.lli. le Préfet de la Meurthe et
les hauts fonctionnaires de la fi'Ioselle et de la Meuse, firent appel
à l'humanité des élèves de l'Ecolè de Nancy et leur confiance ne
fut pas trompée. Dans une seule matinée, presque tous les élèves,
dont le temps d'études offrait une garantie suffisante d'instruction,
se firent inscrire et je dus, à regret, éloigner de cette liste honorable les élèves, qui, trop nouveau-venus, n'avaient généreusement consulté que leur zèle. II fallait, en effet, présenter à la
confiance des populations, non-seulement des hommes capables
de formuler un bon avis, mais ayant en eux la puissance suffisante pour le faiJ·e exécuter sur le champ, et pour se créer,
scientifiquement, les protecteurs de plusieurs milliers de malades
qui, habituellement, reçoivent des soins de personnes très-honorables, mais étrangères à l'art médical, on qui sont dirigés par
tous ceux qui ont intérêt à profiter des erreurs de· jugement que ·
nous voyons se succéder sans relâche, sur tous les degrés de
l'échelle sociale, sans exception, comme paur prouver à l'homme
si vain de son intelligence, que cette intelligence n'arri\'e que
bien rarement à être complète. MM. les élèves, avant leur
missions, avaient étudié dans les cliniques tous les éléments connus de la question du choléra; ils partaient munis
d'instructions écrites, et, à leur départ, ils recevaient de plus
d'une bouche amie, les conseils qui pouvaient leur rendre moins
dangereux les divers écueils qui devaient, nécessairement, se
présenter, au début de leur pratique et au milieu de circonstances aussi exceptionnelles. 1\lais, du jour au lendemain, quelle
transformation devait s'opérer chez ces jeunes praticiens ! que de
nouvelles et rudes habitudes à contracter, sur le champ, dans
des localités ignorantes de tout bien-être, pauvres et d'autant
plus éprouvées ! que de fatigues du jour succédant, sans transition aucune, à la'vie calme des études! que de nuits consacrées.
aux nombreux actes du devoir, et au lieu de ce devoir sans
combat, et offrant un vif intérêt sans causer de fatigues, tel que
�les cliniques régulières des hôpitaux en offrent l'exewple journalier, que de discussions banales à subir, que de préjugés surprenants à surmonter, que de volontés inintelligentes à vaincre,
dans la seule vue de produire le bien ! Puis,- quel tris le spectacle
que celui d'assister, sans retraite possible, aux morts qui marquaient chaque heure ; et au milieu de ces efforts, soutenus non
pendant quelques jours, mais pendant plusieurs semaines, mais
pendant plus d'un mois, que d'illusions tombées à la lumière qui
venait, brusquement, 'éclairer les parties les plus cachées et les
moins nobles. du cœur humain ; que d'angoisses aussi, que de
chagrin, quand , après l'emploi des moyens qui paraissaient
avoir décidé les premiers succès, survenaient les revers qui révélaient 1'intensité de la cause du mal! Sans doute,
les élèves, vous que votre récente pratique vient de rapprocher
plus intimement encore de vos maîtres, par ce grave enseignement des faits sérieux que vous avez souvent dirigés, mais qui,
plus souvent, vous ont démontré l'impuissance de l'homme en
face des grands fléaux qu'il n'a pas eu la volonté ou la puissance d'éviter; sans nul doute, en écoutant les conseils que nous
formulions, d'une manière si positive, à votre départ, vous étiez
loin de supposer l'étendue de votre dévouement et quel serait le
poids de vos fatigues d'esprit et de vos fatigues physiques.
Aujourd'hui, vous comprenez combien vos professeurs devaient
vous suivre d'un œil inquiet et interroger tous vos actes pour
savoir si, à côté de votre science acquise, se trouveraient les
qualités du caractère qui devaient la rendre féconde, et le 'ressort
de l'âme qui permet de dominer les situations; pour savoir éga ..
lement si votre organisation physique aurait la trempe suf.fisanle
pour résister aux fatigues que plusieurs années de noviciat ne
font point toujours surmonter.
A mon premier appel, vos familles vous avaient envoyés, sans
hésitation, des extrémités de départements voisins, souvent même
sans connaître les localités qui devaient être le théâtre de vos
généreux efforts. Plusieurs. d'entre vous partaient, bien plus
souffrants que certains malades dont ils allaient relever le moral,
et quelques autres, forcés, au milieu de leur mission, de s'avouer
vaincus par la maladie, quittaient, après quelques heures ou
�n7
après quelques jours, leur lit de malade et retom:naienLàleur
poste si honorable, mais si périlleux. Vous ne doutez pas, aujourd'hui, de la secrète anxiété que nous éprouvions, en nous demandant, tout bas, si tous vous reviendriez de cette véritable campagne,
où par ces sentiments du devoir qui, en ce moment, unissent,
d'une extrémité de l'Europe à l'autre, tous ·les cœurs français, et
par des efforts moins brillants mais tout aussi patriotiques, vous
alliez vous associet· aux héroïques faits d'armes et aux nobles
actions de la chirurgie militaire de notre armée d'Orient.
Grâce à Dieu, votre dévouement n'a point coûté de larmes,
et cependant le succès de vingt-sept missions officielles a été
aussi complet que la nature grave et exceptionnelle des choses
permettait de l'espérer (4).
Je ne puis, Messieurs les élèves, citer ici vos noms, car j'ai
trop à dire à votre louange. Vous connaissez déjà la haute opinion que vos actes ont inspirée à vos professeurs; mais vous
ignorez encore combien votre tact, votre intelligence, votre dévouement, et je dois ajouter votre courage et votre- désintéressement, ont été appréciés des populations auxquelles vous avez, si
rapidement, apporté confiance, espoir et secours. De toutes parts,
des expressions de vive reconnaissance me sont parvenues. Les
administrateurs de tous ordres ont signalé combien votre présence au milieu de leurs administrés, laisserait de longs et honorables souvenirs. De hauts fonctionnaires se sont fait un devoir,
je cite ici leurs termes, de m'adresser des remercîments et de me
faire connaître leur entière satisfaction de vos bons services. Les
administrateurs de nos hôpitaux se sont associés à ces démonstrations, et M. le Préfet de la Meurthe s'est plu, dans un rapport
général, à exprimer tous les sentiments que votre dévouement a
fait naître en lui.
Le Gouvernement, je n'en doute point, ne laissera pas ces services sans récompenses, et, déjà, des propositions ont été transmises à S. Exc. le Ministre de l'instruction publique et à S. Exc.
le lUinistre de l'agriculture et du commerce. 1\:lais, Messieurs les
élèves, ce serait abaisser le carac(ère de votre mission, pendi}nt
l'épidémie du choléra, que de chercher à l'apprécier par une
énumération de récompenses officielles. Vous a vez. trouvé, dans
�-
;ss
votre conscience, la vraie récompense dè l'honnête homme, de
l'homme de bien, et la seule qui, dans cette carrière où vous .êtes
entrés déjà avec honneur, doit être l'unique mobile de tous vos
actes.
�NOTES.
(1) Lettre, en date du !i octobre 18!i4, de Son Excellence le Ministre de l'Instruction publiquè et des Cultes, à 1\1. Bérard, Inspecteur général de l'ordre de la
médecine.
(2) De l'influence des étndes théoriques sur l'application des lois et la pratique des
affaires. Discours prononcé, le 5 novembre 18114, à l'audience de rentrée de la Cour
impériale de Nancy, par l\1. Saudbreuil, avocat général.
(5) Voici l'indication des diverses formes de l'enseignement médical qui ont succédé à la chute des Universités provinciales frappées, comme tous les corps enscignants, par le décret rendu, le 18 août 1792, par l'Assemblée nationale.
1re FORME. Enseignement libre. Professorat volontaire. Traitement des professeurs constitué par les élèves. Diversité extrême dans les matières enseignées sans
contrôle. Plus tard certificats de scolarité admis par le gouvernement, non-seulement pour ces associations enseignantes, mais aussi pour l'enseignement donné par
tout docteur eu médecine. Ledécretdu22 août, 18!i4 a seul aboli les certificats de scolarité particulière que tout candidat au titre d'officier de santé pouvait utiliser devant
les jurys dont la mission est terminée depuis la fin de septembre 18!i4. L'enseignement libre s'éleva, à Nancy, presque immédiatement après la chute de la Faculté de
medecine, du collége de médecine et du collége de chirurgie.
,
2• FORME. Ecole secondai1·ede médecine. Professeurs choisis par le Ministre de
l'Instruction publique. Traitement des professeurs reposant encore sur le produit
des inscriptions dont la date et le nombre sont déterminés. Budget des cours assuré
par un vote de 1,000 fr., formulé par le Conseil municipal de la ville ou siége l'é-
�cole, ou par le Conseil général du département, ou par la Commission des hôpitaux
civils. Temps de scolarité ayant la valeur des deux tiers dn temps réel, mais obligation pour les élèves passant dans les facultés de donner une seconde fois les sommes déjà versées par eux aux écoles secondaires. En :185/î, l'Etat abolit ces doubles
frais de scolarité et depuis il a tenu compte à l'élève de toute somme versée.
gnement libre d'Amiens fut transformé le premier en 1806 ; celui de Nancy fut modifié Je dernier et ne prit rang dans l'Université qu'en 1822.
5• FORME. Ecoles préparatoires de médecine et de phctrmacie, Le chiffre des professeurs des écoles secondaires transformées en écoles préparatoires, à partir de 18t.O,
est porté de 6 à 10, non compris des attachés. Le traitement des professeurs est .assuré. Le budget ne peut s'abaisser au-dessous d'un minimum de 15,000 fr. Les
deux premières années d'études ont la valeur du temps passé dans les Facultés. L'école de Nancy est transformée l'avant-dernière, en 1845. Reims vient après. Orléans succombe. Quelques écoles préparatoires sont créées directement. En 18155,
il ne restait plus à transformer aucune des i8 écoles secondaires primitives; il
existait alors 21 écoles préparatoires.
Le décret du 22 août18rl& confère aux écoles préparatoires le droit de réceplion
des officiers de s.anté, des pharmaciens de deuxième classe, ùes
et
des herboristes du deuxième degré.
4'
La création des 16 centres littéraires et sdentifiques permet la création d'un type nouveau. Fusion de l'enseignement de la Faculté des sciences avec
l'enseignement medical, au profit des élèves. N01nbre des professeurs porté dans
l'Ecole de médecine de lO à Hi, plus les attachés. Budget élevé de 15,000 à 17,000
fr. Développement de l'enseignement médical. L'Ecole de Lyon reçoit la nouvelle
organisation le 15 août; Bordeaux, le 10 octobre et Nancy le 6 décembre 18lî4.
(4)
des missions confiées, en 18154, dans trois départements, aux élèves
de l'École de médecine, à l'occasion de l'épidémie du choléra, et dans les hôpitaux
8
militaires de la u division.
1°
MISSIO:-IS DONNÉES l'ENDANT LE CHOLÉI\A,
Voici par ordre alphabétique l'indication des localités où les élè1·es ont été envoyés
et celle du nom de ces élèves.
Département de la lfleurthe.
1\fl\J.
Allain-aux· Bœufs ....•..... ·.•.•.••••.•.•••.•.•• Bloch.
"Barbonville •••••..•••.••••.•.••••••••••••.•.• Bernard.
Blénoll-lcs-Toul .•••••••••••..••••••..••••.•••• Pommier.
�61
Bouzanville •.•.•.••••••.•.•. ; •.•.•...•. • •.•.•.
Champenoux. • . . . . • • . • . • . . . . . • . • • • • • • . . . • . • . •
Crépey ..•.••••.•.•.•.........•..•••..•.••.••
Choloy et Domgermain ...••......••••..•.•._. . . .
Fécocourt ••••.••••..•. ; ...•.•.•.•••........•
l\Jl\1.
Thiébaull.
Arnould.
Saiotin.
Douillat.
Kuhn.
Foug •• • . • · • .. · • · ..• · . · .• · .. · • · • · • ...•..••..
Freuard .• · •.....•..•..•.• · .•............. , ••
Germonville •••.••..• · .•.••••••••.••.•.••..•••
Gondreville. . • • . . • . . . . . • • • . . • . . • . • • . . . • • • • • • .
Lenoncourt •••. ·• • • . • • . . • • . . • • • . • . • . . • • • • • . •
Morey ..•..•.......•....••...•..•.•.•••.•.••
Ochey. • • . • . . . . • • . . . . • • . . . . • . . . . • . • . . . • . • • . •
Pulney. • • • . • • . . • • • • • . . • • • • . . • . . • • • • . • • . . • . .
Saizerais. • • . • . • • . • . . • . • . • . . . • . . . . . . . • • • • • • . •
Saint-Firmin ••••..••...•••..•..•...•.• ;.·; ...•
Vaudeville ••••••.•..•••••.•••.•.•.••.•.••.•••
Velaine-sous-Amance ..••....•.........••.•.•..•
Xirocourt. • • • . • • . . . • . • • . . . . . • . . . • • . . • • . . • . . .
Durand.
Chrétien.
llfinct.
Arnould.
Il.oùinol.
Chaudron •.
Tincelin.
Navarre.
Joyeux.
Pommier.
Arnould.
Il.ousselot.
Ilemelot.
Manson.
a conservé, pendant
A Nancy,
les vacances, six eleves de serVIce.. . • . . . . . . . . • • . . . Thiery.
\
,
Bouchon.
\ Bernard.
j
Départeme11t de la JJleuse.
Bar-le-Duc ...•..••..........•......••...•.•. Vasseur.
( Kuhn (Philippe).
Commercy. • • • . . • . . . • • . . . . . . • • . . • . • . • . • . . • . • Lepage.
Dépnrlemcnt de la !floselle.
Aumetz .••....•.•.•.•••......••.••....•..•.. Magot.
Ars-sur-Moselle. . . . • • . • • • . • . . • . . • . • • . • . . • . . • . . Christophe.
Dans les Vosges el dans la Haule·Marne, tr()ÎS élèvrs IPlumerel.
ont apporté égalcm_ent leur concours,
avoir reçu de
mission spéciale .•••••.•.•••....•..•••.•••.•••• (Bailly.
�62
2•
FONCTIONS CONFIÉES DANS-LA
l$e
DIVISION MILITAIRE.
1\IM.
Hô pilai militaire de Nancy. , • . . . • • • • • • • • • • • • . • • • • Pirou x.
.
.
.
• a
Fonctions d' ai'd e-maJor pres 1 garmson de Marsa1. • • • •
Th<
magot.
1\forel.
Tbiébault.
Hôpital militaire de 1\lelz. • • . . • • • • • . • • .. • • • • • • • • • • Margot.
Parant.
Chriotophe.
Hôpital militaire de Sarreguemines •••••••••••.••••• Vasseur.
Hôpital militaire de Thionville .• ,................. Saintin.
�
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Title
A name given to the resource
1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie
Subject
The topic of the resource
Discours du Directeur de l'École de médecine et de pharmacie
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
SIMONIN, Edmond
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
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Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/dcd7c7544a0445f4a71b7dee3b176e40.pdf
76bf145f1849891ffa6f9ebd6a33ef50
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Séances(de#rentrée#de#l’Université#de#Nancy#(1854!1939)"
"
Publiées" à" raison" d’un" volume" annuel," les" Séances( de( rentrée( de( l’Université( de( Nancy"
constituent" un" document" historique" essentiel." Elles" permettent" de" suivre" au" plus" près"
l’évolution"du"système"d’enseignement"supérieur"nancéien"sur"la"longue"durée"et"offrent"de"
multiples" perspectives" de" recherche":" histoire" des" communautés" scientifiques," étude" des"
relations"entre"enseignement"et"recherche,"histoire"des"rapports"Paris!Province,"etc.""
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"
!
�SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DES FACt1LTÉS.
�,.
,
UNIVERSITE IMPERIALE ..
ACADÉMIE DE NANCY.
INSTALLATION
DES FACULTES
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ET
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRt 1854.
NANCY,
GIUMBLOT ET VEUVE RAYBOIS,
DE L'ACADÉMIE DE NANCY, lUlB SAfNT-J)IJUER,.
185!5.
t2t$ •.
��PROCLAMATION
DES
PRIX ET MENTIONS HONORABLES
ET
DES RÉSULTATS DES CONCOURS.
Les professeurs de l'Ecole, réunis en conseille 1er et le 25 octobre 1854, ont décerné, dans l'ordre suivant, les récompenses .
annuelles.
·
PRIX ET MENTIONS HONORABLES.
1° ÉLÈVES EN MÉDEGINE.
PREl\HÈRE ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix unique.
M. FoRGEOT (Alfred), de Vignory
ANNÉE D'ÉTUDES.
Pt·ix.
J.\11. BAILLY (Jules), de Bleurville (Vosges).
JJ!ention honorable.
M. BRoCARD (Valentin), de Rogéville (Meurthe).
TROISIÈME ANNÉE D'ÉTUDES •.
!J!ention honorable.
M. DOUILLAT (Henry), de ]l[ailJy (1\{arne) •.
).
�.
.
PRIX SPÉCIAL POUR LA RÉDACTION. DES OBSERVATIONS.
}!. DoUILLAT (Henry).
JJ1enliom; honorables.
(Henry), de Bulgnéville (Vosges).
BLoCH (Emmanuel), de .Melzenvisse {1\'foselle).
2" ÉLÈVES EN PHARMACIE .
.Mention honorable.
BnÉJARD
(Alexandre), de Tanconville (1\'Ieurthe ).
RÉSULTAT DES CONCOURS.
Le concours pour la place de préparateur-aide du cours d'anatomie a eu lieu le 10 novembre 18!>4.
M. BoucHoN (Nicolas), de Nancy, a été nommé pJéparateuraide.
Le concours pour la place d'aide du cours de médecine opératoire et de dèligation chirurgicale a eu lieu le 14 novembre
18!>4.
M. CHRÉTIEN (François), de Lunéville, a été nommé aide de ces
cours.
4.-
Le concours pour la place de préparateur-aide de toxicologie
et de pharmacie, et pour la place de préparateur-aide de matière
médicale a eu lieu le 21 novembre 1854.
M •. CAsTEL, de Nancy, a été nommé préparateur-aide de toxicologie et de pharmflcie.
M. LEMERCIER, d'Epernay, a été nommé préparateur-aide du
cours de matière médicale.
�
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Title
A name given to the resource
1854 - Installation des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Nancy, le 7 décembre 1854
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance, p. 5-8</li>
<li>Décrets et arrêtés ministériels relatifs à l’organisation des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, p. 9-18</li>
<li>Discours prononcé par M. le Recteur de l’Académie de Nancy, p. 19-22</li>
<li>Discours prononcé par M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences, p. 23-31</li>
<li>Discours prononcé par M. Ch. Benoit, Doyen de la Faculté des lettres, p. 33-45</li>
<li>Discours prononcé par M. Edmond Simonin, Directeur de l’École de Médecine et de Pharmacie, p. 47-62</li>
<li>Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours, p. 63-64</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Proclamation des prix et mentions honorables et des résultats des concours
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, rue Saint-Dizier, 125
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Rights
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Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1854