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http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/a5bb05d98bb307dcccda9a6f20dd0cab.pdf
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�RENTRÉ,E SOLENNEI;,LE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ÈT DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
LE 1'1 NOVEMBl\E
NANCY,
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RAYB OIS, IMPRIMEUR D:È
' Rue du
Stanislail, 3,
1862
i;ACADÉMIE,
��R-APPORT
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M, CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTE DES LET'fR,ES.
MONSIEùR LE RECTEUR,
MoNSEIGNEUR;
. M-.ESSIEURS'
Il semblé qü'aujoutd'hüi, après huit ans déjà écoulés
depuis la fondation de nos Facultés, nous tecommericions
une phase nouvelle d'existence. Nous voilà, en effet, installés enfin dans le noble édifice que cette ville généréusè
a voulu consacrer aux Lettres et aux Sëil:!ilées. Les Musés
ont trouvé ici un temple digne d'elles. Mais, tout en
prenant possession avec reconnaissance de cette nouveile
demeure, nous ne pouvons cependant ne pas adressèr un
pieux adieu au modeste réduit qui nous abtita longtemps
et où se sont formées nos premières amitiés; Tout àustère
en effet, q11e fût notre vieille salle,, l'àccoutumalièè nous
y avait attachés; et il nous a s'emhlé, en la quittant, qüé
nous y laissions une partie de
Mais non, je
me trompe; nos âmes ne s'étaient pàs attàèhées aux pierres
�--:-
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de l'édifice. C'est vous, Messieurs, qui étiez la parure de
ces murs sévères; ce sont vos cœurs qiü y frémissaient
comme un écho de nos paroles émues; c'est à vous que
nous tenions. Or, vous nous avez
vous nous suivrez
dans cette demeùre nouvelle. Sans doute il vous faudra
venir ptus loin à travers la grande place. Mais votre zèle
pour ·les choses de l'esprit est éprouvé ; et nous avons lieu
de croire que nos entretiens littéraires sont désormais
entrés dans les habitudes durables et les mœurs de cette
ville.
Nancy, par la splendeur même de l'édifice, a montré
une fois de plus l'estime qu'il fait des choses de ]a pensée.
Qu'il me soit permis, Messieurs, en cette occasion solennelle, d'exprimer toute notre gratitude à l'administration
municipale, qui a pourvu avec tant de munificence aux.
besoins de l'Enseignement supérieur présent et futur ; et
surtout à l'homme de tête et de cœur, qui y préside èt qui,
se souvenant du passé de notre ville et se confiant à sa
fortune dans l'avenir, la pousse d'une main si ferme et si
libérale vers sa destinée. Déjà le Ministre de l'Instruction
publique s'est fait l'interprète de notre cœur. Par amitié
pour M. le haron Buquet, en même temps que pour rendre·
hommage à la générosité de Nancy, M. Rouland a voulu
présider lui-même à l'inauguration du Palais et témoigner
ainsi de la reconnaissance publique.
Ni lui, ni nous, Messieurs, n'oublierons de longtemps
et sa cordiale démarche et l'accueil que notre ville lui a
fait. Déjà, Messieurs, le Ministre avait été touché de l'ardeur avec laquelle vous aviez sollicité autrefois le rétablissement de votre Université, et de votre zèle à profiter de
ce qui vous était rendu. Ce qu'il a vu depuis n'a. fait
�-
51
qu'augmenter son estime. Dans un temps où les affaires,
l'industrie, ·le cours de la Bourse fascinent, àbsorbent
toutes .les âmes, il a rencontré une ville, où, tout en
ciant aux vrais progrès du siècle, on a. conservé le goût et
le-culte désintéressé des sciences et des lettres, et où les
Muses ne trouvent
seulel1lent un brillant sanctuaire,
mais (ce qui vaut mieux) un grand nombre de fidèles adorateurs. En venant ici, il a
compris que Nancy est
une de ces cités vraiment royales, que leur avenir autant
que leur passé appelle à devenir le centre d'une grande
sphère et un foyer de hautes études. Il a senti que ce
n'était pas sans raison que nous réclamions avec insistance
le complément de notre établissement universitaire; et il,
a laissé entrevoir que le vœu d'une Ecole de Droit pourrait
être réalisé un jour. Quand ce jour viendra-t-il? peu importe : il .ne s'agit que d'attendre. En principe, notre
cause est gagnée, la raison fi.nit toujours par avoir raison ;
et le bon droit hérite du temps.
Cette visite du Ministre été une fête tout aimable dans
effet, ,Messieurs,
sa solennité. Vous n'avez pas oublié
. tant de paroles affables et surtout ces mots pleins d'à-propos avec lesquels cet hôte, charmé lui-même, distribuait
les Croix dans un Champ de Mars d'un nouveau genre. Je
suis sûr que Je Ministre, qui de loin pensait sans doute
acquitter pleinement avec ces Croix la dette de l'estime
publique, a regretté alors d'en avoir si peu à décerner, au
milieu de tant de mérites divers. na su choisir à merveille,
sans doute; et vos applaudissements ont prouvé que "ous
'choisissiez comme ·lui. Mais pourtànt que d'hommes distingués pour lesquels il a fallu ajourner encore notre espérance, et qui ne feraient pas moins d'honneur à la Croix
par leur caractère que par leur talent 'l
a
�-
52
EXAMENS.
Doctorat. Noùs n'avons pas euj celté année comme la
précédente, l'occasion de décerner le grade de Docteur,
Est-ce que personne ne songe plus à le conquérir? Non
pas. Deux candidats fort distingués, au- contraire, nous
destinaient leurs thèses. L'un d'eux est M. Fialon, ce
maître excellent que le Lycée de Nancy est heureux de
garder encore cette année, et qui depuis longtemps pré-pàrait deux remarquahles ouvrages, l'un en latin sur
Atticus, l'autre en français sur saint Basile. Mais, dans
notre estime pour ces deux -thèses, nous avons cru devoir
donner à M. Fialon leeonseil trop désintéressé peut-être
de se présenter de préférence à la Sorbonne pour y recueillir sur un plus g-rand théâ.tre le succès plus éclalant
dont il était digne. C'est pousser sans doute Lien loin
l'abnégation. Mais pouvons-nous nous flatter de soutenir ici
.ce grade contrele discrédit attaché depuis longtemps à tort
ou à raison aux Doctorats de province? Nous avons la conscience assurément, qu'un docteur chez nous ne sera pas
ttdmis à moindre prix qu'un docteur de Paris. Mais de son
grade lui tiendm-'t-on autant de compte dans l'UniYersité?
Cela le recotrunandera-t-il autant pour sa carrière? Le préjugé est plus fort que nous.- L'autre candidat s'annonçait·
avec deux thèses
piqùante curiosité, l'une sur la
légende de Faust, l'autre sur le joli poëme où Musée nous
conte les a0.1ours et la mort romanesque d'Héra et de
Léandre. Nous étions disposés à faire fête à ce candidat
�-
55 -
plein de promesses. Mais il semble que les conseils, que
nous lui donnions dans le but d'améliorer encore son
œuvre, l'aient découragé, et qu'il ait cherché fortune
ailleurs.
Licence. La Licence de son côté ne nous a produit,
cette année, qu'une moisson bien modeste. Est-ce la faute
des candidats? Dieu me garde de leur adresser à ce sujet
aucun reproche. Témoin assidu au contraire de leurs
efforts, je dois louer leur laborieus{) persévérance. Mais,
pour la plupart, ils appartiennent maintenant à ces générations moins heureu-ses qui ont grandi et se sont formées
languissaient,
alors que les Lettres latines et
frappées de discrédit par les évènements. Il est difficile de
remédier plus' tard à ce défaut de l'éducation classique.
Plusieurs toutefois se mettent à l'œuvre avec courage;
mais la route est pénible et le but éloigné. Nos candidats
d'ailleurs, maîtres répétiteurs pour la plupart dans nos
Lycées, ou régents dans les colléges col!lmunaux, absorbés
par les devoirs de leur tâche quotidienne, ont trop peu de
loisir pour leurs études personnelles. N'y saurait-on remédier, Messieurs? Ne serait-il pas désirable, que, sinon dans
tous les Lycées, au moins dans ceux qui sont placés auprès
d'une Faculté, on doublât le nombre des maîtres répétiteurs, et que la surveillance ainsi partagée laissât à ces
jeunes gens quelque répit pour travailler et assurer leur
carrière? Ce serait, au dessous de l'Ecole normale, comme
autant de pépinières où l'administration pourrait choisir
4-Di .
des maîtres aussi bien préparés pour l'enseignement
_,
pour la discipline. Cette idée n'est pas nouvelle.
savons même
a déjà été prise en très-sérieuse
/
.
5
\ .
\
�-
54
-
sidération. Mais nous en hâtons l'accomplissement de tous
nos vœux. En attendant, remercions M. le Recteur des
encouragements qu'il donne à la jeunessB universitaire,
en réservant, autant qu'il le peut, à nos licenciés toutes
les chaires d'humanités. Cette prime pm·aît toutefois insuffisante encore pour exciter l'émulation. Car dix Candidats seulement se sont depuis un an présentés à cet
èxamen: à savoir, 3 en novembre 1861, et 7 en juillet
1862. Dans la première Session, deux sur trois ont été
jugés dignes du grade de Licencié, MM. de Roche du Teilloy et Thouvenot. Dans la seconde, trois Candidats seulement ont été admis, MM. Rosmann, maître répétiteur au
Lycée de Reims, maintenant chargé de Cours au Lycée
de Brest; Schnox, maître répéti!eur au Lycée de Nancy;
et Adam, élève libre de la Faculté.
Baccalauréat. Ici, Messieurs, au contraire chaque année le nombre de nos candidats s'accroît et le niveau
moyen de l'Examen s'élève. L'Éducation classique, tant
ébranlée, il y a tantôt dix ans, par des mesures que semblait alors exiger l'esprit public, se raffermit de plus. en
plus sous la main discrète d'un Ministre, ami des lettres
qui, en gardant les avantages reconnus du système, en
corrige peu à peu les inconvénients. Car, à n'en voir que
les dehors, il semble que c'est toujours le même édifice ;
_mais des changements
la distribution intérieure l'ont
trànsformé sans bruit et rendu habitable. - Le Ministre
de l'Instruction publique est le Ministre de l'avenir. C'est
à lui qu'appartient de préparer la prospérité future du
pays par l'éducation qe la jeunesse, et de diriger l'esprit· des générations nouvelles dans ces conquêtes de la
�,....-
i);)
-
pensée, qui ne sont pas une des parts les moins glorieuses
de l'activité de la France. Voilà ce que l'Empereur attend de lui, l'Empereur, qui veut que notre patrie reste en tête
de la civilisation du monde, et qui n'est pas moins jaloux
de la grandeur moralè de la France que de sa
industrielle et du prestige de son épée. Avec le sentiment
profond de sa mission et la conviction qu'il n'y a pas
d'éducation libérale, dont les Lettres ne soient le fondement, M. Rouland n'a cessé de travailler à rendre aux
Lettres dans nos études la place qu'elles n'auraient jamais
dû perdre. -Mais ajoutons que, dans ses mesures réparatrices, il a été admirablement secondé par le bon sens
public. En France, il peut y avoir des moments de surprise et d'engouement. On a pu croire que les Sciences,
si fécondes de 'notre temps en grandes choses, pourraient
suffire à la culture des esprits et aux besoins de l'imagi..:
nation; que les langues vivantes seraient substituées avec
plus de fruit aux langues mortes de la Grèce et de Rome;
et qu'il valait mieux être en état de causer d'intérêts avec
un Allemand OH un Anglais, qu'admirer à grand'peine à
travers un texte mal compris les chefs-d' œuvre de Sophocle
et de Démosthènes. Pour un siècle livré aux affaires,
c'était plausible. Mais, chez nous, ces erreurs du sens
commun ne sont pas longues. On a bientôt compris
combien il était insensé de couper en deux l'esprit
humaîn, tandis qu'il faudrait au contraire par l' éducation en rapprocher les deux parties , si elles étaient
séparées. L'instruction littéraire et l'instruction scientifique sont faites, en effet, pour se compléter mutuellement.
A l'éducation littéraire appartient de commencer le développement intellectuel et moral des esprits. Puis, quand
�56 les Lettres, après avoir éveillé toutes les facultés et
donné l'essor aux nobles instincts de l'âme, nous auront
appris ainsi à penser et à sentir, alors seulement l'intelligence ainsi façonnée pourrà être appliquée avec succès
aux branches diverses de la science et de l'activité humaines. Que les Lettres donc soient encore la meilleure
préparation à l'étude des Sciences,. c'est ce que nos jeunes
gens, tout pressés qu'ils soient d'arriver au but, ont eu le
bon sens de comprendre eux-mêmes. Quelques-uns peutêtre ont eu besoin d'y être quelque peu aidés par l'excellente mesure, qui invite de la façon la plus éloquente les
candidats de Saint-Cyr et de l'Ecole forestière à se faire
recevoir bacheliers ès lettres, en attachant à ce grade une
grâce efficace pour leur en ouvrir les portes. Mais la plupart venaient d'eux-mêmes au Baccalauréat. Voyez CJ?:
effet les candidats à l'Ecole polytechnique ; le plus grand
nombre et surtout lesmeilleurs, quo.ique le baccalauréat
ès lettres ne leur àssure aucun privilége, ne se montrent
de s'en parer. Dans leur noble ambition,
pas
il ne leur suffit pl us d'être" des ingénieurs ou des officiers :
ils veulent aussi être des hommes ; et ils sentent de plus
en plus que,. pour le devenir, la chimie ni l'algèbre ne
pas.
L'an dernier,· nous comptions 226 Candidats ; cette
année 275, c'est-à-dire, 49 de plus. Sur ce nombre, 165
ont été admis, et 1 '10 ajournés. Les vainqueurs sont donc
dans la proportion de 59 pour cent. Toutefois, si le niveau moyen des examens s'élève, les brillants succès
semblent deven.ir plus rares. Personne, en effet, n'a atteint
la mention Parfaitement bien. La note Très-bien a même
�-
57
-
été donnée rarement; 1 1 Candidats seulement l'ont ohténue, à savoir :
Blondel
MM. Percez
Bayer
de Vienne (Henri)
Lemaire
An cel
Martin
Ferry
Petiti.
Vincent
Briard
La note Bien n'à pas été plus fréquente : nous n'avons
pu l'accorder non plus qu'à '12 Candidats: tàndis que
54 Candidats ont été admis avec la mention Assez bien;
et 88 Passablement.
- ---- Nombre
jj
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SESSIONS
dats.
1
Éliminés à
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-
1
Total.!
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Total.!'
- - _:::_ - 1
d'Avril.
44
13
1
14
-- -- -d'Août.
153
51
12
63
»
2
3
7
18
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8
7
33 42
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Le bataillon d'élite, comme on linoit, est peu nombreux.
A quoi cela tient-il? Est-ce que la discipline actuelle
des ·études, en soutenant mieux les médiocrités, déprimerait le talent? Je ne sais. Mais, tout en reconnaissant
qu,e nos enfants aùjourd'hui travaillent plus que jamàis, je
vois avec regret que beaucoup le font trop en mercenaires,
et non pour le goût de savoir et d'ajouter ainsi à la valeur
de leur être. La noble éducation classique a perdu en
grande partie son caractère libéral. Le baccalauréat, qui
n'en devàit être que le contrôle, en est devenu le but. Le
Manuel pour la plupart de nos écoliers est le livre de
chevet, l'abrégé de toute la science humaine; leur curiosité
et leur ambition ne vont pas au delà. Science bien superficielle et bien indigeste, mais qu'on n'amasse que pour
un jour marqué, et dont on se débarrasse Ie lendemain.
Le Discours latin même, dans la pensée de plusieurs, n'est
encore qu'une machine de guerre, qu'on s'exerce à construire de pièces plus ou moins assorties, une espèce dé
Cheval de bois, avec lequel on se flatte de pénétrer par
surprise dans les murs d'Ilion. On apprend par cœur des
tirades d'auteurs latins, qu'on est bien décidé à faire
entrer de gré ou de force dans la composition, quel qu'en
soit le sujet. Le sujet cependant se dérobe quelquefois à
toutes leurs prévisions et à leurs efforts : et il est triste
alors de voir ces pauvres désappointés s'agiter par terre
commes des papillons, auxquels on a coupé les ailes.
Cette discipline mécanique des études et la superstition
des programmes sont aujourd'hui généralement dénoncées comme un fléau de notre éducation classique. Les
maîtres de l'enseignement s'en sont émus : plus que
personne, l'hon1me prévo-yant, qui préside aux destinées
�-
59·-
'·
de· l'instruction, et qui, après avoir tant fait déjà pour
raffermir les études, s'inquiète si justement encore de Jes
voir s'abaisser trop souvent à n'être plus que l'apprentissage d'un Examen. Il connaît la source du mal. On avait
trop peut-être asservi les études littéraires à des règlements minutieux :plus de liberté pour le travail spontané,
d'essor pour l'initiative personnelle; p1us de loisir même
pour les lectures. Nos Lycées risquaient de devenir semblables à une caserne, où les esprits seraient obligés de se
régler sur le ·tambour et de marcher au pas uniforme.
Notre Ministre (comme il l'a dit en nobles paroles à Ja
distribution des prix du Concours général) se préoccupe
de mieux concilier avec la discipline nécessaire une certaine liberté des esprits; et dans le cercle régulier des.
devoirs de ]a classe, il veut ménager une part légitime .
d'indépendance au développement des goûts et des apti- ·
tu des particulières. Après tant de réformes heureusesapportées déjà aux épreuves du baccalauréat, il songe surtout à
en diminuer autant que possible les hasards, en sorte que
le grade de bachelier .goit.réeUement désormais le témoignage sérieux, et comme la consécration de la vraie
éducation classique. {< N'est-il pas désirable (ajoutait-il)
>> que èet examen devienne une épreuve plus intelligente
» et plus sûre, quand elle n'est encore trop souvent qu'une
» gymnastique dé la niémoire, et qu'elle pousse ainsi à la
)> désertion d'études solides èt régulières, pour favoriser
» les préparations hâtives et trompeuses? Ces questions
>l éclairées par l'expérience, sont dignes de la sollicitude
» de l'Université, qui prend l'engagement de les étudier et
>> de les résoudre. » Jeunes gens, fiez-vous en à la parole
de ce Ministre si prudent et si décidé tout ensemble. Chez
�-
40
lui, la mesuré suit de près la promesse. Livrez:vous donc
à vos études de tout votre cœur, et brûlez vos manuels.
ENSEIGNEMENT,
Je vous devais,
ce compte de nos Examens,
à vous, qui suivez avec tant d'intérêt la marche de notre
éducation nationale dont ces examens sont comme la
statistique, et qui, dans la tendance du présent, interrogez
les promesses de l'avenir. Laissez-moi maintenant vous
parler de notre enseignement, qui ne vous intéresse pas
moins. Je tâcherailà dessus d'être bref. Vous connaissez et
nos Cours, et l'esprit qui les inspire.Dans les voies diverses, où nos études nous engagent, vous le savez, une
même pensée nous anime, c'est que le beau et le bien se
tiennent étroitement unis, et que dans l'enseignement des
Lettres on ne saurait séparer l'art et la morale.
Philosopme. M. de Margerie, l'an dernier, traitait de la
.Morale sociale, c'est-à-dire, des droits et des devoirs de
l'homme dans la Société civile. Après tant de sophismes,
par lesquels les fanatiques du Contrat social avaient fini
par obscurcir et troubler la con:::cience publique, il ne
faut pas se lasser de rétablir en leur lumière les vrais
principes de l'organisation politique. Pour cela, :\f. de
Margerie a voulu remonter jusqu'aux lois éternelles. que
Dieu lui-même a données pour fondements aux sociétés
humaines. Quelle est l'origine et la raison d'être de la
Société civile et politique? Quels sont les éléments constitutifs du
dans lequel elle se résume? Ql!el est le
�-
41
rôle et la m1ss10n de l'Etat dans l'ordre économique,
I'ordr·e intellectuel et l'ordre moral? Jusqu'où doit .s'étendre
action légitime? Qu'est-il en droit d'exiger à
son tour des citoyens,
re'tour de la protection qu'il leur
accorde?- Après avoir derpandé à la métaphysique même
la solution de ces questions, et ainsi établi sur des bases
inébranlables les principes de ·la Science politique, :M. de
Margerie a repris à leur tour chacun des grands problèmes
sociaux les plus controversés de nos jours. Ainsi, le principe tant attaqué de la Propriété, les questions si graves et
si actuelles de l'Esc1avage, du Paupérisme, de 1' Assistance
publique, de la Loi pénale et du Régime pénitentiaire, ont
été discutés par lui avec cette solid'lté et cette haute sagesse, auxquelles il vous a depuis longtemps accoutumés.
La tln de l'année l'a surpris, avant qu'il n'ait pu compléter
son Cours (comme il se proposait de le faire) par une étude
des principes du Droit internalionnal. Aussi, les premières
leçons de celte année seront-elles consacrées à acquitter
cette dette. Puis seulement après, le Professeur entamera
. son nouveau programme.
se propose, cette année, de
vous retracer à travers les âges l'HiStoire de cette même
Philosophie morale et politique, dont il a établi l'an dernier
les principes, et de suivre les transformations successives
du Droit civil depuis l'antiquité jusqu'aux temps modernes, en cherchant ainsi la confirmation ou la contre
épreuve des doctrines qu'il a établies, dans l'expérience
du passé. C'est à Athènes et à Rome, qu'il ira donc d'abord recueillir tout ce que la civilisation ,antique, à son
époque la plus brillante, a répandu de lumière sur les
questions sociales. Puis, se transportant au cœur du Moyen
Age, il vous montrera les principes d'une civilisation plus
�-
42 - .
haute et d'une morale plus pure émanée de l'Ë!vangile arrivant peu à peu à se faire jour à travers la violence de la
conquête barbare et la confusion des temps féodaux. Enfin,
dans l'âge moderne, vous assisterez à l'enfantement labo...;
rieux d'un nouvel ordre social, .où la raison s'efforce de faire
prévaloir de plus en plus les principes de justice dans les
· relations mutuelles des peuples, des gouvernements et-des
individus, et y réussit d'autant mieux:. qu'eUe s'inspire
plus directement des idées chrétiennes et spiritualistes.
Dans cette revue historique des systèmes, où les questions
sociales et les questions politiques sont sans cesse mêlées,
M. de Margerie (avec son tact ordinaire, et cette parole à
!a fois discrète et Ioyàle, qui lui permet de tout aborder
sans péril) s'attachera surtout aux premières; et il ne
touchera aux secondes; que dans les généralités, et par les
seuls côtés où la politique est subordonnée à la métaphysique et à la morale.- Les deux années formeront (comme
vous le voyez) un Cours complet de droit public. Espérons
que de ces leçons M. de Margerie fera un livre (comme
ill' a fait pour ses leçons sur la Famille). Ce sera un excellent Manuel pour l'homme d'état et le citoyen.
Histoû·e. L'an dernier, M. Lacroix nous a retracé un
tableau des Croisades, et nous a transportés en esprit au
milieu de cet âge héroïque, où un commun enthousiasme de foi et d'ardeur guerrière soulève et réconcilie
l'Europe entière, pour l'entraîner à la délivrance du Saint
Sépulcre. Il lui a été facile aujourd'hui, aux clartés de la
critique moderne, de dissiper les préjugés des politiques
et des historiens, qui en avaient presque jusqu'ici méconnu la sage inspiration et la grandeur, pour n'en voir
�-
45 -
que les fautes et les revers. Dans ce duel eritrè l'Occident
etl'Orient, M. Lacroix s'est attaché à nous montrer, que
ce n'était rien moins que la civilisation chrétienne tout
entière qui était en péril ; et tout en confessant que
l'exécution a trahi en partie la pensée de cette grande entreprise, en regrettant que la sainte cause ait été désertée
par ses défenseurs fatigués de désastres, alors qu'il aurait
suffi d'uù peu plus de persévérance pour en assurer le
complet· triomphe, il a établi que l'Europe n'en fût pas
pas moins sauvée par cet effort héroïque, et le flot de
l'invasion musulmane pour jamais refoulé en Asie. A ses
leçons, nous avons ainsi appris à mieux comprendre et à
davantage admirer ce grand souvenir de notre histoire.
Car c·eue guerre sainte, glorieuse pour le monde, l'a particulièrement été pour la France, qUi en a donné le signal
et soutenu surtout l'effort; la première arborant sa bannière aux tours de Jérusalem; la dernière à verser son sang
pour la même cause aux plages d'Egypte et de Tunis.
Restons en fiers, Messieurs. Ah! si, d'u reste, la France
s'est prodiguée dans cette èause généreuse, nulle nation
en Europe n'en a plus qu'elle recueilli les fruits. Quels
fruits? direz-vous. La trace des Croisés en Orient ne s'estelle pas aussitôt effacée, comme le sillage d'un navire?
Non pas : il est des conquêtes plus durables que celles
d'un coin de terre. Pour prix de, son noble rôle, la France
restera désormais parmi les peùples une nation prédestinée. Elle sera l'attente du monde, l'espérance de toutes
les nobles causes opprimées, et comme la conscience du
genre humain. Elle gardera surtout en Orient un prestige
immortel. Son épée sera voUée à protéger tout ce qui est
saint; jadis Jérusalem, hier les chréjuste, tout ce qui
�-=
44
.'
.
'
tiens de Syrie, aujourd'hui
Et en ses jours de péril
il semble que la Providence fasse des miracles manifestes
pour la sauver elle- même. Voilà la destinée, que les
Croisades lui ont faite.
Lacroix va nous. entraîner dans un
Cette année,
monde bien di·fférent. C'est le siècle de Louis XV, ou
plutôt de Voltaire, qui sera le sujet de ses leçons. Il y a
deux ans, vous le savez, M. Lacroix avait étudié les progrès
et l'organisation de la monarchie absolue .sous Louis XlV.
Cependant, tout en vous en déroulant le ·majestueux .
tableau, il vous avait fait entrevoir déjà tout ce que ce
grand règne, au temps même de ses splendeurs, laissait
éclater de symptômes de ruine. Ce despotisme à outrance,
à force d'abuser du pouvoir, de la richesse, de la gloire,
a fatigué la fortune et la patience des hommes. Du vivant
même du grand Roi, déjà l'idée d'une réforme fermentait
partout. A sa mort, le sentiment d'une immense lassitude
fait explosion. Mais c'est sous le règne surtout de son arrière petit-fils, que tout semble conspirer, et la faiblesse
des dépositaires du pouvoir et l'ardeur de l'esprit nouveau, à la dissolution de l'ancien régime. Ce travail de la
décomposition sociale , à travers laquelle s'élabore en
même temps l'œuvre de la société future, voilà le sujet
que M. Lacroix a choisi pour ses études de cette année.
Sans négliger sans doute l'histoire de la politique étrangère, il a'attachera donc surtout à suivre dans ses phases
diverses cette fermentation intérieure, et le mouvement de
l'opinion, qui commence dès lors à jouer sur la scène du
monde le principal rôle. Il vous< montrera les idées novatrices, les unes vraiment justes et fécondes, les autres
subversives, minant d'abord en silence et souterrainement
�- MS les fondements de l'ordre politique; puis, à mesure que le
succès les enhardit, toujours plus agressives, plus violentes,
et finissent comme un tm•rent par entraîner vers l'abîme
dans leurs· ondes, troublées les débris du vieux monde.
En suivant ainsi la marche des idées et des. événements
de 1715 à 177 4, M. Lacroix vous acheminera vers la Révolution Française, 'cette Révolution unique entre toutes,
qui s'est faite au nom de la raison pure, plutôt qu'en vue
d'une amélioration prochaine et positive dans la consti.:..
tution, et dont on ne saurait sans _cela comprendre ni la
nature, ni la marche, ni les excès, ni tant de redoutables
problèmes, qu'elle a légués à la société moderne, et dont
Ja plupart pèsent encore sur notre avenir; comme ces
nuées d'orage, qui apportent à la terredans leurs flancs
obscurs l'épouvante ou la fécondité:
Littérature ancienne. A mesure qu'on gravit les pentes
de l'Himalaya, sans doute on voit sur sa tête grandir de
nouveaux sommets, mais aussi au-dessous de ses pieds
s'étendre un plus vaste horizon. Ainsi M. Burnouf, remontant d'antiquité en antiquité presque jusqu'au berceau
du monde, nous a initiés l'an dernier au plus ancien
monument de la civilisation Aryenne, et à ce livre des
Vêdas, qui de tout temps à été comme la bible des populations de l'Indus et du Gange, et
la source sacrée,
d'où sont sorties les croyances religieuses, les institutions
sociales, les idées philosophiques ou littéraires de l'Orient.
-Cette année, il se propose de faire une étude analogue
de la Grèce aux temps. héroïques, en considérant cette
jeunè société hellénique dans les tableaux qu'Homère nous
en a laissés. Sans doute les épopées homériques sont de
�46 beaucoup postérieures aux hymnes du Vêda, et ne représentent plusni les doctrines, ni l'état social des plus anciens
temps de la Grèce .. Toutefois, malgré les altérations, que
la primitive civilisation de la Grèce a
subies à cette
époque,_on entrevoit encore aisément que les idées, les traditions, .la poésie helléniques sont sorties de la même
source que celles des Vêdas.- Parti lui-même, pour ainsi
dire, des bords du Gange pour arriver en Grèce, M. Burnouf pourra éclairer ainsi d'une lumière nouvelle les antiques symboles de la mythologie homérique, si défigurés
leur
depuis par la fantaisie des poëtes, et leur
primitif esprit. Dans la comparaison, qui se prés'entera
naturellement à lui entre cette race des hellènes et les
peuples de l'Orient, il s'arrêtera à signaler les traits distinctifs de ce génie Grec, si flexible à la fois et si original,
qui transforme à son image tout ce qu'il prend ailleurs, et
le caractère propre de cette jeune et active société, qui
semble s'être organisée, pour donner plein essor à toutes
les facultés de la nature humaine.- Pour cette étude
comparée des plus anciennes civilisations du monde, qui
est mieux préparé que M. Burnouf? Depuis des années, il
vit dans un commerce intime avec ces antiques langues et
ces peuples de la jeunesse du monde; il a conversé avec les
brahmanes et les rhapsodes; et il a deviné ce qu'ils prétendaient lui cacher. En étudiant de plus près à leurs sources
les idées et les sentiments de ces peuples d'autrefois, il a
compris qu'il n'y avait pas seulement là une curiosité du
passé, mais encore un intérêt d'avenir. L'Inde d'aujourd'hui, Messieurs, est encore un mystère en effet pour qui ne
connaît pas la vieille histoire de ses idées et de ses mœurs.
Et maintenant que l'Orient semble de plus en plus s'ou-
�-
47 -
vrir à la conquête de notre civilisation
nous
ne pouvons nous flatter d'y exercer une influence efficace
et. dur!lble, qu'à la condition d'en bien connaître le tempé\
rament intellectuel et moral.- Voilà surtout la pensée
généreuse, qui inspire M. Burnouf dans ses études sur
l'Inde : voilà ce qui lui a fait entreprendre ses Livres élémentaires, sa Grammaire, son Dictionnaire destinés à
populariser parmi nous la langue sanskrite. Cette noble. et
intelligente am bi ti on a frappé depuis longtemps l'esprit
du Miüistre de l'Instruction publique. En venantà Nancy,
il a promis à ces travaux tous les encouragements, dont
il peut disposer. Mais en même temps, il a été heureux
de profiter d'une occasion si solennelle, pour donner à
M. Burnouf cette décoration de la Légion d'honneur, que
votre estime et celle du monde savant lui décernait depuis
longtemps ..
Lzttérature françaiSe. L'an dernier, nous avons retracé le
tableau des Lettres Françaises pendant la révolution, avec
le dessein de le continuer jusqu'à la fin de l'Empire. Mais
l'espace pour cela nous a manqué. Nous étions restés trop
longtemps au pied de la tribune de rAssemblée nationale,
tout émus des grandes luites de l'éloquence parlementaire;
et nous n'avons pu qu'à grand'peine arriver à l'époque, où
la France, épUisée par cette crise formidable, se repose un
instant et se recueille à l'abri de l'ordre nouveau, que de
sa main puissante vient d'organiser le premier Consul.
A l'appel du pacificateur, on voit peu à peu revenir les
Muses, que l'orage avait dispersées. Sans doute, de quelque
temps, l'attention publique sera distraite encore des œuvres de la pensée par Ja grandeur des événements politi-
�48'ques et militaires : la vraie épopée' alors s'écrit à la poirite
du glaive : plus tard elle sera chantée par les poëtes. Le
premier Consul toutefois a trouvé d'abord pour son ,œuvre
de restauration sociale deux admirables auxiliaires dans
Châteaubriand et Mme de
Le premier, recueillant du
naufrage, où est venu échouer le dix-huitième siècle, les
débris des institutions et des croyances qui ne devaient pas
périr, rattache la France nouvelle aux traditions de son
glorieux et religieux passé. L'autre, au milieu du scepticisme, où étaient tombés les esprits découragés après tant
_d'illusions déçues, ranime la foi au progrès et s'élance
pleine d'enthousiasme vers l'avenir. Vous savez, Messieur.;;,
si l'influence de l'un et de l'autre fut puissante; si elle fut
féconde la moisson, dont ils avaient jeté les semences dans
une_ terre profondément remuée. Le grand mouvement
philosophique, littéraire et poétique, qui éclatera bientôt
sous la Restauration et en fera une des brillantes époques
de l'esprit français, est leur ouvragé. Grâce à leur double
impulsion, notre littérature, en s'affranchissant des préjugés d'un faux classique, a renoué sa vieille et fertile
alliance avec la vraie antiquité grecque et latine, en même
temps qu'avec l'antiquité' chrétienne. Grâce aussi à ces
deux novateurs, ,l'esprit français, qui s'appauvrissait dans
un isolement dédaigneux , initié enfin aùx littératures
étrangères, y va puiser une foule d'inspirations heureuses,
et se renouvelle à ce contact. Byron, Walter Scott, Schiller, Gœthe susciteront chez nous une poésie nouvelle. Pourquoi 'faut-il, que cette révolution merveilleuse dans
les Lettres, ainsi que la Révolution politique et sociale
de 89, dont elle était comme le contre-coup dans. les
choHes Œe l'esprit, ait été comprOmise et ait avorté en
�-
49 -
partie par ]es excès de quelques esprits .ardents et étroits;
fanatiques à outrance, qui ne s'arrêtent que dans l'absurde? En dépit de leur folie cependant, nous verrons
combien de grandes œuvres demeurent de cette époque
mémorable, pour entrer dans le trésor immortel de l'esprit
humain.
Littérature étrangère. La Chaire de Littérature étrangère
a été quelque temps voilée d'un crêpe. Après être restée
six mois vacante depuis Je départ de M. Mézières, M. Huguenin en effet n'a fait qu'y apparaître, pour s'y consumer dans un suprême effort et y mourir. Ce, regrettable
Collègue, qu'on avait appelé ici de Grenoble pour le rapprocher de Metz, sa ville natale, y apportait avec lui déjà
le germe de la maladie, qui nous l'a bientôt enlevé. Mais
surtout, de la perte récente d'une fille unique, il gardait
au cœur une blèssure mortelle. Depuis ce temps, le malheureux père avait la nostalgie du ciel, où il devait aller
rejoindre son enfant; et il semble que Dieu, en le rappelant à lui, ait pris pitié de son deuil paternel et ait voulu
abréger l'absence. Malgré le rapide déclin de ses forces,
Huguenin cependant a rempli jusqu'au bout sa tâche de
professeur ; il se traînait de son lit à sa chaire. Sa pâle et
mélancolique figure, où déjà l'on voyait le sceau de la
mort, s'animait alors (vous l'avez remarqué maintes fois)
d'un rayon surnaturel, mais dont la flamme achevait de le
dévorer. On peut dire de lui, qu'il est tombé au champ
d'honneur.
Nous n'osions alors espérer que le vide, qu'il laissait
parmi nous, serait de sitôt comblé. Cette Chaire, depuis
un an à demi déserte , allait-elle donc languir encore?
4
�-
!50 --
Mais non; le Ministre, pour ajouter a:ux bienfaits de sa
bienvenue parmi nous, nous amenait àvec lui M. Emile
Chasles, destiné à compléter notre enseignement. Beaucoup d'entre vous connaissaient à l'avance notre nouveau .
Collègue par sa coopération dans nos grandes Revues littéraires et pàr l'éclat de son doctorat. Mais tous, vous l'avez
aussitôt vu àl'œuvre. Son Cours en quelques leçons seule•
ment sur la Chanson du Cid, vous a permis. d'apprécier
son talent, et sa manière si nette, si piquante, si originale
de commenter avec l'histoire ce vieux monument poétique.
Ên vous jetant au cœur de cette croisade séculaire de l'Espagne contre l'Islamisme, le Professeur vous a montré en
ce fier Campéador, en ce batailleur infatigable, comme
une image idéale, où la Castille du Moyen-âge aimait à se
contempler pleine de jeunesse, d'orgueil et de foi. Ce n'est
pas cependant, que, de cette grande figure, quelque altérée qu'elle ait été depuis par la légende populaire,
toire ne doive tenir un compte sérieux. En réalité,_ Rodrigue Diaz était digue par ses exploits de devenir un héros
national. Si ensuite la tradition l'a ceint de l'auréole
poétique, ne doit-on pas dans cette espèce de transfiguration rechercher et reconnaître encore ce que rêvait, ce
que voulait l'Espagne à cette époque 1
Vous avez accueilli, Messieurs, avec faveur, cette pre;.
mière excursion dans la Littérature Espagnole. Aussi bien,
était·ce un champ encore inexploré parmi nous. M. Chasles
se propose cette année d'y rester, et d'étudier le développement progressif de cette Littérature du onzième au dix-septième siècle. Après avoir suivi l'histoire du génie castillan
et ses variatjons sous l'influence successive de la France,
de la Provence, de l'Italie, et jusqu'à un certain point aussi
�-
!H
....:..
de la poésie arabe, il. se hâtera d'arriver aux deux écrivains, qui, vers la fin de cette période, en résument en
eux-mêmes avec le plus d'éclat et de fidélité tout ensemble
la double inspiration, sainte Thérèse et Cervantes. Sainte
Thérèse en effet représente, comme en sa plus pure
expression, cet enthousiasme de la foi et cette ferveur
mystique, auxquels l'Espagne doit plus de la moitié de son
génie, et qui éclatent dans toutes les œuvres de la sainte
avec une singulière éloquence .......... Cervantes, au contraire,
nous donnera comme le revers du génie castillan, lui qui
et mo-.
personnifie au plus haut degré cet esprit
queur, dont les ironiques créations ne forment pas la part
la moins riche et la moins originale de la littérature
gnolê. Car nul n'a mieux montré comment la raillerie, en
prenant le contrepied de l'enthousiasme, peut devenir à.
son tour une sour<;e non moins féconde d'inspiration.
Dans le génie si opposé de ces deux grands écrivains,
l'un, qui nous emporte vers les régions éthérées sur les
ailes enflammées de la foi et de l'amour; l'autre au eontraire, qui nous rejette en riant du haut de l'idéal en
pleine et vulgaire réalité, M. Chasles se plaira à étudier
comme les deux pôles extrêmes, entre lesquels la littérature espagnole a oscillé, également féconde et puissante
dans cette double sphère de son activité.
Vous voyez, Messieurs, d'après cet exposé sommaire,
combien ces Cours, sans cesse renouvelés, offrent à votre
sérieuse curiosité de variété et d'intérêt. Nous espérons
j'y conviè
qu'ils seront suivis comme par le passé.
surtout nos jeunes gens. Ils ne se doutent pas assez de tout
ce que vaut ce noble aliment des hautes études littéraires
�-
52
pour se préparer à .}a vie. Qu'ils sachent hien pourtant,.
que les temps où ils doivent vivre, grands sans doute à
hien des égards, sont difficiles. Les principes n'ont été que
trop ébranlé:; par nos révolutions. La poussière, que. soulèvent.ces grandes ruines, et les fumées qui s'élèvent encore
même après que l'éruption semble éteinte, voide
lent souvent aux regards la lumière du ciel. Aussi, la route
est quelquefois obscure; on s'avance à tâtons vers un avenir
inconnu, sans guide, sans barrières; D'un autre côté, le
monde matériel, quoique asservi à nos besoins. par l'industrie, nous domine, nous absorbe : notre pensée s'enferme
et se borne dans les jouissances de la terre ; inclinée en
bas, elle a trop perdu de vue le soleil des âmes, Dieu; il
semble que le bien-être soit devenu l'unique objet de
notre destinée. Aussi, quand les jours d'orage sont venus,
nous ont-ils surpris incertains, éperdus ; et nous avons été
nous-:-mêrnes étonnés de notre faiblesse. -Ce malaisé des
esprits, tout le monde le sent; toutle monde en appelle le
remède. Or, après ]a Religion, qui non-seulement a l'infaillible flambeau pour éclairertoutes les situations de la
vie, mais qui surtout nous donne la force de vouloir et
d'agir, je ne sache rien encore de plus effiéace et de plus
propre que le commerce des bonnes Lettres, pour soutenir
les courages, pour rallumer le foyer de tous les sentiments
généreux, pour remettre en lumière les éternelles vérités,
qui font la grandeur, la dignité et la force de notre vie
morale.
Qu'est-ce donc, en effet, que cultiver les
Messieurs? qu'est-ce? sinon vivre en société intime et journalière avec les beaux génies de tous les temps ; avec ceux
qui ont su trouver la forme immortelle pour exprimer
�-
B5
-
toutes les grandes pensées etles nobles sentimimts de.notre
âme? Car on n'est grand écrivain qu'à cette
La
haute poésie et l'héroïsme s'inspirent aux mêmes sources;
et il n'y a point de sublime éloquence,. que la vertu au fond
ne sou.tienne et n'échauffe. En un mot, le beau, (comme
on l'a dit) n'est que la splendeur du bien.
Qui de vous, Messieurs, n'a ressenti maintes fois la contagii:m généreuse qu'exerce cette fréquentation des grandes âmes, et les divins prestiges de l'art sur nos imagina;..
lions? Grâce à je ne sais quelle admirable illusion, nous
entrons dans toutes les pensées, dans les héroïques élans
de l'orateur ou du poëte; leur âme devient la nôtre. En
, par exemple , Démosthènes , dont la flamme
brûle encore après tant de siêcles dans ses discours, ne nous
associons-nous pas aux résolutions magnanimes de son
patriotisme, et ne protestons-nous pas avec lui, qu'il valait
mieux pour Athènes tomber avec honneur dans la poudre
de Chéronée, que de se sauver en donnant les mains au
barbare pour l'asservissement de la Grèce? Avec Rodrigue,
ne se sent-on pas èapable de sacrifier sa vie à son amour,
et son amour à son devoir? Est-ce que Polyeucte ne nous
ravit pas avec lui dans son religieux enthousiasme? Avec
lui exaltés par l'ardeur du martyre, ne nous croyons-nous
pas prêts avec lui à confesser notre foi jusque dans la mort?
-Non,, non: ce n'est point là une stérile illusion, dont
notre imagination est dupe, et qui ne laisse rien après elle.
L'âme entière en garde l'impression profonde. En l'associant ainsi avec une ardente sympathie à la destinée du
héros, non-seulement cette espèce d'émotion iritellectueHe
lui a fait connaître, par la grandeur morale d'un autre,
tout ce qu'eUe a en elle-même de facultés en réserve pour
�54
juger, pour sentir, poÙr oser; mais.eÜe seressentira long'"'
temps de ce contact avec l'héroïsme. En· sortant .de ces
spectacles ou de ces lectures, comme de l'entretien avec
un homme de bien, nous valons pour un temps mieux que
nous-mêmes. Que cette expérience se prolonge et devienne habituelle, et cette élévation de pensées et de sentiments finira par être comme le tempérament de notre
âme. Notre ei\prit restera naturellement ouvert à mieux
comprendre tout ce qui est grand, vrai, juste; notre cœur
plus prêt à embrasser ce qui est bien. A quelque épreuve
désormais, que la vie nous appelle, nous nous trouverons
mieux au niveau de notre rôle. Les Muses, ainsi cultivées,
nous assisteront dans toutes les situations. 0 douces Lettres
(comme dit Cicéron), après avoir formé notre jeunesset
vous restez les plus fidèles et les plus charmantes compa•
. gnes de notre vie ; délaissés, vous peuplez notre solitude;
petit\:i et dédaignés, vous éclairez d'un reflet doré notre
existence obscure ; que la fortune au contraire nous appelle
à un poste élevé, vous nous guidez de vos clartés, et nous
soutenez de vos conseils. Dans l'épreuve vous êtes encore
là, pour relever et calmer notre courage, en fixant notre
conscience sur nos devoirs ;·et c'est encore vous, vous tou-"
jours, que nous retrouvons pour enchanter nos douleurs
aux heures de l'adversité.
�
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Title
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1862 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-12.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.13-27.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.29-54.</li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la sesison de Novembre 1862. p.55-68.</li>
<li>Notes. p.69-70.</li>
<li>Prix accordés par S. Ex. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la faculté des lettres
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des lettres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
BENOIT, Charles
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/60b8404ff62a97d1c9a2132d52096a01.pdf
fec98c06fd718e292d69aafd3c8537a7
PDF Text
Text
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�RENTRÉ,E SOLENNEI;,LE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ÈT DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
LE 1'1 NOVEMBl\E
NANCY,
ve
RAYB OIS, IMPRIMEUR D:È
' Rue du
Stanislail, 3,
1862
i;ACADÉMIE,
��DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
MESSIEURS,
Ma 'lâche est aujourd'hui facile.
Il y a quelques mois à peine, à cette même place que
j'occupe en ce moment, un Ministre de l'Empereur inaudans cette enceinte les travaux de nos Écoles de,haut
C'est un devoir po11r moi de m'effacer
devant 'un pàreil souvenir et de vous laisser sous l'impression de ces parole,, élevées et sympathiques qui sont encore
présentes à votre pensée.
Vous savez, d'ailleurs, Messieurs, quel est le rôle qui
me revient dans ces séances solennelles de rentrée.
Adresserà nos savants professeurs les éloges que leurs
travaux ont mérités ; leur dire ensuite comment ils pourront continuer l'œuvre de perfectionnement à laquelle ils
sont voués : voilà le cercle qui m'est tracé.
Or, ces félicitations, ces conseils, .M. le Ministre de
l'Instruction publique a bien voulu nous les appporter, et .
�-
8-
il leur a imprimé toute l'autorité de sa haute raison et de
la mission qu'il venait remplir.
«Vos preuves sont faites,>) disait M. Rouland aux
norables fonctio_nnaires que j'aùrais à féliciter de leur
succès, \( l'estime publique a consacré les résultats de
»
enseignement, la France savante et lettrée connaît
» vosnoms.
Et puis, ajoutait Son Excellence, l'Empereur, en confé» rant la croix de la Légion d'honneur à MM. Burnouf,
» Nicklès et Grandjean, a daigné ajouter, à l'approbation
» de leurs concitoyens, l'éclat du plus auguste suffrage. »
>>
Quelles expressions ne pâliraient en présence de pareils
témoignages, en présence aussi des chaleureux applaudissements qui saluaient, naguère, les noms que je yiens de
,rappeler, et proclamaient les profondes sympathies de la
ville de Nancy pour ses Facultés et son École de médecine?
Resteraient les conseils.
Ici, comme pour les éloges, Je respect me ferme la
bouche et m'ordonne de laisser parlér le chef aussi aimé
-. que vénéré qui préside avec tant de bienveillance et de
sagesse aux destinées de l'éducation publique en France.
Vous entendez encore, MM. les Professeurs, cettè voix si
autorisée recommander :
· A la science : de placer à côté de ses principes abstraits,
comme la lampe qui éclaire les mystères de l'autel, les
résultats des applications pratiques, et, en même temps,
de ne pas trop exalter la raison, de ne point se produire
comme le dernier mot de l'humanité, de montrer au
contraire, dans les prodiges de la matière, l'esprit divin
qui l'a créée1 afin de devenir de la sorte le 'révélateur le
�-
9 -
plus énergique des rapports qui enchaînent l'homme à la
puissance de Dieu ;
.
Aux lettres : de faire que leur enseignement se distingue
par la clarté, l'étendue, la vigueur, la sévérité ,du goût;
qu'il éloigne la jeunesse des exagérations; qu'il forme
des hommes assez éclairés pour aimer le progrès, mais
assez fermes pour ne jamais l'isoler de la modération des
idées, du respect de la paix publique.
, Comme les Écoles d'enseignement supérieur, nos établissements d'instruction secondaire ont reçu, de M. le
Ministre, pour leur bonne administration et pour leurs
sUcees, des
de satisfaction.
Mais, dé tous les souvenirs laissés à Nancy par la visite
de son Excellence, il n'en est pas de plus dignes d'être
pieusèment conservés que ceux qui ont l'instruction primairé pour 'objet.
Pèts'oühe; Messieurs, ne s'en étonnera.
En effet, s'il est bon de répandre dans les rangs élevés
de la .société l'amour des lettres et .. le goût des hautes
sciences i s'il faut désirer que les lycées et les colléges donnent aux pays des ho.mmes capables de maintenir l'honneur des professions libérales et de cdnduire avec intelligence lès entreprises de l'industrie; il est, je ne crains pas
de le dire, plus important encore d'assurer au peuple le
bienfait, de cette instruction élémentaire qui lui rendra la
vie plus facile; de travailler à 'son éducation; d'ouvrir son
âme aux sentiments honnêtes, son esprit à la: saine appréciation des èhoses'; en un mot, d'affermir en lui le sens
moral et le bon sens.
Avant d'orner, avant de couronner l'édifice, il importe
en effet, d'en consolider· les bases.
�-
to -
Cette préoccupation est celle des hommes q:ui comprennent le mieux les grands intérêts de la i'lociété. La
droite et ferme raison de notre sage Ministre ne pouvait
manquer de la partager.
Aussi M. Rouland a-t-il voulu visiter ces belles écoles
municipales où la ville de Nancy offre am. enfants de la
classe ouvrière un enseignement approprié aux besoins
de l'existence laborieuse qui les attend.
Ces marques de sollicitude pour le plus vital de nos intérêts sociaux ne devaient pas s'arrêter là.
Le lendemain du jour où il avait parcouru les écoles,
quelques instants avant de nous quitter, dans 'cette même
salle où nous :;;omm es rassemblés, M. le Ministre réunissait
autour de lui trois cents instituteurs, venus de tous les "
points du département.
Après les 'avoir prémunis contre les dangers de l'orgueil, qui compromettrait à la fois leur bonheur personnel
et le succès de leur belle mission, son Excellence faisait
ressortir le:; services que l'instituteur est appelé rendre,
et, donnant une auguste sanction à ses conseils,, disait à
'son auditoire, avi4e de les recueillir : <<Quand je vous
» parle ainsi; je vous parle au nom de l'Empereur, dont
» je ne suis que l'interprète et dont je m'efforce de réaliser
» le:; généreuse;; intention.;. Au milieu de si grave.s et si
>> nombreuses affaires, l'Empereur se préoccupe des inté» rêts de l'instruction primaire, qu'il place au premier
» rang des intérêts sociaux, et il vous aime parce qu'il
>.J aime profondément les classes ouvrières et les popula» tions rurales, et que vous en êtes les éducateurs. »
a
Maintenant, Messieurs, je cède la parole aux. doyens de
�-
11
-
nos deux facultés et au directeur de notre école de médecme.
Ils ont, et c'est l'objet spécial de cette solennité, à présenter l'exposé des travaux qui ont. rempli la dernière
année scolaire, à tracer ]e tableau de ceux qui auront lieu
pendant l'année qui commence.
J'ajouterai pourtant un dernier mot à cette allocution.
Il s'agit pour moi d'un devoir que je suis. heureux de
remplir.
Je veux exprimer ma reconnaissance pour cette élite
d'une population éclairée et polie, pour les éminents dignitaires de l'église, de la magistrature, de l'administration, de l'armée, toujours empressés de venir à nos fêtes
universitaires, témoigner de leurs sympathies et de leur
intérêt pour l'œmre de l'éducation publique.
Je veux dire aussi toute ma gratitude pour la ville de
Nancy.
Depuis la création de cette académie, chaque année à
parei] jour, nous recevions., dans cette salle décorée par le
pinceau d'un enfant de la Lorraine, une gracieuse hospitalité. Que l'administration municipale veuille bien en recevoir mes remerciements.
Qu'elle les reçoive également pour la nouvelle demeure
qui nom: est ouverte.
Mais, ici, encore, permettez-moi, Messieurs, de me servir des expressions mêmes de M. le Ministre.
Nous voici, disait son Excellence, dans ce palais des
» facultés, courageusement entrepris, rapidement terminé,
» qui atteste
Sf\ va,ste et
grdoi1nance que les sacri<<
�-
12 -
fiees n'arrêtent pas votre énergie, quand il s'agit d'bono» rer les lettres et les sciences, et de leur ouvrir un asile
)) digne d'une grande et généreuse cité ...
»
»
Il est bien que la reconnaissance publique récompense
les services rendus. »
" >>
A la ville de Nancy! à vous, Messieurs ses ad ministrateurs, honneur et merci! »
»
<c
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Title
A name given to the resource
1862 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-12.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.13-27.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.29-54.</li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la sesison de Novembre 1862. p.55-68.</li>
<li>Notes. p.69-70.</li>
<li>Prix accordés par S. Ex. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Discours prononcé par M. Le Recteur de l'Académie de Nancy
Subject
The topic of the resource
Discours du Recteur
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
DUNOYER, Charles-Marie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/da21b7a110cabe53718e960d3f2b483c.pdf
27d1cec476311e91d1ff7c231b294d77
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Text
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�RENTRÉ,E SOLENNEI;,LE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ÈT DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
LE 1'1 NOVEMBl\E
NANCY,
ve
RAYB OIS, IMPRIMEUR D:È
' Rue du
Stanislail, 3,
1862
i;ACADÉMIE,
��RAPPORT
DE
M. GODRON, DOYEN DE LA
DES SCIENCES
MoNSIEUR .LE RECTEUR,
MoNSEIGNEUR,
MESSIEURS.
Une année s'est écoulée, depuis que la munificence de
la ville de Nancy a doté sa Faculté des Sciences de locaux
appropriés à s"es besoins, où les différents services, parfaitement isolés les uns des autres, fonctionnent avec la régularité et l'aisance indispensables dans tout établissement
d'instruction, depuis l'école primaire jusqu'aux institutions
destinées à donner, au nom de l'État, l'enseignement supérieur. Les professeurs d'une Faculté des sciences ne peuvent pas dire comme le philosophe Bias : Omnia mea
mecum porto ; ils ne peuvent non plus, comme le stoïcien
Zénon, réunir leurs disciples sous le portique, pour y exposer de,arit eux les théories les plus simples comme les
plus élevées. Leur action serait stérile, leur enseignement
incompris et sans autorité si, à· chaque pas, ils étaient
théories, qu'ils
privés de l'avantage précieux d'appuyer
�- 14 exposent, sur l'observation et sur. l'expérimentation, ces
deux bases fondamentales de l'enseignement scientifique.
Il leur faut des ,amphithéâtres et des laboratoires; des collections importantes et variées, se complétant au fur et à
mesure que le mouvement scientifique , qui entraîne le
monde actuel, crée aux Facultés des sciences des besoins
et des devoirs nouveaux,. sont également indispensables,
si l'on veut qu'elles enseignent
les découvertes d'hier, mais encore celles d'aujourd'hui. Le Conseil
municipal,· dispensateur intelligent des revenus de la Cité;
p'a pas hésité à lui imposer, dans les limites du possible,
les sacrifices nécessaires, pour la création de nos collections. Il a même dévancé l'avenir, en nous dotant d'un
observatoire, auquel des temps plus favo.rables réservent,
sans aucun doute, les instruments nécessaires aux observidions astronomiques.
L'expérience acquise, pendant la dernière année seo,..
laire, nous a ·démontré que la Faculté des
grâce
au local et aux moyens d'action dont elle dispose aujour"'
d'hui, est enfin en mesure de donner une nouvelle vie
àson
d'en assurer à la fo,is les développ.ements théorique et pratique et d'atteindre le but que le
Gouvernement de l'Empereur attend de nos efforts.
L'impression, que produit sur notre esprit cette situation favorable, a développé chéz nous un sentiment .de
profonde reconnaissance envers une ville, qui a généreusement pourvu à tous nos besoins et assuré, nous .en avons
la confiance, la prospérité d'un établissement, aujourd'hui
solidement assis au milieu d'ùne population si avide d'être
initiée à tous les enseignements et aux progrès incessants
de la science moderne.
�ENSEIGNEMENT.
Je ne m'etendrai pas. sur notre enseignement officiel.
li a eu lieu conformément aux programmes qui nous sont
donnés comme direction et que nous suivons religieusement. Je ne me permettrai, à cet égard, qu'un détaiL
Vous savez tous que le soleil, ne se contentant plus de
féconder, comme par le passé, notre nature terrestre et
·d'entretenir la vie de tant d'êtres divers, s'est fait peintre
depuis quelques années; il vient d'accepter encore un nouveau rôle, celui de chimiste, et, qui plus est, il nous a
révélé, au moyen de ses rayons décomposés par le prisme,
que]ques'-uns des éléments constituants de sa propre substance. Aussi la Faculté s'est hâtée d'acquérir l'ingénieux
appareil de MM. Kit·schoff et Bunzen, qui a permis, cette
a:nnée, à M. le Professeur de physique, de rendre son auditoire témoin· des merveilleux phénomènes produits par
cet
si sensible d'anaJyse chimique.
l1 êst ûn autre' enseignement, plus élémentaire et essentiellérrierü prâÙque , que la Faculté s'est bénévolement
sept ans, en faveur des ouvriers de la ville.
· Cette tâche/ elle la continue avec persévérance, soutenue
qU.'élle
'la seule conviction que cette œuvre .est
utile à l'une ;des classes ·les pl1,1s intéressantes de la population.
Mais ici, les sujets d'études sont livrés à l'initiative du
professeur et l'enseignement _ne,se meut pas périodique..:.
ment dans le même cercle. Il offre, chaque année, un
aliment nouveau à l'ardeur d'apprendre que témoignent
les habitués de ces cours. Qu'il me soit permis d'indiquer
!:{sr pàr
�16 îci, queUes ont été, cette année,îes matières enseignées
dans ces leçons du soir·.
M. Nicklès, s'est occupé, d'une manière exclusive, de
Pétude du cuivre, de ce métal précieux qui, le premier de
tous, fut connu et employé par l'homme et qui a joué dans
l'histoire et dans les progrès de la civilisation un rôle si
important, à partir de l'époque reculée qui a succédé à
l'âge depierre.
En traitant de son extraction et de son histoire métalex:.:
lurgique, notre collègue a dû signaler les
ploitations de ce métal, exécutées sous la domination
romaine, sur plusieurs points de notre province académique. Mais, ce sont surtout les applications industrielles si
nombreuses auxquelles il donne lieu, qui ont été le sujet
plus spécial du cours.
Les principaux dérivés du cuivre, ces couleurs toujours
si employées qu'on prépare avec lui, la peinture rouge sùr
verre du moyen âge et les secrets des anciens verriers,
tels que l'hématinon, l'avanturine, l'émeraude artificielle,
etc., ont été l'objet d'une étude complète.
Il en a été de même des alliages du cuivre et surtout de
cette importante triade qui se compose du laiton , du
bronze et de l'airain et de l'application de ces substances
métalliques au doublage des navires, à la fonte des statues,
des cloches et des canons.
La conservation des bois par.le sulfate de cuivre, opé.:ration pratiquée aujourd'hui, dans nos forêts des Vosges,
sur une assez large échelle, ne pouvait être oubliée, à titre
.
d'industrie du pays.
Enfin, l\t Je Professeur de chimie a terminé par l'étude
de cet arf nouveau, connu sous le nom d'électro-métal-
�-
t7
Iurgie, et a initié son auditoire aux procédés si ingénieux
employés, soit pour la reproduction des caractères, des
bas-reliefs, des médailles, des timbres-postes, etc., soit
pour cuivrer les vasques et les statues, qui ornent les
fontaines monumentales et que nous voudrions voir appliquer à celles de Ja place Stanislas de Nancy; ce qui
en compléterait la restauration entreprise, avec une si
louable sollicitude par l'autorité municipale.
M. Chautard s'est oceupé spécialement de l'étude des
propriétés moléculaires des eorps et d'une elasse de phénomènes qui dépendent intimement de ces propriétés, je
veux parler de i'acoustique. La production et la transmission des sons, la théorie physique de la musique, l'étude
des différents instruments à vent et à cordes ont été l'objet
·
de ces leçons.
M. Renard a enseigné les applications de la géométrie
deseriptive à la coupe des pierres, à la charpente, à ]a
théorie des ombres, à la topographie et au nivellement.
La
·des pierres comprend, relativement à une construction quelconque, quatre opérations principales : le
tracé des. épures, la taille des pierres, la pose des pierres
les éonditionsde stabilité. Les principales constructions
qui ont été étudiées sous ces différents rapports, sont les
diversesespèées pe voûtés
et composées, par exemple, les vofttes plates, les voûtes cylindriques, les voûtes
sphériques, les voûtes biaises, les voûtes d'arête, les voûtes
en arc de Cloître, etc., puis les escaliers et les voussures.
La charpente s'occupe de la taille des bois et des différentes espèces d'assemblages. Les principes posés ont été
appliqués à la construction des eombles à deux pentes, à
quatre pentes, enfin aux combles brisés ou à la Mansard.
et
2
�18 Les principes de la topographie et· du nivellement non:..
seulement ont été enseignés, mais les jeûnes gens qui
suivent ces cours, ont été exercés à l'exécution des épures,
sous la direction du professeur et de M. Mélin, maître des
travaux graphiques. En été, des exercices pratiques ont eu
lieu sur le terrain et les élèves ont effectué successivément
le levé des environs de la ferme Saint-Jean, du petit Jéri..,
èho et des Grands-Moulins. Leurs plans sont conservés
dans les archives de la Faculté ..
M. La fon a enseigné la mécanique appliquée. En appuyant sur la géométrie, il a pu en exposer, d'une manière
élémentaire, les prinéipes les plus importànts, dont l'ignorance fait que souvent l'esprit s'égare' dans de vaines recherches et s'obstine, par exemple, à vouloir· trouver le
mouvement perpétuel. Ces principes de mécanique ont été
plus particulièrement appliqués, cette année, à l'étu.de
des machines à vapeur.
.
M. le docteur L. Parisot continue à prêter à notre œuvre
l'appui de son talent. Il a entretenu son auditoire de l'alimentation, en développant spécialement quelques questions importantes, qui touchent à la fois à l'économie
politique et à ·l'hygiène. Après avoi-r défini l'aliment et
prouvé, par tous les résultats pratiques et .Par les nombreuses recherches expérimentales dont cette question a été
l'objet, que l'alimentation doit être variée chez l'homme
et empruntée à la fois aux .deux règnes organiques, il s'est
attaché à l'étude du sel considéré dans ses effets sur la
nutrition de l'homme et des animaux domestiques. s'est
demandé, si avec du sel on fait réellement de la viande,
comme on l'a prétendu et si la prospérité de notre agriculture tient d'une manière intime à l'usage de cette subs-
n
�-
t9
tance, dans l'engraissement des animaux de bouchet;ie; il
est arrivé à ces conclusions, que le sel en petite quantité
excite la sécrétion du suc gastrique, mais ne se fixe dans
les organes qu'en une faible proportion qu'il est inutile df
dépasser, puisque cette substance minérale surabondant!
est immédiatement expulsée par la voie des excrétions.
Abordant ensuite la question de la consommation de la
viande en France et en Europe, il a fait voir, qu'à Nancy,
la moyenne sous ce rapport est celle que la science indique
et que l'Angleterre consomme. Il s'est. attaché aussi à démontrer que. 1a salubrité de la viande ne dépend pas de
l'espèce animale qui la fournit, et que l'introduction dans
le régime dfJ l'homme de la chair de cheval ou du porc
nourri de débris animaux est parfaitement rationnel au
point de vue de l'hygiène.
·
Après avoir jugé la valeur des différents modes de préparation des aliments, il a étudié les principaux procédés
de conservation de la viande et propose comme moyen de
maintenir à cet aliment sa fraîcheur, sa saveur et sa constitution physique, l'emploi de l'acide sulfureux, déjà appliqué avec succès par notre célèbre chimiste, Braconnot, à
la conservation, à l'état frais, de ce légume dont Pythagore
interdisait l'usage à ses nombreux disciples. Enfin, :M. Parisot s'est attaché à combattre une foule d'idées fausses
répandues dans le monde et relatives à l'alimentation.
Détruire un préjugé est souvent une conquête plus utile
que de découvrir une vérité nouvelle.
�Tl\AVAUX PARTICULIERS DES PROFESSEURS PENDANT LA DERNIÈRE
ANNEE CLASSiQUE.
Eri dehots de. lel1r enseignement, mes laborieûx ·coUené sott't pas
inaètifs. Col'im:îe les années précédentes, ils ·ont produit des travaux, dont les réglemer:its
me prescrivent de vous rendre compte dans chacune de
nos séances de rentrée.
A côté de travaux de critique scientifique if1sérés dat1s
les Comptes rendus de FAcadémie de sciences, dans le Journal de chimie et de pharmacie et dans l'un des organes
de la presse scientifique américaine, M. Niêklès a publié
plusieurs mémoires originaux et exécuté une invention
sur laquelle nous fixerons tout d'abord l'attention.
En installant son nouveau laboratoire, il a fait cons;..
truite un alambic 1 dont les divers organes ont été agencés
de manièrê à produire très-r(·guÎièrement des effets multiples. Si la chünie est toujorirsTartde manier le feu sous
ses différentesformes, on peut presque dire que, grâce au
nouvel appareil imaginé par notre collèglle, l'expérimentateur peut exécuter presque toutes ses opérations sans se
noircir les mains et sans aspirer des vapeurs nuisibles.
Sous prétexte de donner de l'eau distillée, cet alambic ·
donne de la vapeur d'eau, des bains-marie, des bains de
sable, des étuves à divers degrés de température, des séchoirs, une chambre à fermentation, des entonnoirs à
filtration chaude, de l'eau distillée bouillante et de l'eau
distillée froide; enfin, en hiver, l'appareil chauffe suffisamment la _pièce où il a été construit et tous ces services
�-
2i
-
sont obtenus au moyen d'une dépense peu considérable en
combustible.
Quatre mémoires ont été publiés par M. Nicklès et je
crois devoir en faire connaître l'objet avec quelques détails
qui en feront ressortir l'importance.
Appelé par un établissement métallurgique à examiner
quelques échantillons de fonte, qui se distinguaient par
des propriétés spéciales, notre collègue fut frappé de l'état
d'imperfection dans lequel se trouvaient les procédés d'analyse alors connus. On se fera une idée de cette situation, quand on. saura que le métal devait être réduit tout
d'abord en poudre impalpable; mais, en raison de son
excessive dureté, il devait y avoir mélange de matières
étrangères, provenant des agents mécaniques eux-mêmes
mis en action pour obtenir la pulvérisation. Cette poudre
devait être ensuite attaquée par les acides a:u risque de
voir se· perdre, sous forme gazeuze , certains principes
constituants du métal. Pour éviter ces causes d'erreur et
faciliter le travail, lVI. Nicklès eut l'idée de se servir du
lafonte,
brome qui, uni à l'eau, désagrège assez
sans occasionner, par volatilisation, aucune perte des éléments qu'il s'agit de rechercher.
Une importante affaire criminelle, qui s'est dénouée
devanUa Cour d'assises; a condpit M. Nicklès à imaginer
un procédé nouveau, d'une sensibilité extrême, pour reconnaître la nature d'une tache placée sur du linge. En
s'aidant de l'électricité et de réactifs appropriés, il estparvenu à caractériser Je métal, contenu dans cette tache en
quantité très-minime et à l'isoler de manière à lui conserver son aspect particulier. Ce métal était l'argent. .Ce pro-
�cédé, qui est appelé à rendre des services à la médecine
légale, a dû être publié par-son auteur. · ·
·
Dans l'ordre des sciencés purement théoriques, notre
collègue a fait encore, cette année., la découverte d'une
nouvelle classe de combinaisons chimiques. La plupart des
composés salins sont formés d'un acide et d'un oxyde ; on
sait aussi que certàins de ces composés peuvent s'unir
entre eux pour former ce qu'on appelle des sels doubles.
La science connaît aussi quelques exemples de sels triples;
Mais, ce dont on ne se doutait pas, c'est l'existence des sels
quadruples; M. Nick! ès nous en a révélé un certain nombre, nous a fait connaître leur composition et a déterminé
leurs formes cristallines.
Enfin, il a publié des recherches sur une maladie du
vin, connue sous le nom de vin tourné et s'est assuré
qu'elle est due à la formation d'acide butyro-acétiqlie,
composé qu'il a découvert, il y a seize ans, à ses premiers
débuts dans la carrière des sciences.
Tels sont les travaux que, pendant la dernière année
scolaire, M. Nicklès est venu ajouter encore à tous ceux
dont il a enrichi la science depuis la création de notre
Faculté. Aussi vous avez tous applaudi à la brillante
distinction que Son Excellence, lVI. le Ministre de l'Instruction publique, a bien vouhi lui accorder, à son arrivée
à Nancy et qu'il a.vait si bien méritée, et par son enseignement et par son ardeur brûlante pour les recherches
scientifiques.
Tout eu continuant ses recherches théoriques sur l'électricité, M. Rènard nous a donné une excellente biographie
d'un mathématicien aussi modeste que distingué, M. Gustave de Coriolis. Après avoir tracé , dans une première
�23 -
partie, une analyse complète de ses travaux, de manière à
caractériser le savant, il s'est attaché, dans une seconde
partie à faire connaître l'homme de bien, en découvrant
quelques-unes des belles qualités de son cœur (1).
M. Lafon, dans une note, présentée à l'Académie de
Stanislas, a donné une démonstration nouvelle des formules relatives au mouvement d'un corps solide. Par des
considérations purement géométriques , il arrive, en
outre, à démontrer les formules de Lagrange relatives à
cette question (2).
EXAMENS.
Baccalauréat ès sciences. - Les candidats à ce grade
universitaire continuent à se présenter en grand nombre
devant notre Faculté des sciences; 414 jeunes gens sont
venus, cette année, affronter ces épreuves si redoutées et
(1.) Ce travail est intitulé : /Notice
sur la vie et les
.· travaux de Gustave de Coriolùs. Nancy, 1.862, in-8•.
(2) Pour compléter les travaux dos membres de la Faculté des
sciences, il faudrait y ajouter, pour obéir au vœu, qui s'est produit, il
y a un an, au sein du Conseil académique, les travaux du Doyen,
pendant la dernière année scolaire. Nous nous contenterons d'en indi-.
quer les titres :
1" Essai sur la géographie botanique de la Lorraine; 1. vol. in-12.
2" Etude ethnologique sur les origines des populations ·zm·raines;
brochure in-8•.
3• Mémoire sur les feuilles inéquilatères, présenté à l'Académie des
sciences de Pm·is; brochure in-8•.
4• Deux faits nouveaux relatifs à l'histoire des LEgilops hybrides;
brochure in-8".
�cependant si peu redoutables iiOur tous ceux qui, ayant
suivi consdencieusement le cours complet des études
classiques, nous arrivent nécessairement
:de toutes
les connaissances qui conduisent naturellement à ce grade,
par une voie 'largement ouverte et dégagée de tout obstacle. Aussi, nous ne pouvons trop prémunir les jeunes gens
contre l'impatience qui les pousse à quitter des études
régulières, pour se livrer à une préparation superfidelle,
qui très-souvent devient pour eux une déception dans le
présent, et ne leur laisse, pour réussir, dans la
qu'ils ambitionnent, que des connaissances trop vagues,
dont l'insuffisance compromet leur avenir.
Nous devons dire, toutefois, que cette propension fâcheuse, contre laquelle nous nous sommes fréquemment
élevé dans cette enceintè, tend chaque ai:mée à s'affai ..
blir. L'expériènce, ce guide si sage de toutes les actions
humaines, paraît avoir exercé sur l'esprit des j'eunes gens
une influence plus pnissante que n'ont pu le faire rms
conseils désintéressés. Les compositions, qui sauvêgardent
lé'::. candidats des, effets de la timidité, si générale _pa'rmi
eux, à en croire du mOins toutes les lettres de recornn]'andation qui nous arrivent, mais surtout la nature de ces
épreuves ne s'accommodent guère d'une préparation artificielle au moyen de ces affreux manuels, que nous voudrions voir bannir de tous les établissemetlts d'instruction.
Aussi, dans chacun de nos .derniers rapports, avons-nous
eu à constater des progrès sensibles dans le niveau des
examens; ces progl'ès ont été, cette année, encore plus
saillants et nous sommes heureux de le constater. L'émulation, toujours si féconde lorsqu'elle anime le travail de
l'homme, commence à dominer ces froids calculs, par
�-
25 -
Jes.quels les candidats dirigeaient leur .prépa,ration pour
atteindre rigoureusement au but et semblaientcraindre
de le dépasser. L'ambition d'être reçu à la tête de la série
s'est manifestée, pendant la dernière année scolaire, d'une
manière plus évidente encore que pendant les
cédentes. Jamais nous n'avions eu la satisfaction de proclamer les notes bien et très-bien un aussi grand nombre
de fois que ce,tte année. Nous commençons donc à faire de
véritables bacheliers et beaucoup moins de ces gradués,
qui se sont imprudemment aventurés sur l'un de ces
quifs, dont je 1airai le n()m, si .fragiles et csi sujets à sombrer, mais,qui cependant abordent exce!ptionnellement au
port contre vents et marées.
Il est une au:tre ambition, non moins digne d'éloges,
qui se développe de plus en plus dans :1' esprit de nos jeu- .
nes candidats, c'est celle de conquérir les deux diplômes.
Nous comptons, cette année, 7 4 candidats, qui se sont
présentés devant nous déjà pourvus du grade de bachelier
ès lettres. Les avantages, qui sont faits aux jeunes gens
doublement bacheliers .pour l'entrée dans certaines écoles
spéciales, est une· heureuse pensée qui engage un certain
nombre d'entre eux à coinpléterleurs études littéraires et
scientifiques. Mais ce n'est pas le seul mobile qui les po.usse
ainsi en avant; il en est, et nous en connaissons, qui ne se
destinant pas aux écoles tiennent à honneur de ne pas
quitter les bancs du lycée ou du collège, sans posséder un
double parchemin. Nous ne pouvons que les encourager et
les féliciter de leur bonne volonté.
Quant à.}' examen du baccalauréat divisé en deux.parties,
nous n'avons qu'à répéter ce que nous avons déjà cons-
�-
26
-
taté, dans nos précédents· rapports, c'est . que ce mode
d'examen facilite les réceptions.
Nous résumons les résultats des trois sessions d'examens de la dernière année scolaire dans le tableau suivant:
Nombre
des
candidats.
Çandidats
Candidats
admis
admis
aux épreuves
gratuitement
orales.
complet ....
99
84
restreint ....
17
9
7
1re partie .. .
110
78
77
2è partie .. .
121
68
66
414
Baccalauréat
166
254
234
1
Il
Licence ès sciences.;- Les candidats, qui se sont présentés aux épreuves de la licence ès sciences, pendant nos
deux sessions réglementaires, ont été au nombre de treize,
chiffre relativement élevé, si on le compare à celui que
présentent annuellement les diverses Facultés provinciales
de l'Empire et si l'on songe que ce grade difficile à acquérir ne conduit à une position que dans la carrière de l'Instruction. Parmi ces 13 candidats, 8 nous ont demandé la
licence ès sciences mathématiques, 4 la licence ès-sciences
physiques, un seul la licence ès-sciences naturelles.
Le résultat de ces examens a été l'admission au grade
�-,. 27 -
de licencié ès sciences mathématiqués de MM, Philippe
et Chrétien, maîtres-répétiteurs au lycée de Nancy et de
M. Maxant qui a le même grade au lycée de
Duc;
MM. Ravier, Mathouillot et Langrogne, maîtres-répétiteurs
au lycée de Nancy, ont obtenu le diplôme de licencié ès
Seguinaud, pharmacien à l'hô-:
sciences physiques et
pital militaire de Nancy, a mérité celui de licencié ès
sciences naturelles.
Tels sont les faits qui se sont produits pendant la der:nière année scolaire; telle est la situation que notre Faculté des ,Sciences a su jusqu'ici conserver ; j'ai la confiance qu'elle ne déviera pas de la voie dans laquelle elle
s'est engagée et que mes laborieux collègues continueront
à prendre au sérieux la mission importante qui leur a été
confiée.
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Title
A name given to the resource
1862 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-12.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.13-27.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.29-54.</li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la sesison de Novembre 1862. p.55-68.</li>
<li>Notes. p.69-70.</li>
<li>Prix accordés par S. Ex. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences
Subject
The topic of the resource
Rapport du Doyen de la Faculté des sciences
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
GODRON, Dominique-Alexandre
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
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53ddb864644a09c237be630a5c5daaff
PDF Text
Text
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"
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!
�RENTRÉ,E SOLENNEI;,LE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ÈT DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
LE 1'1 NOVEMBl\E
NANCY,
ve
RAYB OIS, IMPRIMEUR D:È
' Rue du
Stanislail, 3,
1862
i;ACADÉMIE,
��RAPPORT
$UR
L'ANNÉE
SCOLAIRE
!'861·1862,
PRÉSENTÉ
PAR
DIRECTEUR
M. En. SIMONIN,
DE. L'ÉCOLE
DE
MÉDECINE ET DE PHARMACIE,
AU
CONSEIL ACADÉMIQUE
DANS LA SESSION DE NOVEMBRE i862.
MoNSIEUR LE RECTEUR,
MESSIEURS,
Les faits principaux de l'année scolaire 1861-62 qui
peuvent être passés en revue devant vous, dans la séance
de ce jour, se rapportent au personnel enseignant, aux
.programmes des cours et aux résultats constatés dans les
divers ordres d'examens.
·
Le développement de l'instruction médicale qui, successivement, a fait porter à quinze le nombre des professeurs
de l'École de Nancy, permet de réunir les efforts d'un
grand. nombre d'hommes qui se font un nom dans la
science médicale, mais ce nombre même nous condamne,
�--
1:16 -'-
aussi, à des pertes frequentes. Pour l'année qui vient de
finir l'École n'a, heureusement., à regretter qu'une séparation. M. le docteur Adolphe Simonin qui, après- avoir
pris part à la campagne de Rome, en qualité de chirurgien militaire, avait été attaché à la suppléance des cours
de médecine, s'est vu contraint par de cruelles souffrances
à chercher sous un ciel meilleur que le nôtre un soulagement qui a été bientôt suivi de guérison.
plus se
fier à Nancy aux promesses si fréquemment démenties
d'un printemps ou d'un été, M. Adolphe Simonin s'est établi à Nice et a dû cesser de nous appartenir. Je suis
l'organe de tous mes collègues en adressant à cet excellent
confrère les regrets mérités par l'élévation et par la loyauté
de son caractère.
La nomination de M. Grandjean à la chaire de matière
médicale et de thérapeutique avait laissé vacantes les fonctions de professeur adjoint de clinique externe. Plusieurs
candidats de mérite présentaient des titres très-sérieux au
choix ministériel : M. Emile Parisot, professeur suppléant,
a été désigné pour succéder à M. Grandjean, et les fonctions de chef des travaux anatomiques ont. été confiées à
M. le docteur Edmond de Schacken ( 1). Quelques mutations ont eu lieu, également, parmi les fonctionnaires
d'!.m autre ordre. M. le docteur Claude, petit-fils et neveu
des trois professeurs Bonfils, qui ont, presque au même
moment, fait briller lem:. nom dans l'enseignement médical, a été nommé chef de clinique externe et deux excellents élèves de l'École, lVIiVI. Wînshach etC. Valentin ont
mérité d'être choisis comme préparateurs des Cours.
Un certain nombre de recherches scientifiques, entreprises depuis novembre dernier par les professeurs de l'École,
�-
1)7
-
ne sont point arrivées à leur terme, à raison même de l'importance des sujets traités au point de vue de la médecine
légale, de la toxicologie et de la physiologie (2). Deux travaux doivent, toutefois, vous être signalés. Dans l'un
d'eux, M. Léon Parisot, à la suite d'essais nombreux et
importants tentés sur lui-même, a conclu que l'épiderme
était un obstacle infranchissable à l'absorption d'un grand
nombre de substances médicamenteuses, et si cette conclusion donne le regret de .l'inutilité de certaines médications par l'intermédiaire des dissolutions salines ou végétales, elle prouve, d'un autre côté, la protection heureuse
qui est acquise à l'admirable économie humaine, au milïeu
des nombreux agents délétères qui l't>ntourent (3). L'an
passé notre Directeur honoraire publiait sous le titre de
Météorologie et climat de la Meurthe, un résumé ·de 19
années d'observations et, en nous enlevant quelques illusions relatives au climat de notre contrée, il nous montrait
dans les brusques variations de la température la cause de
certaines affections graves et donnait, en même temps, aux
praticiens le droit de formuler, d'une manière plus impérative, certains préceptes concernant soit l'hygiène privée
soit l'hygiène générale. Le même auteur vient de terminer
vingt et une années d'observations par un dernier résumé
annuel de météorologie (4). Nous y trouvons une exception aux indications signalées l'an dernier comme règles
générales. En 1861, c'est le vent du sud qui a été noté Je
plus grand nombre de fois, et pour atténuer, en partie du
moins, ce qui vient d'être dit
les effets du climat de la
Lorraine, je m'empresse de vous donner sur le vent du
sud l'opinion d'un poëte de notre temps : Je ne connais
pas, dit-il, de souffle plus charmant et de vent plus litté-
�__: os raire que le vent du Sud. Il fait germer dans la tête les
idées riantes, profondes, sérieuses et nobles. En réchauffant les corps il semble qu'il éclaire l'esprit. Les Athéniens qui s'y connaissaient ont exprimé cette
dans
une de leurs plus ingénieuses sculptures. Dans les
reliefs de la tour des Vents, les vents glacés sont hideux et
poilus, ont l'air stupide et sont vêtus comme des barbares; les Vents doux et chauds sont habillés comme des
philosophes grecs (*).
Si des travaux particuliers (5) des professeurs vous
reportez, Messieurs, votre pensée sur leurs travaux collectifs, votre attention doit se fixer plus spécialement sur les
conséquences d'un récent décret impérial. Son Excellence
le Ministre de l'Instruction publique, frappée des heureux
résultats du stage fait dans les hôpitaux, depuis 1842, par
les élèves des Ecoles préparatoires, a obtenu qu'à l'avenir
le stage dont il s'agit serait imposé, aussi, aux élèves des
trois Facultés de médecine, et il a dressé une nomenclature des hôpitaux qui, dans toutes les Ecoles, peuvent
donner une instruction générale, cherchée presque uniquement jusqu'à ce jour dans les hôpitaux siéges des cliniques. L'Ecole de
à laquelle l'administration municipale et la Commission administrative des hôpitaux civils
. prêtent depuis longtemps un précieux concours, a été
heureuse de recevoir de M. le Préfet de la Meurthe, à l'occasion du décret du î8. juin dernier, l'autorisation de
joindre aux services hospitaliers déjà affectés au stage des
élèves l'une des divisions importantes (6) de la Maison
départementale de Secours, et l'empressement de M. de
(') V. Hugo, le Rhin, t. II, p. 304.
�-
1)\)
-
Saint-Paul à favoriser le développement des études cliniques a donné une haute valeur à l'autorisation demandée
par M. le Recteur de l'Académie.
Quant aux. autres programmes des Cours, une seule
modification a eu lieu l'an passé. M. Blondlot a volontai...
rement accru sa tâche annuelle en dépassant le chiffre de
110 leçons, et l'enseignement qui lui est confié s'est considérablement agrandi. Profitant de l'instruction déjà acquise
par les élèves dans le Cours de chimie générale, professé
d'une manière si ;brillante à la Faculté des Sciences,
M. Blondlot, tout en donnant les notions de toxicologie
et de pharmacie prescrites par les règlements, a exposé les
sérieuses applications de la chimie inorganique et .de la
chimie organique à la médecine, et il a atteint, de la manière la plus heureuse, dans un cours élevé de chimie
médicale le but pratique signalé par M. Orfila.
Ces détails, Messieurs, sont les seuls qui méritent de
vous être cités et je me hâte de rentrer dans une question
générale pour rechercher le caractère spéCial des efforts
collectifs de l'Ecole. En France l'on aime à donner à tous
les faits une signification, et, en ce qui concerne les trois
Facultés de médecine on s'est, dans le monde non médical, arrêté à des espèces de formules pour expliquer
les tendances de l'enseignement de Paris, de Strasbourg
et de Montpellier. Ce n'est pas ici le lieu, et d'ailleurs ce
n'est pas ma mission, de combattre les idées fort erronées
qui existent à ce sujet et qui ne semblent pas devoir se
modifier de sitôt, et je veux me borner à vous parler du
caractère spécial de l'enseignement donné à Nancy. Les
professeurs de l'École sont convaincus qu'il en est de la
science médicale comme des autres sciences ; que sucees-
�-
60
-
sivement l'étude des apparences, l'analyse des phénomènes
et la recherche .des lois doivent préèéder la théorie défi!Jitive. Ils se souviennent toujours que l'explication la plus
éloignée de l'expérience et· du raisonnement scientifique a
été en médecine, comme dans 1es autres sciences, trop
souvent professée et acceptée et que l'erreur a été appelée
Cicéron déjà reconnaissait que les hommes, entraînés par un désir naturel de savoir, tombent fréquemment d,ans deux écueils, l'un de prendre pour connues
des choses totalement inconnues, et de les adopter imprudemment, l'autre de donner trop d'études et d'application
à des choses qui ne sont d'aucune nécessité. Ces remarques
qui n'étaient point faites spécialement en vue de la médecine peuvent, toutefois, être .la critique de l'art médical
au temps de Pompée et de César, puisqu'il faut attendre
encore quinze siècles après la bataille de Pharsale pour
reconnaître. dans les premiers débuts de l'anatomie pathologique, l'élément d'analyse qui devait changer la face
de la science médicale. Aujourd'hui que la recherche
heureuse des lois soutient le zèle des médecins instruits,
chacun des professeurs de l'Ecole de Nancy s'efforce de
constituer un enseignement daos lequel la vérité seule
doit prendre place.
En regard des efforts dont il vient d'être question,
il convient, de vous présenter, Messieurs, les résultats
principaux qui ont été constatés, soit dans les examens de fin d'année, soit dans les épreuves subies pour
l'obtention des titres professionnels. Je suis heureux de
n'avoir point à voua entretenir longuement de mesures
disciplinaires, 'car des 62 élèves inscrits, un seul, à raison
'du défaut d'assiduité aux cours, a motivé la radiation d'une
inscription.
�-
6!
-
Quant aux examens de fin d'année, malgré
préoccupations très-légitimes causées par l'épreuve du baccalauréat ès sciences restreint, les jurys d'examen de fin d'année
n'ont eu qu'un seul ajournement à prononcer sur 32 examens dont 9 ont mérité la note bien satisfait et dont 6 ont
donné lieu à la mention très-satisfait. Les Commissions
chargées des épreuves, en vue des divers titres professionnels, ont, en septembre 1862, consigné des résultats qui
sont les plus satisfaisants de tous ceux qui ont été' notés
depuis 1855. Non-seulement les 34 sages-femmes examinées ont toutes donné les preuves d'une bonne instruction,
mais les examens pour le titre d'officier de santé et pour
celui de pharmacien de seconde classe ont été aussi trèsappréciés. Des 6 candidats pharmaciens, 3, en effet, ont
été reçus avec distinCtion, et 2 autres l'ont été avec la
note très-bien.·
MESSIEURS LES ELÊVES,
En ce jour où il vous semble fort naturel que vos professeurs recherchent avec un soin tout particulier le bien
qu'ils 'doivent réaliser en faveur de vos études, et pendant
qu'un certain nombre d'entre vous s'emparent ordina_irement de cette journée comme d'un supplémènt à ajouter
aux vacances qui finissent à peine, il me semble utile de
vous associer à la solennité qui nous réunit. Si j'ai cherché
à être bref dans le rapport qui est appelé à prendre place
parmi les lectures de cette séance, c'est en partie pour me
trouver, pendant quelques instants, en communication
avec vous et pour vous parler de vos devoirs.
�-
62 - .
Tout à l'heure je citais l'opinion d'un grand orateur, au
sujet des facilités qu'offre l'esprit humain dè se contenter
d'explications faciles et je lui emprunte, encore, cette
pensée que· dans le grand nombre de matières graves et
utiles qui ont été traitées par les philosophes avec quelque soin et quélque étendue, il n'en est pas de plus vaste
que les règles et les préceptes qu'ils ont
sur les
devoirs. Tout, en effet, dans la vie, que ce soit affaires publiques ou privées, domestiques ou civiles, que ce soient
actions particulières ou transactions sociales, tout est soumis à des devoirs. J'espère donc, Messieurs les Élèves, que
ce mot n'entraîne pour vous aucune idée de triste contrainte et qu'il doit vibrer à votre oreille à l'égal du mot
honneur.
Dans un pays ou l'esprit chevalèresque régit, encore,
presque tous les actes importants, vous hon'orez sans doute
plus spécialement les faits éclatants qui se rattachent à
l'exécution des devoirs militaires, mais vous savez, égale'
ment, apprécier les actions héroïques dont les exemples
fréquents se rencontrent dans nos fastes parlementaires et dans l'histoire de la magistrature française et
vous savez honorer, aussi, certains actes qui, accomplis
loin de la foule et sans le bruit de la renommée, ne perdent rien de leur prix pour rester dans l'obscurité, parcequ'ils sont de leur nature dignes de louange, lors même
qu'ils ne sont loués par personne. Aussi, je n'ai pas à
exciter votre ardeur, vous, futurs chirurgiens militaires,
et vous aussi, Messieurs les Élèves, je sais qu'au besoin
voùs rivaliseriez de zèle avec ces braves jeunes gens de
l'École qui ont reçu 28 missions officielles pendant la
sérieuse épidémie de choléra, en 1854. Je laisse donc
�-
65
-e-
de côté la partie militante de vos travaux fut.tJrs
je
me horne à vous signaler quelques-uns des devoirs que
vous contractez en devenant des hommes de science.
Tout à l'heure )es efforts de vos professeurs vous étaient
· signalés et en les appréciant vous avez entrevu une partie
de vos propres obligations et vous avez acquis une idée
générale de leur haute importance.
Je ne connais pas, a écrit l'un de nos contemporains (*),
de condition humaine qui plus que celle des médecins
favorise davantage la justesse de l'observation, la certitude
de l'expérience et qui satisfasse mieux le désir de faire le
bien. Quel vaste programme de devoirs,
indiqué en quelques lignes, et comme l'on est parfois troublé profondément en songeant que le même homme
doit, à la fois, être observateur, logicien et dispensateur
du hien pour l'appréciation duquel il est transformé en
juge, et souvent sans appel et sans contrôle.
Aussi, Messieurs les Elèves, ·lorsque vous devrez aborder
l'observation de l'homme malade, comptez sur la connaissance des manifestations biologiques hien plus que sur
votre intelligence quelle ,qu'elle puisse être un jour; souvenez-vous que la pathologie ne doit être qu'une face de·
l'étude de la physiologie, et approfondissez, sans relàche,
les conditions des choses humaines. Songez, comme l'a dit
M. Littré, que sous nos pieds sont placés une multitude
de piéges, vraies chausse-trappes, où l'on se prend de la
manière la plus inopinée et d'où l'on ne sort que sanglant
et mutilé, quand on en sort; car peu, bien peu, quos
œquus amavit Jupiter, arrivent au terme de leur vie sans
(') Philareste Chasles',
�-
64
avoir subi les effets de funestes influences. C'est aux yeux
du médecin que se déroulent les phases de l'existence
individuelle et ii doit savoir combien de jours, combien
de mois sont enlevés à chacun par la maladie. Il doit
connaitre avec quelle peine ]a vie· est défendue contre les
agents de destruction qui surgissent de tous côtés, de l'air
ambiant, du froid, du chaud, des climats, des peines morales et aussi des chocs de la société. Dans le tourbillon
d'éléments incessamment transformés en matière vivante
et incessamment rendus au monde inorganique s'entrecroissent mille causes de douleur et de mort trop inhérentes à la nafure des choses pour être jamais abolies, mais
qu'un emploi judicieux de nos connaissances et de nos
ressources peut atténuer el tenir comme en échec. Apprenez donc, Messieurs les Élèves, à respecter l'observation de
chacun, afin d'en faire profiter les malades, et pour cela,
suivez, jour par jour, les progrès admirables de la science.
Respectez , aussi , votre propre observation et lorsque
vous devrez conclure pour déterminer votre action ou pour
décider une abstention qui bien souvent sera un pénible
devoir, craignez de mettre à la place des indications tirées
·de la vraie scjence vos passions ou vos faiblesses. Connaissez bien votre caractère ; modérez-le pour ne point vous
laisser emporter dans un sens et affermissez-le pour ne
point tomber dans un autre écueil. Sans doute, le caractère
est à la fois le supportde l'esprit et celui du talent, mais
dans la pratique scientifique il doit apparaître , comme
dans res hauts sacerdoces, c'est-à-dire en vue de bien
appliquer les lois humaines ou les lois divines. Songez
que le premier devoir de votre justice est de ne faire aucun
mal à autrui. Souvenez-vous qu'il y a deux sortes d'injus-
�--:- 6n tices :. celle que l'on commet soi-même et .celle qu'on
laisse faire lorsque l'on pourrait l'empêcher. Je ne vous
expose
les causes si nombreuses de l'injustice, parce
sous vos yeux, il y a quelques jours, les
que, en
admirables ·Pféceptes contenus dans le serment d'Hippoindiqué les tristes écueils qu'il a si francrate, je
chement signalés dans la pratique médicale; puis aussi,
parce que je désire limiter ces considérations au seul point
de vue de la
Vous devrez dans les cliniques apprendre à retenir votre ardeur, en acquérant la conviction
que le bien n'est pas aussi faCile à réaliser que vous le
pensez aujourd'hui, et qu'il faut avant d'agir bien connaî_;
tre de quel côté vient le danger auquel vous voulez soustraire un malade. Vous devrez :. vous pénétrer de cette
pensée que s'il est cruel de ne·pouvoir porter secours à ses
semblables, il y a dans le praticien qui agit, avec la certitude de ne pouvoir être utile, une faiblesse presque égale
à celle du praticien qui, voyant des indièations d'agir, ne
sait pas s'y déterminer. Lorsque· vous sortirezdeshôpitaux,
n'oubliez pas ces préceptes qui, dans les. leçons, vous paraîtront si logiques. Sans doute, à chacun des échelons de
la hiérarchie sociale, la forme de l'action peut varier,
comme, aussi, l'emploi d'un moyen thérapeutique peut
être le résultat d'une préférence, mais devant le médecin
digne de ce nom, l'application de la vraie science doit au
fond être la même, malgré les situations diverses qui résultent des choses humaines.
Une citation fera mieux comprendre ma pensée sur ce
sujet si important pour votre conscience et pour votre
dignité. Peut·être connaissez-vous l'origine d'un titre de.
noblesse conféré, Je 20 mars 18f 1, à un savant accou11
�66
-'-
cheur, et èornment, peu aprè!il 111 Ufl.issa..nced'u\1 enfant
qui devait être l'héritier .d'un
les talents du prati:ciel;l furent récompensés par ces wots ; Saron, je vous
rends votre enfant? Mais vous ignorez, sans do11te, les paroles qui rendi.rent à Dubois une tranquillité d'esprit E;:t
une fermeté devenues d'autant plus
qu'un
danger éminent assumait sur lui u.ne immense responsa..,.
bilité et nécessitait l'intervention immédiate de l'art :
faites, lui dit l'Empereur, avec un a.dmirable bon sens,
faites comme po1,1r une bourgeoise ,de I.a I:'l\e Saint-Denis.
Détrompez-vous, Messieurs les Élèves, si vous c:I"oyez ne de,..
voir jamais rencontrer des situations analogues à celle où se
trouvait placé le baron Dubois. Vous reconnaîtrez, trop fréquemment, des prétentions à un traitement exceptionnel,
mais le mot de Napoléon I•r vous rappellera la simplicité de
votre devoir,
En regard de ces écueiJs qui se trouvent autour de vou;;
et er1 vous-même, un autre encore meparaît devoir vous
signalé. Garez:-vous des satisfa.ctions d';:u:rwur-propre
qui constituent un mirage capable d'e.nlever la perception
distincte des faits. En constatant l'étendue de la puissance
de la science médicale, il faut, aussi, savoir perdre
quelques illusions sur ses limites. J'ai reçu, autrefois, lçs
confidences d'un jeune chiru.rgien dont le
tressaillait
d'aise en rencontrant ses malades sauvés par une imputation et à qui le choc strident d'une jambe de bois sur le
contre la
pavé rappelait ses jours de
maladie. Après dix anné.es de pratique, c'était en 1845, il
lui vint à la pensée que les blessés q1,1'il re11contrait pouvaient bien produire l'effet d(!s comparses, lors. d'une
grande mise en scène, qui, à force de reparaître, font croire
�-
67
-
au défilé d'un corps d'armée, et, alors, compulsant ses
observations écrites, il arriva à une conclusion bientôt cor:..
roborée par celle de hautes notabilités chirurgicales, et il
découvrit, qu'en réalité un nombre bien notable des malades qui avaient subi de grandes amputations, n'avait pas
reparu, et pour cause, hélas! Vous comprenez, Messieurs les
.Élèves, les anxiétés qui, ,après de semblables découvertes,
précèdent, accompagnent et suivent les graves opérations,
et vous-mêmes lorsque vous vous livrerez à une étude statistique sérieme, vous arriverez, aussi, sur certains points
à des résultats semblables. Malgré ces mécomptes et les
préoccupations qui en sont la suite, vous agirez, toutefois,
lorsque votre justice vous le prescrira; par la pensée du
devoir vous étoufferez les battements de votre cœur, et
dans l'accomplissement d'un devoir plus austère, vous
rencontrerez, peut-être, un attrait de plus.
La recherche du bien à réaliser semble être l'une des
qualités naturelles de la professiQn médicale, mais, vous
le voyez, il faut savoir faire ce bien et je serai heureux si
j'ai pu vous indiquer quelques-uns des points qui devront,
un jour, vous servir d'appui lorsque vous. serez appelés à
bien faire. Malgré ces difficultés, faite's le bien, Messieurs,
au plus grand nombre possible d'êtres souffrants. Vous
n'avez pu oublier, lorsqu'en juin dernier, cette enceinte
s'ouvrait pour la première fois aux solennités universitaires,
les belles paroles du Ministre de l'Instruction publique,
· au moment où S. E. remettant à l'un des professeurs de
l'Ecole, la croix de la Légion d'honneur, lui disait, aux
applaudissements de tous :A côté du talent du professeur,
je trouve en vous le mérite du médecin qui n'a jamais
refusé les soins qu'il pouvait donner, car tous savent que
�..;_ 68 -
Jes pauvres m:lt toujours trouvé dans leurs bësoiris, l\f. Je
docteur Grandjean. Ces paroles, Mèssieùrs "les F:lèves, peuvent, aussi, vous servit de programme et vous aider à vous
· souvenir que si l'honneur et la grandeur de la France se
maintiennent à un si haut degré, c'est que le sentiment
profond du devoir se trouve dans le
de chacun de
ses enfants.
�
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A name given to the resource
1862 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-12.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.13-27.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.29-54.</li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la sesison de Novembre 1862. p.55-68.</li>
<li>Notes. p.69-70.</li>
<li>Prix accordés par S. Ex. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
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Title
A name given to the resource
Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la session de Novembre 1862
Subject
The topic of the resource
Rapport du Directeur de l'École de médecine et de pharmacie
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SIMONIN, Edmond
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An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
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Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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eed66a4ef38b8969b2746756c5ebe3f2
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�RENTRÉ,E SOLENNEI;,LE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ÈT DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
LE 1'1 NOVEMBl\E
NANCY,
ve
RAYB OIS, IMPRIMEUR D:È
' Rue du
Stanislail, 3,
1862
i;ACADÉMIE,
��NOTES.
(1) Il faut joindre à ces indications l'énoncé de la nomination de.
M. Edmond de Schacken aux fonctions de professeur suppléant d'anatomie et de physiologie. Cette nomination ministérielle, faite le tl novembre, n'était pas encore parvenue à l'Ecole le 17 novemb1·e, jour de
la séance solennelle de rentrée de l'Enseignement supérieur.
(2) M. Poincaré, professeur de physiologie, a donné à la Société de
médecine communication d'un mémoire sur un des sujets les plus
importants de la pathologie. Ce travail portant pour titre : Du mode
d'action du bulbe dans la production du diabète, devant être suivi,
d'un second mémoire sur le même sujet, il a
semblé convenable d'attendre les conclusions définitives de l'auteur,
basées sur des expérimentations et sur de
observations.
(5)
Voici les conclusions principalés du travail de M. Léon Parisot.
1° L'épiderme est imprégné d'une matière grasse qui empêche l'eau
des dissolutions salines ou végétales de pénétrer dans la peau.
2• L'épiderme seul de la paume des mains et de la plante des pieds
se laisse. imbiber et encore très-difficilement, après une longue immersion; l'absence de matières sébacées dans ces régions rend compte du
phénomène.
5° Les phénomènes endosmotiques n'ont pas lieu à travers la peau,
même lorsqu'elle est privée de vie.
4." Le chloroforme et l'alcool en agissant chimiquement sur l'épiderme, soit en dissolvant l'enduit gras, soit en irritant le derme, pénétrerit dans le torrent circulatoire avec les substances qu'ils tiennent en
dissolution.
�70
{4) Résumé des. observations météorolôgiques et médicales, faites à
Nancy pendant l'année 1861, parJ.-B. Simonin pèrr·, i862.
(5) Quelques œuvres à la fois scîeriiifiques et administratives complé.u
tent pour 1861, la liste des travaux particuliers de MM. les professeurs
de l'École, ce sont :
t• Rapport général sur les travaux des Conseils d'hygiène pubUque
et de salubrité du département de la Meurthe, pendant. les années
f 860 et 1861, par M. le docteur Demange, secrétaire du Conseil
central.
2° Compté tendu des travaux
de la Sociiftif de médecine de Nancy,
pendant, l'année 1860:!61, par M. le docteur Edmond de Schacken,
secrétaire de la Société.
s• Compte rmdu annuel del' Association de prévoyance des médecins
de la Meurthe (Assemblée générale du 5 août 1862), suivi de l'éloge
de-M. Bertin père, décédé vièe.:présidênt de i'Association, par M le
docteur "Grandjean, secrétaire de l'As'sociation.
4" itapport sur le service dè
i;assistante médicale· et dè la vaccine
dans le département de la Meûrthe, ·pendant l'e·xerèice '18'61 , par M. le
docteur Edmond Simonin, inspèeteur du service.
( 6) Service de chh:'ù'rgie contenant unè
de vénériens (hommes) et une division consacrée aux affections cutanées, ayant aujourd'hùi pour chirurgien, M. le professeur
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1862 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-12.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.13-27.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.29-54.</li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la sesison de Novembre 1862. p.55-68.</li>
<li>Notes. p.69-70.</li>
<li>Prix accordés par S. Ex. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
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1862
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Notes relatives au rapport de Simonin, Edmond
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SIMONIN, Edmond
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1862
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Nancy (Meurthe-et-Moselle)
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009e701f8e924929883cfcac37c9feb8
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�RENTRÉ,E SOLENNEI;,LE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ÈT DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
LE 1'1 NOVEMBl\E
NANCY,
ve
RAYB OIS, IMPRIMEUR D:È
' Rue du
Stanislail, 3,
1862
i;ACADÉMIE,
��PROCÈS-VERBAL
DE LA SÉANCE.
La séance solennelle de rentrée de la Faculté des Sciences, de la Faculté des Lettres etde l'Ecole de Médecine et
de Pharmacie de Nanèy, a eu lie_u le lundi t 7 novembre
1862, sous la présidence de M. Dunoyer, Recteur de l'Académie.
A onze heures, une messe du
célébrée par
Monseigneur l'Evêque de Nancy réunissait, dans la chapelle
de ·l'Évêché, les Professeurs des trois_ établissements d'instruction supérieure.
·
A midi, la séance publique s'est ouverte dans le
amphithéâtre du palais de l'Académie. M. le Recteur était
entouré des Inspecteurs d'Académie de son ressort, des
Doyens et des Professeurs des Facultés des Sciences et des
Lettres, du
et des Professeurs de l'Ecole de
Médecine, et aussi du Proviseur et des. Professeurs du
Lycée impérial qui avaient été priés de prendre part à la
cérémonie.
La grande salle et ses tribunes suffisaient à peine· à
�-
6 -
contenir l'assistance choisie qui, à Nancy, s:intéresse 'si
vivement à la culture et au progrès des Sciences et des
Lettres. OQ rertJ:a,rquait da,ns l'assemblée, M. Lezaud,
premier· Président de la Cour impériale; M. de SaintPaul, Préfet de la Meurthe ; M. le comte d'Aiton,
Général commandant le département .de )a Meurthe ;
Mgr Darboy, Évêque de Nancy et .de Toul ; M. le baron
Buquet, Député, Maire de Nancy; M. Drouot, Député de
la Meurthe ; M. Neveu-Lemaire, Procureur général ;
M. Garnier, Vice-Président du Conseil général. Des Membres du Conseil Académique, du Clergé, de la Magistrature, de l'Armée; des Présidents et Mêrrîbtés des Sociétés
savantes du ressort Académique avaient bien voulu, aussi,
honorer la cérémonie de leur présence.
M. le Recteur a ouvert la séance et après avoir prononcé
le discours d'usage a donné, sucèessivehient,
la
parole à
M. Gqdron, Doyen de la Faculté des Sciences, à M. Benoit,
Doyen de la Faculté des Lettres, et à M. E. Simonin,
DiTecteur de l'École de Médecine.
La séance a ét3 terminée à 2 heures par la proclamation
des prix accordés par
E. le Ministre de l'Instruction
publique.et des Cultes aux élèves de l'École de Médecine
et de Pharmacie.
�DISCOURS
PRONONCÉ PAR
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
MESSIEURS,
Ma 'lâche est aujourd'hui facile.
Il y a quelques mois à peine, à cette même place que
j'occupe en ce moment, un Ministre de l'Empereur inaudans cette enceinte les travaux de nos Écoles de,haut
C'est un devoir po11r moi de m'effacer
devant 'un pàreil souvenir et de vous laisser sous l'impression de ces parole,, élevées et sympathiques qui sont encore
présentes à votre pensée.
Vous savez, d'ailleurs, Messieurs, quel est le rôle qui
me revient dans ces séances solennelles de rentrée.
Adresserà nos savants professeurs les éloges que leurs
travaux ont mérités ; leur dire ensuite comment ils pourront continuer l'œuvre de perfectionnement à laquelle ils
sont voués : voilà le cercle qui m'est tracé.
Or, ces félicitations, ces conseils, .M. le Ministre de
l'Instruction publique a bien voulu nous les appporter, et .
�-
8-
il leur a imprimé toute l'autorité de sa haute raison et de
la mission qu'il venait remplir.
«Vos preuves sont faites,>) disait M. Rouland aux
norables fonctio_nnaires que j'aùrais à féliciter de leur
succès, \( l'estime publique a consacré les résultats de
»
enseignement, la France savante et lettrée connaît
» vosnoms.
Et puis, ajoutait Son Excellence, l'Empereur, en confé» rant la croix de la Légion d'honneur à MM. Burnouf,
» Nicklès et Grandjean, a daigné ajouter, à l'approbation
» de leurs concitoyens, l'éclat du plus auguste suffrage. »
>>
Quelles expressions ne pâliraient en présence de pareils
témoignages, en présence aussi des chaleureux applaudissements qui saluaient, naguère, les noms que je yiens de
,rappeler, et proclamaient les profondes sympathies de la
ville de Nancy pour ses Facultés et son École de médecine?
Resteraient les conseils.
Ici, comme pour les éloges, Je respect me ferme la
bouche et m'ordonne de laisser parlér le chef aussi aimé
-. que vénéré qui préside avec tant de bienveillance et de
sagesse aux destinées de l'éducation publique en France.
Vous entendez encore, MM. les Professeurs, cettè voix si
autorisée recommander :
· A la science : de placer à côté de ses principes abstraits,
comme la lampe qui éclaire les mystères de l'autel, les
résultats des applications pratiques, et, en même temps,
de ne pas trop exalter la raison, de ne point se produire
comme le dernier mot de l'humanité, de montrer au
contraire, dans les prodiges de la matière, l'esprit divin
qui l'a créée1 afin de devenir de la sorte le 'révélateur le
�-
9 -
plus énergique des rapports qui enchaînent l'homme à la
puissance de Dieu ;
.
Aux lettres : de faire que leur enseignement se distingue
par la clarté, l'étendue, la vigueur, la sévérité ,du goût;
qu'il éloigne la jeunesse des exagérations; qu'il forme
des hommes assez éclairés pour aimer le progrès, mais
assez fermes pour ne jamais l'isoler de la modération des
idées, du respect de la paix publique.
, Comme les Écoles d'enseignement supérieur, nos établissements d'instruction secondaire ont reçu, de M. le
Ministre, pour leur bonne administration et pour leurs
sUcees, des
de satisfaction.
Mais, dé tous les souvenirs laissés à Nancy par la visite
de son Excellence, il n'en est pas de plus dignes d'être
pieusèment conservés que ceux qui ont l'instruction primairé pour 'objet.
Pèts'oühe; Messieurs, ne s'en étonnera.
En effet, s'il est bon de répandre dans les rangs élevés
de la .société l'amour des lettres et .. le goût des hautes
sciences i s'il faut désirer que les lycées et les colléges donnent aux pays des ho.mmes capables de maintenir l'honneur des professions libérales et de cdnduire avec intelligence lès entreprises de l'industrie; il est, je ne crains pas
de le dire, plus important encore d'assurer au peuple le
bienfait, de cette instruction élémentaire qui lui rendra la
vie plus facile; de travailler à 'son éducation; d'ouvrir son
âme aux sentiments honnêtes, son esprit à la: saine appréciation des èhoses'; en un mot, d'affermir en lui le sens
moral et le bon sens.
Avant d'orner, avant de couronner l'édifice, il importe
en effet, d'en consolider· les bases.
�-
to -
Cette préoccupation est celle des hommes q:ui comprennent le mieux les grands intérêts de la i'lociété. La
droite et ferme raison de notre sage Ministre ne pouvait
manquer de la partager.
Aussi M. Rouland a-t-il voulu visiter ces belles écoles
municipales où la ville de Nancy offre am. enfants de la
classe ouvrière un enseignement approprié aux besoins
de l'existence laborieuse qui les attend.
Ces marques de sollicitude pour le plus vital de nos intérêts sociaux ne devaient pas s'arrêter là.
Le lendemain du jour où il avait parcouru les écoles,
quelques instants avant de nous quitter, dans 'cette même
salle où nous :;;omm es rassemblés, M. le Ministre réunissait
autour de lui trois cents instituteurs, venus de tous les "
points du département.
Après les 'avoir prémunis contre les dangers de l'orgueil, qui compromettrait à la fois leur bonheur personnel
et le succès de leur belle mission, son Excellence faisait
ressortir le:; services que l'instituteur est appelé rendre,
et, donnant une auguste sanction à ses conseils,, disait à
'son auditoire, avi4e de les recueillir : <<Quand je vous
» parle ainsi; je vous parle au nom de l'Empereur, dont
» je ne suis que l'interprète et dont je m'efforce de réaliser
» le:; généreuse;; intention.;. Au milieu de si grave.s et si
>> nombreuses affaires, l'Empereur se préoccupe des inté» rêts de l'instruction primaire, qu'il place au premier
» rang des intérêts sociaux, et il vous aime parce qu'il
>.J aime profondément les classes ouvrières et les popula» tions rurales, et que vous en êtes les éducateurs. »
a
Maintenant, Messieurs, je cède la parole aux. doyens de
�-
11
-
nos deux facultés et au directeur de notre école de médecme.
Ils ont, et c'est l'objet spécial de cette solennité, à présenter l'exposé des travaux qui ont. rempli la dernière
année scolaire, à tracer ]e tableau de ceux qui auront lieu
pendant l'année qui commence.
J'ajouterai pourtant un dernier mot à cette allocution.
Il s'agit pour moi d'un devoir que je suis. heureux de
remplir.
Je veux exprimer ma reconnaissance pour cette élite
d'une population éclairée et polie, pour les éminents dignitaires de l'église, de la magistrature, de l'administration, de l'armée, toujours empressés de venir à nos fêtes
universitaires, témoigner de leurs sympathies et de leur
intérêt pour l'œmre de l'éducation publique.
Je veux dire aussi toute ma gratitude pour la ville de
Nancy.
Depuis la création de cette académie, chaque année à
parei] jour, nous recevions., dans cette salle décorée par le
pinceau d'un enfant de la Lorraine, une gracieuse hospitalité. Que l'administration municipale veuille bien en recevoir mes remerciements.
Qu'elle les reçoive également pour la nouvelle demeure
qui nom: est ouverte.
Mais, ici, encore, permettez-moi, Messieurs, de me servir des expressions mêmes de M. le Ministre.
Nous voici, disait son Excellence, dans ce palais des
» facultés, courageusement entrepris, rapidement terminé,
» qui atteste
Sf\ va,ste et
grdoi1nance que les sacri<<
�-
12 -
fiees n'arrêtent pas votre énergie, quand il s'agit d'bono» rer les lettres et les sciences, et de leur ouvrir un asile
)) digne d'une grande et généreuse cité ...
»
»
Il est bien que la reconnaissance publique récompense
les services rendus. »
" >>
A la ville de Nancy! à vous, Messieurs ses ad ministrateurs, honneur et merci! »
»
<c
�RAPPORT
DE
M. GODRON, DOYEN DE LA
DES SCIENCES
MoNSIEUR .LE RECTEUR,
MoNSEIGNEUR,
MESSIEURS.
Une année s'est écoulée, depuis que la munificence de
la ville de Nancy a doté sa Faculté des Sciences de locaux
appropriés à s"es besoins, où les différents services, parfaitement isolés les uns des autres, fonctionnent avec la régularité et l'aisance indispensables dans tout établissement
d'instruction, depuis l'école primaire jusqu'aux institutions
destinées à donner, au nom de l'État, l'enseignement supérieur. Les professeurs d'une Faculté des sciences ne peuvent pas dire comme le philosophe Bias : Omnia mea
mecum porto ; ils ne peuvent non plus, comme le stoïcien
Zénon, réunir leurs disciples sous le portique, pour y exposer de,arit eux les théories les plus simples comme les
plus élevées. Leur action serait stérile, leur enseignement
incompris et sans autorité si, à· chaque pas, ils étaient
théories, qu'ils
privés de l'avantage précieux d'appuyer
�- 14 exposent, sur l'observation et sur. l'expérimentation, ces
deux bases fondamentales de l'enseignement scientifique.
Il leur faut des ,amphithéâtres et des laboratoires; des collections importantes et variées, se complétant au fur et à
mesure que le mouvement scientifique , qui entraîne le
monde actuel, crée aux Facultés des sciences des besoins
et des devoirs nouveaux,. sont également indispensables,
si l'on veut qu'elles enseignent
les découvertes d'hier, mais encore celles d'aujourd'hui. Le Conseil
municipal,· dispensateur intelligent des revenus de la Cité;
p'a pas hésité à lui imposer, dans les limites du possible,
les sacrifices nécessaires, pour la création de nos collections. Il a même dévancé l'avenir, en nous dotant d'un
observatoire, auquel des temps plus favo.rables réservent,
sans aucun doute, les instruments nécessaires aux observidions astronomiques.
L'expérience acquise, pendant la dernière année seo,..
laire, nous a ·démontré que la Faculté des
grâce
au local et aux moyens d'action dont elle dispose aujour"'
d'hui, est enfin en mesure de donner une nouvelle vie
àson
d'en assurer à la fo,is les développ.ements théorique et pratique et d'atteindre le but que le
Gouvernement de l'Empereur attend de nos efforts.
L'impression, que produit sur notre esprit cette situation favorable, a développé chéz nous un sentiment .de
profonde reconnaissance envers une ville, qui a généreusement pourvu à tous nos besoins et assuré, nous .en avons
la confiance, la prospérité d'un établissement, aujourd'hui
solidement assis au milieu d'ùne population si avide d'être
initiée à tous les enseignements et aux progrès incessants
de la science moderne.
�ENSEIGNEMENT.
Je ne m'etendrai pas. sur notre enseignement officiel.
li a eu lieu conformément aux programmes qui nous sont
donnés comme direction et que nous suivons religieusement. Je ne me permettrai, à cet égard, qu'un détaiL
Vous savez tous que le soleil, ne se contentant plus de
féconder, comme par le passé, notre nature terrestre et
·d'entretenir la vie de tant d'êtres divers, s'est fait peintre
depuis quelques années; il vient d'accepter encore un nouveau rôle, celui de chimiste, et, qui plus est, il nous a
révélé, au moyen de ses rayons décomposés par le prisme,
que]ques'-uns des éléments constituants de sa propre substance. Aussi la Faculté s'est hâtée d'acquérir l'ingénieux
appareil de MM. Kit·schoff et Bunzen, qui a permis, cette
a:nnée, à M. le Professeur de physique, de rendre son auditoire témoin· des merveilleux phénomènes produits par
cet
si sensible d'anaJyse chimique.
l1 êst ûn autre' enseignement, plus élémentaire et essentiellérrierü prâÙque , que la Faculté s'est bénévolement
sept ans, en faveur des ouvriers de la ville.
· Cette tâche/ elle la continue avec persévérance, soutenue
qU.'élle
'la seule conviction que cette œuvre .est
utile à l'une ;des classes ·les pl1,1s intéressantes de la population.
Mais ici, les sujets d'études sont livrés à l'initiative du
professeur et l'enseignement _ne,se meut pas périodique..:.
ment dans le même cercle. Il offre, chaque année, un
aliment nouveau à l'ardeur d'apprendre que témoignent
les habitués de ces cours. Qu'il me soit permis d'indiquer
!:{sr pàr
�16 îci, queUes ont été, cette année,îes matières enseignées
dans ces leçons du soir·.
M. Nicklès, s'est occupé, d'une manière exclusive, de
Pétude du cuivre, de ce métal précieux qui, le premier de
tous, fut connu et employé par l'homme et qui a joué dans
l'histoire et dans les progrès de la civilisation un rôle si
important, à partir de l'époque reculée qui a succédé à
l'âge depierre.
En traitant de son extraction et de son histoire métalex:.:
lurgique, notre collègue a dû signaler les
ploitations de ce métal, exécutées sous la domination
romaine, sur plusieurs points de notre province académique. Mais, ce sont surtout les applications industrielles si
nombreuses auxquelles il donne lieu, qui ont été le sujet
plus spécial du cours.
Les principaux dérivés du cuivre, ces couleurs toujours
si employées qu'on prépare avec lui, la peinture rouge sùr
verre du moyen âge et les secrets des anciens verriers,
tels que l'hématinon, l'avanturine, l'émeraude artificielle,
etc., ont été l'objet d'une étude complète.
Il en a été de même des alliages du cuivre et surtout de
cette importante triade qui se compose du laiton , du
bronze et de l'airain et de l'application de ces substances
métalliques au doublage des navires, à la fonte des statues,
des cloches et des canons.
La conservation des bois par.le sulfate de cuivre, opé.:ration pratiquée aujourd'hui, dans nos forêts des Vosges,
sur une assez large échelle, ne pouvait être oubliée, à titre
.
d'industrie du pays.
Enfin, l\t Je Professeur de chimie a terminé par l'étude
de cet arf nouveau, connu sous le nom d'électro-métal-
�-
t7
Iurgie, et a initié son auditoire aux procédés si ingénieux
employés, soit pour la reproduction des caractères, des
bas-reliefs, des médailles, des timbres-postes, etc., soit
pour cuivrer les vasques et les statues, qui ornent les
fontaines monumentales et que nous voudrions voir appliquer à celles de Ja place Stanislas de Nancy; ce qui
en compléterait la restauration entreprise, avec une si
louable sollicitude par l'autorité municipale.
M. Chautard s'est oceupé spécialement de l'étude des
propriétés moléculaires des eorps et d'une elasse de phénomènes qui dépendent intimement de ces propriétés, je
veux parler de i'acoustique. La production et la transmission des sons, la théorie physique de la musique, l'étude
des différents instruments à vent et à cordes ont été l'objet
·
de ces leçons.
M. Renard a enseigné les applications de la géométrie
deseriptive à la coupe des pierres, à la charpente, à ]a
théorie des ombres, à la topographie et au nivellement.
La
·des pierres comprend, relativement à une construction quelconque, quatre opérations principales : le
tracé des. épures, la taille des pierres, la pose des pierres
les éonditionsde stabilité. Les principales constructions
qui ont été étudiées sous ces différents rapports, sont les
diversesespèées pe voûtés
et composées, par exemple, les vofttes plates, les voûtes cylindriques, les voûtes
sphériques, les voûtes biaises, les voûtes d'arête, les voûtes
en arc de Cloître, etc., puis les escaliers et les voussures.
La charpente s'occupe de la taille des bois et des différentes espèces d'assemblages. Les principes posés ont été
appliqués à la construction des eombles à deux pentes, à
quatre pentes, enfin aux combles brisés ou à la Mansard.
et
2
�18 Les principes de la topographie et· du nivellement non:..
seulement ont été enseignés, mais les jeûnes gens qui
suivent ces cours, ont été exercés à l'exécution des épures,
sous la direction du professeur et de M. Mélin, maître des
travaux graphiques. En été, des exercices pratiques ont eu
lieu sur le terrain et les élèves ont effectué successivément
le levé des environs de la ferme Saint-Jean, du petit Jéri..,
èho et des Grands-Moulins. Leurs plans sont conservés
dans les archives de la Faculté ..
M. La fon a enseigné la mécanique appliquée. En appuyant sur la géométrie, il a pu en exposer, d'une manière
élémentaire, les prinéipes les plus importànts, dont l'ignorance fait que souvent l'esprit s'égare' dans de vaines recherches et s'obstine, par exemple, à vouloir· trouver le
mouvement perpétuel. Ces principes de mécanique ont été
plus particulièrement appliqués, cette année, à l'étu.de
des machines à vapeur.
.
M. le docteur L. Parisot continue à prêter à notre œuvre
l'appui de son talent. Il a entretenu son auditoire de l'alimentation, en développant spécialement quelques questions importantes, qui touchent à la fois à l'économie
politique et à ·l'hygiène. Après avoi-r défini l'aliment et
prouvé, par tous les résultats pratiques et .Par les nombreuses recherches expérimentales dont cette question a été
l'objet, que l'alimentation doit être variée chez l'homme
et empruntée à la fois aux .deux règnes organiques, il s'est
attaché à l'étude du sel considéré dans ses effets sur la
nutrition de l'homme et des animaux domestiques. s'est
demandé, si avec du sel on fait réellement de la viande,
comme on l'a prétendu et si la prospérité de notre agriculture tient d'une manière intime à l'usage de cette subs-
n
�-
t9
tance, dans l'engraissement des animaux de bouchet;ie; il
est arrivé à ces conclusions, que le sel en petite quantité
excite la sécrétion du suc gastrique, mais ne se fixe dans
les organes qu'en une faible proportion qu'il est inutile df
dépasser, puisque cette substance minérale surabondant!
est immédiatement expulsée par la voie des excrétions.
Abordant ensuite la question de la consommation de la
viande en France et en Europe, il a fait voir, qu'à Nancy,
la moyenne sous ce rapport est celle que la science indique
et que l'Angleterre consomme. Il s'est. attaché aussi à démontrer que. 1a salubrité de la viande ne dépend pas de
l'espèce animale qui la fournit, et que l'introduction dans
le régime dfJ l'homme de la chair de cheval ou du porc
nourri de débris animaux est parfaitement rationnel au
point de vue de l'hygiène.
·
Après avoir jugé la valeur des différents modes de préparation des aliments, il a étudié les principaux procédés
de conservation de la viande et propose comme moyen de
maintenir à cet aliment sa fraîcheur, sa saveur et sa constitution physique, l'emploi de l'acide sulfureux, déjà appliqué avec succès par notre célèbre chimiste, Braconnot, à
la conservation, à l'état frais, de ce légume dont Pythagore
interdisait l'usage à ses nombreux disciples. Enfin, :M. Parisot s'est attaché à combattre une foule d'idées fausses
répandues dans le monde et relatives à l'alimentation.
Détruire un préjugé est souvent une conquête plus utile
que de découvrir une vérité nouvelle.
�Tl\AVAUX PARTICULIERS DES PROFESSEURS PENDANT LA DERNIÈRE
ANNEE CLASSiQUE.
Eri dehots de. lel1r enseignement, mes laborieûx ·coUené sott't pas
inaètifs. Col'im:îe les années précédentes, ils ·ont produit des travaux, dont les réglemer:its
me prescrivent de vous rendre compte dans chacune de
nos séances de rentrée.
A côté de travaux de critique scientifique if1sérés dat1s
les Comptes rendus de FAcadémie de sciences, dans le Journal de chimie et de pharmacie et dans l'un des organes
de la presse scientifique américaine, M. Niêklès a publié
plusieurs mémoires originaux et exécuté une invention
sur laquelle nous fixerons tout d'abord l'attention.
En installant son nouveau laboratoire, il a fait cons;..
truite un alambic 1 dont les divers organes ont été agencés
de manièrê à produire très-r(·guÎièrement des effets multiples. Si la chünie est toujorirsTartde manier le feu sous
ses différentesformes, on peut presque dire que, grâce au
nouvel appareil imaginé par notre collèglle, l'expérimentateur peut exécuter presque toutes ses opérations sans se
noircir les mains et sans aspirer des vapeurs nuisibles.
Sous prétexte de donner de l'eau distillée, cet alambic ·
donne de la vapeur d'eau, des bains-marie, des bains de
sable, des étuves à divers degrés de température, des séchoirs, une chambre à fermentation, des entonnoirs à
filtration chaude, de l'eau distillée bouillante et de l'eau
distillée froide; enfin, en hiver, l'appareil chauffe suffisamment la _pièce où il a été construit et tous ces services
�-
2i
-
sont obtenus au moyen d'une dépense peu considérable en
combustible.
Quatre mémoires ont été publiés par M. Nicklès et je
crois devoir en faire connaître l'objet avec quelques détails
qui en feront ressortir l'importance.
Appelé par un établissement métallurgique à examiner
quelques échantillons de fonte, qui se distinguaient par
des propriétés spéciales, notre collègue fut frappé de l'état
d'imperfection dans lequel se trouvaient les procédés d'analyse alors connus. On se fera une idée de cette situation, quand on. saura que le métal devait être réduit tout
d'abord en poudre impalpable; mais, en raison de son
excessive dureté, il devait y avoir mélange de matières
étrangères, provenant des agents mécaniques eux-mêmes
mis en action pour obtenir la pulvérisation. Cette poudre
devait être ensuite attaquée par les acides a:u risque de
voir se· perdre, sous forme gazeuze , certains principes
constituants du métal. Pour éviter ces causes d'erreur et
faciliter le travail, lVI. Nicklès eut l'idée de se servir du
lafonte,
brome qui, uni à l'eau, désagrège assez
sans occasionner, par volatilisation, aucune perte des éléments qu'il s'agit de rechercher.
Une importante affaire criminelle, qui s'est dénouée
devanUa Cour d'assises; a condpit M. Nicklès à imaginer
un procédé nouveau, d'une sensibilité extrême, pour reconnaître la nature d'une tache placée sur du linge. En
s'aidant de l'électricité et de réactifs appropriés, il estparvenu à caractériser Je métal, contenu dans cette tache en
quantité très-minime et à l'isoler de manière à lui conserver son aspect particulier. Ce métal était l'argent. .Ce pro-
�cédé, qui est appelé à rendre des services à la médecine
légale, a dû être publié par-son auteur. · ·
·
Dans l'ordre des sciencés purement théoriques, notre
collègue a fait encore, cette année., la découverte d'une
nouvelle classe de combinaisons chimiques. La plupart des
composés salins sont formés d'un acide et d'un oxyde ; on
sait aussi que certàins de ces composés peuvent s'unir
entre eux pour former ce qu'on appelle des sels doubles.
La science connaît aussi quelques exemples de sels triples;
Mais, ce dont on ne se doutait pas, c'est l'existence des sels
quadruples; M. Nick! ès nous en a révélé un certain nombre, nous a fait connaître leur composition et a déterminé
leurs formes cristallines.
Enfin, il a publié des recherches sur une maladie du
vin, connue sous le nom de vin tourné et s'est assuré
qu'elle est due à la formation d'acide butyro-acétiqlie,
composé qu'il a découvert, il y a seize ans, à ses premiers
débuts dans la carrière des sciences.
Tels sont les travaux que, pendant la dernière année
scolaire, M. Nicklès est venu ajouter encore à tous ceux
dont il a enrichi la science depuis la création de notre
Faculté. Aussi vous avez tous applaudi à la brillante
distinction que Son Excellence, lVI. le Ministre de l'Instruction publique, a bien vouhi lui accorder, à son arrivée
à Nancy et qu'il a.vait si bien méritée, et par son enseignement et par son ardeur brûlante pour les recherches
scientifiques.
Tout eu continuant ses recherches théoriques sur l'électricité, M. Rènard nous a donné une excellente biographie
d'un mathématicien aussi modeste que distingué, M. Gustave de Coriolis. Après avoir tracé , dans une première
�23 -
partie, une analyse complète de ses travaux, de manière à
caractériser le savant, il s'est attaché, dans une seconde
partie à faire connaître l'homme de bien, en découvrant
quelques-unes des belles qualités de son cœur (1).
M. Lafon, dans une note, présentée à l'Académie de
Stanislas, a donné une démonstration nouvelle des formules relatives au mouvement d'un corps solide. Par des
considérations purement géométriques , il arrive, en
outre, à démontrer les formules de Lagrange relatives à
cette question (2).
EXAMENS.
Baccalauréat ès sciences. - Les candidats à ce grade
universitaire continuent à se présenter en grand nombre
devant notre Faculté des sciences; 414 jeunes gens sont
venus, cette année, affronter ces épreuves si redoutées et
(1.) Ce travail est intitulé : /Notice
sur la vie et les
.· travaux de Gustave de Coriolùs. Nancy, 1.862, in-8•.
(2) Pour compléter les travaux dos membres de la Faculté des
sciences, il faudrait y ajouter, pour obéir au vœu, qui s'est produit, il
y a un an, au sein du Conseil académique, les travaux du Doyen,
pendant la dernière année scolaire. Nous nous contenterons d'en indi-.
quer les titres :
1" Essai sur la géographie botanique de la Lorraine; 1. vol. in-12.
2" Etude ethnologique sur les origines des populations ·zm·raines;
brochure in-8•.
3• Mémoire sur les feuilles inéquilatères, présenté à l'Académie des
sciences de Pm·is; brochure in-8•.
4• Deux faits nouveaux relatifs à l'histoire des LEgilops hybrides;
brochure in-8".
�cependant si peu redoutables iiOur tous ceux qui, ayant
suivi consdencieusement le cours complet des études
classiques, nous arrivent nécessairement
:de toutes
les connaissances qui conduisent naturellement à ce grade,
par une voie 'largement ouverte et dégagée de tout obstacle. Aussi, nous ne pouvons trop prémunir les jeunes gens
contre l'impatience qui les pousse à quitter des études
régulières, pour se livrer à une préparation superfidelle,
qui très-souvent devient pour eux une déception dans le
présent, et ne leur laisse, pour réussir, dans la
qu'ils ambitionnent, que des connaissances trop vagues,
dont l'insuffisance compromet leur avenir.
Nous devons dire, toutefois, que cette propension fâcheuse, contre laquelle nous nous sommes fréquemment
élevé dans cette enceintè, tend chaque ai:mée à s'affai ..
blir. L'expériènce, ce guide si sage de toutes les actions
humaines, paraît avoir exercé sur l'esprit des j'eunes gens
une influence plus pnissante que n'ont pu le faire rms
conseils désintéressés. Les compositions, qui sauvêgardent
lé'::. candidats des, effets de la timidité, si générale _pa'rmi
eux, à en croire du mOins toutes les lettres de recornn]'andation qui nous arrivent, mais surtout la nature de ces
épreuves ne s'accommodent guère d'une préparation artificielle au moyen de ces affreux manuels, que nous voudrions voir bannir de tous les établissemetlts d'instruction.
Aussi, dans chacun de nos .derniers rapports, avons-nous
eu à constater des progrès sensibles dans le niveau des
examens; ces progl'ès ont été, cette année, encore plus
saillants et nous sommes heureux de le constater. L'émulation, toujours si féconde lorsqu'elle anime le travail de
l'homme, commence à dominer ces froids calculs, par
�-
25 -
Jes.quels les candidats dirigeaient leur .prépa,ration pour
atteindre rigoureusement au but et semblaientcraindre
de le dépasser. L'ambition d'être reçu à la tête de la série
s'est manifestée, pendant la dernière année scolaire, d'une
manière plus évidente encore que pendant les
cédentes. Jamais nous n'avions eu la satisfaction de proclamer les notes bien et très-bien un aussi grand nombre
de fois que ce,tte année. Nous commençons donc à faire de
véritables bacheliers et beaucoup moins de ces gradués,
qui se sont imprudemment aventurés sur l'un de ces
quifs, dont je 1airai le n()m, si .fragiles et csi sujets à sombrer, mais,qui cependant abordent exce!ptionnellement au
port contre vents et marées.
Il est une au:tre ambition, non moins digne d'éloges,
qui se développe de plus en plus dans :1' esprit de nos jeu- .
nes candidats, c'est celle de conquérir les deux diplômes.
Nous comptons, cette année, 7 4 candidats, qui se sont
présentés devant nous déjà pourvus du grade de bachelier
ès lettres. Les avantages, qui sont faits aux jeunes gens
doublement bacheliers .pour l'entrée dans certaines écoles
spéciales, est une· heureuse pensée qui engage un certain
nombre d'entre eux à coinpléterleurs études littéraires et
scientifiques. Mais ce n'est pas le seul mobile qui les po.usse
ainsi en avant; il en est, et nous en connaissons, qui ne se
destinant pas aux écoles tiennent à honneur de ne pas
quitter les bancs du lycée ou du collège, sans posséder un
double parchemin. Nous ne pouvons que les encourager et
les féliciter de leur bonne volonté.
Quant à.}' examen du baccalauréat divisé en deux.parties,
nous n'avons qu'à répéter ce que nous avons déjà cons-
�-
26
-
taté, dans nos précédents· rapports, c'est . que ce mode
d'examen facilite les réceptions.
Nous résumons les résultats des trois sessions d'examens de la dernière année scolaire dans le tableau suivant:
Nombre
des
candidats.
Çandidats
Candidats
admis
admis
aux épreuves
gratuitement
orales.
complet ....
99
84
restreint ....
17
9
7
1re partie .. .
110
78
77
2è partie .. .
121
68
66
414
Baccalauréat
166
254
234
1
Il
Licence ès sciences.;- Les candidats, qui se sont présentés aux épreuves de la licence ès sciences, pendant nos
deux sessions réglementaires, ont été au nombre de treize,
chiffre relativement élevé, si on le compare à celui que
présentent annuellement les diverses Facultés provinciales
de l'Empire et si l'on songe que ce grade difficile à acquérir ne conduit à une position que dans la carrière de l'Instruction. Parmi ces 13 candidats, 8 nous ont demandé la
licence ès sciences mathématiques, 4 la licence ès-sciences
physiques, un seul la licence ès-sciences naturelles.
Le résultat de ces examens a été l'admission au grade
�-,. 27 -
de licencié ès sciences mathématiqués de MM, Philippe
et Chrétien, maîtres-répétiteurs au lycée de Nancy et de
M. Maxant qui a le même grade au lycée de
Duc;
MM. Ravier, Mathouillot et Langrogne, maîtres-répétiteurs
au lycée de Nancy, ont obtenu le diplôme de licencié ès
Seguinaud, pharmacien à l'hô-:
sciences physiques et
pital militaire de Nancy, a mérité celui de licencié ès
sciences naturelles.
Tels sont les faits qui se sont produits pendant la der:nière année scolaire; telle est la situation que notre Faculté des ,Sciences a su jusqu'ici conserver ; j'ai la confiance qu'elle ne déviera pas de la voie dans laquelle elle
s'est engagée et que mes laborieux collègues continueront
à prendre au sérieux la mission importante qui leur a été
confiée.
��R-APPORT
DB
M, CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTE DES LET'fR,ES.
MONSIEùR LE RECTEUR,
MoNSEIGNEUR;
. M-.ESSIEURS'
Il semblé qü'aujoutd'hüi, après huit ans déjà écoulés
depuis la fondation de nos Facultés, nous tecommericions
une phase nouvelle d'existence. Nous voilà, en effet, installés enfin dans le noble édifice que cette ville généréusè
a voulu consacrer aux Lettres et aux Sëil:!ilées. Les Musés
ont trouvé ici un temple digne d'elles. Mais, tout en
prenant possession avec reconnaissance de cette nouveile
demeure, nous ne pouvons cependant ne pas adressèr un
pieux adieu au modeste réduit qui nous abtita longtemps
et où se sont formées nos premières amitiés; Tout àustère
en effet, q11e fût notre vieille salle,, l'àccoutumalièè nous
y avait attachés; et il nous a s'emhlé, en la quittant, qüé
nous y laissions une partie de
Mais non, je
me trompe; nos âmes ne s'étaient pàs attàèhées aux pierres
�--:-
50
de l'édifice. C'est vous, Messieurs, qui étiez la parure de
ces murs sévères; ce sont vos cœurs qiü y frémissaient
comme un écho de nos paroles émues; c'est à vous que
nous tenions. Or, vous nous avez
vous nous suivrez
dans cette demeùre nouvelle. Sans doute il vous faudra
venir ptus loin à travers la grande place. Mais votre zèle
pour ·les choses de l'esprit est éprouvé ; et nous avons lieu
de croire que nos entretiens littéraires sont désormais
entrés dans les habitudes durables et les mœurs de cette
ville.
Nancy, par la splendeur même de l'édifice, a montré
une fois de plus l'estime qu'il fait des choses de ]a pensée.
Qu'il me soit permis, Messieurs, en cette occasion solennelle, d'exprimer toute notre gratitude à l'administration
municipale, qui a pourvu avec tant de munificence aux.
besoins de l'Enseignement supérieur présent et futur ; et
surtout à l'homme de tête et de cœur, qui y préside èt qui,
se souvenant du passé de notre ville et se confiant à sa
fortune dans l'avenir, la pousse d'une main si ferme et si
libérale vers sa destinée. Déjà le Ministre de l'Instruction
publique s'est fait l'interprète de notre cœur. Par amitié
pour M. le haron Buquet, en même temps que pour rendre·
hommage à la générosité de Nancy, M. Rouland a voulu
présider lui-même à l'inauguration du Palais et témoigner
ainsi de la reconnaissance publique.
Ni lui, ni nous, Messieurs, n'oublierons de longtemps
et sa cordiale démarche et l'accueil que notre ville lui a
fait. Déjà, Messieurs, le Ministre avait été touché de l'ardeur avec laquelle vous aviez sollicité autrefois le rétablissement de votre Université, et de votre zèle à profiter de
ce qui vous était rendu. Ce qu'il a vu depuis n'a. fait
�-
51
qu'augmenter son estime. Dans un temps où les affaires,
l'industrie, ·le cours de la Bourse fascinent, àbsorbent
toutes .les âmes, il a rencontré une ville, où, tout en
ciant aux vrais progrès du siècle, on a. conservé le goût et
le-culte désintéressé des sciences et des lettres, et où les
Muses ne trouvent
seulel1lent un brillant sanctuaire,
mais (ce qui vaut mieux) un grand nombre de fidèles adorateurs. En venant ici, il a
compris que Nancy est
une de ces cités vraiment royales, que leur avenir autant
que leur passé appelle à devenir le centre d'une grande
sphère et un foyer de hautes études. Il a senti que ce
n'était pas sans raison que nous réclamions avec insistance
le complément de notre établissement universitaire; et il,
a laissé entrevoir que le vœu d'une Ecole de Droit pourrait
être réalisé un jour. Quand ce jour viendra-t-il? peu importe : il .ne s'agit que d'attendre. En principe, notre
cause est gagnée, la raison fi.nit toujours par avoir raison ;
et le bon droit hérite du temps.
Cette visite du Ministre été une fête tout aimable dans
effet, ,Messieurs,
sa solennité. Vous n'avez pas oublié
. tant de paroles affables et surtout ces mots pleins d'à-propos avec lesquels cet hôte, charmé lui-même, distribuait
les Croix dans un Champ de Mars d'un nouveau genre. Je
suis sûr que Je Ministre, qui de loin pensait sans doute
acquitter pleinement avec ces Croix la dette de l'estime
publique, a regretté alors d'en avoir si peu à décerner, au
milieu de tant de mérites divers. na su choisir à merveille,
sans doute; et vos applaudissements ont prouvé que "ous
'choisissiez comme ·lui. Mais pourtànt que d'hommes distingués pour lesquels il a fallu ajourner encore notre espérance, et qui ne feraient pas moins d'honneur à la Croix
par leur caractère que par leur talent 'l
a
�-
52
EXAMENS.
Doctorat. Noùs n'avons pas euj celté année comme la
précédente, l'occasion de décerner le grade de Docteur,
Est-ce que personne ne songe plus à le conquérir? Non
pas. Deux candidats fort distingués, au- contraire, nous
destinaient leurs thèses. L'un d'eux est M. Fialon, ce
maître excellent que le Lycée de Nancy est heureux de
garder encore cette année, et qui depuis longtemps pré-pàrait deux remarquahles ouvrages, l'un en latin sur
Atticus, l'autre en français sur saint Basile. Mais, dans
notre estime pour ces deux -thèses, nous avons cru devoir
donner à M. Fialon leeonseil trop désintéressé peut-être
de se présenter de préférence à la Sorbonne pour y recueillir sur un plus g-rand théâ.tre le succès plus éclalant
dont il était digne. C'est pousser sans doute Lien loin
l'abnégation. Mais pouvons-nous nous flatter de soutenir ici
.ce grade contrele discrédit attaché depuis longtemps à tort
ou à raison aux Doctorats de province? Nous avons la conscience assurément, qu'un docteur chez nous ne sera pas
ttdmis à moindre prix qu'un docteur de Paris. Mais de son
grade lui tiendm-'t-on autant de compte dans l'UniYersité?
Cela le recotrunandera-t-il autant pour sa carrière? Le préjugé est plus fort que nous.- L'autre candidat s'annonçait·
avec deux thèses
piqùante curiosité, l'une sur la
légende de Faust, l'autre sur le joli poëme où Musée nous
conte les a0.1ours et la mort romanesque d'Héra et de
Léandre. Nous étions disposés à faire fête à ce candidat
�-
55 -
plein de promesses. Mais il semble que les conseils, que
nous lui donnions dans le but d'améliorer encore son
œuvre, l'aient découragé, et qu'il ait cherché fortune
ailleurs.
Licence. La Licence de son côté ne nous a produit,
cette année, qu'une moisson bien modeste. Est-ce la faute
des candidats? Dieu me garde de leur adresser à ce sujet
aucun reproche. Témoin assidu au contraire de leurs
efforts, je dois louer leur laborieus{) persévérance. Mais,
pour la plupart, ils appartiennent maintenant à ces générations moins heureu-ses qui ont grandi et se sont formées
languissaient,
alors que les Lettres latines et
frappées de discrédit par les évènements. Il est difficile de
remédier plus' tard à ce défaut de l'éducation classique.
Plusieurs toutefois se mettent à l'œuvre avec courage;
mais la route est pénible et le but éloigné. Nos candidats
d'ailleurs, maîtres répétiteurs pour la plupart dans nos
Lycées, ou régents dans les colléges col!lmunaux, absorbés
par les devoirs de leur tâche quotidienne, ont trop peu de
loisir pour leurs études personnelles. N'y saurait-on remédier, Messieurs? Ne serait-il pas désirable, que, sinon dans
tous les Lycées, au moins dans ceux qui sont placés auprès
d'une Faculté, on doublât le nombre des maîtres répétiteurs, et que la surveillance ainsi partagée laissât à ces
jeunes gens quelque répit pour travailler et assurer leur
carrière? Ce serait, au dessous de l'Ecole normale, comme
autant de pépinières où l'administration pourrait choisir
4-Di .
des maîtres aussi bien préparés pour l'enseignement
_,
pour la discipline. Cette idée n'est pas nouvelle.
savons même
a déjà été prise en très-sérieuse
/
.
5
\ .
\
�-
54
-
sidération. Mais nous en hâtons l'accomplissement de tous
nos vœux. En attendant, remercions M. le Recteur des
encouragements qu'il donne à la jeunessB universitaire,
en réservant, autant qu'il le peut, à nos licenciés toutes
les chaires d'humanités. Cette prime pm·aît toutefois insuffisante encore pour exciter l'émulation. Car dix Candidats seulement se sont depuis un an présentés à cet
èxamen: à savoir, 3 en novembre 1861, et 7 en juillet
1862. Dans la première Session, deux sur trois ont été
jugés dignes du grade de Licencié, MM. de Roche du Teilloy et Thouvenot. Dans la seconde, trois Candidats seulement ont été admis, MM. Rosmann, maître répétiteur au
Lycée de Reims, maintenant chargé de Cours au Lycée
de Brest; Schnox, maître répéti!eur au Lycée de Nancy;
et Adam, élève libre de la Faculté.
Baccalauréat. Ici, Messieurs, au contraire chaque année le nombre de nos candidats s'accroît et le niveau
moyen de l'Examen s'élève. L'Éducation classique, tant
ébranlée, il y a tantôt dix ans, par des mesures que semblait alors exiger l'esprit public, se raffermit de plus. en
plus sous la main discrète d'un Ministre, ami des lettres
qui, en gardant les avantages reconnus du système, en
corrige peu à peu les inconvénients. Car, à n'en voir que
les dehors, il semble que c'est toujours le même édifice ;
_mais des changements
la distribution intérieure l'ont
trànsformé sans bruit et rendu habitable. - Le Ministre
de l'Instruction publique est le Ministre de l'avenir. C'est
à lui qu'appartient de préparer la prospérité future du
pays par l'éducation qe la jeunesse, et de diriger l'esprit· des générations nouvelles dans ces conquêtes de la
�,....-
i);)
-
pensée, qui ne sont pas une des parts les moins glorieuses
de l'activité de la France. Voilà ce que l'Empereur attend de lui, l'Empereur, qui veut que notre patrie reste en tête
de la civilisation du monde, et qui n'est pas moins jaloux
de la grandeur moralè de la France que de sa
industrielle et du prestige de son épée. Avec le sentiment
profond de sa mission et la conviction qu'il n'y a pas
d'éducation libérale, dont les Lettres ne soient le fondement, M. Rouland n'a cessé de travailler à rendre aux
Lettres dans nos études la place qu'elles n'auraient jamais
dû perdre. -Mais ajoutons que, dans ses mesures réparatrices, il a été admirablement secondé par le bon sens
public. En France, il peut y avoir des moments de surprise et d'engouement. On a pu croire que les Sciences,
si fécondes de 'notre temps en grandes choses, pourraient
suffire à la culture des esprits et aux besoins de l'imagi..:
nation; que les langues vivantes seraient substituées avec
plus de fruit aux langues mortes de la Grèce et de Rome;
et qu'il valait mieux être en état de causer d'intérêts avec
un Allemand OH un Anglais, qu'admirer à grand'peine à
travers un texte mal compris les chefs-d' œuvre de Sophocle
et de Démosthènes. Pour un siècle livré aux affaires,
c'était plausible. Mais, chez nous, ces erreurs du sens
commun ne sont pas longues. On a bientôt compris
combien il était insensé de couper en deux l'esprit
humaîn, tandis qu'il faudrait au contraire par l' éducation en rapprocher les deux parties , si elles étaient
séparées. L'instruction littéraire et l'instruction scientifique sont faites, en effet, pour se compléter mutuellement.
A l'éducation littéraire appartient de commencer le développement intellectuel et moral des esprits. Puis, quand
�56 les Lettres, après avoir éveillé toutes les facultés et
donné l'essor aux nobles instincts de l'âme, nous auront
appris ainsi à penser et à sentir, alors seulement l'intelligence ainsi façonnée pourrà être appliquée avec succès
aux branches diverses de la science et de l'activité humaines. Que les Lettres donc soient encore la meilleure
préparation à l'étude des Sciences,. c'est ce que nos jeunes
gens, tout pressés qu'ils soient d'arriver au but, ont eu le
bon sens de comprendre eux-mêmes. Quelques-uns peutêtre ont eu besoin d'y être quelque peu aidés par l'excellente mesure, qui invite de la façon la plus éloquente les
candidats de Saint-Cyr et de l'Ecole forestière à se faire
recevoir bacheliers ès lettres, en attachant à ce grade une
grâce efficace pour leur en ouvrir les portes. Mais la plupart venaient d'eux-mêmes au Baccalauréat. Voyez CJ?:
effet les candidats à l'Ecole polytechnique ; le plus grand
nombre et surtout lesmeilleurs, quo.ique le baccalauréat
ès lettres ne leur àssure aucun privilége, ne se montrent
de s'en parer. Dans leur noble ambition,
pas
il ne leur suffit pl us d'être" des ingénieurs ou des officiers :
ils veulent aussi être des hommes ; et ils sentent de plus
en plus que,. pour le devenir, la chimie ni l'algèbre ne
pas.
L'an dernier,· nous comptions 226 Candidats ; cette
année 275, c'est-à-dire, 49 de plus. Sur ce nombre, 165
ont été admis, et 1 '10 ajournés. Les vainqueurs sont donc
dans la proportion de 59 pour cent. Toutefois, si le niveau moyen des examens s'élève, les brillants succès
semblent deven.ir plus rares. Personne, en effet, n'a atteint
la mention Parfaitement bien. La note Très-bien a même
�-
57
-
été donnée rarement; 1 1 Candidats seulement l'ont ohténue, à savoir :
Blondel
MM. Percez
Bayer
de Vienne (Henri)
Lemaire
An cel
Martin
Ferry
Petiti.
Vincent
Briard
La note Bien n'à pas été plus fréquente : nous n'avons
pu l'accorder non plus qu'à '12 Candidats: tàndis que
54 Candidats ont été admis avec la mention Assez bien;
et 88 Passablement.
- ---- Nombre
jj
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SESSIONS
dats.
1
Éliminés à
--
-
1
Total.!
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Total.!'
- - _:::_ - 1
d'Avril.
44
13
1
14
-- -- -d'Août.
153
51
12
63
»
2
3
7
18
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8
7
33 42
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110
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�58 . .._
Le bataillon d'élite, comme on linoit, est peu nombreux.
A quoi cela tient-il? Est-ce que la discipline actuelle
des ·études, en soutenant mieux les médiocrités, déprimerait le talent? Je ne sais. Mais, tout en reconnaissant
qu,e nos enfants aùjourd'hui travaillent plus que jamàis, je
vois avec regret que beaucoup le font trop en mercenaires,
et non pour le goût de savoir et d'ajouter ainsi à la valeur
de leur être. La noble éducation classique a perdu en
grande partie son caractère libéral. Le baccalauréat, qui
n'en devàit être que le contrôle, en est devenu le but. Le
Manuel pour la plupart de nos écoliers est le livre de
chevet, l'abrégé de toute la science humaine; leur curiosité
et leur ambition ne vont pas au delà. Science bien superficielle et bien indigeste, mais qu'on n'amasse que pour
un jour marqué, et dont on se débarrasse Ie lendemain.
Le Discours latin même, dans la pensée de plusieurs, n'est
encore qu'une machine de guerre, qu'on s'exerce à construire de pièces plus ou moins assorties, une espèce dé
Cheval de bois, avec lequel on se flatte de pénétrer par
surprise dans les murs d'Ilion. On apprend par cœur des
tirades d'auteurs latins, qu'on est bien décidé à faire
entrer de gré ou de force dans la composition, quel qu'en
soit le sujet. Le sujet cependant se dérobe quelquefois à
toutes leurs prévisions et à leurs efforts : et il est triste
alors de voir ces pauvres désappointés s'agiter par terre
commes des papillons, auxquels on a coupé les ailes.
Cette discipline mécanique des études et la superstition
des programmes sont aujourd'hui généralement dénoncées comme un fléau de notre éducation classique. Les
maîtres de l'enseignement s'en sont émus : plus que
personne, l'hon1me prévo-yant, qui préside aux destinées
�-
59·-
'·
de· l'instruction, et qui, après avoir tant fait déjà pour
raffermir les études, s'inquiète si justement encore de Jes
voir s'abaisser trop souvent à n'être plus que l'apprentissage d'un Examen. Il connaît la source du mal. On avait
trop peut-être asservi les études littéraires à des règlements minutieux :plus de liberté pour le travail spontané,
d'essor pour l'initiative personnelle; p1us de loisir même
pour les lectures. Nos Lycées risquaient de devenir semblables à une caserne, où les esprits seraient obligés de se
régler sur le ·tambour et de marcher au pas uniforme.
Notre Ministre (comme il l'a dit en nobles paroles à Ja
distribution des prix du Concours général) se préoccupe
de mieux concilier avec la discipline nécessaire une certaine liberté des esprits; et dans le cercle régulier des.
devoirs de ]a classe, il veut ménager une part légitime .
d'indépendance au développement des goûts et des apti- ·
tu des particulières. Après tant de réformes heureusesapportées déjà aux épreuves du baccalauréat, il songe surtout à
en diminuer autant que possible les hasards, en sorte que
le grade de bachelier .goit.réeUement désormais le témoignage sérieux, et comme la consécration de la vraie
éducation classique. {< N'est-il pas désirable (ajoutait-il)
>> que èet examen devienne une épreuve plus intelligente
» et plus sûre, quand elle n'est encore trop souvent qu'une
» gymnastique dé la niémoire, et qu'elle pousse ainsi à la
)> désertion d'études solides èt régulières, pour favoriser
» les préparations hâtives et trompeuses? Ces questions
>l éclairées par l'expérience, sont dignes de la sollicitude
» de l'Université, qui prend l'engagement de les étudier et
>> de les résoudre. » Jeunes gens, fiez-vous en à la parole
de ce Ministre si prudent et si décidé tout ensemble. Chez
�-
40
lui, la mesuré suit de près la promesse. Livrez:vous donc
à vos études de tout votre cœur, et brûlez vos manuels.
ENSEIGNEMENT,
Je vous devais,
ce compte de nos Examens,
à vous, qui suivez avec tant d'intérêt la marche de notre
éducation nationale dont ces examens sont comme la
statistique, et qui, dans la tendance du présent, interrogez
les promesses de l'avenir. Laissez-moi maintenant vous
parler de notre enseignement, qui ne vous intéresse pas
moins. Je tâcherailà dessus d'être bref. Vous connaissez et
nos Cours, et l'esprit qui les inspire.Dans les voies diverses, où nos études nous engagent, vous le savez, une
même pensée nous anime, c'est que le beau et le bien se
tiennent étroitement unis, et que dans l'enseignement des
Lettres on ne saurait séparer l'art et la morale.
Philosopme. M. de Margerie, l'an dernier, traitait de la
.Morale sociale, c'est-à-dire, des droits et des devoirs de
l'homme dans la Société civile. Après tant de sophismes,
par lesquels les fanatiques du Contrat social avaient fini
par obscurcir et troubler la con:::cience publique, il ne
faut pas se lasser de rétablir en leur lumière les vrais
principes de l'organisation politique. Pour cela, :\f. de
Margerie a voulu remonter jusqu'aux lois éternelles. que
Dieu lui-même a données pour fondements aux sociétés
humaines. Quelle est l'origine et la raison d'être de la
Société civile et politique? Quels sont les éléments constitutifs du
dans lequel elle se résume? Ql!el est le
�-
41
rôle et la m1ss10n de l'Etat dans l'ordre économique,
I'ordr·e intellectuel et l'ordre moral? Jusqu'où doit .s'étendre
action légitime? Qu'est-il en droit d'exiger à
son tour des citoyens,
re'tour de la protection qu'il leur
accorde?- Après avoir derpandé à la métaphysique même
la solution de ces questions, et ainsi établi sur des bases
inébranlables les principes de ·la Science politique, :M. de
Margerie a repris à leur tour chacun des grands problèmes
sociaux les plus controversés de nos jours. Ainsi, le principe tant attaqué de la Propriété, les questions si graves et
si actuelles de l'Esc1avage, du Paupérisme, de 1' Assistance
publique, de la Loi pénale et du Régime pénitentiaire, ont
été discutés par lui avec cette solid'lté et cette haute sagesse, auxquelles il vous a depuis longtemps accoutumés.
La tln de l'année l'a surpris, avant qu'il n'ait pu compléter
son Cours (comme il se proposait de le faire) par une étude
des principes du Droit internalionnal. Aussi, les premières
leçons de celte année seront-elles consacrées à acquitter
cette dette. Puis seulement après, le Professeur entamera
. son nouveau programme.
se propose, cette année, de
vous retracer à travers les âges l'HiStoire de cette même
Philosophie morale et politique, dont il a établi l'an dernier
les principes, et de suivre les transformations successives
du Droit civil depuis l'antiquité jusqu'aux temps modernes, en cherchant ainsi la confirmation ou la contre
épreuve des doctrines qu'il a établies, dans l'expérience
du passé. C'est à Athènes et à Rome, qu'il ira donc d'abord recueillir tout ce que la civilisation ,antique, à son
époque la plus brillante, a répandu de lumière sur les
questions sociales. Puis, se transportant au cœur du Moyen
Age, il vous montrera les principes d'une civilisation plus
�-
42 - .
haute et d'une morale plus pure émanée de l'Ë!vangile arrivant peu à peu à se faire jour à travers la violence de la
conquête barbare et la confusion des temps féodaux. Enfin,
dans l'âge moderne, vous assisterez à l'enfantement labo...;
rieux d'un nouvel ordre social, .où la raison s'efforce de faire
prévaloir de plus en plus les principes de justice dans les
· relations mutuelles des peuples, des gouvernements et-des
individus, et y réussit d'autant mieux:. qu'eUe s'inspire
plus directement des idées chrétiennes et spiritualistes.
Dans cette revue historique des systèmes, où les questions
sociales et les questions politiques sont sans cesse mêlées,
M. de Margerie (avec son tact ordinaire, et cette parole à
!a fois discrète et Ioyàle, qui lui permet de tout aborder
sans péril) s'attachera surtout aux premières; et il ne
touchera aux secondes; que dans les généralités, et par les
seuls côtés où la politique est subordonnée à la métaphysique et à la morale.- Les deux années formeront (comme
vous le voyez) un Cours complet de droit public. Espérons
que de ces leçons M. de Margerie fera un livre (comme
ill' a fait pour ses leçons sur la Famille). Ce sera un excellent Manuel pour l'homme d'état et le citoyen.
Histoû·e. L'an dernier, M. Lacroix nous a retracé un
tableau des Croisades, et nous a transportés en esprit au
milieu de cet âge héroïque, où un commun enthousiasme de foi et d'ardeur guerrière soulève et réconcilie
l'Europe entière, pour l'entraîner à la délivrance du Saint
Sépulcre. Il lui a été facile aujourd'hui, aux clartés de la
critique moderne, de dissiper les préjugés des politiques
et des historiens, qui en avaient presque jusqu'ici méconnu la sage inspiration et la grandeur, pour n'en voir
�-
45 -
que les fautes et les revers. Dans ce duel eritrè l'Occident
etl'Orient, M. Lacroix s'est attaché à nous montrer, que
ce n'était rien moins que la civilisation chrétienne tout
entière qui était en péril ; et tout en confessant que
l'exécution a trahi en partie la pensée de cette grande entreprise, en regrettant que la sainte cause ait été désertée
par ses défenseurs fatigués de désastres, alors qu'il aurait
suffi d'uù peu plus de persévérance pour en assurer le
complet· triomphe, il a établi que l'Europe n'en fût pas
pas moins sauvée par cet effort héroïque, et le flot de
l'invasion musulmane pour jamais refoulé en Asie. A ses
leçons, nous avons ainsi appris à mieux comprendre et à
davantage admirer ce grand souvenir de notre histoire.
Car c·eue guerre sainte, glorieuse pour le monde, l'a particulièrement été pour la France, qUi en a donné le signal
et soutenu surtout l'effort; la première arborant sa bannière aux tours de Jérusalem; la dernière à verser son sang
pour la même cause aux plages d'Egypte et de Tunis.
Restons en fiers, Messieurs. Ah! si, d'u reste, la France
s'est prodiguée dans cette èause généreuse, nulle nation
en Europe n'en a plus qu'elle recueilli les fruits. Quels
fruits? direz-vous. La trace des Croisés en Orient ne s'estelle pas aussitôt effacée, comme le sillage d'un navire?
Non pas : il est des conquêtes plus durables que celles
d'un coin de terre. Pour prix de, son noble rôle, la France
restera désormais parmi les peùples une nation prédestinée. Elle sera l'attente du monde, l'espérance de toutes
les nobles causes opprimées, et comme la conscience du
genre humain. Elle gardera surtout en Orient un prestige
immortel. Son épée sera voUée à protéger tout ce qui est
saint; jadis Jérusalem, hier les chréjuste, tout ce qui
�-=
44
.'
.
'
tiens de Syrie, aujourd'hui
Et en ses jours de péril
il semble que la Providence fasse des miracles manifestes
pour la sauver elle- même. Voilà la destinée, que les
Croisades lui ont faite.
Lacroix va nous. entraîner dans un
Cette année,
monde bien di·fférent. C'est le siècle de Louis XV, ou
plutôt de Voltaire, qui sera le sujet de ses leçons. Il y a
deux ans, vous le savez, M. Lacroix avait étudié les progrès
et l'organisation de la monarchie absolue .sous Louis XlV.
Cependant, tout en vous en déroulant le ·majestueux .
tableau, il vous avait fait entrevoir déjà tout ce que ce
grand règne, au temps même de ses splendeurs, laissait
éclater de symptômes de ruine. Ce despotisme à outrance,
à force d'abuser du pouvoir, de la richesse, de la gloire,
a fatigué la fortune et la patience des hommes. Du vivant
même du grand Roi, déjà l'idée d'une réforme fermentait
partout. A sa mort, le sentiment d'une immense lassitude
fait explosion. Mais c'est sous le règne surtout de son arrière petit-fils, que tout semble conspirer, et la faiblesse
des dépositaires du pouvoir et l'ardeur de l'esprit nouveau, à la dissolution de l'ancien régime. Ce travail de la
décomposition sociale , à travers laquelle s'élabore en
même temps l'œuvre de la société future, voilà le sujet
que M. Lacroix a choisi pour ses études de cette année.
Sans négliger sans doute l'histoire de la politique étrangère, il a'attachera donc surtout à suivre dans ses phases
diverses cette fermentation intérieure, et le mouvement de
l'opinion, qui commence dès lors à jouer sur la scène du
monde le principal rôle. Il vous< montrera les idées novatrices, les unes vraiment justes et fécondes, les autres
subversives, minant d'abord en silence et souterrainement
�- MS les fondements de l'ordre politique; puis, à mesure que le
succès les enhardit, toujours plus agressives, plus violentes,
et finissent comme un tm•rent par entraîner vers l'abîme
dans leurs· ondes, troublées les débris du vieux monde.
En suivant ainsi la marche des idées et des. événements
de 1715 à 177 4, M. Lacroix vous acheminera vers la Révolution Française, 'cette Révolution unique entre toutes,
qui s'est faite au nom de la raison pure, plutôt qu'en vue
d'une amélioration prochaine et positive dans la consti.:..
tution, et dont on ne saurait sans _cela comprendre ni la
nature, ni la marche, ni les excès, ni tant de redoutables
problèmes, qu'elle a légués à la société moderne, et dont
Ja plupart pèsent encore sur notre avenir; comme ces
nuées d'orage, qui apportent à la terredans leurs flancs
obscurs l'épouvante ou la fécondité:
Littérature ancienne. A mesure qu'on gravit les pentes
de l'Himalaya, sans doute on voit sur sa tête grandir de
nouveaux sommets, mais aussi au-dessous de ses pieds
s'étendre un plus vaste horizon. Ainsi M. Burnouf, remontant d'antiquité en antiquité presque jusqu'au berceau
du monde, nous a initiés l'an dernier au plus ancien
monument de la civilisation Aryenne, et à ce livre des
Vêdas, qui de tout temps à été comme la bible des populations de l'Indus et du Gange, et
la source sacrée,
d'où sont sorties les croyances religieuses, les institutions
sociales, les idées philosophiques ou littéraires de l'Orient.
-Cette année, il se propose de faire une étude analogue
de la Grèce aux temps. héroïques, en considérant cette
jeunè société hellénique dans les tableaux qu'Homère nous
en a laissés. Sans doute les épopées homériques sont de
�46 beaucoup postérieures aux hymnes du Vêda, et ne représentent plusni les doctrines, ni l'état social des plus anciens
temps de la Grèce .. Toutefois, malgré les altérations, que
la primitive civilisation de la Grèce a
subies à cette
époque,_on entrevoit encore aisément que les idées, les traditions, .la poésie helléniques sont sorties de la même
source que celles des Vêdas.- Parti lui-même, pour ainsi
dire, des bords du Gange pour arriver en Grèce, M. Burnouf pourra éclairer ainsi d'une lumière nouvelle les antiques symboles de la mythologie homérique, si défigurés
leur
depuis par la fantaisie des poëtes, et leur
primitif esprit. Dans la comparaison, qui se prés'entera
naturellement à lui entre cette race des hellènes et les
peuples de l'Orient, il s'arrêtera à signaler les traits distinctifs de ce génie Grec, si flexible à la fois et si original,
qui transforme à son image tout ce qu'il prend ailleurs, et
le caractère propre de cette jeune et active société, qui
semble s'être organisée, pour donner plein essor à toutes
les facultés de la nature humaine.- Pour cette étude
comparée des plus anciennes civilisations du monde, qui
est mieux préparé que M. Burnouf? Depuis des années, il
vit dans un commerce intime avec ces antiques langues et
ces peuples de la jeunesse du monde; il a conversé avec les
brahmanes et les rhapsodes; et il a deviné ce qu'ils prétendaient lui cacher. En étudiant de plus près à leurs sources
les idées et les sentiments de ces peuples d'autrefois, il a
compris qu'il n'y avait pas seulement là une curiosité du
passé, mais encore un intérêt d'avenir. L'Inde d'aujourd'hui, Messieurs, est encore un mystère en effet pour qui ne
connaît pas la vieille histoire de ses idées et de ses mœurs.
Et maintenant que l'Orient semble de plus en plus s'ou-
�-
47 -
vrir à la conquête de notre civilisation
nous
ne pouvons nous flatter d'y exercer une influence efficace
et. dur!lble, qu'à la condition d'en bien connaître le tempé\
rament intellectuel et moral.- Voilà surtout la pensée
généreuse, qui inspire M. Burnouf dans ses études sur
l'Inde : voilà ce qui lui a fait entreprendre ses Livres élémentaires, sa Grammaire, son Dictionnaire destinés à
populariser parmi nous la langue sanskrite. Cette noble. et
intelligente am bi ti on a frappé depuis longtemps l'esprit
du Miüistre de l'Instruction publique. En venantà Nancy,
il a promis à ces travaux tous les encouragements, dont
il peut disposer. Mais en même temps, il a été heureux
de profiter d'une occasion si solennelle, pour donner à
M. Burnouf cette décoration de la Légion d'honneur, que
votre estime et celle du monde savant lui décernait depuis
longtemps ..
Lzttérature françaiSe. L'an dernier, nous avons retracé le
tableau des Lettres Françaises pendant la révolution, avec
le dessein de le continuer jusqu'à la fin de l'Empire. Mais
l'espace pour cela nous a manqué. Nous étions restés trop
longtemps au pied de la tribune de rAssemblée nationale,
tout émus des grandes luites de l'éloquence parlementaire;
et nous n'avons pu qu'à grand'peine arriver à l'époque, où
la France, épUisée par cette crise formidable, se repose un
instant et se recueille à l'abri de l'ordre nouveau, que de
sa main puissante vient d'organiser le premier Consul.
A l'appel du pacificateur, on voit peu à peu revenir les
Muses, que l'orage avait dispersées. Sans doute, de quelque
temps, l'attention publique sera distraite encore des œuvres de la pensée par Ja grandeur des événements politi-
�48'ques et militaires : la vraie épopée' alors s'écrit à la poirite
du glaive : plus tard elle sera chantée par les poëtes. Le
premier Consul toutefois a trouvé d'abord pour son ,œuvre
de restauration sociale deux admirables auxiliaires dans
Châteaubriand et Mme de
Le premier, recueillant du
naufrage, où est venu échouer le dix-huitième siècle, les
débris des institutions et des croyances qui ne devaient pas
périr, rattache la France nouvelle aux traditions de son
glorieux et religieux passé. L'autre, au milieu du scepticisme, où étaient tombés les esprits découragés après tant
_d'illusions déçues, ranime la foi au progrès et s'élance
pleine d'enthousiasme vers l'avenir. Vous savez, Messieur.;;,
si l'influence de l'un et de l'autre fut puissante; si elle fut
féconde la moisson, dont ils avaient jeté les semences dans
une_ terre profondément remuée. Le grand mouvement
philosophique, littéraire et poétique, qui éclatera bientôt
sous la Restauration et en fera une des brillantes époques
de l'esprit français, est leur ouvragé. Grâce à leur double
impulsion, notre littérature, en s'affranchissant des préjugés d'un faux classique, a renoué sa vieille et fertile
alliance avec la vraie antiquité grecque et latine, en même
temps qu'avec l'antiquité' chrétienne. Grâce aussi à ces
deux novateurs, ,l'esprit français, qui s'appauvrissait dans
un isolement dédaigneux , initié enfin aùx littératures
étrangères, y va puiser une foule d'inspirations heureuses,
et se renouvelle à ce contact. Byron, Walter Scott, Schiller, Gœthe susciteront chez nous une poésie nouvelle. Pourquoi 'faut-il, que cette révolution merveilleuse dans
les Lettres, ainsi que la Révolution politique et sociale
de 89, dont elle était comme le contre-coup dans. les
choHes Œe l'esprit, ait été comprOmise et ait avorté en
�-
49 -
partie par ]es excès de quelques esprits .ardents et étroits;
fanatiques à outrance, qui ne s'arrêtent que dans l'absurde? En dépit de leur folie cependant, nous verrons
combien de grandes œuvres demeurent de cette époque
mémorable, pour entrer dans le trésor immortel de l'esprit
humain.
Littérature étrangère. La Chaire de Littérature étrangère
a été quelque temps voilée d'un crêpe. Après être restée
six mois vacante depuis Je départ de M. Mézières, M. Huguenin en effet n'a fait qu'y apparaître, pour s'y consumer dans un suprême effort et y mourir. Ce, regrettable
Collègue, qu'on avait appelé ici de Grenoble pour le rapprocher de Metz, sa ville natale, y apportait avec lui déjà
le germe de la maladie, qui nous l'a bientôt enlevé. Mais
surtout, de la perte récente d'une fille unique, il gardait
au cœur une blèssure mortelle. Depuis ce temps, le malheureux père avait la nostalgie du ciel, où il devait aller
rejoindre son enfant; et il semble que Dieu, en le rappelant à lui, ait pris pitié de son deuil paternel et ait voulu
abréger l'absence. Malgré le rapide déclin de ses forces,
Huguenin cependant a rempli jusqu'au bout sa tâche de
professeur ; il se traînait de son lit à sa chaire. Sa pâle et
mélancolique figure, où déjà l'on voyait le sceau de la
mort, s'animait alors (vous l'avez remarqué maintes fois)
d'un rayon surnaturel, mais dont la flamme achevait de le
dévorer. On peut dire de lui, qu'il est tombé au champ
d'honneur.
Nous n'osions alors espérer que le vide, qu'il laissait
parmi nous, serait de sitôt comblé. Cette Chaire, depuis
un an à demi déserte , allait-elle donc languir encore?
4
�-
!50 --
Mais non; le Ministre, pour ajouter a:ux bienfaits de sa
bienvenue parmi nous, nous amenait àvec lui M. Emile
Chasles, destiné à compléter notre enseignement. Beaucoup d'entre vous connaissaient à l'avance notre nouveau .
Collègue par sa coopération dans nos grandes Revues littéraires et pàr l'éclat de son doctorat. Mais tous, vous l'avez
aussitôt vu àl'œuvre. Son Cours en quelques leçons seule•
ment sur la Chanson du Cid, vous a permis. d'apprécier
son talent, et sa manière si nette, si piquante, si originale
de commenter avec l'histoire ce vieux monument poétique.
Ên vous jetant au cœur de cette croisade séculaire de l'Espagne contre l'Islamisme, le Professeur vous a montré en
ce fier Campéador, en ce batailleur infatigable, comme
une image idéale, où la Castille du Moyen-âge aimait à se
contempler pleine de jeunesse, d'orgueil et de foi. Ce n'est
pas cependant, que, de cette grande figure, quelque altérée qu'elle ait été depuis par la légende populaire,
toire ne doive tenir un compte sérieux. En réalité,_ Rodrigue Diaz était digue par ses exploits de devenir un héros
national. Si ensuite la tradition l'a ceint de l'auréole
poétique, ne doit-on pas dans cette espèce de transfiguration rechercher et reconnaître encore ce que rêvait, ce
que voulait l'Espagne à cette époque 1
Vous avez accueilli, Messieurs, avec faveur, cette pre;.
mière excursion dans la Littérature Espagnole. Aussi bien,
était·ce un champ encore inexploré parmi nous. M. Chasles
se propose cette année d'y rester, et d'étudier le développement progressif de cette Littérature du onzième au dix-septième siècle. Après avoir suivi l'histoire du génie castillan
et ses variatjons sous l'influence successive de la France,
de la Provence, de l'Italie, et jusqu'à un certain point aussi
�-
!H
....:..
de la poésie arabe, il. se hâtera d'arriver aux deux écrivains, qui, vers la fin de cette période, en résument en
eux-mêmes avec le plus d'éclat et de fidélité tout ensemble
la double inspiration, sainte Thérèse et Cervantes. Sainte
Thérèse en effet représente, comme en sa plus pure
expression, cet enthousiasme de la foi et cette ferveur
mystique, auxquels l'Espagne doit plus de la moitié de son
génie, et qui éclatent dans toutes les œuvres de la sainte
avec une singulière éloquence .......... Cervantes, au contraire,
nous donnera comme le revers du génie castillan, lui qui
et mo-.
personnifie au plus haut degré cet esprit
queur, dont les ironiques créations ne forment pas la part
la moins riche et la moins originale de la littérature
gnolê. Car nul n'a mieux montré comment la raillerie, en
prenant le contrepied de l'enthousiasme, peut devenir à.
son tour une sour<;e non moins féconde d'inspiration.
Dans le génie si opposé de ces deux grands écrivains,
l'un, qui nous emporte vers les régions éthérées sur les
ailes enflammées de la foi et de l'amour; l'autre au eontraire, qui nous rejette en riant du haut de l'idéal en
pleine et vulgaire réalité, M. Chasles se plaira à étudier
comme les deux pôles extrêmes, entre lesquels la littérature espagnole a oscillé, également féconde et puissante
dans cette double sphère de son activité.
Vous voyez, Messieurs, d'après cet exposé sommaire,
combien ces Cours, sans cesse renouvelés, offrent à votre
sérieuse curiosité de variété et d'intérêt. Nous espérons
j'y conviè
qu'ils seront suivis comme par le passé.
surtout nos jeunes gens. Ils ne se doutent pas assez de tout
ce que vaut ce noble aliment des hautes études littéraires
�-
52
pour se préparer à .}a vie. Qu'ils sachent hien pourtant,.
que les temps où ils doivent vivre, grands sans doute à
hien des égards, sont difficiles. Les principes n'ont été que
trop ébranlé:; par nos révolutions. La poussière, que. soulèvent.ces grandes ruines, et les fumées qui s'élèvent encore
même après que l'éruption semble éteinte, voide
lent souvent aux regards la lumière du ciel. Aussi, la route
est quelquefois obscure; on s'avance à tâtons vers un avenir
inconnu, sans guide, sans barrières; D'un autre côté, le
monde matériel, quoique asservi à nos besoins. par l'industrie, nous domine, nous absorbe : notre pensée s'enferme
et se borne dans les jouissances de la terre ; inclinée en
bas, elle a trop perdu de vue le soleil des âmes, Dieu; il
semble que le bien-être soit devenu l'unique objet de
notre destinée. Aussi, quand les jours d'orage sont venus,
nous ont-ils surpris incertains, éperdus ; et nous avons été
nous-:-mêrnes étonnés de notre faiblesse. -Ce malaisé des
esprits, tout le monde le sent; toutle monde en appelle le
remède. Or, après ]a Religion, qui non-seulement a l'infaillible flambeau pour éclairertoutes les situations de la
vie, mais qui surtout nous donne la force de vouloir et
d'agir, je ne sache rien encore de plus effiéace et de plus
propre que le commerce des bonnes Lettres, pour soutenir
les courages, pour rallumer le foyer de tous les sentiments
généreux, pour remettre en lumière les éternelles vérités,
qui font la grandeur, la dignité et la force de notre vie
morale.
Qu'est-ce donc, en effet, que cultiver les
Messieurs? qu'est-ce? sinon vivre en société intime et journalière avec les beaux génies de tous les temps ; avec ceux
qui ont su trouver la forme immortelle pour exprimer
�-
B5
-
toutes les grandes pensées etles nobles sentimimts de.notre
âme? Car on n'est grand écrivain qu'à cette
La
haute poésie et l'héroïsme s'inspirent aux mêmes sources;
et il n'y a point de sublime éloquence,. que la vertu au fond
ne sou.tienne et n'échauffe. En un mot, le beau, (comme
on l'a dit) n'est que la splendeur du bien.
Qui de vous, Messieurs, n'a ressenti maintes fois la contagii:m généreuse qu'exerce cette fréquentation des grandes âmes, et les divins prestiges de l'art sur nos imagina;..
lions? Grâce à je ne sais quelle admirable illusion, nous
entrons dans toutes les pensées, dans les héroïques élans
de l'orateur ou du poëte; leur âme devient la nôtre. En
, par exemple , Démosthènes , dont la flamme
brûle encore après tant de siêcles dans ses discours, ne nous
associons-nous pas aux résolutions magnanimes de son
patriotisme, et ne protestons-nous pas avec lui, qu'il valait
mieux pour Athènes tomber avec honneur dans la poudre
de Chéronée, que de se sauver en donnant les mains au
barbare pour l'asservissement de la Grèce? Avec Rodrigue,
ne se sent-on pas èapable de sacrifier sa vie à son amour,
et son amour à son devoir? Est-ce que Polyeucte ne nous
ravit pas avec lui dans son religieux enthousiasme? Avec
lui exaltés par l'ardeur du martyre, ne nous croyons-nous
pas prêts avec lui à confesser notre foi jusque dans la mort?
-Non,, non: ce n'est point là une stérile illusion, dont
notre imagination est dupe, et qui ne laisse rien après elle.
L'âme entière en garde l'impression profonde. En l'associant ainsi avec une ardente sympathie à la destinée du
héros, non-seulement cette espèce d'émotion iritellectueHe
lui a fait connaître, par la grandeur morale d'un autre,
tout ce qu'eUe a en elle-même de facultés en réserve pour
�54
juger, pour sentir, poÙr oser; mais.eÜe seressentira long'"'
temps de ce contact avec l'héroïsme. En· sortant .de ces
spectacles ou de ces lectures, comme de l'entretien avec
un homme de bien, nous valons pour un temps mieux que
nous-mêmes. Que cette expérience se prolonge et devienne habituelle, et cette élévation de pensées et de sentiments finira par être comme le tempérament de notre
âme. Notre ei\prit restera naturellement ouvert à mieux
comprendre tout ce qui est grand, vrai, juste; notre cœur
plus prêt à embrasser ce qui est bien. A quelque épreuve
désormais, que la vie nous appelle, nous nous trouverons
mieux au niveau de notre rôle. Les Muses, ainsi cultivées,
nous assisteront dans toutes les situations. 0 douces Lettres
(comme dit Cicéron), après avoir formé notre jeunesset
vous restez les plus fidèles et les plus charmantes compa•
. gnes de notre vie ; délaissés, vous peuplez notre solitude;
petit\:i et dédaignés, vous éclairez d'un reflet doré notre
existence obscure ; que la fortune au contraire nous appelle
à un poste élevé, vous nous guidez de vos clartés, et nous
soutenez de vos conseils. Dans l'épreuve vous êtes encore
là, pour relever et calmer notre courage, en fixant notre
conscience sur nos devoirs ;·et c'est encore vous, vous tou-"
jours, que nous retrouvons pour enchanter nos douleurs
aux heures de l'adversité.
�RAPPORT
$UR
L'ANNÉE
SCOLAIRE
!'861·1862,
PRÉSENTÉ
PAR
DIRECTEUR
M. En. SIMONIN,
DE. L'ÉCOLE
DE
MÉDECINE ET DE PHARMACIE,
AU
CONSEIL ACADÉMIQUE
DANS LA SESSION DE NOVEMBRE i862.
MoNSIEUR LE RECTEUR,
MESSIEURS,
Les faits principaux de l'année scolaire 1861-62 qui
peuvent être passés en revue devant vous, dans la séance
de ce jour, se rapportent au personnel enseignant, aux
.programmes des cours et aux résultats constatés dans les
divers ordres d'examens.
·
Le développement de l'instruction médicale qui, successivement, a fait porter à quinze le nombre des professeurs
de l'École de Nancy, permet de réunir les efforts d'un
grand. nombre d'hommes qui se font un nom dans la
science médicale, mais ce nombre même nous condamne,
�--
1:16 -'-
aussi, à des pertes frequentes. Pour l'année qui vient de
finir l'École n'a, heureusement., à regretter qu'une séparation. M. le docteur Adolphe Simonin qui, après- avoir
pris part à la campagne de Rome, en qualité de chirurgien militaire, avait été attaché à la suppléance des cours
de médecine, s'est vu contraint par de cruelles souffrances
à chercher sous un ciel meilleur que le nôtre un soulagement qui a été bientôt suivi de guérison.
plus se
fier à Nancy aux promesses si fréquemment démenties
d'un printemps ou d'un été, M. Adolphe Simonin s'est établi à Nice et a dû cesser de nous appartenir. Je suis
l'organe de tous mes collègues en adressant à cet excellent
confrère les regrets mérités par l'élévation et par la loyauté
de son caractère.
La nomination de M. Grandjean à la chaire de matière
médicale et de thérapeutique avait laissé vacantes les fonctions de professeur adjoint de clinique externe. Plusieurs
candidats de mérite présentaient des titres très-sérieux au
choix ministériel : M. Emile Parisot, professeur suppléant,
a été désigné pour succéder à M. Grandjean, et les fonctions de chef des travaux anatomiques ont. été confiées à
M. le docteur Edmond de Schacken ( 1). Quelques mutations ont eu lieu, également, parmi les fonctionnaires
d'!.m autre ordre. M. le docteur Claude, petit-fils et neveu
des trois professeurs Bonfils, qui ont, presque au même
moment, fait briller lem:. nom dans l'enseignement médical, a été nommé chef de clinique externe et deux excellents élèves de l'École, lVIiVI. Wînshach etC. Valentin ont
mérité d'être choisis comme préparateurs des Cours.
Un certain nombre de recherches scientifiques, entreprises depuis novembre dernier par les professeurs de l'École,
�-
1)7
-
ne sont point arrivées à leur terme, à raison même de l'importance des sujets traités au point de vue de la médecine
légale, de la toxicologie et de la physiologie (2). Deux travaux doivent, toutefois, vous être signalés. Dans l'un
d'eux, M. Léon Parisot, à la suite d'essais nombreux et
importants tentés sur lui-même, a conclu que l'épiderme
était un obstacle infranchissable à l'absorption d'un grand
nombre de substances médicamenteuses, et si cette conclusion donne le regret de .l'inutilité de certaines médications par l'intermédiaire des dissolutions salines ou végétales, elle prouve, d'un autre côté, la protection heureuse
qui est acquise à l'admirable économie humaine, au milïeu
des nombreux agents délétères qui l't>ntourent (3). L'an
passé notre Directeur honoraire publiait sous le titre de
Météorologie et climat de la Meurthe, un résumé ·de 19
années d'observations et, en nous enlevant quelques illusions relatives au climat de notre contrée, il nous montrait
dans les brusques variations de la température la cause de
certaines affections graves et donnait, en même temps, aux
praticiens le droit de formuler, d'une manière plus impérative, certains préceptes concernant soit l'hygiène privée
soit l'hygiène générale. Le même auteur vient de terminer
vingt et une années d'observations par un dernier résumé
annuel de météorologie (4). Nous y trouvons une exception aux indications signalées l'an dernier comme règles
générales. En 1861, c'est le vent du sud qui a été noté Je
plus grand nombre de fois, et pour atténuer, en partie du
moins, ce qui vient d'être dit
les effets du climat de la
Lorraine, je m'empresse de vous donner sur le vent du
sud l'opinion d'un poëte de notre temps : Je ne connais
pas, dit-il, de souffle plus charmant et de vent plus litté-
�__: os raire que le vent du Sud. Il fait germer dans la tête les
idées riantes, profondes, sérieuses et nobles. En réchauffant les corps il semble qu'il éclaire l'esprit. Les Athéniens qui s'y connaissaient ont exprimé cette
dans
une de leurs plus ingénieuses sculptures. Dans les
reliefs de la tour des Vents, les vents glacés sont hideux et
poilus, ont l'air stupide et sont vêtus comme des barbares; les Vents doux et chauds sont habillés comme des
philosophes grecs (*).
Si des travaux particuliers (5) des professeurs vous
reportez, Messieurs, votre pensée sur leurs travaux collectifs, votre attention doit se fixer plus spécialement sur les
conséquences d'un récent décret impérial. Son Excellence
le Ministre de l'Instruction publique, frappée des heureux
résultats du stage fait dans les hôpitaux, depuis 1842, par
les élèves des Ecoles préparatoires, a obtenu qu'à l'avenir
le stage dont il s'agit serait imposé, aussi, aux élèves des
trois Facultés de médecine, et il a dressé une nomenclature des hôpitaux qui, dans toutes les Ecoles, peuvent
donner une instruction générale, cherchée presque uniquement jusqu'à ce jour dans les hôpitaux siéges des cliniques. L'Ecole de
à laquelle l'administration municipale et la Commission administrative des hôpitaux civils
. prêtent depuis longtemps un précieux concours, a été
heureuse de recevoir de M. le Préfet de la Meurthe, à l'occasion du décret du î8. juin dernier, l'autorisation de
joindre aux services hospitaliers déjà affectés au stage des
élèves l'une des divisions importantes (6) de la Maison
départementale de Secours, et l'empressement de M. de
(') V. Hugo, le Rhin, t. II, p. 304.
�-
1)\)
-
Saint-Paul à favoriser le développement des études cliniques a donné une haute valeur à l'autorisation demandée
par M. le Recteur de l'Académie.
Quant aux. autres programmes des Cours, une seule
modification a eu lieu l'an passé. M. Blondlot a volontai...
rement accru sa tâche annuelle en dépassant le chiffre de
110 leçons, et l'enseignement qui lui est confié s'est considérablement agrandi. Profitant de l'instruction déjà acquise
par les élèves dans le Cours de chimie générale, professé
d'une manière si ;brillante à la Faculté des Sciences,
M. Blondlot, tout en donnant les notions de toxicologie
et de pharmacie prescrites par les règlements, a exposé les
sérieuses applications de la chimie inorganique et .de la
chimie organique à la médecine, et il a atteint, de la manière la plus heureuse, dans un cours élevé de chimie
médicale le but pratique signalé par M. Orfila.
Ces détails, Messieurs, sont les seuls qui méritent de
vous être cités et je me hâte de rentrer dans une question
générale pour rechercher le caractère spéCial des efforts
collectifs de l'Ecole. En France l'on aime à donner à tous
les faits une signification, et, en ce qui concerne les trois
Facultés de médecine on s'est, dans le monde non médical, arrêté à des espèces de formules pour expliquer
les tendances de l'enseignement de Paris, de Strasbourg
et de Montpellier. Ce n'est pas ici le lieu, et d'ailleurs ce
n'est pas ma mission, de combattre les idées fort erronées
qui existent à ce sujet et qui ne semblent pas devoir se
modifier de sitôt, et je veux me borner à vous parler du
caractère spécial de l'enseignement donné à Nancy. Les
professeurs de l'École sont convaincus qu'il en est de la
science médicale comme des autres sciences ; que sucees-
�-
60
-
sivement l'étude des apparences, l'analyse des phénomènes
et la recherche .des lois doivent préèéder la théorie défi!Jitive. Ils se souviennent toujours que l'explication la plus
éloignée de l'expérience et· du raisonnement scientifique a
été en médecine, comme dans 1es autres sciences, trop
souvent professée et acceptée et que l'erreur a été appelée
Cicéron déjà reconnaissait que les hommes, entraînés par un désir naturel de savoir, tombent fréquemment d,ans deux écueils, l'un de prendre pour connues
des choses totalement inconnues, et de les adopter imprudemment, l'autre de donner trop d'études et d'application
à des choses qui ne sont d'aucune nécessité. Ces remarques
qui n'étaient point faites spécialement en vue de la médecine peuvent, toutefois, être .la critique de l'art médical
au temps de Pompée et de César, puisqu'il faut attendre
encore quinze siècles après la bataille de Pharsale pour
reconnaître. dans les premiers débuts de l'anatomie pathologique, l'élément d'analyse qui devait changer la face
de la science médicale. Aujourd'hui que la recherche
heureuse des lois soutient le zèle des médecins instruits,
chacun des professeurs de l'Ecole de Nancy s'efforce de
constituer un enseignement daos lequel la vérité seule
doit prendre place.
En regard des efforts dont il vient d'être question,
il convient, de vous présenter, Messieurs, les résultats
principaux qui ont été constatés, soit dans les examens de fin d'année, soit dans les épreuves subies pour
l'obtention des titres professionnels. Je suis heureux de
n'avoir point à voua entretenir longuement de mesures
disciplinaires, 'car des 62 élèves inscrits, un seul, à raison
'du défaut d'assiduité aux cours, a motivé la radiation d'une
inscription.
�-
6!
-
Quant aux examens de fin d'année, malgré
préoccupations très-légitimes causées par l'épreuve du baccalauréat ès sciences restreint, les jurys d'examen de fin d'année
n'ont eu qu'un seul ajournement à prononcer sur 32 examens dont 9 ont mérité la note bien satisfait et dont 6 ont
donné lieu à la mention très-satisfait. Les Commissions
chargées des épreuves, en vue des divers titres professionnels, ont, en septembre 1862, consigné des résultats qui
sont les plus satisfaisants de tous ceux qui ont été' notés
depuis 1855. Non-seulement les 34 sages-femmes examinées ont toutes donné les preuves d'une bonne instruction,
mais les examens pour le titre d'officier de santé et pour
celui de pharmacien de seconde classe ont été aussi trèsappréciés. Des 6 candidats pharmaciens, 3, en effet, ont
été reçus avec distinCtion, et 2 autres l'ont été avec la
note très-bien.·
MESSIEURS LES ELÊVES,
En ce jour où il vous semble fort naturel que vos professeurs recherchent avec un soin tout particulier le bien
qu'ils 'doivent réaliser en faveur de vos études, et pendant
qu'un certain nombre d'entre vous s'emparent ordina_irement de cette journée comme d'un supplémènt à ajouter
aux vacances qui finissent à peine, il me semble utile de
vous associer à la solennité qui nous réunit. Si j'ai cherché
à être bref dans le rapport qui est appelé à prendre place
parmi les lectures de cette séance, c'est en partie pour me
trouver, pendant quelques instants, en communication
avec vous et pour vous parler de vos devoirs.
�-
62 - .
Tout à l'heure je citais l'opinion d'un grand orateur, au
sujet des facilités qu'offre l'esprit humain dè se contenter
d'explications faciles et je lui emprunte, encore, cette
pensée que· dans le grand nombre de matières graves et
utiles qui ont été traitées par les philosophes avec quelque soin et quélque étendue, il n'en est pas de plus vaste
que les règles et les préceptes qu'ils ont
sur les
devoirs. Tout, en effet, dans la vie, que ce soit affaires publiques ou privées, domestiques ou civiles, que ce soient
actions particulières ou transactions sociales, tout est soumis à des devoirs. J'espère donc, Messieurs les Élèves, que
ce mot n'entraîne pour vous aucune idée de triste contrainte et qu'il doit vibrer à votre oreille à l'égal du mot
honneur.
Dans un pays ou l'esprit chevalèresque régit, encore,
presque tous les actes importants, vous hon'orez sans doute
plus spécialement les faits éclatants qui se rattachent à
l'exécution des devoirs militaires, mais vous savez, égale'
ment, apprécier les actions héroïques dont les exemples
fréquents se rencontrent dans nos fastes parlementaires et dans l'histoire de la magistrature française et
vous savez honorer, aussi, certains actes qui, accomplis
loin de la foule et sans le bruit de la renommée, ne perdent rien de leur prix pour rester dans l'obscurité, parcequ'ils sont de leur nature dignes de louange, lors même
qu'ils ne sont loués par personne. Aussi, je n'ai pas à
exciter votre ardeur, vous, futurs chirurgiens militaires,
et vous aussi, Messieurs les Élèves, je sais qu'au besoin
voùs rivaliseriez de zèle avec ces braves jeunes gens de
l'École qui ont reçu 28 missions officielles pendant la
sérieuse épidémie de choléra, en 1854. Je laisse donc
�-
65
-e-
de côté la partie militante de vos travaux fut.tJrs
je
me horne à vous signaler quelques-uns des devoirs que
vous contractez en devenant des hommes de science.
Tout à l'heure )es efforts de vos professeurs vous étaient
· signalés et en les appréciant vous avez entrevu une partie
de vos propres obligations et vous avez acquis une idée
générale de leur haute importance.
Je ne connais pas, a écrit l'un de nos contemporains (*),
de condition humaine qui plus que celle des médecins
favorise davantage la justesse de l'observation, la certitude
de l'expérience et qui satisfasse mieux le désir de faire le
bien. Quel vaste programme de devoirs,
indiqué en quelques lignes, et comme l'on est parfois troublé profondément en songeant que le même homme
doit, à la fois, être observateur, logicien et dispensateur
du hien pour l'appréciation duquel il est transformé en
juge, et souvent sans appel et sans contrôle.
Aussi, Messieurs les Elèves, ·lorsque vous devrez aborder
l'observation de l'homme malade, comptez sur la connaissance des manifestations biologiques hien plus que sur
votre intelligence quelle ,qu'elle puisse être un jour; souvenez-vous que la pathologie ne doit être qu'une face de·
l'étude de la physiologie, et approfondissez, sans relàche,
les conditions des choses humaines. Songez, comme l'a dit
M. Littré, que sous nos pieds sont placés une multitude
de piéges, vraies chausse-trappes, où l'on se prend de la
manière la plus inopinée et d'où l'on ne sort que sanglant
et mutilé, quand on en sort; car peu, bien peu, quos
œquus amavit Jupiter, arrivent au terme de leur vie sans
(') Philareste Chasles',
�-
64
avoir subi les effets de funestes influences. C'est aux yeux
du médecin que se déroulent les phases de l'existence
individuelle et ii doit savoir combien de jours, combien
de mois sont enlevés à chacun par la maladie. Il doit
connaitre avec quelle peine ]a vie· est défendue contre les
agents de destruction qui surgissent de tous côtés, de l'air
ambiant, du froid, du chaud, des climats, des peines morales et aussi des chocs de la société. Dans le tourbillon
d'éléments incessamment transformés en matière vivante
et incessamment rendus au monde inorganique s'entrecroissent mille causes de douleur et de mort trop inhérentes à la nafure des choses pour être jamais abolies, mais
qu'un emploi judicieux de nos connaissances et de nos
ressources peut atténuer el tenir comme en échec. Apprenez donc, Messieurs les Élèves, à respecter l'observation de
chacun, afin d'en faire profiter les malades, et pour cela,
suivez, jour par jour, les progrès admirables de la science.
Respectez , aussi , votre propre observation et lorsque
vous devrez conclure pour déterminer votre action ou pour
décider une abstention qui bien souvent sera un pénible
devoir, craignez de mettre à la place des indications tirées
·de la vraie scjence vos passions ou vos faiblesses. Connaissez bien votre caractère ; modérez-le pour ne point vous
laisser emporter dans un sens et affermissez-le pour ne
point tomber dans un autre écueil. Sans doute, le caractère
est à la fois le supportde l'esprit et celui du talent, mais
dans la pratique scientifique il doit apparaître , comme
dans res hauts sacerdoces, c'est-à-dire en vue de bien
appliquer les lois humaines ou les lois divines. Songez
que le premier devoir de votre justice est de ne faire aucun
mal à autrui. Souvenez-vous qu'il y a deux sortes d'injus-
�--:- 6n tices :. celle que l'on commet soi-même et .celle qu'on
laisse faire lorsque l'on pourrait l'empêcher. Je ne vous
expose
les causes si nombreuses de l'injustice, parce
sous vos yeux, il y a quelques jours, les
que, en
admirables ·Pféceptes contenus dans le serment d'Hippoindiqué les tristes écueils qu'il a si francrate, je
chement signalés dans la pratique médicale; puis aussi,
parce que je désire limiter ces considérations au seul point
de vue de la
Vous devrez dans les cliniques apprendre à retenir votre ardeur, en acquérant la conviction
que le bien n'est pas aussi faCile à réaliser que vous le
pensez aujourd'hui, et qu'il faut avant d'agir bien connaî_;
tre de quel côté vient le danger auquel vous voulez soustraire un malade. Vous devrez :. vous pénétrer de cette
pensée que s'il est cruel de ne·pouvoir porter secours à ses
semblables, il y a dans le praticien qui agit, avec la certitude de ne pouvoir être utile, une faiblesse presque égale
à celle du praticien qui, voyant des indièations d'agir, ne
sait pas s'y déterminer. Lorsque· vous sortirezdeshôpitaux,
n'oubliez pas ces préceptes qui, dans les. leçons, vous paraîtront si logiques. Sans doute, à chacun des échelons de
la hiérarchie sociale, la forme de l'action peut varier,
comme, aussi, l'emploi d'un moyen thérapeutique peut
être le résultat d'une préférence, mais devant le médecin
digne de ce nom, l'application de la vraie science doit au
fond être la même, malgré les situations diverses qui résultent des choses humaines.
Une citation fera mieux comprendre ma pensée sur ce
sujet si important pour votre conscience et pour votre
dignité. Peut·être connaissez-vous l'origine d'un titre de.
noblesse conféré, Je 20 mars 18f 1, à un savant accou11
�66
-'-
cheur, et èornment, peu aprè!il 111 Ufl.issa..nced'u\1 enfant
qui devait être l'héritier .d'un
les talents du prati:ciel;l furent récompensés par ces wots ; Saron, je vous
rends votre enfant? Mais vous ignorez, sans do11te, les paroles qui rendi.rent à Dubois une tranquillité d'esprit E;:t
une fermeté devenues d'autant plus
qu'un
danger éminent assumait sur lui u.ne immense responsa..,.
bilité et nécessitait l'intervention immédiate de l'art :
faites, lui dit l'Empereur, avec un a.dmirable bon sens,
faites comme po1,1r une bourgeoise ,de I.a I:'l\e Saint-Denis.
Détrompez-vous, Messieurs les Élèves, si vous c:I"oyez ne de,..
voir jamais rencontrer des situations analogues à celle où se
trouvait placé le baron Dubois. Vous reconnaîtrez, trop fréquemment, des prétentions à un traitement exceptionnel,
mais le mot de Napoléon I•r vous rappellera la simplicité de
votre devoir,
En regard de ces écueiJs qui se trouvent autour de vou;;
et er1 vous-même, un autre encore meparaît devoir vous
signalé. Garez:-vous des satisfa.ctions d';:u:rwur-propre
qui constituent un mirage capable d'e.nlever la perception
distincte des faits. En constatant l'étendue de la puissance
de la science médicale, il faut, aussi, savoir perdre
quelques illusions sur ses limites. J'ai reçu, autrefois, lçs
confidences d'un jeune chiru.rgien dont le
tressaillait
d'aise en rencontrant ses malades sauvés par une imputation et à qui le choc strident d'une jambe de bois sur le
contre la
pavé rappelait ses jours de
maladie. Après dix anné.es de pratique, c'était en 1845, il
lui vint à la pensée que les blessés q1,1'il re11contrait pouvaient bien produire l'effet d(!s comparses, lors. d'une
grande mise en scène, qui, à force de reparaître, font croire
�-
67
-
au défilé d'un corps d'armée, et, alors, compulsant ses
observations écrites, il arriva à une conclusion bientôt cor:..
roborée par celle de hautes notabilités chirurgicales, et il
découvrit, qu'en réalité un nombre bien notable des malades qui avaient subi de grandes amputations, n'avait pas
reparu, et pour cause, hélas! Vous comprenez, Messieurs les
.Élèves, les anxiétés qui, ,après de semblables découvertes,
précèdent, accompagnent et suivent les graves opérations,
et vous-mêmes lorsque vous vous livrerez à une étude statistique sérieme, vous arriverez, aussi, sur certains points
à des résultats semblables. Malgré ces mécomptes et les
préoccupations qui en sont la suite, vous agirez, toutefois,
lorsque votre justice vous le prescrira; par la pensée du
devoir vous étoufferez les battements de votre cœur, et
dans l'accomplissement d'un devoir plus austère, vous
rencontrerez, peut-être, un attrait de plus.
La recherche du bien à réaliser semble être l'une des
qualités naturelles de la professiQn médicale, mais, vous
le voyez, il faut savoir faire ce bien et je serai heureux si
j'ai pu vous indiquer quelques-uns des points qui devront,
un jour, vous servir d'appui lorsque vous. serez appelés à
bien faire. Malgré ces difficultés, faite's le bien, Messieurs,
au plus grand nombre possible d'êtres souffrants. Vous
n'avez pu oublier, lorsqu'en juin dernier, cette enceinte
s'ouvrait pour la première fois aux solennités universitaires,
les belles paroles du Ministre de l'Instruction publique,
· au moment où S. E. remettant à l'un des professeurs de
l'Ecole, la croix de la Légion d'honneur, lui disait, aux
applaudissements de tous :A côté du talent du professeur,
je trouve en vous le mérite du médecin qui n'a jamais
refusé les soins qu'il pouvait donner, car tous savent que
�..;_ 68 -
Jes pauvres m:lt toujours trouvé dans leurs bësoiris, l\f. Je
docteur Grandjean. Ces paroles, Mèssieùrs "les F:lèves, peuvent, aussi, vous servit de programme et vous aider à vous
· souvenir que si l'honneur et la grandeur de la France se
maintiennent à un si haut degré, c'est que le sentiment
profond du devoir se trouve dans le
de chacun de
ses enfants.
�NOTES.
(1) Il faut joindre à ces indications l'énoncé de la nomination de.
M. Edmond de Schacken aux fonctions de professeur suppléant d'anatomie et de physiologie. Cette nomination ministérielle, faite le tl novembre, n'était pas encore parvenue à l'Ecole le 17 novemb1·e, jour de
la séance solennelle de rentrée de l'Enseignement supérieur.
(2) M. Poincaré, professeur de physiologie, a donné à la Société de
médecine communication d'un mémoire sur un des sujets les plus
importants de la pathologie. Ce travail portant pour titre : Du mode
d'action du bulbe dans la production du diabète, devant être suivi,
d'un second mémoire sur le même sujet, il a
semblé convenable d'attendre les conclusions définitives de l'auteur,
basées sur des expérimentations et sur de
observations.
(5)
Voici les conclusions principalés du travail de M. Léon Parisot.
1° L'épiderme est imprégné d'une matière grasse qui empêche l'eau
des dissolutions salines ou végétales de pénétrer dans la peau.
2• L'épiderme seul de la paume des mains et de la plante des pieds
se laisse. imbiber et encore très-difficilement, après une longue immersion; l'absence de matières sébacées dans ces régions rend compte du
phénomène.
5° Les phénomènes endosmotiques n'ont pas lieu à travers la peau,
même lorsqu'elle est privée de vie.
4." Le chloroforme et l'alcool en agissant chimiquement sur l'épiderme, soit en dissolvant l'enduit gras, soit en irritant le derme, pénétrerit dans le torrent circulatoire avec les substances qu'ils tiennent en
dissolution.
�70
{4) Résumé des. observations météorolôgiques et médicales, faites à
Nancy pendant l'année 1861, parJ.-B. Simonin pèrr·, i862.
(5) Quelques œuvres à la fois scîeriiifiques et administratives complé.u
tent pour 1861, la liste des travaux particuliers de MM. les professeurs
de l'École, ce sont :
t• Rapport général sur les travaux des Conseils d'hygiène pubUque
et de salubrité du département de la Meurthe, pendant. les années
f 860 et 1861, par M. le docteur Demange, secrétaire du Conseil
central.
2° Compté tendu des travaux
de la Sociiftif de médecine de Nancy,
pendant, l'année 1860:!61, par M. le docteur Edmond de Schacken,
secrétaire de la Société.
s• Compte rmdu annuel del' Association de prévoyance des médecins
de la Meurthe (Assemblée générale du 5 août 1862), suivi de l'éloge
de-M. Bertin père, décédé vièe.:présidênt de i'Association, par M le
docteur "Grandjean, secrétaire de l'As'sociation.
4" itapport sur le service dè
i;assistante médicale· et dè la vaccine
dans le département de la Meûrthe, ·pendant l'e·xerèice '18'61 , par M. le
docteur Edmond Simonin, inspèeteur du service.
( 6) Service de chh:'ù'rgie contenant unè
de vénériens (hommes) et une division consacrée aux affections cutanées, ayant aujourd'hùi pour chirurgien, M. le professeur
�PRIX ACCORDÉS
PUBLIQUE.
PAR S. EX •. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION
MENTIONS HONORABLES. -
RÉSULTATS DES
CONCOURS.
Prix et llentlons honorables.
Les Professeurs de l'École de Médecine et de Pharmacie, t'éunis en
Conseil, le 50 août 1862, ont décerné les. récompenses annuelles dans
l'ordre suivant :
1." ÉLtVES EN lltDEGlNE.
PREMIÈllE
.ll'f.!(ÉE
Pr(x, M. MARC (1\uguste);,.de Gironto;urt (Vosges).
BAJ)IN(Edmond)., de Vaubécourt(. Meuse).
..
.
·
Men,tzons honorables,
M. ScHMIDT (Albert), de Nancy (Meurthe).
·tM..
DEUXIÈME ANNÉE D'ÉTUDES •.
Premier prix, M. VALENTIN (Camille), de Nancy (Meurthe).
Second prix, M. THOMASSIN (Nicolas), de Vandeléville (Meurthe).
TROISIÈME ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix, M.
Z.\.Bl'l
(Emile), de Cirey (Me.urthe).
Pris spéciaux pour la rédaction des observations cliniques,
Clinique chirurgicale. Prix, M. TaoMASSil'f (Nicolas), de Vandeléville \Meurthe).
Clinique médicale. Prix, M. ZABÉ (Emile), de Cirey (Meurthe).
�-
7.2 -
2" ÉLÈVES EN PJIARlli.MllE
Prix ùnique,
Evu.nn (Théophile), de Château-:Salins (Meurthe),
élève de première année.
Mention honorable, M. WINSBACR (Alfred), de Saint-Avold (Moselle), élève de premiére année.
Bé11nltats des Concours.
A la suite du concours ouvert, le t 2 novembre 1862, pour les fonctions de préparateur-aide du cours d'anatomie et de physiologie, a été
nommé;
M. MARC (Auguste), de Gironcourt (Vosges).
A la suite du concours ouvert, le i 5 et le f 4 novembre t 862, pour
les places d'interne, ont été nommés:
M. VALENTIN (Camille), de Nancy (Meurthe).
M. LASAUCE (Apolonius), de Dombrot-le-Sec lVosges).
�Nancy, imprimerie de v• Haybois, rue du fanb. Stanislas, 3.
�
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Title
A name given to the resource
1862 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-12.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.13-27.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.29-54.</li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la sesison de Novembre 1862. p.55-68.</li>
<li>Notes. p.69-70.</li>
<li>Prix accordés par S. Ex. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
1862
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Fichier placé sous licence Etalab (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence- ouverte-open-licence-5899923.html)
Format
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Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/f78bf3f07db9f01a73c08fa56c53d77f.pdf
2311bc78902075846c149771a26d7e35
PDF Text
Text
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�RENTRÉ,E SOLENNEI;,LE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ÈT DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
LE 1'1 NOVEMBl\E
NANCY,
ve
RAYB OIS, IMPRIMEUR D:È
' Rue du
Stanislail, 3,
1862
i;ACADÉMIE,
��PROCÈS-VERBAL
DE LA SÉANCE.
La séance solennelle de rentrée de la Faculté des Sciences, de la Faculté des Lettres etde l'Ecole de Médecine et
de Pharmacie de Nanèy, a eu lie_u le lundi t 7 novembre
1862, sous la présidence de M. Dunoyer, Recteur de l'Académie.
A onze heures, une messe du
célébrée par
Monseigneur l'Evêque de Nancy réunissait, dans la chapelle
de ·l'Évêché, les Professeurs des trois_ établissements d'instruction supérieure.
·
A midi, la séance publique s'est ouverte dans le
amphithéâtre du palais de l'Académie. M. le Recteur était
entouré des Inspecteurs d'Académie de son ressort, des
Doyens et des Professeurs des Facultés des Sciences et des
Lettres, du
et des Professeurs de l'Ecole de
Médecine, et aussi du Proviseur et des. Professeurs du
Lycée impérial qui avaient été priés de prendre part à la
cérémonie.
La grande salle et ses tribunes suffisaient à peine· à
�-
6 -
contenir l'assistance choisie qui, à Nancy, s:intéresse 'si
vivement à la culture et au progrès des Sciences et des
Lettres. OQ rertJ:a,rquait da,ns l'assemblée, M. Lezaud,
premier· Président de la Cour impériale; M. de SaintPaul, Préfet de la Meurthe ; M. le comte d'Aiton,
Général commandant le département .de )a Meurthe ;
Mgr Darboy, Évêque de Nancy et .de Toul ; M. le baron
Buquet, Député, Maire de Nancy; M. Drouot, Député de
la Meurthe ; M. Neveu-Lemaire, Procureur général ;
M. Garnier, Vice-Président du Conseil général. Des Membres du Conseil Académique, du Clergé, de la Magistrature, de l'Armée; des Présidents et Mêrrîbtés des Sociétés
savantes du ressort Académique avaient bien voulu, aussi,
honorer la cérémonie de leur présence.
M. le Recteur a ouvert la séance et après avoir prononcé
le discours d'usage a donné, sucèessivehient,
la
parole à
M. Gqdron, Doyen de la Faculté des Sciences, à M. Benoit,
Doyen de la Faculté des Lettres, et à M. E. Simonin,
DiTecteur de l'École de Médecine.
La séance a ét3 terminée à 2 heures par la proclamation
des prix accordés par
E. le Ministre de l'Instruction
publique.et des Cultes aux élèves de l'École de Médecine
et de Pharmacie.
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Title
A name given to the resource
1862 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
Description
An account of the resource
<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-12.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.13-27.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.29-54.</li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la sesison de Novembre 1862. p.55-68.</li>
<li>Notes. p.69-70.</li>
<li>Prix accordés par S. Ex. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Procès-Verbal de la séance
Subject
The topic of the resource
Discours Officiel
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université Impériale / Académie de Nancy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fichier placé sous licence Etalab (http://www.etalab.gouv.fr/pages/licence- ouverte-open-licence-5899923.html)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
Language
A language of the resource
fr
Type
The nature or genre of the resource
publication en série imprimée
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
-
http://hise-nancy.ahp-numerique.fr/files/original/f2ecd8b54b39fe8dc580bedb5012dbb2.pdf
98dbf6fd70eee5bbfd60b62b90822f9f
PDF Text
Text
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�RENTRÉ,E SOLENNEI;,LE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
�UNIVERSITÉ IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
ÈT DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
LE 1'1 NOVEMBl\E
NANCY,
ve
RAYB OIS, IMPRIMEUR D:È
' Rue du
Stanislail, 3,
1862
i;ACADÉMIE,
��PRIX ACCORDÉS
PUBLIQUE.
PAR S. EX •. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION
MENTIONS HONORABLES. -
RÉSULTATS DES
CONCOURS.
Prix et llentlons honorables.
Les Professeurs de l'École de Médecine et de Pharmacie, t'éunis en
Conseil, le 50 août 1862, ont décerné les. récompenses annuelles dans
l'ordre suivant :
1." ÉLtVES EN lltDEGlNE.
PREMIÈllE
.ll'f.!(ÉE
Pr(x, M. MARC (1\uguste);,.de Gironto;urt (Vosges).
BAJ)IN(Edmond)., de Vaubécourt(. Meuse).
..
.
·
Men,tzons honorables,
M. ScHMIDT (Albert), de Nancy (Meurthe).
·tM..
DEUXIÈME ANNÉE D'ÉTUDES •.
Premier prix, M. VALENTIN (Camille), de Nancy (Meurthe).
Second prix, M. THOMASSIN (Nicolas), de Vandeléville (Meurthe).
TROISIÈME ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix, M.
Z.\.Bl'l
(Emile), de Cirey (Me.urthe).
Pris spéciaux pour la rédaction des observations cliniques,
Clinique chirurgicale. Prix, M. TaoMASSil'f (Nicolas), de Vandeléville \Meurthe).
Clinique médicale. Prix, M. ZABÉ (Emile), de Cirey (Meurthe).
�-
7.2 -
2" ÉLÈVES EN PJIARlli.MllE
Prix ùnique,
Evu.nn (Théophile), de Château-:Salins (Meurthe),
élève de première année.
Mention honorable, M. WINSBACR (Alfred), de Saint-Avold (Moselle), élève de premiére année.
Bé11nltats des Concours.
A la suite du concours ouvert, le t 2 novembre 1862, pour les fonctions de préparateur-aide du cours d'anatomie et de physiologie, a été
nommé;
M. MARC (Auguste), de Gironcourt (Vosges).
A la suite du concours ouvert, le i 5 et le f 4 novembre t 862, pour
les places d'interne, ont été nommés:
M. VALENTIN (Camille), de Nancy (Meurthe).
M. LASAUCE (Apolonius), de Dombrot-le-Sec lVosges).
�Nancy, imprimerie de v• Haybois, rue du fanb. Stanislas, 3.
�
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1862 - Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 17 Novembre 1862
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<ol><li>Procès-Verbal de la séance. p.5-6.</li>
<li>Discours prononcé par M. Le Recteur de l’Académie de Nancy. p.7-12.</li>
<li>Rapport de M. Godron, Doyen de la Faculté des sciences. p.13-27.</li>
<li>Rapport de M. Ch. Benoît, Doyen de la Faculté des lettres. p.29-54.</li>
<li>Rapport sur l’année scolaire 1861-1862, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la sesison de Novembre 1862. p.55-68.</li>
<li>Notes. p.69-70.</li>
<li>Prix accordés par S. Ex. Le Ministre de l’Instruction publique. – Mentions Honorables. – Résultats des concours. p.71-72.</li>
</ol>
Date
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1862
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1862
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Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine); Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine); Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine); Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine); Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine); Bibliothèque-médiathèque de Nancy
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